Episodes
-
La mer est omniprésente dans l'oeuvre graphique aussi bien que littéraire de Victor Hugo,
elle l'accompagne de sa puissance irréductiblement sauvage, offerte au regard humain
comme un miroir plein d'âme, autant que refusée à sa vision, impénétrable en ses profondeurs, éternellement agissante, murmurante, recommencée. Pleine de fureur et de bruits, peuplée d'histoires, de mémoires ou de voix disparues, elle ne cesse de faire brèche dans l'oeuvre, d'ouvrir à la double contemplation de la Ténèbre et du Ciel, d'effacer rivages et repères pour proposer sa houle innombrable, rappeler son foisonnement irrépressible travaillé par une invention permanente de formes. -
Tout dire pour tous et de toutes les façons possibles : c'est dans cette démesure que l'ensemble de l'œuvre de Victor Hugo trouve son unité profonde. Dans son projet, il y a une ambition totalitaire, dans la variation des genres, des sujets, des registres qui le caractérise, comme la volonté d'accomplir à lui seul toute la littérature possible. Chaque œuvre en elle-même contient tous les genres : la prose romanesque se fait poème, la poésie devient narrative, le discours produit une action dramatique et les héros sont des silhouettes opaques qui se meuvent dans un décor profond face au lecteur et non en lui, comme au théâtre.
-
Missing episodes?
-
Dans l'ombre de l'homme public, à la fois poète, dramaturge et romancier, se cache la figure nocturne de l'artiste graphique. Dès l'enfance, les carnets d'Hugo révèlent un goût à laisser courir sa plume selon les caprices du hasard ou de l'inconscient. Mais c'est surtout lors de ses voyages avec Juliette Drouet, illustrés de nombreuses compositions à la mine de plomb, que se développe sa veine picturale. Dans les années 1840, la révélation du Rhin puis la mort tragique de sa fille Léopoldine accentuent en lui le goût du fantastique et des ténèbres. Très pris par ses activités politiques, il délaisse quelque peu l'écriture pour dessiner sans relâche un univers à la mesure de son imagination : vues de châteaux surnaturels ou fantomatiques, de forêts angoissantes, d'aspects insolites de Paris ou de mystérieux végétaux. L'exil, tout en renouvelant son inspiration, suscite des expériences propres à traduire sa fièvre de création : fusain, gouache, sépia, aquarelle, mais aussi pochoirs, découpages, cartons…
-
Comme un grand nombre d'écrivains de son temps, Victor Hugo s'intéresse à la vie politique et cherche à y participer. Pour lui, le poète est un "veilleur", influencer les gouvernants et l'opinion fait partie de sa mission. Son intense activité d'écriture, loin de le couper de la réalité quotidienne, s'en nourrit bien souvent.
-
Chronologie et bibliographie
-
Au moment où éclate l'affaire Dreyfus, Zola est au sommet de sa carrière littéraire. Ses livres se vendent bien. Mais il ne se sent pas vraiment reconnu par les siens, c'est-à-dire le petit monde des lettres, comme le montrent ses nombreux échecs pour entrer à l'Académie française. Virtuellement républicain, parce que du côté du peuple, du droit et de la liberté, il n'est pas franchement accepté non plus par ses « amis » politiques qui lui reprochent de noircir la réalité sociale. Pourtant, son engagement dans ce qui va devenir l'« affaire » est la suite logique des "Rougon-Macquart", vaste fresque dénonçant l'ordre établi du second Empire.
-
Dans son projet des "Rougon-Macquart" de 1868, Zola classe la société contemporaine en quatre mondes : le peuple, les commerçants, la bourgeoisie et le grand monde. Dans un cinquième, « à part », il range l'artiste, avec la putain, le meurtrier et le prêtre. Ce monde des artistes, Zola le connaît bien : dès l'adolescence, avec son inséparable camarade Paul Cézanne, il s'interroge sur l'art, la poésie et la création artistique.
