Episodes

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2024-2025

    Conférencier invité - Daniel Petit

    La langue lituanienne : histoire et perspectives

    Daniel Petit

    École normale supérieure & École pratique des hautes études, Paris

    IDans le cadre de la Saison de la Lituanie en France, le professeur Luigi Rizzi a invité le professeur Daniel Petit pour une conférence sur la langue lituanienne afin de faire le point sur l'étude de cette langue dans l'Hexagone et ses perspectives.

    Cet événement est aussi l'occasion de mettre en lumière un partenariat entre le Collège de France et l'Ambassade de Lituanie en France. Suite au classement du fonds d'archives du professeur Antoine Meillet, un manuscrit portant sur les langues baltes, et plus précisément sur le lituanien, a été retrouvé. L'Ambassade a financé la numérisation de ce document qui va faire l'objet d'une étude approfondie par le professeur Daniel Petit. Cette conférence est donc aussi une forme d'introduction à ce futur travail.

    Invitée d'honneur : Madame Diana Nausėdienė, Première dame de Lituanie, ambassadrice de l'action éducative lituanienne dans le monde

    Résumé

    Depuis le XIXe siècle, la langue lituanienne, membre de la famille baltique au sein des langues indo-européennes, a attiré l'attention de nombreux linguistes en Europe de l'Ouest. Plusieurs voyages de collecte ethnographique et linguistique en Lituanie ont été entrepris par des linguistes aussi célèbres qu'August Schleicher (1821-1868), Karl Brugmann (1849-1919) et Ferdinand de Saussure (1857-1913). La découverte récente, au Collège de France, de notes prises vers 1920 par le linguiste Antoine Meillet (1866-1936) sur la langue lituanienne montre que cet intérêt s'est prolongé au-delà du XIXe siècle ; il se poursuit de fait encore aujourd'hui.

    L'objet de cette communication est de donner une présentation générale de la langue lituanienne, de sa position dans sa famille de langues et de ses principales caractéristiques linguistiques, afin d'expliquer pourquoi cette langue a autant attiré les linguistes.

    On abordera successivement trois aspects qui rendent le lituanien fascinant pour les linguistes : d'abord, son archaïsme linguistique, qui en fait la langue la plus conservatrice de toute la famille indo-européenne, à part égale avec les grandes langues anciennes que sont le grec, le latin et le sanskrit ; d'autre part, sa position aréale au carrefour des langues de la Baltique orientale, qu'elles soient indo-européennes (polonais, russe, allemand), ou non-indo-européennes (langues fenniques) ; enfin, sa singularité typologique, qui en fait un objet d'étude particu­lièrement fécond pour la linguistique générale.

    Programme

    Présentation par Monsieur l'Administrateur Thomas Römer

    Intervention de la Première dame de Lituanie, Mme Diana Nausėdienė

    Ouverture par Monsieur le Recteur de l'université de Vilnius, Rimvydas Petrauskas

    Introduction à la conférence par Monsieur le Professeur Luigi Rizzi

    Conférence par Monsieur Daniel Petit, Professeur à l'École normale supérieure, Directeur d'études à l'École pratique des hautes études

    Focus sur le fonds d'archives Antoine Meillet, par Ina Valintelyte

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Syntaxe comparative

    Séminaire - Isabelle Charnavel & Dominique Sportiche : Du rôle du mouvement dans les dépendances référentielles

    Intervenant(s)

    Isabelle Charnavel

    Université de Genève

    Dominique Sportiche

    UCLA

    Résumé

    Pourquoi les expressions anaphoriques telles que herself/lui-même ont-elles les propriétés interprétatives et distributives qu'on leur observe (viz. Marie est fière d'elle-même) et pourquoi fonctionnent-elles aussi comme intensificateurs (viz. Marie elle-même est fière de lui) ?

