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  • Dopé par les achats chinois, le prix de la laine bat des records en Australie, premier producteur mondial. Une hausse bienvenue après une année difficile mais qui reste fragile.

    La bourse de la laine de Sydney n'a pas connu pareille fête depuis au moins deux ans. Les prix de la laine ne cessent de grimper. 30% environ depuis septembre. Davantage encore pour même pour les qualités supérieures de mérinos ultra-fine.

    Le mouvement est d'autant plus spectaculaire que les quantités vendues sont elles aussi en hausse. Les producteurs sortent en effet les ballots de laine stockés depuis le début de la pandémie, lorsque le marché s'était brutalement effondré en raison de la crise du commerce mondial, consécutive à la pandémie de Covid-19.

    Selon l'Agence France Presse, les enchères sont passées de 30 000 à 45 000 ballots par semaine fin octobre. Un dynamisme qui s'explique en grande partie par les achats chinois. Les tisserands et les ateliers de l'empire du milieu achètent environ 80% de la laine australienne. L'Australie est le premier producteur mondial avec un cheptel de 65 millions de moutons.

    En Chine, l'activité est repartie dans la confection et la distribution. Les ateliers reconstituent aussi des stocks qui avaient diminué ces derniers mois. Reste à savoir si le mouvement enclenché en septembre sera durable ou non. Et à cet égard, beaucoup va dépendre de l'Europe et de l'Amérique du Nord.

    Les marchés ont été dynamiques au printemps, mais le retour des confinements laisse augurer un retour au calme cet automne. Les distributeurs européens pourraient donc être incités à réduire ou à repousser les commandes de vêtements en laine à l'industrie asiatique. La flambée des cours de la laine pourrait donc se révéler rapidement n'être qu'un simple feu de paille.


  • La Russie est-elle en train de se convertir au café ? Le pays a longtemps préféré les feuilles de thé aux grains de café, mais depuis dix ans la consommation d’expresso, capuccino et autres lattes n’a cessé de grimper, en particulier dans les grandes villes. Résultat en 2019, la Russie a importé davantage de café que de thé.

    C’est un chiffre qui a fait sensation lorsqu’il a été rendu public au printemps dernier : pour la première fois en Russie, les ventes de café ont dépassé celles de thé : 180 000 tonnes de café vendu en 2019, contre 140 000 tonnes de thé. Du jamais vu dans un pays où le thé est considéré comme une boisson nationale – alors même qu’il est importé d’Inde, du Sri Lanka ou du Kenya. En Russie, l’image du Samovar et des tasses de thé brûlant que l’on boit à toute heure de la journée fait partie du folklore national. Et pourtant, depuis une décennie, le café est en train de s’imposer dans les esprits et dans les tasses. Et tandis que la consommation de thé est orientée à la baisse, celle de café ne cesse de grimper. Selon les chiffres cités par l’agence TASS, la consommation de café a doublé en Russie au cours des années 2010. Et l’histoire ne fait que commencer ! Car, malgré cette progression fulgurante, les Russes restent de « petits » consommateurs lorsque l’on compare avec d’autres pays. En moyenne, selon des chiffres cités par le journal Kommersant ils boivent 21 litres par an contre une centaine pour les Américains et 200 pour les Finlandais, qui sont les plus gros buveurs de café au monde.  

    Engouement dans les grandes villes

    Les Russes boivent de plus en plus de café, et ils le font différemment ! Après avoir plébiscité durant des années le café instantané, les amateurs découvrent – en tous cas dans les grandes villes, les délices de l’expresso, du latte ou du cappuccino.  Et, à Moscou comme à Saint-Pétersbourg, une multitude de cafés se sont ouverts pour surfer sur cet engouement. Les Russes ont peut-être besoin de se rattraper, car ils ont longtemps été privés de café de qualité : à l’époque soviétique, ils devaient bien souvent se contenter de chicorée, ou d’ersatz de café sans grande saveur. Aujourd’hui, le café en Russie véhicule donc une image branchée, d’ouverture sur le monde extérieur.

    Pour autant, le thé a encore son mot à dire dans un pays où il reste incontournable. Et le coronavirus pourrait d’ailleurs ralentir quelque peu l’irrésistible ascension du café en Russie ! Car c’est à l’extérieur de chez eux, dans les restaurants ou les bars, que les Russes préfèrent boire le café. Et lorsqu’ils restent à la maison, comme ce fut le cas durant le confinement imposé au printemps dernier, c’est la bouilloire et les feuille de thé qui s’imposent de nouveau.

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  • C’est un secteur important de l’économie palestinienne. Depuis la fin du mois de septembre, la récolte des olives bat son plein. Mais la saison 2020 s’annonce comme particulièrement mauvaise. Les prévisions tablent sur une récolte quatre fois moins importante que l’an dernier.

    Dans les Territoires palestiniens, la récolte des olives est un moment social important dans l’année. Plutôt que de grandes exploitations détenues par quelques-uns, ce sont de nombreuses familles qui possèdent chacune quelques arbres. Et leurs membres se rassemblent dans le courant de l’automne pour faire la récolte.

    Aussi artisanal que soit le secteur, cette récolte est aussi un moment important sur le plan économique. La moitié des terres agricoles palestiniennes est consacrée aux olives et cette production peut représenter plus de 2% du produit intérieur brut à elle seule. Mais 2020 est une mauvaise année. Un vent chaud au printemps a tué les fleurs en formation. Et les températures anormalement élevées cet été ont été favorables aux insectes parasites.

    Environ 20 000 tonnes d’huile d’olive produites par an

    Une année moyenne, entre 80 et 90 000 tonnes d’olives sont récoltées. Plus de 90% de cette récolte est pressée et ce sont ainsi environ 20 000 tonnes d’huile d’olive qui sont produites annuellement, selon les chiffres du bureau central des statistiques. En 2019, l’année avait été exceptionnellement bonne : la production fut deux fois supérieure à celle d’une année moyenne. Mais le balancier s’est inversé cette année : les professionnels du secteur ne s’attendent à obtenir que 10 000 tonnes d’huile d’olive.