-
Dans les dossiers préparatoires de ses romans, Zola accorde aux personnages une place privilégiée. Traités au départ plutôt comme des fonctions destinées à servir la description du milieu et l'intrigue, ils prennent vie peu à peu grâce aux fiches détaillées que l'auteur établit pour chacun d'eux : il en dresse alors un portrait physique et moral ainsi qu'une biographie sommaire permettant leur intégration dans l'histoire. Le personnage chez Zola est toujours « signifiant ». C'est à travers lui que l'auteur dévoile le corps social et ses antagonismes, mais aussi le corps individuel et ses zones d'ombre.
-
Repères biographiques
-
Lorsque Sartre décide de faire des cafés un lieu d'écriture, il renouvelle une tradition littéraire héritée de Diderot et bien d'autres. Le plus connu de ces cafés, qui vont connaître au XVIIIe siècle, auprès des gens de lettres, un grand succès, est le Procope : ouvert en 1689 par un noble Sicilien, François Procope, rue de l'Ancienne-Comédie, il est un lieu privilégié où se rencontrent, Duclos, Diderot ou le grammairien Dumarsais par exemple. C'est à cette tradition typiquement parisienne que se rattache Sartre. À l'opposé d'un Proust écrivant dans sa chambre capitonnée de liège, à l'abri de l'extérieur, Sartre trouve dans l'espace du café une possibilité de s'extraire de l'intime pour s'ouvrir au dehors.
-
Sartre écrivait sans cesse, n'importe où, en toute situation. Il écrivait vite, sa plume courait au fil de sa pensée, et il réécrivait beaucoup. Son immense production dans tous les domaines de l'art littéraire, philosophie, roman, théâtre, journalisme, politique…, est curieusement en partie inachevée.
-
Véritable légende de son vivant, Jean-Paul Sartre incarne, dans la deuxième moitié du XXe siècle, l'intellectuel engagé. Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que Sartre définisse de manière éclatante et exigeante une forme d'engagement de l'intellectuel. La Libération, la guerre froide, la décolonisation, l'affirmation du tiers-monde, les événements de Mai 1968 et leurs conséquences lui donnèrent l'occasion d'être un écrivain en « situations ». Rarement un philosophe engagé a obtenu une telle consécration en dehors de son milieu, en France et dans le monde entier, sans cesser de susciter la contestation et tout en forçant l'admiration ou la haine.
-
Peu reconnu de son vivant et découvert de façon posthume après sa disparition précoce en 1959, Boris Vian cultive les dons autant que les passions. Jazz, roman, théâtre, poésie, chanson… peu de domaines échappent à sa fantaisie créatrice. La fiche invite à découvrir ou redécouvrir toutes les facettes de cet auteur aux multiples talents.
En moins de vingt ans, il a écrit des dizaines de romans, pièces de théâtres, nouvelles, recueils de poésies, livrets d'opéra, scénarios de films, articles pour une cinquantaine de revues, près de cinq cents chansons, sans compter la traduction de dizaines de romans, nouvelles, pièces de théâtre et essais… Pressé par le temps, la hantise de la mort, et la nécessité absolue à la fois de tout connaître et de tout dire, Boris Vian, Pic de la Mirandole moderne, n'en finit pas de nous étonner. -
Antonin Artaud n'est pas seulement un homme de théâtre. Il est "l'homme–théâtre" pour Jean Louis Barrault. Si le théâtre occupe une place aussi centrale dans la vie et dans l'oeuvre d'Artaud, c'est qu'il a pour fonction à ses yeux d'être la vie elle-même, sans mensonges ni artifices.
-
La fiche présente l'œuvre de Ionesco qui bouleverse l'histoire du Théâtre en montrant un monde insolite suscitant à la fois rire et angoisse.
