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Dans ce troisième épisode de la quatrième saison, Cartel Nord raconte une nouvelle étape dans le procès de la Tour K. Après l'interrogatoire des 28 prévenus, place au réquisitoire de la procureure Isabelle Candau. Pendant près de 4 heures, la représentante du ministère public, celle qui mène l'accusation, expose l’incroyable organisation du réseau de trafic de drogue à la Castellane.
"Qu'est-ce qui ressemble plus à un trafic de stupéfiants qu'un autre trafic de stupéfiants ? C'est un peu la question qui se pose à chaque audience." C'est par ces mots qu'elle débute ses réquisitions, le lundi 28 septembre 2015, à 08h50. En se basant sur les éléments rapportés par quatre années d’enquêtes, elle présente aux juges et au public son analyse du fonctionnement du réseau de la Tour K qu’elle compare aux grandes entreprises légales.
À la lecture du dossier d’instruction, un élément lui saute rapidement aux yeux : les feuilles de compte sont la clé dans ce dossier. Les centaines de feuilles saisies lors du démantèlement de la Tour K lui permettent de véritablement comprendre l’organisation du trafic de drogue à la Castellane. "Je suis allé voir mon assistant spécialisé douanier et je lui ai donné tout ce qui avait été photographié et tout ce qu'on avait saisi, rapporte-t-elle. Il a réussi à décrypter un certain nombre de choses au travers de cette comptabilité, comme le détail des différents postes avec les rémunérations."
Grâce à ce travail d'orfèvre, la procureure comprend qu’elle est face à une véritable PME du cannabis capable de générer plusieurs dizaines de millions d’euros par an. "Le chiffre d'affaires du réseau de la Tour K est de 1,950 millions d'euros par mois, ce qui donne un chiffre annuel de 23 400 000 €."
La somme est considérable mais il reste à la procureure à démontrer comment les trafiquants parviennent à générer autant d’argent. Horaires de travail, planning, salaires, organigramme… Point par point, la procureure détaille le fonctionnement de cette entreprise du stup’.
Dans la PME "Tour K", rien n’est laissé au hasard. Du guetteur au vendeur en passant aussi par le ravitailleur, chaque poste, chaque tâche correspond à une rémunération bien précise. "La plupart des nourrices font état d'un salaire compris entre 1 600 € et 2 000 €, les vendeurs font état d'un salaire d'environ 2 500 € par mois et le coursier 3 000 € par mois, a-t-elle détaillé dans son réquisitoire. À côté de ces salaires, il y a tout un système de primes, ce qu'ils appellent la défauche. Sur une journée moyenne, ils pouvaient rentrer 7 à 8 000 €, donc ils avaient des objectifs de vente et quand ils faisaient un très bon chiffre d'affaires journalier, ils recevaient une défauche dont le montant pouvait être soit un billet en plus du salaire journalier soit un morceau de cannabis."
Au travers de son réquisitoire, ses arguments apparaissent claires et limpides : à la Castellane, la gestion du trafic est méthodique. Dans cette organisation, chacun occupe un poste bien précis, jusqu'au sommet de la pyramide où l'on retrouve le chef présumé du réseau, Nordine Achouri, assisté de son homme de main.
Tous ces éléments, ce faisceau d’indices, permettent à la procureure de requérir contre le principal prévenu une peine de 9 ans de prison accompagnée d’une amende de 500 000 euros. De 20 mois d'emprisonnement pour les premières nourrices à 7 ans pour le principal lieutenant, derrière Nordine Achouri, la procureure requiert des peines en fonction de l’implication de chacun dans le réseau.
Au terme des réquisitions, Isabelle Candau estime avoir fait la démonstration du degré de professionnalisme des narcotrafiquants à la Castellane. Après son réquisitoire, vient le temps des plaidoiries des avocats où l'une d'entres elle va faire vaciller la procureure et laisser planer le doute sur la possible relaxe de Nordine Achouri.
Cartel Nord est un podcast en 5 saisons à découvrir sur laprovence.com et toutes les plateformes de streaming.
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Cartel Nord est un podcast original La Provence.
Écrit et raconté par : Eric Miguet et Jean-Guillaume Bayard.
Habillage et mixage : Aurore Le Bihan et Sylvain Paley.
Rédaction en chef : Aurélie Rossignol.
Directeur de la rédaction : Aurélien Viers.
Avec la participation du service Documentation.
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Dans ce deuxième épisode de la quatrième saison, Cartel Nord revient sur l'interrogatoire que tout le monde attend, celui de Nordine Achouri. A mi-chemin du procès, jeudi 24 septembre, le chef présumé du réseau de la Tour K, âgé alors de 33 ans, fait plutôt bonne impression. "Il était tout propret, tout beau, quasiment en costume", se remémore Isabelle Candau, la procureure lors de ce procès.
Dans le box des accusés, Nordine Achouri sait que son destin se joue maintenant. Au moment de prendre la parole, il prend toute la salle d'audience de court, à commencer par la présidente, Anne Tarelli. "Il a proposé, naturellement, de sortir du box, de venir à la barre pour avoir un micro où ils pourraient être entendus de tous. Il va ouvrir la gâchette du box et là, tout le monde est démuni", raconte-t-elle.
Désormais seul au centre de la salle d’audience, seul face aux juges, Nordine Achouri est maintenant prêt à s’expliquer et à se défendre. Un bras de fer que le prévenu est prêt à engager car il le sait, dans ce dossier, il n’y a aucune preuve matérielle directe de son implication dans le trafic de drogue à la Castellane. "On avait pas de produit, pas un seul enregistrement ne pouvait être retenu à charge, on n'a pas eu de témoignage direct, pas d’empreinte ni sur les sacs ni sur les feuilles de compte et pas une écriture lui appartenant", rappelle l'un de ses trois avocats, maître Philippe Vouland.
Face au manque de preuves et de témoignages, les juges disposent tout de même d’éléments à charge contre Nordine Achouri. Renseignements anonymes, séjours dans des hôtels de luxe, parts dans plusieurs sociétés, dettes dans plusieurs Casino, sans oublier une tentative d’assassinat et deux glocks retrouvés dans son congélateur : selon l’enquête, ces éléments dessinent en filigrane le portrait d’un chef de réseau.
En face des juges, le prévenu ne faillit pas. Et, d’emblée, il pose le cadre : il n’est coupable de rien. "Je pense fortement que dans cette affaire, j’ai été victime de ma réputation. Mais j'ai confiance en la justice car, pour l'heure, je suis victime d'une machination", assure-t-il.