    L’huile d’olive palestinienne est consommée avant tout sur le marché local. Les besoins palestiniens sont de 12 000 tonnes par an ; seule une petite quantité reste ensuite disponible à l’exportation. Mais en raison de sa nature artisanale, l’huile d’olive palestinienne est plus onéreuse que bien de ses concurrentes. En Israël ou dans le sud de l’Europe, les oliviers – irrigués – ont un meilleur rendement que les arbres palestiniens qui ne reçoivent que l’eau de pluie. Et la récolte à la main est aussi un facteur important de détermination du coût.

    Tenter de toucher un marché de niche

    Les défauts faisant aussi les qualités, la récolte à la main et l’absence d’insecticides préservent les saveurs du fruit et l’huile palestinienne est considérée plus dense et avec plus de saveurs que certaines huiles du sud de l’Europe. Les producteurs palestiniens tentent ainsi de toucher un marché de niche, dans les pays du Golfe, mais aussi en Europe, aux États-Unis et jusque dans certains pays d’Asie comme la Malaisie.

    En 2020, la récolte s’annonce tellement faible qu’elle pourrait ne pas répondre à la seule demande nationale habituelle. Mais les réserves faites l’an dernier aideront à passer cette année de disette : les producteurs déstockent. Les prix ont toutefois augmenté : près de 45% de plus.


  • Les populations indigènes de la région de Cusco manifestent contre le géant minier suisse Glencore, responsable de graves pollutions aux conséquences sanitaires dramatiques. Ce conflit, qui dure depuis plusieurs années, entraîne régulièrement la paralysie de l’activité minière, essentielle pour l’économie péruvienne. Un conflit dont la résolution pourrait venir d’une initiative fédérale suisse

    Entre juillet et août dernier, des dizaines de personnes ont manifesté près de la mine de cuivre d’Antacappay à Espinar, dans la région de Cusco, pour dénoncer les pratiques du groupe Glencore. La multinationale suisse, à qui appartient la mine, est accusée de polluer l’air, l’eau et les sols de la zone depuis des décennies et de ne pas tenir ses promesses de compensation pour les dommages causés à la population. Sans compter que Glencore veut étendre la mine d’Antacappay en expulsant les indigènes de leurs terres.

    Pendant des semaines, en guise de protestation, les manifestants ont donc barré la route aux camions qui transportaient le minerai en provenance de la mine d’Antacappay, mais pas seulement, causant d’importantes pertes pour tout le secteur minier, comme l’explique José de Echave, économiste spécialiste de l’activité minière au Pérou : « La mine d’Antacappay est située sur ce qu’on appelle "le couloir minier sud", c’est la principale zone productrice de minerais du pays. Les blocages répétés liés à ce conflit ont donc eu un impact négatif important pour tout le secteur minier ».

    L’État en médiateur

    Rappelons que l’activité minière est un secteur clé de l’économie péruvienne puisqu’elle représente 10% du PIB et 60 % des exportations du pays. L’État s’est donc posé en médiateur dans ce conflit et a entamé un dialogue avec les populations locales et l’entreprise. Il y a quelques semaines, Glencore a finalement accepté de verser 44 millions de soles, soit 10 millions d’euros aux habitants vivant à proximité de la mine. Ces derniers réclamaient une aide financière pour faire face à la pandémie. La compagnie minière a également promis d’investir dans différents projets pour soutenir la relance de l’économie locale.

    En parallèle, Glencore doit faire face à un autre conflit similaire autour de la gigantesque mine de zinc et de plomb de Volcan située à Cerro de Pasco, dans la cordillère des Andes. Là encore, des milliers de personnes ont été contaminées par des métaux lourds issus de l’activité minière du groupe.

    L’autre menace qui pèse sur Glencore

    Mais au-delà de la colère des indigènes péruviens, Glencore pourrait bientôt avoir à affronter une autre menace, venant de son pays d’origine cette fois. En effet, les Suisses voteront fin novembre sur une initiative fédérale pour exiger des grandes entreprises helvètes et de leurs filiales à l’étranger qu’elles respectent les droits humains et environnementaux et ce selon les normes en vigueur en Suisse, sous peine de sanction

    Si elle est approuvée, cette initiative pourra s’appliquer à la multinationale helvète Glencore et permettre aux victimes de ses violations, nombreuses à travers le monde (en Amérique du Sud, mais aussi en Afrique et particulièrement en RDC), d’exiger réparation en Suisse.


  • Les cours du pétrole chahutés sur les marchés mondiaux, plombés par une accélération de la pandémie de Covid-19 qui fait craindre une forte chute de la demande. Une mauvaise nouvelle pour les États-Unis, premier producteur mondial d’or noir, où les électeurs désignent mardi leur prochain président. Le sujet a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours de l’autre côté de l’Atlantique.

    C’est une petite phrase du candidat démocrate qui a une nouvelle fois mis en lumière à quel point les deux rivaux à la course à la Maison Blanche étaient aux antipodes dans leur vision de l’Amérique de demain. « Je me détournerai progressivement de l’industrie pétrolière, oui ! », a déclaré sans détour Joe Biden. « J’arrêterai parce que l’industrie pétrolière pollue considérablement et qu’elle doit être remplacée au fil du temps par les énergies renouvelables ».

    Joe Biden s’est d’ailleurs engagé dans son programme à dépenser pas moins de 2 000 milliards de dollars sur quatre ans pour la transition énergétique. Il s’agit de donner un coup d’accélérateur à la voiture électrique avec la construction de quelque 50 000 bornes de recharge le long des autoroutes, de financer l’installation d’éoliennes ou encore de débloquer des fonds pour la rénovation thermique des bâtiments, avec bien sûr, promet l’ancien vice-président de Barak Obama des millions d’emplois à la clé.

    Le pétrole américain n’est plus rentable

    Mais en s’affichant aussi ouvertement contre l’industrie pétrolière, dont dépend l’économie de plusieurs États-clés comme la Pennsylvanie où les deux candidats se disputent âprement les voix, Joe Biden n’a-t-il pas mis en péril son élection ? Si le risque est réel de s’aliéner une partie de l’électorat américain qui tire ses revenus de l’or noir – plus de 10 millions d’emplois directs et indirects selon l’American Petroleum Institute –, il est aussi calculé.

