Episodit

  • Une nouvelle loi, adoptée ce jeudi (28 novembre 2024) par le Parlement du Venezuela, punit de plusieurs dizaines d’années de prison le soutien au sanctions internationales qui visent le pays. Les contrevenants risquent aussi plus d’un million de dollars d’amende, une peine de 60 ans d’inéligibilité…

    La « Loi libérateur Simon Bolivar » menace de 25 à 30 ans de prison ceux qui soutiennent les sanctions internationales. La presse est elle aussi visée, souligne El Periodiquito : si des médias contreviennent au nouveau texte, en plus de l’amende, ils peuvent se voir privés de circulation ou d’antenne. La loi, qualifiée de « progressiste » par le président Nicolas Maduro écrit Efecto Cocuyo, a été adoptée en une semaine et « sans consultation publique », souligne le quotidien. Il faut dire qu’elle répond à un projet de loi adopté, il y a à peine dix jours, par les États-Unis, qui interdit au gouvernement américain de signer des contrats avec des personnes faisant des affaires avec le gouvernement Maduro. Une loi a rendu furieux le président vénézuélien à double titre : déjà parce qu’elle a reçu pour nom l’acronyme BOLIVAR - « une offense historique contre la mémoire du libérateur », a estimé le président vénézuélien ; ensuite, rappelle Ultimas Noticias, journal proche du pouvoir, parce que l’opposition vénézuélienne l’a soutenue.

    En Haïti, l’école malgré les gangs

    L'éducation plutôt que la délinquance, l'école comme lieu de résistance : dans Port-au-Prince ravagée par les gangs, certains établissements scolaires privés des quartiers défavorisés restent ouverts malgré les défis et les balles qui résonnent parfois tout près. Comme dans la 3ème circonscription de Port-au-Prince, près du quartier de Gran Ravin, à l'École mixte Frère Vital, où s’est rendu le correspondant de RFI Peterson Luxama. « Beaucoup de gens considèrent les quartiers défavorisés comme des zones de non-droit », explique Frantz Mildort, professeur de chimie : « mais pour moi, c’est un honneur de jouer ma partition. Si nous ne faisons rien pour sauver ces jeunes, il sera difficile d’avoir le pays dont nous rêvons tous ».Entre les arriérés de salaires des enseignants et l'incapacité des parents à payer les frais de scolarité, les écoles fonctionnent avec les moyens du bord : « Souvent, les parents nous appellent pour nous dire qu’ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école, faute de ressources financières », raconteSaintil Nézak, directeur du Collège mixte Frère Saintil. Malgré ces difficultés économiques, les directeurs d’école entendent bien continuer, pour épargner les enfants du banditisme et de la délinquance juvénile qui fait rage dans la zone.

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    Jair Bolsonaro compte sur Donald Trump

    On le sait, l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a interdiction de se présenter à la présidentielle jusqu’à 2030, pour avoir critiqué le système électoral brésilien avant l’élection de 2022, qu’il a perdue – il est aussi accusé d’avoir fomenté un coup d’État. Mais dans une interview accordée au Wall Street Journal, Jair Bolsonaro affirme qu’il va se présenter de toutes façons, et il espère que le président américain élu Donald Trump va l’y aider, peut-être en utilisant des sanctions économiques contre l’actuel président brésilien Lula : « Trump est de retour, et c’est le signe que nous allons revenir nous aussi », affirme l’ancien président d’extrême-droite. Le Wall Street Journal rappelle que Jair Bolsonaro a été un des plus proches alliés de Donald Trump, lorsque leurs deux présidences ont coïncidé entre 2019 et 2020.

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    Des « lois incendiaires » en Bolivie

    La Bolivie fait face à des incendies en série : cette année 2024, plus de 10 millions d'hectares de forêts et de terres agricoles sont partis en fumée - en septembre, les autorités avaient même déclaré le pays en état de «catastrophe nationale». Mais ces feux ne sont pas que le fruit du hasard : des lois controversées, appelées lois incendiaires, encouragent indirectement l’expansion agricole aux dépens de l’Amazonie. Promulguées depuis 2013, elles permettent le défrichement - sous prétexte de soutenir l’agriculture, mais sans réelle protection écologique : elles ont donc favorisé la propagation des feux, explique la correspondante de RFI Camille Bouju.Exemple avec la loi 337 qui, en supprimant certaines amendes, a entraîné une hausse des brûlis en Amazonie. Or, avec les sécheresses prolongées liées au changement climatique, ils deviennent souvent incontrôlables.Ces destructions ont des conséquences sur la santé, l'accès à la nourriture, l'accès à l'eau et l'accès au travail. Et à long terme, les gens, ne trouvant pas de nourriture ou les moyens de subsistance qu'ils avaient traditionnellement, seront forcés de se déplacer vers les grandes villes.

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    Mort de l’actrice mexicaine Silvia Pinal, muse de Luis Bunuel

    Toutes les Unes de la presse mexicaine sont consacrées à la comédienne, morte à l’âge de 93 ans : « Silvia Pinal, muse et diva éternelle » - El Universal ; « Silvia Pinal, une histoire à l’intérieur de notre histoire » - La Jornada ; « Déesse en transit » - Milenio. Silvia Pinal « est considérée comme l'une des artistes les plus importantes du monde du spectacle mexicain », souligne le quotidien : « sa beauté incomparable a fait tomber plus d'un homme à ses pieds. Et son talent lui a permis de travailler avec des réalisateurs comme Luis Buñuel et jouer dans des films comme l'emblématique Viridiana. » Silvia Pinal, qui aura joué dans 84 films et 42 pièces de théâtre, « excellait non seulement dans la comédie, mais aussi dans la conduite automobile et s'est même aventurée en politique, elle a été députée et sénatrice », rappelle Excelsior. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a salué la mémoire de l’artiste, souligne La Razon : « De nombreuses générations de Mexicains et de Mexicaines ont grandi en l’admirant (…) son talent cinématographique et théâtral fait partie de la mémoire culturelle du Mexique ».

    Le Journal de La Première

    Direction la Martinique, pour parler de bienveillance en milieu hospitalier et de lutte contre le trafic de drogue.

  • Les violences des gangs ne se limitent pas à la capitale, Port-au-Prince. Dans d’autres régions du pays, les groupes armés agissent en toute impunité, causant des drames pour les populations locales. Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste, nous éclaire sur la situation.

    Selon le Nouvelliste, « des dizaines de bandits du gang Gran grif de Savien ont envahi le village de Coutang, à Savane Boule,… dans le département de l’Artibonite, tôt mercredi 27 novembre 2024 ». Cette attaque a fait au moins trois morts. La Fédération des organisations paysannes et entrepreneurs agricoles de la Vallée de l’Artibonite dénonce l’inaction des autorités, rappelant que « ce n’est pas la première fois que cette communauté est victime des crimes de Gran grif ». La semaine dernière, « 12 paysans ont été enlevés dans la région et subissent des tortures, leurs familles n’ayant pas les moyens financiers pour payer leur libération ».

    En parallèle, les gangs sont responsables d’une augmentation des violences sexuelles en Haïti, une situation dénoncée par Human Rights Watch. Ces violences sont aggravées par l’impossibilité d’accès aux soins, les centres de santé étant souvent fermés en raison de l’insécurité.

    Avec Frantz Duval, nous abordons également un sujet plus positif: l’hommage rendu à l’écrivain haïtien Dany Laferrière, qui sera immortalisé sur des timbres postaux au Canada. Une distinction qui suscite une certaine ironie en Haïti, où le service postal est quasiment inexistant.

    L’administration Biden face aux limites de l’aide militaire à l’Ukraine

    Le Wall Street Journal révèle que les États-Unis ne pourront pas utiliser l’intégralité des fonds alloués pour soutenir l’Ukraine avant le 20 janvier 2025, date de l’entrée en fonction de Donald Trump. Plus de 6,5 milliards de dollars restent disponibles pour des livraisons d’armes et d’équipements issus des stocks américains. Cependant, le Pentagone a atteint les limites de ses capacités de transfert d’armes mensuel, sans compromettre sa propre sécurité. La logistique pour acheminer ces ressources aux forces ukrainiennes pose également problème. Ce sujet promet d’être une décision-clé pour la future administration Trump.

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    Elon Musk veut remplacer les avions de chasse par des drones

    Politico s’intéresse aux ambitions d’Elon Musk et d’autres figures de la tech, qui plaident pour remplacer avions et chars militaires par des drones. Selon Musk, ces technologies seraient plus efficaces et économiques. Mais l’amiral Samuel Paparo, chef du commandement indo-pacifique, reste sceptique. Il estime que l’immensité du Pacifique nécessite encore des avions de chasse avec équipage pour une surveillance optimale.

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    Au Mexique, l’inquiétude sur l’avenir des relations avec les Etats-Unis

    Milenio revient sur un échange téléphonique entre Donald Trump et la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. Trump affirme que le Mexique aurait accepté de « stopper l’immigration » clandestine, une déclaration démentie par Sheinbaum, qui prône plutôt « la construction de ponts ». L’augmentation des droits de douane à 25 %, également promise par Trump, inquiète le Mexique. Une mesure qui pourrait perturber l’économie américaine et entraîner une inflation, selon le journal, qui invite à élaborer rapidement une stratégie nationale face aux défis à venir.

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    Brésil, un paradis pour les animaux de compagnie ?

    Le pays compte quatre fois plus d’animaux de compagnie que d’enfants, et ces derniers sont souvent traités comme des rois. Spas, toilettages haut de gamme, et même chromothérapie : rien n’est trop beau pour leur bonheur, nous explique notre correspondante Sarah Cozzolino dans son reportage à Rio de Janeiro.

    Le journal de la 1ère

    Un reportage sur la mise en service d’un mammographe au Centre hospitalier de l’Ouest guyanais met en lumière les efforts pour améliorer l’accès aux soins dans la région.

  • Puuttuva jakso?

    Paina tästä ja päivitä feedi.

  • Pas moins de 40 000 déplacés en dix jours, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

    La prise du quartier de Solino, il y a six semaines, a accru la pression sur le système de santé de la capitale haïtienne, Port-au-Prince.

    À Delmas 33, dans le seul hôpital qui fonctionne encore dans cette zone, témoignage du docteur Jean Philippe Lerbourg, directeur médical de l'Hôpital universitaire de la Paix.

  • Au cours de l’année 2023, « le nombre d’enfants recrutés par des groupes armés en Haïti a augmenté de 70% », indique l’agence onusienne. Les membres de gangs sont souvent très jeunes, confirme Gotson Pierre, le directeur de l'agence Alterpresse. « Ceux qui portent de lourdes armes sont dans la plupart des cas des adolescents. Ils servent souvent d’éclaireurs et d’informateurs ».

    Depuis dimanche (24 novembre 2024), des opérations de la Police nationale haïtienne (PNH) se concentrent dans les quartiers du bas de Delmas, là où se trouve le fief du chef de la coalition de gangs Viv Ansanm. D’autres quartiers du centre-ville sont aussi le théâtre d’intenses opérations de police. La mission multinationale dirigée par le Kenya indique que ces opérations visent à « maîtriser les chefs de gangs notoires ». Mais en parallèle, le chef de gang Jimmy Cherizier ne cesse d’invectiver les autorités et la police sur les réseaux sociaux.

    Ces dernières semaines, les activités des gangs ont provoqué la plus importante vague de déplacements, depuis janvier 2023, en Haïti. 41.000 personnes ont été forcées de fuir leur domicile en raison de l'escalade de la violence et de l'insécurité en seulement deux semaines, selon les agences de l’ONU.

    Donald Trump veut augmenter les tarifs douaniers de 25% sur les importations du Mexique et du Canada

    Cette annonce a évidemment provoqué de rapides et vives réactions côté canadien. Et pour cause : 75% des exportations du pays ont pour destination les États-Unis. Le dollar a perdu 1% de sa valeur sur place, explique Pascale Guéricolas. Le Mexique, quant à lui, est accusé d'être une porte d'entrée pour les marchandises chinoises sur le continent, sur fond de guerre commerciale entre Pékin et Washington. On en parle avec notre correspondante à Mexico, Pascale Guéricolas.

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    En Patagonie, une émission de radio pour mieux communiquer

    En Argentine, une émission de radio permet aux habitants des zones les plus reculées de Patagonie de communiquer entre eux. Dans certains petits villages de la région de Bariloche, dans l’ouest du pays, pas de réseau : les communications ne passent plus. Alors, depuis plus de 80 ans, la radio locale diffuse tous les jours, à heures régulières, un programme d’une vingtaine de minutes lors duquel le présentateur lit les messages qu’on lui envoie. Pour les gauchos, ces gardiens de troupeaux qui vivent dans les zones de la pampa argentine, ce programme est rapidement devenu indispensable. Un dossier signé Arnaud Fischer.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Au sommaire ce mardi : la surpopulation carcérale en Guadeloupe.

  • À l’issue d’un second tour très serré, Yamandú Orsi emporte la présidentielle avec près de 50% des suffrages. L'Uruguay se prépare à connaître une nouvelle alternance politique, mais elle ne devait pas entraîner de grands bouleversements.

    Dans son discours de victoire, Yamandú Orsi, un ancien professeur d’histoire issu d’un milieu modeste, a promis d’œuvrer en vue d’une société plus juste et égalitaire. « Je serai, a-t-il dit, le président qui construira une société plus harmonieuse, un pays plus solidaire, où, en dépit des différences, personne ne sera jamais laissé de côté, du point de vue économique, social ou politique. Je serai le président qui appellera encore et encore au dialogue national pour trouver les meilleures solutions, bien sûr, en suivant notre vision, mais aussi en écoutant très attentivement ce que les autres nous disent ».

    Son adversaire, Alvaro Delgado, le candidat de la coalition de droite actuellement au pouvoir, a très vite reconnu sa défaite et félicité le vainqueur. Les deux hommes auront besoin l’un de l’autre, car Yamandú Orsi n’aura pas de majorité absolue au Parlement. Mais le dialogue entre les deux formations devrait être facilité par les convergences entrevues durant la campagne en matière de relance de la croissance économique et de réduction du déficit fiscal.

    Analyse de Denis Merklen, professeur à l'Université Sorbonne nouvelle, directeur de l'Institut des Hautes Études de l'Amérique latine, au micro d’Anne Cantener.

    Denis Merklen : La différence s’est en partie matérialisée à travers les critiques qui ont été adressées au gouvernement de l’actuel président, touché par plusieurs affaires de corruption, qu’il s’agisse de sa personne ou de l’administration de son parti. Et par la préparation de la gauche, qui a beaucoup travaillé, qui a déployé un réseau militant d'écoute de la population, qui a pu faire le bilan et se détacher de l'ancienne génération des dirigeants de gauche qui avait constitué les derniers gouvernements progressistes.

