Episodes
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l est très difficile de parler de la mort, de s’intéresser à ce qui arrive au corps d’un être humain une fois que la vie la quitté, sans que cela nous renvoie à la fragilité de notre existence, et au caractère purement organique de notre corps. On préfère ne pas en parler, ne pas savoir. Et par la même occasion, un lourd tabou pèse sur les métiers qui travaillent avec la mort.
Nous sommes allées toquer à la porte de la morgue de l’hôpital, et deux hommes nous ont ouvert, surpris qu’on vienne les voir et qu’on s’intéresse à eux. Nous avons rencontré des personnes douées d’une grande empathie, et du courage nécessaires pour mener à bien leur travail.
Pour tout l’hôpital, ils ne sont que deux. Quand on leur demande qu’est-ce qu’il se passerait s’ils étaient malades et ne pouvaient se rendre au travail, ils répondent simplement que ça n’est jamais arrivé. Que ça ne peut pas arriver.
Ensemble, ils s'occupent des patients décédés en attendant la prise en charge par les pompes funèbres. Ils effectuent le transport du défunt vers la chambre mortuaire ainsi que les soins et la préparation du corps avant la présentation à la famille.
La majorité du temps ce sont des défunts adultes mais parfois des enfants et des nouveau-nés et aussi des fœtus.
Quand les familles viennent, il faut pouvoir répondre aux questions et accueillir la souffrance, sous toutes ses formes. Parfois il n’y a pas de familles. Parfois il n’a pas assez de place pour les accueillir. Il faut appréhender les coutumes et les rites religieux des différentes cultures. Il faut s’occuper aussi des plus démunis.
Les préposés à la morgue sont là, jusqu'au bout, pour s’assurer que chaque défunt puisse partir dignement, et que ces proches puissent lui dire adieu.
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Dans un hôpital, on soigne bien sûr des patients, mais autour de ces patients il y a pleins d’appareils qui interagissent en fonction des pathologies.
Par exemple dans cet hôpital, il y a 5 à 6000 appareils.
Et c’est le rôle du service Biomédical de s’occuper de l’entretient de ces machines, et de maintenir les équipements médicaux dans des conditions optimales de fiabilité et de sécurité. Dans leur atelier, la radio est allumée, il y a des câbles et des fils électriques partout, des armoires remplies de pièces détachées, et des machines qui testent d’autres machines.
Tous les jours à l’hôpital, il peut y avoir des casses, des pannes, alors les techniciens biomédicaux doivent intervenir en urgence, parfois en pleine salle d’opération quand un respirateur ou un bistouri tombe en panne. Le service biomédical sauve toujours la situation, et trouve toujours une solution, pour que l’équipe médicale puisse se concentrer sur les soins à apporter aux patients.
L’hôpital c’est aussi un bâtiment avec des canalisations et des circuits électriques qui peuvent lâcher à tout moment, ce sont des portes, des meubles qui sont endommagés avec le temps. Aviez-vous déjà pensé au fait qu’une douzaine de personnes équipées de visseuses et de foreuses, était nécessaire uniquement pour les réparations quotidiennes.
Il s’agit du service technique de la maintenance des bâtiments, qui s’occupe des réparations et installations, de la plomberie, à l’électricité en passant par la plomberie.
Toute la journée ils courent à la rescousse des fuites et des pannes, de toutes sortes. Leur chef dit de ses ouvriers qu’ils doivent être polyvalents, polis et vaillants, et il s’assure que l’ambiance reste blagueuse dans son équipe, il a des anecdotes de camaraderie plein les poches. Mais parfois quand la tension monte, il réunit son équipe, et chacun vide son sac jusqu’à ce que l’on se serre la main. Lui-même doit garder son calme, même si la tâche est immense, et que les incidents techniques peuvent avoir de lourdes conséquences.
Car c’est une très grande responsabilité de devoir maintenir le bâtiment et les équipements hospitaliers fonctionnels, et les techniciens doivent toujours intervenir avec rapidité, calme et bonne humeur pour faire face au stress de la situation.
