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Ce mois-ci, la Colombie est mise à l'honneur à travers le prisme de la construction de la paix. Cette quête, amorcée avec la signature, en 2016, de l’Accord de Paix historique entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et l’ex-guérilla des FARC-EP (Forcées Armées Révolutionnaires de la Colombie – Armée du Peuple), reste un défi majeur. Le pays est profondément marqué par le conflit armé dont l’origine remonte aux années 1960, puisant ses racines dans les inégalités structurelles du pays, et qui se poursuit encore aujourd’hui, entre l'État colombien et différents groupes armés : les guérillas subsistantes (ELN et dissidences des FARC), groupes paramilitaires, bandes criminelles de zone urbaine, soit autant de groupes parfois associés au narcotrafic. « La Paix avec la Nature », c’est le slogan d’un événement majeur qui s’est tenu à Cali, du 21 octobre au 1er novembre 2024 : la COP16 sur la biodiversité. Comme l’expliquent nos chroniqueuses Paloma Petrich et Manon Méziat, ce slogan souligne le lien entre la préservation de la biodiversité et l'édification de la paix en Colombie. D’une part, nous analysons la responsabilité des acteurs armés dans la déforestation et l’exploitation minière illégale, tandis que, d’autre part, nous présentons les figures politiques majeures de cette COP et le rôle accordé aux peuples autochtones. Sylvie Argibay nous invite ensuite à penser les politiques de construction de la paix en Colombie à travers une interview avec Paula Martínez Takegami et Andrea Mora, deux membres de l’association Ciudadanias por la Paz de Colombia. « Citoyennetés pour la paix de Colombie » cherche à promouvoir la construction d’un pays juste et démocratique, à travers le concept de « paix positive et complète », qui souligne la nécessité de partir du tissu territorial d’organisations sociales, notamment celles permettant la réparation des survivant·es du conflit et la réintégration dans la société colombienne des signataires de l’Accord de Paix. Astrée Toupiol et Sylvie Argibay vous emmènent ensuite à Bogota, à la découverte de la Casa de la Paz, une initiative inspirante de réincorporation et de réconciliation. En seconde partie d’émission, Pauline Rossano nous propose de nous plonger dans d’une époque marquante du cinéma colombien, caractérisée par l'émergence d’une génération nouvelle de réalisateur·ices qui s’attachent à mettre à l’écran les problématiques sociétales. Anael Michel analyse, enfin, la légende de l’Eldorado, qui a obsédé les colonisateurs européens, suscité des vocations chez les chasseurs de trésors et influencé de nombreuses œuvres de fiction, et ce jusqu’à aujourd’hui. Cette « cité d’or » imaginaire trouverait sa source dans les traditions fastueuses d’un peuple autochtone, les Muiscas, grands métallurgistes. La convoitise coloniale est mise en parallèle avec le trafic illicite d’objets archéologiques aujourd’hui, et ses incidences sur le marché de l’art précolombien et les pratiques muséales. Immergez-vous tout au long de l’émission dans la musique colombienne, représentée par plusieurs styles musicaux : la salsa avec « Cali Ají », composée par le Grupo Niche ; la trova avec « La sentada » de La Muchacha ; et la cumbia avec « Yo me llamo cumbia » de la compositrice-interprète Totó La Momposina. Cette émission a été réalisée par Mickaël Adarve, que nous remercions chaleureusement.