    Anne Cantener : La gauche, selon plusieurs observateurs, avait perdu la précédente présidentielle à cause de l'insécurité. Qu'est-ce qui a changé cette fois-ci ? La gauche était-elle mieux préparée aussi sur ce dossier-clé de la sécurité ?

    Denis Merklen : Ce n'est pas sûr. L'insécurité en Uruguay est un problème gravissime avec l'implantation du narcotrafic autour du port de Montevideo, quelque chose qui était totalement inconnu de ce pays, il y a quelques années à peine. Mais la population a pris conscience que ce n'était pas un problème de couleur politique, c’est un enjeu majeur et les Uruguayens n’en tiennent pas rigueur à la gauche, comment cela a pu être le cas dans le passé, en raison de la violence croissante liée au trafic de drogue. Toutes proportions gardées, car on est encore loin d’autres pays d’Amérique latine comme le Mexique ou le Brésil qui souffrent d’une violence civile extraordinaire.

    Anne Cantener : Les deux candidats ont beaucoup parlé d’économie, sans que l’on puisse parfois distinguer ce qui les différenciait ?

    Denis Merklen : La sécurité sociale, la croyance dans un État social. Et les inégalités. L'Uruguay ne s'en est pas si mal sorti ces cinq dernières années, mais la situation des plus pauvres s’est beaucoup détériorée. L’électorat uruguayen était très indécis, la différence de voix est ténue, il est probable que le retour de la partie la plus exposée des classes populaires dans le giron de la gauche ait fait la différence. Le Frente Amplio a réalisé une excellente élection parmi les couches les plus modestes de la population.

    Anne Cantener : Yamandú Orsi a promis du changement pendant sa campagne, mais pas de changement radical, pas de rupture forte avec ce qui a été fait jusqu'à présent, il a parlé de la nécessité de trouver des accords. Comment analysez-vous ce ton très mesuré ?

    Denis Merklen : Les majorités des deux chambres du Parlement, Sénat et chambre des députés, ne sont pas de même couleur politique. Le Sénat est à gauche, la Chambre des députés à droite. La négociation s’impose et ç’aurait été le cas quel que soit le vainqueur de l’élection. Par ailleurs, l'Uruguay est un pays un peu particulier dans le concert de l'Amérique latine, dans le sens où ce n'est ni une droite populiste, comme on peut la voir aujourd'hui en Argentine, ni une gauche populiste. Il y a une tradition d'accord de gouvernement, de coalition, d'entente. D’autant plus que l’opposition gouverne dans plusieurs départements du pays, dirige plusieurs entités de l’État ou participe à son administration.

    Anne Cantener : Cela signifie que le nouveau président de l’Uruguay aura les mains libres pour mener à bien ses mesures emblématiques, comme la réforme de la sécurité sociale, par exemple ?

    Denis Merklen : La gauche au pouvoir entre 2005 et 2020 a apporté d'énormes progrès en termes de protection sociale : réforme de la santé, négociations salariales, protection des travailleurs agricoles, refonte de l'université de la recherche. Mais sur ces dossiers, la droite n'était pas aussi minoritaire qu'on pourrait le croire. Une fois parvenue aux affaires, elle aurait pu revenir sur ces conquêtes sociales. Il y a bien eu quelques aménagements qui ont parfois favorisé les plus riches. Mais l'Uruguay a traversé la pandémie sans trop souffrir et a maintenu son taux de change, l’économie est relativement stable, même si la croissance est faible. L’opposition garde une marge de manœuvre importante, mais il n’y a aucune raison qu'elle exerce une minorité de blocage.

    Anne Cantener : Le nouveau président a fait savoir qu’il souhaitait développer les échanges à l’échelle régionale. Avec quel pays en particulier pourrait-il travailler ?

    Denis Merklen : Il y a une familiarité de couleur politique avec le Brésil de Lula et une amitié de longue date entre ces deux formations politiques que sont le Frente Amplio et le PT brésilien. Mais l'Uruguay est un pays, quoi qu’il en soit, largement dépendant de ses deux grands voisins, l’Argentine et le Brésil, par leur voisinage et la structure de leurs économies. La gauche uruguayenne va être obligée d'avoir des bonnes relations avec le président Milei en Argentine, ce qui ne sera pas facile. Et d'autre part, elle va se projeter vers l'international, comme elle l'avait fait pendant les précédents gouvernements de gauche, en allant vers l'Asie et la Chine, pour essayer de diminuer la dépendance vis-à-vis de ses voisins.

    En Haïti, la MMAS forcée de se justifier

    Depuis la mi-octobre 2024, plusieurs zones de Port-au-Prince sont de nouveau à feu et à sang, et les critiques fusent : où est passée la Mission multinationale d'assistance à la sécurité (MMAS) ? La force internationale dirigée par le Kenya s’est justifiée de son silence hier dans un communiqué, affirmant que si « de nombreux Haïtiens remettent en question le rôle de la MMAS et sa gestion de la situation sécuritaire, elle continue d'effectuer des patrouilles conjointes de jour et de nuit ». Et « bien que ces opérations ne soient pas largement médiatisées », elle indique avoir mené aux côtés de la Police nationale haïtienne l’assaut d’hier dans le quartier de Bas-Delmas à Port-au-Prince.

    Assaut « musclé » selon Radio Métronome, pas encore de bilan détaillé, mais des sources policières indiquent que plusieurs membres de groupes criminels ont été tués et d'autres blessés. Les forces de l'ordre sont en train de traquer Jimmy Chérizier, alias Barbecue, qui a failli être arrêté la semaine dernière. Le bâtiment qu'il occupait, où il avait élu domicile, a été rasé. Il est encore en fuite mais la pression s'accentue.

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    Quel profil à la tête du FBI ?

    La chronique des nominations continue à Washington, Donald Trump est toujours à la recherche de son administration idéale, et cette tribune inquiète du quotidien politique The Hill s’interroge sur le futur n°1 du FBI, la toute-puissante police fédérale américaine. Le bruit court que son actuel patron va jeter l'éponge sans doute dès le mois de janvier 2025, avant l'investiture du nouveau président. Qui pour remplacer Christopher Wray à la tête de ce paquebot doté d’un budget colossal de 11 milliards de dollars et d’un personnel pléthorique, 35 000 employés, chargé de missions tous azimuts dans les domaines de la sécurité nationale et de la lutte contre la criminalité ?

    Depuis 1978, « tous ses directeurs ont été choisis dans la magistrature ou dans les rangs du ministère de la Justice. Le bon candidat sera celui capable d’une rupture qui permette au FBI de restaurer sa réputation, celle d’un service efficace et apolitique. La plus grosse surprise que Trump devrait se permettre serait de nommer à sa tête un spécialiste du maintien de l’ordre ». Car c'est un mandat de dix ans qui est en jeu, « pensé comme un bouclier placé au-dessus des changements de majorité et censé protéger le Bureau de toute interférence politique. Force est de constater que les directeurs issus du monde de la justice ont plutôt fait l'inverse. Il est temps, écrit l’auteur, Christopher M. Donohue, lui-même agent retraité du FBI, de dépolitiser une instruction que la moitié du pays assimile à la Gestapo personnelle de Joe Biden ».

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    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Une femme sur cinq est victime de violences conjugales en Guadeloupe et ces actes de violence sont en constante augmentation en Martinique.

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  • Yamandu Orsi, le candidat de la gauche uruguayenne, rêve de réussir l’alternance après avoir dominé le premier tour de scrutin. À quelques jours du deuxième tour, prévu dimanche (24 novembre 2024), il pourrait surfer sur l’incapacité de ses adversaires à faire baisser la criminalité.

    D’après les instituts de sondage, l’insécurité reste la principale préoccupation des électeurs uruguayens. Peut-être, indique notre correspondant régional Théo Conscience dans son dossier Amériques, parce que l’économie se porte bien : la pauvreté et les inégalités sociales se maintiennent à des niveaux inférieurs aux autres pays de la zone.

    En revanche, avec 11,2 homicides pour 100 000 habitants, l’Uruguay présente un taux d’homicide deux fois supérieur à la moyenne mondiale. L’Organisation mondiale de la santé parle d’un seuil « épidémique », de plus en plus difficile à contrôler, où la violence engendre la violence.

    La situation n’est pas nouvelle, elle a d’ailleurs déjà été déterminante lors de la dernière élection présidentielle. « La gauche a perdu la dernière élection principalement à cause de l’insécurité, rappelle le sociologue Emiliano Rojido, spécialiste de la criminalité et des politiques publiques. La droite elle-même est arrivée au pouvoir avec un discours de fermeté, de tolérance zéro vis-à-vis de la criminalité : les problèmes d’insécurité du pays allaient se résoudre avec de la volonté, de la détermination, et avec un soutien inconditionnel à la police ».

    Cette politique répressive annoncée par l’actuel gouvernement n’a donné que des résultats mitigés. Les agressions et les vols ont diminué de manière significative, mais le nombre d’homicides, notamment ceux liés au trafic de drogue et au crime organisé, est resté stable. Le gouvernement a pourtant tenu ses promesses : les peines de prison ont été durcies, le nombre de personnes incarcérées est passé de 11 000 à 16 000 en cinq ans, mais le taux de récidive, à hauteur de 70%, pose la question de l’efficacité de ce modèle, souligne Emiliano Rojido.

    « Le système pénitencier uruguayen est irrationnel. Nous avons l’un des taux d’emprisonnement les plus élevés du monde. En termes de quantités de détenus par rapport à la population, nous sommes dans le top 10. C’est une situation intenable qui génère des opportunités criminelles à l’intérieur de la prison, car avec autant de personnes privées de liberté, la réhabilitation est impossible. Et cette situation peut profiter aux organisations criminelles, comme cela a a été le cas dans plusieurs pays de la région. À Rosario (Argentine) ou en Équateur, la situation a dégénéré dans les prisons. Aujourd’hui, les prisons sont un facteur de risque et non de protection pour l’Uruguay en matière de sécurité publique »

    Pour beaucoup d’observateurs, il est probable que l’incapacité du gouvernement à faire baisser le nombre d’homicides profite à l’opposition de gauche incarnée par Yamandu Orsi. Et coûte l’élection au candidat de la coalition au pouvoir, Alvaro Delgado. Le sociologue Emiliano Rojido regrette que, d’un côté comme de l’autre de l’échiquier politique, le poids de l’insécurité dans la campagne n’ait pas permis de faire émerger de propositions novatrices.

    « Quand on écoute les propositions des partis politiques, il y a des divergences, mais elles sont minimes. L’accent est mis sur l’augmentation des effectifs, sur les moyens technologiques de la police et sur les peines de prison, c’est le dénominateur commun. Le budget alloué à la sécurité publique a été multiplié par quatre au cours des vingt dernières années et il y a une forme de désillusion de la part de la population, qui voit que les budgets augmentent et que les partis changent. Mais que les problèmes restent les mêmes. »

    Le retrait de Matt Gaetz, premier camouflet pour Donald Trump

    D’après le New York Times, c'est « un revers majeur » pour le président élu. Matt Gaetz, propulsé par Donald Trump au futur ministère de la Justice, a dû jeter l'éponge, visé par une enquête du comité d'éthique de la Chambre des représentants. Présumé innocent, mais soupçonné de relations sexuelles avec une jeune fille mineure, 17 ans à l'époque des faits, d’usage de drogues et de cadeaux douteux à ses proches, il n'aurait jamais passé le test du Sénat. La Chambre haute du Congrès américain a pour prérogative d’auditionner l'ensemble des membres du cabinet afin de valider leur prise de fonction.

    Handicapé par ses frasques putatives et incapable, avant même son audition, de convaincre un nombre suffisant de sénateurs républicains, Matt Gaetz s’est retiré de la course. Il laisse la place à Pam Bondi, une magistrate conservatrice de Floride, très vite désignée par Donald Trump pour le remplacer. « Ce que l’on doit entendre à Washington », nous dit le quotidien populaire USA Today, c’est un immense soupir de soulagement. Il est évident, y écrit Nicole Russell, même pour nous qui avons voté pour lui, que Trump a besoin de garde-fous, aussi bien dans son intérêt que dans celui de la Nation toute entière ».

    « C’était un test critique pour les institutions, ajoute le Washington Post dans une tribune au vitriol signée Ruth Marcus. Pour l’instant, le système a gagné. Gaetz, le provocateur professionnel, sous-qualifié et d’un tempérament inapte aux plus hautes fonctions judiciaires, n’aurait servi qu’à punir les ennemis de Donald Trump ». Mais attention, prévient Ruth Marcus, Pam Bondi, « c'est toujours mieux que Matt Gaetz, à condition que les Sénateurs soient très clairs avec elle : elle doit travailler pour les États-Unis, pas pour Donald Trump ».

    Matt Gaetz peut-il survivre à cette gifle ? Le journal politique de Washington D. C., The Hill, explore cinq de ses options. 1 : un autre rôle au sein de l'administration, à la Maison Blanche ou ailleurs, à un poste qui n'aurait pas pas besoin d'être validé par le Sénat. 2 : faire campagne pour devenir gouverneur de Floride. Le mandat du gouverneur actuel Ron DeSantis, prend fin en 2026, et l’on a déjà entendu dans le passé que Gaetz pourrait se mettre sur les rangs. Mais ce rapport explosif à propos de ses dérapages sexuels va le poursuivre pendant longtemps. 3. Pourquoi pas un retour à la Chambre des représentants ? Matt Gaetz en a démissionné, il pourrait tenter de se faire réélire lors d'une élection partielle, même si cela reviendrait pour lui à se glisser dans la gueule du loup. 4. Une carrière dans les médias et 5. Un siège au Sénat, pas impossible, mais très difficile, « parce qu'il est devenu toxique », résume un donateur du Parti républicain.

    Face à Donald Trump, la ville de Los Angeles se veut à l’avant-garde de la défense des immigrés

    Plus de dix millions de sans-papiers résideraient clandestinement sur le sol américain et le candidat Trump a fait de l’expulsion de ces immigrés illégaux l’un des thèmes-phare de sa campagne. La célèbre mégalopole démocrate de Californie prend le contrepied du président-élu et vient de voter une mesure visant à protéger les migrants, quitte à désobéir à la future administration. Reportage de Loïc Pialat, notre correspondant dans l’ouest des États-Unis, à écouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

    Après la sortie polémique d'Emmanuel Macron, la mise au point des autorités haïtiennes

    Filmé en marge du G20 à Rio, le président français s'est hasardé à déclarer que les membres du Conseil présidentiel de transition étaient « complètement cons » d'avoir révoqué le Premier ministre Garry Conille. Réaction immédiate à Port-au-Prince hier, (21 novembre 2024) avec la convocation de l'ambassadeur de France en Haïti. Dans leur communiqué, les autorités haïtiennes parlent de « propos inacceptables, d'un geste inamical, inapproprié et qui mérite d'être rectifié ».Sommé de s'expliquer au ministère des Affaires étrangères, Antoine Michon, le représentant français, a reconnu que les propos d'Emmanuel Macron étaient « malheureux » et il a promis que « la France resterait toujours aux côtés d'Haïti pour faire avancer la transition ».