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Vous vous en souvenez, lors des premiers mois de la pandémie du coronavirus, Bruxelles et d’autres villes vibraient à 20h aux sons des applaudissements. Peut-être vous êtes-vous demandé qui étaient celles et ceux qui dans les hôpitaux de votre ville faisaient face à la crise sanitaire de plein fouet.
Aujourd’hui vous allez entendre les voix de trois hommes qui travaillent ensemble dans un service de soins intensifs. Des hommes passionnés par leur métier de soignants. Mais vous entendrez aussi des hommes profondément usés par la réalité institutionnelle dans laquelle ils doivent exercer le métier qu’ils ont choisi pour ses valeurs humaines et ses défis techniques.
Nous avons rencontré des collègues liés les uns aux autres, qui parlent avec admiration de leur chef de service, qui lui-même parle avec douceur et fierté de son équipe. Une équipe d’infirmiers et d’infirmières qui se soutiennent au quotidien dans un service de l’ombre, où ils persévèrent dans des conditions parfois chaotiques à aller chercher les dernières ressources vitales de leurs patients.
Nous avons appris que certains courent ensemble les 20km de Bruxelles. Qu’on y vit de grandes histoires d’amitiés, et qu’on y trouve même des couples.
Nous avons compris aussi qu’ils sont nombreux à quitter la profession, épuisés par le rythme qui leur est imposé et le manque de perspectives qui leur sont proposées, ou que beaucoup d’entre eux sont obligés d’avoir une activité complémentaire pour tenir le coup moralement.
En Belgique une étude faite après la première vague du coronavirus avait montré que 68% du personnel aux soins intensifs risquait un burn-out.
Il est urgent de revaloriser ces travailleurs, leur profession, leurs salaires, et leur santé à eux aussi, sans quoi nous serons de moins en moins en mesure de prétendre à une qualité de soins correcte.
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Quand vous passez un séjour dans un hôpital public, celui-ci doit pouvoir vous nourrir et vous fournir tout ce que vous auriez chez vous à la maison, c’est-à-dire des vêtements, des draps, des taies d'oreillers, des couvertures, des serviettes, des gants de toilette, ...
Dans cet épisode, nous avons décidé de rassembler la cuisine, la lingerie et les aides logistiques qui travaillent à fournir tout ce qui est nécessaire au bien-être des patients mais aussi tout le matériel de travail quotidien et les repas pour le personnel de l’hôpital.
Aujourd’hui nous vous emmenons dans l’envers du décor de l’hôpital, dans ces lieux que vous ne verrez jamais en tant que visiteurs ou visiteuses, comme par exemple la cuisine et la lingerie. A travers ces portraits sonores nous vous invitons à découvrir ces personnes qui travaillent jour et nuit à l’abri des regards.
Aucune unité ne pourrait fonctionner correctement sans l’assistance des aides logistiques, qui sont comme elles le disent les petites mains du service, qui sont polyvalentes et courent au-devant des besoins et des problèmes de tout le monde.
Vous apprendrez que dans les sous-sols, une immense machine trie et distribue sans répit les uniformes de tous les travailleurs et travailleuses. Dans ce bruit et au beau milieu des piles de draps et de vêtements, la responsable de la lingerie, une passionnée de romans thriller, connait presque par cœur tous les noms des travailleurs de l’hôpital, qu’elle qualifie d’humanistes, et donc elle se charge avec son équipe de fournir les vêtements de travail. Et si vous faisiez un tour dans les cuisines, vous pourriez par exemple y trouver un tendre rockeur qui travaille là depuis 34 ans.
Ensemble ils travaillent à la même mission, celle de l’hôpital public, dont les portes ne sont jamais fermées, et qui ne cesse d’accueillir, de soigner, de nourrir, de laver, d’opérer, de voir naître et mourir les habitants de sa ville. Dans ce cycle, chacun a un rôle important à jouer, et son histoire à raconter.