    De simples considérations d'acquisition du langage, ou d'ordre typologique semblent requérir une analyse unifiée de ces comportements. Nous en proposerons une version, basée sur le sens de self/même et sur le mouvement syntaxique, aux multiples conséquences analytiques.

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  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    La cartographie syntaxique et ses interfaces avec la phonologie et la sémantique

    06 - Conclusion : l'acquisition des structures cartographiques

    Résumé

    Les configurations révélées par les études cartographiques sont complexes et dans l'organisation syntaxique et dans les propriétés d'interface. Comment les enfants maîtrisent-ils cette complexité ? Dans les années récentes, un modèle simple d'acquisition des structures syntaxiques a été proposé : c'est la « croissance des arbres » (Friedmann, Belletti, Rizzi 2021), modèle selon lequel les arbres syntaxiques se développent bottom-up chez l'enfant, à partir des couches structurales plus basses, avec les zones plus hautes qui se rajoutent progressivement. Ce cours va discuter du fonctionnement de ce modèle : Quels sont les problèmes principaux qu'il soulève ? Quelles propriétés arrive-t-il à expliquer et quelles sont les questions qui restent ouvertes ?

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Syntaxe comparative

    Séminaire - Valentina Bianchi, Giuliano Bocci & Silvio Cruschina : Italian Wh-Questions at the Crossroads: Semantics, Syntax, and Prosody

    Intervenant(s)

    Benjamin Spector

    Institut Jean-Nicod, CNRS

    Résumé

    Il est généralement admis que les propositions relatives restrictives, comme « [qui sont rouges] » dans « les fruits [qui sont rouges] », dénotent des propriétés d'individus, qui peuvent s'appliquer à un objet et renvoyer le vrai ou le faux – dans cette analyse, « qui sont rouges » est synonyme de l'adjectif « rouges ». Je montrerai que cette thèse n'est pas vraie en toute généralité. Les relatives restrictives peuvent dénoter des propriétés de quantificateurs généralisés. Considérons ainsi la phrase « J'ai lu les livres que je devais lire ». Elle peut décrire une situation dans laquelle aucun livre ou ensemble spécifique de livres n'avait la propriété de devoir être lus par moi, mais où je devais lire, par exemple, un livre d'histoire pris dans une certaine liste prédéterminée, et deux romans russes également pris dans une liste prédéterminée, et où j'ai rempli cette obligation. Dans cet exemple « que je devais lire » ne dénote pas une propriété qui s'applique à un livre si ce livre doit être lu, car dans le scénario décrit, aucun livre n'a cette propriété, et néanmoins « les livres que je devais lire » ne produit pas d'échec référentiel. Je montrerai qu'on doit analyser une telle relative comme dénotant une propriété de second ordre, à savoir une propriété qui s'applique à un quantificateur généralisé, et je relierai ce fait à des faits déjà connus concernant l'interprétation des phrases interrogatives. Je montrerai en particulier que les « relatives de quantité » (« amount relatives ») sont un cas particulier de ces « relatives d'ordre supérieur », et je discuterai des restrictions syntaxiques qui semblent s'appliquer à la distribution de ces « relatives d'ordre supérieur » (y compris les « relatives de quantité »).

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    La cartographie syntaxique et ses interfaces avec la phonologie et la sémantique

    05 - Sujets et topiques : syntaxe et sémantique

    Résumé

    Le sujet et le topique partagent certaines propriétés interprétatives, qui soulignent l'analogie partielle entre la relation sujet-prédicat et la relation topique-commentaire. D'autre part, sujet et topique diffèrent à bien des égards : en termes de position syntaxique, de marquage morphologique, de propriétés interprétatives fines. Une analyse détaillée des similarités et différences entre les deux notions, ainsi que des variations observables à travers les langues, est donc essentielle dans le cadre de l'étude des interactions entre syntaxe et interprétation. Le cours va aborder ces questions à partir de l'approche classique de Li et Thompson (1976) et de la typologie de langues qui en découle.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : The View from CiCewa (Bantu): Towards a Cartography of Passive Voice(s) and Developing Terraling

    Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale

    Avec le soutien de la Fondation du Collège de France.

