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  • La presse allemande se fait largement l’écho de cette attaque. Die Welt, notamment, qui en quelques mots, rappelle les faits. « C’est un homme à bord d’une voiture de location, qui a foncé sur la foule du marché de Noël de Magdebourg. Deux personnes au moins, dont un enfant, ont été tuées et soixante autres blessées ». Le profil de l’agresseur est inhabituel. C’est un « médecin saoudien de 50 ans. Il vit en Allemagne, depuis 2006. Il a obtenu le statut de réfugié et 2016 », explique die Welt. Mais surtout c’est un « militant anti-islam, il considérait les policiers allemands comme un soutien de l’islamisme et faisait campagne pour l’AfD », l’extrême droite allemande.

    Die Welt a consulté le profil de l’agresseur sur les réseaux sociaux, précisant que « selon certaines de ses publications les plus récentes, il se sentait persécuté ». Un profil inhabituel donc, alors que les premiers à réagir ont pensé dans un premier temps qu’il s’agissait d’un attentat islamiste. Ainsi, la députée d’extrême droite Alice Weidel, a demandé « quand la folie prendrait fin », sans savoir que l’agresseur se revendiquerait de son parti. Elon Musk, nouveau conseiller de Donald Trump, a, lui, publié « des commentaires d’utilisateurs de son réseau X liant l’incident au terrorisme islamiste », et il a réclamé la « démission » du chancelier Scholtz

    Habitants mécontents

    À la Une également, la fin de la visite d’Emmanuel Macron à Mayotte. « À Mayotte, la reconstruction selon Macron » titre le Figaro, ajoutant que « le président promet une "loi spéciale" sur le modèle de celle votée pour la restauration de Notre Dame. » Mais ce qu’ont retenu le Figaro, et de nombreux autres quotidiens, ce sont ces mots prononcés face à des habitants mécontents dont certains ont hué le chef de l’État. « Si c’était pas la France », leur a dit Emmanuel Macron, « vous seriez 10 000 fois plus dans la merde, il n’y a pas un endroit de l’océan Indien où on aide autant les gens ». Libération, de son côté, parle de « maladresse » et estime que le président « a perdu en une phrase, le bénéfice d’une visite de deux jours, censée montrer l’empathie présidentielle ».

    Mediapart, de son côté, déplore la « com » du gouvernement, concernant l’aide apportée à Mayotte, se demandant « si l’état parle trop vite ou minimise sciemment ». « Au fil des jours », ajoute le site d’information, « la sidération a cédé la place à l’incompréhension et à la colère ». « Partout, poursuit Mediapart, ce sont les mêmes plaintes qui reviennent. Pas d’eau, pas d’électricité, pas d’information. Dans les bidonvilles de Mamoudzou, personne n’a vu le moindre secouriste ou la moindre distribution de produits de première nécessité ».

    Pression sur les autorités danoises

    Enfin, au Japon, la presse rend compte de la libération de Paul Watson. « Paul Watson, le militant anti-chasse à la baleine libéré, arrive en France », titre le Japan Times, rappelant qu’il a passé « 5 mois en détention au Groenland, en raison d’une demande d’extradition du Japon. » Demande qui portait sur « un affrontement avec des baleiniers en 2010 », et qui a finalement été rejetée par les autorités danoises. Selon le Japan Times, « le président français Emmanuel Macron a fait pression sur les autorités danoises pour qu’elles n’extradent pas le militant, qui a demandé la nationalité française. »

    Le quotidien japonais relate également les premières heures de liberté de Paul Watson, que l'on voit souriant à son arrivée à l'aéroport de Roissy à Paris, arrivée accompagnée des « bravo » lancés par les supporters venus l'attendre. Une seule allusion est faite au mécontentement des autorités japonaises, qui voulaient mettre Paul Watson sous les verrous. « Le gouvernement », nous dit le Japan Times, « a exprimé sa consternation après la libération de Paul Watson ».

  • Cette femme saluée par la presse internationale, c’est Gisèle Pélicot. Pendant plus de trois mois, des médias du monde entier ont suivi le procès de son ex-mari, Dominique Pélicot, accusé de l'avoir drogué, violé et fait violer par cinquante autres hommes. Tous ont été reconnus coupables, hier, par la justice française.

    La peine la plus lourde, vingt ans de prison, va à Dominique Pélicot. Mais c’est bien son ex-épouse qui fait la Une des journaux. Gisèle Pélicot, en Une du Guardian, qui cite ses propos à l’issue du verdict. « Nous partageons le même combat », a-t-elle dit, « aux autres victimes de violences sexuelles ». À la Une du Times également, ce procès. La journaliste qui l’a couvert pour le quotidien britannique revient sur le profil des accusés, parfois défendus par leur mère ou leur épouse. « Mais », dit-elle, « il y a une raison primordiale pour laquelle ces hommes ont violé Gisèle Pélicot : parce qu’ils le pouvaient ». « Pélicot était le nom d’un monstre. Maintenant, c'est celui du courage », titre die Welt. « Le procès des violeurs de Gisèle Pélicot », estime le quotidien allemand, « a ouvert les yeux des femmes et des hommes, en France et dans le monde, sur les violences sexuelles quotidiennes. C’est grâce au courage de la victime, qu’il y a une nouvelle prise de conscience du viol à domicile (...) Gisèle Pélicot a gagné sur tous les tableaux, la honte a changé de camp ». Le Süddeutsche Zeitung, salue, lui aussi, « le courage de Gisèle Pélicot, de se faire entendre publiquement ».