    À Port-au-Prince, l’art malgré le chaos

    La capitale haïtienne, déjà asphyxiée par les groupes armés, connaît une détérioration criante de sa situation sécuritaire depuis une quinzaine de jours. Des artistes tentent pourtant de résister et de poursuivre leur travail, à l’image des créateurs qui animent le Centre d’art de Port-au-Prince, l'un des lieux-phare de la culture haïtienne, à la fois galerie et école d’art. Dans notre édition du jour, Olivier Rogez s’entretient avec son directeur, Allenby Augustin.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    En Martinique, un nouveau centre de soins vient d’ouvrir, centré sur les pathologies professionnelles et environnementales.

  • La presse haïtienne réagit vivement aux déclarations du président français Emmanuel Macron, qui a critiqué le limogeage du Premier ministre Garry Conille par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Lors d’un échange avec un Haïtien à Rio de Janeiro, une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre le président déclarant : « Ils sont complètement cons ».

    ⇒ Déclarations du président français Emmanuel Macron.

    Le journal Gazette Haïti qualifie ces propos de « scandaleux », dénonçant leur caractère « déplacé » envers le CPT et, plus largement, envers les Haïtiens. Pour Vant Bèf Info, ces déclarations acerbes risquent de provoquer une forte réaction en Haïti, où les critiques étrangères sont souvent mal perçues. Cependant, le site souligne que cette intervention met en lumière les défis persistants de gouvernance et de stabilité dans le pays.

    Mise en garde contre un « génocide massif »

    Avec le directeur du Nouvelliste, Frantz Duval, nous évoquons, comme tous les jeudis, la Une du journal de Port-au-Prince. Le Nouvelliste publie une interview avec le Dr Jean William Pape, l’un des médecins les plus influents d’Haïti. Il plaide pour transformer la MMAS (Mission Multinationale d’Appui en Sécurité) en une mission onusienne de maintien de la paix. Face à l’aggravation de la crise sécuritaire et humanitaire, il appelle le Conseil de sécurité à intervenir pour rétablir la sécurité et éviter un « génocide massif ».

    Le journal aborde également la question du trafic d’armes. En Haïti, les gangs sont largement alimentés par des munitions provenant des États-Unis et de la République dominicaine. Une enquête récente révèle que 900 000 cartouches ont été détournées du stock de la police dominicaine par un gradé et ses complices. Le Nouvelliste interroge : quelles mesures concrètes peuvent stopper ce fléau et sauver des vies ?

    Nicaragua : Ortega renforce son emprise

    Mercredi (20 novembre 2024), le président Daniel Ortega a présenté une réforme constitutionnelle controversée. Selon le journal d’opposition La Prensa, cette réforme vise à accroître son contrôle sur les institutions et à désigner son épouse, Rosario Murillo, comme « coprésidente ».

    Le site Confidencial souligne que cette réforme légalise également la création de la « Police volontaire », un groupe armé impliqué dans la répression des manifestations de 2018, qui avaient fait plus de 300 morts. La Prensa qualifie Ortega de dictateur et dénonce une réforme entérinant des abus depuis son retour au pouvoir en 2007.

    États-Unis : renforcement des sanctions contre le Venezuela

    La Chambre des représentants a adopté une loi bipartisane, la « loi Bolivar », qui interdit au gouvernement américain de collaborer avec des entreprises liées au régime de Nicolás Maduro. Washington, qui considère Maduro comme illégitime, a reçu une réponse virulente du président vénézuélien. Ce dernier qualifie cette loi de « sale et criminelle ».

    Malgré ces tensions, Maduro semble chercher un rapprochement diplomatique avec Donald Trump, le président élu. Selon Folha de São Paulo, ce revirement s’inscrit dans une stratégie visant à tirer parti de la propension de Trump à dialoguer avec des leaders autoritaires, comme Kim Jong-un ou Vladimir Poutine.

    Guatemala : préserver les forêts grâce aux communautés locales

    Au Guatemala, un système de foresterie communautaire, expérimenté depuis 25 ans dans la réserve de la biosphère maya, prouve que l’implication des populations locales peut protéger les écosystèmes. Treize communautés exploitent durablement la forêt tout en la protégeant, grâce à des accords conclus avec le gouvernement après la guerre civile.

    Ce modèle a permis de réduire quasiment à zéro le taux de déforestation dans cette région, contrairement aux parcs nationaux voisins, mal préservés par l’État. Un reportage signé Gwendolina Duval.

    Journal de la 1ere

    Une carte interactive pour connaître les taux de pesticides

    Adonis, une carte interactive développée par l’association Solagro, permet désormais de visualiser les taux de pesticides, non seulement en France métropolitaine, mais aussi en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique.

  • Après 30 ans de présence dans le pays, Médecins sans frontières (MSF) ne cache pas que c'est une tragédie pour les habitants soignés dans la capitale et notamment les enfants. L’ONG estime qu'elle n'a plus le choix à cause de la violence des gangs, mais aussi celle des forces de l'ordre.

    Dans la nuit du lundi 18 novembre au mardi 19 novembre 2024, de violents affrontements ont opposé des gangs à un groupe de policiers et d'habitants en plusieurs points de la capitale. Bilan : au moins 28 morts, identifiés comme des membres de la coalition « Vivre ensemble » dont les corps ont parfois été brûlés et laissés dans la rue. « Port-au-Prince s’est réveillée dans l’angoisse, les rues désertes et les quartiers bouclés » rapporte notre correspondant Peterson Luxama. Selon un porte-parole adjoint de la police nationale, les événements ont débuté vers deux heures du matin lorsque la police a intercepté un camion et un minibus qui montaient en direction de Pétion-Ville avec, à leur bord, des membres de groupes armés. Au moins dix d’entre eux ont été abattus, poursuit notre correspondant. Les forces de l’ordre ont récupéré des armes automatiques, des centaines de munitions et un drone. Depuis, des opérations de ratissage sont en cours et tous les axes routiers sont complètement bloqués. Dans la vallée de Bourdon, un agent de sécurité interrogé par Ayibopost raconte qu’après un assaut d’hommes armés, ces derniers ont été pris en chasse par la police et la population. Parmi les victimes, un enfant, « non armé », « envoyé en mission (…) selon ses dires ». D’après deux témoins interviewés, l'épilogue est tragique : « la foule tue l’enfant et met le feu à son cadavre », relate Ayibopost.

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    En Bolivie, l’enfer des enfants cireurs de chaussures

    Ce 20 novembre 2024, c’est la Journée mondiale de l'enfance. Encore trop souvent, des mineurs sont contraints de travailler au lieu d’aller à l’école. En Bolivie, les jeunes peuvent être employés dès l’âge de 14 ans, mais l’État peine à vraiment les protéger. Beaucoup de cireurs de chaussures de la capitale La Paz exercent bien avant cet âge pour tenter d’aider leur famille. Ils sont stigmatisés, et jugés souvent sans avenir par les passants. Le visage couvert d’un passe-montagne, Ronald explique que c’est pour ne pas être reconnu. « Ce n'est pas que nous sommes mauvais, mais pour beaucoup ce n'est pas un travail digne », confie ce jeune-homme au micro de notre correspondante Camille Bouju.

    Dernière étape de la visite d’Emmanuel Macron en Amérique latine. Le président français rencontre le président chilien Gabriel Boric, après ses escales en Argentine et au Brésil pour le sommet du G20. L’occasion de rappeler l’attachement commun au multilatéralisme, menacé avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. L’occasion aussi, espère la France, de relancer les relations avec l’Amérique latine. « La France est en train de perdre des places au profit de la Chine ou l’Allemagne (…) et il faudrait qu’elle propose des coopérations de longue durée, pas seulement de circonstances, car on a besoin de lithium [dont le Chili est le premier producteur mondial, [ndlr] », souligne Sébastien Velut, professeur de géographie à l'Institut des Hautes études de l'Amérique latine.

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    Los Angeles veut protéger ses immigrés

    Aux États-Unis, le compte à rebours a commencé avant la prise de poste de l'administration de Donald Trump, les villes démocrates se préparent. Au lendemain de la confirmation par Donald Trump « qu'il utiliserait l'armée pour aider à expulser les immigrants sans papiers », les dirigeants de la ville de Los Angeles adoptent une ordonnance dite de « sanctuaire » interdisant que les ressources de la ville soient utilisées pour mener à bien des contrôles fédéraux en matière d'immigration, rapporte le New-York Times. Cette loi n’empêchera pas le gouvernement fédéral de procéder à des expulsions massives à Los Angeles car « la ville doit se conformer à un mandat valide émis par un juge fédéral ou d’État » mais, selon le Los Angeles Times, l’enjeu est surtout « de signaler que la mairie soutient sa large population immigrée (…) environ 4,3 millions de personnes, dont 800 000 sont sans papiers », précise le quotidien local.

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    Journal de la 1ʳᵉ : Paulo Albin, une grande voix de la musique martiniquaise, s’est éteint

    Paulo Albin, c’est 50 ans de carrière et plusieurs tubes passés à la postérité. Retour sur sa carrière avec Audrey Govindin de Martinique la 1ère.

    En Guadeloupe, plus 6 % de voyageurs à l’aéroport Pôles Caraïbes au mois d'octobre. 128 340 passagers de plus que sur la même période. La raison : l'arrivée de nouvelles compagnies, mais avec des disparités selon les destinations, explique notre confrère Frank Aristide.

    ► Morceau musical : Where the wild things are, du Canadien Patrick Watson.

  • Avec un taux de fécondité de 1,17 enfant par femme, le Chili se classe parmi les pays les moins féconds du monde. En dix ans, le nombre de naissances sur le sol chilien a baissé de près d’un tiers, conséquence de l’autonomie grandissante des Chiliennes, pour qui être femme n’est plus obligatoirement synonyme d’être mère.

    Dans son dossier Amériques, notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné, relate les mouvements de fond qui ont mené à cette petite révolution de la natalité chilienne : autonomie reproductive, meilleur accès des femmes à l’éducation et au monde du travail, perception plus moderne de la famille et baisse massive des grossesses juvéniles.

    Extrait du témoignage de Florencia, rencontrée devant l’Université du Chili : « Moi, je respecte complètement la décision de ne pas être mère, parce que je crois qu’il y a bien plus de raisons de ne pas vouloir d’enfants plutôt que d’en vouloir. Je pense qu’une femme ne peut pas complètement se réaliser une fois qu’elle devient mère. Elle est reléguée socialement, que ce soit dans ses études, dans sa carrière ou même dans son rôle dans la société. Et je crois que la pression pour devenir mère, elle vient des générations précédentes. Car il y a cette conception que la femme naît pour être mère. Elle naît pour prendre soin des autres. Elle naît pour rester à la maison. »

    Les Chiliennes veulent étudier, développer leur carrière professionnelle, et sont très conscientes de la vulnérabilité de leurs aînées, qui n’avaient pas accès à l’enseignement supérieur, souligne Martina Yopo Diaz, sociologue à l’Université de Cambridge et professeure à l’Université Catholique du Chili : « Il y a un facteur en particulier qui a participé à l’émancipation des Chiliennes face à l’injonction de la maternité. Après le retour de la démocratie, dans les années 1990, le taux de participation des femmes a fortement augmenté dans l’enseignement supérieur. Et aujourd’hui, « être une femme » ce n’est plus nécessairement « être une mère ». Les femmes ont d’autres aspirations. Dans le passé, les Chiliennes n’étaient pas indépendantes financièrement et n’avaient pas fait d’études qui leur permettent d’accéder à cette indépendance. »

    Reportage de Naïla Derroisné à écouter dans son intégralité dans l’émission du jour.

    Haïti toujours sur le pied de guerre

    Inauguration hier (18 novembre 2024) d'une nouvelle base militaire dans le district de Port-au-Prince, la base Vertières, pensée comme un symbole du renforcement des Forces armées d'Haïti. En théorie, 2 000 nouveaux soldats doivent s'y installer, avec des infrastructures modernisées, capables, par exemple, d’accueillir et d’entretenir plusieurs hélicoptères.

    L’évènement s’est tenu en grande pompe en présence des plus hauts représentants de l'État (Conseil présidentiel de transition, Premier ministre, chef de la police) et le n°1 de l'armée haïtienne, le lieutenant-général Derby Guerrier, a sauté sur l'occasion pour réclamer davantage de moyens afin de lutter contre les groupes armés : « Nous devons nous atteler à mettre de côté nos rancœurs et nos intérêts pour nous mettre au service de la patrie bien-aimée. Excellences, a-t-il lancé aux responsables politiques présents dans l’assistance, permettez que l’armée qui souffre dans sa chair comme dans son âme, réclame de vous les moyens nécessaires lui permettant, à côté de notre police, de récupérer les zones de non-droit et de garantir la tranquillité et la paix pour les fils de notre Nation. »

    Ironie de l'histoire, relate Echo Haïti News, cette cérémonie solennelle a dû s'interrompre après des tirs sporadiques entendus aux abords de la nouvelle base, près de l'aéroport international de Port-au-Prince. Évacuation précipitée des invités qui a, conclut le média en ligne, « jeté une ombre sur cette journée historique ».

    La galère des Haïtiens de l'étranger

    On a beaucoup parlé des discours de Donald Trump pendant sa campagne, mais tout n’est pas rose de l’autre côté du miroir. Dans le Boston Globe, reportage à lire au Chili, un pays que les communautés haïtiennes ont longtemps considéré comme un refuge, par la grâce de sa politique migratoire bienveillante et de son économie prospère. Chiffre stupéfiant cité par le Boston Globe, entre 2012 et 2020, le nombre d'Haïtiens au Chili est passé de 2 000 à plus de 182 000. Et sont arrivés en parallèle des ressortissants vénézuéliens, péruviens et boliviens. On y lit dans la bouche d'un sénateur chilien que « le pays n'était pas prêt à ça », qu'il n'y a pas d'emploi, que les immigrants haïtiens se retrouvent marginalisés, réduits aux petits boulots de vendeurs de rue, chassés par la police et logés dans des camps de fortune. Et pour conclure, qu’entre relents de racisme et pression politique, le Chili d'avant n'est plus comme avant.