    D’abord, Joe Biden n’a pas l’intention d’interdire l’exploitation du gaz de schiste qui a permis aux États-Unis de devenir le premier producteur mondial de pétrole. Il compte juste bloquer la délivrance de nouveaux permis sur des terres fédérales. Ensuite, avec une conjoncture mondiale en berne, une demande de pétrole en recul visiblement pour longtemps et un baril à moins de 40 dollars, le pétrole américain issu de la fracturation hydraulique n’est plus rentable. L’industrie pétrolière est par ailleurs fortement endettée et les faillites se sont multipliées ces derniers mois.

    Peut-être le moment de préparer un après-pétrole, c’est en tout cas le pari calculé de Joe Biden.


  • En Indonésie, une loi ratifiée début octobre risque de faire le bonheur des géants de l’agro-alimentaire mondiale. L’Omnibus Law, c’est son nom, vise à abaisser les exigences juridiques en matière d’emploi et d’environnement afin d’attirer les investisseurs étrangers. Pour les défenseurs de la biodiversité, c’est une très mauvaise nouvelle.

    La troisième forêt primaire mondiale sacrifiée sur l’autel de la mondialisation et de mesures libérales. C’est en substance ce à quoi correspond pour les acteurs environnementaux indonésiens la ratification de la très controversée Omnibus Law.

    Car pour attirer les investisseurs étrangers, le gouvernement actuel a considérablement assoupli les exigences légales en matière de protection des écosystèmes. Il renonce par exemple à exiger que chaque province indonésienne conserve au moins 30% de forêts et à imposer des études d’impact environnemental qui ne sont désormais obligatoires que pour les projets présentant des risques dits « élevés ». Il abandonne, enfin, la stricte responsabilité légale pour les entreprises ayant des incendies sur leurs concessions.

    Et si le président de l’association des producteurs d’huile de palme indonésienne s’est félicité de cette nouvelle législation, les acteurs environnementaux, eux, estiment que ces nouvelles mesures n’auront pourtant pas d’impacts positifs pour cette industrie.

    Car les consommateurs du monde entier sont de plus en plus sensibilisés à la question de la déforestation. Cette prise de conscience avait permis de commencer à faire face ce grave problème, une norme NDPE a été par exemple mise en place. NDPE pour en français « Pas de Déforestation, Pas de tourbière, pas d’exploitation ». Ratifiée par 83% des raffineries du pays, elle avait permis de réduire de ¾ le nombre d’hectares brûlés chaque année depuis 2017 d’après l’ONG Mighty Earth. Ces exigences avaient également été bénéfiques pour l’export vers une UE grosse consommatrice, mais de plus en plus scrupuleuse sur les questions de déforestation. Mais ce rétropédalage législatif risque d’entacher à nouveau la réputation de l’huile de palme indonésienne.

    Les forêts indonésiennes semblent en effet bien parties pour continuer de brûler, l’ONG Sustainable Madani Foundation estime que les régions du Sud et de l’Est de Sumatra pourraient perdre totalement leur forêt vierge d’ici 30 ans.Et dans les rues des villes indonésiennes ces dernières semaines, la colère des manifestants opposés à l’Omnibus Law continue également de s’enflammer.


  • La Chine fait actuellement preuve de boulimie sur le marché des céréales. Blé, orge, maïs et soja, Pékin achète à tout va et dans des proportions inédites à ce jour. Résultat, les cours s'envolent depuis plusieurs mois.

    Pour les analystes du secteur, comme le cabinet Agritel, c'est inédit. La demande chinoise en céréales est tout bonnement stupéfiante. Si pour le soja l'appétit chinois est traditionnel, Pékin achetant en moyenne 60% de la production mondiale, en revanche pour le blé, l'orge et le maïs la situation est nouvelle.

    À titre d'exemple, la Chine d'ordinaire quasi-autosuffisante en maïs devrait acquérir vingt millions de tonnes cette année. Les experts sont perplexes sur cette attitude, et en sont réduits à des hypothèses en raison de l'opacité du système chinois. Pékin anticipe peut-être une aggravation de la crise sanitaire mondiale qui viendrait freiner les approvisionnements. Elle tenterait aussi de remplir des stocks mis à mal en début d'année. Autre facteur explicatif, la Chine reconstitue à vitesse grand V son cheptel porcin décimé par la fièvre il y a deux ans, et elle a donc besoin d'aliments pour bétail.

    Toujours est-il que les effets sont là, depuis plusieurs mois les prix sont à la hausse. Ceux du maïs et du blé ont été soutenus par les conditions climatiques qui ont prévalu en Europe et en Amérique jusqu'à ces dernières semaines. Les sécheresses et autres déficits hydriques ont en effet réduit les volumes de production qui restent cependant confortables.

    Parmi les facteurs soutenant les prix, il y a aussi l'attitude des producteurs russes de blé. Beaucoup auraient préféré stocker une partie de leur récolte plutôt que de la vendre, en raison d'un rouble affaibli par la crise pétrolière. Quoi qu'il en soit, le marché des céréales n'est pas menacé de pénurie, loin de là. Les prix du blé sont à la hausse, mais ils restent dans la moyenne des quinze dernières années.

    Cependant pour les gros acheteurs comme l'Egypte ou l'Algérie, un blé plus cher n'est pas une bonne nouvelle. Surtout en période de ralentissement économique et de baisse du pouvoir d'achat.


  • En Côte d'Ivoire, depuis un mois les exportateurs de cacao ont stoppé leurs achats sur les contrats à terme de la prochaine campagne de production. Ils réclament une ristourne sur les taxes et notamment sur la prime à la qualité que l'on appelle « le différentiel pays ». Une information révélée par l'agence Bloomberg.