    Merci Gisèle

    Victime devenue icône, Gisèle Pélicot a ému les journalistes qui ont suivi ses premières déclarations après le verdict. « Entourée de ses enfants, la main de son petit-fils posée tendrement sur son épaule, Gisèle Pélicot a porté seule sa voix. Jusqu’au bout, elle restera le visage de son propre combat », écrit Le Temps en Suisse, citant ses paroles : « J’ai confiance à présent en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie, dans le respect et la compréhension mutuelle ». « Merci Gisèle », titre de son côté El País, qui livre ainsi son analyse : « le machisme qui domine encore le pays, et qui est présent dans le langage, les relations sociales, ou la pornographie, explique la distance abyssale qui existe entre l’image publique d’une personne et son comportement dans la sphère privée, quel que soit son âge ou sa profession ». Pour le New York Times, « le calvaire d’une victime de viols en France devient un message d’espoir ». Le quotidien américain s’est intéressé à l’atmosphère à l’issue du verdict. « Celle qui est devenue une icône féministe », nous dit-on, « s’est retrouvée au milieu d’une foule de journalistes français et étrangers, et de centaines de sympathisantes qui l’attendaient avec impatience, brandissant des pancartes de remerciements et l’acclamant à sa sortie : Justice pour Gisèle, Justice pour toutes ».

    Peines trop légères ?

    Toutefois, ces mêmes sympathisants font part de leurs réserves. Car, si Dominique Pélicot a été condamné à vingt ans de prison, les autres accusés ont bénéficié de peines moins lourdes que les réquisitions ». Dans Aujourd’hui en France, une militante associative déclare ainsi : « en France, le corps des femmes ne vaut pas très cher. On crache à la gueule des victimes, aucun accusé n’aurait dû ressortir libre. » De son côté, Libération estime que « la cour a pu adapter les peines en fonction des perspectives de réinsertion des personnes […] ou considérer leur parcours individuel, souvent marqué au fer rouge par l’inceste ». Enfin, il y a ces propos rapportés par plusieurs journaux français, dont le Figaro. « Un avocat de la défense a déclaré, « avoir un message de son client pour toutes les hystériques et les mal embouchées : le message, c'est 'merde' » C’est dire si la partie est loin d’être gagnée.

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  • Une guerre qui s’éternise… Les Russes qui progressent lentement mais sûrement en territoire ukrainien… Des soutiens occidentaux, notamment américains, qui faiblissent… Les Européens qui pourraient s’engager davantage… Quel avenir pour l’Ukraine ?

    « Les consultations s’intensifient entre Européens autour de l’Ukraine, relève La Croix à Paris. D’abord parce que ce pays est en difficulté face à la Russie, dans la guerre d’agression menée par Vladimir Poutine depuis février 2022. Ensuite parce que le jour approche de l’entrée en fonction de Donald Trump à la Maison Blanche – le 20 janvier prochain. Le futur président des États-Unis a expliqué à maintes reprises qu’il pèserait pour une résolution rapide de ce conflit, fût-ce au prix de concessions plus ou moins réciproques. »

    Les Européens semblent vouloir se bouger, constate La Croix : ils « s’engagent à “soutenir l’Ukraine sur la voie irréversible de la pleine intégration euro-atlantique, y compris l’adhésion à l’Otan“ : c’est ce qu’ont affirmé récemment les ministres des Affaires étrangères de France, d’Allemagne, d’Italie, de Pologne, d’Espagne, du Royaume-Uni ainsi que la haute représentante de l’Union européenne. Le message est adressé à Moscou, mais aussi à Washington. »

    Toutefois, tempère le journal, « pour peser, il faudra plus que des déclarations. »

    L’envoi de troupes européennes fait son chemin…

    Justement, « envoyer des troupes en Ukraine, bientôt la fin d’un tabou européen ? », s’interroge Le Temps à Genève.

    Eh bien apparemment, répond le quotidien suisse. « Emmanuel Macron avait évoqué cette option en février déjà, non sans provoquer de polémique. Elle est en train de ressusciter. » Car, « Donald Trump dicte le ton. Pas plus tard que dimanche, il appelait, Kiev et Moscou à un “cessez-le-feu immédiat“. Les Européens redoutent d’être relégués au rang d’observateurs passifs d’un “deal“ pour geler le conflit duquel ils seraient écartés. Ils ne veulent pas “subir“ des négociations qui concernent également leur propre sécurité. C’est dans ce contexte que des pays alliés ont récemment fait savoir qu’ils seraient prêts à envisager l’envoi de troupes sur sol ukrainien. »

    Trois options seraient envisagées par les Européens, croit savoir Le Temps. Première option : une mission de maintien de la paix ou d’observateurs sous la forme d’une “présence légère“ le long de la ligne de contact. (…) Autre option, plus offensive, mais toujours dans le cadre d’un cessez-le-feu : une force de dissuasion. La force européenne serait placée sur le chemin des Russes, en première ligne. Ce qui signifie qu’en cas de nouvelle agression, la Russie attaquerait à la fois l’Ukraine et les Européens, et déclencherait une réponse militaire complète. (…) Enfin, le scénario le plus radical – et le plus tabou – est d’envoyer des troupes européennes directement au front pour soutenir les forces armées ukrainiennes. »

    Vers la création d’une armée européenne ?

