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    Aujourd’hui, les catastrophes climatiques sont lĂ  : Valence, Nice, Libye et Pakistan sont quelques exemples des lieux frappĂ©s par les derniĂšres grandes inondations.


    Nous sommes à présent vulnérables face à un climat qui change mais il semble impossible de rendre le capitalisme vert. Et les régimes communistes passés se sont montrés tout aussi destructeurs pour l'environnement.


    Alors quelles alternatives existe-t-il ? Et que peut nous apprendre Marx pour faire face Ă  la crise socio-Ă©cologique actuelle ?


    Vous ĂȘtes sur le podcast Circular Metabolism, le podcast pour mieux comprendre le mĂ©tabolisme de nos sociĂ©tĂ©s et leurs impacts socio-environnementaux.


    Pour parler de ces sujets, j’ai le plaisir d'accueillir Daniel Tanuro.

    Daniel est ingénieur agronome et militant éco-socialiste de la gauche anticapitaliste belge.


    Il a Ă©crit plusieurs ouvrages dont : L’impossible capitalisme vert; Trop tard pour ĂȘtre pessimistes et plus rĂ©cemment Écologie, luttes sociales et rĂ©volution


    Dans cet Ă©pisode, nous allons parler du diagnostic de Daniel Tanuro sur les crises socio-Ă©cologiques ainsi que d’un programme Ă©co-socialiste pour en sortir.


    đŸ”· SOMMAIRE


    00:00:00 Introduction

    00:03:29 Catastrophe ou cataclysme ?

    00:15:38 Les fausses bonnes solutions

    00:25:56 CapitalocĂšne, PlantationocĂšne, AndrocĂšne ?

    00:35:37 Les angles morts du GIEC

    00:44:33 Que garder du Marxisme ?

    00:56:58 Quelles alternatives pour le futur ?

    01:11:33 Quelles alliances contre la catastrophe ?

    01:25:53 Quelles références communes pour lutter ?


    đŸ”· RÉFÉRENCES


    đŸŒ± Livres de Daniel Tanuro

    00:00:42 L'impossible capitalisme vert

    00:02:04 Écologie, luttes sociales et rĂ©volution

    00:18:22 Trop tard pour ĂȘtre pessimistes !


    ☭ Livres de Karl Marx

    00:47:18 [28] Manuscrits de 1844

    00:47:38 [29] Manifeste du Parti Communiste

    00:47:48 [30] Introduction Ă  la critique de l'Ă©conomie politique

    00:48:04 [31] Le Capital


    📖 Autres Ă©crits citĂ©s

    00:31:49 [18] Par-delà l'AndrocÚne - Adélaïde Bon, Sandrine Roudaut, Sandrine Rousseau

    00:43:27 [24] Ralentir ou périr - Timothée Parrique

    00:45:28 [25] La situation de la classe laborieuse en Angleterre - Friedrich Engels

    00:47:03 [27] La Terre est un ĂȘtre vivant, l'hypothĂšse GaĂŻa - James Lovelock

    01:14:26 [42] MĂ©mo sur la nouvelle classe Ă©cologique - Bruno Latour & Nikolaj Schultz

    01:16:05 [44] Laudato si' - Pape François


    ▶ Épisodes mentionnĂ©s

    00:22:12 Farhana Sultana https://www.youtube.com/watch?v=b1POxzUjWSc

    00:28:28 Jason Moore https://www.youtube.com/watch?v=VvtdkZhT1yw

    00:33:30 Raj Patel https://www.youtube.com/watch?v=iTucNdeUOLc

    00:41:39 Yamina Saheb https://www.youtube.com/watch?v=aTOQ-InwZbA

    00:41:47 Julia Steinberger https://www.youtube.com/watch?v=umg2pGadrc8

    00:41:56 Lorenz Keysser https://www.youtube.com/watch?v=R1MNMWKkDNY

    00:42:27 Iñigo Capellån-Pérez https://www.youtube.com/watch?v=Nejn44_pmHw

    00:43:24 Timothée Parrique https://www.youtube.com/watch?v=vPf-H2n5JB0

    00:57:31 François Jarrige https://www.youtube.com/watch?v=rZ3beT0LpaU

    01:12:35 CĂ©dric Durand https://www.youtube.com/watch?v=Sj1HaLmFgeE


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  • Ca y est, c’est le dernier Ă©pisode !

    On est enfin arriver au bout de ce calendrier. En me lançant dans cette aventure, je ne mesurais pas vraiment le travail que cela demanderait. Beaucoup de personnes m’ont demandĂ© si j’avais dĂ©jĂ  tout enregistrĂ© en avance et si tout Ă©tait programmĂ© en avance. Evidemment que non ce serait trop beau pour ĂȘtre vrai. Non, non, tous les jours il a fallu Ă©crire, filmer, monter et puis publier. Et surtout il fallait trouvĂ© le mot de la journĂ©e d’aprĂšs, le stress.

    Je voulais aussi vous remercier pour tous les messages encourageants durant la série et vos soutiens sur cette newsletter !

    Allez, c’est parti pour la lettre Z avec Zones Ă  DĂ©fendre.

    Les Zones Ă  DĂ©fendre se sont surtout fait connaĂźtre lors de l’opposition de citoyen.nes au projet de construction de l’AĂ©roport de Notre-Dame-des-Landes. Depuis on compte une petite dizaine de ZAD qui se dĂ©veloppent pour contester des grands projets d’amĂ©nagement qui sont considĂ©rĂ©s comme d’utilitĂ© publique.

    Les citoyen.nes qui s’opposent aussi appelĂ©.es ZADistes se battent frontalement contre la destruction du vivant, contre la destruction des zones avec des Ă©cosystĂšmes prĂ©cieux et fragiles, contre la destruction de terres agricoles mais aussi contre des infrastructures productivistes.

    Il s’agit de luttes environnementales, citoyennes et locales qui contestent des grands projets d’amĂ©nagement au nom du droit des populations locales Ă  dĂ©cider de l'avenir de leurs territoires.

    Ces ZAD ne sont qu’une formalisation d’anciennes luttes qui ont existĂ© en France et ailleurs. En France, l’exemple ancien le plus connu est Ă©videmment la lutte du Larzac qui a durĂ© environ dix ans (1971-1981) contre l’extension d’un camp militaire sur des terres agricoles.

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    Lors des Ă©pisodes sur les infrastructures, les rĂ©gimes d’historicitĂ© ou les verrouillages, on avait vu comment les infrastructures dictent nos pratiques quotidiennes et verrouillent une consommation de ressources prĂ©sente et futures mais aussi cristallisent une idĂ©ologie du progrĂšs technique et une fuite en avant.

    Nous nous sentons parfois impuissant.es envers les grandes forces productivistes de l’économie mondiale. Mais cette Ă©conomie Ă  besoin d’infrastructures pour se matĂ©rialiser. Elle a besoin de nous verrouiller dans la consommation excessive de ressources pour faire croĂźtre cette Ă©conomie plutĂŽt que satisfaire rĂ©ellement nos besoins.

    Et c’est exactement pour cela que je trouve ces luttes comme un des seuls moyens de faire face Ă  la mĂ©gamachine. Requestionner nos besoins, requestionner l’utilitĂ© publique de ces amĂ©nagements, requestionner les moyens dĂ©mocratriques pour prendre des dĂ©cisions Ă  la hauteur des enjeux actuels.

    Ces luttes ouvrent un imaginaire sur comment contester une économie productiviste via ses composantes les plus matérielles et physiques : ses infrastructures.

    Voici la fin de la sĂ©rie. J’espĂšre que cet exercice vous a plus. N’hĂ©sitez pas Ă  me dire quelle lettre vous avez prĂ©fĂ©rĂ© et on se dit Ă  l’annĂ©e prochaine pour de nouvelles aventures ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre Y est Youtube ou plus prĂ©cisĂ©ment les chaĂźnes Youtube que je suis pour mieux m’informer sur les enjeux socio-Ă©cologiques.

    Depuis des annĂ©es, comme beaucoup de personnes, j’essaye de m’informer sur ces sujets. Traditionnellement, je lisais des articles scientifiques pointus sur la question du mĂ©tabolisme des sociĂ©tĂ©s que ce soit au niveau thĂ©orique ou au niveau mĂ©thodologique.

    Puis, depuis quelques annĂ©es, une sĂ©rie de chaĂźnes youtube ont commencĂ© Ă  mettre des confĂ©rences en ligne ou des podcasts qui filment en mĂȘme temps des Ă©pisodes avec des scientifiques.

    Cette nouvelle source de contenu m’a permis de dĂ©couvrir plein de sujets annexes au mĂ©tabolisme urbain et territorial. Des facettes tant de luttes Ă©cologiques, d’imaginaires, de dĂ©colonialisme, d’agroĂ©cologie, d’écologie politique, de solutions low-techs, etc.