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S’il vous arrive de vous perdre dans les couloirs d’un hôpital, la meilleure chose que vous ayez à faire est de demander votre chemin à un brancardier ou une brancardière. On les surnomme les GPS de l’hôpital. Chaque jour ils parcourent des dizaines de kilomètres, du dernier étage au sous-sol, dont ils connaissent tous les recoins. Le bâtiment n’a aucun secret pour eux. Equipés de leurs chaussures de course et de leurs téléphones, leurs missions arrivent par messages. Sans hésitations ils empruntent les raccourcis, saluent les collègues et les visiteurs sur leur passage : ils connaissent tout le monde, et tout le monde les connait.
Aujourd’hui dans cet épisode nous vous présentons l’équipe du brancardage. Ces personnes s’occupent du transport des patients, qui partent en consultation ou au bloc opératoire. La prise en charge se fait en chaise roulante, en lit, ou à pied en fonction de la validité du patient.
C’est souvent dans ces moments de trajets, que les patients se confient, et évacuent leurs émotions, l’anxiété et l’incompréhension qui peuvent accompagner leur séjour à l’hôpital. Avec patience et respect, les brancardiers et brancardières écoutent, rassurent, et encouragent les patients. Parfois on fait des blagues pour aller chercher un sourire, parfois on parle des enfants, ou du temps qu’il fait dehors, pour amener le monde extérieur dans l’hôpital.
Avec précision et précaution, il faut assurer la sécurité des patients, et confirmer leur identité tout au long de leur parcours pour éviter les erreurs. Il faut manipuler du matériel très lourd, comme les lits, dans des couloirs parfois encombrés, tout en effectuant les transports dans les temps.
Vous apprendrez peut-être que l’équipe du brancardage s’occupe également du transport des prélèvements de toutes sortes qui partent en analyse au laboratoire. Ils s’occupent aussi de transporter les défunts vers la chambre mortuaire.
Ici encore, comme pour de nombreux autres de métiers de l’hôpital, vous entendrez qu’il faut beaucoup de courage, et entretenir une résistance physique et morale au quotidien.
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Peut-être vous est-il déjà arrivé de vivre un moment de détresse telle, qu’il vous a fallu appeler le 112, appeler à l’aide. Ou peut-être, quand vous entendez une sirène d’ambulance résonner dans les rues, vous imaginez toutes sortes de scénarios catastrophes. Et peut-être qu’il vous arrive aussi de penser à l’équipe de soignants qui partent en intervention dans cette ambulance.
Aujourd’hui dans cet épisode, nous allons à la rencontre de ces personnes qui sont envoyées en première ligne des petits et grands accidents qui arrivent chaque jour à Bruxelles.
Vous apprendrez que lorsqu’un appel est reçu à la centrale, et en fonction de la gravité de ce qui peut être perçu de la situation, est envoyée une ambulance simple ou un SMUR, c’est-à-dire un Service Médicalisé d’Urgence et de Réanimation qui réunit un pompier, un médecin urgentiste ainsi qu’un infirmier ou une infirmière.
Quand leur garde de 24h commence, ils n’ont aucune idée de ce qui les attend. Les appels s’enchainent et les sorties se multiplient. Dans les dédales de la ville, l’ambulance file à toute allure.
Les interventions se font dans tous les recoins possibles et inimaginables de Bruxelles, ce qui permet à celles et ceux qui sont appelés au secours, de percevoir l’envers du décor, sous la surface de la ville.
Dans des situations chaotiques, parfois même sur la voie publique, l’équipe médicale doit prendre un maximum de décisions en se basant sur un minimum d’informations. Ces personnes apportent leurs secours, leurs soins, leurs réconfort, à toute épreuve.
Elles nous ont parlé de leurs débuts, des premiers pas dans la profession où l’on est tellement impressionné par les collègues, et puis comme on se retrouve si vite catapulté sur le terrain, avec de grandes responsabilités, immergé dans un quotidien palpitant, diversifié, et épuisant aussi.