    Pour le Corriere Della Sera à Rome, « il est désormais temps pour notre continent de faire sa part. (…) Le moment est venu pour tous ceux qui, ces deux dernières années, ont évoqué la création d’une “armée européenne“ de donner suite à leurs propos, affirme le quotidien italien. Au moins pour qu’un contingent de 200.000 hommes puisse être constitué et déployé en Ukraine. Pas maintenant, mais une fois la guerre terminée, pour assurer la survie de ce qui restera du pays tourmenté. Ce contingent européen devra contrer par les armes toute tentative éventuelle des armées de Poutine de franchir ces frontières et toute tentative également possible de vengeance ukrainienne. Cette offre européenne d’un important tampon d’interposition entre la Russie et l’Ukraine pourrait être, estime encore le Corriere Della Sera, le seul argument capable (peut-être) de convaincre Poutine et Zelensky d’accepter désormais une paix, quoique fragile. »

    Procès de Mazan : suite et fin…

    Enfin, à la Une également, en France, le verdict du procès de Mazan attendu ce matin… Et la presse internationale se passionne toujours autant pour cette affaire hors-norme. Le Guardian à Londres, El Pais en Espagne, ou encore le New York Times consacrent de longs papiers sur les ultimes instants du procès. Un procès qui est « l’un des plus médiatisés, les plus percutants et les plus mondialisés de la dernière décennie », affirme El Pais.

    Pour le Guardian, aucune surprise à attendre : « ce procès pour viols de masse qui a choqué la France et horrifié le monde entier devrait s’achever ce jeudi avec la condamnation à 20 de prison de Dominique Pelicot, qui a reconnu avoir drogué son ex-femme, Gisèle, et invité des inconnus pour la violer. »

  • « “Il faut que de l’aide arrive vite“. Coupé du monde à Petite-Terre, qui a été dévastée par Chido avec des vents mesurés à 226 km/h, Youssouf Bacar, interrogé par le journal Le Monde, est catégorique : “ici, dans quatre jours, il n’y aura plus rien à manger. Les jours qui viennent vont être très difficiles“, alerte cet entrepreneur installé à Dzaoudzi. “Jusque-là, chacun s’est débrouillé, mais dans quelques jours ? Et, sans courant, les produits congelés ne seront plus consommables à partir de demain. Donc, plus de réserve. Et on ne voit rien arriver“ ».

    En effet, précise Le Monde, « les grandes surfaces et les petits commerces qui sont ouverts n’ont plus grand-chose à vendre, en raison des dommages causés dans les entrepôts, du manque d’électricité et des petites routes encore coupées. Dans certaines parties de l’île, l’état des stocks demeure inconnu. (…) En haut de la liste des urgences, se trouve (donc) l’approvisionnement en vivres. L’enjeu porte sur “la capacité à tenir durant les huit jours à venir“, reconnaît François-Noël Buffet, le ministre des Outre-mer démissionnaire. Huit jours, pointe encore le journal, pour que les rotations quotidiennes, commencées dimanche, se traduisent concrètement dans les dix-sept communes de l’île par des distributions à ceux qui n’ont plus rien ».

    Impuissance…

    Et pendant ce temps, la polémique se poursuit à propos de l’attitude du nouveau Premier ministre, François Bayrou. Commentaire de Libération : « en préférant assister à un conseil municipal de sa ville de Pau, plutôt que de participer physiquement à la cellule de crise gérant la catastrophe, le Premier ministre a commis sa première faute, et elle n’est pas petite ».

    En tout cas, souligne Le Figaro, « la présence ou l’absence de François Bayrou devant les caméras ne change absolument rien. À Mayotte, l’État est condamné d’abord à la compassion. (…) Devant un tel désastre, la cruelle vérité est que les pouvoirs publics sont complètement dépassés. Ils sont impuissants, comme nous tous, face à la violence arbitraire de la nature, mais aussi parce qu’ils ont renoncé avant le cyclone à empêcher que cet archipel ne se transforme en gigantesque bidonville ».

    Investir !

    Alors, soupire La Croix, « la solidarité et les secours, souhaitables, auront beau battre son plein, un deuil national aura beau être décrété, l’émotion ne suffit pas – fût-elle légitime. La vulnérabilité de ces populations, françaises, est structurelle. Elle doit être considérée hors de l’urgence où se trouve aujourd’hui l’archipel ».

    En effet, rebondissent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « préparer le futur de Mayotte, ce n’est pas simplement installer de nouveaux habitats précaires, s’en contenter et se désoler de voir la situation sanitaire, sociale et sécuritaire se dégrader. Préparer l’avenir de Mayotte, c’est investir comme on le ferait en Alsace, dans le Loiret, en Bretagne ou n’importe où sur le territoire métropolitain dans un cas pareil. Pour que cette terre que nous avons voulue française le soit enfin pleinement et que ses habitants bénéficient des mêmes droits, des mêmes devoirs et des mêmes chances ».