    Nominations Trump, la valse continue à Washington

    La liste des nommés s'allonge, les polémiques aussi. Deux piliers de l'administration Trump sont pointés du doigt dans des affaires de mœurs : Matt Gaetz, le futur patron de la justice américaine, accusé de relations sexuelles avec une mineure et Pete Hegseth, nommé à la Défense. Ce dernier reconnaît s'être fendu d'un gros chèque pour acheter le silence d'une femme qui avait porté plainte contre lui.

    Gaetz et Hegseth restent présumés innocents et nient toute infraction pénale. Mais vont-ils survivre à la vague #metoo aussi facilement que Trump lui a survécu ? C’est ce que se demande le Boston Globe. Et la réponse est dans la question, écrit Joan Vennochi dans sa tribune, « l'époque où les hommes étaient enfin tenus responsables de leurs transgressions sexuelles a déjà l'air si vieux et si loin, c'est presque un mirage » lorsque l’on sait que la majorité des femmes blanches a voté pour lui.

    Sombres prédictions qui semblent se confirmer puisque la Chambre des représentants ne veut rien rendre public de l’affaire impliquant Matt Gaetz, qui doit prendre le portefeuille de la Justice. On sait que le comité d'éthique de la Chambre a pondu un rapport sur ses agissements, on ne sait pas exactement ce qu'il y a dedans, mais on sait qu'il y est question de sexe, de drogue et de cadeaux à ses proches. On sait aussi que ce n'est pas près de sortir, puisque Mike Johnson, le speaker républicain, ne veut pas selon ses mots, « ouvrir la boîte de Pandore ». Ruth Marcus dans le Washington Post y voit un positionnement d’une « faiblesse pathétique », d'autant plus que Matt Gaetz a visiblement fait des pieds et des mains pour retarder la procédure. Et a démissionné le plus vite possible, le jour même de sa nomination à la Justice, sachant très bien que le comité d'éthique ne publierait rien s'il n'était plus membre de la Chambre. Le Post rappelle qu’avant de prendre ses fonctions, Gaetz va pourtant devoir être auditionné par le Sénat, l’autre chambre du Congrès, qui va le passer à la moulinette. Comment les sénateurs peuvent-ils se prononcer si l'enquête de la Chambre ne sort pas ? « Le Sénat n'aura qu'une seule option, refuser de confirmer la nomination de Matt Gaetz, ce qu'il devrait faire dans tous les cas ».

    Au Venezuela, le spectre de la catastrophe monétaire

    Depuis des années, les Vénézuéliens ont connu l’hyperinflation – jusqu’à 130 000% - et les dévaluations successives de la monnaie officielle, le bolivar. Rare parenthèse : le cours du bolivar était resté stable depuis la fin de l’année 2023, 36 bolivars pour un dollar. Mais ces derniers mois, depuis le scrutin présidentiel, il s’est remis à baisser. Il faut compter cette semaine 45 bolivars pour un dollar sur le marché officiel. Et il en va de même sur le marché parallèle, celui du dollar, où son prix augmente de façon exponentielle (53 bolivars pour un dollar). Le pays vit actuellement avec les deux monnaies, on achète et on paie en bolivars ou en dollars. Et le spectre des catastrophes monétaires passées pèse encore et toujours sur le Venezuela, rapporte notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle. Reportage à écouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Une épidémie de dengue se propage en ce moment en Guadeloupe.

  • À Port-au-Prince, la violence des gangs plonge les quartiers de Solino, Nazon et Christ-Roi dans le chaos. Des milliers de familles fuient, abandonnant tout. Face à l’impuissance de l’État, les citoyens, accablés, réclament une intervention internationale urgente.

    Depuis plusieurs jours, les quartiers de Solino, Nazon et Christ-Roi à Port-au-Prince sont livrés à la terreur des gangs armés, notamment ceux de la coalition «VIV ANSANM». Les habitants fuient par milliers, emportant le strict minimum dans une atmosphère de panique générale. Témoignages après témoignages, des familles décrivent au micro de notre correspondant Peterson Luxama leur désespoir et leur sentiment d’abandon. «Je ne sais pas pour combien de temps la police va continuer à nous pousser à partir», s’indigne une mère de famille, dénonçant l’inaction des autorités face aux pillages et aux meurtres.

    Pour les jeunes comme Jeantel Lainé, étudiant en droit, cette réalité dépasse l’imaginable. «Jamais je n’aurais pensé vivre une telle situation», confie-t-il. Comme lui, Émilie, étudiante à l’Université d’État d’Haïti, dénonce l’impact de cette crise sur les institutions : «Les écoles, universités et hôpitaux sont paralysés. Le pays est aux mains des bandits.» L’absence de réponse étatique laisse les citoyens dans une profonde désillusion, tandis que les prix des produits de première nécessité s’envolent, aggravant une crise déjà insoutenable.

    Des organisations de défense des droits humains, à l’instar de Défenseur Plus, tirent la sonnette d’alarme. «Les droits fondamentaux, dont celui à la vie et à la libre circulation, sont bafoués quotidiennement», déclare Antonald Mortimé, appelant la communauté internationale à intervenir avec une force onusienne pour soutenir la police haïtienne. La montée des violences, couplée à un État défaillant, pousse Port-au-Prince dans une spirale de désespoir et d’instabilité.

    Début du G20 à Rio de Janeiro : un sommet sous tensions internationales

    Le G20 s'est ouvert aujourd'hui (18 novembre 2024) à Rio de Janeiro, au Brésil, dans un climat marqué par des tensions géopolitiques et des désaccords profonds. Pour le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, ce sommet constitue une opportunité de projeter le leadership de son pays sur la scène internationale.

    Selon Hervé Théry, géographe spécialiste du Brésil à l’Université de São Paulo, Lula avait prévu d'utiliser cette réunion pour mettre en avant des initiatives ambitieuses, notamment la lutte contre la faim et la pauvreté. Mais ces objectifs sont fragilisés par plusieurs obstacles majeurs : « l’élection de Donald Trump, celle de Javier Milei en Argentine, et les divisions persistantes sur les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient », souligne le quotidien O Estado de S. Paulo.

    Les négociations pour une déclaration finale s'avèrent ardues. D'après O Globo, les discussions se sont poursuivies jusque tard dans la nuit, sans parvenir à un consensus. Pour l'heure, aucun mot sur Israël, la Russie ou même le terme « guerre » ne figure dans les documents provisoires.

    Le Brésil propose néanmoins une mesure forte : taxer les grandes fortunes à hauteur de 2% au niveau mondial pour financer la lutte contre la pauvreté. Une initiative que l’Argentine rejette catégoriquement. Par ailleurs, certains diplomates redoutent que le président argentin, Javier Milei, perçu comme un allié du président américain élu, Donald Trump, ne complique encore davantage la situation.

    Trump et ses nominations controversées : une administration sous les projecteurs

    Alors que Donald Trump prépare son retour à la Maison Blanche, les nominations pour son administration suscitent déjà la polémique. Selon The New Yorker, les choix du président élu reflètent avant tout sa propre personnalité et ses combats politiques.

    Matt Gaetz, choisi pour diriger le ministère de la Justice, est accusé d’actes controversés, notamment de relations avec une mineure et de consommation de drogues. Trump y voit, selon l’article, « un homme injustement jugé, à son image ».

    Robert F. Kennedy Jr., connu pour ses positions antivax, sera nommé ministre de la Santé. Sa nomination semble conforter les doutes de Trump envers la science, notamment pendant la pandémie de Covid-19.

    Pete Hegseth, pressenti pour prendre la tête du Pentagone, est un critique des généraux « woke » et un défenseur des criminels de guerre. Il incarne, selon Trump, une revanche contre l’establishment militaire qui avait remis en cause ses capacités présidentielles.

    Ruben Gallego : premier sénateur latino élu de l’Arizona

    Ruben Gallego, démocrate, est devenu le premier sénateur latino élu de l’Arizona, un État qui avait pourtant soutenu Donald Trump lors de l’élection présidentielle du 5 novembre.

    Comment a-t-il réussi cet exploit ? En ciblant les hommes latinos, un groupe qui avait largement délaissé Kamala Harris. Dans une interview au Washington Post, Ruben Gallego explique : « Les Latinos partagent les mêmes préoccupations que les autres électeurs : l’économie et l’immigration. Mais les démocrates n’ont pas compris les priorités des hommes latinos. Personne ne mesurera jamais le stress émotionnel d’un homme latino incapable de joindre les deux bouts. Cela touche à son identité. » En se connectant à ces réalités, Gallego a su rallier une base souvent négligée, ce qui lui a permis de se faire élire.

    Journal de la 1re : le protocole sur la baisse des prix sous le feu des critiques

    Le protocole sur la baisse des prix, signé le 16 octobre 2024 entre l’État, la collectivité territoriale de la Martinique et les grossistes, est désormais au centre de vives contestations. Alors qu’il avait pour ambition de répondre à la crise du pouvoir d’achat, il est aujourd’hui attaqué de toutes parts.

  • En Haïti, le quartier de Solino, à Port-au-Prince, est totalement sous la coupe de la coalition criminelle Vivre ensemble, et des centaines de familles ont aussi quitté Delmas 30, Nazon ou encore Christ-Roi, de peur que leurs quartiers ne soient à leur tour des cibles.

    Wilson Gustave Colin fait partie de ceux qui ont tout perdu, sa maison, et plusieurs membres de sa famille en seulement quelques heures. « Avant le 17 octobre », explique-t-il à Vincent Souriau, « la zone de Solino vivait déjà sous tension, mais à ce moment-là il y a eu une avancée des groupes criminels qui sont arrivés à rentrer sur un peu plus de territoire, et à faire fuir la police. Ce qui a créé une situation de panique généralisée, et a vidé la zone de ses habitants ». Le frère de Wilson Gustave Colin a été assassiné : comme d’autres, après avoir perdu sa maison il n’avait nulle part où aller, et est resté dans la « zone de danger », où il a été tué. Wilson Gustave Colin fait part de sa colère, et dit éprouver une sensation d’impuissance : « il n’y a plus d’espoir, on peut rien faire avec les autorités qui sont là. Et on a vu l’attitude de la communauté internationale, des États-Unis d’Amérique, qui n’ont rien fait pour empêcher cela ». Pour lui, les gangs sont une organisation terroriste, et la police haïtienne n’a pas été formée pour y faire face : « on ne peut pas avoir une force multinationale pour juste appuyer la police nationale, on veut un appui plus expérimenté en termes de lutte contre le terrorisme pour intervenir dans le cas d’Haïti ».

    Un nouveau « peyi lok » ?

    « Sur les réseaux sociaux », écrit Le Nouvelliste, « là où se joue en direct la tragédie des résidents de Solino (…), il y a d’autres complaintes, celles d’automobilistes, de capitaines d’entreprises par rapport à une énième rareté de produits pétroliers au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et en province. » Car, annonce Gazette Haïti, le terminal pétrolier de Varreux est fermé à cause de l’intensification des violences. Un chef d’entreprise évoque aussi l’impossibilité de sortir des conteneurs de produits alimentaires de la capitale depuis trois jours – et selon lui « Port-au-Prince coche presque toutes les cases d’un énième ‘peyi lok’ ». Alors que, souligne Le National, les prix de certains produits alimentaires grimpent sur le marché international, et que « l’inflation suit sa course en Haïti ».

    Des nominations encore à confirmer

    Aux États-Unis, la polémique continue autour des nominations du président élu Donald Trump. Dernière en date, celle de Robert Kennedy Junior, qui sera ministre de la Santé – enfin peut-être. Car, écrit le New York Times, un débat s’est engagé sur le fait de le confirmer ou pas, car son « scepticisme à l'égard des vaccins et ses opinions peu orthodoxes sur la médecine mettent les responsables de la santé publique profondément mal à l'aise ».

    Même débat concernant l'arrivée de Matt Gaetz à la justice : « Des républicains du Sénat ont prévenu qu’il aurait du mal à obtenir le soutien nécessaire à sa confirmation », rapporte le Wall Street Journal, à cause des accusations «d'inconduite sexuelle» qui le visent – il est entre autres soupçonné de relations avec une mineure.

    Selon le Washington Times, sur les choix les plus « non conventionnels » de Donald Trump, il y a deux camps au Sénat parmi les républicains : ceux qui estiment qu’il faut les confirmer le plus vite possible pour que Donald Trump puisse avancer, et ceux qui ont sorti les drapeaux rouges – certains parce que ces nominations les ont fait rire, d’autres parce qu’ils demandent plus de temps pour les étudier. Et c’est ce qu’a fait justement le New York Times concernant la Justice, la Défense et le Renseignement : « les trois secteurs du gouvernement qui se sont révélé les obstacles les plus tenaces pour Donald Trump lors de son premier mandat ». Du coup, aujourd’hui, il laisse de côté « les figures de l'establishment qu'il avait installées à ces postes, il y a huit ans » au profit de personnes « dont la qualification la plus importante pourrait être la loyauté à son égard ».

    Inauguration d’un mégaport au Pérou

    Le terminal de Chancay, construit par la Chine et situé à 80 kilomètres au nord de Lima, est une infrastructure stratégique dans le cadre des Nouvelles routes de la soie. En Une, La Republica parle du« plus grand port d’Amérique du Sud », avec quelques chiffres : d’ici 2025, il devrait contribuer à hauteur de 1% au PIB péruvien ; 750 000 conteneurs seront transportés dans l'année qui vient ; 700 milliards de dollars d'échanges sont prévus avec la Chine d'ici à 2030. Ce port est aussi vu comme une plateforme logistique pour des pays d’Amérique latine, qui leur permettra d’exporter leurs produits vers l’Asie. El Comercio précise quand même que les pays voisins du Pérou s'inquiètent de l’impact qu’aura ce terminal sur leurs propres ports.

    Un port inauguré ce jeudi (14 novembre 2024) par la présidente Dina Boluarte et son homologue chinois Xi Jinping, présent dans le pays pour le sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique. L’inauguration a été virtuelle, à partir du palais présidentiel, pour raisons de sécurité. Mais dans son discours, écrit La Republica, Dina Boluarte a étonné « en décrivant le Pérou comme ‘un pays de frères, de paix et de développement’, ignorant complètement les nombreuses marches qui ont eu lieu au niveau national contre l'augmentation de la criminalité. » Et, rapporte El Buho, « ce que Dina craignait le plus s'est produit. L'un des membres de la délégation chinoise s'est retrouvé face aux manifestants, malgré l'important contingent policier déployé pendant les jours de grève, destiné à réprimer la population et à arrêter les étudiants. »

    La pollution des bruits sous-marins

    Alors que la COP se poursuit à Bakou, au Canada les autorités tentent de réduire la pollution marine - celles des sacs plastiques ou des rejets de produits pétroliers et chimiques, mais aussi celle produite par le bruit sous l'eau. Car le bruit des activités humaines perturbe beaucoup les animaux marins.