    Hilda Koopman, UCLA

    In this talk, I will establish a cartography of Passive (and passive-like) Voice(s) for Chichewa (Bantu), use it to explore the observed crosslinguistic variation in passive constructions across languages, and implement the findings in a (pilot) comparative Terraling dataset for passive constructions that can serve as the basis for further current or future theoretical investigations.

    Like many Bantu languages, Chichewa has extensive verbal morphology, with both a postverbal applicative morpheme and two passive(-like) morphemes (Alsina & Mchombo (1990) [1], Alsina (1999) [2], Dubinsky & Simango (1996) [3]). The applicative morpheme -ir adds a variety of arguments/adjuncts to the verbal stem, not only goals or benefactives, but also instruments, or locative adjuncts. The stative morpheme (-ik) occurs in middles and potentials. The passive morpheme -idw occurs not only with canonical (agent-theme) and low oblique applicative passives, but also with non-canonical passive applicative constructions (instrumental, locative, ...). Applicative and statives/passive can co-ocur in different orders V-stat-Appl, but V-Appl-Pass, or V Pass Appl the latter restricted to Instrumental and locative applicatives.

    Various interactions determine the cartography of Passive-(like) Voice(s) in Chichewa. Passive Voice(s) and Applicative interact with the argument structure ("little" vP) and the hierarchy of "obliques"/ PPs/applicatives (Schweikert (2005) [4]; morpheme orders reflect the syntactic derivation and give insight into the order of operations; stative and passives occur in different regions in Cinque's functional hierarchy (Cinque (1999) [5]) etc. Taken together, this leads to a general cartography of Passive Voice(s), and the conclusion that not only stative, but also passive voice(s) in Chichewa can be merged at different heights in the hierarchical structure. Because Passive can be merged above Locative, Locative can be passivized. Because Passive can be merged below APPL, passive voice can be merged below Instrumental and Locative, and only themes can be passivized in this order. This investigation provides important insights into some fundamental theoretical questions. What is the element that introduces the external argument a (light)verb: little v? ("yes") or (Kratzerian) Voice ("no"), and where is it located (above locative adjuncts or below) ("both are attested")? What are the formal properties of Passive Voice: is (Passive) Voice ever involved in argument structure (assigning or reducing argument structure?). Or is it simply a vehicle, devoid of any semantic properties, that serves to map arguments on their syntactic positions ? We briefly explore how variation in height of Merge further leads to a new typology of passive-like constructions crosslinguistically, and show how to concretely implement the findings in the open crosslinguistic Terraling-dataset for passive-like constructions https://terraling.com/groups/13.

    Références

    [1] Alsina, Alex & Sam Mchombo. 1990. The syntax of applicatives in Chichewa: problems for a theta theoretic asymmetry. Natural Language and Linguistic Theory 8(4). 493–506.

    [2] Alsina, Alex. 1999. Where's the Mirror Principle? The Linguistic Review 16(1). 1–42.

    [3] Dubinsky, Stanley & Silvester Ron Simango. 1996. Passive and Stative in Chichewa: Evidence for Modular Distinctions in Grammar. Language 72(4). 749–793.

    [4] Schweikert, Walter. 2005. The order of prepositional phrases in the structure of the clause, vol. 83. John Benjamins Publishing.

    [5] Cinque, Guglielmo. 1999. Adverbs and functional heads: a cross-linguistic perspective. New York: Oxford University Press.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : Clause Structure and Word Order Variation in Gude (Chadic)

    Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale

    Avec le soutien de la Fondation du Collège de France.