  • C’est le grand titre de Libération à Paris. « Aucune ville, aucun village, aucun quartier n’a été épargné par le cyclone qui a, il y a deux jours, tout emporté sur son passage. Les cocotiers, les arbres et les fleurs qui faisaient la beauté de l’île aux parfums sont tous tombés, laissant place à des carcasses de voitures, des poteaux électriques tordus, des toitures arrachées et des arbres qui bloquent routes et rues ».

    Et maintenant, le plus dur est à venir, pointe Libération : « les habitants savent que les prochains jours seront précaires. (…) Sans eau, sans électricité et avec des ressources alimentaires limitées, la population de Mayotte affronte désormais une autre épreuve : celle de la survie ».

    L’écho du drame a traversé l’Atlantique et le New York Times se penche sur le sort tragique de l’archipel : « des centaines de morts sont à craindre après le passage du cyclone Chido sur le département français de Mayotte », s’exclame le quotidien américain qui décrit des scènes de désolation : « à Pamanzi, où se trouvent de nombreux bâtiments administratifs de Mayotte, le bourdonnement des tronçonneuses emplit l’air, alors que les secouristes s’efforcent de dégager les arbres déracinés et les débris. Les médecins travaillent dans des centres de soins inondés. Des enfants dorment sur des matelas à l’extérieur de maisons éventrées. Des centaines de personnes font la queue, relate encore le New York Times, pour aller chercher de l’eau aux robinets publics qui ont été épargnés. Les commerçants gardent leurs boutiques fermées en raison des coupures d’électricité. Le cyclone a détruit des bidonvilles entiers, et les restes d'abris précaires en fer brut jonchent les rues ».

    Pas la même apocalypse pour tout le monde…

    « Mayotte a vécu l’apocalypse », s’exclame Le Soir à Bruxelles. « Des vents de plus de 200 km/h, plus de 100 000 personnes sans toit ni eau, des routes jonchées d’arbres couchés ou guillotinés, des tôles, des murs écroulés, des véhicules écrasés. L’apocalypse oui, mais qui n’est pas la même pour tout le monde, relève le quotidien belge. Dans certains quartiers résidentiels, les gens sont choqués, mais avec le sentiment, comme le dit cette mère de famille, “d’être privilégiée“ : “Notre maison n’a rien eu et nous sommes parmi les rares à avoir de l’électricité. Des voisins n’ont pas eu la même chance“. Les voisins ? Ce sont les habitants du bidonville d’à côté, souvent restés jusqu’au dernier moment chez eux, avant que leurs cases en tôle soient emportées, “chiffonnées comme du papier“, explique un habitant ».

    Et « il ne faut pas être grand clerc, poursuit Le Soir, un enfant comprendrait parfaitement que les plus pauvres, les précarisés, les sans-papiers et les réfugiés vont se prendre une double peine dans les années à venir : victimes en première ligne des aléas et des malchances de la vie, et victimes aussi en première ligne des effets du réchauffement climatique ».

    Un défi pour Paris

    « Mayotte, France du quart-monde », soupire Le Figaro à Paris. « Submersion migratoire, analphabétisme, criminalité, insalubrité, rivalités ethniques, risques sismiques et islamiques, exposition cyclonique et épidémique, services publics défaillants, pénuries d’eau et d’électricité… Ainsi vit la France, un lambeau de France au large des côtes de l’Afrique australe. Une France du quart-monde, une France parallèle, une France de la honte, s’indigne le journal. En dépit des millions d’euros injectés tous les ans là-bas pour financer le traitement social de l’extrême pauvreté, Mayotte n’a jamais réussi à s’en sortir. Et malgré les appels au secours répétés de ses élus, Mayotte n’a toujours suscité qu’une inquiétude passagère ».

    Alors, poursuit Le Figaro, « Mayotte dévastée est aujourd’hui un défi supplémentaire à relever pour le pouvoir exécutif d’un pays lui-même secoué par une grave crise sociale, identitaire, économique et politique. C’est un test pour le nouveau Premier ministre, toujours à la recherche d’un gouvernement ».

    Et Le Figaro de s’interroger : « à ce titre, la place de François Bayrou était-elle, ce lundi soir, auprès des élus du conseil municipal de sa ville de Pau ou avec le ministre de l’Intérieur démissionnaire, au cœur de l’archipel sinistré ? ».

    Enfin, cette remarque du quotidien L’Alsace : « si intervenir, dans l’urgence est un enjeu humanitaire, reconstruire à long terme et bâtir des fondations solides à la renaissance de Mayotte est indispensable. Une fois réparés les dégâts du cyclone, se posera, sur le fond, la question à long terme de l’avenir de Mayotte. Pour les Mahorais comme pour l’État ».

  • Huit jours après la chute du régime de Bachar el-Assad, cette question est au centre des commentaires de la presse internationale ce lundi.

    « Une lutte s’achève, une autre commence, relève le Guardian à Londres. La révolution engendre la contre-révolution. Les espoirs s’envolent, la déception et la désillusion s’ensuivent. Est-ce là ce que l’avenir réserve à la Syrie ? L’euphorie cache une profonde anxiété. Les défis auxquels le pays est confronté sont nombreux, complexes et redoutables ».