    La correspondante de RFI Pascale Guéricolas s’est rendu sur les berges du fleuve St Laurent, au Québec. Elle y a rencontré le Réseau d’observation des mammifères marins, qui guette les bélugas, de petites baleines blanches en voie de disparition dans ce fleuve. Sous l’eau, les bélugas émettent des bruits pour communiquer.

    Cette surveillance empêche les interactions entre les mammifères marins et les engins des chantiers. Mais elles ne les protègent pas de bruits sous-marins très forts comme celui des forages - qui empêchent les bélugas de communiquer, mais peuvent aussi les blesser ou les tuer.

    Pour réduire les bruits des nombreux navires qui circulent sur le fleuve, les chercheurs ont imaginé des résonateurs acoustiques. Certaines lignes maritimes songent, elles, à changer leurs trajets. Les normes à respecter pour ne pas perturber la faune devraient se préciser dans les prochains mois.

    Le journal de La Première

    Rodrigue Petitot, Le leader du mouvement contre la vie chère est jugé en Martinique ce vendredi (15 novembre 2024).

  • Attaque présumée contre la Cour suprême à Brasilia, ce mercredi (13 novembre 2024) : après avoir tenté en vains de pénétrer dans le bâtiment de la Cour suprême, un homme a provoqué plusieurs explosions, dont une l’a tué. Les enquêteurs tentent d’éclaircir son mobile.

    Ces explosions interviennent alors que le pays accueille, la semaine prochaine, un sommet du G20 à Rio de Janeiro et le président chinois à Brasilia. « Selon les premières informations, il s'agirait d'un suicide », affirme la gouverneure de Brasilia. Il y a eu en fait deux explosions, explique O Globo : une près de la Chambre des députés, dans laquelle l’homme a trouvé la mort, et une autre à 500 mètres de là, quand son véhicule a pris feu dans un parking.

    La police fédérale estime qu’il pourrait y avoir un lien avec la tentative de coup d’État du 8 janvier 2023, qui a eu lieu au même endroit. Le président du Tribunal suprême fédéral a indiqué que si c’est le cas, l’enquête sur l’explosion sera jointe à celle du 8 janvier, rapporte Folha de Sao Paulo. Et, souligne le quotidien, les députés du l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro craignent déjà que les explosions de ce mercredi compromettent l’examen du projet de loi amnistiant les personnes condamnées pour la tentative de coup d’État. D’autant que, écrit Folha, le suspect a été candidat à un poste de conseiller municipal du Parti Libéral de Jair Bolsonaro.

    À Port-au-Prince, des tirs de jour comme de nuit

    Ce mercredi, nouvelle journée au ralenti dans la capitale haïtienne : il n'y avait quasiment pas d'école ni de commerces ouverts, par contre les tirs ont continué. Nouvelles autorités, mêmes problèmes, constate le quotidien Le Nouvelliste : si les autorités politiques essaient de monter un nouveau gouvernement, la vie quotidienne des Haïtiens est toujours perturbée, avec des tirs de jour comme de nuit, explique le rédacteur en chef du quotidien Frantz Duval. Et, selon l’Organisation internationale des migrations, 4 500 personnes ont quitté leur domicile les deux premiers jours de la semaine.

    Le Nouvelliste rapporte une autre information qui donne une idée de l'ampleur des violences : les soldats des Bahamas, dépêchés au sein de la mission multinationale d'appui à la sécurité, ont été libérés de leurs obligations par leur gouvernement. Ils peuvent partir s'ils ne se sentent pas en sécurité. « Il faut dire que ces derniers jours, on ne voit plus les Kenyans, on n’entend plus parler d’opération majeure de la police », note Frantz Duval : « on résiste toujours ici et là, mais c’est toujours une dégringolade qui continue ».

    Attaque d’une ambulance de MSF à Port-au-Prince

    Ce lundi (11 novembre 2024), une ambulance de Médecins sans frontières a été attaquée dans la capitale haïtienne. Elle a d’abord été forcée par la police de changer de destination pour conduire ses trois blessés par balles vers un hôpital public, où des personnes armées ont finalement abattu au moins deux des trois blessés. Les équipes de MSF ont, elles, été gazées, menacées de mort, insultés. « On est tous sous le choc, c’est vraiment la première fois qu’on a du personnel qui se fait agresser, menacer verbalement, violemment », explique Christophe Garnier, le chef de mission de MSF France en Haïti. MSF qui se pose maintenant la question de sa présence dans le pays, même si le départ de l’organisation « serait une catastrophe » : « si on n’a pas l’assurance du gouvernement notamment, de travailler en toute sécurité ça va devenir problématique ».

    La Colombie adopte un texte interdisant le mariage des enfants

    El Colombiano précise que ces dernières années, la loi interdisant le mariage d’enfants avait déjà échoué à huit reprises à être adoptée. Cette fois, le projet de loi a été soutenu par plusieurs groupes parlementaires. Il est maintenant entre les mains du président Gustavo Petro.

    El Informador indique qu’entre 2020 et 2023, 1 403 mariages d’enfants ont été enregistrés en Colombie. Le Code civil permettait jusqu’ici le mariage à partir de 14 ans avec la permission des parents, ce qui avait « engendré, malheureusement, un marché », écrit le quotidien, « de filles et de garçons qui étaient utilisés comme monnaie d'échange contre du bétail, des ressources, des lots »… Semana rappelle de son côté que les mariages d'enfants « entraînent des cas de violence fondés sur le genre, des grossesses d'enfants et d'adolescentes, la déscolarisation »... La situation des filles indigènes est la plus préoccupante, pointe El Universal : un tiers d’entre elles sont mariées avant d’être majeures à des hommes ayant le double ou le triple de leur âge.

    Le racisme au Mexique

    Au Mexique, universitaires et militants cherchent des moyens de parler du racisme, très ancré dans la société du pays, au-delà du cercle des spécialistes de la question. Un racisme lié à l'histoire coloniale. La question mémorielle a d'ailleurs récemment provoqué des tensions entre le Mexique et l'Espagne. Depuis 2019, le pays réclame des excuses à l’Espagne. Pour l’historien et philosophe Martin Rios – que la correspondante de RFI Gwendolina Duval a rencontré, ce serait l’occasion de déconstruire les méconnaissances qui perdurent sur cette période : « Certains groupes en Espagne », explique-t-il, « maintiennent encore que la conquête a été un processus civilisateur où les tribus indigènes ont été libérées. » Une réflexion commune pourrait bénéficier aux deux nations mais aussi à toute l’Amérique latine, estime-t-il, pour assumer le passé.

    Et ne pas s’arrêter là : au Mexique, le récit national repose sur le métissage, mais la classification des différentes catégories de personnes est loin d’avoir disparu, explique José Angel Bazán, qui travaille pour une association de défense des victimes de racisme. Dans les films et les publicités, « la réussite sociale est bien souvent le privilège des personnages blancs tandis que les peaux plus foncées incarnent les représentations de la misère et de la marginalisation sociale ». Une « racialisation » à l’origine de bon nombre d’inégalités économiques.

    Des nominations coup de poing

    Aux États-Unis, Donald Trump continue d’annoncer les membres de son gouvernement, et la dernière salve de noms soulève beaucoup de questions. Toute la presse parle d’eux : Matt Gaetz, ministre de la Justice ; Pete Hegseth, secrétaire à la Défense ; et Tulsi Gabbard, directrice du Renseignement national. Trois personnes, selon le Washington Post,« idéologiquement extrémistes et manquant de l'expérience nécessaire », alors que le président les a choisies pour des postes-clé de la sécurité du pays.

    Chacun de ces choix, estime le quotidien, constitue pour le nouveau Sénat à majorité républicaine « un test majeur de sa capacité à faire passer l'intérêt général avant la loyauté envers le parti ». De fait, les sénateurs républicains sont bien embêtés, à en croire le Boston Globe : au Congrès, la presse s’est précipitée pour les faire réagir, et « ils ont affirmé ne pas avoir connaissance des dernières informations, ou ils se sont réfugiés dans des ascenseurs, ou ils ont poussé de longs soupirs incrédules ». De toute façon, Donald Trump compte se passer de leur assentiment, puisque, rappelle le New York Times, il a insisté pour que le chef de la majorité républicaine au Sénat organise des pauses dans les sessions, qui lui permettront d’installer unilatéralement les membres de son cabinet – le quotidien parle d’une « attaque en déni de service contre un des instances de contrôle de la présidence ».

    Le journal de la Première

    C’est la journée du diabète.

  • En pleine transition gouvernementale, les gangs sont parvenus à obtenir la suspension des vols commerciaux américains vers Haïti et intensifient leurs opérations dans les quartiers de Port-au-Prince. Analyse avec Diego Da Rin, expert au sein de l’International Crisis Group, d’un coup de force prémédité.

    RFI : Trois avions ont été visés par balles lundi (11 novembre 2024) aux abords de l'aéroport international de Port-au-Prince. Même si des incidents similaires avaient été signalés au début de l'année, faut-il y voir une nouvelle forme d'action de la part des gangs ?

    Diego Da Rin : C’est une étape supplémentaire franchie par les groupes armés qui montrent qu’ils peuvent sans cesse atteindre de nouveaux niveaux de violence indiscriminée. Non seulement contre les forces de l’ordre, mais contre les institutions de l’État et la population haïtienne en général.

    RFI : Au-delà de l'échec des travaux de sécurisation qui ont été menés aux abords de l'aéroport, est-ce que cela signifie aussi que les gangs sont mieux armés qu'ils ne l'étaient ?

    Diego Da Rin : Depuis quelques années, les gangs acquièrent des armes de plus en plus puissantes, type AK47 ou M40 de calibre 7,62 mm, qui peuvent tirer à plus de 400 mètres de distance. C’est plus compliqué d'atteindre des cibles en mouvement et en hauteur, mais les appareils visés étaient soit en train d'arriver, soit en train de s’éloigner de la piste d'atterrissage, donc vulnérables. L’un des avions a été la cible d’au moins 4 projectiles, on parle bien d’une décision délibérée visant à entraîner la fermeture de l’aéroport.

    RFI : Port-au-Prince vit de nouveau au rythme des coups de boutoir des gangs depuis plusieurs jours, faisons-nous face à une nouvelle action coordonnée ?

    Diego Da Rin : Les attaques qui ont recommencé depuis lundi sont surtout concentrées à Port-au-Prince et sont très ciblées, à ce stade elles ne sont pas de la même ampleur que celles que l’on a connues, il y a quelques mois, mais leurs conséquences sont tout aussi dramatiques.

    Les États-Unis viennent d’interdire aux compagnies aériennes américaines de voler vers Haïti pendant un mois et la crise sécuritaire affecte les opérations humanitaires en plus des vols commerciaux. Les Nations unies ont annoncé qu'elles suspendaient les livraisons humanitaires via Port-au-Prince et qu’elles tenteraient pour le moment d’acheminer les cargaisons à partir du Cap-Haïtien, la plus grande ville du nord du pays. Or, une fois au Cap, il est très difficile de rejoindre la capitale parce que les gangs ont une emprise quasi-totale sur les principales voies de circulation.

    RFI : Quel est l’intérêt pour les gangs de lancer ces opérations maintenant ?

    Diego Da Rin : Cette nouvelle vague de violence a commencé à la mi-octobre, lorsque les tensions au sein de l’exécutif, la lutte de pouvoir entre le Premier ministre et le Conseil présidentiel de transition, ont gagné en intensité. À chaque fois qu’il y a une crise politique, les gangs en profitent pour affermir leur emprise et faire la démonstration de leur force militaire. Nous sommes en plein changement d’administration, ils lancent des signaux d’intimidation et font savoir qu'ils peuvent bloquer le pays n’importe quand.

    RFI : « Le temps est venu de prendre le destin de ce pays en main », ce sont les mots de Jimmy Chérizier dit Barbecue, l’une des figures les plus médiatiques issue de ces groupes armés, qu’entend-il par-là ?

    Diego Da Rin : C'est un signal au moment où des discussions sont engagées à propos de la MMAS, la mission de sécurité dirigée par le Kenya, qui pourrait se transformer en une opération de maintien de la paix onusienne, dotée de davantage de ressources et de moyens pour contrer les attaques des gangs. L'objectif, c’est d’empêcher le changement de nature de cette mission. Les gangs ont bien compris que dans son périmètre actuel, la MMAS ne constituait pas une véritable menace et veulent faire dérailler les plans qui mèneraient à sa mise à niveau.

    RFI : Quelles sont les marges de manœuvre du nouveau gouvernement face à ce dérapage sécuritaire, a-t-il encore des cartes à jouer ?

    Diego Da Rin : Ce dont le gouvernement a vraiment besoin, en plus d'une stratégie de sécurité un peu plus robuste avec les moyens du bord, c'est d’une aide de sécurité internationale plus importante afin de venir en aide à la police haïtienne et aux forces armées qui sont de plus en plus mobilisées.

    RFI : Peut-on imaginer une forme de dialogue entre ce nouvel exécutif et les groupes armés ? Est-ce que ce n’est pas aussi ça, le message de Jimmy Chérizier ?

    Diego Da Rin : La position du gouvernement précédent, celui du Premier ministre Garry Conille, c’était « avant toute autre disposition, déposez les armes ». Mais ce que demandent les gangs, c'est une amnistie. Or, une amnistie pure n'est pas concevable pour une population qui a fait face pendant de très nombreuses années à des kidnappings, des viols collectifs, des assassinats, des extorsions. La situation est très compliquée pour le gouvernement.

    Haïti et Washington sous Donald Trump, quel format ?

    L’exécutif haïtien affronte une autre montagne : l’arrivée de Donald Trump au pouvoir en janvier 2025. Dans Le National, Dominique Domerçant revient sur la campagne de 2016 et sur la visite de celui qui n’était alors que le candidat des républicains dans le quartier de Little Haïti, à Miami. À l’époque, Trump pose avec les Américains d’origine haïtienne et leur dit dans un sourire qu’une fois élu, il sera leur champion. « On connaît la suite », tacle Dominique Domerçant. Haïti sera bien trop souvent dans la ligne de mire d’un Donald Trump qui mélange « discours populiste, sentiment nationaliste, protectionniste et raciste ».Si, à la fin des années 2010, les Américains ont pu soutenir l'ancien président Jovenel Moïse, comme toujours, ce n'était pas gratuit. Le National rappelle que Donald Trump avait engagé un bras de fer avec le président vénézuélien, Nicolas Maduro, et que pour conserver l'appui financier de Washington, Haïti comme d'autres pays de la sous-région, s’étaient pliés à la ligne dure de la Maison Blanche : pour plaire à Washington, ils avaient voté contre Maduro au sommet de l'Organisation des États américains. En résumé, conclut Dominique Domerçant, les autorités haïtiennes devraient choisir avec beaucoup de soin qui fera partie de la délégation présente à la cérémonie d'investiture de Donald Trump au mois de janvier.