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Chaque jour vous les croisez, parfois sans les voir, dans les bâtiments de la capitale, poussant leur chariot, équipés de matériel de nettoyage et de tout un attirail de produits désinfectants.
Dans cet hôpital les agents d’entretien portent des uniformes bleus.
Rigoureusement, ces personnes répètent les mêmes gestes, repassent encore et encore aux mêmes endroits que la veille, pour que tout le monde puisse travailler, circuler, et être soigné dans un environnement propre.
Il est d’ailleurs difficile d’imaginer comment qui que ce soit pourrait exercer son métier dans un hôpital sans le travail du service d’entretien.
Le service d'entretien est actif jour et nuit, mais aussi les week-ends. C’est un travail très physique : il faut faire vite, debout, accroupis, parfois à quatre pattes pour nettoyer. Il faut s'adapter au rythme des unités médicale mais aussi aux urgences et aux imprévus.
L’équipe est constituée d’une majorité de femmes, souvent issues de l’immigration, et ce sont parfois des parcours de vies douloureux qui les ont menées en Belgique.
Il est rare qu’on leur donne la parole, car bien que ces métiers soient indispensables, ils sont parmi les moins valorisés et les plus invisibilisés de notre société.
Plongés au cœur du quotidien hospitalier, les agents d’entretien sont partout où l’on a besoin d’eux : dans les salles d’opérations, dans les chambres des patients, dans les couloirs, les ascenseurs, dans les vestiaires du personnel, ou au beau milieu du service des urgences... Ce qui leur offre un point de vue singulier sur la vie interne de leur hôpital.
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Pour vous qui êtes parents, elles sont celles qui vous ont accompagné, le jour le plus fort, le plus douloureux, le plus difficile de votre vie, et en général, pour nous tous, elles sont les premiers visages qui nous accueillis à notre naissance. Elles étaient là.
Aujourd’hui nous rencontrons trois sages-femmes qui travaillent dans un hôpital public bruxellois.
Elles sont féministes, des femmes puissantes et sensibles, passionnées par leur métier et qui travaillent chaque jour à le faire évoluer, à questionner leurs gestes et leurs mots, pour améliorer l’expérience des futurs parents qui passent par leur service.
Elles y accueillent une population très variée, aux réalités plurielles, ce qui leur donne l’impression de toucher, au moins du bout des doigts, un peu tout le monde.
Dans cette structure, viennent notamment accoucher des futures mamans sans papiers qui n’ont pas accès à la mutuelle ou à des remboursements de soins, ou qui sont en plein parcours migratoire.
Parfois, une femme enceinte arrive directement de la Gare du midi, un petit papier dans la main sur lequel est notée l’adresse de l’hôpital. Elle ne connait personne dans ce pays, pourtant elle va y donner la vie, entourée du mieux qu’elles le peuvent par des sages-femmes … . Souvent les mots manquent pour se comprendre. On bricole avec google trad, ou on appelle les interprètes de l’hôpital, toujours trop demandés et trop peu nombreux. Alors les femmes font ce qu’elles font depuis toujours, elles se débrouillent pour s’entraider, elles se rassurent et s’accompagnent dans ce qu’il y a de plus naturel et instinctif.
Au carrefour entre la vie et la mort, les sages-femmes sont les actrices de toutes sortes d’histoires, parfois drôles, souvent violentes, toujours terribles, et qui caractérisent en profondeur, notre humanité.
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Battements est un podcast documentaire qui vous invite à découvrir les portraits sonores de personnes qui travaillent ensemble au sein d’un même hôpital bruxellois. Chaque épisode vous invite dans une équipe différente, un service spécifique. La série vous embarque dans ce tableau vivant de la famille de l’hôpital, pour visiter les étages et y rencontrer des personnalités touchantes derrière les uniformes de travail. Elles nous parlent de leurs métiers, ainsi que leurs visions de la vie et de la ville, dans laquelle l’institution hospitalière tient une place centrale.
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