    C'est un bras de fer invisible du grand public mais qui dure déjà depuis un mois. Il oppose les principaux exportateurs de cacao ivoirien, réunis au sein du GEPEX, au régulateur de la filière, le Conseil du café et du cacao. Ce bras de fer concerne l'avenir, plus précisément la production cacaoyère qui sera sortie de terre en septembre prochain.

    D'ordinaire, les exportateurs achètent des contrats à terme et règlent d'avance les taxes et les primes diverses. Mais cette année, alors que la production attendue est estimée à 1,7 million de tonnes, les exportateurs n'ont acheté que 1,45 million de tonnes. Reste 250 000 tonnes que le régulateur ivoirien n'arrive pas à écouler.

    Les « Big Five », les cinq plus gros acheteurs présents sur le marché ivoirien, ont en effet décidé de geler leurs achats réclamant un rabais sur la prime dite de « différentiel pays », autrement dit celle que l'on verse pour avoir la très réputée qualité ivoirienne.

    Cette prime varie entre 70 et 100 livres par tonne de cacao, mais cette année les acheteurs veulent la voir diminuer à 20 livres seulement. Et selon l'agence Bloomberg, le régulateur ivoirien propose 75 livres. On est encore loin d'un compromis.

    La grogne des acheteurs s’explique par les incertitudes qui pèsent non pas sur la production, mais sur le marché mondial. Car la pandémie de Covid-19 a ralenti les opérations de commerce extérieur, provoqué une crise économique mondiale, et renforcé les incertitudes sur la consommation de chocolat.

    Reste que si la situation se prolonge, ce sont bien les planteurs qui risquent d'en faire les frais. Si la prime de qualité est abaissée ou si la production n'est pas vendue, le prix garanti au producteur pourrait fort bien diminuer. Un scénario que personne, à commencer par les autorités, ne souhaite voir se réaliser.


  • Les eurodéputés veulent mettre fin à la déforestation mondiale provoquée par la consommation de produits dans l’Union européenne (UE). Le Parlement européen a adopté la semaine dernière un rapport où il est demandé à la Commission de préparer une législation contraignante sur ce sujet.

    En important des produits tels que l’huile de palme, le cacao, la viande, le maïs ou le soja, l’Union européenne contribue indirectement pour environ 10% à la déforestation mondiale. Actuellement, aucune règle n'interdit la mise en vente de produits qui ont contribué à la destruction des forêts. Les consommateurs européens ignorent également si les produits qu'ils achètent contribuent ou non à la déforestation. Les initiatives volontaires, les certifications et les labels apposés sur les produits importés n'ont pas réussi jusqu'à présent à freiner la tendance.

    Les eurodéputés, qui réclament un cadre juridique pour enrayer la déforestation provoquée par l’Union européenne, demandent que soit inscrit dans la loi la traçabilité des produits mis sur le marché. Ils proposent d’obliger les entreprises à vérifier que leurs produits ne proviennent pas de terres qui ont été déboisées. Les entreprises qui ne respecteraient pas ces règles seraient sanctionnées.

    Les eurodéputés souhaitent également que la lutte contre la déforestation soit intégrée aux accords commerciaux de l’Union européenne. Le problème se pose avec la déforestation de l'Amazonie, au Brésil. Le Parlement européen refuse de ratifier tel quel le traité de libre-échange conclu avec les pays sud-américains du Mercosur. La question de la forêt amazonienne, le poumon de la planète, s'est même invitée au débat présidentiel aux États-Unis. Le candidat démocrate Joe Biden a menacé, s'il était élu, de prendre des sanctions économiques contre le Brésil s'il ne parvenait pas à freiner la déforestation. Depuis 1990, 1,3 million de kilomètres carrés de forêts ont été détruites, soit une superficie supérieure à celle de l'Afrique du Sud.


  • Le Kenya se rêve en producteur de pétrole depuis la découverte de réserves estimées à 560 millions de barils en 2012 dans la région du Turkana, dans le nord. La société britannique Tullow avait été choisie pour gérer la production, et les premiers barils sont sortis de terre en juin 2018. Mais depuis un an, le projet a connu une série de coups d’arrêt.

    Le rêve d’or noir s’est transformé en mirage pour le Kenya. Depuis des mois, le pays accumule les obstacles et son rêve de grandeur sur le marché du pétrole s’est brutalement arrêté.

    Les ennuis ont commencé en décembre, lorsque Tullow a annoncé des résultats d’exploration décevants en Guyane et une production plus faible que prévu au Ghana, son marché principal. Des mauvaises nouvelles qui ont conclu une année noire pour Tullow, dont l’action a chuté de 64%, avec en prime la démission du directeur général et du directeur d’exploitation.

    Désengagement

    Mais 2020 s’est révélée encore pire, en tout cas pour le projet kényan. Les mauvaises conditions météo dans le Turkana ont détruit une partie des routes utilisées par les camions transportant l’or noir vers la côte. Tullow a dû suspendre les convois.

    La société a alors dû faire un choix. Étant donné les pertes de 2019, et les investissements nécessaires, notamment la construction d’un pipeline de 900 km, pour augmenter la cadence d’un projet encore jeune, la multinationale a annoncé le début de son désengagement. Tullow a déclaré vouloir réduire ses parts dans l’exploration de plusieurs blocs, s’ensuit l’annonce d’un plan social afin de réduire les coûts.

    Cas de force majeure

    Un malheur n’arrivant jamais seul, le Covid-19 a débarqué, enterrant un peu plus le projet. En août, Tullow a envoyé une note au gouvernement, annonçant un cas de force majeure l’empêchant d’honorer sa part de contrat. Une note finalement retirée après des concessions de Nairobi et notamment une réduction d’impôts. Au final, le ministre du Pétrole a dû se résoudre à annoncer que les espoirs de devenir exportateur en 2022 pourraient être repoussés à 2024.

    Désormais, l’heure est à la réflexion. Le pétrolier britannique a lancé un réexamen du projet kényan, et doit soumettre un plan de développement fin 2021. Le gouvernement lui estime que si Tullow veut partir, elle peut toujours vendre ses parts. Nairobi chercherait notamment des partenariats avec des multinationales plus grosses comme Total ou Shell. Mais qui voudra remplacer Tullow ? Alors qu’elle n’a jamais réussi à céder ses actifs dans les blocs d’exploration. Son directeur Kenya a en tout cas été remercié et quittera ses fonctions à la fin de l’année.  