    Edmond Biloa, Université de Yaoundé 1, Cameroun

    This work analyses the structure of the left periphery in focalized constructions, interrogatives, relatives and topicalized structures in Gude, a Chadic language of Cameroon. Constituent movements are attested in this language, the basic word order of which seems to be VSO (Verb-Subject-Object). Syntactic Cartography is deemed capable of accounting for this empirical material variation. The word order attested in this language is derived via verb movement. Moreover, focalization triggers verb movement. The structure of topic constructions and the topic-focus distribution are discussed. Finally, what can the Gude data tell us about the structure of the left periphery with respect to ForceP and IntP?

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : Focus Marking and Interpretation in Mabia Languages

    Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale

    Avec le soutien de la Fondation du Collège de France.

    Daniel Aremu, Goethe-Universität, Frankfurt

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : Evidence for Low Information Structure – The Case of West-African Languages

    Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale

    Avec le soutien de la Fondation du Collège de France.

    Katharina Hartmann, Goethe-Universität, Frankfurt

    Johannes Mursell, Goethe-Universität, Frankfurt

    Following the seminal work of Rizzi (1997), the left periphery of the clause has received a considerable amount of attention with respect to information-structural marking. It turns out that the marking of categories like topic and focus is not only restricted to fronting the respective elements to the specifiers of dedicated functional projections, but many languages provide further evidence for the existence of these structures, for example by overtly realizing heads of these projections.

    Taking this proposal a step further, Belletti (2004) argues for a low focus projection in Italian. Her proposal predicts the existence of overtly realized heads of the low focus phrase, in parallel to the high focus projection. However, neither Italian nor other well-investigated languages show such overt realizations.

    In this talk, we discuss this hypothesis, based on evidence from various West-African languages. Starting with Chadic languages, spoken in Northern Nigeria and neighboring countries, we will argue for a clear ex-situ/in-situ asymmetry in focus marking, with the in-situ options being compatible with the assumption of a low focus projection. Turning to Mabia languages, a language family spoken in Northern Ghana and surrounding countries, a similar in-situ/ex-situ asymmetry is pervasive in these languages. In addition, and crucial to Belletti's hypothesis, in-situ focus is obligatorily marked by an in-situ focus marker.

    We will discuss these low focus marker in some detail, as it turns out that this marker expresses the low focus head only in a subset of languages, whereas in others, it needs to be analysed as being adjoined to locally focussed constituents.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : How Language Contact Accounts for Mixed Typologies

    Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale

    Avec le soutien de la Fondation du Collège de France.

    Salikoko S. Mufwene, Université de Chicago, professeur invité du Collège de France

    Few languages exhibit uniform patterns regarding the position of (suconstituents, hence the ensuing syntactic configurations, for example, the position of the verb relative to its arguments, the position of various determiners, and the position of modifiers of nouns. Based on what has been learned from the emergence of creoles' structures, one must wonder whether this is not the case also in their lexifiers, which are themselves also outcomes of language contact. What has traditionally been characterized as simplification of the morphosyntax in creoles amounts to mere typological realignment in contact situations where selection from among competing variants is driven by various language-ecological factors. I will adduce examples from English, French, Bantu and related "creoles" to illustrate my hypothesis.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : Focus Movement in the Low Focus Field in Grassfields Bantu

    Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale

    Avec le soutien de la Fondation du Collège de France.

    Paul Roger Bassong, Ingénieur-chercheur, chaire Linguistique générale du Collège de France

    Gratiana Linyor Ndamsah, Université de Yaoundé 1, Cameroun

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : Sluicing-like Constructions in Igbo

    Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale

    Avec le soutien de la Fondation du Collège de France.

    Mary Amaechi, Université d'Ilorin, Nigeria

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : Some Introductory Remarks

    Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale

    Avec le soutien de la Fondation du Collège de France.