Toute l'œuvre de Ionesco, qui fut tour à tour dramaturge, poète, cinéaste, critique, peintre, est mue par un questionnement sur la condition humaine et un désir de conjurer par l'art la mort et l'angoisse de sa propre disparition. Le théâtre est le vecteur privilégié de cette quête. Lorsque, en 1950, est présentée la première pièce de Ionesco, "La Cantatricechauve", l'accueil est mitigé. L'auteur ne se doute pas que son œuvre bouleversera l'histoire du théâtre, au point que Jorge Lavelli dit aujourd'hui qu'il y a "un avant et un après Ionesco, tant au niveau de l'écriture, de la langue et de la démarche dramaturgique, qu'à celui de l'interprétation scénique". Ionesco met en évidence l'impression insolite que parfois "le monde est vidé de toute expression et de tout contenu". C'est ainsi qu'il exacerbe les tics de langage et de comportement, pousse à l'extrême le "parler pour ne rien dire", et fait alors surgir des profondeurs à la fois le rire salvateur et l'angoisse inhérente au spectacle d'un univers dont on a fait exploser les repères. La peur comme l'humour sont poussés au paroxysme, "là où sont les sources du tragique", pour faire "un théâtre de violence", à l'instar de la vie, "violemment comique, violemment tragique". -
La fiche présente la vie et l'œuvre de Gaston Leroux : une entrée dans le roman populaire du XIXe siècle.
La singularité de Gaston Leroux tient pour une large part à l'originalité de son œuvre à la fois journalistique et romanesque. Pendant quatorze années (1894-1908), Leroux est un journaliste brillant, à la plume alerte et créatrice. Tous les reportages, les comptes rendus, les chroniques qu'il écrit sont de formidables sources documentaires dans lesquelles il puise afin de donner libre cours à son incroyable imagination. C'est en restant fidèle à la dynamique du roman "populaire" qu'il développe les thèmes de la famille, de l'amour et du crime. Leroux fait de Rouletabille un double de lui-même. Le "Mystère de la chambre jaune", le "Parfum de la dame en noir", le "Fantôme de l'opéra", après avoir tenus de nombreux lecteurs en haleine ont trouvé un nouveau public au cinéma. -
L'atelier invite , en s'appuyant sur les lettres de Flaubert, à répertorier tout ce qui le hérisse lorsqu'il lit Zola.Il est ensuite possible de mettre en regard des extraits de romans de Flaubert et de Zola : Madame Bovary (1857) face à L'Assommoir (1877) à travers deux séries d'extraits, choisis parce qu'ils sont des clichéslittéraires. La confrontation est saisissante.
-
Une invitation à découvrir tout ce qui irrite Flaubert chez Zola et à comparer leurs textes.
-
Zola veut écrire un roman sur le peuple et il choisit pour son héroïne le métier de blanchisseuse. Dès le premier chapitre, une grande scène se déroule dans le lavoir et le linge ponctue chaque étape du roman : grâce à lui, Gervaise s'élève, à cause de lui elle s'effondre. L'atelier invite à suivre la métaphore à travers le roman.
Chacun est invité à observer l'ordre d'apparition des informations issues des notes, leur répartition dans les extraits de texte, la manière dont Zola les dispose pour donner une consistance aux personnages. -
Les notes préparatoires sur les décors constituent le point de départ de cette activité. L'analyse des notes rédigées par Zola permet de souligner l'approche et les priorités : vue d'ensemble, détails, atmosphère… Ces notes sont assez précises pour suivre l'itinéraire des personnages sur des plans, en particulier ceux crayonnés par Zola au fil d'un quartier en pleine mutation. L'occasion également de faire des croquis : l'hôtel Boncoeur, le lavoir, une blanchisserie, la grande maison rue de la Goutte-d'Or, la maréchalerie en face.
À comparer avec un plan actuel du quartier et avec des plans du début du XXe siècle : une opportunité pour une incursion historique dans la révolution industrielle et les transformations architecturales de la fin du XIXe siècle. - Show more