Episoder

  • Alexandre Dana est le fondateur de LiveMentor, une plateforme de formation qui accompagne les entrepreneurs dans leurs projets, mais aussi éditeur, auteur, et penseur d’un monde plus attentif, plus conscient. Il vient tout juste de lancer un Carnet de curiosité, un objet qui m’a beaucoup parlé, car il entre en résonance directe avec ce que je cherche à faire avec ce podcast : approfondir, comprendre, ralentir.

    Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir de recevoir Alexandre pour une conversation à la fois intime, dense et passionnée sur la place de la curiosité dans nos vies. Nous avons parlé de ce besoin vital d’explorer le monde, de ce que ça veut dire aujourd’hui d’être curieux à l’ère des contenus courts, des vidéos en boucle, des algorithmes qui nous enferment. Et surtout, comment reprendre la main. Comment ne pas se laisser happer par les feeds infinis et retrouver le goût du temps long.

    Alexandre m’a partagé la genèse de son carnet, ses influences (notamment le sociologue Niklas Luhmann avec sa méthode Zettelkasten), et son chemin personnel pour passer de la dispersion à la structuration. Il croit, comme moi, que notre attention est précieuse. Et que le papier est une arme puissante pour mieux apprendre, mieux penser, mieux vivre.

    J’ai aimé sa manière de voir la curiosité comme une boussole intérieure, mais aussi comme une résistance. Résistance à l’instantané, à l’hyper-spécialisation, à la perte de sens. On a aussi parlé d’éducation, de système scolaire, d’hyperconnexion, de fatigue numérique, de burn-out, de la joie de découvrir de nouveaux mondes, et même de confiance en soi.

    Si vous êtes du genre à collectionner les newsletters, à ouvrir 10 onglets sans les lire, à dire « j’aimerais prendre plus de temps pour lire mais je n’y arrive pas », alors cet épisode est pour vous. Il vous parlera, vous remuera peut-être, mais vous donnera surtout envie de sortir un carnet, un stylo… et de recommencer à penser vraiment.

    Citations marquantes« La vraie curiosité, celle qui devient une maîtrise, elle prend du temps. »« Prendre des notes sur papier, c’est déjà faire un premier pas vers la structuration. »« On ne résume pas la physique quantique en trois minutes. »« L’attention est devenue un acte de rébellion. »« La curiosité est peut-être le meilleur remède contre la peur de mourir. »10 questions posées dans l’interviewPourquoi as-tu décidé de créer un carnet de curiosité ?Quel est ton rapport personnel à la curiosité ?Comment as-tu pensé la structure de ton carnet ?En quoi le papier est-il une solution face à la fatigue numérique ?Comment structurer sa pensée à travers la prise de notes ?Pourquoi notre attention est-elle aujourd’hui en danger ?Quel est l’impact des algorithmes sur notre curiosité ?Comment retrouver une curiosité active et profonde ?Y a-t-il des contre-indications à la curiosité ?Comment choisir les sujets à creuser réellement ?Timestamps clés (format YouTube)00:00 Introduction et présentation d’Alexandre Dana02:00 Pourquoi la curiosité est essentielle04:00 La genèse du carnet de curiosité07:00 L’importance du papier dans l’apprentissage09:00 Le combat contre les contenus courts et la dopamine14:00 Structurer sa pensée avec la prise de notes20:00 Le concept de polymath et la pensée divergente25:00 Algorithmes, filtres et perte de curiosité32:00 Par où commencer pour ralentir40:00 Les différents usages du carnet de curiosité49:00 Curiosité, frustration et confiance en soi

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :#295 Les étapes de la rencontre avec soi avec Anne Ghesquière (https://audmns.com/FBVhPXW)#206 Comment développer l'esprit critique chez les enfants? Avec Samah Karaki (https://audmns.com/dFSogCP)#230 Comment se connecter à son intelligence situationnelle? Avec Guila Clara Kessous (https://audmns.com/bLRrqSQ)

    Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

  • Comme toutes les 2 semaines, je vous propose un épisode solo qui est la lecture de ma newsletter à laquelle vous pouvez vous abonner gratuitement si vous aimez lire, si vous voulez connaître les épisodes en avance mais aussi si vous souhaitez des liens pour approfondir les sujets.

    Performance dévoyée, agenda surchargé, notifications incessantes – êtes-vous aussi prisonnier que moi de cette course folle vers... nulle part ?
    J'ai une confession à vous faire : je connais parfaitement la voie de la sagesse, j’en ai même fait un Tedx et pourtant, chaque jour, je continue de courir comme un hamster dans sa roue.

    Pendant longtemps, j'ai ressenti une culpabilité profonde, pensant avoir gaspillé ma jeunesse dans des activités futiles.
    La société nous murmure sans cesse que chaque instant doit prouver sa valeur. Puis j'ai réalisé l'ironie : plus je pensais au temps perdu, plus je vivais dans le passé. À l'inverse, plus je m'inquiétais de ne pas perdre de temps, plus je vivais dans le futur.
    Ironiquement, tenter de ne pas perdre de temps peut devenir l'une des pertes de temps les plus profondes.

    Cette newsletter et donc cet épisode est mon cri d'alarme. Ou peut-être ma bouteille à la mer :)


    Combien de fois ai-je oublié de me demander si cette agitation perpétuelle me plaisait vraiment, parce que j'étais trop occupé à essayer de plaire au monde ?
    Combien de fois ai-je occulté la profondeur que pourrait avoir ma vie sans me laissant amadouer par le feu que les notifications allument dans mon corps ?

    En tant qu'indépendant, nous sommes constamment challengés à être optimisés.
    Cela dit, j’ai la sensation qu’être salarié ne protège pas nécessairement de cette quête infinie de l’optimisation.
    D’une certaine manière, indépendant ou salarié, nous sommes souvent notre pire patron.
    Et pourtant, je crois profondément que le temps que l'on prend plaisir à "perdre" n'est pas du temps perdu : faire la sieste, faire du sport, écouter un podcast, discuter avec ma mère, mes amis, regarder un film, me perdre dans mes pensées…en comparaison à rendre tel projet à temps ou poster xy posts sur Instagram – je sais de quoi je me souviendrais sur mon lit de mort.

    Tout cela est un temps essentiel non valorisé et pourtant, c'est l'essence même de la vie.

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  • Tariq Krim est un entrepreneur visionnaire que j’ai la chance de connaître depuis de nombreuses années.
    Il a fondé Netvibes — une plateforme pionnière dans la personnalisation du web dont les plus anciens se souviennent mais simplement pour vous permettre de mieux comprendre : tout le monde utilisait Netvibes et Zuckerberg était un grand fan entre autres — et aujourd'hui, il est devenu l'une des voix les plus lucides sur l'évolution du numérique et de l'intelligence artificielle.

    Dans cet épisode, j'ai invité Tariq pour démonter avec lui les grands mythes autour de l'IA.
    Ensemble, nous avons exploré sans détour ce qu'est réellement cette technologie, loin des discours alarmistes ou des promesses irréalistes.
    J'ai questionné Tariq sur les limites techniques des intelligences artificielles actuelles, leur impact sur notre société, notre manière de penser, de travailler, et sur la géopolitique mondiale.

    Nous avons aussi abordé des sujets fondamentaux comme la productivité individuelle face à l'automatisation, l'impact de l'IA sur la solitude sociale, et le rôle crucial de l'Europe face à la compétition entre les grandes puissances technologiques.
    Tariq a une capacité rare : celle de parler avec précision autant de la technique que des dynamiques politiques, sociétales et économiques sous-jacentes.

    Dans cet épisode, nous parlons de la réalité de l'IA (non, ce n’est pas une "vraie" intelligence), de la désinformation médiatique autour de cette révolution, de la militarisation des technologies et de l'urgence d'apprendre à penser par soi-même dans un monde saturé de contenus générés.

    C’est un échange riche, sans faux-semblants, parfois personnel, toujours accessible — dans lequel nous avons essayé de vous donner des clés pour mieux comprendre ce moment charnière que nous vivons.

    5 citations marquantes"L'intelligence artificielle n'est qu'une extension de l'informatique, pas une révolution magique.""Le vrai pouvoir de demain sera entre les mains de ceux qui savent encore penser par eux-mêmes.""L'IA n'est pas intelligente, elle est performante dans des domaines précis, c'est tout.""La géopolitique de l'IA est un combat pour la suprématie mondiale, pas pour le bien commun.""Chaque gain de productivité lié à l'IA déplace le travail, mais ne le supprime pas."10 questions structurées posées dans l’épisodeQuels sont pour toi les plus grands mythes autour de l'intelligence artificielle ?L'IA est-elle vraiment capable d'intelligence au sens humain ?Comment ChatGPT influence-t-il nos biais personnels ?Que penses-tu du concept de "deep search" dans l'IA ?Quel est le modèle économique réel des IA aujourd'hui ?En quoi l'IA est-elle devenue un enjeu militaire mondial ?Quelle place peut jouer l'Europe dans cette course à l'IA ?Est-ce que l'IA menace réellement l'emploi ?Comment éduquer les jeunes dans un monde dominé par l'IA ?L'usage intensif des IA risque-t-il d'accroître notre solitude numérique ?

    Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

  • Tariq Krim est un entrepreneur visionnaire que j’ai la chance de connaître depuis de nombreuses années.
    Il a fondé Netvibes — une plateforme pionnière dans la personnalisation du web dont les plus anciens se souviennent mais simplement pour vous permettre de mieux comprendre : tout le monde utilisait Netvibes et Zuckerberg était un grand fan entre autres — et aujourd'hui, il est devenu l'une des voix les plus lucides sur l'évolution du numérique et de l'intelligence artificielle.

    Dans cet épisode, j'ai invité Tariq pour démonter avec lui les grands mythes autour de l'IA.
    Ensemble, nous avons exploré sans détour ce qu'est réellement cette technologie, loin des discours alarmistes ou des promesses irréalistes.
    J'ai questionné Tariq sur les limites techniques des intelligences artificielles actuelles, leur impact sur notre société, notre manière de penser, de travailler, et sur la géopolitique mondiale.

    Nous avons aussi abordé des sujets fondamentaux comme la productivité individuelle face à l'automatisation, l'impact de l'IA sur la solitude sociale, et le rôle crucial de l'Europe face à la compétition entre les grandes puissances technologiques.
    Tariq a une capacité rare : celle de parler avec précision autant de la technique que des dynamiques politiques, sociétales et économiques sous-jacentes.

    Dans cet épisode, nous parlons de la réalité de l'IA (non, ce n’est pas une "vraie" intelligence), de la désinformation médiatique autour de cette révolution, de la militarisation des technologies et de l'urgence d'apprendre à penser par soi-même dans un monde saturé de contenus générés.

    C’est un échange riche, sans faux-semblants, parfois personnel, toujours accessible — dans lequel nous avons essayé de vous donner des clés pour mieux comprendre ce moment charnière que nous vivons.

    5 citations marquantes"L'intelligence artificielle n'est qu'une extension de l'informatique, pas une révolution magique.""Le vrai pouvoir de demain sera entre les mains de ceux qui savent encore penser par eux-mêmes.""L'IA n'est pas intelligente, elle est performante dans des domaines précis, c'est tout.""La géopolitique de l'IA est un combat pour la suprématie mondiale, pas pour le bien commun.""Chaque gain de productivité lié à l'IA déplace le travail, mais ne le supprime pas."10 questions structurées posées dans l’épisodeQuels sont pour toi les plus grands mythes autour de l'intelligence artificielle ?L'IA est-elle vraiment capable d'intelligence au sens humain ?Comment ChatGPT influence-t-il nos biais personnels ?Que penses-tu du concept de "deep search" dans l'IA ?Quel est le modèle économique réel des IA aujourd'hui ?En quoi l'IA est-elle devenue un enjeu militaire mondial ?Quelle place peut jouer l'Europe dans cette course à l'IA ?Est-ce que l'IA menace réellement l'emploi ?Comment éduquer les jeunes dans un monde dominé par l'IA ?L'usage intensif des IA risque-t-il d'accroître notre solitude numérique ?

    Timelaps :

    0:00 Introduction à l'IA et présentation de Tariq Krim0:50 Démontage des mythes autour de l'intelligence artificielle3:30 Pourquoi l'IA reste fondamentalement de l'informatique6:00 ChatGPT et personnalisation des biais cognitifs9:30 Deep search : opportunités et limites13:50 Impact réel sur la productivité individuelle20:00 Rôle des médias dans la perception publique de l'IA28:00 IA et militarisation technologique36:00 L'impact de l'IA sur l'éducation et l'apprentissage41:00 Solitude numérique et relations humaines

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :#205 Réseaux sociaux: y'a t-il un pilote dans l'avion? avec Tariq Krim (https://audmns.com/QYXZuUJ)Vlan #49 Le Slow web: vers une vision plus éthique d’internet avec Tariq Krim (https://audmns.com/jfEgxAx)#146 Comment l'intelligence artificielle peut réellement vous rendre plus humain.e avec Alexandre Pachulski (https://audmns.com/KdwwONa)#141 Les technologies et l'intelligence artificielle face à la crise climatique avec Luc Julia (https://audmns.com/WJCdimQ)Vlan #56 Ethique et intelligence artificielle sont elles compatibles? avec Aurélie Jean (https://audmns.com/mYmYlUh)

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  • Anne Ghesquière est entrepreneure, autrice, et fondatrice du podcast Métamorphose. Dans cet épisode, nous plongeons ensemble dans les profondeurs de la psyché humaine pour questionner notre capacité à changer.
    Nous sommes très proche avec Anne et cet épisode était une pépite, voici donc un petit extrait de notre conversation.

    J’ai interrogé Anne sur ce que signifie véritablement "changer" : est-ce que l’on évolue ou est-ce que notre essence reste la même, malgré les années, les épreuves, les prises de conscience ? Ensemble, nous avons évoqué l’idée que parfois, il ne s’agit pas tant de changer que d’accepter qui l’on est. Anne partage des réflexions personnelles puissantes sur l’acceptation de soi, la résilience, et cette part de folie créative qui sommeille en chacun de nous.

    Dans cet échange intimiste, on parle aussi de liberté, de destin, et de cette danse mystérieuse entre ce que nous sommes, ce que nous croyons devoir être, et ce que nous choisissons de devenir.

    Citations marquantes"Est-ce qu'on change vraiment, ou est-ce qu'on apprend simplement à mieux se connaître ?""La résilience n’est pas possible pour tout le monde, et c’est OK.""Ce n’est pas que j’ai changé, c’est que je retiens davantage.""Notre vie est une œuvre — comment la créer à notre image ?""Et si ce que l’on prend pour de la folie était simplement une forme d’art inexprimée ?"Questions posées dans l’interviewEst-ce que tu crois que les gens changent vraiment ?Que veut dire « changer » selon toi ?Est-ce qu’on peut évoluer sans changer fondamentalement ?Que penses-tu de l’idée que l’humain est « un peu fou » par essence ?Est-ce que la résilience est accessible à tous ?Est-ce qu’on est vraiment libre ?Comment fais-tu pour reconnaître tes anciens schémas ?As-tu appris à dire non ?Quelle est ta vision du destin versus le libre arbitre ?Comment faire pour exprimer notre part créative refoulée ?

    Suggestion d'épisode à écouter : #295 Les étapes de la rencontre avec soi avec Anne Ghesquière (https://audmns.com/FBVhPXW)

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  • Olivier, Marpeau est gynécologue de profession et créateur du compte Instagram « Mon Gynéco » avec plus de 1 million de followers.
    Avoir 2 hommes qui parlent de la santé des femmes et plus spécifiquement de la santé gynécologique, ca peut paraître étrange et pourtant je suis convaincu que les hommes devraient s'en soucier beaucoup plus.
    J'ai posé l'intégralité des questions que j'ai reçue suite à une story Instagram anodine - pourtant j'ai eu des centaines de questions!