  • Aux États-Unis, la pandémie de Covid-19 pousse le secteur pétrolier, très affecté par la baisse des cours de l’or noir, à se consolider, avec un boom des fusions-acquisitions chez les producteurs de pétrole de schiste.

    Le ralentissement économique mondial, conséquence directe de la crise du Covid-19, a fortement fragilisé les producteurs d’or noir aux États-Unis, et plus particulièrement ceux de pétrole de schiste. La chute de la demande a provoqué une baisse des prix et de nombreuses entreprises du secteur sont dans le rouge et très endettées.

    En effet, ces dernières années, les producteurs de pétrole de schiste, surtout ceux de taille moyenne ont beaucoup emprunté pour pouvoir accroître leur activité. Cela a d’ailleurs permis aux États-Unis de devenir le premier producteur mondial d’or noir. Aujourd’hui, même si le cours du baril s’est stabilisé autour de 40 dollars sur les marchés, il ne permet pas aux producteurs de retrouver leur rentabilité d’avant crise.

    Fusions-acquisitions en série

    Dans ce contexte, plusieurs ont fait faillite, d’autres sont devenus la proie de plus grands qu’eux. Dernière opération en date : la compagnie pétrolière américaine Pioneer Natural Resources a annoncé en début de semaine son intention de racheter sa concurrente Parsley Energy pour 4,5 milliards de dollars.

    Une annonce qui arrive au lendemain d’une autre opération importante. Conoco Phillips a confirmé son intention de racheter Concho Resources, le géant américain de l’exploitation du pétrole de schiste. Montant de l’opération : 9,3 milliards de dollars. Le bal a été ouvert cet été avec l’achat de Noble Energy par Chevron, numéro deux du pétrole américain.

    L’objectif de ces fusions-acquisitions est de réduire les coûts de production et de mieux résister à la volatilité des cours. Mais c’est aussi l’occasion, comme à chaque période de crise, pour les grandes entreprises de faire de bonnes affaires en rachetant leurs concurrentes.


  • C’est un produit typiquement russe, le caviar est pourtant aujourd’hui principalement produit en Chine, en Italie ou même en France ! Longtemps exportatrice de caviar, la Russie est même aujourd’hui obligée d’en importer.

    Il sera longtemps difficile de dissocier le caviar d’une certaine image d’Épinal : celle d’un produit typiquement russe, associé au luxe, et à l’esturgeon de la mer Caspienne. Et pourtant, depuis le début des années 1990, la Russie a perdu sa place de principal exportateur de caviar. Elle est même totalement distancée par la Chine et l’Italie – deux pays où les fermes d’esturgeon se sont multipliées depuis vingt ans, au point d’écraser totalement la production mondiale. Le déclin du caviar russe a une explication : la disparition de l’esturgeon sauvage que les Russes pêchaient dans la Volga et dans la mer Caspienne.

    La pollution des eaux, la construction d’immenses barrages sur la Volga, et la surpêche ont eu raison d’un poisson apparu il y a 150 millions d’années, à l’époque des dinosaures. En 2008, la pêche de l’esturgeon est totalement interdite. Mais cette mesure tardive n’a pas encore permis de sauver l’espèce. Faute d’esturgeon sauvage, c’est grâce à l’élevage désormais que le caviar est produit. Mais la Russie a tardé à développer son industrie et a laissé le champ libre à d’autres pays producteurs, à commencer par la Chine. Résultat, le caviar chinois représente aujourd’hui le tiers de la production mondiale.

    Caviar de contrefaçon

    Non content de perdre sa place de principal exportateur mondial, la Russie est même aujourd’hui incapable de répondre à sa propre demande. Car si la production s’est effondrée, les Russes sont restés de gros consommateurs de caviar. Or, les éleveurs d’esturgeons basés en Russie ne parviennent à produire, bon an mal an, que le tiers de ce qui est consommé localement. Le reste est importé de Chine, d’Italie ou même d’Uruguay.

    Les autorités russes sont conscientes de ce retard, et disent vouloir soutenir la filière. Problème : c’est toute l’industrie du poisson d’élevage qui est à la traîne en Russie. Les fermes y sont peu nombreuses et les investisseurs rechignent à miser sur un secteur considéré comme peu profitable à court terme. Autre obstacle : l’image du caviar s’est détériorée ces dernières années en Russie en raison notamment de plusieurs affaires de contrefaçon. Des fabricants peu scrupuleux ayant vendu du caviar chinois en le faisant passer pour du caviar russe.


  • Israël et le Liban ont officiellement entamé la semaine dernière des négociations sur la délimitation de leur frontière maritime. Officiellement, les deux pays sont pourtant toujours en guerre. Mais les enjeux économiques sont importants. Ces eaux frontalières, et actuellement disputées, pourraient être riches en gaz naturel.

    Dans les locaux de l’ONU à Naqoura sur la frontière entre les deux pays, les négociations entamées mercredi dernier entre Israël et le Liban n’ont qu’« un seul but précis et limité » assure une source au sein du gouvernement israélien : il n’y est pas question d’une normalisation des relations entre les deux pays mais de « résoudre une dispute maritime » sur leur zone économique exclusive.

    Forages d’exploration

    L’enjeu est en fait gazier. Les deux pays se disputent depuis dix ans une zone de 860 kilomètres carrés potentiellement riche en hydrocarbures. Le Liban et Israël veulent tous deux lancer des forages d’exploration de leur côté de la frontière. Mais faute de tracé reconnu, toute initiative suscite des tensions. Lorsqu’en juin dernier, Israël a lancé un appel d’offres pour des forages dans le nord, le Premier ministre libanais de l’époque, Hassan Diab, a rapidement rappelé « les droits légitimes (du Liban) dans ses eaux territoriales internationalement reconnues ».