Pendant toute la durée de son interrogatoire, Nordine Achouri garde la même ligne de conduite et trouve la parade contre chacune des accusations. Son aisance naturelle lui permet même d’endosser un autre rôle, celui de porte-parole des quartiers nord. "Tous ces jeunes, sur le banc des prévenus, regardez-les !, lance-t-il. Il faut parler de ce que nous vivons dans les cités ! (...) Enlever un réseau, deux réseaux, trois réseaux, tous les réseaux de la Castellane, c’est très bien. Mais les petits jeunes, il faut pas les laisser comme des Gremlins, il faut trouver une solution !"
Pendant près de deux heures, Nordine Achouri conteste ainsi fermement son rôle présumé de trafiquant de drogue. Mais pour la procureure Isabelle Candau, il n’y a aucun doute : il est bien le patron du réseau de la Tour K, une organisation criminelle capable de générer plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffres d’affaires par an. Dans son réquisitoire, la procureure va ainsi démonter l’argumentaire du principal prévenu et détailler au grand jour la réalité du fonctionnement du plus grand supermarché de la drogue de Marseille.
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Dans ce premier épisode de la quatrième saison, Cartel Nord raconte l'ouverture du procès du réseau de la Tour K. Le 16 septembre 2015, après 4 ans d'enquête, enfin, les 28 prévenus du plus grand supermarché de la drogue de la région marseillaise sont appelés à comparaître devant la 7e chambre du tribunal correctionnel du tribunal correctionnel de Grande Instance de Marseille.
Juste avant le début de l'audience, vers 8h du matin, c'est l'effervescence dans la salle des pas perdus du tribunal. "Il y avait beaucoup de presse, se rappelle Isabelle Candau, la procureure lors de ce procès. En plus de la presse locale, il y avait la presse nationale. Ce n'est pas habituel et cela rajoute de la pression et de la tension". Aux journalistes s'ajoutent la trentaine d'avocats et le public, le tout créant "une agitation certaine dans les premières heures de ce premier jour de ce procès", comme le relève Bruno Rebstock, l'un des trois avocats de Nordine Achouri.
Peu après, la sonnerie du tribunal retentit. Pour la première fois, le visage de celles et ceux impliqués dans le plus grand trafic de stupéfiants de Marseille apparaît au public. La présidente Anne Tarelli, accompagnée de ses deux assesseurs, prend ensuite la parole et commence commence par la lecture du dossier et le rappel des charges. Des petites mains du trafic au chef du réseau, la présidente décide ensuite d’appeler les prévenus à la barre en fonction de leur place hiérarchique dans le trafic, avec pour point de départ les nourrices, ces habitants de la cité de la Castellane en charge du stockage de la drogue, des armes et de l’argent.
Pendant deux jours, les sept nourrices défilent à la barre et exposent sans détour leur trajectoire personnelle pour justifier leur participation au trafic. Outre le rôle dans le trafic de drogue à la Tour K, ces sept prévenus sont également interrogés sur les autres membres du réseau. Leurs témoignages pourraient bouleverser le déroulé du procès et faire tomber le château de carte du trafic de drogue à la Castellane.
Face aux juges, les nourrices feignent de ne pas savoir et de ne pas connaître l’identité des autres membres du réseau. "Les personnes qui sont venues me démarcher n’étaient pas masquées, répondra l'une d'entre elles lors de son interrogatoire durant l'audience. Je ne les ai pas revus depuis. Ce n’était pas des gens de la Castellane. Je n’ai pas entendu comment ils s’appelaient. Vous me demandez qui je connais parmi les prévenus : j’en connais certains de vue mais je ne connais pas leur prénom."
Guetteurs, vendeurs, ravitailleurs… Après les nourrices, les autres petites mains du réseau adoptent la même stratégie, celle de l'omerta. Un refus de parler justifié par la crainte d’éventuelles représailles mais également par stratégie de défense. "Dans un procès, ce n'est pas à vous de démontrer votre innocence, rappelle ainsi Pascal Luongo, l'avocat de l'une des nourrices. Et, donc, le fait de ne pas parler, c'est aussi une manière de se défendre."
A la 7e chambre, les jours se suivent et se ressemblent. Le procès du siècle se transforme en procès de la peur. Mais au 9e jour d'audience, à mi-chemin du procès, un prévenu va pour la première fois briser ce silence. Le jeudi 24 septembre 2015, Nordine Achouri, le chef présumé du réseau, ce présente ce jour-là devant les juges.
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Dans ce sixième épisode de la troisième saison, Cartel Nord revient sur la dernière phase des investigations sur le réseau de la Tour K dans la cité de la Castellane (16e). Après l'enquête policière, débutée en avril 2012, et l'"Opération château" du 17 juin 2013, s'ouvre l'information judiciaire, l'ultime étape menée par la juge d'instruction pour recoller les dernières pièces du puzzle avant le procès.
Le 17 juin 2013, quelques heures après l'arrestation de 23 membres présumés du réseau de trafic de drogue, les gardes-à-vue s'enchaînent dans les bureaux de la police judiciaire. Un à un, les interpellés défilent devant les enquêteurs mais tous gardent la même ligne de conduite et ne lâchent rien sur leur rôle dans le trafic.
Après ces quatre jours d'interrogatoires, s'ouvre donc un nouveau temps judiciaire, plus long, plus pointu : l'information judiciaire. Dans cette ultime étape avant le procès, la juge d’instruction peut s’appuyer sur de nouveaux éléments par rapport à l’enquête policière. "J'ai notamment les empreintes digitales et génétiques sur les objets saisis en perquisition", précise la juge d'instruction, Karine Sabourin.
Dans ce puzzle en construction, un élément clé va bouleverser l’enquête judiciaire. Au cours des perquisitions du 17 juin 2013, les policiers ont mis la main sur près de 800 feuilles de compte qui détaillent avec précision toute l’organisation du trafic, de l’achat de la simple canette de Coca-Cola à la réception de sacs remplis de centaines de kilos de cannabis. "C'était une mine d'or en terme d'exploitation et nous avons fait appel à des experts comptables de Paris pour les analyser", poursuit le commissaire divisionnaire Sébastien Lautard.
Ces informations clés permettent ainsi à la juge d'instruction de recouper les informations obtenues par les policiers durant leurs surveillances, écoutes et autres filatures. Tandis que le puzzle de l'organisation du réseau se met en place, la juge confronte à tour de rôle les membres présumés du réseau sur les éléments à charge contre eux.
Fin 2013, justement, un face-à-face avec un membre du réseau permet à la juge d’obtenir un témoignage clé sur l’organisation du trafic. "C'était une vraie pipelette, se souvient Karine Sabourin. Il ne s'est pas épanché sur les autres mais il a bien expliqué l'organisation du trafic qui était conforme aux écoutes et à la comptabilité analysée à partir des feuilles de compte."