    Alors les voilĂ  et n’hĂ©sitez pas Ă  partager vos chaĂźnes que vous utilisez pour vous informer (et n’hĂ©sitez pas Ă  mettre quelques pĂ©pites non connues).

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    Allez à demain pour la lettre Z ✌


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  • Je dois avouer, je ne pensais pas choisir ce mot pour ce calendrier de l’Avent quand j’ai commencĂ© le projet mais je vous invite Ă  regarder le dictionnaire et me trouver un meilleur mot en lien avec les crises socio-Ă©cologiques en cours.


    Par contre, c’est un sujet qui m’inquiĂšte Ă©normĂšment dans le contexte actuel. Non seuleme c’est la seule rĂ©plique de l’extrĂȘme droite qui tourne en boucle et qui dĂ©truit tous les efforts pour rendre nos sociĂ©tĂ©s plus solidaires et plus justes. Ces arguments xĂ©nophobes viennent Ă©galement en opposition frontale de notre hĂ©ritage passĂ© d’exploitation de peuples et de terres passĂ©e, prĂ©sente et potentiellement future.

    Nous nous dirigeons vers un monde oĂč les conditions de survie vont ĂȘtre de plus en plus difficiles. Des parties entiĂšres de la PlanĂšte vont ĂȘtre inhabitables que ce soit Ă  cause des canicules, des inondations, de la montĂ©e des eaux, des incendies, ou parce que les terres et les ocĂ©ans seront vidĂ©s de vie et ne pourront plus nous nourrir.

    Ces parties de la PlanĂšte sont habitĂ©es par les populations les plus pauvres, les plus vulnĂ©rables et celles qui ont le moins contribuĂ©es Ă  la destruction de l’habitabilitĂ© de la PlanĂšte. Ces personnes seront obligĂ©es de se sĂ©parer de leurs maisons, de leurs cultures, de leurs hĂ©ritages pour trouver un lieu plus sĂ»r pour survivre.

    A quel accueil vont faire face ces personnes ? Que vont faire les dirigeants politiques du Nord Global ? Qu’allons nous faire nous en tant que citoyen.nes ? Allons nous ĂȘtre solidaires et justes ? Allons nous rĂ©duire nos consommations excessives pour les redistribuer justement ? Ou allons nous fermer les yeux et nous barricader chez nous ?


    Bon, et maintenant on fait quoi ? Je n’ai pas vraiment de bonne solution Ă  proposer ici d’autant plus que je ne suis pas spĂ©cialiste de la question. Mais ces tensions existent et sont rĂ©elles. Et tant qu’elles ne sont pas adressĂ©es, il n’existera pas de transformation socio-Ă©cologique juste et non-violente.


    Que ce soit durant la crise des gilets jaunes ou la crise des agriculteur.ices, les dĂ©bats de justice sociale reviennent sur la table. On ne peut pas demander Ă  une partie de la population de faire des efforts lorsque le haut de la pyramide ne fait pas son travail. Au plus nous tardons d’exiger et mettre en place cette justice sociale, au plus nous allons composer avec des tensions et moins de ressources. RĂ©pĂ©tons le, la sobriĂ©tĂ© est encore une fois un des antidotes face au monde incertain de demain.

    Bon allez j’arrĂȘte avec le X et je vous dis Ă  demain pour la lettre


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  • En quelques mots, le verrouillage souligne que la construction d’une infrastructure mais aussi des lĂ©gislations peuvent verrouiller nos habitudes de consommation et de modes de vies pour la durĂ©e de de vie cette infrastructure ou lĂ©gislations.

    Par exemple, lorsque nous construisons un incinĂ©rateur, et afin de le rentabiliser financiĂšrement voire rentabiliser les ressources utilisĂ©es, nous allons continuer Ă  l’utiliser pour quelques dĂ©cennies. Et lĂ  se trouve le noeud du problĂšme.

    DĂšs que nous construisons une infrastructure “nous” devenons obligĂ©s de l’utiliser pour la rentabiliser. Dans le cas de l’incinĂ©rateur, nous devons continuer Ă  l’alimenter de dĂ©chets mĂ©nagers pour le rentabiliser alors que prĂ©cisĂ©ment les derniĂšres directives europĂ©ennes nous poussent Ă  rĂ©duire la production de dĂ©chets.

    Je vous donne un autre exemple, la Chine ou l’Inde essaye de dĂ©carbonner leurs Ă©conomies mais construisent de nombreuses centrales Ă  charbon tous les ans. Encore une fois le problĂšme est qu’une fois installĂ©es ces centrales vont tourner pendant 30 ans ou plus pour ĂȘtre rentabilisĂ©es.

    Donc pour rĂ©sumer chaque nouvelle infrastructure installĂ©e qui linĂ©arise ou rend plus carbonĂ©e notre Ă©conomie le fera encore pour une des dizaines d’annĂ©es Ă  venir (coucou les Accords de Paris).

    L’enjeu principal d’un incinĂ©rateur, d’une centrale Ă  charbon et d’une autoroute est que nos pratiques deviennent Ă©galement verrouillĂ©es. Si une autoroute est construite, le message envoyĂ© par l’Etat est que nous investissons Ă  un type de mobilitĂ© dominant au profit des autres. Nous choisissons de donner des sous et des ressources Ă  un mode de vie plutĂŽt qu’un autre. Et si nous poussons la rĂ©flexion un peu plus loin, nous sacrifions notre prĂ©cieux budget carbone et de ressources et venons piocher dans les rĂ©serves des voisins et des gĂ©nĂ©rations futures.

    Donc si nous savons que certaines infrastructures ne sont plus viables selon les Accords de Paris, ou au niveau des ressources requises ou au niveau de la justice sociale et Ă©cologiques alors que faire de celles-ci ? Il me semble qu’on arrive tout doucement sur la question du dĂ©mantĂšlement et du sabotage.

    Si ces infrastructures sont trop polluantes et injustes, comment choisir collectivement quoi dĂ©manteler et comment le faire ? Qui va obliger les entreprises pĂ©troliĂšres, de charbon, de gaz naturel, les entreprises de construction, les entreprises de valorisation de dĂ©chets, d’arrĂȘter d’installer de nouvelles infrastructures et de dĂ©construire les plus polluantes ?

    Est-ce la pression sociĂ©tale qui va se traduire en action politique ? Est-ce des outils de dĂ©mocratie directe tels les rĂ©fĂ©rendums ? Est-ce de la dĂ©sobĂ©issance civile “semi”-violente ? Et Ă  quoi cela va ressembler financiĂšrement ? Est-ce que l’Etat va racheter ses infrastructures pour internaliser les coĂ»ts ? Est-ce que ces entreprises vont devoir internaliser les coĂ»ts et venir piocher dans leurs profits historiques ?

    Connaissant le niveau de violence et le nombre de morts que les inondations et les canicules entrainent Ă  cause d’une sĂ©rie d’infrastructures polluantes, ne serait-il pas urgent de les dĂ©manteler voire les saboter comme mentionne Andreas Malm ?

    Comme la majoritĂ© d’entre nous, je ne suis pas fan de la violence mais il est important de comprendre les dynamiques prĂ©sentes et futures. Les anciennes infrastructures nous verrouillent aujourd’hui Ă  toujours plus polluer et toute nouvelle infrastructure va nous verrouiller vers de nouvelles pratiques et nouvelles consommations de ressources.

    A nous de rendre plus explicite ces mĂ©canismes et surtout bien comprendre que nous devons simultanĂ©rment dĂ©manteler des infrastructures polluantes et construire des infrastructure non-polluantes. Il s’agit d’un bras de fer infrastructurel ainsi que des modĂšles de gouvernance associĂ© qui va dĂ©cider de notre futur.

    Allez à demain pour la lettre W ✌


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  • Il s’agit d’un concept dĂ©veloppĂ© par Neil Brenner en collaboration avec diffĂ©rents collĂšgues (dont Nikos Katsikis). Ce concept questionne l’étendue rĂ©elle des villes.

    Lorsque nous lisons les statistiques officielles de l’ONU, il ressort souvent que les villes occupent 3% de la surface terrestre et accueillent plus de la moitiĂ© de la population globale.

    Mais la question Ă  mille points est comment dĂ©finir ce qu’est une ville et ce que ne l’est plus. Au niveau EuropĂ©en, Eurostat, dĂ©finit une ville comme un territoire densĂ©ment bĂąti, avec une population de plus 50 000 habitant.es et une administration politique associĂ©e.

    Le problĂšme est que pour la majoritĂ© des villes dans le monde, cette dĂ©finition n’inclus qu’une petite partie du territoire rĂ©ellement influencĂ© par les villes. Dans la majoritĂ© des cas, les banlieus des villes s’étendent au-delĂ  des limites administratives. Les personnes qui viennent travailler et font tourner une ville (les personnes qui travaillent dans les soins, le nettoyage, la collecte des dĂ©chets, etc.) vivent souvent Ă  plusieurs dizaines de kms de leur lieu de travail.