    Et le quotidien britannique de s’interroger :« que doit faire la communauté internationale ? ». D’abord « tendre une main amicale et prudente aux nouveaux dirigeants de Damas – et dire à Israël et à la Turquie de cesser leur comportement déstabilisateur et prédateur. Mais l’Occident ne doit pas tenter de dicter les événements. À ce moment crucial de risque maximal et de méfiance persistante, l’aide internationale doit être dirigée et coordonnée par l’ONU, affirme encore le Guardian. Cette victoire ne doit pas être gâchée. Cette opportunité d’un véritable changement ne doit pas être gâchée. Après des années d’échecs, le monde a une dette envers la Syrie. Il est temps de commencer à la rembourser ».

    La hantise d’un chaos…

    « Révolu le monstrueux passé, ce sont les incertitudes sur la forme future de la Syrie qui maintenant en inquiètent plus d’un, renchérit L’Orient-Le Jour à Beyrouth. (…) Les responsables du G7 ont réaffirmé avec force leur soutien à une transition en douceur menant à un gouvernement inclusif et non sectaire, respectueux des droits des femmes et aussi des minorités religieuses et ethniques syriennes. C’est ce même message, poursuit le quotidien libanais, que le secrétaire d’État américain Antony Blinken est allé porter sur place au président turc Erdogan, notoire parrain des tombeurs du régime Assad. Et c’est encore sur cette brûlante question qu’a planché ce week-end à Amman une conférence de haut niveau regroupant Américains, Européens, Arabes et Turcs. Ce branle-bas (diplomatique) s’explique, pointe encore L’Orient-Le Jour, par la hantise générale d’un chaos qui pourrait s’installer en Syrie où pullulent les groupes armés les plus disparates, chaos dont les extrémistes de l’État islamique seraient les premiers bénéficiaires ».

    Comment récupérer les milliards d’Assad ?

    Pendant ce temps, « la chasse aux milliards manquants de la dynastie Assad commence », s’exclame le Wall Street Journal. En effet, « la famille Assad avait mis en place un vaste réseau d’investissements et d’intérêts commerciaux au cours des décennies qui ont suivi la prise du pouvoir par le patriarche, Hafez al-Assad, en 1970 ». Il y a « des biens immobiliers de premier ordre en Russie, des hôtels de charme à Vienne en Autriche, un jet privé stationné à Dubaï, (…) de l’immobilier également en France, pour un montant estimé à 90 millions d’euros ; des biens d’ores et déjà gelés par Paris depuis 2019 ».

    Au total, « la fortune de la famille Assad pourrait avoisiner les 12 milliards de dollars », estime le Wall Street Journal. En tout cas, pour les nouvelles autorités syriennes, pointe le quotidien américain, « cette chasse pour récupérer tous ces milliards sera probablement longue, tout comme l’ont été celles des fortunes cachées de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi ».

    Mayotte : la dévastation

    À la Une également, l’île de Mayotte dans l’océan Indien, ravagée par le cyclone Chido. Une véritable « apocalypse », s’exclame Le Monde à Paris. « Combien de victimes ensevelies dans les amas de tôles, d’équipements électroménagers et de débris de mobilier ? Combien de disparus dans les bidonvilles entièrement dévastés par les rafales à plus de 200 km/h ? Le département n’avait pas connu de cyclone d’une telle violence depuis au moins 90 ans ».

    « Mayotte : une vision de fin du monde », renchérit Libération. « Cet événement “exceptionnel“, selon Météo France, est un phénomène naturel, certes, mais dans ce cas précis, l’homme a une énorme responsabilité, relève Libération. À deux niveaux. En contribuant au dérèglement climatique qui s’est traduit par des températures de surface des eaux de l’océan proches de 30 degrés, ce qui, avec des eaux chaudes très profondes, a créé "un gros réservoir d’énergie disponible pour les cyclones“. Et en laissant sombrer ce département dans la misère alors que toutes les sonnettes d’alarme étaient tirées depuis des mois et même des années. (…) L’État, conclut le journal, a failli dans la gestion de ce département et la population locale en paie aujourd’hui le prix. La moindre des choses, désormais, est de lui porter secours et réconfort. Vite, et par tous les moyens ».

  • Cette nomination inspire les journaux et les sites d’information français qui multiplient les jeux de mots. Pour Libération, François Bayrou à Matignon, c’est « l’emprise du milieu », alors que Médiapart s’exclame : « on prend le Modem et on recommence ». Médiapart sans pitié avec Emmanuel Macron : « c’est l’histoire d’un cuisinier qui, après une bouillabaisse ratée, retournerait aux fourneaux avec les mêmes ingrédients, les mêmes ustensiles, mais un nouveau second ». Moins porté sur les comparaisons culinaires, Le Monde remarque que « l’agence de notation Moody’s dégrade la note de la France d’un cran, alors que François Bayrou prend ses fonctions ».