    À la Maison Blanche, la fidélité avant tout

    La future équipe de Donald Trump prend forme, avec des nominations confirmées à la Défense, à la tête de la CIA, au ministère de l’Intérieur ou au sein d’une structure pilotée par Elon Musk et mise sur pied pour sabrer dans les dépenses publiques. S’il fallait résumer ses choix d’un seul mot, la presse américaine choisirait la loyauté, et c’est Reuters qui en parle le mieux : loyauté, parce qu'au cours de son premier mandat, « Trump est entré en collision avec des membres-clé de son administration, en particulier dans les domaines du renseignement, de la sécurité nationale ou de la police. Des gens qui ont raconté par la suite à quel point ils avaient traîné des pieds ou tenté de dissuader le président d'appliquer ses décisions les plus controversées ». Aujourd'hui, libéré de ces garde-fous, le président-élu aura sans doute beaucoup plus de latitude. CNN remarque que chacun des responsables nommés jusqu'ici s'est fait connaître parce que Trump adore, « des louanges permanentes à son sujet, martelées sur tous les plateaux de télévision ».

    Sur l’Ukraine, attention, danger

    En matière de politique étrangère, attention, danger. Tribune à lire dans The Hill, où l’on s’alarme d'une nouvelle approche diplomatique, « sans commune mesure avec le consensus issu de la Seconde guerre mondiale, qui voyait les États-Unis comme les garants de la stabilité internationale ». C'est en Ukraine que le Trump imprévisible que l'on connaît pourrait tout changer. « Il y a ses affinités avec Poutine, il y a son mépris pour Zelensky, il pourrait tenter de réduire l'aide à l'Ukraine pour forcer Zelensky à négocier avec la Russie ». Or, abandonner l'Ukraine, c'est donner le feu vert à Poutine pour d'autres annexions. « À chaque fois qu'il a eu le sentiment de gagner face à l'Occident, Géorgie 2008, Ukraine 2014, Syrie 2015, il a lancé de nouvelles offensives quelques années plus tard . »

    Les Vénézuéliens de sept pays d’Amérique latine coupés du monde, le dossier Amériques d’Alice Campaignolle

    La correspondante de RFI à Caracas retrace l’une des conséquences méconnues de la dernière élection présidentielle au Venezuela. En juillet 2024, le régime vénézuélien a annoncé le retrait de son personnel diplomatique de sept pays d'Amérique latine pour protester contre « l’ingérence » de leurs gouvernements dans les affaires intérieures vénézuéliennes. Sanctionnés pour avoir remis en cause la réélection de Nicolas Maduro à la tête de l’État, ils ont en outre eu 72 heures pour exfiltrer leurs diplomates du Venezuela. Une décision qui, au-delà de l’isolement de Caracas sur la scène internationale, porte préjudice aux plus de deux millions de Vénézuéliens qui vivent dans ces différents pays.

    Illustration à travers le témoignage de Yaël Diaz, une trentenaire vénézuélienne qui a quitté son pays il y a huit ans pour tenter sa chance à l’étranger et dispose aujourd’hui du statut de résidente permanente en Argentine : « en tant que Vénézuélienne, c’est pas mal d’avoir un visa de résidence ailleurs, un filet de sécurité en quelque sorte, que je n’ai vraiment pas l’impression d’avoir ici. Là-bas c’est facile de faire des démarches administratives, d’ouvrir un compte en banque par exemple. J’ai un lieu où vivre si je dois partir d’ici en catastrophe. »

    Mais, avec la fermeture des consulats, les choses pourraient bien se compliquer, pour son petit ami notamment.

    « Il a un passeport qui est encore valide pendant deux ans. Et comme on repart pour l’Argentine, on s’est posé la question de le renouveler maintenant, vu qu’on est au Venezuela en ce moment. Une fois là-bas, comment fait-on s’il n’y a pas d’ambassade, s’il n’y a pas moyen de faire quoi que ce soit ? De mon côté, j’ai demandé mon acte de naissance, je l’ai même fait apostiller pour ne pas me faire surprendre, maintenant qu’il n’y a plus d’ambassade. »

    Le retrait des personnels diplomatiques et consulaires affecte déjà des milliers de citoyens vénézuéliens. Exemple au Chili, où ils sont environ 700 000. Carolina Hidalgo Fiol, avocate :

    « Les démarches comme l’apostille d’acte de naissance, qui pouvaient se faire ici, ne peuvent plus l’être à Santiago. Les gens doivent se faire aider par quelqu’un au Venezuela, et donc impossible de respecter les délais de l’administration chilienne en matière migratoire. Un autre problème pour les Vénézuéliens, c’est l’impossibilité de demander un sauf-conduit. Ici, il y a beaucoup de gens dont le passeport est périmé, notamment car le renouvellement au Chili a toujours été un parcours du combattant, beaucoup de gens préféraient donc le faire renouveler directement au Venezuela, c’est plus rapide. Mais il faut un sauf-conduit pour voyager. Apparemment ça va pouvoir se faire en ligne, mais quel consulat va les délivrer ? Pas celui d’ici car il est fermé… »

    « Les gens se sentent apatrides, comme s’ils étaient expulsés de leur propre pays. L’idéal dans ce cas, ce serait de pouvoir fortifier ses racines ici au Chili, mais ce n’est pas possible non plus. Pour n’importe quel visa de résidence, si tu n’as pas pensé à faire la demande, par exemple, de la copie de ton casier judiciaire au Venezuela, ici tu ne pourras pas avancer dans ta démarche. Tu ne peux pas régulariser ta situation ici, mais tu ne peux pas non plus rentrer au Venezuela. Qu’est-ce qu’on peut faire ?

    Jusqu’ici je n’ai pas eu un seul client qui m’ait dit "je me sens Chilien et donc je veux demander la nationalité, car je veux rester ici toute ma vie". Non, les gens demandent la nationalité, quand ils le peuvent, pour ne plus avoir à faire les démarches de renouveler un passeport vénézuélien. »

    Dossier signé Alice Campaignolle, à réécouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

  • En Haïti, le nouveau Premier ministre a pris ses fonctions, conformément à ce que voulait le Conseil présidentiel de transition : Alix Didier Fils Aimé s'est vu confier le poste ce lundi (11 novembre 2024). La cérémonie d’investiture s’est déroulée en l’absence de Garry Conille, le chef du gouvernement sortant, limogé par le Conseil Présidentiel de Transition.

    Le correspondant de RFI Peterson Luxama a assisté ce lundi à la cérémonie qui s’est tenue à la Villa d’accueil, siège du Conseil présidentiel de transition.

    Le nouveau Premier ministre Alix Didier Fils Aimé, qui avait déjà fait partie des finalistes pour le poste de Premier ministre en avril 2024, a fait de la sécurité une de ses priorités. Et il a invité la population à continuer d’avoir foi dans le pays, malgré la situation socio-politique et économique du pays.

    Pour ce qui est du sortant, Garry Conille, il n'aura pas réussi à changer grand-chose, estime le Réseau national de défense des droits humains. « Garry Conille ne faisait rien », affirme l'avocate Marie Rosy Auguste Ducéna, qui le qualifie de « pompeux, fanfaron », un homme qui a fait de la « propagande au lieu de se mettre au travail ». Mais, le RNDDH dénonce aussi le fait que « trois parmi les membres du Conseil présidentiel de transition à avoir signé l’arrêté qui met Garry Conille à l’écart soient des inculpés » dans un scandale de corruption qui « éclabousse toute la structure ».

    Gotson Pierre, le directeur de l’agence de presse Alterpresse, dresse lui aussi un constat sévère des mois passés par Garry Conille à la primature : « des promesses réitérées mais peu de réalisation », à part la mise en place de quelques instances prévues par la feuille de route de la transition - l’accord du 3 avril. Mais durant les six derniers mois, les gangs ont conquis de nouveaux territoires, le nombre de personnes déplacées a augmenté, entre janvier et septembre 5 000 personnes ont été tuées, contre 10 000 durant les trois années précédentes.

    Nouvelle illustration ce lundi de ce contexte de crise aggravée : un membre d’équipage a été blessé lors de tirs sur un avion de la compagnie aérienne Spirit Airlines en provenance des États-Unis : il tentait d’atterrir à Port-au-Prince mais, devant les tirs, il a dû se dérouter vers la République dominicaine.

    Des nominations pour des expulsions

    Aux États-Unis, la transition continue – Donald Trump donne peu à peu les noms de ceux qui vont constituer son administration. Ces nominations montrent toutes la même chose, estime le New York Times : « la volonté du président élu de mener à bien la très large expulsion de migrants sans papier promise lors de sa campagne ».

    Le chef adjoint de son cabinet devrait être ainsi Stephen Miller, « un tenant de la ligne dure en matière d’immigration ». Thomas Homan hérite du poste de « tzar de la frontière », un titre repris par toute la presse – il va gérer l’expulsion des migrants illégaux. Et c’est une figure controversée, rappelle USA Today : c’est lui qui, sous le premier mandat de Donald Trump, avait géré la politique de « tolérance zéro » qui avait abouti aux séparations des familles.

    Le conservateur Wall Street Journal estime que Donald Trump ne devra pas seulement prendre des « ordres exécutifs », mais aussi légiférer dans le dossier immigration ; et « après leur défaite électorale les démocrates seront peut-être plus à même d’accepter un compromis ». Mais de son côté, le Washington Post estime que lorsque Donald Trump va arriver à la Maison Blanche au mois de janvier 2025, il héritera déjà d’outils de l’administration Biden encore plus puissants que ceux qu’il avait utilisés lors de son premier mandat.

    Fermeture de ports au Canada

    Les patrons des deux plus gros ports du pays, Vancouver et Montréal, ont décidé de les fermer. Un blocage qui fait suite au rejet par les dockers, explique Le Devoir, de la dernière offre patronale : elle ne répond pas à leurs principales demandes en matière d’horaires et de conciliation travail-vie personnelle. Résultat, écrit le Globe and Mail : l’arrêt « d’une grande partie du commerce mondial du pays, mettant la pression sur le gouvernement fédéral pour trouver des moyens de limiter les dommages économiques ». D’autant que tout cela arrive à la fin de l'année, rappellent des groupes commerciaux cités par le Toronto Star : un moment critique pour le commerce, alors que « le résultat des élections américaines a renforcé la nécessité d'être considéré comme un partenaire commercial fiable ».

    Starlink en Amazonie

    Dans la forêt péruvienne d’Amazonie, même les villages reculés bénéficient désormais du wifi – deux heures par jour, quand il y a de l'électricité, mais les connexions sont trois fois et demi plus nombreuses qu'au début de l'année dernière (2023). Et ce grâce au service payant Starlink du milliardaire Elon Musk, qui utilise plus de 6 000 satellites en orbite autour de la Terre.

    La correspondante de RFI Juliette Chaignon s'est rendue dans le village de Diamante, où l'accès à internet a complètement changé les habitudes. L’électricité s’allume dorénavant pour deux heures, à la tombée de la nuit. Camila, 13 ans, et Itala, 27 ans se connectent l’une pour télécharger des devoirs ou des vidéos, l’autre pour communiquer avec sa famille. Elles payent les propriétaires de la connexion 75 centimes d’euros l'heure d’utilisation. Sachant que l’abonnement coûte près de 40 euros par mois, plus les 500 euros d’installation. Une inégalité que regrette le chef adjoint du village, Donato Pizarro : « il ne devrait pas y avoir de discrimination, on devrait tous avoir un accès à internet. On en avait un au collège, fourni par l’État mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé, ça ne marche plus. Et ils ne viennent pas le réparer ». Ailleurs au Pérou, la presse locale a raconté comment l’addiction à la pornographie s’était invitée dans une communauté amazonienne. Côté brésilien, des chercheurs constatent un usage croissant de Starlink au profit d’activités illégales.

    Liberté de la presse au Guatemala

    Le président Bernardo Arévalo a signé ce lundi (11 novembre 2024) la déclaration de Chapultepec, qui garantit la liberté de la presse. Il s’est engagé à renforcer les institutions de l’État pour éviter la censure et garantir la liberté d’expression, tout en reconnaissant, écrit La Hora, qu’il devait y avoir des efforts de la part des maires, des députés et du procureur général. Prensa Libre note que le journaliste Rubén Zamora était présent en tant que témoin d’honneur. Le fondateur du journal El Periodico, critique du précédent gouvernement de droite d'Alejandro Giammattei, lors duquel il a été condamné à de la prison – il est sorti de cellule le mois dernier, après 800 jours. « Les institutions ne doivent pas être instrumentalisés pour persécuter la presse », a insisté Bernardo Arevalo – c’est le titre de l’article de Prensa Comunitaria.

    Le journal de la Première

    Échange tendu hier soir (11 novembre 2024) entre le leader du RPPRAC, Rodrigue Petitot et le préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier.

  • Haïti change de Premier ministre ce lundi 11 novembre 2024, à la demande du Conseil présidentiel de transition (CTP). Le CPT a décidé de limoger Garry Conille et, selon la presse, l'investiture du nouveau chef du gouvernement, Alix Didier Fils-Aimé, devait avoir lieu dans l'après-midi après une rencontre ce matin avec les conseillers présidentiels. Entretien avec le politologue Jacques Nési.

    Homme d’affaires originaire d’une famille d’investisseurs à Port-au-Prince, déjà pressenti pour être Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé n’a pas d’expérience politique autre que sa candidature au Sénat en 2015. « Les mêmes conditions obscures pour le choix de Garry Conille semblent entourer la nomination d’Alix Didier Fils-Aimé, souligne Jacques Nési, membre du Laboratoire caribéen de sciences sociales. Sans doute qu'il y a eu des arrangements entre le secteur des affaires qui a des représentants au sein du Conseil présidentiel de transition et M. Fils-Aimé, qui ne vivait pas en Haïti et qui est rentré hier soir des États-Unis. »

    Depuis des semaines, des mois même, les tensions entre le Premier ministre et le Conseil présidentiel de transition (CTP) n'étaient un secret pour personne. Plusieurs moments assez délicats se sont succédé pour savoir qui était à la tête de la gouvernance haïtienne, à l'Assemblée générale des Nations unies en septembre dernier. Selon Jacques Nési, également auteur de Haïti : la fabrique d'une communauté de semblables, à paraître cette semaine aux éditions Gouttes lettres, « le Conseil présidentiel de transition dirige. Le problème de Garry Conille avec le CPT, c’est une interprétation erronée du pouvoir partagé avec le Conseil. Le Premier ministre a interprété la Constitution dans un cadre institutionnel fonctionnel. Or, on est en période de crise et la Constitution n’est pas le premier cadre de référence. »

    « Par ailleurs, poursuit le politologue, l’expression des luttes pour le pouvoir s’est exacerbée entre le Conseil présidentiel de transition et Garry Conille. Ce dernier pensait n’avoir de compte à rendre à personne, a pris ses distances et a exercé le pouvoir de façon indépendante, sans rendre compte au Conseil présidentiel de transition. Or en Haïti, on le sait très bien, l’exécutif est dual : il y a un Premier ministre, il y a un président de la République. Même s’il y a un Conseil présidentiel de transition, il y a un président qui exerce cette fonction. Il y a un certain nombre de pouvoirs partagés entre les deux organes de l’exécutif, ce que n’a jamais voulu faire Garry Conille, malgré les efforts du Conseil présidentiel de transition. La goutte d’eau, ce fut lorsque le Conseil présidentiel a demandé un remaniement ministériel, ce qui a été refusé par Garry Conille. »

    États-Unis : Trump commence à mettre en place son équipe

    La future administration Trump prend forme avec le choix de celui qui mènera la politique migratoire. Il s'appelle Tom Homan et c'est un tenant de la ligne dure.