    En quelques sortes, le territoire oĂč habitent ces travailleur.euses est un territoire servant ou fantĂŽme de la ville. MĂȘme si la ville n’est pas politiquement responsable de ce territoire elle l’influence directement. A cause de la ville, ce territoire se voit complĂštement transformĂ©.

    Si nous poussons la rĂ©flexion plus loin, quels sont tous les territoires, Ă©cosystĂšmes et personnes qui sont mobilisĂ©s par les villes. Est-ce qu’un champ qui nourrit une ville fait en quelque sorte partie de la ville ? Est-ce qu’une carriĂšre qui extraie le sable et le gravier pour les constructions d’une ville est assimilĂ© par cette ville ? Etc. etc.

    Au final jusqu’oĂč s’étendent les villes et quelles devraient ĂȘtre les responsabilitĂ©s Ă©tendues d’une ville lorsqu’elles viennent rĂ©ellement transformĂ©s tous les territoires proches et lointains (pensons Ă  un champ de soja qui nourrit du bĂ©tail français pour nourrir un.e citadin.e français.e) ?

    Si nous poussons la rĂ©flexion Ă  l’extrĂȘme, existe-t-il rĂ©ellement des territoires qui sortent de l’emprise de l’urbain (c’est-Ă -dire la ville construite, mais aussi son emprise de pouvoir et ses modes de vies associĂ©s) ? Est-ce que finalement la vie Ă  la campagne et tellement diffĂ©rent de celle de la ville, sachant que nous achetons des produits similaires en ayant des habitudes pas si diffĂ©rentes ?

    Une fois ce constat fait que nous apprend rĂ©ellement ce concept ou que pouvons nous faire avec celui-ci. En effet, l’idĂ©e n’est pas juste de dire que tout est urbain et nous sommes tou.tes quelque part urbain. Pour moi, ce concept nous appelle Ă  se poser rĂ©ellement la question de la gouvernance des ressources, des terres, des emplois au niveau local, national et international. Lors des Ă©pisodes sur l’échange inĂ©gal et de la gĂ©opolitique des ressources, nous avions soulignĂ© qu’il faudra trouver des modalitĂ©s justes pour partager les ressources tout en tenant compte du passĂ© colonial mais aussi de l’oppression des villes sur les campagnes.

    Vu qu’il existe une relation de la poule et de l’oeuf entre les villes et l’économie nĂ©olibĂ©rale, nous pouvons nous poser la question Ă  quoi ressembleront les territoires qui Ă©changent de maniĂšre juste avec leurs voisins. Est-ce qu’un territoire qui abrite plus de 100 000 personnes ou 1 000 000 de personnes est par dĂ©finition un territoire injuste qui approprient des ressources proches et lointaines ?

    Il est sĂ»r que les villes d’aujourd’hui nous laissent penser ceci. Mais est-ce une fatalitĂ© ? Une chose est sĂ»r, si nous rĂ©duisons notre demande de ressources et nous relocalisons en partie cette demande, ces Ă©changes pourront ĂȘtre plus apaisĂ©s.

    Allez à demain pour la lettre V ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre T est Transition.


    C’est un autre concept est souvent revenu dans cette sĂ©rie d'Ă©pisodes et qu’on entend un peu partout, tout le temps et Ă  toutes les sens. On l’entend tellement qu’il est difficilement d’y voir clair. De sĂ©parer les discours de greenwashing, d’une Ă©tude sĂ©rieuse de la transformation d’une sociĂ©tĂ©.

    Afin d’y voir un peu plus clair je vous propose de vous prĂ©senter quelques dĂ©finitions et quelques composantes d’une transition pour mieux recontextualiser les efforts actuels par diffĂ©rents acteurs.

    📚 Transition : une dĂ©finition

    De maniĂšre simple, nous pouvons dĂ©finir la transition comme un passage d’un Ă©tat (stable) vers un autre. Ceci est facilement imaginable quand nous pensons la transition de l’eau d’un Ă©tat solide vers un Ă©tat liquide ou gazeux.

    Par contre, quand on parle d’un systĂšme socio-Ă©cologique (par exemple un territoire ou une ville), qu’est-ce qui dĂ©crit un Ă©tat ? Qu’est-ce qui dĂ©crit un Ă©tat stable et en existe-t-il un ? Existe-t-il des phases ou Ă©lĂ©ments fondamentaux pour qu’une transition s’opĂšre ? Quand pouvons nous acter qu’une transition a Ă©tĂ© effectuĂ©e ? Et pouvons nous de maniĂšre thĂ©orique prĂ©voir voire orchestrer une transition ?

    Pour aborder cette notion complexe, je vous propose de donner quelques dĂ©finitions puis un exemple. Dans le graphique ci-dessous, certaines composantes d’une transition (empruntĂ©es des transitions des systĂšmes Ă©cologiques) sont illustrĂ©es dans la Figure 1 :

    Signaux d’Alerte PrĂ©coces (Early Warning Signals) : SĂ©rie de signaux qui annoncent qu’un changement significatif pourrait se produire Ă  faible ou grande probabilitĂ©. Par exemple, une frĂ©quence Ă©levĂ©e de canicules peut ĂȘtre un signal d’une perturbation de plus grande ampleur ou chronique.DĂ©clencheur (Trigger) : ElĂ©ment dĂ©clencheur qui initie un processus de transition. Par exemple, une pĂ©nurie de bois peut ĂȘtre l’élĂ©ment dĂ©clencheur pour introduire le charbon comme vecteur Ă©nergĂ©tique principal.Point de Bascule (Tipping Point) : Un point de bascule survient lorsque un faible changement (d’une quantitĂ© d’un flux de consommation ou de pollution) entraĂźne une rĂ©ponse forte et non-linĂ©aire. Par exemple, une fois la pollution d’un lac dĂ©passe un certain seuil, toute la vie du lac peut s’éteindre d’une maniĂšre abrupte et (quasi)irreversible.Transition : ensemble des processus qui bascule un systĂšme d’un Ă©tat (stable) vers un autre Ă©tat (stable).

    Afin d’éplucher cette complexitĂ©, je vous propose d’étudier l’évolution de la consommation Ă©nergĂ©tique de Paris du XVIIIĂš siĂšcle Ă  aujourd’hui grĂące Ă  l’incroyable article d’Eunhye Kim et Sabine Barles (Kim et Barles 2012).

    Dans cet article nous pouvons dĂ©couvrir plusieurs transitions Ă©nergĂ©tiques du systĂšme socio-Ă©cologique “Paris”. Par exemple, la consommation Ă©nergĂ©tique de Paris avant le 19Ăšme Ă©tait basĂ©e Ă  100% de bois (bois de chauffage, Ă  brĂ»ler et charbon de bois). Il a fallu environ 50 ans pour le charbon devienne le vecteur Ă©nergĂ©tique principal. Il a fallu par la suite environ un siĂšcle pour que les combustibles fossiles (autres que le charbon) reprĂ©sente ensemble plus de 50% du mix Ă©nergĂ©tique (avec une disparition complĂšte du bois). Cinquante ans plus tard, l’électricitĂ© et la chaleur reprĂ©sente 50% du mix Ă©nergĂ©tique parisien.


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  • Ce concept se retrouve en filigrane dans toute une sĂ©rie d’épisodes. Sur la question des flux, des low-techs, de l’échange inĂ©gal, de la justice environnementale, sur la dĂ©croissance. Bref, comme vous le voyez c’est un concept central pour la question des enjeux socio-Ă©cologiques prĂ©sents et futurs.


    Lors de mon entretien avec Yamina Saheb, elle me mentionnée que la sobriété telle que décrite dans le volet 3 du sixiÚme rapport du GIEC pourrait se définir ainsi :

    "les politiques de sobriĂ©tĂ© sont un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matĂ©riaux, de terres et d’eau, tout en assurant le bien-ĂȘtre humain pour tou.tes dans le cadre des limites planĂ©taires".


    Si nous décortiquons cette définition, nous avons quatre points à souligner :


    1/ La sobriĂ©tĂ© se base d’abord sur des mesures politiques qui par la suite facilitent les pratiques quotidiennes. Il est beaucoup plus simple de prendre un vĂ©lo lorsqu’il existe une piste cyclable. Il est beaucoup plus simple de se dĂ©placer Ă  pied lorsque les logements sont proches des emplois et des commerces.

    2/ La sobriĂ©tĂ© doit se focaliser sur toutes les ressources et sortir de la myopie carbone et Ă©nergĂ©tique. Nous devons rĂ©duire de maniĂšre absolue, simultanĂ©e et systĂ©mique notre demande de ressources sans compromis d’une ressource vers une autre.

    3/ La consommation des ressources doit ĂȘtre utilisĂ©e pour assurer le bien-ĂȘtre humain. Il est ici sous-entendu que nous utilisons aujourd’hui des ressources qui ne contribuent pas directement au bien-ĂȘtre et qu’il serait nĂ©cessaire de s’assurer de ce lien. Cette consommation de ressources doit aussi s’intĂ©grer Ă  l’intĂ©rieur des limites planĂ©taires

    4/ Finalement, la partie sur le bien ĂȘtre pour tou.tes souligne cette fois-ci la question de justice environnementale mentionnĂ©e dans un autre Ă©pisode.