    Ailleurs en Europe, le Soir salut « l’avènement d’une carrière de quarante ans ». « Trois fois candidat à la présidentielle », nous dit le quotidien belge, « le centriste s’installe pour la première fois à Matignon ». En Espagne, El Païs insiste sur l’âge du nouveau Premier ministre (73 ans) et il calcule « que François Bayrou était déjà député lorsqu’Emmanuel Macron avait neuf ans, et qu’il avait seize ans, lorsqu’il est devenu ministre pour la première fois ». Enfin, de l'autre côté de l'Atlantique, le Devoir titre : « François Bayrou, Premier ministre d'une France en crise ». « Ce Béarnais », nous dit le quotidien canadien, « est réputé pour sa ténacité, ses colères, et une certaine versatilité ». « Pourra-t-il tenir plus longtemps que Michel Barnier ? », interroge le journal, qui cite les premiers mots de François Bayrou : « Je n’ignore rien de l’Himalaya qui se dresse devant nous ».

    Yeux grands ouverts

    Dans la presse internationale, également ce matin, la Syrie. Avec les témoignages de ceux qui ont vécu l’horreur du régime de Bachar el-Assad. L’envoyée spéciale de la Repubblica s’est ainsi rendue à Douma, théâtre en 2018, d’un « massacre à coups de bombes au chlore ». Tawfik al-Diab, interrogé par le quotidien italien, a perdu sa famille, lors de cette attaque, il se souvient : « mes enfants tremblaient, une sorte de gelée jaune sortait de leur bouche. Ma femme me regardait avec les yeux grands ouverts, mais elle ne pouvait pas me demander de l’aide, comme si un tube lui avait été enfoncé dans la gorge. Je les ai vus mourir pendant que je perdais connaissance ». « Ses enfants s’appelaient Joudi, Mohamed, Ali et Qamar, le plus jeune avait 8 ans, l’aîné 12 ans », poursuit la Repubblica. « Tawfik al-Diab est ému en montrant leur photo sur son portable ». « Chaque fois que je vais à un mariage, à un anniversaire, j’aimerais que ce soit le leur. Je veux un procès pour les responsables ». Un témoignage à opposer aux affirmations des Russes et des partisans de Bachar el-Assad, qui « pendant des années », rappelle la Repubblica, « ont soutenu que cette horreur n'avait jamais eu lieu ».

    Incertitudes

    La Syrie dont l’avenir reste incertain. Les mêmes questions reviennent, inlassablement, au sujet d’Abou Mohammed al-Joulani, le leader des rebelles qui ont renversé Bachar el-Assad. « Faut-il avoir peur de Joulani ? », se demande l’Orient-Le Jour, « a-t-il vraiment changé ? ». « Il est très difficile d’évaluer ce qui relève d’un changement tactique ou d’une vraie mutation idéologique », estime le quotidien francophone libanais. « Un homme passé par les rangs de l’État islamique et al Qaïda peut-il devenir un chef d’État qui garantit le respect de la pluralité et des libertés publiques ? ». Additionnant les « pour » et les « contre », l’Orient-Le-Jour estime que « oui, il faut probablement avoir peur de Joulani. Mais cette peur », ajoute le journal, « ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel : la Syrie est enfin maîtresse de son destin. Elle a en tout cas l’occasion de l’être, avant que Joulani ne tente de renforcer son emprise. C’est à elle de décider ce qu’elle veut désormais en faire. Et à lui, une nouvelle fois, de s’y adapter. »

  • Les craintes tout d’abord. Clairement exprimées par la Repubblica. « Les rebelles promettent qu’ils n’imposeront pas le voile, mais aujourd’hui à Damas, les hommes sont aux commandes, et les miliciens critiquent ceux qui ne respectent pas la loi islamique », affirme le quotidien italien, qui a interrogé de jeunes syriennes. L’une d’elles confie sa joie, dans un premier temps. « J’ai l’impression de naître, avec la liberté. Rien ne me fera jamais regretter [Bachar el-]Assad. Mais la minute suivante, j’ai peur, vraiment peur ». Elle raconte qu’il y a deux jours, un groupe de combattants d’Hayat Tahrir al Cham (HTS) lui a crié « couvre-toi les cheveux ».

    « L’angoisse alterne avec des moments d’optimisme », poursuit la Repubblica, « la rumeur se répand selon laquelle Abou Mohammed al-Joulani, le chef de rebelles, aurait donné l’ordre aux miliciens de ne pas déranger les filles à cause de leur tenue vestimentaire. » Rumeur invérifiable.

    Minorités religieuses

    L’espoir se manifeste aussi, après la prise du pouvoir par les rebelles d’HTS. L’espoir pour la minorité chrétienne notamment. « Malgré la peur, les chrétiens de Damas sont rassurés par les premiers signaux envoyés par HTS », titre l’Orient-Le Jour. Selon le quotidien francophone libanais, « des ecclésiastiques ont rencontré les autorités du nouveau gouvernement dirigé par HTS, qui les ont assurés de leur volonté de garantir la liberté de toutes les minorités religieuses ».

    À Damas, la communauté chrétienne reste toutefois prudente. Dans le quartier de Bab Touma, où s’est rendu l’Orient-Le Jour, « un message vocal est partagé en masse sur WhatsApp, dans lequel un homme de la communauté exhorte les chrétiens à ne pas faire de célébrations ou de diffuser des chants de Noël ». « Il n’en faudra pas plus », explique le quotidien « pour semer le doute dans les esprits, à moins de deux semaines des fêtes de fin d’année ».