Mis bout à bout, toutes ces auditions, tous ces nouveaux éléments, permettent à la juge d'instruction de compléter le puzzle de l’enquête judiciaire sur le réseau de la Tour K. En mai 2015, soit moins de deux ans après le début de l’information judiciaire, Karine Sabourin parvient à boucler le dossier.
Au total, 28 personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel, soupçonnés d’être les principaux membres du plus grand supermarché de la drogue de la région marseillaise. Quelques mois plus tard, en octobre 2015, s'ouvre alors le procès de la Tour K. Il s'agit du premier grand procès sur le trafic de stupéfiants à Marseille. Une audience de 3 semaines à découvrir prochainement dans la quatrième saison de Cartel Nord.
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Dans ce cinquième épisode de la troisième saison, Cartel Nord revient sur la traque de Nordine Achouri, la tête de réseau présumée du réseau de trafic de drogue de la Tour K.
Le 22 novembre 2012, les enquêteurs reçoivent un renseignement anonyme qui désigne celui que l'on surnomme "Nono", 31 ans, comme le boss du plus grand supermarché de la drogue de Marseille. La police judiciaire met tous les moyens pour obtenir les preuves matérielles de son rôle de chef du réseau de la Tour K.
Mais après plusieurs semaines de traque, les policiers se heurtent à un mur. Les écoutes, les filatures, les surveillances... Rien ne permet de raccrocher Nordine Achouri au trafic en place à la cité de La Castellane (16e). "Il a tout délégué à des lieutenants et ce sont eux qui ont les mains dans le cambouis", résume le commissaire divisionnaire Sébastien Lautard.
Début janvier 2013, face au manque de preuve directe et concrète, les policiers décident de changer de braquet et d'adopter une nouvelle stratégie d'enquête. L’objectif est de récolter des éléments indirects permettant de relier Nordine Achouri au réseau de la Tour K. Les écoutes de ses lieutenants et de ses hommes de confiance se révèlent plus fructueuses et donnent des premiers résultats aux enquêteurs.
Une autre technique d'enquête va s'avérer plus efficace : suivre les mouvements financiers du trafiquant, en collaboration avec le GIR Paca, le Groupement interministériel de recherche.
Après plusieurs mois d’investigation, la stratégie se révèle payante. Le GIR Paca conclut sans détour que Nordine Achouri a un train de vie disproportionné par rapport à ses revenus. Séjours dans des palaces, virés dans les prestigieux Casinos du Sud-Est et location de voitures de luxe : sans emploi déclaré depuis 2002 et officiellement domicilié chez ses parents, Nordine Achouri mène la vie d’un millionnaire.
Le 10 avril 2013, un événement inattendu bouleverse l’enquête. Nordine Achouri échappe à une tentative de règlement de compte. Pour les enquêteurs, il faut agir et l’arrêter avant qu'il ne leur échappe.
Le 17 juin 2013, lors de l’opération château, Nordine Achouri fait partie de la vingtaine de membres du réseau interpellés par la police judiciaire. Une nouvelle page de l’enquête s’ouvre alors. C’est la phase de l’instruction, celle qui permettra, ou non, de confirmer l’implication de Nordine Achouri et des autres prévenus dans le réseau de la Tour K.
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Dans ce quatrième épisode de la troisième saison, Cartel Nord continue de suivre l'enquête judiciaire pour démanteler de la tête aux pieds le réseau de la Tour K à la cité de La Castellane (16e). Alors que les preuves s'accumulent contre les membres de ce trafic, un évènement inattendu va bouleverser l'enquête.
Début 2013, les services de la police judiciaire connaissent désormais les noms, les surnoms et les rôles des principaux trafiquants soupçonnés d’être impliqués dans ce réseau, comme "Œilleton" ou "le Z", deux des principaux lieutenants. Le puzzle du tentaculaire réseau se met progressivement en place.
Dans cette enquête à haut risque, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Face aux enquêteurs, les trafiquants sont extrêmement vigilants et toujours sur leur garde, à la limite de la paranoïa. Exemple avec la filature de l'un des caïds du réseau, dont la maison est localisée à moins d'un kilomètre de La Castellane. "On le surveille ardemment et peu de temps après avoir installé des caméras devant chez lui, celles-ci sont retirées, souffle le commissaire divisionnaire Sébastien Lautard, chef de la division stupéfiant de la police judiciaire de Marseille. Dans la foulée, d'un coup, le trafiquant adopte le comportement d'un honnête citoyen et change complètement ses habitudes."
Ces semaines, ces mois d’investigation sous haute tension sont de véritables montagnes russes pour les enquêteurs mais dans cette enquête au long cours, il faut savoir s’adapter et faire le dos rond. "Si nous avons eu un coup de chaud, alors on laisse reposer pour que les personnes passent à autre chose et reprennent le business parce que le business, lui, n'attend pas", relativise le commissaire divisionnaire.
Le 10 avril 2013, près d'un an après le début des investigations, le patron du réseau de la Tour K, l'objectif numéro 1 des policiers, est pris pour cible par deux hommes armés. Miraculeusement, il parvient à s'en sortir presque indemne. Cette tentative de règlement de compte provoque la stupeur chez les enquêteurs. "On tremble un peu parce que l'on se dit que ce serait quand même dommage de perdre la tête de réseau dans le cadre d'une affaire menée depuis plus d'un an, se rappelle Sébastien Lautard. Nous étions inquiets sur le fait que, d'une part, il se fasse tuer ou bien qu'ils disparaissent physiquement en se mettant en cavale loin de Marseille."
La situation est extrêmement tendue à La Castellane. Cette attaque se révèle être une tentative de coup de force du réseau concurrent de la Tour K, celui de La Jougarelle, situé dans la même cité. Moins de deux semaines après, de nouveaux coups de feu retentissent dans le quartier et semblent être des représailles de la part des membres du réseau de la Tour K.
Dans les semaines qui suivent, la tension ne faiblit pas. Dans les écoutes téléphoniques, les enquêteurs relèvent chaque jour ou presque des conversations qui font état de ces tensions et du caractère "bouillant" de la situation.
A la mi-mai 2013, face au risque d’embrasement, les policiers n’ont plus le choix. Après plus d’un an d’investigation, les enquêteurs ont réuni les preuves juridiques suffisantes pour interpeller les principaux membres du réseau de la Tour K. Cela marque donc la fin de l’enquête judiciaire pour démanteler de la tête aux pieds le réseau de la Tour K.
Le 17 juin, une opération de police de grande ampleur est menée. Une opération couronnée de succès avec l'arrestation d'une vingtaine de membres du réseau, dont le principal boss de la Tour K, celui que l’on surnomme "Nono", Nordine Achouri.