    Dans le rĂ©sumĂ© pour dĂ©cideurs de ce fameux volet 3, nous pouvons Ă©galement voir que l’impact des mesures de sobriĂ©tĂ© est Ă©norme. Les mesures de sobriĂ©tĂ© dans l’alimentation pourraient rĂ©duire de 44% les Ă©missions de GES associĂ©es. Dans le cas du transport la rĂ©duction serait autour de 67%, dans le cas des bĂątiments 66% et dans le cas de l’électricitĂ© 73%.


    En français, le mot sobriĂ©tĂ© est peut-ĂȘtre choisi pour illustrer notre Ă©briĂ©tĂ© matĂ©rielle et Ă©nergĂ©tique durant ce dernier siĂšcle. Il est sĂ»r que nous sommes devenus accros Ă  de l’énergie pas cher et Ă  des matĂ©riaux sont se soucier des dĂ©gĂąts environnementaux et sociĂ©taux proches ou lointains.


    Mais le mot suffisance comme en anglais sufficiency serait peut-ĂȘtre encore plus appropriĂ© selon moi pour illustrer la sobriĂ©tĂ©. La vraie idĂ©e derriĂšre la sobriĂ©tĂ© serait de consommer que les ressources suffisantes pour satisfaire les besoins et pas plus. Eviter la demande excessive afin de ne pas produire de trop.


    Allez Ă  demain pour la lettre T,

    ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre R est RĂ©gime d’HistoricitĂ©.

    Ce concept assez nouveau pour moi, reprĂ©sente le rapport que les sociĂ©tĂ©s entretiennent avec leur passĂ©, leur prĂ©sent et leur futur. Ce concept ou outil heuristique dĂ©veloppĂ© par l’historien François Hartog se place entre l’histoire et l’anthropologie et nous permet de mieux recontextualiser certains choix techniques et politiques d’une sociĂ©tĂ©.

    Par exemple en GrĂšce Antique, nous pourrions parler d’un rĂ©gime d’historicitĂ© antique ou passĂ©iste. Le passĂ© Ă©tait glorifiĂ© et le prĂ©sent et le futur Ă©taient en quelques sortes prĂ©dĂ©terminĂ©s par les mythes passĂ©s.

    Nous avons Ă©galement le rĂ©gime d’historicitĂ© moderne qui selon François Hartog va de 1789 Ă  1989 et qui est cette fois-ci futuriste. Dans ce rĂ©gime d’historicitĂ©, le passĂ© et le prĂ©sent se projettent vers le futur qui sera par dĂ©finition ou construction meilleur et prospĂšre. Il y a un effet d’accĂ©lĂ©ration perpĂ©tuelle vers le futur qui est trĂšs dĂ©pendant au progrĂšs.

    Je dois ouvrir une parenthĂšse ici, par rapport Ă  la question du progrĂšs. Lors de mon entretien avec François Jarrige, il me disait que le progrĂšs Ă©tait accompli par diffĂ©rents moyens Ă  travers les siĂšcles. Par exemple durant le 18Ăšme, le progrĂšs pouvait ĂȘtre accompli par l’amĂ©lioration des moeurs, l’essor du commerce, l’essor des savoir et des connaissances. Cette diversitĂ© de la conception du progrĂšs va se refermer au 19Ăšme en mettant en avant la technique comme seul moyen d’avoir du progrĂšs.

    Cette nouvelle conception du progrĂšs ainsi que ce rĂ©gime d’historicitĂ© moderne nous plonge pendant quasi deux siĂšcles dans un verrouillage idĂ©ologique et technologique dans lequel nous devons toujours aller vers l’avant et pour se faire on a besoin de progrĂšs technologique.

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    Olivier Coutard me disait dans un autre entretien que ce rĂ©gime d’historicitĂ© moderne avait aussi Ă©tĂ© cristalisĂ© et permi par les infrastructures. En effet, les infrastructures modernes sont conçues pour matĂ©rialiser des promesses futures. Nous empruntons de l’argent et des ressources pour la promesse de gains futurs que ce soit des Ă©conomiques ou alors la satisfaction de futurs besoins.

    Et là se trouve tout l’enjeu.

    On hĂ©rite Ă  prĂ©sent d’une myriade d’infrastructures qui sont conçues pour un futur toujours plus abondant avec une idĂ©ologie qu’il est impossible de saturer les besoins puisqu’ils croissent de maniĂšre non bornĂ©e.

    Finalement, selon François Hartog, nous nous trouvons peut-ĂȘtre aujourd’hui dans un nouveau rĂ©gime d’historicitĂ©, qui est peut-ĂȘtre transitoire, qui s’appelle le prĂ©sentisme. En d’autres mots nos sociĂ©tĂ©s ne se prĂ©occupent plus du passĂ© ou du futr mais elles sont obsĂ©dĂ©es par le prĂ©sent. Nous n’avons plus d’horizons futurs.

    Pour conclure, je dois bien prĂ©ciser que je suis ni historien, ni anthropologue mais je trouve ce concept de rĂ©gimes d’historicitĂ© trĂšs utile pour comprendre pourquoi nos mettons en place certaines infrastructures, pourquoi les personnes politiques mettent en avant des promesses futures qui vont ĂȘtre rĂ©solues grĂące Ă  la technique et finalement peut-ĂȘtre pourquoi aujourd’hui nous n’avons pas de vision claire pour le futur.

    Allez Ă  demain pour la lettre S,

    ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre Q est Quota.


    Dans cette sĂ©ries d’épisodes j’ai essayĂ© de souligner notre surconsommation de ressources et nos Ă©missions de polluants au niveau mondial et local. J’ai Ă©galement essayĂ© de rĂ©pĂ©ter que les crises que nous traversons ne sont pas uniquement Ă©cologiques mais aussi sociĂ©tales.

    En rĂ©sumĂ©, nous sommes en train de trop extraire et polluer. Mais en rĂ©alitĂ©, cette consommation ne bĂ©nĂ©ficie qu’une petite partie de la planĂšte pour que la majoritĂ© de la planĂšte subisse les consĂ©quences.


    Un moyen de s’attaquer Ă  cet enjeu socio-Ă©cologique de face serait de dĂ©finir (collectivement et dĂ©mocratiquement) une liste de besoins essentiels auxquels nous aurions tou.tes droit.

    Je vous vois venir. Oui mais les besoins c’est subjectif. Comment on dĂ©finit quelque chose de subjectif pour tous ? Une personne agĂ©e et une personne jeune n’ont pas besoin des mĂȘmes choses.

    Ne vous inquietez pas, il y a un moyen de contourner cette question. Lors de mon entretien avec CĂ©dric Durand, il me disait qu’il considĂ©rait un besoin comme universel lorsque :

    1/ ce besoin peut-ĂȘtre fourni Ă  tou.tes

    2/ la satisfaction de ce besoin par tou.tes ne fait pas dépasser les limites planétaires

    Cela ressemble Ă  l’économie du doughnut appliquĂ© au niveau des besoins. On se trouve ainsi sur un chemin de crĂȘte oĂč nous devons composer dĂ©mocratiquement sur ce qui possible et ce qui est essentiel. Cela ne veut pas dire que nous allons tous et toutes satisfaire les mĂȘmes besoins mais nous avons une palette avec laquelle nous pouvons composer notre vie.

    Dans un monde parfait, ces besoins essentiels pourraient garantis par son territoire, son pays ou au niveau mondial. Un nombre de kWh d’énergie pour le chauffage et les appareils Ă©lectromĂ©nagers garantis. Un nombre de m3 d’eau pour la nourriture et l’hygiĂšne garantis. Un nombre de kms de dĂ©placement garantis.

    Cela peut paraĂźtre extrĂȘme mais dans beaucoup de pays l’éducation et les soins de santĂ© fonctionnent dĂ©jĂ  sous ses modalitĂ©s.

    L’idĂ©e serait de fournir un quota de ressources nĂ©cessaires pour satisfaire des besoins essentiels. Et pour ces quotas on revient Ă  la question : 1/ fourniture Ă  tout le monde et 2/ non dĂ©passement des limites planĂ©taires.

    Dans l’histoire ces quotas ont souvent Ă©tĂ© utilisĂ©, notamment durant les guerres ou durant les crises financiĂšres. Durant la PremiĂšre Guerre Mondiale, Ă  Paris, le charbon Ă©tait distribuĂ© par coupons en fonction de la taille d’un mĂ©nage. A cette Ă©poque, une grande partie de la population la plus pauvre a eu accĂšs pour la premiĂšre d’un confort de vie plus Ă©levĂ©. Cette question de rationnement est notamment Ă©tudiĂ©e par la chercheuse Mathilde Szuba1.