    La cartographie des structures syntaxiques est un vaste projet de description et d'analyse qui se donne pour but de cartographier de façon très détaillée l'architecture interne des structures des phrases et des syntagmes à travers les langues. Certaines langues d'Afrique, grâce à leur système de marqueurs morphosyntaxiques explicites de propriétés telles que la topicalité et le focus, mais aussi de propriétés temporelles, modales et aspectuelles, ont apporté une contribution décisive à cette ligne de recherche, avec, par exemple, la cartographie détaillée du gungbe, langue kwa parlée au Bénin (Aboh 2004). Le colloque Syntactic Cartography and African Languages (en anglais) essayera de faire le point sur une vingtaine d'années d'études cartographiques sur les langues africaines, et de discuter les développements possibles de cette ligne de recherche qui implique la linguistique africaine dans un contexte de linguistique générale et comparative.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Italian Wh-Questions at the Crossroads: Semantics, Syntax, and Prosody

    Séminaire - Valentina Bianchi, Giuliano Bocci & Silvio Cruschina : Italian Wh-Questions at the Crossroads: Semantics, Syntax, and Prosody

    Intervenant(s)

    Valentina Bianchi

    Université de Sienne

    Giuliano Bocci

    Université de Sienne

    Silvio Cruschina

    Université d'Helsinki

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    La cartographie syntaxique et ses interfaces avec la phonologie et la sémantique

    04 - Structures cartographiques et interfaces : description et explication

    Résumé

    Les études cartographiques ont mis en lumière certaines généralisations liées aux hiérarchies fonctionnelles à travers les langues. Ces généralisations peuvent concerner l'ordre des éléments fonctionnels, les compatibilités et incompatibilités d'occurrence, le caractère récursif ou non des positions, etc. Ces généralisations descriptives soulèvent immédiatement la question de l'explication : peut-on ramener les états de choses observés à des principes plausibles de la faculté du langage et à leurs interactions déductives ? Dans ce cours, je voudrais discuter deux généralisations concernant les positions topicales et focales dans la périphérie de la phrase : 1. Tandis que les topiques peuvent être réitérés (avec variation à travers les langues), la position focale est typiquement unique ; 2. Dans les langues où la cooccurrence de topique et focus est admise, l'ordre est typiquement Top>Foc. Ces propriétés peuvent être déduites de quelques hypothèses simples sur la nature des principes d'interface régissant l'interprétation des positions topicales et focales.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Syntaxe comparative

    Séminaire - Richard Kayne : La syntaxe micro-comparative

    Intervenant(s)

    Richard Kayne

    New York University

    Résumé

    Tout syntacticien a l'habitude de faire des expériences sur une phrase donnée. On la modifie légèrement, en ajoutant ou en enlevant une négation, en changeant quelque peu l'ordre des mots, en remplaçant tel mot par tel autre. Ensuite on évalue le résultat de la modification.

    Tout syntacticien aimerait pouvoir en faire autant avec une langue, la modifier légèrement, changer une de ses propriétés, pour voir à quoi cela aboutit.

    Comme tous les scientifiques, le syntacticien doit accepter de ne pas tout pouvoir faire. Mais on peut pallier cela en étudiant un ensemble de langues très proches les unes des autres, de façon à faire ressortir de cette étude des propriétés syntaxiques si fortement corrélées entre elles que toutes les langues en question aient en commun soit la présence soit l'absence de ces propriétés.

    Suivra un certain nombre d'exemples de telles propriétés corrélées des langues romanes, d'un grand intérêt théorique.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    La cartographie syntaxique et ses interfaces avec la phonologie et la sémantique

    03 - Sémantique argumentale et sémantique de portée-discours

    Résumé

    La sémantique argumentale s'occupe de « qui fait quoi à qui » dans l'événement ou l'état exprimé par la phrase. Chaque phrase peut être associée à une petite scène mentale, impliquant un petit nombre de participants, les arguments. Les différents rôles des arguments peuvent être caractérisés qualitativement par des étiquettes telles que « agent », « patient », « thème », « cible », etc., les « rôles thématiques » de Jackendoff et Gruber. La sémantique de portée-discours s'occupe de la portée des opérateurs (des quantificateurs, par ex.) et des articulations pertinentes pour l'organisation du discours, telles que les articulations topique-commentaire et focus-présupposition. Dans ce cours, on va illustrer les moyens syntaxiques qui sont mis à disposition de ces systèmes interprétatifs, les cartes pertinentes et les interfaces impliquées.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Syntaxe comparative

    Séminaire - Carlo Cecchetto : Le défi de la simultanéité. Est-il possible de produire deux phrases en même temps ?