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Dans ce troisième épisode de la troisième saison, Cartel Nord raconte de l'intérieur l'incroyable enquête de la police judiciaire pour démanteler de la tête aux pieds le réseau de trafic de drogue en place à la cité de la Castellane.
Entre le 29 mai et le 22 novembre 2012, l’enquête démarre avec une série de renseignements anonymes qui révèle l'organisation et le nom des principaux gérants du réseau. A partir de ces informations, l'investigation passe un cap pour connaître et comprendre le rôle des trafiquants de la Tour K.
Pour cela, les policiers utilisent la "technique de l'entonnoir", analyse Karine Sabourin, juge d’instruction au tribunal judiciaire de Marseille. L'objectif est de récolter un "faisceau d'indices" pour apporter la preuve de l'implication de chacun. Photographies, surveillances physiques, balisages des véhicules… Sans se faire repérer, les policiers utilisent toutes les techniques d’enquête pour épier les moindre faits et gestes des trafiquants.
Outre ces méthodes traditionnelles, les enquêteurs n'hésitent pas à tenter des approches inédites pour échapper à la vigilance de la vingtaine de guetteurs du réseau, installés aux quatre coins de la cité. "Pour arriver à faire des surveillances à l'intérieur de la Castellane, les policiers se faisaient passer pour des électriciens, ils étaient quillés sur des pylônes, pour installer des caméras en toute discrétion", révèle l'avocat Philippe Vouland. Autre technique originale, les policiers ont utilisé un hélicoptère pour cartographier le réseau et mieux comprendre son organisation.
Fin décembre 2012, au terme des premières semaines d’enquête sur le terrain, les policiers ont désormais une lecture assez claire du fonctionnement du réseau, décrit dans un procès-verbal de la PJ de Marseille que nous nous sommes procurés. "Celui-ci est ouvert 7j/7, de 11h à 00h. Il y aurait environ une soixantaine de personnes qui travailleraient pour faire "tourner" ce plan. Les guetteurs et vendeurs seraient équipés d'oreillettes pour correspondre entre eux, ainsi que de brouilleurs de téléphones portable."
En parallèle de ce travail de terrain, l'investigation se base aussi sur la mise en place d'une impressionnante toile d’écoutes téléphoniques. Au total, une centaine de lignes appartenant à une trentaine de membres du réseau sont mises sur écoute. "A l'époque, il n'y avait pas de réseaux sociaux ou de PGP pour crypter les conversations, replace le commissaire divisionnaire Sébastien Lautard, chef de la division stupéfiant de la police judiciaire de Marseille. Il y avait à peine le BlackBerry Messenger, mais c'était principalement utilisé par les trafiquants internationaux. Les personnes avaient besoin de s'appeler, de se parler et de communiquer."
Après ces premières avancées et découvertes, au printemps, un évènement inattendu menace de mettre en péril l’enquête policière. En plein cœur de la cité, une tentative de règlement de compte vise la tête du réseau de la Tour K.
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Dans ce deuxième épisode de la troisième saison, Cartel Nord revient sur l'arrivée et le développement du trafic de drogue à la cité de la Castellane, devenue une cible prioritaire pour le gouvernement au début des années 2010.
Située au pied de la colline du Verduron au nord-ouest de Marseille, cette cité, avec sa vue sur la mer, est une véritable ville dans la ville avec près de 6 000 habitants. Construite au début des années 70, elle répond à un double objectif : loger les populations immigrées venues travailler en France et en finir avec les bidonvilles disséminés un peu partout dans la ville.
Dans les années 80, l’idéal de mixité sociale s’effrite et les classes moyennes désertent la Castellane comme le reste des quartiers Nord. Le chômage, la précarité et le retrait progressif des services publics changent peu à peu le visage de la cité qui devient dans les années 2000 un haut lieu du trafic de drogue.
Sa situation géographique, implantée à proximité des autoroutes A55 et A7, va permettre au trafic de s'y développer. "Aujourd'hui, la Castellane est devenue un lieu métropolitain. Il y a deux autoroutes à proximité, ce qui permet de venir facilement de Vitrolles, d'Aix-en-Provence ou même du centre-ville de Marseille pour y faire ses affaires", décrypte le sociologue Michel Peraldi.
À cette accessibilité s'ajoute une architecture particulière qui vaut rapidement à la cité le surnom de "citadelle imprenable" par les policiers. Sa dizaine de barres d’immeuble, ses multiples coursives et ses innombrables coins et recoins font de la Castellane un véritable labyrinthe. "Le jeu du chat et de la souris entre les trafiquants et les policiers est vraiment déséquilibré parce que c'est d'une simplicité incroyable pour les dealers, et c'est ce qui fait qu'ils ont été assez intouchables pendant très longtemps", décrit Romain Capdepon, journaliste à La Provence.
Début 2012, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, cible le trafic de drogue de la Castellane pour en faire un exemple de sa lutte contre le trafic. L'enquête peut commencer et plusieurs renseignements anonymes met les enquêteurs sur la piste d'appartements nourrices, preuve qu'un trafic d'ampleur se déroule bien au cœur de cette cité. "Il y a eu une première affaire fin mai 2012 où nous avons mis la main sur 3 kilos de résine de cannabis, du matériel de conditionnement, des armes, des cartouches, etc. Le 1 juillet 2012, nous avons trouvé 78 kilos de résine de cannabis dans un autre lieu. Et en octobre 2012, nous avons trouvé 17 kilos de résine de cannabis, un pistolet automatique et des cartouches", se souvient Pierre-Marie Bourniquel, ancien directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône.
Fin 2012, l'enquête est confiée à la police judiciaire de Marseille à travers les groupes "cité" nouvellement mis en place dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. C'est le début d'une enquête hors norme pour faire tomber les principaux caïds du réseau de la Tour K.
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Dans ce premier épisode de la troisième saison, Cartel Nord livre un récit presque minuté de la journée du 17 juin 2013 où un impressionnant coup de filet policier a permis d'interpeller plus d'une vingtaine de membres du réseau de trafic de drogue de la tour K à la cité de la Castellane, dont le boss du plan stup'.
Dès 5h du matin, près de 250 policiers du Raid, des CRS et des enquêteurs de la police judiciaire sont réunis sur le parking du Leroy Merlin à Plan de Campagne, au nord de Marseille. Un dispositif gigantesque et atypique : la majorité des policiers présents n'étaient pas au courant des objectifs du jour pour éviter les risques de fuite. "C'était la première fois qu'on faisait ce genre d'opérations d'envergure", insiste Karine Sabourin, alors juge d'instruction au tribunal judiciaire de Marseille.