    Côté israélien, le gouvernement voudrait lancer des explorations dans une zone appelée le bloc 72. Côté libanais, un contrat d’exploration a déjà été donné à un consortium international emmené par Total pour rechercher du gaz dans le « bloc 9 ». Les deux zones sont adjacentes.

    Facture énergétique

    Le Liban a entamé fin février ses explorations gazières au large de ses côtes. La première a eu lieu dans le bloc 4, dans le centre de la zone économique exclusive du pays. Mais si la campagne a permis de relever des traces d’hydrocarbures, elle n’a pas mis à jour de gisement. Les espoirs du pays à l’égard de la zone 9 sont donc d’autant plus grands.

    L’aboutissement de ces négociations serait « une avancée pour les deux peuples » souligne un cadre du ministère israélien de l’Energie, menant les négociations pour la partie israélienne. Mais il affirme que l’intérêt de parvenir à un accord est plus grand encore pour les Libanais. « Si le Liban découvrait un gisement de taille moyenne, cela lui permettrait d’économiser 5 à 6 milliards de dollars par an et de réduire sa facture énergétique » juge cette source. « Ce serait important pour nous aussi » reconnaît-elle, mais souligne qu’Israël fait déjà partie des pays exportateurs de gaz.


  • La pandémie a porté un coup dur à l’industrie de l’acier en Europe, déjà fragilisée avant même la crise sanitaire. C’est le cas de l'entreprise Thyssenkrupp. Déstabilisé par le Covid-19, le géant allemand de la sidérurgie cherche des solutions pour son avenir.

    La pandémie a plombé les finances de Thyssenkrupp. Au deuxième trimestre, le groupe a perdu près d'un milliard d'euros. C’est une perte historique. Face à ces difficultés, le géant de l’industrie allemande cherche des solutions ; toutes les options sont sur la table ; aussi bien le rapprochement avec d’autres groupes que le recours aux aides de l’État. Alors que le sidérurgiste britannique Liberty Steel vient de proposer à Thyssenkrupp d’acheter son activité acier, les syndicats demandent par ailleurs l’entrée de l’État allemand dans le capital de l’entreprise. La situation du groupe allemand n’est pas le seul exemple dans cette crise de l’industrie de l’acier en Europe.

    ArcelorMittal a annoncé la semaine dernière qu'il allait fermer un haut fourneau et une aciérie en Pologne. Le géant mondial de la sidérurgie explique ces fermetures par la chute de la demande d’acier en raison de la pandémie et de la concurrence à travers les importations extra-européennes à bas coût. En effet la Chine, premier producteur mondial de l’acier, inonde les marchés depuis plusieurs années, ce qui fait plonger les prix. Et la crise du Covid-19 n'a fait qu’aggraver la situation en Europe. Si la demande d’acier a fortement baissé c’est en raison notamment de l’effondrement de l’industrie automobile, deuxième débouché pour la sidérurgie européenne après la construction.

    Petite consolation pour le secteur : le redémarrage pourrait avoir lieu l’année prochaine. L’Association mondiale de l'acier projette une hausse de près de 4% de la demande mondiale en 2021 essentiellement grâce à la reprise économique de la Chine qui produit et consomme plus de la moitié de l'acier mondial. Dans l’Union européenne, la hausse de la demande pourrait atteindre les 11%. Mais cela ne compensera pas pour autant la chute de 15% prévue cette année.

     


  • Le gazoduc russe Nord Stream 2 n’est pas directement visé par les nouvelles sanctions européennes contre Moscou, après l’empoisonnement de l’opposant russe Alexei Navalny. Mais cette affaire, ainsi que l’amende de la Pologne contre Nord Stream 2, pourraient enterrer définitivement le projet gazier russe.

    L’affaire Navalny et l’amende polonaise pourraient bien être le coup de grâce pour Nord Stream 2. Le gazoduc de Gazprom est pourtant quasiment achevé, il reste seulement 120 km de tuyaux à poser au fond de la mer Baltique, sur 1 230 km au total.

    L’affaire Navalny rend le projet difficile à défendre pour Berlin

    Mais l’affaire Navalny empoisonne les relations de la Russie avec l’Allemagne. Si Angela Merkel, dans sa volonté d’imposer, avec l’Europe, des mesures de rétorsion contre Moscou, ne s’en est pas ouvertement prise à Nord Stream 2, ce gazoduc, qui est le fruit d’une longue coopération énergétique entre Berlin et Moscou, est de plus en plus encombrant pour la chancelière. Il est sous le coup de sanctions américaines. Des sanctions qui ont poussé le poseur de canalisation suisse Allseas à laisser le chantier russe en plan.

    Amende polonaise : quid des partenaires européens de Gazprom ?

    Et voilà que la Pologne condamne Gazprom à une amende de 6,5 milliards d’euros. L’autorité polonaise de la concurrence juge que le doublement de Nord Stream aura un impact négatif sur le marché gazier de la Pologne. Elle condamne aussi collectivement les compagnies énergétiques européennes, dont la Française Engie, qui faute de pouvoir constituer un consortium avec Gazprom, se sont arrangés pour financer la moitié du projet.

    « Ces sociétés sont rattrapées par la patrouille, résume Thierry Bros, expert à l’Energy Delta Institute et professeur à Sciences-Po Paris. Elles n’ont pas encore dit si elles feront appel, ce qu’a déjà fait Gazprom. Mais ce pourrait être pour ces sociétés européennes une option pour sortir du projet Nord Stream 2. Elles auront perdu un milliard d’euros, mais les risques de sanctions américaines sont encore plus grands ».

    De l’hydrogène un jour dans Nord Stream ?

    Quant aux nouveaux tuyaux de Nord Stream 2, ni l’Europe ni les Russes n’en ont besoin tout de suite, l’accord de transit gazier a été renouvelé avec l’Ukraine jusqu’en 2024.

    D’ici là, l’Europe voudra de l’hydrogène, souligne l’expert. Si la France veut en produire à base de nucléaire, le reste de l’Europe et en particulier l’Allemagne pourraient avoir besoin d’importer de l’hydrogène fabriqué à base… de gaz russe. Nord Stream pourrait donc ne jamais transporter de gaz, mais, peut-être, de l’hydrogène dans quelques années !