    Avec Olivier, j’ai eu une conversation à la fois fluide, engagée et incroyablement nécessaire. Depuis plusieurs années, Olivier s’est donné pour mission de rendre la santé gynécologique plus accessible, plus compréhensible, et surtout moins taboue.
    Ce qui m’a particulièrement frappé chez lui, c’est son désir sincère de remettre du dialogue et de la pédagogie là où, souvent, il n’y a que silences et gêne.

    Dans cet épisode, nous avons parlé de ce que signifie être un homme dans un domaine encore très genré, et de ce que cela change dans l’écoute et la relation aux patientes.
    J’ai voulu comprendre avec lui pourquoi tant de femmes vivent avec des douleurs que l’on considère à tort comme normales, pourquoi certains gestes médicaux comme la pose de stérilet se font encore sans anesthésie, et comment l’endométriose peut rester invisible pendant des années.

    Nous avons aussi abordé la question de la contraception, de la fertilité, et de la congélation d’ovocytes, sujets qui soulèvent souvent plus de peurs que d’informations.
    J’ai questionné Olivier sur les limites du discours médical, sur les responsabilités qu’on fait peser (toujours) sur les femmes, et sur ce qu’il faudrait changer, concrètement, dans l’éducation à la santé.

    Ce qui ressort de cet échange, c’est qu’on ne peut plus se permettre d’ignorer la complexité des corps féminins, ni de continuer à invisibiliser leur souffrance.
    Et pour cela, il faut écouter, expliquer, transmettre. Olivier le fait avec douceur, rigueur et une vraie volonté de faire avancer les choses. C’est une conversation qui, je l’espère, fera bouger les lignes — et les consciences.

    `Citations marquantes« Les hommes n'ont aucune idée de ce que vivent les femmes au quotidien. »« Ce n’est pas en cachant les choses qu’on rassure les femmes, c’est en leur expliquant. »« On pose un stérilet sans anesthésie. Pourquoi ? Parce que la douleur des femmes est encore invisible. »« Beaucoup de femmes vivent avec des douleurs qu’on leur a dit normales... mais qui ne le sont pas. »« On devrait enseigner la fertilité à tous, pas seulement quand il est presque trop tard. »Questions structurées posées dans l’interviewPourquoi as-tu voulu créer le compte “Mon Gynéco” ?Qu’est-ce qui t’a le plus surpris en tant que gynécologue sur la santé des femmes ?Pourquoi les hommes sont-ils si peu informés ?Quels sont les tabous encore présents en gynécologie ?Comment expliquer qu’on pose un stérilet sans anesthésie ?Quelle est ta vision de l’éducation à la fertilité ?Pourquoi tant de femmes souffrent sans diagnostic pendant des années ?Que penses-tu du discours médical sur la contraception ?Quels sont les risques ou les réalités de la congélation d’ovocytes ?Que souhaiterais-tu dire à toutes les femmes qui hésitent à consulter ?Timestamps clés00:00 – Introduction de l’épisode et présentation d’Olivier04:12 – Pourquoi les hommes doivent comprendre la santé gynéco09:30 – La douleur féminine : une question négligée15:40 – Le tabou autour du stérilet et de la contraception22:05 – L’endométriose : symptômes, délais, souffrance invisible29:10 – La congélation d’ovocytes : explications claires et sans langue de bois34:45 – L’éducation sexuelle : un levier pour l’autonomie41:00 – Les consultations gynéco : ce qu’il faut vraiment savoir46:20 – Message d’Olivier pour les femmes (et les hommes)

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :#347 La gynécologie sans tabou avec Olivier Marpeau (Mongyneco) -partie 1 (https://audmns.com/tjfnTeq)#308 Libérer la parole sur la santé des femmes avec André Ulmann (https://audmns.com/hAQtMJz)#297 Briser les tabous autour de la ménopause avec Davina Mc Call (https://audmns.com/wpkwLZi)

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  • Olivier, Marpeau est gynécologue de profession et créateur du compte Instagram « Mon Gynéco » avec plus de 1 million de followers.
    Avoir 2 hommes qui parle de la santé des femmes et plus spécifiquement de la santé gynécologique, ca peut paraître étrange et pourtant je suis convaincu que les hommes devraient s'en soucier beaucoup plus.
    J'ai posé l'intégralité des questions que j'ai reçu suite à une story Instagram anodine - pourtant j'ai eu des centaines de questions!


    Avec Olivier, j’ai eu une conversation à la fois fluide, engagée et incroyablement nécessaire. Depuis plusieurs années, Olivier s’est donné pour mission de rendre la santé gynécologique plus accessible, plus compréhensible, et surtout moins taboue.
    Ce qui m’a particulièrement frappé chez lui, c’est son désir sincère de remettre du dialogue et de la pédagogie là où, souvent, il n’y a que silences et gêne.

    Dans cet épisode, nous avons parlé de ce que signifie être un homme dans un domaine encore très genré, et de ce que cela change dans l’écoute et la relation aux patientes.
    J’ai voulu comprendre avec lui pourquoi tant de femmes vivent avec des douleurs que l’on considère à tort comme normales, pourquoi certains gestes médicaux comme la pose de stérilet se font encore sans anesthésie, et comment l’endométriose peut rester invisible pendant des années.

    Nous avons aussi abordé la question de la contraception, de la fertilité, et de la congélation d’ovocytes, sujets qui soulèvent souvent plus de peurs que d’informations.
    J’ai questionné Olivier sur les limites du discours médical, sur les responsabilités qu’on fait peser (toujours) sur les femmes, et sur ce qu’il faudrait changer, concrètement, dans l’éducation à la santé.

    Ce qui ressort de cet échange, c’est qu’on ne peut plus se permettre d’ignorer la complexité des corps féminins, ni de continuer à invisibiliser leur souffrance.
    Et pour cela, il faut écouter, expliquer, transmettre. Olivier le fait avec douceur, rigueur et une vraie volonté de faire avancer les choses. C’est une conversation qui, je l’espère, fera bouger les lignes — et les consciences.

    `Citations marquantes« Les hommes n'ont aucune idée de ce que vivent les femmes au quotidien. »« Ce n’est pas en cachant les choses qu’on rassure les femmes, c’est en leur expliquant. »« On pose un stérilet sans anesthésie. Pourquoi ? Parce que la douleur des femmes est encore invisible. »« Beaucoup de femmes vivent avec des douleurs qu’on leur a dit normales... mais qui ne le sont pas. »« On devrait enseigner la fertilité à tous, pas seulement quand il est presque trop tard. »Questions structurées posées dans l’interviewPourquoi as-tu voulu créer le compte “Mon Gynéco” ?Qu’est-ce qui t’a le plus surpris en tant que gynécologue sur la santé des femmes ?Pourquoi les hommes sont-ils si peu informés ?Quels sont les tabous encore présents en gynécologie ?Comment expliquer qu’on pose un stérilet sans anesthésie ?Quelle est ta vision de l’éducation à la fertilité ?Pourquoi tant de femmes souffrent sans diagnostic pendant des années ?Que penses-tu du discours médical sur la contraception ?Quels sont les risques ou les réalités de la congélation d’ovocytes ?Que souhaiterais-tu dire à toutes les femmes qui hésitent à consulter ?Timestamps clés00:00 – Introduction de l’épisode et présentation d’Olivier04:12 – Pourquoi les hommes doivent comprendre la santé gynéco09:30 – La douleur féminine : une question négligée15:40 – Le tabou autour du stérilet et de la contraception22:05 – L’endométriose : symptômes, délais, souffrance invisible29:10 – La congélation d’ovocytes : explications claires et sans langue de bois34:45 – L’éducation sexuelle : un levier pour l’autonomie41:00 – Les consultations gynéco : ce qu’il faut vraiment savoir46:20 – Message d’Olivier pour les femmes (et les hommes)

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :#297 Briser les tabous autour de la ménopause avec Davina Mc Call (https://audmns.com/wpkwLZi)#308 Libérer la parole sur la santé des femmes avec André Ulmann (https://audmns.com/hAQtMJz)#189 Les psychédéliques pour améliorer votre santé mentale? Avec Françoise Bourzat (https://audmns.com/tgOZoDG)

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  • Cet épisode est tiré de ma newsletter, pour vous abonner c'est ici!!!

    Comme je vous. le dis je vous remercie mille fois pour me suivre dans cette aventure de Vlan!

    J'adore mon célibat actuel, cette liberté exquise de décider de mon emploi du temps sans compromis.
    Et pourtant, je suis un incorrigible romantique !
    Ce paradoxe délicieux me constitue et colore ma vie de nuances fascinantes.
    Cette dualité n'est sans doute pas étrangère à mon histoire familiale.
    J'ai grandi avec des parents qui se sont rencontrés jeunes, ont eu des enfants à 24 et 26 ans et sont restés ensemble jusqu'à la fin malgré les tumultes de la vie – chose de plus en plus rare, j'ai l'impression.
    Ils ont incarné devant moi la possibilité d'un amour durable, même si le chemin n'était pas toujours facile.
    N'est-ce pas incroyable que nous puissions simultanément chérir notre indépendance et rêver de construire à deux ?
    L'amour reste cette aventure extraordinaire qui transcende les époques.
    Au 18ème siècle, Benjamin Franklin déclarait qu'un "homme sans femme n'est rien d'autre qu'un demi-homme" (on était moins subtil à l'époque...d’autant moins quand on sait que les femmes célibataires étaient, elles, brûlées vivent pour sorcellerie), et aujourd'hui encore, malgré toutes nos avancées, le couple demeure cette quête collective qui nous anime presque tous.

    Qu'y a-t-il de si captivant dans cette danse à deux ? Pourquoi continuons-nous à nous lancer dans cette entreprise hasardeuse, malgré les cicatrices et les déceptions ?
    Peut-être parce que l'amour, dans ses plus beaux moments, nous offre cette alchimie rare entre sécurité et aventure, entre connaissance profonde et éternelle découverte.

    J'ai connu des histoires d'amour intenses - dont une qui m'a conduit à imprimer un livre de 400 pages de nos échanges et à déménager à New York !
    Ces expériences m'ont transformé, enrichi, parfois blessé, mais jamais je n'ai regretté de m'être lancé et de vivre pleinement les choses (c’est ce que me disais ma psy).
    Chaque relation a ajouté une couche de compréhension à ma carte du monde émotionnel.

    À travers cette newsletter, je vous invite à explorer avec moi les mystères et les joies de l'amour moderne, ses défis et ses trésors cachés.
    Je partagerai mes découvertes (j’ai beaucoup cherché), mes erreurs (nombreuses !) et les pépites de sagesse glanées en chemin.
    Car si j'ai renoncé au mythe paralysant de l'âme sœur, je n'ai certainement pas abandonné la quête d'un amour authentique et vibrant.

    Comme l'écriture elle-même, l'amour nous enseigne ce que nous ne savions pas connaître sur nous-mêmes. Embarquons ensemble dans cette exploration joyeuse !

    Mon parcours amoureux : des cicatrices comme boussole

    Ma première histoire d'amour a duré sept ans. Je l'ai rencontrée dès les premières semaines d'école de commerce, nous nous sommes fiancés, le mariage était planifié. Vingt ans plus tard, nous sommes toujours proches, mais cette relation était fondamentalement dysfonctionnelle — principalement à cause de moi, je dois l'admettre.

    J'avais endossé la cape du sauveur pour surmonter ma timidité. Mon besoin d'appartenance était si intense et elle incarnait tout ce que je n'étais pas.
    C'était profondément injuste pour elle mais j’y reviendrais.
    J'ignorais alors mes propres besoins, mes névroses, mon style d'attachement.
    Elle est devenue malveillante malgré elle, et cette histoire était condamnée dès le départ.

    Ma deuxième relation significative m'a conduit chez un psychologue, perdu que j'étais. Sans doute l'une des décisions les plus sages de ma vie. C'est aussi à cette période que j'ai commencé à consulter des voyantes, cherchant désespérément des réponses que je ne trouvais pas en moi.

    Puis est venue LA relation passionnelle de ma vie.
    Une relation tellement intense qu’elle est difficile à expliquer.
    Pour vous donner une idée: j'ai compilé les trois premiers mois de nos échanges dans un livre de 400 pages imprimé en deux exemplaires (un pour elle et l’autre pour moi), et j'ai déménagé à New York pour elle.
    Cette femme réputée pour son légendaire self-control ne maîtrisait plus rien non plus.
    Certains parleraient d'âme sœur ou de flamme jumelle — j'ai cherché toutes les explications possibles. Après quatre ans d'une intensité intacte, elle est partie sans un mot d'explication.

    Huit ans ont passé, et il m'en a fallu 6 pour m'en remettre. Je le dis ici car dans cette société ou tout va de plus en plus vite parfois on n’accepte plus chez les autres mais aussi chez soi même que certains processus prennent du temps.
    Quoiqu’il en soit cette rupture m'a transformé.
    Comme me l'a fait remarquer un ami, peu d'hommes parlent ouvertement de leurs blessures amoureuses. Je n'avais pas le choix — cette histoire m'a bouleversé dans ma chair.
    Je crois que c’est important d’en parler et c’est la raison pour laquelle j’ai accepté l’invitation d’Anne du podcast Métamorphose à l’époque.
    C’est essentiel de montrer la vulnérabilité sans faux semblant et que les hommes ne sont évidemment pas insensibles aux ruptures. J’espère que cela aura permis à d’autres hommes de se connecter avec eux même.
    Et puis, je suis heureux d’avoir fait un kinsugi de cette rupture en co-créant un kit de secours pour cœur brisés.

    Durant ces six années de deuil, j'ai sabordé des relations avec des femmes extraordinaires, les comparant inévitablement à elle. J'ai finalement réussi à briser ce lien toxique grâce à un travail acharné avec psychologues, énergéticiens, voyantes, astrologues, constellations familiales, et même l'ayahuasca. J'ai tout essayé pour m'en libérer.

    J'ai su que j'étais guéri quand je suis retombé amoureux. Même si cette nouvelle histoire fut brève pour d'autres raisons, elle a confirmé ma guérison. Aujourd'hui, je reste ouvert à construire quelque chose avec quelqu'un, mais ce n'est pas simple.

    Les raisons de cette difficulté sont précisément l'objet de cette newsletter et je vous livre ce qui selon moi cloche en 5 grands points !

    Raison #1 : Nous sommes des idéalistes irréalistes par essence

    Nous avons grandi bercés par des mythes grecs(ne les sous-estimons pas, ils sont centraux), des histoires comme celle de Roméo et Juliette, des contes pour enfants ou encore des films hollywoodiens qui nous ont fait croire que l'impossible devenait possible par amour.
    Mais ces récits se concentrent presque exclusivement sur la quête amoureuse, rarement sur ce qui vient après.

    "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants." Mais qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Comment ont-ils géré leurs névroses respectives ? Leurs univers distincts ? Leurs problèmes de communication ? Leurs baisses de désir ? Leurs potentielles tentations extraconjugales ?

    Dis rapidement, notre idéal romantique est incompatible avec la réalité d'une connexion humaine.
    Ces expressions comme "ma moitié" sous-entendent que nous serions incomplets avant de rencontrer l'autre. "The one" ou "l'âme sœur" suggèrent qu'une seule personne au monde peut nous convenir.
    Vous l’aurez compris, j'ai personnellement expérimenté ce mythe de l'âme sœur — et en ai payé le prix fort.