    En pratique, aujourd’hui nous voyons des agences de l’eau proposer des tarifs diffĂ©rents en fonction du niveau de la consommation, allant de gratuit pour les premiers m3 essentiels Ă  trĂšs cher lorsque le nombre des m3 devient trop important.

    Je ne pense pas que nous devons utiliser le levier du prix pour rĂ©soudre cette question car les plus riches auront toujours un moyen de consommer plus (par exemple en rachetant les quotas d’autres personnes).


    Bref, cette question de quota de ressources et de quota d’émissions permet Ă  mon sens de rendre beaucoup plus tangible la finitude des ressources et du budget carbone. Cela permetrait d’expliciter le lien entre empreinte et besoins (plutĂŽt qu’empreinte et consommation). Ce lien pourrait par la suite ĂȘtre mobilisĂ© afin de mieux dimensionner les infrastructures (lettre I) et choisir le niveau de technique pour y parvenir (lettre L).

    Allez Ă  demain pour la lettre R,

    ✌


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  • 📅 Calendrier de l'Avent 16/26 - P comme Paradoxe de Jevons


    Ce concept dĂ©veloppĂ© par Stanley Jevons au XIXĂš siĂšcle souligne que malgrĂ© l’augmentation de l’efficacitĂ© (crĂ©er plus de produits pour la mĂȘme quantitĂ© de ressources) de notre utilisation de ressources notre consommation totale et absolue augmente.


    Dans son livre intitulĂ© Sur la question du Charbon datant de 1865, Jevons remarque que la consommation totale de charbon en Angleterre a considĂ©rablement augmentĂ© malgrĂ© les considĂ©rables amĂ©liorations d’efficacitĂ© amenĂ©es par la machine Ă  vapeur de James Watt. La raison se trouve dans le fait que les amĂ©liorations amenĂ©es font chuter le prix puisque nous avons besoin de moins de charbon pour un travail mĂ©canique Ă©gal des machines, et du coup celles-ci se dĂ©multiplient.


    Dans le livre Cheaponomics, il est estimĂ© que les diffĂ©rents progrĂšs technologiques des machines Ă  vapeur ont rĂ©duit de deux-tiers (66 %) la consommation de charbon par unitĂ© de fer produite, mais dans le mĂȘme temps ont conduit Ă  une multiplication par dix (1 000 %) de la quantitĂ© de charbon consommĂ©e.


    Nous rentrons ainsi vers une boucle de rĂ©troaction positif ou chaque progrĂšs, chaque avancĂ©e technologique est effacĂ©e ou absorbĂ©e par notre augmentation totale de la consommation. Chaque effort des ingĂ©nieu.res pour rendre nos systĂšmes plus efficaces est d’une certaine maniĂšre rĂ©investi dans la machine pour consommer plus.


    A l’heure de dĂ©matĂ©rialisation et de la dĂ©carbonation, allons nous pouvoir enfin dĂ©coupler notre consommation totale avec les gains d’efficacitĂ© ?

    Cette question n’a pas de rĂ©ponse forcĂ©ment technique mais plutĂŽt une rĂ©ponse idĂ©ologique ou de valeur sociĂ©tale car pour y rĂ©pondre nous avons plusieurs choix.


    1/ Profiter de l’efficacitĂ© pour maintenir le mĂȘme confort de vie actuel et du coup maintenir notre consommation de ressources actuelle. Appelons ceci une Ă©conomie stationnaire.


    2/ Utiliser l’efficacitĂ© actuelle ET Ă©liminer les gaspillages ainsi que des activitĂ©s superflues afin de rĂ©duire de maniĂšre absolue notre consomamtion de ressources actuelle. Appelons ceci une Ă©conomie de dĂ©croissance.


    3/ Utiliser cette efficacitĂ© et redistribuer les ressources Ă©quitablement pour offrir les mĂȘmes services Ă  tou.tes et garder la consommation actuelle. Appelons ceci une Ă©conomie redistributive.


    4/ Continuer Ă  faire comme aujourd’hui. Toujours inventer de nouvelles technologies qui vont certes produire des avions et des voitures plus efficaces, des bĂątiments plus optimisĂ©s, des chaussures upcyclĂ©es mais jamais rĂ©duire notre consommation. Une fuite Ă  l’avant Ă  la fois.


    Entendons nous, je ne suis pas en train de dire que l’efficacitĂ© est mauvaise en soi. Pas du tout. Au contraire, profitons autant que possible de tous les progrĂšs technologiques que nous avons pu dĂ©velopper mais pour les bonnes raisons. Et par la mĂȘme occasion, posons nous la question de quand le cycle perpĂ©tuel de nouvelles technologies doit s’arrĂȘter.


    Allez Ă  demain pour la lettre Q,

    ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre O comme FenĂȘtre d’Overton.

    Ce concept dĂ©veloppĂ© par Joseph P. Overton, un politologue et lobbyiste amĂ©ricain prĂ©sente une “fenĂȘtre” dans laquelle une sĂ©rie d’idĂ©es et de politiques sont considĂ©rĂ©es comme acceptable par l’opinion du grand public. A l’extĂ©rieur de cette fenĂȘtre les idĂ©es sont considĂ©rĂ©es comme trop extrĂȘmes et non entendables par le grand public particuliĂšrement pour faire passer une loi, une politique ou Ă©lir une personne.

    Cette illustration rĂ©sume les diffĂ©rentes niveaux d’acceptation d’une idĂ©e par le public.

    Une idĂ©e peut ĂȘtre considĂ©e comme : Impensable, Radicale, Acceptable, Raisonnable, Populaire, ou acceptĂ© comme une Politique publique. Ces idĂ©es peuvent ĂȘtre tant en faveur de plus de libertĂ©s ou moins de libertĂ©s.

    L’utilitĂ© de cette fenĂȘtre est de comprendre que malgrĂ© la popularitĂ© d’une personnalitĂ©, si les idĂ©es proposĂ©es se trouvent en dehors de la fenĂȘtre actuelle alors elles ont peu de chances de se transformer en politiques publiques.

    Cependant, cette fenĂȘtre n’est pas fixe ou statique. Elle peut bouger dans un sens ou dans un autre, se refermer ou s’élargir. Et lĂ  se trouve tout l’enjeu et toute l’opportunitĂ© pour les crises socio-Ă©cologiques. Nous pouvons tou.tes travailler pour Ă©largir la fenĂȘtre d’Overton.

    Cela peut se faire via l’activisme par exemple avec de la dĂ©sobĂ©issance non-violente comme dans le cas des mĂ©ga-bassines ou les ZAD, cela peut se faire via des Ă©tudes scientifiques produisent des connaissances empiriques d’alternatives, cela peut se faire via de la vulgarisation d’écrits ou de pensĂ©es.

    Bref, notre perception bouge rapidement dans le bon comme le mauvais sens. Il y a quelques annĂ©es, la sobriĂ©tĂ© et la dĂ©croissance Ă©taient des concepts radicaux voire impensables pour les politiques publiques. Aujourd’hui la sobriĂ©tĂ© est devenu un concept acceptable voire raisonnable. Qui sait, d’ici peu nous allons avoir des vraies politiques de sobriĂ©tĂ© voire des partis politiques qui vont se prĂ©senter avec des programmes de dĂ©croissance.

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    Notre travail peut se concentrer sur la production de connaissance, leurs transmissions et transformation en imaginaires afin d’ouvrir le champ de possible. Avant le COVID, il Ă©tait impensable de fermer la majoritĂ© des aĂ©roports dans le monde. Certes de nombreux scientifiques s’efforcent de dire que nous devons rĂ©duire les GES mais c’est un autre type de crise qui a rendu cette idĂ©e raisonnable voire populaire.

    Les solutions et les idĂ©es sont dĂ©jĂ  toutes prĂ©sentes. Ne rĂ©inventons pas la roue. Efforçons nous de les rendrent acceptables et travailler contre les lobbys qui essayent de refermer cette fenĂȘtre.

    Allez Ă  demain pour la lettre P,

    ✌  


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre N est l’Azote ou en pour ĂȘtre plus prĂ©cis la lettre utilisĂ©e pour cet Ă©lĂ©ment atomique. Bon c’est Ă  nouveau un peu de la triche mais le sujet est trop important donc je devais le placer quelque part.


    L’azote est un Ă©lĂ©ment fondamental sur notre petite planĂšte. Il se retrouve en Ă©normes quantitĂ©s dans l’air sous forme de diazote (N2). Il se trouve Ă©galement que l’azote est Ă©galement un engrais fantastique pour les plantes et un des constituants des protĂ©ines et des acides aminĂ©s.


    La Nature fait bien les choses non ? Notre source premiĂšre de nourriture nĂ©cessite pour se dĂ©velopper l’élement le plus prĂ©sent dans l’air !


    Mais c’est lĂ  oĂč les choses se compliquent. Certes l’air est rempli de diazote mais les plantes et les animaux ne peuvent pas l’assimiler hormis quelques bactĂ©ries.