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Plus grand pays d’Amérique latine, le Brésil se démarque par la diversité de cultures, de populations, de rythmes, d’histoires et de mémoires qu’il abrite. La société brésilienne porte également la marque de fortes inégalités économiques, sociales, raciales et de genre. Si l’élection de Lula da Silva le 30 octobre 2022 a suscité un vent d’espoir, le legs et l’ancrage du bolsonarisme représentent un frein à tout changement social profond. À la veille du second tour des élections municipales, nous revenons, dans cette émission, sur les luttes et les revendications sociales et environnementales des populations historiquement discriminées et invisibilisées. Paloma Petrich, Sylvie Argibay, Manon Méziat, Anael Michel et Pauline Rossano nous proposent de revivre la 20ème édition du festival Brésil en Mouvements ! à travers une chronique-reportage. Organisé par l’association Autres Brésils depuis 2005, ce festival est consacré au cinéma documentaire brésilien. Cette année, le cinéma afro-brésilien ayant été mis à l’honneur pour le premier weekend du festival, Paloma Petrich et Sylvie Argibay ont choisi de parler du racisme structurel au Brésil, au cours d’une riche interview avec la cinéaste Leila Xavier. Manon Méziat et Anael Michel nous invitent, quant à elles, à (re)découvrir le Mouvement des Sans-Terre (MST), un mouvement social d’ampleur au Brésil, formé par des paysan·nes qui luttent pour une réforme agraire populaire, et à entendre les voix de deux de leurs militantes, Amanda Samarcos et Juliane Soares Ribeiro, rencontrées au cours de la deuxième partie du festival consacrée aux conflits et aux luttes agraires. La consolidation de l’extrême droite au sein des institutions et des subjectivités au Brésil a aussi été mise en lumière à travers les films et débats qui ont marqué ce festival. Astrée Toupiol raconte pour Semillas Latinas les initiatives agroécologiques communautaires portées par les Cariocas, les habitant·es de Rio. Dans ce reportage, nous partons à la découverte de l’initiative Redes da Favela Sustentável, un projet qui met en lumière les solutions innovantes développées au sein des favelas, qui se trouvent souvent en première ligne face au changement climatique. Nous découvrons ensuite les hortas comunitárias, ces potagers partagés mis en place par la préfecture de Rio. En seconde partie d'émission, Pauline Rossano nous invite à écouter les voix féminines majeures de la samba et de la bossa nova au cours d’une immersion sonore, où vous découvrirez certaines idoles de la musique brésilienne, qui se sont aussi illustrées par leur engagement politique en incarnant la voix de l’opposition au régime dictatorial brésilien qui a sévi de 1964 à 1985. Au Brésil, la musique ne cesse de se réinventer grâce à des héritages multiples, un métissage unique au monde et des traditions musicales propres à chaque région. Enfin, Anael Michel nous parle de l’Amazonie, en revenant sur le développement de la technologie du Lidar qui est à l'origine d’importantes découvertes archéologiques dans ce territoire abritant 10% de la biodiversité mondiale. Des sites époustouflants ont récemment pu être retrouvés, témoignant de civilisations complexes et balayant les idées reçues sur les cultures autochtones. Le processus d'anthropisation précoce et profond de la forêt met à mal le mythe de la « forêt vierge », relayé par nos imaginaires coloniaux et exotiques. À l’heure où l’Amazonie est en proie aux feux de forêts et à la déforestation massive, l’enjeu de la préservation du patrimoine culturel s’ajoute à l’urgence environnementale. Vous écouterez également deux morceaux représentatifs de la musique populaire brésilienne, « Chove Chuva » de Jorge Ben Jor et « Banho de Folhas » de Luedji Luna. Que soit remercié, pour finir, notre réalisateur Mickaël Adarve, qui rend tous nos projets possibles !
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Claudia Sheinbaum vient d’être élue première femme présidente dans l'histoire du Mexique, en juin 2024. Cette climatologue, ancienne membre du GIEC, est membre du parti Morena, le Mouvement de Régénération Nationale. Sheinbaum compte s'inscrire dans la lignée de son prédécesseur, Andrés Manuel López Obrador, en poursuivant ses politiques sociales, tout en entreprenant la transition écologique et en garantissant les droits des femmes au Mexique. Comment Sheinbaum va-t-elle s’y prendre pour combattre le fléau des violences de genre et des féminicides, dans un contexte particulièrement troublé, notamment en matière de crime organisé et de politiques migratoires ? Quel regard les mouvements féministes au Mexique portent-ils sur le bilan de cette ancienne cheffe