À 6h du matin, le convoi long de 2 kilomètres arrive à la cité pour mener à bien la mission baptisée "Opération château". "L'objectif, c'est la strate supérieure, les gestionnaires, les ravitailleurs, les trésoriers et puis les logisticiens, le lieutenant et le chef suprême", révèle Karine Sabourin. Après avoir quadrillé la cité, les perquisitions commencent.
Parmi elles, il y en a une qui est particulièrement suivie : celle visant la tête de réseau présumée du réseau de narcotrafiquants. Une opération à haut risque confiée aux équipes du Raid. "Cette personne-là avait échappé à un homicide quelques mois auparavant donc on savait qu'il était très méfiant. Il avait peur pour sa vie et il pouvait être armé donc, à partir de là, il y a plusieurs indicateurs et signaux qui nous disent qu'il faut mettre une équipe dédiée", justifie Sébastien Lautard, commissaire divisionnaire et ancien chef de la division stupéfiant de la police judiciaire de Marseille.
Aux alentours de 7h, les principales cibles, dont le chef présumé, sont interpellées et aucun incident majeur n'est signalé. Un calme trompeur. Dans les escaliers de la Tour K, subitement, Choc, le chien stup’ de la police judiciaire, renifle quelque chose. Dans la foulée, deux sacs de sport sont jetés depuis le 13ème étage. Au pied de la tour, c’est la stupeur pour les policiers. Les sacs sont remplis de billets en petites coupures pour un total de 274 000 euros. Une somme impressionnante, pourtant loin du reste des découvertes de la journée. "En tout, on a saisi 1,3 million d'euros. Je crois que c'est la plus grosse prise de toutes les affaires de stups faite en une fois", révèle Karine Sabourin.
Au-delà de ce butin, les perquisitions ont permis aux enquêteurs de mettre la main sur un trésor bien plus précieux : des centaines de feuilles de compte permettant de comprendre en profondeur le fonctionnement interne du réseau de la tour K. "C'est une merveille. La comptabilité du trafic, c'est un truc extraordinaire parce qu'alors on avait des lignes de comptes dignes d'une véritable entreprise", abonde la juge d'instruction.
Vers midi, les perquisitions sont terminées pour la police judiciaire. Au total, 23 personnes sont interpellées, 1,3 million d'euros, 1,6 kg de cannabis, 4 armes et près de 800 feuilles de compte sont saisis à la cité de la Castellane. Cette opération policière d'envergure est le résultat d’une enquête hors norme menée en secret pendant plus d’un an pour démanteler le plus grand réseau de narcotrafiquants de la région marseillaise, voire de France : le réseau de la tour K.
Cartel Nord est un podcast en 5 saisons à découvrir sur laprovence.com et toutes les plateformes de streaming.
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Cartel Nord est un podcast original La Provence.
Écrit et raconté par : Eric Miguet et Jean-Guillaume Bayard.
Stagiaires : Baya Drissi et Camille Micaelli.
Habillage et mixage : Aurore Le Bihan et Sylvain Paley.
Rédaction en chef : Aurélie Rossignol.
Directeur de la rédaction : Aurélien Viers.
Avec la participation du service Documentation.
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Dans ce dernier épisode de la deuxième saison, Cartel Nord décrypte les circuits de blanchiment de l'argent issu du trafic de drogue. En 2023, d'après l'Office français des drogues et toxicomanies (Ofdt), le chiffre d'affaires s’élèverait à 3,5 milliards d’euros.
Des sommes considérables accumulées par les différents points de deal où viennent s'approvisionner les consommateurs. "Les clients en fait, souvent, c'est des petits consommateurs donc ils viennent pour 20 ou 50 €", détaille la commissaire divisionnaire Sandrine Destampes, cheffe de la brigade criminalité financière au service interdépartemental de la police judiciaire. Mis bout-à-bout, ce nombre de consommateurs se compte en millions. D’après l’Ofdt il y a en France 5 millions de consommateurs de cannabis et 600 000 de cocaïne.
Comme pour une véritable entreprise, sur les points de deal, il faut distinguer le bénéfice du chiffre d'affaires. Tous ces milliers d’euros collectés ne vont pas directement dans la poche des gérants du réseau. Une partie est d’abord utilisée pour faire tourner la boutique. "C'est une erreur de penser que cet argent là dans sa totalité n'est que du profit. En fait, dans cet argent là, il y a une partie qui est utilisée pour payer le fonctionnement du trafic", abonde la commissaire divisionnaire.
Une fois les frais de gestion et de personnel payés, il reste donc le bénéfice. Pour les narcotrafiquants, l’objectif est simple : blanchir cet argent sale. Plusieurs méthodes existent pour réinjecter ces milliers d'euros dans l'économie réelle. La plus évidente consiste à le dépenser directement dans des produits de consommation. Problème, en France, tout achat en cash de plus de 1 000€ doit être contrôlé. Pour contourner cette limite, les trafiquants font voyager cet argent dans des pays moins regardant sur la provenance de l'argent liquide.
D'autres moyens plus complexes sont utilisés pour blanchir l'argent du trafic. Parmi eux, la compensation est une méthode largement employée. Elle consiste à transférer l'argent sans le déplacer physiquement mais c'est sa valeur, son montant, qui est transmis oralement entre deux personnes d’un pays à l’autre. Ensuite, l'argent qui n'a pas voyagé est injecté discrètement dans l’économie réelle via certains commerces de rue. "C'est comme ça que parfois vous voyez beaucoup de commerces clinquants avec un personnel foisonnant et il n'y a jamais personne", décrit Florent Bonnefoi, journaliste au service faits-divers de La Provence.
Printemps 2023, une affaire judiciaire révèle au grand jour une autre méthode sophistiquée de blanchiment d’argent sale autour d’Aix-en-Provence. Une méthode qui aurait permis de blanchir près de 45 millions d’euros entre 2017 et 2023.
Face à ces réseaux de blanchiment d’argent de plus en plus complexes et élaborés, la brigade financière de la police judiciaire adapte ses méthodes d’enquête et traque de plus en plus les flux financiers des trafiquants.
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Dans ce cinquième épisode de la deuxième saison, Cartel Nord plonge au cœur de l'ultra-violence entre les groupes de narcotrafiquants. Avec 49 morts, plus de 110 blessés et près de 150 fusillades en 2023, jamais Marseille n'a connu pareille violence. La conséquence d'un usage débridé d’armes qui sont en quasi-libre circulation et placées entre les mains de jeunes à peine majeurs.