    Donc pendant des siĂšcles nous avons essayer de trouver des moyens de rajouter de l’azote sous forme rĂ©active aux plantes. Un des moyens principaux Ă©tait via les excreta humains et d’animaux puisque c’est par les urines que les humains Ă©vacuent la majoritĂ© des nutriments tels que l’azote des protĂ©ines et les sels minĂ©raux comme le phosphore et le potassium.


    C’est pour cela que jusqu’au dĂ©but du XXĂšme siĂšcle, l’agriculture et les villes se retrouvaient Ă  fonctionner en tandem. L’agriculture nourrisait la ville, la ville nourrisait l’agriculture. A titre d’exemple, au dĂ©but du XXĂšme le taux de recylage de l’azote des urines Ă  Paris Ă©tait de de 50%, contre 5% aujourd’hui !


    Mais que s’est-il passĂ© ?


    Aprùs une suite d’infrastructures, de lois et de technologies la revalorisation des urines est devenue obsolùte.


    Avec la construction des infrastructures d’approvisionnement d’eau et par la suite d’évacuation d’eau, les urines et l’agriculture ont Ă©tĂ© repoussĂ©es de plus en plus loin des villes.


    Puis Ă  partir de la fin de la 1Ăšre Guerre Mondiale, l’invention de Fritz Haber et Carl Bosch, qui permettait de rendre le diazote de l’air en ammoniac. Une quantitĂ© considĂ©rable d’usines de production d’ammoniac et de nitrate d’ammonium ont notamment Ă©tĂ© construites durant la premiĂšre Guerre Mondiale puisque le nitrate d’ammonium Ă©tait la base d’explosifs . Nous nous retrouvons donc Ă  la fin de la premiĂšre Guerre Mondiale avec une grande quantitĂ© d’infrastructures qui sont prĂȘtes Ă  ĂȘtre rentabilisĂ©es en produisant des engrais de synthĂšse.


    Il s’agit ici d’un point de bascule puisque les urines n’avaient plus d’exutoir et nous avons donc dĂ©velopper des stations d’épurations pour Ă©liminer les fameux nutriments avant de rejetter ce liquide dans les cours d’eau.


    Donc aujourd’hui on se retrouve d’un cĂŽtĂ© fabriquer des engrais azotĂ©s grĂące Ă  des Ă©nergies fossiles et d’un autre cĂŽtĂ© consommĂ© de l’énergie pour dĂ©truire l’azote des urines. Vous voyez la contradiction ?


    Pour sortir de cette contradiction, nous pouvons bien Ă©videmment remettre en place une collection sĂ©parĂ©e de l’urine pour ĂȘtre par aprĂšs utilisĂ©e dans l’agriculture mais aussi favoriser les lĂ©gumineuses dont les racines arrivent Ă  capter et transformer le diazote de l’air.


    Lors de mon entretien avec Fabien Esculier, il me disait que si on collectait l’urine de tous les habitants de l’agglomĂ©ration parisienne et qu’on valorisait ses nutriments pour fertiliser de la culture de blĂ© nous pourrions produire jusqu’à 25 millions de baguettes par jour !


    Le rebouclage des flux d’azote permettrait en autre de rĂ©duire la quantitĂ© d’eau potable utilisĂ©e dans les toilettes, rĂ©duire la consommation Ă©nergĂ©tique amont et aval de l’agriculture mais aussi de rĂ©duire l’eutrophisation des riviĂšres puisque l’azote des animaux serait rĂ©utiliser directement dans les champs.


    A demain pour la lettre O,


    ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre M est MĂ©tabolisme mais aussi MĂ©tabolisme Urbain, MĂ©tabolisme Territorial ou MĂ©tabolisme SociĂ©tal.


    Je vais utiliser cet Ă©pisode pour vous expliquer pourquoi ce concept est pour moi, Ă  ce point fondamental que j’y ai consacrĂ© toute ma vie professionnelle. Cela fait bientĂŽt 15 que je fais des recherches sur ce domaine et j’en suis autant passionnĂ© aujourd’hui. Il existe de nombreuses dĂ©finitions pour ce concept, je vous en propose une pour mieux comprendre le reste.

    Le mĂ©tabolisme urbain est une mĂ©taphore visant Ă  analyser de maniĂšre systĂ©mique les relations socio-Ă©cologiques des villes avec leurs environnements via leurs flux, leurs stocks, les infrastructures, et les acteurs (ainsi que leur agence).


    Ce concept qui nous vient de notre ami Karl Marx parlant de la brisure ou rupture mĂ©tabolique puisque les dĂ©chets et excreta humains ne retournaient plus sur la Terre particuliĂšrement depuis l’industrialisation des villes europĂ©ennes et la concentration de la population dans les villes pour servir comme capital variable dans les usines.

    Depuis ce concept a été mobilisé par de nombreux et nombreuses scientifiques pour étudier la relation matérielle entre une société (ou un territoire) et son environnement dans le sens le plus large.

    Grùce à cette étude nous arrivons à expliciter le fonctionnement physique de nos territoires et de nos sociétés ainsi que de mieux comprendre leurs impacts socio-écologiques.

    Par exemple, nous pouvons apprendre combien consomment certains territoires mais aussi cartographier les “arriĂšres-pays” ou “territoires servants”. Nous pouvons cartographier la consommation de certaines ressources pour comprendre quels segments de la population ont droit Ă  une ressource et Ă  quelle quantitĂ©.

    Nous pouvons Ă©galement Ă©tudier le mĂ©tabolisme d’un territoire sur le temps long pour surligner les diffĂ©rentes facettes politiques, Ă©conomiques, technologiques qui se sont succĂ©dĂ©es et encastrĂ©es pour passer d’un rĂ©gime mĂ©tabolique vers un autre.

    Nous pouvons Ă©galement spatialiser les acteurs et les activitĂ©s Ă©conomiques qui mobilisent les flux de ressources et de dĂ©chets. Et oui, les flux ne bougent pas comme ça par magie. Il existe des lois, des entreprises, des “actants” derriĂšre chaque flux. Nous n’avons pas tou.tes la mĂȘme agentivitĂ© pour faire circuler des flux.

    Finalement, nous pouvons Ă©galement combiner une Ă©tude mĂ©tabolique avec une Ă©tude du foncier pour se rendre de combien d’espace nous aurions besoin pour relocaliser notre production alimĂ©ntaire, nos matĂ©riaux de construction, notre production Ă©nergĂ©tique, etc.

    En faisant ce type d’études nous nous rendons vite compte de la complexitĂ© des enjeux mais aussi des marges de maneuvres rĂ©elles pour faire bouger les choses. C’est des diagnostics souvent assomants mais qui peuvent Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©s comme outil de prospection pour des territoires plus sobres, circulaires, juste, et auto-suffisants.

    D’ailleurs, je profite de cet Ă©pisode pour partager avec vous que je viens de finir le draft de mon livre sur exactement ce sujet et ces problĂ©matiques. Nous sommes Ă  prĂ©sent en train de l’illustrer avec GaĂ«tan AmossĂ© d’ici quelques semaines nous allons lancer une campagne de financement participative pour nous aider Ă  finir ce projet !

    Allez Ă  demain pour la lettre N,

    ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre L est Low-Tech (ou techno-discernement en Français).

    Ce concept est pour moi en continuation parfaite de l’épisode prĂ©cĂ©dent lorsque nous avons parlĂ© d’arbitrage de flux pour un budget carbone ou matĂ©riel fixĂ© ou fini mais aussi celui des infrastructures.

    Je m’explique. Lorsque nous sommes confrontĂ©.es Ă  un problĂšme donnĂ© (chauffer une ville, produire de la nourriture, construire un bĂątiment, etc.) nous avons une myriade de solutions ou de moyens de faire devant nous. Certains se basent sur des technologies trĂšs avancĂ©es (et des fois polluantes), d’autres moins.

    Pour produire un kilo de nourriture, nous pourrions soit utiliser quelques outils primitifs, sans intrants artificiels (pesticides, engrais artificiels, semences industrielles, etc.), sans motorisation et avec des connaissances agronomiques poussĂ©es et beaucoup de main d’oeuvre. Nous pourrions au contraire, se servir d’énergies fossiles peu chĂšres pour fabriquer des engrais, nourrir des machines et des sols mais en perdant la relation intime et contextuelle avec le sol.

    Nous pourrions rĂ©pĂ©ter cet exercice pour le secteur de la construction. Pour construire une maison ou un bĂątiment, nous pourrions utiliser des matĂ©riaux bio- et gĂ©o-sourcĂ©s locaux, rĂ©employer des matĂ©riaux de construction, et inclure des principes bioclimatiques. Ou au contraire, nous pourrions utiliser des matĂ©riaux hautement carbonnĂ©s tels que le ciment/bĂ©ton, l’acier, l’isolation fossile, en utilisant un plan standard et rĂ©pĂ©tĂ©.