    Cet idéal présuppose que notre partenaire devrait tout comprendre de nous sans communication verbale, alors même que nous peinons à nous comprendre nous-mêmes (personnellement, je me découvre encore chaque jour).
    Cela est évidemment accentué par un individualisme (pour ne pas dire égoïsme) sous stéroïdes.
    L'autre vit dans un univers parallèle, avec un système proche mais fondamentalement différent du nôtre.

    De manière anecdotique, lors d'un de mes événements sur l'IA, une personne a partagé qu'elle se sentait plus "vue" et "entendue" par ChatGPT que par son médecin ou ses amis.
    Notre société d'hyper-optimisation nous a fait perdre la capacité à prendre le temps — ou à l'accorder à l'autre.
    La conséquence est ce manque d’écoute mutuel et donc des incompréhensions en pagaille.
    Et si vous ajoutez à cela des différences culturelles, comme je l'ai vécu, cela complique encore davantage la situation.

    Esther Perel m'a fait réaliser que nos attentes sont démesurées : nous demandons à une seule personne de nous apporter ce qu'autrefois tout un village nous fournissait — sécurité, identité, amitié, sexualité, complicité émotionnelle et intellectuelle, goûts communs...
    Je ne vous fais pas la leçon, je suis le premier à tomber dans ce piège, tout en sachant parfaitement son absurdité.
    Le couple exige des compromis et un travail constant de construction à deux.

    Par ailleurs, nous entrons dans une relation avec une vision identitaire, un rêve de qui nous voulons devenir — souvent flou ou fantasmé.
    Quand on s'engage, ce n'est pas seulement l'autre qu'on cherche, mais une version future de soi-même. Ici aussi je plaide totalement coupable et ma 1ère longue relation s’inscrivait à 200% dans cette dynamique.

    Mais comme le souligne Esther, ce processus est inconfortable car l'autre ne change pas à notre rythme et ne comprend pas nécessairement le rôle implicite que nous lui avons assigné (m'apaiser, m'ouvrir, m'élever, m'intégrer…).
    Le changement personnel étant douloureux, nous finissons par reprocher à l'autre ce qui nous fascinait initialement. Ainsi, un partenaire choisi pour sa légèreté devient "irresponsable", une personne stable devient "ennuyeuse"…

    Le fantasme identitaire se heurte inévitablement à la réalité relationnelle.
    Et bien sur, les applications de rencontre aggravent le problème en alimentant l'illusion d'une offre infinie, comme si l'amour n'était qu'à un swipe de distance.
    Pour y avoir passé du temps, je vous rappelle (particulièrement si vous êtes en couple) que c'est aussi illusoire que ces couples Instagram où tout semble parfait.

    Raison #2 : Les papillons dans le ventre sont souvent un dangereux leurre

    Nous avons tous éprouvé ces fameux papillons dans le ventre, cette sensation vertigineuse que nous pourchassons comme le nectar ultime de l'amour.
    C'est le moment où nous nous sentons le plus vivants d’ailleurs souvent considéré comme l'indicateur suprême de l'amour véritable.
    Franchement, quoi de plus délicieux que cette vibration viscérale ?

    J'adore personnellement cette sensation, mais les avertissements d'Alain de Botton m'ont ouvert les yeux : ce frisson que nous ressentons est très souvent une réaction à quelque chose de familier, parfois simplement l'activation d'un vieux schéma ou d'une blessure non cicatrisée.

    Voilà pourquoi nous sommes parfois attirés par des personnes qui ne nous conviennent pas du tout.
    En réalité, nous sommes attirés par ceux qui vont nous faire souffrir d'une manière qui nous est familière.
    Une relation calme, douce et respectueuse peut nous sembler étrange, "sans passion", voire profondément ennuyeuse, parce qu'elle menace notre scénario intérieur bien rodé.

    De Botton nous met en garde : ne confondez pas compatibilité avec familiarité traumatique. C'est extrêmement frustrant, car j'aime cette sensation d'intensité.
    D’ailleurs, même en sachant que c'est un indicateur défectueux, j'adore ces papillons et ce deuil n'est pas facile à faire (long way to go greg…ahahahhah).

    Alors à quoi se fier si les papillons sont trompeurs ?
    J'ai découvert que j'appliquais inconsciemment les conseils d'Alain de Botton quand je me sentais particulièrement à l'aise avec quelqu'un.

    L'une de ses questions préférées: "C'est quoi le weirdo en toi?" Parce qu'en vérité, sans masques ni artifices, nous sommes tous un peu étranges.
    Je sais que je suis vraiment amoureux quand j'ose révéler mes aspects les plus singuliers sans crainte du jugement, je laisse entrevoir ce qui se passe derrière le masque.

    Un autre signal essentiel selon lui — et auquel je suis attentif sans vraiment y réfléchir : observer si l'autre personne est capable de reconnaître ses propres biais et imperfections et si elle sait s'excuser quand ils se manifestent.
    Il faut également s'interroger honnêtement : sommes-nous nous-mêmes capables de cette introspection ? Je ne parle pas de sautes d'humeur passagères, mais de nos véritables zones d'ombre.

    On peut mesurer l'évolution d'une personne à sa capacité à reconnaître qu'elle est loin de l'idéal.
    Ce n'est pas quelque chose qu'on peut demander directement ; il faut l'observer à travers l'expérience partagée.
    L'objectif n'est évidemment pas l'auto-flagellation, mais une lucidité bienveillante sur nos mécanismes.

    Enfin, il est crucial de déterminer si la personne comprend que l'amour est une compétence plus qu'une émotion. Ressentir, bien sûr, mais surtout comprendre qu'un couple exige un travail commun, des compromis, des discussions et des efforts constants.

    Une amie a pris la décision d'aller voir un thérapeute de couple dès qu'elle a senti que sa relation devenait sérieuse.
    Non pas parce qu'ils rencontraient des problèmes, mais pour s'assurer que leur communication resterait toujours fluide.
    J'ai trouvé cette initiative particulièrement mature et judicieuse.
    D’ailleurs, je serais curieux de connaître votre opinion à ce sujet que certains pourraient qualifier de « tue l’amour ».

    Raison #3 : La catégorisation devient notre prison mentale

    Lorsque j'ai réalisé mon épisode sur les "pervers narcissiques", ma première observation fut celle-ci : quand tout le monde devient pervers narcissique, plus personne ne l'est véritablement.
    Et cette banalisation est irrespectueuse envers les véritables victimes.

    Cette réflexion s'applique à toute cette culture de surface et ces catégorisations simplistes que nous accumulons : styles d'attachement, langages de l'amour... sans oublier le mot fourre-tout "toxique", tellement galvaudé qu'il a perdu toute substance.

    Certes, se positionner sur un spectre a son utilité, mais comme son nom l'indique, c'est un "spectre" — il est rare d'incarner une seule catégorie pure.
    Personnellement, je trouve difficile d'identifier MON langage de l'amour principal, car tous me parlent profondément.

    Il en va de même pour la sexualité. Dans ce domaine, j'ai l'impression que nos corps communiquent directement.
    Certaines connexions sont extraordinaires, d'autres catastrophiques, sans que ce soit nécessairement la faute de quiconque. C'est ainsi, et ce n'est pas grave.
    Je l’avoue sans souci, j’ai été un « mauvais coup » pour certaines personnes mais j’espère un meilleur pour d’autres.

    J'ai souvent remarqué que cette alchimie se ressent dès le premier baiser. Cela dit, la sexualité reste un territoire d'exploration infini où nous devons d'abord accepter notre ignorance fondamentale.

    C'est particulièrement vrai pour les hommes car, d'après mon expérience, les femmes réagissent très différemment aux mêmes stimuli.
    Je n'ai pas d'expérience avec les hommes, mais j'imagine que c'est un peu plus mécanique — quoique vous pourriez me contredire.

    Au-delà de l'attraction initiale et des premières années, l'enjeu devient de faire durer le désir. J'ai adoré recevoir Anne et Jean-François Descombe sur ce sujet.
    Ils encouragent à dépasser l'idée reçue selon laquelle le sexe doit toujours naître spontanément du désir dans un couple établi.

    En réalité, aussi peu romantique que cela puisse paraître, il est souvent préférable de planifier des rendez-vous intimes, de créer délibérément des moments de connexion et de transcender les conventions en développant une perception corporelle plus subtile.

    Je n'ai jamais mis cette approche en pratique car ma compréhension de ces dynamiques est arrivée tardivement et mes relations récentes ont été trop brèves pour arriver à cet endroit. Cependant, j'observe que nous sommes souvent complètement déconnectés de nos corps sans même nous en rendre compte, parce qu'ils se protègent naturellement.

    Il faut réapprendre à ressentir, à ramener la sexualité dans le corps plutôt que dans la tête. C'est un travail considérable (pour moi aussi qui suis tellement cérébral).

    Raison #4 : Prisonniers de la performance, même dans l'intimité

    La sexualité demeure un enjeu majeur dans les relations, devenant souvent une difficulté dans les couples établis.
    Je crois que nous sommes conditionnés à la performance dans tous les domaines, alors que l'intimité devrait être précisément l'espace où cette pression n'existe pas.

    Pourtant, nous sommes obsédés par le plaisir de l'autre, et si nous échouons à l'atteindre, nous remettons tout en question. Cette pression existe pour les hommes, mais je la perçois encore plus forte chez les femmes.

    Un homme qui n'éjaculerait pas à répétition serait source d'inquiétude majeure pour sa partenaire, et probablement pour lui-même. J'ai conscience que mes propres biais transparaissent ici, mais j'ai l'impression que dans le sens inverse, ce serait moins problématique.

    Esther Perel dit: "Dis-moi comment tu as été aimé, je te dirai comment tu fais l'amour."
    Selon elle, notre histoire émotionnelle s'inscrit dans la physicalité de notre sexualité. Personnellement, il y a longtemps, j'entretenais une forme de respect que je qualifierais aujourd'hui de "déplacé" envers mes partenaires — déplacé parce que la sexualité n'implique pas un manque de respect.
    Typiquement, le problème résidait dans mon rapport à l'autre et à la sexualité en général.

    Un autre exemple peut être plus parlant pourrait être celui d’une femme qui n’oserait jamais dire à son partenaire qu'elle n'appréciait pas certaines pratiques sexuelles - cela illustre comment des schémas émotionnels anciens (peur du conflit ou de la désapprobation) créent des blocages dans l'intimité physique.

    Parfois, des couples apparemment harmonieux connaissent aussi des blocages sexuels malgré leur amour et leur entente.
    Esther Perel a développé toute une méthodologie de questions pour identifier comment nous avons appris à aimer, quelles ont été nos figures protectrices durant l'enfance, et si l'expression de nos émotions et de notre plaisir était considérée comme acceptable.

    Les réponses à ces questions révèlent comment nos expériences passées façonnent notre "plan érotique" et influencent nos défis émotionnels dans l'intimité.
    Notre histoire émotionnelle marque profondément notre sexualité, se manifestant à travers nos conditionnements, la reproduction de schémas relationnels, nos peurs de la vulnérabilité et la dynamique même de nos interactions intimes.

    Heureusement, la sexualité peut également devenir un outil pour accéder à des émotions profondes et résoudre des blocages que nous n'arrivions pas à surmonter autrement.
    En définitive, je crois que le couple n'existe pas pour "réussir" mais pour nous permettre de "ressentir".

    Nous devons impérativement nous libérer de cette logique performative et productiviste pour simplement nous sentir vivants.
    C’est une véritable révolution intérieure qui s'impose.

    Raison #5 : Nous entrons dans le couple pour évoluer, mais résistons au changement

    Depuis les Lumières, nous avons élevé l'individualisme au rang de valeur suprême. Comme je l'ai abordé dans une précédente newsletter, nous nous imposons une isolation que nous semblons apprécier, mais qui nous déconnecte de notre humanité fondamentale.

    La vie de couple exige d'articuler une dynamique entre préservation de son identité propre et connexion authentique avec l'autre.
    Comme évoqué dans la première raison, nous sommes des idéalistes irréalistes, portés par l'illusion d'un amour parfait qui nous transformerait en une version améliorée de nous-mêmes.

    Pourtant, lorsque nous nous engageons, cette promesse de métamorphose se heurte à la réalité.
    Nous ne choisissons pas un partenaire uniquement pour ses qualités ; inconsciemment, nous choisissons aussi une version future de nous-mêmes que nous aspirons à incarner — devenir plus calme, plus fort, plus complet.
    Esther Perel l'exprime magnifiquement : nous rencontrons l'autre pour retrouver une partie de nous encore inexplorée.

    Cette promesse d'évolution engendre cependant une tension profonde.
    Ce qui nous fascinait initialement devient source d'inconfort.
    Le calme apaisant se transforme en froideur détachée, la liberté joyeuse en irresponsabilité.
    La vision identitaire que nous avions imaginée entre en contradiction avec la réalité quotidienne du changement.
    Nous résistons à cette évolution parce qu'elle bouscule notre identité, même celle que nous avions idéalement construite.

    Le couple devient ainsi un espace paradoxal où nous aspirons à grandir tout en redoutant de perdre notre stabilité.
    Nous voulons évoluer, mais uniquement à notre rythme, sans que les transformations imposées par l'autre ne remettent en question ce que nous considérons comme notre essence. Ce conflit nous pousse souvent à rejeter ce qui devait nous transformer, à blâmer l'autre pour une inertie que nous percevons comme une trahison de notre idéal initial.

    Ce tiraillement entre l'envie d'ouvrir un nouveau chapitre et la peur d'abandonner l'image rassurante de notre identité constitue l'une des dynamiques les plus universelles et douloureuses de la vie à deux.
    C'est pourtant dans cette lutte que réside le potentiel d'une transformation authentique, si nous acceptons enfin le coût du changement intérieur.

    En conclusion: l'amour comme territoire d'exploration, non de performance

    Aimer aujourd'hui est difficile, non pas parce que nous serions devenus incapables d'aimer, mais parce que nous attendons de l'amour qu'il résolve tout.
    Qu'il nous apaise, nous élève, nous stimule, nous révèle.
    Qu'il nous offre simultanément la sécurité d'un foyer et l'ivresse d'une passion.
    Qu'il nous soutienne dans les moments difficiles tout en nous laissant respirer quand nous avons besoin d'espace.
    Ce n'est plus simplement une relation: c'est une architecture existentielle, un miroir identitaire, un incubateur de sens. C'est trop demander.

    Lorsque la réalité ne correspond pas à cette fiction intérieure, nous résistons.
    Nous accusons, fuyons ou nous replions.
    Nous croyons que l'autre nous blesse intentionnellement, alors qu'il réveille en nous des mémoires anciennes, des blessures non cicatrisées, des récits que nous tenons pour vérités absolues. Et nous l’avons vu, les papillons n’y sont pas pour rien…
    Nous oublions que dans toute relation, il n'existe jamais une vérité unique mais deux narrations distinctes — souvent incompatibles.

    Nous redoutons également le conflit, que nous confondons avec la fin de l'amour.
    Je déteste le conflit en bon « gentil », pourtant, un conflit traversé avec conscience est peut-être ce qu'il y a de plus vivant dans une relation.
    Il ne signale pas l'échec, mais la possibilité d'un lien authentique — non plus idéalisé, mais profondément incarné.