    Depuis la réélection du milliardaire new-yorkais, les derniers résultats communiqués ce week-end confirment son triomphe. Nous recevons pour en parler Lauric Henneton, maître de conférences en Civilisation américaine de Versailles St Quentin. On sait, depuis ce week-end, que Donald Trump a gagné dans les 7 « Swing States » - ou États-pivots - alors qu'il n'a parlé qu'à sa base pendant toute la campagne. Son discours n'a pas varié, même à l'approche de l'élection, où traditionnellement les candidats tentent d'ouvrir un peu le champ.

    Pour résumer grossièrement, les démocrates ont gagné dans les grandes villes, Donald Trump dans les zones rurales. Fait notable : dans les banlieues des grandes villes, c'est lui qui s'en sort le mieux. Ce sont surtout des hommes qui ont voté pour le républicain, mais les études publiées depuis la semaine dernière montrent qu'il ne s'agit plus seulement des hommes blancs et plutôt vieux.

  • À Port-au-Prince, la nouvelle de la victoire de Donald Trump a été accueillie comme un coup de tonnerre, entre sa promesse de mettre en œuvre « l’expulsion de masse la plus grande de l’histoire » et sa reprise, pendant la campagne, de fausses rumeurs sur les Haïtiens de Springfield.

    Peterson Luxama, le correspondant de RFI, a recueilli les réactions d’Haïtiens sur la promesse de campagne de Donald Trump d'expulser 20 millions d'immigrés. « Nous pourrions assister à une déportation massive des migrants haïtiens aux États-Unis, en particulier les bénéficiaires du programme humanitaire de l’administration Biden, qui n’ont pas de statut légal aux États-Unis », estime Mickerlson, étudiant à l’Université d’État d’Haïti. D’autres espèrent qu’il ne s’agit que d’un discours de campagne utilisé par le milliardaire pour gagner le scrutin. De toute façon, estiment certains, Donald Trump ou Kamala Harris, ce n’est pas cela qui va changer Haïti : les dirigeants haïtiens doivent s’entendre pour rétablir la paix et la sécurité

    D’autant que, selon l’avocat Frandley Denis Julien, interrogé ce jeudi (7 novembre 2024) sur Magik 9 – et leNouvelliste s’en fait l’écho, « avec Trump, les sanctions contre les acteurs haïtiens risquent de perdre de leur force », car, juge-t-il, « les États-Unis ne feront plus la promotion de la démocratie nulle part ». Frandley Denis Julien rappelle aussi les difficultés rencontrées par les avocats spécialisés en immigration, « un domaine particulièrement ciblé sous la première administration Trump » : certains de ces avocats « qui avaient intenté des actions contre des abus au droit des migrants ont été ajoutés sur des listes de terroristes ».

    Textos racistes

    Sur le sol américain, après l’élection de Donald Trump, des Afro-Américains ont reçu des textos racistes. Le Washington Post raconte comment Alyse McCall, une étudiante noire de première année à l’Université d’Alabama, a appelé en pleurs sa mère mercredi matin (6 novembre), lui disant qu’elle avait reçu un message affirmant qu’une fourgonnette allait venir la chercher pour l’emmener à la plantation de coton la plus proche. Ces textos ont été envoyés dans au moins une douzaine d’États, ainsi que la capitale Washington. Des écoliers ont aussi reçu des messages de menaces dans le Maryland et le district de San Francisco.

    Ces messages ont alarmé, écrit le Washington Post, « après une campagne pendant laquelle le président élu Donald Trump et son équipe de campagne ont utilisé un langage incendiaire contre les minorités ». Certains de ces messages étaient d’ailleurs signés par « un partisan de Donald Trump », ou même de « l’administration Trump » - ce qu’a énergiquement démenti l’équipe de campagne du président.

    Une réforme de Joe Biden sur l’immigration révoquée

    Pendant ce temps, et alors que Donald Trump avait mis l’immigration au cœur de sa campagne, un juge du Texas révoque une des plus importantes réformes de l'immigration de Joe Biden. « Cette décision est un autre coup porté aux plans de Joe Biden de tenter de protéger des migrants illégaux contre les plans d’expulsion d’une prochaine administration », juge le conservateur Washington Times. Le nom de la mesure : « garder les familles ensemble ». Elle a été lance au mois d’août. Il s’agit, rappelle le New York Times, de permettre aux migrants sans papiers mariés à des citoyens américains et qui résident aux États-Unis depuis au moins dix ans, d’avoir une chance de récupérer la fameuse Green card sans quitter le pays. Des centaines de milliers de personnes sont concernées.

    Manifestations suspendues en Bolivie

    En Bolivie, les manifestations sont suspendues pour trois jours : une décision du syndicat à l'origine du mouvement porté par des partisans d’Evo Morales, qui affirment que le pouvoir veut mettre l’ancien président en prison.

    Ces blocages ont été suspendus mercredi, à la demande d’Evo Morales, qui a entamé une grève de la faim pour appeler au dialogue. Sont aussi invoquées, explique la correspondante de RFI Camille Bouju, des « raisons humanitaires » car dans tout le pays, l’accès aux biens de première nécessité, comme le poulet ou le riz, est devenu difficile. Et à La Paz, les files d’attente aux stations-service peuvent durer jusqu'à 12 heures.

    La situation économique difficile que connaît le pays a des racines plus anciennes, explique le politologue Franz Flores : « Le niveau des exportations a baissé, notamment les matières premières, ce qui signifie que les devises étrangères n'entrent plus sur le marché bolivien en quantité suffisante. C'est pourquoi les prix des dollars ont augmenté et cela provoque naturellement un processus inflationniste, une augmentation des prix qui se fait sentir dans les portefeuilles des gens »

    L’autre pan du conflit, c’est une lutte de pouvoir au sein du parti au pouvoir, le MAS, entre Evo Morales l’actuel président Luis Arce, tous les deux candidats pour la présidentielle de 2025.

    Justice environnementale en Argentine

    En Argentine, un jugement qui fera date dans la justice environnementale : un éleveur a été reconnu coupable ce jeudi de dommage environnemental et de cruauté animale pour avoir tué plus d'une centaine de manchots de Magellan, il y a trois ans. Le correspondant de RFI Théo Conscience explique comment cet éleveur de la province de Chubut a utilisé une pelleteuse pour défricher un terrain à côté de la réserve naturelle de Punta Tombo. Bilan : 105 manchots de Magellan tués, 292 nids détruits et des centaines d’œufs et de poussins écrasés.

    La justice argentine l’a donc reconnu coupable, soulignant les « dégâts irréversibles » de ses actes sur la faune et la flore autochtones. L’éleveur affirme que les manquements de l’État depuis 10 ans ne lui avaient pas laissé aucune autre option pour établir des voies d'accès et des délimitations entre son champ et la réserve.

    Au Guatemala, 2 860 années de prison requises contre un ex-général pour génocide

    « Selon le Parquet des droits humains », écrit La Hora, Benedicto Lucas Garcia, un général nonagénaire à la retraite, est responsable d’une série de disparitions forcées, au début des années 80, durant le régime de son frère, l’ex-président Romeo Lucas Garcia. Le Parquet affirme que Benedicto Lucas Garcia, avec d’autres militaires, a attaqué la population indigène Ixil, des Mayas, « prétendant qu'elle appartenait à la guérilla et, dans le cadre de plans coordonnés, a mis en place sa disparition, exécutant, possiblement, plus de la moitié de la population Ixil ». Benedicto Lucas Garcia purge déjà une peine de 58 ans de prison pour la disparition forcée d’un jeune homme et le viol et la torture de sa sœur.

    Le journal de la Première

    En Guyane, État, Collectivité Territoriale et élus municipaux unissent leurs forces pour lutter contre les conséquences d’une sécheresse « historique ».

  • La poudre de la présidentielle retombe et le constat s’impose : les républicains ont écrasé la course à la Maison Blanche grâce à leur discours sur le pouvoir d’achat. Analyse de la presse américaine et commentaires de nos invités sur l’avenir de la relation entre Washington, l’Amérique latine et Haïti.

    C'est la bête politique qui a gagné, et « c'est le plus stupéfiant retour en force de l'histoire américaine », nous dit le Wall Street Journal. Celui d'un Donald Trump « vu comme le seul politicien capable de prendre soin des Américains ». À tort ou à raison, malgré ses coups de menton, malgré sa nature agressive, observe le Boston Globe, « il vient d'être associé par une très solide majorité d'électeurs à la prospérité économique et à la stabilité mondiale ». Et c'est peut-être CNN, la chaîne anti-trumpiste par excellence, qui le résume le mieux : « cette élection, c'est la revanche du type normal, du mec qui bosse, de l'anonyme qui a été meurtri, insulté, méprisé. Non, ces gens ne sont pas des déchets, ce ne sont pas des nazis. Juste des gens qui travaillent, qui essaient de s'en sortir, et à qui on a dit de la fermer quand ils ont osé se plaindre des choses qui n'allaient pas dans leur vie ».

    Face au retour de Trump, l’attentisme sud-américain

    O Globo, le grand quotidien brésilien de Rio, n'en attend pas grand-chose, « parce que l'Amérique latine, y lit-on, n'est pas vraiment la priorité des États-Unis ». Ce que montre la résurrection de Donald Trump, « c'est que la gauche est désormais perçue, que ce soit au Brésil ou aux États-Unis, comme un instrument d'oppression sociale au service des élites. Et que le soutien affiché du président Lula à Kamala Harris était une erreur politique et diplomatique ». Pour La Nación, en Argentine, la victoire de Trump sonne comme une validation idéologique pour de nombreux dirigeants d'extrême-droite, et pour Javier Milei en premier lieu. « Le président argentin s’estime projeté de plusieurs places en avant », dans le même sac que l'Italienne Giorgia Meloni ou le Hongrois Viktor Orbán. Le dernier mot pour le journal La Razon au Mexique, pour qui ce scrutin signe l’échec des gouvernements populistes d’Amérique latine, « du chavisme dirigé par Nicolas Maduro, de la dictature de Daniel Ortega au Nicaragua ou de celle héritée de Díaz-Canel à Cuba, qui ont appauvri la région, expulsant des millions de personnes vers les pays voisins et vers les États-Unis. Et c’est précisément l’arrivée de personnes désespérées, dont beaucoup ont été victimes des gangs, du narcotrafic, de la traite d’êtres humains, ce sont ces arrivées qui ont fini par excéder l’électeur américain moyen qui a donné à Trump un second mandat. »

    Le Mexique inquiet de la future politique migratoire mise en place à Washington

    Donald Trump a martelé pendant sa campagne qu’une fois élu, il lancerait un plan d’expulsion massif pour organiser le départ d’un million de migrants. Gwendolina Duval, notre correspondante à Mexico, rappelle qu’environ 5 millions de Mexicains sans-papiers résident aux États-Unis et que le Mexique subit déjà les conséquences d’une politique migratoire américaine très restrictive depuis l’entrée en vigueur d’un décret pris par Joe Biden au mois de juin 2024.

    À lire aussiÉtats-Unis: Biden durcit la politique migratoire à la frontière mexicaine avant l'élection présidentielle

    L’autre sujet important, souligne Gwendolina Duval, c’est l’économie. Le Mexique et les États-Unis sont extrêmement dépendants l’un de l’autre en tant que premiers partenaires commerciaux réciproques. Et tout le monde, au Mexique, a en ligne de mire la révision de l’accord de libre-échange signé entre Mexico et Washington, qui doit intervenir en 2026. À cause de la politique protectionniste de Donald Trump, les autorités mexicaines craignent que ce processus de révision, censé n’être qu’une relecture, ne se transforme en renégociation.

    Le grand invité : Kevin Parthenay, professeur de Science politique à l'Université de Tours, spécialiste des Relations internationales latino-américaines

    Quelles relations à venir entre Washington et Mexico, alors que deux chefs d’État nouvellement élus, Claudia Sheinbaum au Mexique et Donald Trump aux États-Unis, vont devoir travailler ensemble ? Kevin Parthenay s’attend à une certaine stabilité compte tenu des intérêts économiques réciproques des deux pays. Mais souligne que l’aspect migratoire pourrait crisper les échanges, dans la mesure où, durant son premier mandat, Donald Trump avait tenté de déléguer la gestion des migrations à son voisin mexicain, le chargeant plus ou moins ouvertement de s’adresser à tous ses homologues latino-américains afin de protéger la frontière sud des États-Unis d’une pression migratoire trop importante.

    Cette sorte d'externalisation de la gestion de la question migratoire a sonné comme une charge très lourde pour le Mexique, avec l’emploi de ressources considérables aussi bien sur les plan politique, qu’économique ou humanitaire. Il faudra voir, note Kevin Parthenay, à quel point Claudia Sheinbaum acceptera de reproduire ce schéma et quelles seront ses marges de manœuvre, si Donald Trump tente de poursuivre dans cette voie.

    Trump 2.0, quelle voie diplomatique pour l’Amérique latine ?

    Sur le plan de la diplomatie continentale, Kevin Parthenay signale que les premiers dirigeants latino-américains à s’être empressés de féliciter Donald Trump, se classent dans le camp conservateur, voire populiste, et que leur positionnement répond à une logique de proximité avec le futur occupant de la Maison Blanche : un cadre économique très libéral et une orientation « pro-business », qui ne craint pas de soutenir certains régimes, sans trop en regarder la nature démocratique.