du gouvernement de la ville de Mexico, de 2018 à 2023 ? Pour répondre à toutes ces questions, nous avons eu l’honneur d’interviewer la militante féministe Alexia Prado et Karine Tinat, enseignante-chercheuse au Centre d’Études Sociologiques et au sein du Programme Interdisciplinaire d’Études sur le Genre au Colegio de México. Au cours d’un riche entretien mené par Sylvie Argibay et Paloma Petrich, nous avons discuté de la législation actuelle sur le féminicide au sein des États-Unis mexicains et des politiques de lutte contre les violences de genre en vigueur. Les points de vue de nos deux invitées nous ont offert un aperçu de l’éventail de réactions qu’a suscité l’élection de Sheinbaum parmi les collectifs féministes, oscillant entre attentes fortes mais prudentes et relatif scepticisme quant à l’espoir d’une amélioration prochaine de la situation. Afin d’élargir le regard, les chroniqueuses de Semillas Latinas se sont intéressées à des publications, des artistes, des expositions, des pratiques sociales et des initiatives politiques ayant trait à la situation des femmes au Mexique, de nos jours, mais aussi au siècle passé, ainsi qu’à des périodes fort anciennes... Paloma Petrich et Astrée Toupiol proposent de jeter un coup d’œil sur la place des femmes et des minorités de genre dans l’espace public au Mexique. En observant les mesures mises en place ces dernières années par les pouvoirs publics, comme le dispositif Senderos Seguros et les rames de métro réservées aux femmes et aux enfants aux heures de pointe, elles questionnent leur efficacité sur la sécurité et dans la lutte pour prévenir ces violences. Au-delà des politiques publiques, les moyens et les stratégies que ces personnes développent pour exister et s'approprier l’espace public sont mis en lumière, à l'instar des travaux communautaires, des associations de quartier et des mobilisations de masse dans la rue. Dans un pays où 10 femmes sont assassinées chaque jour, il est urgent de visibiliser leur vécu et que la ville devienne le réceptacle des luttes et des forces féministes plutôt que celui des agressions. Un narco-récit mêlant poésie, roman noir, essai et enquête journalistique haletante au cœur de l’épicentre des féminicides de masse au Mexique : c’est là que vous emmène Manon Méziat dans sa chronique littéraire consacrée à l’ouvrage Des Os dans le désert de Sergio González Rodríguez (2002). Cette enquête menée par le journaliste sur les meurtres de femmes en série perpétrés entre 1990 et 2003 à Ciudad Juárez, dans l’État du Chihuahua, frontalière d’El Paso aux États-Unis, constitue une vibrante quête de justice en même temps qu'un hommage. Plongez dans les entrailles de cette ville, véritable « twilight zone » où s’entremêlent, dans un cycle de violence implacable, haine des femmes, trafic de drogue et classe politique corrompue jusqu’à l’os – jusqu’aux os de ces femmes dans le désert. Pauline Rossano vous invite à redécouvrir une icône de notre temps, Frida Kahlo. Embarquez pour une exploration imaginaire de la Casa Azul, la demeure emblématique des Kahlo à Coyoacán, à travers une exposition contée ! Un florilège d’œuvres, de lettres et d'objets, tels que sa collection de vêtements traditionnels indigènes, symptomatique d'un fort engagement politique de l'artiste, permettent de penser autrement sa vie, son identité et ses combats. Le parcours hors normes de Frida Kahlo a engendré un mythe puissant, parfois stéréotypé et instrumentalisé au point de trahir les convictions politiques de l'artiste et d'en tordre l’héritage, auquel nous avons souhaité rendre hommage. Pour finir, Anael Michel vous propose de remonter le temps, 600 ans en arrière, afin d'imaginer ce qu'étaient la vie des femmes et la conception du féminin à México-Tenochtitlan. C'est un des angles-morts de l'exposition « MEXICA, des dons et des dieux au Templo Mayor », présentée au musée du quai Branly d’avril à octobre 2024. La place des femmes dans cette société théocratique, classiste et guerrière vous est révélée au fil des étapes charnières de leur existence, depuis la naissance jusqu’à la mort, en passant par les années d’éducation, le mariage, l’accouchement et parfois, le sacrifice. Une histoire intime et sociale de la civilisation mexica, aux traditions culturelles et religieuses genrées, qui a fait couler beaucoup d’encre… et pas que. Vous écouterez, tout au long de l’épisode, les morceaux entêtants d’autrices-compositrices-interprètes mexicaines incontournables d’hier et d’aujourd’hui : « María la Curandera » de Natalia Lafourcade, « Canción sin miedo » de Vivir Quintana, et « Piensa en mí » de Chavela Vargas. Cette émission a été réalisée par Mickaël Adarve, que nous remercions chaleureusement.