    Le couple n'a pas vocation à nous rendre heureux comme le ferait un produit fini.
    Il existe pour nous faire grandir, parfois nous ébranler, souvent nous décaler.
    Aimer n'est pas maîtriser, ni guérir, ni même comprendre entièrement.
    C'est oser traverser l'inconfort du lien sans fuir à la première dissonance.
    C'est abandonner l'idée qu'il existe une méthode parfaite pour aimer, pour embrasser la complexité d'un ch

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :[Solo] Ca veut dire quoi d'être un homme? (https://audmns.com/VrvDGYA)[NEWS] La gentillesse est-elle toujours une vertu? (https://audmns.com/fsjMsBo)[NEWS] Le paradoxe du siècle « social » que l'on fait mine d'ignorer (https://audmns.com/CREUtAc)

    Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

  • Matthieu Dardaillon est entrepreneur social, fondateur de Ticket for Change – une structure qui a accompagné de nombreux projets à impact, dont l’application bien connue Yuka – et il est aussi l’auteur du livre Anti-Chaos. J’avais très envie d’inviter Matthieu, parce que son livre entre incroyablement en résonance avec ce que je cherche à faire avec Vlan! : donner du sens, créer du lien, aider chacun à retrouver de la clarté dans un monde de plus en plus complexe.

    Dans cet épisode, nous avons eu une conversation très ouverte, presque intime, sur nos peurs, nos contradictions, nos espoirs aussi.

    On vit une époque de bascule, où tout s'accélère, où les repères se brouillent, où l’impuissance peut nous paralyser.

    C’est précisément cela que Matthieu aborde dans son ouvrage et dans notre échange : comment vivre et surtout agir dans un monde chaotique ? Comment retrouver notre pouvoir d’agir dans un système qui semble parfois aller droit dans le mur ?

    Ce qui m’a frappé, c’est à quel point nos réflexions se croisent. On parle de polycrises, de fin de modèle, de croissance absurde, mais aussi de rêve, de joie d’agir, d’entrepreneuriat du quotidien.

    Matthieu partage des outils concrets, comme le modèle ABZ ou la règle des deux jours, pour passer de la réflexion à l’action. Il explique aussi pourquoi l’écoute – la vraie, l’écoute empathique et générative – est fondamentale pour co-construire le monde de demain.

    J’ai aussi osé parler de mes propres contradictions, comme cette tension entre l’envie d’un mode de vie communautaire et l’imaginaire individuel dans lequel j’ai grandi.
    Et Matthieu, avec beaucoup de bienveillance, m’a aidé à poser des mots là-dessus, à me questionner sur mes valeurs, mes besoins, et sur les petits pas concrets que je peux poser pour avancer vers ce futur désirable.

    Ce qui est beau dans la pensée de Matthieu, c’est qu’elle ne moralise jamais.
    Il ne cherche pas à convaincre, mais à inspirer. Il ne juge pas ceux qui n’en font pas assez, mais célèbre ceux qui essaient. Il croit profondément en la puissance de l’exemple, en la valeur de la recherche collective, et surtout en la capacité de chacun à contribuer, depuis là où il est.

    Cet épisode est un souffle. Un moment suspendu pour réfléchir, ressentir, rêver, mais aussi agir. J’espère qu’il vous parlera autant qu’il m’a nourri.

    Citations marquantes« On est chacun contributeur, là où on agit au quotidien. »« Ce qu’il faut, c’est donner envie, pas convaincre. »« Le rêve est une étoile polaire dans le brouillard. »« On a besoin d’imaginer de nouvelles boussoles collectives. »« L’entre-deux-mondes est un lieu d’inconfort, mais aussi de création. »10 questions structurées posées Pourquoi as-tu écrit le livre Anti-Chaos ?Est-il normal de se sentir submergé aujourd’hui ?Quelles sont les causes profondes de cette sensation d’impuissance ?À quoi pourrait ressembler le monde de demain ?Comment peut-on vivre dans l’entre-deux-mondes ?Est-ce que tout le monde peut être un entrepreneur du changement ?Comment bien s’entourer pour réussir un projet à impact ?Quelle est la place du rêve dans un monde en mutation ?Comment gères-tu tes contradictions personnelles ?C’est quoi, pour toi, un rapport sain à l’argent ?Timestamps clés pour YouTube00:00 – Introduction par Grégory Pouy02:00 – Pourquoi Matthieu a écrit Anti-Chaos05:00 – Comprendre le chaos systémique10:00 – Vivre dans l’entre-deux-mondes13:00 – Le nouveau paradigme est déjà en marche18:00 – Reprendre son pouvoir d’agir26:00 – La question de la croissance30:00 – Le rôle du rêve35:00 – Imaginaire collectif vs. réalités personnelles40:00 – Le modèle ABZ : de la vision à l’action47:00 – Le rapport à l’argent51:00 – Les quatre niveaux d’écoute55:00 – Les projets actuels de Matthieu

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :#200 Comment j'envisage le monde aujourd'hui (https://audmns.com/XqycjtL)#335 Trouver du reconfort dans un monde en chaos avec Marie Robert (https://audmns.com/ICuFMra)#266 S'organiser pour affronter le chaos à venir avec Arthur Keller (https://audmns.com/OOxiCQp)

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  • Emmanuelle Duez est fondatrice de The Boson Project, un cabinet de conseil qui milite pour une transformation en profondeur de l'entreprise et de la société. Dans cet épisode, nous parlons d'engagement, de quête de sens, d'alignement personnel, et de la manière dont ces éléments s'entremêlent dans un monde en mutation.
    j'ai eu le plaisir de la recevoir il y a plusieurs années pour parler de l'engagement et ici c'est un extrait de notre conversation bien sur.

    J’ai questionné Emmanuelle sur ce qui pousse les individus à s’engager, alors même qu’ils n’y trouvent pas toujours un intérêt personnel immédiat. Elle m’a partagé sa vision très personnelle de l'engagement comme un moteur de vie, une façon de vibrer, de se sentir vivant à chaque instant. On a aussi échangé sur le rôle fondamental de l’alignement intérieur : comment peut-on réellement servir une cause sans d’abord être profondément ancré dans ses valeurs et sa propre histoire ?

    C’est une conversation dense, inspirante, parfois bouleversante, qui pose les bonnes questions sur notre place dans le monde, notre rapport aux autres, et notre désir de contribution. Un épisode miroir pour tous ceux qui se posent des questions sur leur trajectoire, leur cohérence, et leur envie de faire bouger les lignes.

    Citations marquantes

    "S'engager, c’est une mise en mouvement. C’est un point de bascule.""L’alignement, c’est quand ce qu’on fait sonne juste avec ce qu’on est.""Plus t’es profondément ancré, plus t’es solide.""Les gens profondément alignés sont solaires, ce sont des étoiles polaires.""L’engagement, à titre égoïste, me permet de vibrer chaque seconde."Questions poséesComment convaincre les gens de s'engager quand ils ne voient pas leur intérêt personnel ?Qu'est-ce que l'engagement t’apporte personnellement ?Pourquoi est-ce si important d’être aligné avec soi-même avant de s’engager ?Que signifie réellement être aligné dans sa vie personnelle et professionnelle ?Comment réaligner les organisations sur leurs valeurs profondes ?Pourquoi certaines personnes s’engagent pour de mauvaises raisons ?En quoi l'engagement peut-il être destructeur s’il est mal orienté ?Comment as-tu personnellement travaillé ton propre alignement ?Quel rôle a joué ton entourage dans ton parcours ?

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  • Pierre Haski, journaliste, chroniqueur à France Inter et surtout ancien président de Reporters Sans Frontières.
    Je ne vais pas y aller par 4 chemins, j'adore écouter Pierre sur France Inter, je le trouve didactique, clair et surtout il garde son courage.
    L'épisode a été enregistré à la toute fin décembre 2024 afin de vous donner le contexte de notre conversation.

    Si vous suivez l’actualité avec un soupçon de perplexité, vous le connaissez sans doute pour sa capacité à rendre la géopolitique intelligible dans un monde toujours plus complexe.

    Pierre est aussi l’auteur d’un ouvrage sur la Palestine, sujet brûlant s’il en est, qu’il aborde avec la profondeur d’un expert mais aussi l’humilité de l’homme de terrain.

    Dans cet épisode, j’ai voulu aller plus loin que les simples flashs d’info ou les réactions épidermiques.

    J’ai questionné Pierre sur ce qu’il appelle “la marge du monde” – ces zones que l’on regarde peu, mais où se jouent les équilibres de demain.

    Nous avons évoqué la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, la position ambigüe de la France, l’émergence du Sud global, le rôle grandissant de la Chine… et surtout les fractures qui nous empêchent souvent de comprendre ce que vivent “les autres”.

    Ce qui m’a profondément marqué dans cet échange, c’est cette manière qu’a Pierre de relier ses expériences personnelles – à Zanzibar, à Jérusalem, en Afrique du Sud – à la grande Histoire. Il ne prétend pas avoir toutes les réponses, mais il sait poser les bonnes questions et nous invite à décentrer notre regard.

    Dans cet épisode, nous parlons aussi de l’aveuglement occidental, de la montée des nationalismes, des tensions internes à l’Europe, de la puissance des narratifs et des dangers d’un monde où plus personne ne croit en rien. Passionnant, percutant, nécessaire.

    5 citations marquantes“Il y a le réel, et il y a des réalités – chacun a la sienne.”“Les témoignages contradictoires, c’est là où commence le travail du journaliste.”“Le monde n’est plus unipolaire, il devient confus et conflictuel.”“Si on ne comprend pas comment pensent les autres, on ne résoudra aucune crise.”“Quand un peuple ne croit plus en rien, on peut lui faire faire n’importe quoi.” – citation d’Hannah Arendt citée par Pierre10 questions structurées posées dans l’interviewComment passe-t-on de correspondant à France Inter ?Quelle est l’origine de ton intérêt pour la géopolitique ?En quoi consiste ton travail de vulgarisation à France Inter ?Pourquoi l’Occident ne comprend plus le Sud global ?Que signifie l’accusation d’apartheid portée par l’Afrique du Sud contre Israël ?Quelle est la portée symbolique du Sud global dans le nouvel ordre mondial ?Pourquoi l’ONU ne reflète-t-elle plus les rapports de force actuels ?Quelle est la position réelle de la France dans le monde multipolaire ?Comment expliquer les sympathies pro-russes en Europe et ailleurs ?En quoi les médias jouent-ils un rôle dans la polarisation et la désinformation ?Timestamps clés optimisés pour YouTube00:00 Introduction et présentation de Pierre Haski02:00 Zanzibar : la révélation du journalisme05:30 La pédagogie géopolitique sur France Inter08:00 Fractures de perception entre Nord et Sud12:00 Israël, Palestine et l’hypocrisie occidentale16:00 Le nouvel ordre mondial en gestation20:00 La France et son rôle européen affaibli28:00 L’OTAN, Trump et les risques de retrait américain36:00 Pourquoi certains sont pro-russes ?48:00 La Russie, la religion et les narratifs conservateurs53:00 TikTok, manipulations électorales et algorithmes58:00 France, médias et polarisation1:01:00 Israël-Palestine : l’impossibilité de l’unanimité morale

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  • Pierre Haski, journaliste, chroniqueur à France Inter et surtout ancien président de Reporters Sans Frontières.
    Je ne vais pas y aller par 4 chemins, j'adore écouter Pierre sur France Inter, je le trouve didactique, clair et surtout il garde son courage.
    L'épisode a été enregistré à la toute fin décembre 2024 afin de vous donner le contexte de notre conversation.

    Si vous suivez l’actualité avec un soupçon de perplexité, vous le connaissez sans doute pour sa capacité à rendre la géopolitique intelligible dans un monde toujours plus complexe.

    Pierre est aussi l’auteur d’un ouvrage sur la Palestine, sujet brûlant s’il en est, qu’il aborde avec la profondeur d’un expert mais aussi l’humilité de l’homme de terrain.

    Dans cet épisode, j’ai voulu aller plus loin que les simples flashs d’info ou les réactions épidermiques.

    J’ai questionné Pierre sur ce qu’il appelle “la marge du monde” – ces zones que l’on regarde peu, mais où se jouent les équilibres de demain.

    Nous avons évoqué la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, la position ambigüe de la France, l’émergence du Sud global, le rôle grandissant de la Chine… et surtout les fractures qui nous empêchent souvent de comprendre ce que vivent “les autres”.

    Ce qui m’a profondément marqué dans cet échange, c’est cette manière qu’a Pierre de relier ses expériences personnelles – à Zanzibar, à Jérusalem, en Afrique du Sud – à la grande Histoire. Il ne prétend pas avoir toutes les réponses, mais il sait poser les bonnes questions et nous invite à décentrer notre regard.

    Dans cet épisode, nous parlons aussi de l’aveuglement occidental, de la montée des nationalismes, des tensions internes à l’Europe, de la puissance des narratifs et des dangers d’un monde où plus personne ne croit en rien. Passionnant, percutant, nécessaire.

    5 citations marquantes“Il y a le réel, et il y a des réalités – chacun a la sienne.”“Les témoignages contradictoires, c’est là où commence le travail du journaliste.”“Le monde n’est plus unipolaire, il devient confus et conflictuel.”“Si on ne comprend pas comment pensent les autres, on ne résoudra aucune crise.”“Quand un peuple ne croit plus en rien, on peut lui faire faire n’importe quoi.” – citation d’Hannah Arendt citée par Pierre10 questions structurées posées dans l’interviewComment passe-t-on de correspondant à France Inter ?Quelle est l’origine de ton intérêt pour la géopolitique ?En quoi consiste ton travail de vulgarisation à France Inter ?Pourquoi l’Occident ne comprend plus le Sud global ?Que signifie l’accusation d’apartheid portée par l’Afrique du Sud contre Israël ?Quelle est la portée symbolique du Sud global dans le nouvel ordre mondial ?Pourquoi l’ONU ne reflète-t-elle plus les rapports de force actuels ?Quelle est la position réelle de la France dans le monde multipolaire ?Comment expliquer les sympathies pro-russes en Europe et ailleurs ?En quoi les médias jouent-ils un rôle dans la polarisation et la désinformation ?Timestamps clés optimisés pour YouTube00:00 Introduction et présentation de Pierre Haski02:00 Zanzibar : la révélation du journalisme05:30 La pédagogie géopolitique sur France Inter08:00 Fractures de perception entre Nord et Sud12:00 Israël, Palestine et l’hypocrisie occidentale16:00 Le nouvel ordre mondial en gestation20:00 La France et son rôle européen affaibli28:00 L’OTAN, Trump et les risques de retrait américain36:00 Pourquoi certains sont pro-russes ?48:00 La Russie, la religion et les narratifs conservateurs53:00 TikTok, manipulations électorales et algorithmes58:00 France, médias et polarisation1:01:00 Israël-Palestine : l’impossibilité de l’unanimité morale

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :#312 Les défis géopolitiques d’un monde hors de contrôle avec Thomas Gomart (https://audmns.com/jscnrns)#321 (partie 1) Israël-Palestine : Comprendre et décrypter le conflit avec Vincent Lemire (https://audmns.com/FvEjGWR)#299 Une autre histoire de l'humanité avec Christian Grataloup (https://audmns.com/AuGwnAl)

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  • Cet épisode est tiré de ma newsletter (à laquelle vous pouvez vous abonner ici bien sur et est disponible intégralement en vidéo sur la chaine Youtube :)

    La semaine dernière, je discutais avec un ami de longue date, père de deux garçons adolescents.
    La voix incertaine, il m'a confié : "Je ne sais plus quoi leur dire. Comment être un homme aujourd'hui ? Quels conseils leur donner quand moi-même je n'y comprends plus rien ?"
    Son désarroi m'a profondément touché, car il résonne avec une question que je me pose depuis l'adolescence : qu'est-ce qu'être un homme dans notre société ?

    Est-il encore possible d'incarner une masculinité qui ne soit ni toxique ni effacée ?
    Comment naviguer entre les attentes contradictoires qui bombardent les hommes quotidiennement ?
    Et surtout, pourquoi est-il devenu si difficile de simplement être soi-même ? Est-ce que cela signifie même quelque chose ?