2023 marque un basculement dans les règlements de compte avec un premier changement majeur : les cibles. "Jusqu'alors, on avait plutôt l'habitude de voir des conflits qui visaient des individus qui avaient déjà un certain positionnement dans l'organisation criminelle, pose Pascal Bonnet, commissaire divisionnaire à la police judiciaire de Marseille et chef de la division de la criminalité organisée et spécialisée. Aujourd'hui, on se rend compte que lorsqu'ils débarquent sur un point de vente, ils viennent, ils viennent abattre le charbonneur ou le chouffe. En tout cas, un membre du clan, peu importe qui il est."
Un tournant symbolisé par une arme : la kalachnikov. Cette arme de guerre incarne cette ère de "terrorisation", comme le décrit Pascal Bonnet. Si elle est majoritaire dans les règlements de compte, elle n'est pas la seule utilisée par les tireurs et une nouvelle arme a fait son apparition : les armes fabriquées en 3D. "Je crois qu'on a deux exemples actuellement sur le département d'armes imprimées en 3D qui ont été saisies", dévoile le commissaire divisionnaire.
Autre évolution majeur : le profil des tireurs. Désormais, les réseaux font la plupart du temps appel à des "freelances" du crime, une main d’œuvre extérieure à l'organisation, uniquement appelée pour exécuter un "contrat". Derrière la cagoule de ces tueurs se cachent des jeunes à peine majeurs. Un visage illustre cette bascule : celui de Mattéo, 18 ans, mis en examen pour 6 meurtres. Mais il n'est pas le seul. En 2023, près des deux tiers des fusillades sont le fait de jeunes âgés de 15 à 21 ans.
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Dans ce quatrième épisode de la deuxième saison, "Cartel Nord" retrace la route du trafic international de cocaïne, devenue en quelques années un produit incontournable sur les points de deal de Marseille.
Le cannabis demeure le produit phare du trafic de drogue dans la deuxième ville de France mais, désormais, la cocaïne est aussi présente sur tous les points de vente. "On est quand même pas loin d'être à une égalité de consommation quand même", souligne Olivia Glaser, cheffe de l'antenne Office antistupéfiants (Ofast) de Marseille.
L'arrivée de la cocaïne sur les points de deal est le résultat d'une hausse massive de sa consommation "multipliée par 5 entre 2014 et aujourd'hui", précise Claire Duport, sociologue et responsable de recherches à l'association Transverscité. Selon elle, cette augmentation de la demande pour ce produit intervient avec le passage à une société "de la performance où l'individu qui est valorisé aujourd'hui, c'est celui qui est jamais fatigué, qui peut bosser 20 heures par jour, qui fait la fête toute la nuit sans jamais avoir un coup de barre et qui s'occupe de sa famille, etc."
Une aubaine pour la narcotrafiquants qui voient là l'opportunité de développer un nouveau business. Surtout que ce produit, encore plus que le cannabis, permet de réaliser des bénéfices gigantesques. D’après une enquête du quotidien Le Monde en 2021, un kilo de cocaïne acheté 1 000 dollars en Colombie se revend 63 000 dollars aux grossistes en Europe. Un bénéfice de plus de 5 000%.
Avant d’atterrir sur les points de deal marseillais, la cocaïne parcourt plusieurs milliers de kilomètres et passe entre les mains de plusieurs organisations criminelles.
Un trajet complexe, aux mains des plus importantes organisations criminelles européennes - dont certaines marseillaises - avec plusieurs méthodes d'acheminement comme le décrit Jean-Philippe Vigot, le directeur régional des douanes de Marseille. Dans cette route, faire sortir la cocaïne des ports d'arrivée est une étape cruciale. Enfin, la dernière étape consiste à transformer et préparer la cocaïne pour le revendre au détail sur les points de deal.
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Dans ce troisième épisode de la deuxième saison, Cartel Nord retrace les débuts et le développement du trafic de cannabis à Marseille.
La deuxième ville de France est depuis toujours un lieu de passage important. "De par sa situation portuaire, les gens qui passent et transitent par Marseille viennent aussi avec leurs habitudes qui peuvent être pour certaines le kif, donc de fumer le cannabis", analyse Claire Duport, sociologue et responsable de recherches à l’association Transvercités.
Un tournant s'opère pour ce marché illicite au lendemain des révoltes de mai 68 où la jeunesse exprime son besoin de liberté. "Une partie de la jeunesse contestataire va trouver dans ces produits, le cannabis et l'héroïne, qui ont des effets un peu planant, une manière d'accompagner cette contestation d'une société de la performance", assure Claire Duport.
Pour les trafiquants, ce fait de société contestataire se transforme en opportunité de marché. Les prémices d’un trafic apparaissent, mais cela reste encore artisanal.
Dans les années 80-90, la hausse de la consommation conduit les trafiquants à structurer leur business. Une structuration qui s'opère à l'aune d'un basculement : initialement organisé dans le centre-ville de Marseille, le trafic se déporte en partie vers les quartiers Nord. "Ce déplacement dans la ville, il se fait aussi à l'aune d'une paupérisation très importante des cités et des quartiers pauvres, observe la sociologue. Cette bascule, elle est peut-être pas tant une bascule de l'organisation d'une criminalité organisée des drogues, mais plutôt une bascule de la déliquescence sociale et de la paupérisation des populations.”
Dans les décennies suivants, 90 et 2000, le marché explose. Les premiers points de deal visibles apparaissent et le boom de la consommation - qui double entre 90 et 2000 en France - entraîne une professionnalisation des réseaux de trafiquants. Une véritable structure se met en place avec une division taylorienne des tâches où chaque membre du réseau a un poste bien précis.
Bien qu'inspiré du monde entrepreneuriale, les trafiquants utilisent des méthodes ultra-violentes dans leur gestion du business. Chaque année, une dizaine de morts au moins sur fond de trafic de stup est recensée. Et paroxysme de cette ultra-violence : en 2023, 49 personnes ont été tuées. Cette violence s'exerce également à l'intérieur même des réseaux où des intimidations, tabassages et séquestrations sont régulièrement pratiqués.
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Dans ce deuxième épisode de la deuxième saison de Cartel Nord, suite et fin du témoignage d'un ancien trafiquant des quartiers nord de Marseille. Des confessions exclusives pour pénétrer dans l'envers du décor du trafic de stupéfiants.
Loin de vanter ou glorifier une activité illégale régulièrement responsable de fusillades entre différents clans pour le contrôle des points de deal résultant sur la mort de plusieurs dizaines de personnes par an, ce récit permet d'expliquer et de démystifier une réalité bien souvent fantasmée.
Dans la suite de son témoignage, ce repenti du stup révèle une autre facette du business de la drogue. Une face plus sombre, plus solitaire. Méfiance, paranoïa, trahison… La vie dans le trafic se complique. Il raconte être sans cesse sur ses gardes et dit se "méfier de tout le monde".