    Austin Tice

    Craintes, mais aussi de l'espoir. Car l'espoir est aussi celui de retrouver certains prisonniers vivants. De nombreux syriens sont à la recherche de leurs proches. À Damas, « ils ratissent les locaux de la prison la plus célèbre du pays », raconte le Wall Street Journal, « parcourant les listes de détenus et creusant le sol en béton à la recherche de cellules ou de tombes cachées ». Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont disparu en Syrie, depuis le soulèvement de 2011. Des syriens bien sûr, mais aussi un américain, le journaliste Austin Tice, capturé en 2012.

    Cette semaine, explique El País, « le président américain Joe Biden a indiqué que son gouvernement pensait que le journaliste était vivant ». Ceci étant, précise le Washington Post, « les responsables de l’administration Biden, affirment que pour l’instant, il est trop dangereux de déployer du personnel pour rechercher l’Américain ». Même si HTS, a annoncé sa volonté de « coopérer directement avec Washington, pour localiser les Américains détenus par la dictature Assad », précise El País.

    Premier ministre

    Enfin, en France, l’attente continue même si François Bayrou doit être reçu à l'Élysée à 8h30. Il s'agit bien sûr de l’attente pour connaître le nouveau premier ministre que doit nommer Emmanuel Macron. « Pourquoi c’est si long ? » se demande Aujourd’hui en France, alors qu’Emmanuel Macron devrait finalement annoncer son choix ce vendredi matin. « Hier », poursuit Aujourd’hui en France, « les rumeurs se sont succédé dans une ambiance de pétaudière ». Le quotidien qui pointe du doigt les politiques qui « à défaut de travailler leur programme, s’enferment dans des postures ». Libération, de son côté, constate avec amusement que le nouveau Premier ministre sera donc nommé un « vendredi 13 ». S’il ne lui souhaite pas malheur, le quotidien français n’en énumère pas moins les dossiers brûlants qui attendent le nouveau chef du gouvernement : « budget, agriculteurs, plans sociaux, école ».

    Plus à gauche, l’Humanité n’hésite pas à accabler Emmanuel Macron. « Il est l’artisan du chaos », s’exclame le quotidien, « il s’embourbe dans une crise politique qu’il a lui-même provoquée ».

  • Une enquête à lire dans Le Figaro. « C’est une lèpre qui s’est propagée à bas bruit, écrit le journal. Au fil des années, de manière insidieuse, elle a grignoté le territoire, enjambé les frontières des cités sensibles des grandes agglomérations pour éclabousser la campagne dans son ensemble. L’implantation géographique des points de deal révèle une France criblée de flèches empoisonnées qui distillent la mort au gré des surdoses et des règlements de comptes perpétrés à l’ombre des clochers. »

    En effet, précise Le Figaro, « d’après un bilan de la gendarmerie nationale, le nombre des affaires liées aux trafics et aux reventes de drogue a explosé de 67 % en dix ans dans les territoires ruraux et périurbains. »

    Commentaire désabusé du quotidien de droite : « lâchée par les services et les transports publics, plongée dans la crise économique, la France périphérique et rurale est livrée aux gangs et cartels en quête de nouvelles zones de chalandise. Haschich, cocaïne, héroïne, crack et autres drogues de synthèse : le trafic est dans le pré et à la ferme. Les forces de l’ordre multiplient les interventions musclées dans l’arrière-pays. Début novembre, pointe Le Figaro, les ministres démissionnaires de l’Intérieur (Bruno Retailleau) et de la Justice (Didier Migaud) avaient présenté un plan ambitieux pour s’attaquer au fléau. Pour une fois, un homme de droite et un socialiste tiraient dans la même direction. La chute de Michel Barnier les a arrêtés dans leur élan. Dommage (…). »

    Aux Etats-Unis : trafic et centres de désintoxication…

    Aux Etats-Unis, cela fait des années que le trafic de drogue s’est propagé dans les campagnes les plus reculées… Le New York Times nous emmène à Louisa, « au Kentucky, petite ville d’environ 2.600 habitants située à la frontière de la Virginie-Occidentale. Une région en proie à la pauvreté et au cœur de l’épidémie d’opioïdes du pays. »

    Toutefois, lueur d’espoir : « le Kentucky oriental est l’un des endroits où on a le plus de chances de mourir d’une surdose, mais aussi où on a le plus de chances de recevoir un traitement. »

    En effet, relate le New York Times, les centres de désintoxication se sont multipliés à Louisa, puis dans toute la région : « nombre d’entre eux ressemblent davantage à des centres communautaires ou à des églises qu’à des cliniques médicales, offrant non seulement des services de soins, mais aussi spirituels et logistiques dans le but d’aider les toxicomanes à trouver un emploi et à se réinsérer dans la société. (…) L’État du Kentucky compte plus de lits de traitement résidentiel par personne que tout autre État du pays, et cette année, le nombre de décès par overdose a chuté de 20 % par rapport à l’année dernière. »

    A l’origine de ce retournement, un homme, pointe le New York Times : Tim Robinson, qui s’est installé dans la ville de Louisa en 2005, ancien alcoolique et qui a fondé un premier centre, puis d’autres, d’abord avec l’aide de sa famille et de dons, puis ensuite avec le soutien de l’État. Résultat : ces centres de désintoxication sont désormais le premier employeur de la région… Ou comment, remarque le quotidien américain, « une terrible crise sociale, le fléau de la drogue, est devenue la principale source d’opportunités économiques de cette région du Kentucky… »