    La confusion règne partout. La bouleversante série "Adolescence" sur Netflix nous plonge dans la réalité de jeunes garçons perdus, tiraillés entre les modèles masculinistes qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et une société qui condamne - à juste titre - les comportements toxiques.
    Pendant ce temps, l'affaire Gérard Depardieu révèle nos incohérences collectives : comment comprendre qu'un comportement de prédateur puisse encore être défendu au nom du "génie artistique", y compris par des figures féminines respectées ?
    De manière anecdotique, j'écris cette newsletter alors que simultanément j'observe de jeunes adolescents simuler une bagarre et jouer à la loi du plus fort.

    Dans ma propre histoire, des femmes m'ont parfois qualifié de "trop sensible" ou "tellement fragile" pour avoir simplement exprimé mes ressentis avec vivacité.
    Ces expériences m'ont amené à m'interroger profondément : notre société sait-elle ce qu'elle attend des hommes ? Savons-nous, en tant qu'hommes, ce que nous voulons être ?

    Cette confusion n'est pas seulement théorique - elle se manifeste dans nos comportements quotidiens, dans nos relations, dans notre façon d'élever nos enfants.
    Elle a des conséquences réelles sur la santé mentale des hommes, sur les dynamiques de couple, sur l'éducation des garçons qui tentent désespérément de trouver des repères dans ce brouillard identitaire.
    Les modèles masculins manquent cruellement : les pères sont souvent absents, les films & séries sont caricaturaux et les algorithmes des réseaux sociaux avantagent les avis extrêmes.

    J'observe des hommes qui, comme des caméléons, changent de personnalité selon qu'ils cherchent à séduire, à impressionner leurs pairs masculins, ou à répondre aux attentes contradictoires de la société.

    La masculinité est devenue un champ de mines - un pas trop appuyé vers la virilité et vous êtes un dinosaure toxique; un pas trop léger et vous êtes invisible, insignifiant.
    Ce numéro d'équilibriste épuise des générations entières d'hommes qui ne savent plus qui ils sont censés être.

    Aujourd'hui, je plonge sans retenue dans cette question explosive : qu'est-ce qu'être un homme au XXIe siècle, quand personne – ni les hommes, ni les femmes, ni la société – ne semble capable de formuler une réponse cohérente ?

    Mon histoire d’homme un peu perdu

    Paradoxalement, pour un homme, parler de masculinité reste compliqué.
    On craint de dire une bêtise, de ne pas être légitime.
    J'avais d'ailleurs expliqué à Angelo Foley cette « peur d'être un homme » sur son podcast il y a quelques années.
    Mais aujourd'hui, je me sens plus légitime que jamais pour mettre les deux pieds dans le plat.

    Mon histoire personnelle offre peut-être quelques clés de compréhension.
    Enfant, j'avais un père pompier de Paris, musclé et "viril" – une sorte de super-héros. Mais un super-héros chroniquement absent, qui ne prenait pas de temps pour ses enfants.
    Commercial avec le Maghreb, il était souvent en voyage et par ailleurs, il ne nous a pas beaucoup accompagné, pas appris à faire du vélo, pas joué avec nous.
    Il était un excellent bricoleur mais chaque fois qu’on essayait de l’aider et d’être curieux, il nous rejetait en nous disant que nous étions des incapables…
    Ce n’était pas nécessairement méchant mais juste réaliste, on lui faisait perdre du temps, très basique.
    Si je partage cela, c’est parce que je ne crois pas être le seul homme à avoir eu un père absent et donc un manque d’amour inconscient et surtout un père aimant et gentil mais loin de la paternité idéale.
    Il nous a quitté il y a 9 ans et je n’ai pas eu l’occasion de parler de cela avec lui malheureusement.
    Il y a d’autres sujets que j’ai abordé avec lui, j’y reviendrais peut-être.
    En parallèle, ma mère avait arrêté de travailler pour s'occuper de mon frère et moi.
    J’ai passé de très nombreuses journées dans le jardin de la cité, à écouter les conversations de ma mère et ses amies pendant des années.
    C'est peut-être de là que vient mon appétence pour les femmes, les conversations profondes, et ma facilité à m'entendre avec elles.

    J’ai grandi avec une bande de garçons et adolescent, nous trainions et faisions les 400 coups et beaucoup de skateboard.
    Mais mon caractère s'est véritablement ancré vers 13-14 ans, quand je me suis lié d'amitié avec Émilie.
    Ma première meilleure amie.
    Nous nous écrivions, nous nous appelions jusqu'à rendre fous nos parents respectifs.
    Quand ils en avaient assez, j'allais dans la cabine téléphonique du quartier (ceux qui savent, savent…) pour poursuivre nos échanges.
    Cette relation – parfaitement platonique puisqu'elle était la petite amie de mon meilleur ami – avait une profondeur incomparable avec les discussions entre garçons.
    Elle a nourri en moi une sensibilité qui ne demandait qu'à éclore.

    Depuis lors, mes amitiés sont très majoritairement féminines.
    Elles représentent sans doute 90% de mon entourage proche.
    On qualifie la sensibilité, l'écoute, et la vulnérabilité de valeurs féminines, pourtant, elles ne sont pas des qualités genrées – elles sont simplement humaines.
    Marque de notre société, et de manière très curieuse, même aujourd'hui, je ressens le besoin de préciser que j'ai toujours été attiré sexuellement par les femmes.
    Comme si une petite voix m'imposait cette clarification, de peur que vous ne fassiez d'autres suppositions.
    Preuve que les préjugés ont la peau dure, même à l'intérieur de moi-même.
    J’ai conscience que c’est idiot mais j’ai choisi de vous partager de manière sincère ce que je ressens.

    En 2 mots, ma vie s'est construite sur des amitiés homme-femme authentiques.
    Contrairement à ceux qui doutent de leur possibilité, je trace une ligne claire dans mon esprit entre mes « amies » et mes « intérêts romantiques potentiels ».
    Cette sensibilité est peut-être la raison pour laquelle vous êtes majoritairement des femmes à suivre cette newsletter et mon podcast par ailleurs.

     

     

     

    La quête d’une masculinité authentique

    Comme je l’ai décrit dans ma dernière newsletter, ces dernières années, j'ai travaillé sur ma «gentillesse » parfois excessive pour renforcer ce que l’on pourrait nommer ma « colonne masculine» : plus décisif, plus ancré, plus fort.
    Et d’ailleurs, je ne peux que constater que depuis que je vis à Lisbonne, je me suis lié d'amitié avec des hommes avec lesquels j'adore échanger.
    J'ai même créé un cercle d'hommes dans mon salon pour libérer une parole authentique entre nous – car, en vérité, les hommes se parlent rarement de cœur à cœur.

    Alors, parlons-nous franchement : c'est extrêmement compliqué d'être un homme aujourd'hui (je ne prétends pas que c'est simple d'être une femme, loin de là).
    En vérité, nous dansons tous ensemble une chorégraphie complexe de genre et d'identité. Mais cette réflexion se concentre spécifiquement sur la masculinité contemporaine.

    Je ne l’ai pas dit dans ma dernière newsletter mais ma « gentillesse » et mon côté « débonnaire» viennent partiellement d'un rejet du modèle masculin que j'observais autour de moi : mon grand-père, mes oncles, mon père….
    Mais ce faisant, comme pour beaucoup d'hommes, ma masculinité s'est construite en creux – par opposition plutôt que par affirmation.

    Mon ami Jerry Hyde  que j’ai reçu sur Vlan avec sa femme Mai Hua, l'a judicieusement noté : une certaine masculinité misogyne a parfaitement compris la frustration des jeunes hommes d'aujourd'hui.
    L'absence de modèles masculins positifs a créé un vide facilement exploitable.
    On leur a fait croire que le féminisme les avait privés de leur héritage légitime, que les hommes étaient naturellement destinés à dominer, et qu'il fallait revenir aux anciennes normes.

    Cette rhétorique toxique, combinée au fait que dans les classes populaires, les jeunes femmes réussissent souvent mieux à l'école et trouvent des emplois mieux rémunérés, a privé de nombreux hommes de leur rôle traditionnel de « pourvoyeurs ».
    Résultat : de nombreux jeunes hommes adhèrent massivement à cette vision régressive.

    Plus inquiétant encore : certaines femmes adhèrent aussi à cette vision.
    Pourquoi ? Parce qu'au fond, elles non plus ne veulent pas d'un homme perçu comme faible, insipide, fade, glissant, trop conciliant ou constamment dans l'excuse.
    Il faut admettre que ce n’est pas très sexy.
    La misogynie est culturelle et ne dépend pas du genre – les femmes absorbent ces mêmes messages toxiques.
    Encore aujourd’hui, beaucoup de femmes se construisent aussi, entre autres, avec l’idée que l’homme doit pouvoir subvenir seul au besoin d’un foyer et doit « protéger », créant par là même une dépendance financière et donc une relation de pouvoir à l’avantage des hommes.
    Nous sommes loin de cette masculinité en creux.
    Et en comparaison, l'image de l'homme misogyne paraît claire et séduisante pour certaines : puissant, identifiable, riche, entouré de belles femmes, propriétaire de belles voitures etc…

    Pour des jeunes désorientés, anxieux, perdus, ou pour des personnes plus âgées élevées dans des visions dépassées, cette masculinité toxique devient malheureusement une option attractive.

    Nature ou culture : au-delà des clichés

    Pour démêler ces questions complexes, j'ai voulu remonter à la source – au moment où la culture pesait moins lourd sur nos comportements.
    La préhistoire humaine s'étale sur 2,5 millions d'années et représente 99,8% de notre histoire, elle est donc constituée de multiples phases.
    Mais pour faire court, quand on interroge les experts, il leur est impossible de définir clairement des rôles genrés à cette époque.
    Les femmes chassaient vraisemblablement autant que les hommes.
    Et nos ancêtres n'avaient pas établi le rôle de l'homme dans la reproduction, ce qui empêchait tout système patriarcal structuré puisque l’homme n’avait, pour eux, aucun rôle dans la procréation.

    La sédentarité des femmes est en réalité apparue avec la fin du nomadisme et l'invention de l'agriculture, il y a seulement 10-15 000 ans.
    Quant à l'imagerie de la femme préhistorique restant dans la grotte et tirée par les cheveux par un homme des cavernes – elle a été créée au 19ème siècle et ne représente aucunement une réalité historique. Il s’agit simplement d’une projection d’une époque sur une autre.

    Pour aller plus loin, j'ai eu l'immense plaisir de recevoir l’un des primatologues les plus respectés au monde, Frans de Waal.
    Car au final, tout autant que nous sommes plus proches des humains préhistoriques qu’on aimerait le croire, nous sommes également tous des primates, très proches des grands singes.
    Ses conclusions sont éclairantes : la distinction entre sexe biologique et identité de genre est cruciale.
    Si une identité biologique existe, l'identité de genre est largement formée par l'imitation et l'apprentissage social.
    Les enfants observent et reproduisent les comportements associés à leur genre, ce qui active les centres de récompense du cerveau.

    Les différences physiologiques sont indéniables – cycles menstruels, gestation, allaitement sont exclusivement féminins.
    La conséquence principale est que les mâles ont tendance à considérer leur corps comme moins important. Mais la différence semble s'arrêter là.

    Contrairement aux idées reçues, « l'instinct maternel » tel qu'il est souvent conçu n'existe pas vraiment.
    Il y a une attirance des femelles vers les bébés, mais les compétences maternelles s'apprennent par l'observation.
    Quand une mère meurt, ce n’est pas une autre femelle qui prend le relai avec les bébés mais un mâle, qui développe alors dans son cerveau les même éléments qu’une femelle et qui ont trait au soin.
    A la naissance, les males sont un peu plus turbulents et plus actifs que les femelles mais encore une fois une partie de ce comportement est aussi généré par du mimétisme social pour répondre aux exigences du centre de récompenses de notre cerveau.
    De même, l'idée qu'un mâle cherche nécessairement de nombreux partenaires tandis qu'une femelle serait sélective est fausse.
    De Waal explique que les femelles primates sont également entreprenantes sexuellement et recherchent souvent de multiples partenaires.

    L'idée de la protection des femelles par les mâles est également une construction sociale.
    Bien que les mâles soient généralement plus grands chez de nombreuses espèces, cette différence est souvent liée à la compétition entre mâles plutôt qu'à la préférence des femelles.
    D’ailleurs, De Waal note que le dimorphisme sexuel (différence de taille) est relativement faible chez les humains, les chimpanzés et les bonobos comparativement à d’autres mammifères.

    Enfin, concernant les émotions, De Waal suggère que si leur intensité peut être similaire entre mâles et femelles, leur expression est fortement influencée par des règles culturelles.
    Les mâles, dans un contexte de compétition, cachent souvent leur vulnérabilité – non par nature, mais par construction sociale.

    Nous cherchons donc à opposer une réalité physiologique (les hommes et les femmes sont bien plus semblables qu'on veut nous le faire croire) à une réalité sociale – des millénaires de patriarcat.
    Mais dans le même temps, il est illusoire de penser que l'on puisse s'abstraire totalement de son contexte social.

    Les 3 grandes religions ont joué également un rôle dans la structuration du patriarcat évidemment mais je ne vais pas descendre dans l’histoire « récente » ici.
    Je ne crois pas aux hommes parfaitement déconstruits mais très souvent les femmes ne le sont pas plus.
    Au mieux, je crois que l’on peut s’éduquer sur le sujet et que nous pouvons observer le patriarcat dans nos pensées et développer suffisamment de conscience de soi pour prendre du recul.
    Et parfois, ça sort j’avoue, je dis une bêtise, ça m’échappe et je m’excuse.

    Une preuve simple si les expressions « ne fait pas ta meuf » ou « soit un mec » résonnent ou si quand vous pensez à un « care giver » vous pensez automatiquement à une femme ne serait-ce que 1 seconde dans votre cerveau, vous savez exactement ce à quoi je fais référence.

     

    Vers une masculinité réinventée

    Face au retour en force d'une masculinité toxique (coucou Trump, Vance, Tate, Zuck, Bezos ou Musk…) et à la dérive de certains espaces (comme les communautés de musculation sur les réseaux sociaux qui glissent vers le masculinisme), il est essentiel de proposer une alternative.

    Comme me le faisait justement remarquer mon amie Mai Hua, également co-autrice avec Jerry du documentaire « make me a man » , en m'envoyant un réel Instagram, les hommes « gentils » utilisent parfois cette masculinité toxique à leur avantage : « je vais te défendre contre ces hommes ».
    Mais cette masculinité en creux n'est pas une solution viable, car elle suppose le masculinisme pour exister.
    Ces hommes restent, d'une certaine manière, passifs et complices.
    D’ailleurs, ils montent rarement au créneau quand ils en ont l’occasion.

    Il faut reconnaître qu'une société qui vénère la compétition, la domination et l'accumulation (de biens, de pouvoir, de notoriété) est fondamentalement patriarcale.
    Ensuite, il est crucial de comprendre qu'il existe des masculinités et des féminités plurielles – il n’y a pas une seule "bonne manière" d'être au monde.
    Personne n'a besoin de s'enfermer dans un carré minuscule défini par des stéréotypes étroits.

    La série « Adolescence » sur Netflix montre bien comment les hommes souffrent aussi du patriarcat. Aucune place n'est laissée à la vulnérabilité, considérée comme une faiblesse, ce qui entraîne une atrophie de la capacité à exprimer ses émotions. J'ai même observé que certains hommes n'arrivent pas à décrire ce qu'ils ressentent intérieurement – leur vocabulaire émotionnel se limitant souvent à la joie, la frustration et la colère.