  • À l’initiative des États-Unis, huit pays viennent de signer l’accord d’Artemis, du nom de la prochaine expédition américaine sur la Lune, prévue en 2023. Ce nouveau texte juridique autorise l’exploitation et la possession privée des ressources de l’espace.

    À l’image du Homestead Act qui avait lancé la conquête de l’Ouest américain au XIXe siècle, l’accord d’Artemis ouvre la voie à la conquête des ressources de l’espace. L’initiative vient de la Nasa. L’agence spatiale américaine prépare une expédition vers la Lune pour y installer une base pérenne, étape avant le grand voyage vers Mars.

    Elle entend extraire et utiliser sur place les ressources naturelles dont elle aura besoin. Des métaux comme le fer et le titane ont été identifiés en plus grande quantité que prévu sur la Lune, et surtout de la glace, qui permettra de fournir l’eau, l’oxygène, l’hydrogène aux communautés humaines qui s’y installeront.

    Glace et métaux

    Mais à qui appartiennent ces matières premières ? Le traité sur l’espace de 1967 règle bien le problème de la propriété des planètes et des corps célestes : aucun État ne peut en revendiquer la souveraineté, mais il n’aborde pas la question de leurs ressources. Le traité de 1979 exige lui une répartition équitable des ressources entre tous les États, avec une attention spéciale pour les pays en développement, mais il n’a été signé par aucune puissance spatiale.

    C’est ce qui a permis à des sociétés privées américaines de s’engouffrer dans la brèche. Dès 2015, Planetary Ressources expose publiquement ses ambitions sur les matières premières de l’espace. Le président américain de l’époque, Barack Obama, leur donne même une caution légale avec le Space Act, qui les autorise à extraire, posséder, transporter, utiliser et vendre des ressources spatiales.

    Les États-Unis proposent des zones de sécurité

    Aujourd’hui, l’administration Trump va plus loin avec un texte proposé aux autres États, qui autorise la création de « zone de sécurité » pour protéger les activités des pays et des compagnes privées sur un corps céleste. Aucune grande nation spatiale n’a signé, ni la Chine, ni la France, ni la Russie. Moscou juge qu’Artemis est une initiative trop américano-centrée.

    Mais sept États ont déjà paraphé le document : l’Australie, le Canada, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni. Parmi eux, certains ont déjà montré leur intérêt pour l’exploitation privée des ressources spatiales.


  • Le charbon est le deuxième poste d'exportation de l’Australie vers la Chine, après le minerai de fer. Mais le combustible entre plus difficilement sur le territoire chinois depuis quelques semaines. Dans un contexte diplomatique de plus en plus tendu entre Canberra et Pékin.

    Après les restrictions chinoises sur le bœuf, l’orge et le vin australiens, le charbon, qui est autrement plus lucratif puisqu’il rapporte 40 milliards de dollars par an à l’Australie, est-il la nouvelle cible de Pékin ? Selon les agences S&P Global et Argus, le gouvernement chinois aurait donné des consignes verbales aux importateurs, aux aciéristes et aux centrales électriques chinoises de ne plus commander de combustible australien.

    Alors que les contentieux bilatéraux s’enkystent autour de Huawei et de la 5G, et de l’enquête sur l’origine de la pandémie de Covid-19, le gouvernement de Canberra a demandé des éclaircissements aux autorités de Pékin, tout en essayant de minimiser l’affaire : il est déjà arrivé, a souligné Scott Morrison, le Premier ministre australien, que Pékin ralentisse ponctuellement ses importations de charbon pour ménager sa propre industrie minière.

    Un embargo contre-productif ?

    La Chine a-t-elle intérêt à imposer un embargo sur le charbon australien ? Ce n’est pas forcément un bon calcul, souligne un analyste de Reuters. Autant la Chine peut se tourner vers d’autres fournisseurs pour le charbon thermique, brûlé dans les centrales électriques : la Russie, l’Afrique du Sud, la Colombie et les États-Unis peuvent aisément remplacer l’Australie sans surcoût important.

    Autant l’approvisionnement en charbon à coke, celui que l’on plonge dans les hauts fourneaux avec le minerai de fer pour produire de l’acier, autant ce charbon métallurgique australien trouverait très difficilement des remplaçants à un prix raisonnable, car l’Australie, c’est plus de la moitié du commerce mondial du charbon à coke. L’acier chinois verrait ses coûts de production s’envoler face à ses concurrents asiatiques.

    L’Indonésie plus touchée que l’Australie

    On remarque d’ailleurs que c’est l’Indonésie, plus que l’Australie, qui pour l’instant a subi le plus gros coup de frein sur ses exportations de charbon vers la Chine. Elles ont plongé de 17% de janvier à septembre, alors que les exportations australiennes n’ont pour l’instant diminué que de 7%. Mais l’Indonésie exporte surtout du charbon thermique et peu de charbon à coke vers la Chine.


  • Depuis le début du mois d’août, les cours du soja connaissent une hausse quasi ininterrompue, grâce à une forte demande de la Chine, dont les élevages se relèvent de la peste porcine.

    Voilà qui doit réjouir les agriculteurs américains à quelques jours du scrutin présidentiel, aux États-Unis : les cours du soja ont atteint leur plus haut niveau depuis deux ans et demi. La progression est spectaculaire depuis le début du mois d’août : +23% !

    Moins de graines de soja aux États-Unis et au Brésil

    Depuis vendredi dernier, un nouveau cap a été franchi avec la publication du rapport du département américain à l’Agriculture. L’USDA prévoit des stocks de fin de campagne de soja encore plus faibles qu’anticipés aux États-Unis ; une récolte américaine en cours plus réduite que prévu, à cause de la baisse des surfaces, et des retards dans les semis au Brésil en raison d’un temps trop sec.

    C’est ce qui a propulsé le prix du boisseau de graines oléagineuses à près de 10,8 dollars à la Bourse de Chicago. On n’est pas loin du niveau de 2016.