    Ces deux extrĂȘmes soulignent deux visions du monde bien diffĂ©rentes de notre rapport Ă  la puissance, Ă  la finitude, au soin, Ă  la main d’oeuvre, Ă  l’emploi, au territoire, et pleins d’autres sujets.

    Notre rapport Ă  la technique et Ă  la technologie ne doit pas se rĂ©sumer au dĂ©bat stĂ©rile ĂȘtre technosolutionniste ou amish. Nous devons remettre au centre du dĂ©bat la vision du monde permise et mise en avant par une certaine technologie.

    Il est sĂ»r que grĂące Ă  l’énergie fossile et la mĂ©canisation nous avons pu sortir de conditions de vie trĂšs difficiles et pĂ©nibles. Personne ne peut nier cela. Mais nous avons basculer dans l’excĂšs. Peut-ĂȘtre qu’il serait temps de faire le bilan de quelles technologies et techniques sont encore viables et produisent rĂ©ellement des bienfaits sociĂ©taux et Ă©cologiques. Nous avons suffisamment de recul pour se poser ses questions et ne pas s’engouffrer dans des nouveaux dĂ©lires tels que l’utilisation de drones dans l’agriculture, un rĂ©seau 6G, l’IA gĂ©nĂ©ralisĂ©e, etc.


    Reposons nous la question de si nous voulons faire disparaĂźtre l’artisanat, la paysannerie, la rĂ©paration au profit de la mĂ©canisation et par consĂ©quence de la tertiarisation de l’économie. Pour rappel il est estimĂ© que 70% des français.e.s vivaient de l’agriculture en 1789 contre 1.5% aujourd’hui.

    La question est assez simple au final, oĂč plaçons nous le curseur entre travail et emploi humain vs. travail des machines ? et que faisons nous avec le travail libĂ©rĂ©e grĂące aux machines ? Est-ce qu’on l’utilise pour prendre soin de nous et de nos territoires ou pour s’acheter de temps dans le futur ?


    Nous revenons encore une fois à des questions de démocratie et de valeurs sociétales.

    Si nous baissons collectivement nos attentes mĂ©caniques pour dĂ©velopper des emplois locaux (pour l’agriculture, la construction, la rĂ©paration, la gestion de l’eau, le soin, l’éducation), muscler notre auto-suffisance matĂ©rielle et technique, alors notre rapport Ă  la technique peut se transformer en notre faveur. Attention, cela veut dire que nous allons tous et toutes devoir mettre la main Ă  la pĂąte. On ne peut pas tout avoir, mais peut-ĂȘtre que nous allons redonner du sens Ă  certains emplois et territoires.

    Comme d’habitude, je vous recommande de prolonger ces rĂ©flexions avec quelques Ă©pisodes ci-dessous.

    Allez Ă  demain pour la lettre M,

    ✌


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  • đŸ“șCe podcast est 100% indĂ©pendant, pour nous aider Ă  le rendre pĂ©renne, c'est ici 👉 https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcast


    Le mot d’aujourd’hui pour la lettre K est Kilo (ou kilotonnes, kilomùtres, kilowatt heures, etc.).


    En d’autres mots, les unitĂ©s des flux mĂ©taboliques qui Ă©clairent, chauffent, nourrissent, lavent, dĂ©placent les citoyen.nes des territoires urbains et ruraux.


    Lorsqu’on Ă©tudie le mĂ©tabolisme d’un territoire, d’une sociĂ©tĂ© ou d’un pays, nous parlons fluidement la langue des kilotonnes ou kt pour les intimes.


    Combien de kt ont été extraits en France en 2019 ? Environ 700 000 kt (soit 10 t/pers).


    Combien de kt ont été importés par la Chine en 2019 ? Environ 4 000 000 kt (soit 2.5 t/pers).


    Combien de kt de ciment ont été produits dans le monde en 2023 ? Pareil 4 000 000 kt (soit 0.5 t/pers).


    Combien de Gaz à Effet de Serre ont été émis en 2019 ? Autour de 55 000 000 kt de CO2eq (soit 7t/pers)


    Ces chiffres nous permettent de bien comprendre les ordres de grandeur des flux biophysiques mobilisés par nos sociétés. Selon moi, bien comprendre ces chiffres, nous permet de traduire les activités économiques en leurs équivalents physiques. Cette explicitation physique permet quant à elle, de faire de meilleurs arbitrages en tant que société.


    Je m’explique. Vous connaissez peut-ĂȘtre le concept du budget carbone (çàd. la quantitĂ© de CO2 que nous pouvons encore Ă©mettre tout en restant sous la barre des 1.5 ou 2°C). Une fois que nous connaissons la quantitĂ© qu’il nous reste Ă  Ă©mettre, nous pouvons l’utiliser comme un moyen de savoir quelles activitĂ©s sont encore acceptables et dĂ©sirables dans nos territoires et quelles sont trop polluantes pour les services rendus. Cet exercice pourrait Ă©galement ĂȘtre effectuĂ© pour les matĂ©riaux, l’énergie, l’eau, etc.


    Imaginez avoir un tableau de bord mĂ©tabolique qui liste les activitĂ©s Ă©conomiques d’un territoire, prĂ©sentes et futures, et leurs besoins mĂ©taboliques. Nous pourrions par la suite regarder ce tableau en tant qu’assemblĂ©e citoyenne et dĂ©cider collectivement comment prioriser et arbitrer ces activitĂ©s.


    Evidemment, ici l’idĂ©e n’est pas de crĂ©er une n-iĂšme couche technocratique voire pire encore instaurer une dictature du chiffre. L’idĂ©e est plutĂŽt de repolitiser la question technique et mĂ©tabolique grĂące Ă  des ordres de grandeurs.


    Aujourd’hui les dĂ©bats Ă©cologiques (pro- ou anti-) se crispent sur des idĂ©es, des techniques et des projets. Mais il serait nĂ©cessaire de rendre ces dĂ©bats concrets et faire comprendre les vrais enjeux. En effet, lorsqu’un nouveau projet est proposĂ© (autoroute, aĂ©roport, Ă©coquartier, etc.) par les entreprises ou l’Etat, nous entendons uniquement les bienfaits et les avantages. Nous n’entendons pas toutes les ressources et pollutions qui seront soustraitent de notre budget carbone et de ressources. Nous n’entendons pas que si nous acceptons un nouveau projet alors cela viendra au dĂ©pens d’autres besoins plus essentiels.


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    Nous vivons dans un monde fini. Alors utilisons les unités et les ordres de grandeurs métaboliques pour avoir des vrais dialogues et arbitrages. Apprenons à vivre avec le fini pour rendre nos sociétés justes et pérennes.


    Allez Ă  demain pour la lettre L,

    ✌


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  • đŸŽ„ Cet Ă©pisode est sponsorisĂ© par la Fondation Modus  @modus-ge  . Lien vers le podcast de la Fondation : https://youtu.be/NG2Auc-In6I (vidĂ©o Ă©voquĂ©e dans cet Ă©pisode)


    Aujourd’hui, nous allons explorer comment agriculture et architecture se sont renforcĂ©es l'une l'autre depuis la rĂ©volution nĂ©olithique, jusqu'Ă  devenir toutes 2 destructrices pour notre Ă©cosystĂšme actuel.

    Comment en est-on arrivĂ© lĂ  ? Et, suite Ă  ce constat, comment construire des scĂ©narios oĂč architecture et agriculture cohabitent pour mieux rĂ©pondre aux crises socio-Ă©cologiques ?


    Vous ĂȘtes sur le podcast Circular Metabolism, le podcast pour mieux comprendre le mĂ©tabolisme de nos sociĂ©tĂ©s et leurs impacts socio-environnementaux.


    Pour parler de ces sujets, j’ai le plaisir d'accueillir SĂ©bastien Marot.

    SĂ©bastien est :

    - philosophe,

    - spĂ©cialiste d’histoire de l’environnement,

    - et professeur à l’Ecole d’Architecture de la Ville et des Territoires Paris-Est


    Il a notamment écrit un livre basé sur son une exposition basée Prendre la clef des champs, qui explore le lien entre agriculture et architecture.


    Et pour comprendre cette dynamique, nous allons parler :

    - de l’histoire de ces 2 pratiques,

    - de l’impasse Ă©cologique Ă  laquelle elles nous ont menĂ©,

    - et de 4 scĂ©narios futurs mĂȘlant architecture et agriculture pour sortir de cette impasse.