    Ma conclusion personnelle est qu'on peut développer une masculinité posée et ancrée, qui ne soit ni toxique ni effacée.
    Cette masculinité équilibrée implique une intelligence émotionnelle développée, l'assurance de ses envies et points de vue, une évolution constante en tant qu'être humain (notamment en matière de sexualité, où l'homme croit devoir « savoir » et « dominer », alors que personne ne sait vraiment puisque seul le porno nous « éduque »), la capacité à reconnaître ses torts et à poser des limites claires.

    Comme le résume parfaitement Jerry : il s'agit simplement d'être un adulte.
    Cela implique de dialoguer avec d'autres hommes qui ont développé cette maturité émotionnelle (qui n'est malheureusement pas une question d'âge).

    Finalement, comme pour tout être humain, la tendresse est au fondement d'une masculinité saine.
    Être un homme suppose d'intégrer toutes les parties de soi – force et vulnérabilité, courage et sensibilité, indépendance et connexion.
    Pour revenir à la question initiale, le rôle du père n’est pas de faire de son fils un homme mais un être humain entier.

    D’ailleurs, la théoricienne féministe bell hooks nous offre ici une boussole précieuse.
    Dans son œuvre "La volonté de changer: Hommes, Masculinité, et Amour", elle soutient que le patriarcat blesse profondément les hommes en les privant de leur pleine humanité émotionnelle.
    Selon elle, les hommes souffrent d'une "blessure de l'âme" en étant conditionnés à réprimer leurs émotions et à éviter la vulnérabilité.

    Si je devais traduire ses théories en conseils pratiques pour mes semblables masculins, voici ce que je retiendrais :

    1.     Reconnaître que notre capacité à aimer a été diminuée par le patriarcat - non pas pour nous victimiser, mais pour comprendre ce qui nous empêche d'être pleinement présents dans nos relations.

    2.     Développer une conscience critique de la manière dont les médias et la culture façonnent nos idées de la masculinité, et oser questionner ces messages.

    3.     Pratiquer activement la vulnérabilité - non comme une faiblesse, mais comme la plus grande force qui soit. Comme l'écrit hooks, "l'amour ne peut pas fleurir dans une culture de domination".

    4.     Créer des espaces entre hommes où l'on peut partager ouvertement ses peurs, ses doutes et ses émotions sans jugement.

    5.     Embrasser ce que hooks appelle une "éthique de l'amour" qui valorise la connexion, le soin des autres et la croissance personnelle au-delà des performances de virilité.

    Cette masculinité réinventée n'est pas un retour en arrière vers des archétypes dépassés, ni une négation de ce qui fait la spécificité masculine.
    C'est une proposition d'avenir, un équilibre dynamique qui répond aux besoins profonds des hommes tout en s'inscrivant dans une société qui aspire à l'égalité.

    Le temps est venu de dessiner ensemble ce que pourrait être cette masculinité du XXIe siècle – ni lavette, ni macho, mais pleinement humaine.

     

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  • David Darmon est médecin généraliste, professeur des universités, et directeur du département d’enseignement et de recherche en médecine générale à Nice.
    C'est une sommité au niveau français et même international.
    Nous parlons beaucoup d'IA. un peu tous les jours désormais (au moins dans mon cercle) et évidemment on a beaucoup entendu que l'IA allait remplacé les médeçins généralistes car plus accessible (en particulier quand vous êtes dans une zone éloignée des centres urbains).
    Et ca tombe bien car David Darmon a passé les 10 dernières années à comprendre aux impacts de l’intelligence artificielle sur le monde de la santé.
    Il était donc plus que naturel de l’inviter dans Vlan! pour discuter de ces transformations profondes.

    Dans cet épisode, nous parlons de la manière dont la médecine évolue à l’ère de l’IA, mais aussi de ce que cela dit de notre rapport à la santé, aux médecins et à la prévention. J’ai questionné David sur les maladies chroniques devenues la norme, sur l'inefficacité de notre système à répondre à cette nouvelle réalité, et sur la nécessité de repenser notre approche – non plus seulement curative, mais véritablement préventive.

    Nous avons également évoqué les déserts médicaux, les limites de notre système de formation, les dangers d’une médecine trop technicisée, mais aussi les opportunités qu’offre l’IA : accompagnement personnalisé, délégation intelligente, suivi asynchrone... sans jamais perdre de vue l’humain au centre du soin.

    David partage aussi des initiatives passionnantes menées à Nice, notamment autour du partenariat avec les patients – une vision de la médecine profondément collaborative et empathique, loin des clichés sur le manque d’écoute du corps médical.

    Un épisode riche, à la fois ancré dans le présent et tourné vers l’avenir, qui interroge notre manière de vivre... et de prendre soin.

    5 citations marquantes :"Le patient est l’expert de la vie avec la maladie.""On soigne les patients en équipe, pas en silo.""L’IA peut faire gagner du temps, mais elle ne remplace pas l’humain.""Ce que tu fais pour moi, sans moi, tu le fais contre moi.""70% des déterminants de santé sont en dehors du champ médical."10 questions posées pour résumé l'épisode :Quelle est la réalité de la santé en France aujourd’hui ?Comment expliquer l’essor des maladies chroniques ?Est-ce que la médecine doit devenir plus préventive ?À quoi pourrait ressembler la médecine avec l’IA ?Quelles sont les limites actuelles de l’IA en santé ?Pourquoi manque-t-on d’empathie dans la relation médecin-patient ?Comment formez-vous les médecins à Nice différemment ?Quelles données sont nécessaires pour faire avancer la médecine personnalisée ?L’IA est-elle un bon palliatif au manque de médecins ?Est-ce qu’on sera mieux soignés demain grâce à l’IA ?Timestamps :00:00 – Introduction de l’épisode01:00 – La réalité de la santé post-guerre à aujourd’hui04:50 – Déserts médicaux : causes et solutions07:30 – Vers une médecine plus fonctionnelle ?10:40 – L’éducation à la santé, un enjeu national12:40 – Les applications de l’IA dans la médecine20:30 – La révolution du dossier médical numérique25:20 – Manque d’empathie : comment y remédier28:00 – Le patient, acteur central du soin33:00 – IA & délégation des tâches médicales39:00 – Problèmes éthiques & souveraineté des données49:00 – Puces, quantification, et médecine préventive55:30 – Est-ce que l’IA nous soignera mieux demain ?

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :Vlan #94 Futur de la médecine: vers moins de médicaments avec Thierry Picard (https://audmns.com/WpdMhQo)#323 La bouche , le baromètre de notre santé avec Bruno Donatini (partie 1) (https://audmns.com/NCbnuVu)#239 Comment repenser le système de santé en France? Avec Jean Charles Samuelian (https://audmns.com/mTSHtnB)

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  • Jérôme Colin est journaliste, écrivain et réalisateur.
    Dans cet épisode, nous parlons de son dernier roman Les Dragons, une plongée bouleversante dans l’univers psychiatrique des adolescents.
    Ceci est un extrait de l'épisode que nous avons enregistré ensemble car cette semaine j'ai découvert la série "adolescent" qui m'a bouleversé de justesse et m'a fait pensé à cet épisode que nous avions enregistré ensemble.
    Je me suis dis que c'était important de ressortir cet extrait et peut être vous donner envie d'écouter l'intégralité de l'épisode bien sur.

    Dans cet extrait nous parlons en particulier du mal être des adolescents, de maladie mentale!

    J’ai rencontré Jérôme dans un moment rare, intense, presque brut.

    Il m’a parlé de ces ados qui ne veulent plus vivre, non pas parce qu’ils sont ados, mais parce que le monde que nous leur proposons est devenu invivable.

    Jérôme a fait une immersion de trois mois dans un centre psychiatrique pour écrire Les Dragons, et ce qu’il a entendu m’a profondément ébranlé : « Ce n’est pas l’adolescence, c’est la main de l’homme. »

    J’ai questionné Jérôme sur notre responsabilité d’adultes, sur l’école comme fabrique à normativité, sur la solitude imposée par la société, sur la difficulté à offrir un idéal mobilisateur à notre jeunesse. Mais aussi sur ce que ça veut dire d’aimer inconditionnellement son enfant, même quand il va mal.

    Un épisode fort, qui ne laisse pas indemne.

    Citations marquantes

    « Ce n’est pas l’adolescence, c’est ce que le monde leur fait. »« La vraie question, c’est pourquoi vous, les adultes, vous voulez vivre. »« L’isolement est une maladie — et le monde y trouve son compte. »« On ne se répare pas seul, il faut les autres. »« Le capitalisme ne propose plus d’idéaux à long terme. »Questions structurées poséesEst-ce qu’avoir des pensées suicidaires est inhérent à l’adolescence ?Les chiffres de la santé mentale des jeunes explosent-ils parce qu’on les écoute plus ?Qu’as-tu appris en immersion dans un centre psychiatrique pour ados ?Quelle est la part de responsabilité des adultes dans la souffrance des jeunes ?Comment les jeunes perçoivent-ils notre génération ?En quoi l’école est-elle une machine à conformer ?Pourquoi l’exclusion scolaire est-elle si problématique ?Quelle vision les jeunes ont-ils du monde et de l’avenir ?Comment établir un lien avec un ado en souffrance ?Comment offrir de l’espoir à un adolescent dans un monde incertain ?Timestamps clés00:00 – Le monde dans lequel les ados veulent mourir01:00 – Immersion dans un centre psychiatrique pour écrire Les Dragons03:00 – Nell : « Pourquoi vous voulez vivre ? »05:30 – L’école comme première zone d’exclusion07:45 – Le regard apocalyptique des ados sur les adultes08:45 – Que dire à un parent d’ado en crise ?10:40 – L’impact des écrans et la solitude des jeunes12:30 – Manque d’idéaux et effondrement de l’espérance13:30 – Le rôle de la rébellion et l’appel à sortir

    Suggestion d'épisode à écouter : #279 Le mal-être adolescent: conséquence d'une société violente ? avec Jerôme Colin (https://audmns.com/MsDIGME)

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  • Christopher Laquieze est un penseur autodidacte à la trajectoire singulière.

    Il n’a pas étudié la philosophie dans un cadre académique classique, mais a construit sa sagesse à travers les épreuves de la vie, la lecture passionnée et une quête personnelle du sens.

    Il est l’auteur du livre Le Silence de la Joie, une œuvre aussi poétique que profondément philosophique.

    J’ai découvert Christopher à travers son compte Instagram qui cumule plus de 300 000 followers et que je suivais avec beaucoup d’intérêt, intrigué par la densité et la lucidité de ses propos.

    Et ce que je peux vous dire, c’est que notre rencontre ne m’a pas déçu — bien au contraire.

    Dans cette période un peu dystopique et effrayante, j'avoue envie de vous parler de joie et de la manière dont on pouvait la trouver.

    Et ca tombe bien, dans cet épisode, nous avons plongé ensemble dans une réflexion vertigineuse sur le silence, la joie, le réel et la réalité.

    Nous avons parlé du silence de la joie, cette joie qui naît sans cause, comme un souffle venu du fond de l’âme.

    Une joie qui, pour Christopher, est un cri, une forme de révolte face à l’absurdité du monde.

    J’ai voulu comprendre ce que signifiait pour lui cette forme de joie silencieuse, mais aussi pourquoi il considérait le monde comme “tragique” et comment, malgré tout, il choisit d’y affirmer son existence.

    Christopher m’a partagé son parcours : une adolescence chaotique, une dépression sévère, une dérive dans la spiritualité dogmatique, et enfin, une renaissance à travers la philosophie.

    Une philosophie brute, vécue, ancrée dans le réel. Il raconte comment la philosophie l’a aidé à déconstruire des croyances, à abandonner des illusions, mais aussi comment elle peut être déstabilisante, voire destructrice.

    Nous avons abordé la notion de désir — non pas comme manque, mais comme élan vital — et évoqué des penseurs majeurs : Spinoza, Nietzsche, Camus, Clément Rosset, Pessoa... Autant d’influences qui éclairent sa pensée et nourrissent ses réflexions.

    Dans cet épisode, j’ai questionné Christopher sur le développement personnel, les dangers de la pensée positive poussée à l’extrême, la mémoire, la solitude, l’amitié, et cette idée si bouleversante : peut-on vraiment “passer à côté de sa vie” ?

    C’est une conversation d’une rare intensité, lucide, parfois brutale, mais toujours profondément humaine. Une plongée dans l’âme, un dialogue avec nos zones d’ombre, et une invitation à repenser ce que signifie vivre avec joie, malgré tout.

    5 citations marquantes« La joie, c’est apprendre à désespérer sans tomber dans le désespoir. »« Le silence n’est pas une absence de langage, mais une présence de sens. »« Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne que je la désire, mais parce que je la désire qu’elle devient bonne. »« La philosophie ne sauve pas toujours ; elle peut aussi nous détruire. »« On ne se définit pas parce qu’on est, mais parce qu’on n’est pas. »10 questions que l'on se poseQu’est-ce que représente pour toi “le silence de la joie” ?Pourquoi qualifies-tu le monde de tragique ?Le silence est-il le grand oublié de notre société connectée ?Pourquoi t’es-tu autant intéressé à la philosophie ?Est-ce que la philosophie peut nous sauver ?Quelle est ta vision du développement personnel aujourd’hui ?Comment animes-tu la joie en toi au quotidien ?Que signifie “désirer ce que l’on a déjà” ?Comment différencies-tu le réel et la réalité ?Est-ce que l’on peut passer à côté de sa vie ?Timestamps00:00 – Introduction : réel vs réalité
    02:00 – Nos perceptions façonnent notre réalité
    04:00 – Le langage, la poésie, et la manière de dire le monde
    06:30 – Mémoire, souvenirs et illusions : quand la fiction transforme le passé
    09:00 – Solitude, isolement, et rapport à soi
    12:00 – Peut-on se perdre ? Peut-on passer à côté de sa vie ?
    15:00 – Nier le réel pour se réfugier dans un récit personnel
    17:30 – Le deuil, l’imaginaire et les objets symboliques
    20:00 – Les illusions joyeuses et le risque de désillusion
    23:00 – L’éternel retour, Spinoza et le désir de ce qui est
    26:00 – Le conatus et l’énergie vitale du quotidien
    30:00 – Amour, désir et joie selon Spinoza
    34:00 – Friction vs confort : le rôle du labeur dans la joie
    38:00 – Ce que l’on est, ce que l’on n’est pas : se définir par la négation
    41:00 – Clôture de l’épisode : ouvrir et fermer la porte à l’expérience

    Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

  • Christopher Laquieze est un penseur autodidacte à la trajectoire singulière.

    Il n’a pas étudié la philosophie dans un cadre académique classique, mais a construit sa sagesse à travers les épreuves de la vie, la lecture passionnée et une quête personnelle du sens.

    Il est l’auteur du livre Le Silence de la Joie, une œuvre aussi poétique que profondément philosophique.

    J’ai découvert Christopher à travers son compte Instagram qui cumule plus de 300 000 followers et que je suivais avec beaucoup d’intérêt, intrigué par la densité et la lucidité de ses propos.

    Et ce que je peux vous dire, c’est que notre rencontre ne m’a pas déçu — bien au contraire.

    Dans cette période un peu dystopique et effrayante, j'avoue envie de vous parler de joie et de la manière dont on pouvait la trouver.

    Et ca tombe bien, dans cet épisode, nous avons plongé ensemble dans une réflexion vertigineuse sur le silence, la joie, le réel et la réalité.

    Nous avons parlé du silence de la joie, cette joie qui naît sans cause, comme un souffle venu du fond de l’âme.

    Une joie qui, pour Christopher, est un cri, une forme de révolte face à l’absurdité du monde.