    C’est aussi, ajoute Kevin Parthenay, une manière pour eux de se libérer d’un stigmate associé au mandat Biden, dont l’administration a beaucoup jugé la qualité des démocraties latino-américaines, allant même jusqu’à organiser des « sommets de la démocratie » en se gardant d’inviter certains États et n’hésitant pas à les froisser. Les dirigeants de ces pays savent qu’en la personne de Donald Trump, ils retrouvent un allié de poids et que le stigmate lié à un système démocratique qui ne fonctionne pas si bien sera complètement levé.

    Il y a aura aussi beaucoup d’enjeux à contempler du côté des partenaires de Washington actuellement dirigés par des partis de gauche, comme le Brésil. Ces dernières années, expose Kevin Parthenay, le président brésilien Lula a essayé de repositionner le Brésil sur la scène internationale et de muscler le rôle qu’il entend jouer sur le continent, cultivant ses alliances en Amérique latine, et se présentant en outre comme une sorte de leader du « Sud global » en jouant de ses liens avec l’Afrique et l’Asie. La variation du pouvoir à Washington va obliger Lula à nuancer sa stratégie, car il s’était singularisé comme, schématiquement, un trait d’union entre l’Occident et les États du Sud. Or, cette approche va se complexifier avec le retour au pouvoir d’un Donald Trump qui ne répond qu'à ses propres intérêts et porte en étendard sa dynamique protectionniste et isolationniste, conclut Kevin Parthenay.

    Haïti dans l’expectative

    Comme chaque jeudi, Frantz Duval, le rédacteur en chef du Nouvelliste, le quotidien haïtien de référence, s’entretient avec Anne Cantener de l’actualité haïtienne, et en ce lendemain d’élection, la nette victoire de Donald Trump face à Kamala Harris occupe largement la classe politique à Port-au-Prince.

    À ce jour, rappelle Frantz Duval, des centaines de milliers d'Haïtiens sont présents sur le sol américain et risquent d’être déportés, si l’on se fie aux déclarations de campagne de Donald Trump. Et ces expulsions auraient des conséquences très concrètes, puisque les Haïtiens de la diaspora, qui vivent et travaillent aux États-Unis, sont aujourd’hui les premiers soutiens économiques d’Haïti : plus de 4 milliards de dollars par an de transfert sans contrepartie.

    Attention aussi, prévient Frantz Duval, à la bonne tenue de la MMAS, la force multinationale déployée en Haïti pour appuyer la lutte de la police haïtienne contre les gangs. À ce jour, seuls les États-Unis financent, soutiennent, portent et arment la MMAS, mais l’on sait que le président Trump n'est pas favorable aux missions à l’étranger. Même si les États-Unis n'ont pas de policiers ou de militaires sur le terrain en Haïti, c’est Washington qui a les clés du portefeuille et il y a de quoi s’inquiéter.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    LE conflit à EDF-Guadeloupe va peut-être enfin trouver une issue ce jeudi (7 novembre 2024) à Paris !

  • Après avoir occupé le fauteuil pendant 4 ans, Donald Trump réussit un come back inédit. Analyse avec notre invité Antoine Yoshinaka, professeur de Sciences politiques à l'Université de l'État de New York.

  • Après une dernière journée de campagne, Donald Trump et Kamala Harris ont rejoint leurs quartiers généraux, alors que le scrutin a commencé, il y a plusieurs semaines, pour les plus de 80 millions de personnes qui ont voté par anticipation.

    Avec Julien Toureille, chercheur en résidence à l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand à l'Université du Québec, à Montréal, retour d’abord sur une campagne marquée par son lot de surprises, du désistement de Joe Biden aux tentatives d’assassinat visant Donald Trump.

    Et plongée dans le processus de traitement des bulletins de vote anticipé, qu’ils soient postaux ou validés en personne dans les bureaux : vérification de la légalité des votes par courrier à travers les dates d’envoi des plis postaux, un processus sensible et placé sous haute surveillance, puisque Donald Trump en avait fait un sujet brûlant lors du scrutin de 2020. Cette année encore, en Pennsylvanie, souligne Julien Toureille, « les républicains aimeraient faire annuler un nombre assez significatif de ces bulletins transmis par voie postale ».

    La période d’incertitude la plus cruciale va s’ouvrir ce soir ou dans la nuit et s’achever le 11 décembre, date limite à laquelle les autorités doivent certifier les votes dans chaque État avant le vote symbolique des grands électeurs le 17 décembre.

    La peur des Haïtiens de Springfield, dans l’Ohio

    Reportage de notre envoyé spécial Achim Lippold à Springfield, dans l’Ohio, à la rencontre d’une communauté haïtienne en émoi. Depuis les accusations mensongères proférées par le candidat républicain et son colistier JD Vance, selon lesquels les Haïtiens mangeraient les chats et les chiens des habitants de la ville, un climat de peur s’est installé, et bon nombre des résidents haïtiens de Springfield envisagent désormais de quitter les lieux.

    « Beaucoup d’Haïtiens commencent à quitter Springfield, ils ont peur, relate Philomène Philostin, une commerçante d’origine haïtienne et citoyenne américaine depuis 20 ans. Cette histoire a bouleversé les gens, surtout les enfants. Mes propres filles m’ont demandé si j’avais déjà mangé des chiens ! À l’église, certains enfants me racontent qu’ils sont harcelés à l’école »

    Philomène Philostin, qui soutient depuis toujours le Parti démocrate, s’apprête à voter pour Kamala Harris, dans l’espoir qu’une femme parvienne au pouvoir aux États-Unis. « Une possible victoire de Donald Trump nous inquiète beaucoup, car on ne sait vraiment pas ce qui pourrait arriver. »

    À écouter aussiPrésidentielle américaine: après Springfield, les Haïtiens de Charleroi en Pennsylvanie dans le collimateur des républicains

    Sénat, Chambre des représentants, quels enjeux ?

    Deux scrutins dans l’ombre de la présidentielle, le renouvellement d’un tiers du Sénat et de la totalité de la Chambre des représentants. Ces élections s’annoncent au moins aussi serrées que le duel entre Donald Trump et Kamala Harris et l’on pourrait assister, observe Julien Toureille, à un évènement rarissime dans l’histoire politique américaine : un changement de majorité dans les deux chambres du Congrès, à l’occasion de la même élection.

    « Les républicains ont une très faible majorité à la Chambre (220 sièges pour une majorité à 218 sièges) et les démocrates ont bon espoir, grâce au redécoupage partisan de certaines circonscriptions, en particulier dans l’État de New York, de pouvoir reprendre la majorité aux Républicains.

    Au Sénat, c’est l’inverse, il y a 34 postes à renouveler, 23 étaient aux mains de démocrates, y compris dans des zones à domination républicaine, et les républicains n’ont besoin que d’un gain net de deux sièges pour en reprendre le contrôle.

    On se dirige très probablement vers une forme de cohabitation avec un président, quel qu’il soit, qui aura en face de lui au moins l’une des deux chambres du Congrès qui ne devrait pas être de son parti.

    Un Donald Trump confronté à une Chambre des représentants démocrate lui poserait le problème de l’adoption des budgets, car c’est cette chambre qui initie le processus d’examen de toutes les lois budgétaires, et évidemment si les démocrates y sont majoritaires, ils ne feront aucune faveur à Donald Trump et aux républicains. Ils veilleront par exemple à ce que la réforme de la Santé (l’Obamacare), qui a des dimensions financières, ne soit pas abrogée.

    Dans le cas d’une Kamala Harris élue à la présidence avec un Sénat sous contrôle républicain, elle aurait des difficultés à faire confirmer ses nominations, et dans un premier temps, peut-être du mal à constituer son cabinet, l’équivalent de son Conseil des ministres, car elle devrait donner des gages aux républicains. Et à plus long terme, des difficultés à faire confirmer ses nominations dans le champ judiciaire et l’on sait que le pouvoir de nomination des juges au cours d’une présidence est un sujet très sensible. »

    Julien Toureille, chercheur en résidence à l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand à l'Université du Québec, à Montréal, interrogé par Anne Cantener, entretien à réécouter dans son intégralité dans le Journal d’Haïti et des Amériques de ce jour.

    À lire aussiLa présidentielle américaine scrutée de près par les Européens, de tous bords

  • Le Journal d’Haïti et des Amériques revient sur la mort de celui que le magazine Rolling Stone appelle « le producteur inégalable ». Au programme aussi, à la veille du vote, la présidentielle américaine, vue entre autres par les envoyés spéciaux de RFI - alors que selon les sondages Donald Trump sont toujours au coude-à-coude.

    Ce week-end, une enquête donnait la candidate démocrate en tête dans le très républicain État de l'Iowa, mais dans les fameux « swing states », l'écart est tellement faible qu'il se trouve parfois dans la marge d'erreur des sondages.

    Parmi ces États clés, il y en a qui compte tout particulièrement : la Pennsylvanie, avec 19 grands électeurs en jeu. Les deux candidats seront donc ce lundi soir (4 novembre 2024) à Pittsburgh, explique Achim Lippold, un des envoyés spéciaux de RFI. Le candidat républicain tiendra son rassemblement dans un stade en centre-ville, tandis que sa rivale a choisi un ancien site sidérurgique : Kamala Harris cherche en effet à séduire les ouvriers, les fameux « blue collars », mais aussi les républicains modérés et les femmes. L'ancien président, qui n'est pas particulièrement populaire dans ce bastion démocrate, espère de son côté rallier les habitants de la « ceinture de rouille », ces banlieues autour de Pittsburgh où le vote pourrait basculer par rapport à 2020 - année où Joe Biden a remporté cet État de justesse.

    Une autre envoyée spéciale de RFI, Aabla Jounaïdi, se trouve elle à Messa, dans la banlieue de Phoenix, en Arizona - l'un des États où le refus des pro-Trump de reconnaître la défaite de 2020 est allé le plus loin. Les autorités locales font donc tout pour rassurer la population à l'approche des élections. Dans lecomté de Maricopa, qui concentre le plus grand nombre d’électeurs dans l’État, le bâtiment qui abrite les opérations de dépouillement est cerné de barrières, hérissés de caméras, en attendant les snipers annoncés sur les toits en cas de nécessité, disent les autorités. Objectif : empêcher que des groupes d’extrême-droite ne viennent tenter d’occuper les lieux pour faire entendre leurs voix, comme en 2020.

    Bolivie : grève de la faim d’Evo Morales

    En Bolivie, les blocages d’axes routier se poursuivent, organisés par les partisans d’Evo Morales, qui craignent que l’ancien président ne soit arrêté. Correo del Sur parle d’une « escalade du conflit », alors que les blocages de routes continuent, particulièrement dans les régions de Cochabamba et Santa Cruz, où les manifestations « génèrent des pertes qui se comptent en millions de dollars ». 91 policiers ont été blessés, nombre de « bloqueurs » ont été arrêtés. Et c’est dans ce contexte qu’Evo Morales a entamé une grève de la faim.« Avant-hier, j'ai publiquement appelé à une grève de la faim pour éviter un bain de sang », explique-t-il : « j'ai demandé à mes camarades un dialogue immédiat et la création de deux groupes de travail : économique et politique. Et la réponse du gouvernement a été d'arrêter 56 camarades et de les emmener à La Paz. »

    Los Tiempos revient de son côté sur les 200 militaires boliviens retenus en otage depuis samedi par des partisans d’Evo Morales - ils ont pris trois casernes d’assaut dans le département de Cochabamba. Le ministère de la Défense, écrit Los Tiempos, a condamné « la prise armée et violente » d’unités militaires, parlant de « délits graves contre la démocratie, la sécurité et la stabilité de l’État ». La grève de la faim d’Evo Morales elle-même a pour objectif de déstabiliser le gouvernement, affirme le ministre des Relations extérieures de la Bolivie.

    Risque d’inondations à Cuba

    « Tout le pays retient son souffle devant la possible formation d’un ouragan », titre Granma : car il y a 80% de risques que se forme une dépression tropicale qui se transformerait ensuite en ouragan en avançant vers le nord des Caraïbes, écrit Juventud Rebelde, et elle pourrait affecter Cuba. La Défense civile a donc donné l’ordre d’évacuer quatre municipalités de Guantanamo, rapporte 14 y medio, qui précise : « Les sols saturés par les pluies et les réservoirs et rivières au maximum de leur capacité augmentent le risque d'inondation à Maisí, Imías, San Antonio del Sur et Baracoa, où l'effet de deux autres phénomènes météorologiques se formant dans la mer des Caraïbes a déjà commencé à se faire sentir. »

    Mort d’un géant

    Ce lundi (4 novembre 2024), a été annoncée la mort de l’immense musicien et producteur américain Quincy Jones, à l’âge de 91 ans. Et la presse n’a pas assez de qualificatifs dans ses titres pour parler de Quincy Jones : « L’icône de la musique et le gagnant de 28 Grammy Awards » pour Deadline, le « géant de la musique américaine » pour le New York Times, « le producteur inégalable derrière Thriller », rappelle Rolling Stone. Rolling Stone qui rappelle que le musicien est derrière de remarquables albums de jazz, de soul, de funk et aussi derrière les plus grands disques de pop du siècle – la trilogie Jacksonienne Off the Wall, Thriller et Bad, entre autres.

    Mais Rolling Stone rappelle que lorsqu’il a travaillé avec Michael Jackson, Quincy Jones « avait déjà taillé sa route à travers le jazz et la pop bubblegum du début des années 60 ainsi que de nombreuses BO de films, étudié avec la célèbre compositrice classique Nadia Boulanger, fait l’arrangement de disques de Ray Charles et conduit l’orchestre de Frank Sinatra. » Variety rappelle qu’il fut aussi le producteur de « We are the world », le disque destiné à lever des fonds contre la famine sur le continent africain. Il a aussi été le premier Africain-Américain à écrire la BO d’un film majeur, en 1964, « The Pawnbroker ». Autant de morceaux cités par le New York Times dans ses « 14 chansons essentielles » produites, arrangées ou enregistrées par Quincy Jones : cela va du jazz, « Evening in Paris », enregistré en 1957 avec des pointures comme Charlie Mingus, à « I’ll be good to you », avec Ray Charles et Chaka Khan, en 1989, sur l’album Back on the block qui lui vaudra six Grammy Awards. Sans oublier, évidemment, Soul Bossa Nova, sa version « audacieuse et ludique » de la musique brésilienne, écrit le New York Times.

    En 2017, dans une interview accordée à Rolling Stone, Quincy Jones présentait son agitation créative comme « l’engagement d’une vie à apprendre autant de musique qu’il le pouvait : ‘vous devez espérer avoir la possibilité de faire toutes les erreurs possibles pour apprendre. Et j'ai fait toutes les erreurs. Toutes…’ »

    Le journal de la Première

    En Martinique, élus et socio-professionnels conviés ce lundi matin à une « conférence territoriale » consacrée à la vie chère…