Il livre également son regard sur l'évolution de ce business qui a beaucoup évolué pendant la décennie passée à la tête d'un point de vente. Arrivée massive de la cocaïne sur les points de deal, avènement des femmes, resserrement des têtes de réseau ou encore évolution des petites mains du trafic... Il faut toujours s'adapter pour survivre.
Mais cette pression quotidienne est importante et lui pèse de plus en plus au fil des années. "Ce n’est pas une vie, lâche-t-il. Ne pas dormir, être à l’affût, devenir parano, parfois paniquer des gens que tu aimes bien…". Il prend alors la décision d'arrêter. Un choix radical et difficile à mettre en œuvre. Finalement, il parvient à en sortir et s'estime aujourd'hui "heureux d'en être sorti" et "content d'être en vie parce qu'il y en a plein qui sont morts". Et il ressort avec un message pour les jeunes : "évitez".
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Dans ce premier épisode de la deuxième saison de Cartel Nord, un ancien trafiquant des quartiers nord de Marseille témoigne sur son expérience au cœur d'un réseau de trafic de drogue. Des confessions exclusives pour pénétrer dans l'envers du décor du trafic de stupéfiants.
Loin de vanter ou glorifier une activité illégale régulièrement responsable de fusillades entre différents clans pour le contrôle des points de deal résultant sur la mort de plusieurs dizaines de personnes par an, ce récit permet d'expliquer et de démystifier une réalité bien souvent fantasmée.
Dans cette première partie, ce repenti du stup révèle comment il est tombé dans le piège du trafic et a commencé comme guetteur "vers 15-16 ans". Mais, très vite, il dit en vouloir plus et se constitue une "équipe" pour gérer le "charbon", le point de vente : guetteurs, vendeurs, fournisseurs, nourrices, sécurité...
Enfin, il révèle ses astuces pour développer son activité, notamment en plaçant son vendeur en dehors du point de deal. Cette "vente à la sauvette" résulte, notamment, par déplacer son "jeune" dans des cafés, avec la complicité du patron.
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Dans cet épisode bonus qui clôture la première saison de Cartel Nord, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, revient sur ce bilan "macabre". Il livre son analyse sur la lutte contre les narcotrafiquants et s'inquiète de "la perte de valeur" des personnes impliquées dans ce conflit de la Paternelle.
Arrivé en poste mi-octobre, Nicolas Bessone a été directement plongé dans la "guerre" entre la DZ Mafia et le clan Yoda. Dans cet entretien, il analyse à froid les nouveaux ressorts de ce conflit, au premier rang desquelles le changement dans les armes utilisées. "Quand vous utilisez un 9mm, Glock ou 11.43 vous ne faites pas les mêmes dégâts et ce n'est pas les mêmes objectifs que quand vous utilisez une kalachnikov et que vous rafalez", décrypte-t-il. Une nouvelle méthode qu'il associe à un "phénomène de dépersonnalisation" des exécutants.
Après un premier passage à Marseille comme vice-procureur entre 2004 et 2008, il confronte cette époque, celle de l'essor du narcobanditisme de cité, à l'actuelle où celui-ci est bien implanté. Il compare les nouveaux narcotrafiquants à des "commerçants très bien organisés" et se dit "frappé" par la "diversification de la marchandise".
Il met également l'accent sur l'action de la police face à ces deux clans. Une action qui a conduit à des records de saisis et de flagrants délits "ce qui a permis de prévenir un certain nombre d'assassinats et de mettre hors d'état de nuire certaines équipes". Malgré ces résultats, il reste lucide sur le fait que cela "ne suffit pas" mais se félicite de la nomination nouvelle de magistrats à l'étranger, à Sainte-Lucie dans les Caraïbes pour lutter contre la livraison de la drogue en amont et à Dubaï pour tenter d'interpeller le "haut du spectre de ces organisations".
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Ecrit et raconté par : Eric Miguet et Jean-Guillaume Bayard.
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Dans ce sixième et dernier épisode de la saison, décryptage de ce conflit entre la DZ Mafia et Yoda. Un décryptage qui apporte un éclairage : cette guerre n'est pas le fruit du hasard mais bien la conséquence de la volonté de plusieurs narcotrafiquants de faire main basse sur le trafic de drogue dans tout Marseille.
Plusieurs mois avant le début de la guerre de la Paternelle, démarré en février dernier, la police a eu vent de la mise en place d'un projet de grande ampleur sur Marseille. “Dès le printemps 2022, on savait que des personnes fomentent déjà des actions ou des projets de règlements de compte”, nous explique le commissaire Philippe Frizon, directeur zonal adjoint de la police judiciaire.
Cette agglomération de chefs de clan, cette "coupole" comme la nomme le commissaire Frizon, réunie autour du caïd de Bassens, a préparé un plan en plusieurs étapes. Mais ce plan ne s'est pas passé comme prévu. La faute à l'équipe de Yoda, plus puissante que prévue. Cette rencontre entre ces deux équipes a débouché sur un conflit d'ampleur qui a embarqué la plupart des clans de narcotrafiquants marseillais. Avec ce conflit, Marseille s'est divisé en deux et chacun a alors du choisir son camp.
C'est ainsi, au cœur du conflit, que la marque DZ Mafia est apparu, résultat de la réunion de plusieurs narcotrafiquants autour de la "coupole". Yoda contre DZ Mafia… En plus du conflit intense que se livrent ces deux clans sur le terrain, une guerre d'image se met en place où chacun rivalise de stratégies marketing sur les réseaux sociaux.
Face à ces deux clans, et au sanglant conflit de la Paternelle, la réponse policière est sans commune mesure. Depuis le début de l’année, 89 personnes ont été arrêtées et, parmi elles, 74 sont derrière les barreaux et 46 mises en examen pour homicide volontaire ou tentative. Côté armement, la police a intercepté 21 fusils d’assaut, 4 pistolets mitrailleurs, 3 grenades artisanales et 11 armes de points. Enfin, niveau stupéfiant, 133 kilos de cannabis et 46 kilos de cocaïne ont été saisies. Des chiffres auxquels s’ajoutent les actions sur le terrain. Pilonnage sur les points de deal, coups de filet ou encore flagrant délit : la police multiplie les interventions, en misant, notamment, sur la méthode pro-active.
Fin décembre 2023, la guerre de la Paternelle semble figée. La dernière fusillade en lien avec ce conflit remonte à la mi-novembre. Après 10 mois de guerre entre la DZ Mafia et Yoda, les pertes humaines considérables, les fusillades en série et les nombreuses interpellations portent un sérieux coup d'arrêt aux deux équipes. Mais ce coup d’arrêt ne signifie pas pour autant la fin des hostilités ou qu’un clan a pris le dessus sur l’autre. "Il y aura un avant et un après Paternelle 2023", conclut Florent Bonnefoi, journaliste au service fait divers de La Provence, spécialisé dans les affaires de narcobanditisme.