    J’ai voulu comprendre ce que signifiait pour lui cette forme de joie silencieuse, mais aussi pourquoi il considérait le monde comme “tragique” et comment, malgré tout, il choisit d’y affirmer son existence.

    Christopher m’a partagé son parcours : une adolescence chaotique, une dépression sévère, une dérive dans la spiritualité dogmatique, et enfin, une renaissance à travers la philosophie.

    Une philosophie brute, vécue, ancrée dans le réel. Il raconte comment la philosophie l’a aidé à déconstruire des croyances, à abandonner des illusions, mais aussi comment elle peut être déstabilisante, voire destructrice.

    Nous avons abordé la notion de désir — non pas comme manque, mais comme élan vital — et évoqué des penseurs majeurs : Spinoza, Nietzsche, Camus, Clément Rosset, Pessoa... Autant d’influences qui éclairent sa pensée et nourrissent ses réflexions.

    Dans cet épisode, j’ai questionné Christopher sur le développement personnel, les dangers de la pensée positive poussée à l’extrême, la mémoire, la solitude, l’amitié, et cette idée si bouleversante : peut-on vraiment “passer à côté de sa vie” ?

    C’est une conversation d’une rare intensité, lucide, parfois brutale, mais toujours profondément humaine. Une plongée dans l’âme, un dialogue avec nos zones d’ombre, et une invitation à repenser ce que signifie vivre avec joie, malgré tout.

    5 citations marquantes« La joie, c’est apprendre à désespérer sans tomber dans le désespoir. »« Le silence n’est pas une absence de langage, mais une présence de sens. »« Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne que je la désire, mais parce que je la désire qu’elle devient bonne. »« La philosophie ne sauve pas toujours ; elle peut aussi nous détruire. »« On ne se définit pas parce qu’on est, mais parce qu’on n’est pas. »10 questions que l'on se poseQu’est-ce que représente pour toi “le silence de la joie” ?Pourquoi qualifies-tu le monde de tragique ?Le silence est-il le grand oublié de notre société connectée ?Pourquoi t’es-tu autant intéressé à la philosophie ?Est-ce que la philosophie peut nous sauver ?Quelle est ta vision du développement personnel aujourd’hui ?Comment animes-tu la joie en toi au quotidien ?Que signifie “désirer ce que l’on a déjà” ?Comment différencies-tu le réel et la réalité ?Est-ce que l’on peut passer à côté de sa vie ?Timestamps00:00 – Introduction de l’épisode01:45 – Le concept du “silence de la joie”03:06 – Pourquoi le monde est-il tragique ?04:17 – Le silence dans une société ultra-connectée06:16 – Le parcours personnel de Christopher vers la philosophie08:33 – La philosophie peut-elle être destructrice ?13:49 – Une critique de la spiritualité et du développement personnel21:16 – Comment naît la joie dans l’absurde ?23:42 – L’éternel retour et la joie selon Nietzsche30:55 – Désirer ce que l’on a déjà, selon Spinoza35:04 – La gratitude face au quotidien38:44 – Conclusion

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :#335 Trouver du reconfort dans un monde en chaos avec Marie Robert (https://audmns.com/ICuFMra)Vlan #90 Booster sa confiance en soi à l'ère numérique avec Charles Pepin (https://audmns.com/oVsnEHR)#336 Le bonheur doit être le projet de notre siècle avec Arthur Auboeuf (https://audmns.com/LkXQumL)

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  • Cet épisode est une lecture de ma newsletter disponible ici. Vous pouvez retrouver la vidéo de cet épisode sur Youtube sur la chaîne de Vlan!

    Dans cette époque particulièrement dystopique, la gentillesse trône au sommet de la hiérarchie des vertus recherchées.
    On la réclame, on la valorise, on l'érige en panacée contre toutes les violences contemporaines. Partout, on implore la bonté, on quémande la générosité, on s'abreuve avidement aux sources des énergies positives.

    Et je m'y plie avec dévotion depuis ma plus tendre enfance.
    Je me suis toujours défini comme un « gentil » et c'est probablement ainsi que mon entourage me décrirait sans hésiter quoique c’est sans doute présomptueux de ma part.
     Mais cette vertu tant louée dissimule-t-elle des zones d'ombre que je refuse obstinément de reconnaître ou plutôt contre lesquelles je ne travaille pas assez?

    Il y a quelques mois, le jour de mon anniversaire, une amie autrice britannique, Taiye Selasi, m'a lancé cette phrase qui m'a ébranlé : « The problem, Greg, is that you are a nice guy when you should be kind instead ».

    Encore une fois, une nuance linguistique anglaise qui m'échappait. Car comme vous sans doute, à cet instant précis, j'étais incapable de distinguer entre « nice » et « kind », les deux se fondant dans le même mot français : « gentil ». Je lui ai donc demandé d'éclairer ma lanterne.

    Gentil ou authentique : le dilemme qui vous détruit

    Elle m'a expliqué que « kind » incarnait une forme de bienveillance et de bonté du cœur qui circule dans les deux sens – envers les autres, mais aussi, et c'est crucial, envers soi-même.

    Une personne « kind » connaît intimement ses propres limites et pose des frontières claires aux autres. Tandis qu'une personne « nice » serait rongée par un besoin viscéral d'être aimée, au point que toutes ses barrières s'effondrent – transformant cette prétendue qualité en authentique défaut.

    Elle m'a alors recommandé la lecture de « No More Mister Nice Guy » de Robert Glover, que j'ai reçu sans tarder sur Vlan !

    L'épisode étant en anglais, j'ai décidé d'en faire cette newsletter pour vous expliquer pourquoi ce sujet me touche personnellement, et partager avec vous ce que j'en retire.

    Il y a tant de personnes méchantes et sournoises dans ce monde, pourquoi donc questionner la gentillesse ?

    Existe-t-il véritablement un « syndrome du gentil » ?

    La gentillesse pourrait-elle cacher des faces obscures ? Comment être gentil de manière juste ? Doit-on adhérer entièrement à la réflexion de Robert Glover ? Quelles critiques peut-on lui adresser ?

    La gentillesse comme bouclier contre les coups

    Pour saisir pourquoi ce sujet me touche particulièrement, je dois vous embarquer dans la construction de mon identité, et je pressens que cela résonnera avec certains d'entre vous.

    Ma mère n'était pas fondamentalement maltraitante, mais elle nous battait, mon frère et moi, de façon régulière (oui j’ai traité le sujet avec elle depuis).

    J'ai donc appris très tôt cette équation fatale : pour être aimé, il fallait être gentil, se plier en quatre pour tenter désespérément de faire plaisir.
    Bien sûr, je suis naturellement doté d'une bonté et d'une générosité profonde, mais vous remarquerez sans doute que la gentillesse dans laquelle je me suis enfermé n'était pas authentiquement la mienne. J'y reviendrai.

    Mon objectif premier ? Éviter les coups, tout simplement, mais surtout – gagner l'amour de ma mère. Cela implique que j'ai également intégré l'idée que les coups pouvaient s'entrelacer à l'amour – mais c'est un autre sujet que j'explorerai en temps voulu.

    Mon enfance s'est structurée sur ces fondations : la gentillesse comme mécanisme instinctif de protection et le rire comme échappatoire vitale. Comment refuser d'aimer une personne gentille ? Une personne qui s'évertue à devancer vos moindres attentes ?

    Au fil des années, je me suis métamorphosé en véritable caméléon, tentant de devenir ce que j'imaginais que les autres attendaient de moi, fuyant le conflit comme la peste.

    “Qu'est-ce qu'ils vont penser ?” : le mantra des dominés

    Il y a évidemment une part naturelle de socialisation et un besoin viscéral d'appartenance dans tout cela.

    Particulièrement quand, comme moi, vous êtes métis sans racines solides d'un côté puisque « descendant d'esclaves », portant le fardeau de la culpabilité d'être différent, écrasé par la pression sociétale d'être un « bon français », ce qui en France, avec notre modèle d'intégration républicaine, suppose d'être « plus blanc que blanc ».
    Ma mère nous a inculqué très tôt l'obligation d'être plus polis, plus irréprochables que quiconque, nous martelant régulièrement cette question : « qu'est-ce qu'ils vont penser ? ».

    Déjà qu'on nous montrait du doigt dans le village de mes grands-parents paternels – il semblait évident qu'on devait faire profil bas.

    Cqfd : cette stratégie est vouée à l'échec. On vous reprochera toujours votre couleur de peau jusqu'à ce que vous vous intégriez socialement, c'est-à-dire jusqu'à ce que vos revenus ou votre statut vous permettent de transcender cette réalité.
    Et même dans ce cas, dans certains contextes, cela reste illusoire.

    Pour être sincère, les gens tombent toujours des nues quand j'évoque le racisme ordinaire qui a jalonné mon existence, car après tout « on ne dirait pas vraiment que tu es noir toi, on pourrait penser que tu es italien, israélien, libanais, marocain, etc. ».

    J'ai entendu cette phrase un nombre incalculable de fois et ma réponse reste invariablement la même : « ce qui est certain, c'est que je ne suis pas blanc, et je peux t'assurer que la rue, la police, les institutions me le rappellent régulièrement ». Je vous le confie ici : je suis né d'un père bourguignon et d'une mère martiniquaise, elle-même métisse noire et indienne – et aujourd'hui, j'en porte fièrement l'héritage.

    Par ailleurs, il faut savoir qu'une règle tacite règne presque universellement (y compris sur les continents africain et asiatique) : plus la peau est claire, plus on vous valorise – le noir occupant le bas de l'échelle, particulièrement pour les femmes malheureusement pour elles, les études sont unanimes.

    Je vous raconte tout cela car ce phénomène a exacerbé un complexe qui grandissait insidieusement en moi.

    Votre gentillesse vous étouffe - et les autres le sentent

    Comme Robert Glover l'explique, être un "nice guy" suppose de dissimuler sa véritable nature pour éviter de froisser quiconque.
    Cette dynamique rappelle étrangement le "doublethink" décrit par Orwell dans "1984" – cette capacité à maintenir simultanément deux croyances contradictoires. D'un côté, notre authenticité profonde, et de l'autre, l'image que nous projetons pour être acceptés.

    Le terme qui définirait le plus justement ce type de gentillesse serait peut-être « débonnaire », qui signifie selon le Larousse « être bon jusqu'à la faiblesse ».
    Un terme rarement utilisé mais qui capture parfaitement ce que Robert Glover décrit, et que j'adopterai désormais dans cette newsletter pour définir ce type de « gentillesse ».
    Cela me permet en outre de préserver le terme « gentil » qui me semble fondamentalement précieux.
    Les débonnaires, donc, sont tellement obsédés par la dissimulation de leur véritable nature et par les désirs des autres qu'ils en oublient leurs propres aspirations.

    Une voix intérieure nous souffle : « ça sera plus simple comme ça, sinon ça va créer du conflit et on doit pouvoir l'éviter ». Deux scénarios se présentent alors : soit notre interlocuteur, presque malgré lui, repousse les limites et devient maltraitant – un comportement infantile qui révèle le besoin que quelqu'un fixe des frontières.

    Soit le débonnaire accumule tant de frustrations qu'il finit par exploser, provoquant précisément les tensions qu'il s'efforçait d'éviter.

    Dans les deux cas, nous sommes inéluctablement perdants.

    Je suis gentil, donc je ne suis pas

    Selon Robert Glover, la débonnaireté s'enracine dans deux terrains principaux : une honte toxique accompagnée d'une petite voix intérieure qui murmure « je ne suis pas assez bien comme je suis » ou simplement « je ne suis pas assez », et une angoisse dévorante d'être abandonné ou blessé.
    On retrouve ici les personnes avec un attachement anxieux. J'ai d'ailleurs consacré un épisode de Vlan ! à ce sujet, si vous souhaitez l'approfondir.

    En deux mots, la théorie de l'attachement, développée par John Bowlby, distingue trois types principaux d'attachement : anxieux, sécurisé et évitant. Ces modèles d'attachement se forgent généralement durant l'enfance.
    L'attachement anxieux se développe lorsque la réponse aux besoins émotionnels de l'enfant est imprévisible ou incohérente.
    En grandissant, ces individus vivent dans la crainte perpétuelle de perdre l'affection ou l'attention d'autrui, cherchant à compenser cette insécurité fondamentale par des comportements de dépendance affective marqués.

    Une personne ayant développé un attachement anxieux sera particulièrement vulnérable à la codépendance.

    Elle s'enferme dans une dynamique où ses besoins, ses désirs et son équilibre émotionnel dépendent étroitement du regard et de l'attention de l'autre.
    Cette dépendance excessive engendre souvent un cercle vicieux : plus la personne s'accroche, plus elle risque d'éloigner l'autre, confirmant ainsi sa peur primordiale de l'abandon.

    Vivre par procuration : l'existence fantôme

    La codépendance est un concept initialement forgé dans le contexte des addictions, spécifiquement pour décrire le comportement des proches de personnes dépendantes à l'alcool ou à des substances. Il émerge aux États-Unis dans les années 1970, en parallèle de la prise de conscience des dynamiques relationnelles au sein des familles d'alcooliques.

    Originellement, être codépendant signifiait adopter un comportement centré sur l'autre, jusqu'à s'oublier soi-même, dans une tentative désespérée de contrôler, sauver ou protéger la personne dépendante.

    Au fil du temps, le concept de codépendance a transcendé le cadre strict des addictions pour décrire des relations affectives marquées par une anxiété relationnelle intense. Aujourd'hui, la codépendance désigne une tendance à s'investir excessivement dans les relations, à dépendre viscéralement de l'approbation d'autrui pour nourrir son estime de soi, et à éprouver une anxiété dévorante liée à la peur de l'abandon ou du rejet.

    Prendre conscience de ces mécanismes permet de mieux comprendre et d'apaiser ces dynamiques relationnelles en travaillant notamment sur la sécurisation de son attachement et sur l'affirmation de soi.

    Personnellement, je ne pense pas avoir vécu de véritable codépendance, mais j'ai longtemps navigué avec un attachement anxieux que j'ai laborieusement travaillé en thérapie, me permettant d'atteindre aujourd'hui un attachement bien plus sécurisé. D'ailleurs, plus que de codépendance, Robert Glover préfère parler de « fonctionnement emprunté » (« borrowed functioning »).
    Ce concept décrit une situation où l'on s'appuie excessivement sur les compétences, les émotions ou la validation d'autrui pour fonctionner quotidiennement, faute de pouvoir mobiliser ses propres ressources intérieures. Cette perspective souligne l'importance cruciale de cultiver une véritable autonomie émotionnelle plutôt que de vivre par procuration.

    Le contrat invisible qui pourrit vos relations

    Cette démarche, observée avec recul, recèle une dimension profondément auto-centrée : la personne cherche avant tout à éviter l'abandon, à s'assurer d'être aimée – il s'agit fondamentalement d'elle-même, non de l'autre.

    Comme l'explique Robert Glover, cela revient implicitement à dire : « regarde comme je suis gentil, regarde tout ce que je fais pour toi, regarde comme il n'y a jamais de problème avec moi ».

    L'injustice fondamentale de cette approche réside dans le contrat tacite que le débonnaire établit : « si j'agis ainsi pour toi, alors tu dois agir ainsi pour moi » – mais l'autre ignore tout de ce contrat implicite, et l'émetteur lui-même n'en a souvent pas conscience.