    Intervenant(s)

    Carlo Cecchetto

    SFL (CNRS et Université Paris 8), Université de Milan-Bicocca

    Résumé

    Les recherches sur les bilingues bimodaux ont montré que, si des articulateurs distincts sont impliqués, la même phrase peut être produite simultanément dans une langue vocale et dans une langue des signes. Sur la base de cette observation, nous nous demanderons si la production simultanée de deux phrases distinctes mais sémantiquement liées est également possible dans la même langue des signes, si les deux phrases sont produites par deux articulateurs distincts (par exemple, les deux mains). Il sera proposé que ceci est possible et peut expliquer l'occurrence de structures qui ont toujours été récalcitrantes au traitement avec les outils de la linguistique formelle. Les conséquences de cette hypothèse pour le phénomène du Role-Shift et pour les théories qui expliquent comment la structure hiérarchique est linéarisée seront également discutées.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    La cartographie syntaxique et ses interfaces avec la phonologie et la sémantique

    02 - La cartographie de la phrase et les interfaces

    Résumé

    La cartographie des structures aborde la question de la complexité syntaxique en essayant de dessiner des cartes aussi détaillées que possible de la structure interne des syntagmes et des phrases à travers les langues et les dialectes (Rizzi & Cinque 2016). Mais comment peut-on cartographier un espace infini ? Il s'agit d'identifier les configurations syntaxiques stables, qui s'enchâssent récursivement les unes dans les autres. Dans ce cours, on va retracer le développement de l'étude cartographique de la phrase et de sa périphérie initiale, le système du complémenteur. Dans la quête de ces structures stables, il faut considérer deux interfaces internes au système de calcul linguistique, l'interface avec le lexique d'une part et la morphologie d'autre part : par ces deux « portes » la syntaxe échange des informations avec les représentations lexicales et les structures morphologiques de la langue.

  • Luigi Rizzi

    Linguistique générale

    Collège de France

    Année 2023-2024

    Syntaxe comparative

    Séminaire - Jeremy Kuhn : Les langues des signes : en France et à travers le monde

    Intervenant(s)

    Jeremy Kuhn

    Institut Jean-Nicod, CNRS, EHESS, ENS-PSL

    Résumé

    Dans le patrimoine linguistique de la France, on compte non seulement le français parlé, tel qu'il est utilisé aujourd'hui sous diverses formes à travers le monde, mais aussi la langue des signes française (LSF), dont l'histoire est plus opaque, mais qui a connu un grand développement culturel aux XVIIIe et XIXe siècles avec la création d'écoles pour enfants sourds. Grâce à la création d'écoles similaires à l'étranger, la LSF est devenue l'ancêtre de nombreuses langues des signes dans le monde, y compris la langue des signes américaine (ASL) et la langue des signes brésilienne (Libras).

    Mais les langues des signes, tout comme les langues parlées, changent et évoluent, donnant lieu à une diversité linguistique à tous les niveaux de la structure linguistique. Dans ce séminaire, nous explorerons cette diversité à plusieurs niveaux, à savoir la phonologie, la syntaxe et la sémantique. Nous examinerons les systèmes linguistiques d'une variété de langues des signes – certaines liées à la LSF, d'autres non. En général, les langues des signes s'inscrivent dans des typologies de variation linguistique connues de la langue parlée, mais elles présentent aussi parfois des propriétés qui semblent uniques à la modalité signée. Le travail interlinguistique sur les langues des signes peut donc nous donner une nouvelle perspective sur la variation linguistique et les familles de langues, ainsi qu'une compréhension du rôle de la modalité.