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Dans ce cinquième épisode, portrait de Matteo, ce jeune de 18 ans, arrêté le 3 avril dernier et soupçonné d'avoir participé à sept règlements de compte dans le cadre de la guerre de la Paternelle.
Lorsque les policiers interpellent le jeune Matteo le 3 avril dernier, c'est un choc. Devant eux se dressent un jeune homme aux allures d'adolescent, le visage plein de boutons d'acnés. Pour les enquêteurs, le choc ne s'arrête pas là. Le profil de ce jeune, originaire de la ville industrielle de Gardanne, interpelle. Matteo n’a pas le profil que l’on pourrait imaginer d’un tueur à gage. Il ne vient pas d’un milieu défavorisé, n’a pas grandi dans la misère et n’est pas forcément dans le besoin.
Matteo va très rapidement tomber dans le narcobanditisme. Jeune adolescent, il fait ses armes du côté de Salon-de-Provence comme guetteur. Très vite, le jeune Matteo gravit les échelons. Trafics, vols, cambriolages... Il plonge dans la délinquance. Et à 16 ans, il est incarcéré dans une prison pour mineurs. Libéré quelques mois plus tard, Matteo reprend immédiatement la route du crime, cette fois du côté de la région parisienne. Mais l'expérience tourne court. Il est rapidement interpellé et emprisonné à Fresnes.
A sa sortie, fin 2022, désormais majeur, il revient dans le sud, à Gardanne. Matteo est rentré déterminé : il veut faire carrière dans le crime organisé. Fort de rencontres avec des personnes haut placées dans le trafic de stupéfiants en prison, il se rapproche du clan de Bassens et aurait, entre janvier et avril, participé à sept règlements de compte.
Depuis le début du conflit en février dernier, d'autres profils semblables à Matteo sont apparus au gré des coups de filet des policiers. Des profils qui dessinent une nouvelle réalité : ces jeunes tueurs sont des freelance du crime et proposent leurs services à la manière des chauffeurs Uber.
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Dans ce quatrième épisode de notre podcast "Cartel Nord", c'est le début du conflit de la Paternelle. Et tout de suite, les deux clans en guerre - l'équipe Yoda et le clan de Bassens - se livrent une guerre sans merci qui se propage dans de nombreuses autres cités des quartiers nord.
Fin 2022, les deux clans de narcotrafiquants qui tiennent les deux points de deal de la Paternelle sont parmi les plus redoutables de Marseille. D'un côté, le clan Yoda gère le plan du bas, celui de la Fontaine, le plus lucratif de la cité et l'un des plus rentables de la ville. Celui qui dirige ce clan est un véritable entrepreneur du stup' qui a su développer le business de la drogue. Allié à la redoutable bande des Carmes, il est devenu l'un des plus puissants narcotrafiquants de Marseille.
De l'autre côté, l'équipe de Bassens, du nom de la cité voisine de la Paternelle, tient le point de deal du haut, le Maga. A sa tête, un caïd bien connu dans le milieu du trafic de stupéfiants qui, depuis sa sortie de prison deux ans plus tôt, revient avec force dans le narcobanditisme.
Début 2023, ces deux équipes se regardent alors en chien de faïence mais, rapidement, une série d'évènements fait grimper la tension. Et le 5 février, la guerre éclate. Deux fusillades surviennent coup sur coup à la Paternelle.
Quelques jours plus tard, à Phuket en Thaïlande, une rencontre va faire basculer cette guerre. Les chefs des deux clans se seraient retrouvés en boîte de nuit. La rencontre tourne court et se serait soldée par une bagarre avec le jet d'un saut de glaçons d'un narcos sur l'autre. Un jet de glaçons comme déclaration de guerre.
A Marseille, les jours qui suivent sont ceux de l'embrasement. 10 février, 11 février, 12 février... A chaque jour sa nouvelle fusillade. Et le 15, le conflit bascule définitivement. Une trentaine de personnes venues du Maga, le plan du haut, frappe à mort un guetteur de 17 ans posté devant le point de deal de la Fontaine. C’est le premier mort de la guerre de la Paternelle. Le point de non-retour est atteint.
A partir de là, Marseille s'embrase. La cadence des fusillades est telle que la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri, parle d'une "logique de vendetta".
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Dans ce troisième épisode, récit des premiers conflits à la Paternelle, entre 2021 et 2022, prémisses de la guerre qui a démarré début 2023 et a embrasé toute la ville de Marseille.
Début 2020, la Paternelle est une place incontournable dans le paysage du trafic de stupéfiants à Marseille. Les quatre points de deal ont survécu au Covid et aux divers confinements et en ont même profité pour montrer leur force de frappe, grâce à un stock de drogue quasi-illimité. Mais en 2021, le relatif équilibre entre les gérants de ces quatre points de deal volent en éclat. Un caïd originaire de Bassens sort de prison et souhaite reprendre le point de vente du haut, celui du Maga, alors entre les mains de l'un de ses lieutenants, Karim Harat. Problème, ce dernier ne veut pas lâcher prise. Durant l'été, un conflit éclate entre les deux équipes. Pendant deux mois, les fusillades s'enchaînent. Le bilan est effroyable : près d’une dizaine de personnes sont tuées. Au final, le nouveau caïd écarte Karim Harat et ce dernier sera interpellé à l'aéroport de Casablanca au mois de novembre suivant.
Une nouvelle réorganisation des forces s'opèrent à la Paternelle, mais, encore une fois, cela ne dure pas longtemps. Dès 2022, le nouveau caïd de Bassens en place sur le point de deal du haut de la cité, le Maga, a des volontés expansionnistes. Comme dans la série Game of Thrones, se met alors en place un jeu d'alliances et de stratégies : pour assécher les deux points de vente situés au cœur de la cité, le plan du Milieu et du Vieux-Moulin, il va se retourner contre le clan dit des Blacks - ses anciens alliés - qui les contrôlent. Pour ce faire, il se rapproche des ennemis des Blacks, le clan des Oliviers A. Et l'OPA hostile porte ses fruits : rapidement, ces deux points de vente sont mis hors jeu.
A l'été 2022, une autre partie s'opère. Un jeu du chat et de la souris se met en place entre la police et les équipes en place sur le point de deal du bas de la cité, celui de la Fontaine. Les premiers ont cherché à condamner l'accès routier vers le point de vente en posant des blocs de béton. Mais c'est sans compter la ruse des trafiquants pour tenter de les d2 loger. Un jeu de dupe auquel à assister en première ligne Florent Bonnefoi, notre journaliste au service fait-divers, qui le raconte dans le détail.
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