    La Chine reconstitue ses élevages porcins

    La Chine achète beaucoup plus que prévu. Alors qu’au cœur de l’été, on anticipait une faible demande d’oléagineux et que l’on avait des craintes sur la réalisation de l’accord sino-américain sur l’agriculture, la Chine est plus que jamais aux achats. Elle a reconstitué son cheptel de porcs, il est 30 à 40% plus important que l’an dernier et il faut le nourrir.

    Rien qu’au mois d’août, 2000 nouveaux grands élevages ont vu le jour, on en est à 11 000 nouvelles fermes porcines géantes depuis le début de l’année. Les élevages de poulet continuent aussi de progresser. Et cela a des conséquences sur le commerce du soja.

    100 millions de tonnes d’importations chinoises, un record absolu

    Après s’être majoritairement approvisionnée auprès du Brésil, qui n’a plus grand-chose à offrir, la Chine se tourne vers les États-Unis, qui n’auront jamais aussi bien vendu leur récolte en début de campagne. Les compagnies publiques chinoises continuent leurs achats malgré la baisse de leurs marges de trituration. La Chine devrait importer au total 100 millions de tonnes de soja en 2020-2021, prévoit l’USDA, encore plus qu’en 2019, qui était déjà une année record pour les importations chinoises.


  • Pour la première fois depuis l’apparition du Covid-19, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole admet que la demande de pétrole va plafonner, mais dans 20 ans.

    L’Opep admet à son tour l’idée d’un pic de la demande de pétrole, mais à long terme, alors que des compagnies comme BP estiment que nous l’avons déjà franchi. Il y a aura d’abord un effet rattrapage de l’après-Covid, estime le cartel dans ses Perspectives mondiales annuelles.

    La consommation de pétrole, qui a chuté de près de 10 millions de barils par jour par rapport à l’an dernier, devrait, selon l’Opep, retrouver son niveau de 2019 en 2022, puis continuer à augmenter de 10 millions de barils supplémentaires, plus lentement à partir de 2030, jusqu’en 2040. En 2040, dans 20 ans, ce devrait être le pic : 109,3 millions de barils par jour et à partir de là, le déclin.

    Effets du Covid-19 dans la durée, admet l’Opep

    L’Opep reconnaît les effets durables du Covid-19. Le télétravail va s’installer dans la durée, cela signifie moins de transport, moins de voyages d’affaires et de tourisme, une hausse de la productivité, un changement du comportement des consommateurs, avec l’essor plus rapide que prévu du véhicule électrique, admet le rapport.

    Mais il y aura selon lui une divergence accrue entre les pays de l’OCDE où la demande devrait atteindre un plateau dès 2022 pour décliner en 2025, et les pays en développement où la consommation de brut continuera de croître, Inde en tête, avec l’augmentation de la classe moyenne, de la démographie et le développement économique.

    L’Opep en retrait jusqu’en 2025

    Dans ce paysage pétrolier du futur, quelle place aura l’Opep ? La production du cartel devrait augmenter l’an prochain, après des coupes de près de 10 millions de barils par jour cette année. Mais en 2025, l’Opep n’aura toujours pas retrouvé sa production de 2019, estime le rapport, car l’offre des concurrents, dont les États-Unis, augmentera aussi.

    À long terme, lorsque ces concurrents connaîtront un déclin, l’Opep espère au contraire continuer d’augmenter son offre de brut. Une énergie, qui selon son secrétaire général Mohamed Barkindo, devrait encore constituer la plus importante part du mix énergétique d’ici 2045.


  • L’Argentine vient d’autoriser le premier blé OGM. La production commerciale de ce blé résistant à la sécheresse et à un herbicide, est cependant conditionnée à l’accord du Brésil pour l’importer.

    L’Argentine va-t-elle, la première, se mettre à produire et à exporter du blé OGM ? Les autorités de Buenos Aires viennent en tout cas d’autoriser la commercialisation du blé baptisé HB4. Un blé transgénique, dans lequel on a transféré le gène HB4 issu du tournesol. La nouvelle variété est le fruit des recherches de l’entreprise argentine Bioceres et du semencier français Florimond Desprez, regroupés dans la co-entreprise Trigall Genetics. Testée depuis dix ans en parcelle en Argentine, elle a des rendements 20% plus élevés en cas de sécheresse, des épisodes climatiques qui se multiplient en Argentine, on le voit encore cette année. Le blé HB4 est aussi résistant au glufosinate d’ammonium, un herbicide encore autorisé en Argentine.

    Le Brésil évalue la variété

    Mais il manque encore des débouchés à ce blé transgénique. C’est pour cela que le droit de cultiver du blé OGM à des fins commerciales en Argentine est suspendu au feu vert… du Brésil pour en importer. Contrairement au maïs ou au soja, surtout destinés à l’alimentation animale, le blé est avant tout destiné à l’alimentation humaine et aucun pays n’a encore autorisé la consommation ou l’importation de blé OGM. Mais le Brésil est selon Bioceres en train d’évaluer la variété. Cela met au passage en lumière la dépendance du Brésil vis-à-vis des importations de blé. « Ce géant agricole est un nain pour le blé qu’il ne produit presque pas », souligne le chercheur Sébastien Abis, directeur de publication de l’annuaire Demeter. Le Brésil importe effectivement plus de 7 millions de tonnes par an, autant sinon plus que l’Algérie. L’assurance de ce débouché pour l’Argentine serait déterminante. L’Argentine fournit 85% du blé brésilien, et le Brésil pèse pour 45% des exportations argentines.

    Les céréaliers argentins très réticents

    Mais les enjeux vont au-delà du Brésil : l’Argentine fournit le Maghreb, l’Afrique du Sud, l’Asie du Sud-Est. La plupart de ces pays ont posé un véto sur le blé argentin si une partie des surfaces devait être cultivée en OGM, souligne Olivier Antoine, spécialiste des systèmes agricoles sud-américains. C’est pourquoi, même si les céréaliers argentins savent que l’on peut tracer différemment les deux productions, eux-mêmes freinent des quatre fers devant le blé OGM.