    đŸ”· SOMMAIRE


    00:00:00 Introduction

    00:01:48 Crises crĂ©Ă©es par l’urbanisation

    00:10:59 Architecture et agriculture inséparables

    00:22:21 Verrouillages agricoles et architecturaux

    00:34:18 Les 4 futurs selon David Holmgren

    00:46:36 Les 4 futurs selon SĂ©bastien Marot


    đŸ”· REFERENCES


    Écrits et auteurs citĂ©s

    00:01:48 Prendre la clef des champs - SĂ©bastien Marot

    00:17:36 The Limits to Growth - D&D Meadows, J. Randers & W. Behrens

    00:17:56 The Entropy Law and the Economic Process - Nicholas Georgescu-Roegen

    00:18:10 Designing for survival - Colin Moorcraft

    00:35:17 Zomia ou l’art de ne pas ĂȘtre gouvernĂ© - James C. Scott

    00:35:47 Au commencement Ă©tait... - David Wengrow & David Graeber

    00:37:39 Scénarios futurs - David Holmgren

    00:45:07 Crash on demand : Welcome to the Brown Tech future - David Holmgren

    00:51:22 Whole Earth Discipline - Stewart Brand

    00:54:00 Broadacre City, la nouvelle frontiĂšre - Frank Lloyd Wright


    Autres personnes citées

    00:16:44 Bill Mollison

    00:16:56 Kevin Lynch

    00:17:53 Howard T. Odum

    00:29:32 Fritz Haber & Carl Bosch

    00:50:43 Richard Buckminster Fuller

    00:54:08 Albert Pope


    Episodes mentionnés

    00:28:35 Mathieu Calame : https://www.youtube.com/watch?v=FlyKUBtcLlU

    00:58:49 David Holmgren : https://www.youtube.com/watch?v=KQ_w8lwY6dw

    00:58:56 Carolyn Steel : https://www.youtube.com/watch?v=jQMjwO7bqtQ


    đŸ”· CRÉDITS


    đŸŽ€ Interview : Aristide Athanassiadis

    đŸŽžïž Montage: https://codexprod.fr

    -------------------------------------------------------------------------------------------------

    đŸ”· LIENS VERS LE PODCAST


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    Le mot d’aujourd’hui pour la lettre J est Justice Environnementale ou l’autre face de la mĂ©daille de l’AnthropocĂšne.


    En effet, lorsqu’on on entend l’expression AnthropocĂšne c’est pour dĂ©crire la dĂ©gradation de l’état d’habitabilitĂ© de la planĂšte pour les sociĂ©tĂ©s humaines. Un Ă©tat de vulnĂ©rabilitĂ© et de destructions d’écosystĂšmes Ă  cause d’une consommation excessive, trop rapide et trop linĂ©aire de flux de ressources.


    Mais ce qu’on entend moins souvent est que cette consommation ne profite qu’à une petite partie de la population nationale ou mondiale au dĂ©pens du reste. Pire encore, les personnes qui ont le moins contribuĂ© aux crises Ă©cologiques vont ĂȘtre celles qui vont le plus les subir. Rappelons nous des innondations au Pakistan qui ont impactĂ© une grande partie du pays. Pensons aux Etats insulaires dans les CaraĂŻbes ou dans l’OcĂ©an Pacifique qui pourraient voir leurs Ăźles complĂštement disparaĂźtre alors que leurs empreintes carbone et matĂ©rielle sont trĂšs faibles.


    Donc quand nous parlons de rĂ©duire les consommations excessives et dĂ©carbonner nos sociĂ©tĂ©s, il ne s’agit pas seulement d’un moyen d’arrĂȘter la destruction du vivant, c’est aussi un levier de justice environnementale et sociale. RĂ©duire l’excessif de certaines personnes pour assurer le nĂ©cessaire pour la majoritĂ© de la planĂšte. Nous pouvons voir par exemple que les personnes avec un revenu infĂ©rieur Ă  6000 $/an (les personnes les 50% les plus pauvres au monde) ne sont responsables que de 7% des Ă©missions globales (Emissions Gap Report 2020) contre 15% pour 1% les plus riches.


    La bonne nouvelle est qu’un monde juste est a priori un monde plus facile Ă  dĂ©carbonner. Une Ă©tude a modelisĂ© qu’en thĂ©orie si on Ă©galise le monde au niveau Ă©conomique, la quantitĂ© de consommation Ă©nergĂ©tique ne bouge pas Ă©normĂ©ment mais le type de consommation bouge. Au lieu de consommer de maniĂšre inĂ©gale pour les transports aĂ©riens et terrestres, nous basculons vers plus de consommation de chaleur et d’électricitĂ© pour des logements qui est un secteur a priori plus facile Ă  dĂ©carboniser.


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    Une autre bonne nouvelle est que des milliers de personnes se battent tous les jours pour mettre fin Ă  cette injustice environnementale. L’Atlas de l’Injustice Environnementale recense plus de 4 200 cas oĂč des populations locales se sont battent (ou se sont battues) contre des projets d’extractivisme, des projets sur la gestion de l’eau et des dĂ©chets, des projets sur la destruction de la biodiversitĂ©, etc.


    Plus localement, une Ă©tude rĂ©cente a documentĂ© plus de 50 ans de luttes Ă©cologiques en France. Cette Ă©tude recense plus de 160 victoires ces derniers 10 ans et dĂ©crit comment ces luttes ont Ă©tĂ© gagnĂ© permettant de s’inspirer pour d’autres luttes futures.


    Donc de maniĂšre thĂ©orique, pratique ou de maniĂšre Ă©thique, rĂ©pondre Ă  la crise sociale est une prioritĂ© tout aussi urgente de la crise Ă©cologique. En France, comme dans le Monde il existe de nombreux exemples passĂ©s et prĂ©sents montrant qu’il est possible de mener et gagner une bataille pour la justice environnementale


    Allez Ă  demain pour la lettre K,


    ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre I est Infrastructure.

    Un des autres concepts que je traite rĂ©guliĂšrement dans le podcast est la question d’infrastructures. Quand on parle d’infrastructures on pense souvent Ă  un ingĂ©nieur en casque de chantier, des bĂ©tonneuses et des excavateurs. On pense Ă  des ponts, des routes et des aĂ©roports, etc. PrĂ©sentĂ© comme ça, le mot infrastructure ne paraĂźt pas ĂȘtre un sujet essentiel pour mieux comprendre les crises que nous traversons.

    Mais derriÚre ces artefacts se cache une des questions les plus épineuses pour nos sociétés.

    Avant de me plonger sur pourquoi le choix des infrastructures est un sujet d’importance sociĂ©tale, il faut peut-ĂȘtre rapeller certaines notions.

    Les infrastructures sont ces artefacts qui transforment les flux d’un Ă©tat vers un autre (par ex. une centrale Ă  charbon gĂ©nĂšre de l’électricitĂ© via la combustion de charbon) ou les transportent d’un endroit vers un autre (par ex. des rĂ©seaux Ă©nergĂ©tiques, d’eau, de transport routier/rail). Mais les infrastructures sont Ă©galement des stocks ou des rĂ©servoirs de matiĂšres (par ex. une centrale Ă  charbon est composĂ©e de bĂ©ton, acier, cuivre, et autres matĂ©riaux). Finalement, ces infrastructures facilitent ou permettent certaines pratiques et modes de vies (pensez routes pour vĂ©hicules individuelles vs. pistes cyclables pour vĂ©los).

    Du coup, les infrastructures consomment des flux pour ĂȘtre construites mais aussi et surtout un moteur ou facilitateur de consommation de flux. Dans les territoires urbanisĂ©s nous pouvons mĂȘme dire que sans infrastructures nous ne pouvons pas consommer de flux (mis Ă  part quelques exceptions telles qu’un potager).

    Cependant toute infrastructure n’est pas Ă©gale, ni en termes de besoin de matiĂšre, ni en satisfaction de besoins, ni en mobilisations de flux. Certaines engendrent la consommation de “mauvais” flux (infrastructures d’énergies fossiles) et certaines de “bons” flux (infrastructures cyclistes).


    Si ce n’était pas suffisamment compliquĂ©, il faut ajouter un aspect temporel aux infrastructures. Souvent, les infrastructures ont une durĂ©e de vie de quelques dizaines d’annĂ©es voire quelques centaines d’annĂ©es. En soi, faire des stocks qui durent c’est une bonne chose. Mais cela veut Ă©galement dire qu’une sociĂ©tĂ© peut se vĂ©rouiller dans une consommation de mauvais flux ou une consommation excessive de flux le temps de remplacer une infrastructure. De mĂȘme, ce vĂ©rouillage technique peut nous pousser Ă  maintenir certaines infrastructures en vie mais pour les maintenir nous devons continuer Ă  consommer des matĂ©riaux.

    Vous voyez le cercle vicieux ?


    Pour conclure, pourquoi le choix des infrastructures est Ă©minemment politique voire idĂ©ologique ? Parce que les infrastructures dĂ©terminent le champ des possibles. Le tout Ă  l’eau est une Ă©vidence aujourd’hui au point oĂč les alternatives sont difficiles Ă  imaginer. Il existe de nombreux moyens de satisfaire un besoin essentiel mais avec une intensitĂ© materielle trĂšs diffĂ©rente. Comme nous l’avons vu avec les manifestations pour les mĂ©ga-bassines, les infrastructures sont au coeur de nos enjeux et nous devons dĂ©mocratiser et repolitiser leur choix.


    Allez Ă  demain pour la lettre J,

    ✌


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