    J'évoquais plus haut l'effet « cocotte-minute » des débonnaires, un phénomène que je m'efforce d'éviter mais auquel je me dois d’avour que je succombe encore régulièrement.
    Robert Glover explique que cela peut culminer en un véritable déversement victimaire : « regarde comme tu me traites alors que moi, j'ai fait tout cela pour toi, et moi, et moi... »

    L'injustice fondamentale tient au fait que le débonnaire incrimine l'autre pour des choses qu'elle n'a jamais explicitement demandées.
    Parfois, ce comportement sabote la relation elle-même : à force de vouloir éviter de heurter qui que ce soit, on finit par causer des blessures bien plus profondes.

    Le paradoxe fatal : blesser en voulant protéger

    Je me souviens d'une situation emblématique entre une amie très proche, de passage à Paris, et ma nouvelle compagne de l’époque, il y a 15 ou 20 ans.
    Toutes deux souhaitaient me voir au même moment, et je désirais les voir toutes les deux.
    Plutôt que d'aborder franchement la situation avec l'une ou l'autre, j'ai tenté de les voir toutes les deux, résultant en une double frustration : aucune n'avait eu suffisamment de mon temps.
    Sur le moment, j'ai trouvé leur réaction profondément injuste, alors qu'il aurait suffi d'exprimer clairement la situation, sans craindre un désaccord imaginaire, pour que tout se résolve naturellement.

    En réalité, nous présupposons les réactions des autres sans jamais solliciter leur avis – c'est l'un des travers majeurs des débonnaires, qui deviennent ainsi, paradoxalement, manipulateurs.

    Le paradoxe, c'est que j'apprécie profondément cette facette de ma personnalité : ma générosité, mon empathie, ma nature accommodante.
    La question n'est évidemment pas de renier ces qualités, mais plutôt d'apprendre à reconnaître ce qui nous dérange, à l'exprimer sereinement et à établir des limites claires.
    Dit ainsi, cela semble simple – mais je sais pertinemment qu'on ne réalise souvent qu'après coup qu'on n'a pas respecté ses propres limites.

    Vers une gentillesse authentique : pistes de reconstruction

    Comment s'extraire de ces mécanismes, ou comment accompagner quelqu'un qui s'y reconnaît ?
    Je crois que l'essentiel réside dans la communication ouverte, la compréhension des traumas sous-jacents, puis un travail personnel, en couple et généralement avec un thérapeute in fine.
    Un conseil précieux que j'ai reçu et que je m'efforce d'appliquer : quand on est fondamentalement cérébral, il peut être révélateur de se tourner vers des approches thérapeutiques centrées sur le corps – et inversement.
    Notre tendance naturelle nous pousse vers des thérapies qui font écho à notre fonctionnement, mais l'inverse peut s'avérer profondément transformateur.
    J'ai d'ailleurs consacré plusieurs épisodes au corps, notamment sur la posture juste avec Thierry Janssen, chirurgien devenu thérapeute, sur le nerf vague avec Ludovic Leroux, ou encore sur l'intelligence corporelle avec Eve Berger.

    On peut commencer par cultiver l'affirmation de soi, apprendre l'art du refus, exprimer clairement ses ressentis, et privilégier son bien-être personnel.
    S'exercer simplement à dire « non » dans des contextes peu menaçants pour renforcer progressivement sa confiance.
    C’est en tout cas, ce que je m’assigne à faire.

    Parallement, si cela peut résonner avec vous, consignez régulièrement dans un journal les situations où vous avez peiné à établir vos limites, en identifiant précisément ce que vous auriez préféré dire ou faire.
    Une thérapie cognitive comportementale (TCC) peut également vous aider à repérer vos schémas de pensée automatiques et à les remplacer par des perspectives plus réalistes et affirmées.
    De mon côté, je crois que je vais aller avec un thérapeute somatique pour terminer le travail déjà bien débuté.

    Si vous n’êtes pas concernée mais que vous côtoyez une personne encline à cette gentillesse excessive, vous pouvez l'aider délicatement à prendre conscience de ses propres limites.
    Au lieu d'entretenir indirectement ce déséquilibre, encouragez-la à exprimer clairement ses désirs et besoins, même lorsqu'ils diffèrent des vôtres.
    Proposez-lui des échanges réguliers où elle peut s'exercer à l'affirmation de soi, dans un espace sécurisant où elle peut librement exprimer ses véritables émotions.
    Évitez tout jugement ou culpabilisation, mais valorisez chaque avancée, même infime, vers l'affirmation personnelle.

    La question de la masculinité : limite de l'approche de Glover

    Je diverge de Robert Glover concernant sa vision des relations de genre – son livre s'adresse aux hommes et soutient l'idée que la masculinité serait menacée.

    Dans notre conversation, il explique qu'historiquement, en raison du patriarcat, les femmes dépendaient financièrement de leurs maris puisqu'elles ne travaillaient pas (ce qui, soit dit en passant, est inexact pour le Moyen Âge).

    Selon lui, la situation s'est inversée : les femmes seraient devenues plus compétitrices que les hommes.
    Ces derniers seraient plus passifs, se retrouveraient en position de dépendance, cherchant désespérément à séduire et à plaire.
    Il dépeint également les réseaux sociaux et les services comme Uber ou Deliveroo comme des « assassins de la masculinité », renforçant prétendument la passivité masculine.

    Pendant ce temps, les femmes seraient constamment dans la prise de décision et l'action. Elles travaillent majoritairement et, de retour au foyer, assument l'essentiel de la charge mentale et des responsabilités parentales (école, médecin, anticipation des besoins...) – toutes ces activités s'inscrivant dans une dynamique d'action associée, selon lui, à une énergie « masculine ».

    Selon lui, elles auraient besoin qu'on honore leur féminité, tandis que les hommes devraient reprendre les rênes décisionnelles et l'initiative, sans pour autant chercher à contrôler leurs partenaires.

    Je ne m’oppose pas totalement à ces pensées mais n'ayant pas approfondi cette dimension avec lui, je peine à cerner pleinement sa pensée
    Toutefois, il me semble important de mentionner que certains lui reprochent une approche qualifiée de masculiniste.

    Je consacrerai prochainement une newsletter à la masculinité – un sujet fascinant, tant je constate la désorientation de nombreux hommes face à des demandes féminines parfois contradictoires, qu'elles soient conscientes ou non.

    Être vrai avant d'être gentil : le nouveau contrat social"

    Si la gentillesse demeure une valeur cardinale, elle doit s'exercer dans un respect égal de soi-même et d'autrui. Comme l'écrivait George Orwell à propos de son engagement contre le fascisme durant la guerre civile espagnole : « Si vous m'aviez demandé pourquoi j'avais rejoint la milice, j'aurais répondu : 'Pour lutter contre le fascisme', et si vous m'aviez demandé pour quoi je me battais, j'aurais répondu : 'Pour la décence commune'. »

    Cette « décence commune » pourrait bien constituer la clé d'une gentillesse authentique – non pas une gentillesse qui mendie l'approbation à tout prix, mais une bienveillance ancrée dans l'intégrité personnelle, consciente de ses propres limites tout en s'ouvrant généreusement aux autres.

    Le chemin est sinueux, semé d'obstacles, mais chaque pas vers cette authenticité représente une victoire.
    Car être véritablement gentil, c'est avant tout être vrai.

    Suggestion d'autres épisodes à écouter :#171 Mieux se connaitre pour trouver une posture juste avec Thierry Janssen (https://audmns.com/jeikAHO)Vlan #135 Se reconnecter à l'intelligence du corps avec Eve Berger Grosjean (https://audmns.com/ETKQSfx)#288 le remède miracle contre le stress avec Ludovic Leroux (https://audmns.com/aHHEdaH)

    Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

  • Anne-Sophie Simpère est journaliste et auteure engagée.
    Depuis plusieurs années, elle enquête sur les mécanismes d’influence qui façonnent nos sociétés dans l'ombre.

    Dans son dernier travail d’investigation, elle met en lumière un réseau méconnu du grand public, mais dont l’impact est colossal : le réseau Atlas.

    Je n'en n'avais jamais entendu parlé et j'ai été sensibilisé par un article de Anne Sophie tant et si bien que j'ai décidé de la contacter pour en faire un épisode ensemble.
    Car ce que j'ai découvert m'a vraiment epoustouflé!

    Nous savons tous que les lobbies existent et qu’ils influencent les décisions politiques et économiques.

    Mais ce que révèle Anne-Sophie, c’est l’ampleur d’un système structuré, international, et profondément enraciné dans les sphères du pouvoir.

    Le réseau Atlas, créé en 1981 aux États-Unis, regroupe plus de 500 think tanks dans une centaine de pays et fonctionne comme une véritable machine à influencer les idées.

    Son objectif ? Diffuser une vision ultralibérale et conservatrice du monde, en infiltrant les débats publics, les médias, et même les formations politiques.

    Officiellement, ces organisations défendent « la liberté économique ». Mais derrière ce discours, ce sont des stratégies bien rodées qui sont mises en place pour défendre les intérêts des grandes fortunes et des multinationales.

    En France, des structures comme l’IFRAP, Contribuables Associés ou l’Institut de Formation Politique en sont des relais.

    Ces think tanks participent activement à la diffusion d’un discours qui pousse toujours plus loin la dérégulation économique, la privatisation des services publics et la remise en cause des politiques sociales et environnementales.

    Anne-Sophie nous explique comment ce réseau agit :
    - Astroturfing : la création de faux mouvements citoyens pour donner une illusion de soutien populaire.
    - Chambres d’écho médiatiques : des experts issus des think tanks du réseau sont invités partout pour diffuser les mêmes éléments de langage.

    - Manipulation de l’information : des études biaisées, des rapports tronqués et des messages simplifiés pour toucher l’opinion.
    - Stratégie de long terme : financer des écoles, former des jeunes leaders politiques, et s’assurer une présence constante dans les sphères de pouvoir.

    Nous parlons aussi de la droitisation du débat public, de l’influence des médias, et de la manière dont ce type de réseau a participé à l’élection de personnalités comme Donald Trump ou Javier Milei.

    Mais au-delà du constat, cet épisode pose aussi une question essentielle : comment nous protéger face à ces stratégies d’influence invisibles ? Parce que nous sommes tous concernés.

    Si vous voulez mieux comprendre les forces invisibles qui influencent nos opinions et nos décisions, cet épisode est fait pour vous.

    5 citations marquantes :« Le réseau Atlas n’a pas besoin d’un gros budget : il mise sur l’influence, la mise en réseau et la formation de talents pour façonner l’opinion publique. »« Ils ne disent jamais d’où ils parlent. Un think tank financé par des industriels du tabac pourra se présenter comme un institut de recherche indépendant sur la santé publique. »« La droite et l’extrême droite ont compris que la bataille des idées se gagne en occupant l’espace médiatique avec des discours simplifiés et émotionnels. »« Ce qui est terrifiant, c’est de voir des gens voter contre leurs propres intérêts, manipulés par des récits qui désignent les pauvres comme les coupables du problème économique. »« En contrôlant les universités, les think tanks, les médias et les politiciens, ces groupes s’assurent une influence totale sur la société. »10 questions posées dans l’épisode :Qu’est-ce que le réseau Atlas et comment fonctionne-t-il ?Pourquoi ce réseau est-il méconnu alors qu’il a une influence mondiale ?Quels sont les principaux think tanks français liés à ce réseau ?En quoi les méthodes de lobbying du réseau Atlas sont-elles problématiques ?Pourquoi le discours public semble-t-il se droitiser ces dernières années ?Quel rôle jouent les médias et les journalistes dans cette influence ?Comment le réseau Atlas utilise-t-il l’astroturfing pour manipuler l’opinion ?Quel impact ce réseau a-t-il eu sur des élections comme celle de Javier Milei en Argentine ?Comment les citoyens peuvent-ils se protéger de ces stratégies d’influence ?Quelles solutions existent pour garantir plus de transparence dans le lobbying ?Timestamps YouTube :

    00:00 - Introduction : qui est Anne-Sophie Simpere ?
    01:23 - Le réseau Atlas : une influence méconnue
    04:09 - Pourquoi ce réseau pose problème
    07:48 - Les techniques de manipulation utilisées
    10:29 - Comment les idées se sont droitisées en France
    15:39 - Fake news et désinformation : un outil clé du réseau Atlas
    20:19 - Trump, l’extrême droite et le rôle du réseau Atlas
    25:29 - Le financement opaque des think tanks français
    30:17 - Pourquoi les citoyens devraient s’y intéresser
    35:26 - L’astroturfing : créer de faux mouvements populaires
    47:52 - Comment se protéger de la manipulation de l’information

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  • Julien Bobroff, physicien spécialiste de la matière quantique et professeur à l’Université Paris-Saclay, a le don de rendre accessible l’un des domaines les plus fascinants et mystérieux de la science : la physique quantique.

    Dans cet moment tiré d'un épisode enregistré il y a 2 ans et demi (lien plus bas), nous parlons de quelque chose d’assez troublant : nous sommes majoritairement faits de vide. Nos atomes sont essentiellement composés d’espace vide, et pourtant, nous ne passons pas à travers les murs et nous ne sommes pas transparents. Pourquoi ? C’est là qu’intervient le principe d’exclusion de Pauli, une règle fondamentale de la physique quantique qui explique pourquoi la matière a une structure et pourquoi nous pouvons interagir avec notre environnement.

    J’ai questionné Julien sur les bases de la matière : comment les atomes sont-ils construits ? Pourquoi les électrons ne s’effondrent-ils pas sur le noyau ? Il nous explique avec des images simples et percutantes comment les particules quantiques se comportent, et pourquoi ces découvertes ont des implications bien concrètes.

    Nous avons également parlé de la révolution technologique en cours, rendue possible grâce à la physique quantique. Des ordinateurs quantiques capables de résoudre des problèmes complexes aux capteurs ultra-précis, en passant par la cryptographie quantique qui promet une sécurité absolue des communications, ces avancées pourraient bien changer le monde dans les années à venir.

    Si vous vous êtes déjà demandé comment fonctionne la physique quantique ou pourquoi nous pouvons toucher les objets alors que nous sommes essentiellement du vide, cet épisode va éclairer vos lanternes !

    10 questions structurées posées dans l’interview :Un physicien quantique m’a dit que nous sommes principalement du vide. Qu’en penses-tu ?Pourquoi ne sommes-nous pas transparents si nous sommes constitués d’atomes essentiellement vides ?Qu’est-ce que le principe d’exclusion de Pauli et pourquoi est-il si important ?Comment expliquer que nous puissions toucher d’autres objets alors que nous sommes majoritairement du vide ?Peux-tu rappeler les bases de la structure de la matière, de l’atome à l’électron ?Quelles ont été les grandes étapes de l’histoire de la physique quantique ?Quelles sont les applications concrètes des découvertes en physique quantique ?Comment fonctionne un ordinateur quantique et en quoi est-il différent des ordinateurs classiques ?Peut-on vraiment utiliser la physique quantique pour améliorer la cryptographie et la sécurité des données ?Comment vois-tu l’avenir des technologies quantiques dans les années à venir ?Récapitulatif des timestamps clés :00:00 – Sommes-nous faits de vide ? Introduction à la physique quantique.00:21 – Explication de la structure des atomes et du vide.00:50 – Pourquoi ne passons-nous pas à travers les murs ? Le principe d’exclusion de Pauli.02:32 – Pourquoi ne sommes-nous pas transparents malgré le vide atomique ?04:55 – Comment la matière est-elle constituée, des électrons aux molécules ?05:50 – Les applications actuelles et futures de la physique quantique.07:44 – Cryptographie, capteurs ultra sensibles, ordinateurs quantiques : les 4 révolutions en cours.10:05 – Pourquoi la physique quantique est un enjeu technologique et industriel majeur.

    Suggestion d'épisode à écouter : #225 Comprendre (simplement) la physique quantique avec Julien Bobroff (https://audmns.com/NHILyGr)

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