    Le Mondial 2034 en Arabie Saoudite : un « scandale… »

    A lire également, ce coup de gueule dans le Times à Londres, contre l’attribution de la Coupe du monde de football 2034 à l’Arabie saoudite… « Un scandale et une mascarade », s’insurge le quotidien britannique qui ne mâche pas ses mots, qualifiant le patron de la FIFA, Gianni Infantino, de « plus grand pervers de l’histoire de l’administration sportive, qui a vendu le football aux Saoudiens. Une deuxième Coupe du monde au Moyen-Orient (après celle du Qatar) en quatre éditions, sans contestation, sans questionnement, sans opposition. »

    Et le Times de tirer à boulets rouges également sur le régime saoudien : « si Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite, était renversé demain et que des libérateurs parvenaient à pénétrer dans les prisons et les centres d’interrogatoire de son pays, à quel point seraient-ils différents de ceux que l’on découvre aujourd’hui à Damas ? Nous serions sans doute horrifiés par les mêmes corps émaciés et brisés, les mêmes trous noirs, les mêmes broyeurs, les mêmes instruments de torture. »

  • Après le choc de la libération, le choc des questions. Le journaliste syrien Mazen Hassoun, réfugié en Allemagne depuis 10 ans, nous expose ce double choc dans cette tribune publiée par le Süddeutsche Zeitung : « aujourd’hui, la joie appartient à tout le monde, écrit-il. Aujourd’hui, nous ne sommes plus des groupes religieux ou des ethnies ; nous ne sommes plus des sunnites, des alaouites, des chrétiens, des druzes ou des Kurdes, des partisans ou des adversaires. Nous sommes simplement devenus des Syriens. Malgré cette joie, on ne peut pas cacher son inquiétude pour l’avenir, poursuit Mazen Hassoun dans le quotidien allemand. Nous avons des milliers de questions. Abou Mohammed Al-Joulani, le chef du groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Sham, tiendra-t-il sa parole et autorisera-t-il des élections libres ? Quel rôle jouera-t-il à l’avenir ? Peut-il vraiment convaincre tout le monde de s’asseoir autour d’une table et de négocier ? Ou une nouvelle guerre civile va-t-elle s’ensuivre ? Les semaines à venir seront décisives pour l’avenir de la Syrie. »

    Levée des sanctions américaines ?

    Le New York Times s’interroge également : « la grande question est de savoir si le groupe HTS est sincère dans sa renonciation au terrorisme et à l’islamisme à la manière des Talibans. L’administration Biden peut offrir un geste immédiat de bonne volonté en levant la récompense de 10 millions de dollars du Département d’Etat pour Abou Mohammed Al-Joulani, le leader de HTS. Mais, pointe le quotidien américain, les sanctions américaines contre la Syrie et le statut de HTS en tant qu’organisation terroriste ne devraient être levés qu’à certaines conditions. Les nouveaux dirigeants syriens autoriseront-ils la liberté de culte pour les minorités religieuses et la liberté vestimentaire pour les femmes ? Accepteront-ils l’autonomie de facto des Kurdes de Syrie ? Coopéreront-ils avec les efforts internationaux pour détruire Daech ? Si HTS veut vraiment cimenter une relation différente avec Washington, pointe encore le New York Times, il peut aussi exiger le retrait militaire de la Russie de la Syrie, comme l’avait fait l’Égyptien Anouar el-Sadate dans les années 70. »

    Le pouvoir vacant sera-t-il « accaparé ou redistribué » ?

    « Après l’effusion, les questions sur l’avenir d’une Syrie à réinventer… », renchérit Libération à Paris. « Dans les semaines à venir, la transition du pouvoir en Syrie sera traversée par ces questions : celle de l’amnistie, de la traque des membres de l’ancien régime, et de la place que prendront les rebelles islamistes dans la transformation de la société syrienne dans son ensemble. Après treize ans de guerre et un demi-siècle de tyrannie, reste encore à savoir si le pouvoir vacant sera accaparé, ou redistribué. »

    Le Times à Londres résume le sentiment général : « la vie après Assad : la Syrie renaît de ses cendres sous le regard inquiet du monde. (…) Il est difficile de renverser un empire. Il est encore plus difficile d’en construire un nouveau. »

    L’occasion d’un apaisement au Proche-Orient ?

    En tout cas, la chute de Bachar el-Assad est « une occasion à saisir pour le Proche-Orient », analyse Le Monde à Paris. « Réalignement, stabilisation, détente : voilà sans doute ce à quoi aspirent tous les peuples de la région après des décennies de fureur et de cendres. Encore faut-il que les principaux bénéficiaires des derniers événements, les islamistes syriens, leur parrain turc et Israël, résistent à l’hubris nourrie par leurs succès. »

    Et Le Monde de préciser : les nouveaux maîtres du pays devront prendre « la mesure de la complexité de la mosaïque confessionnelle et ethnique de la Syrie. »

    La Turquie devra « respecter la souveraineté territoriale de la Syrie au lieu d’y pourchasser ses ennemis kurdes. »

    Et Israël devra mettre « enfin un terme aux carnages à Gaza, à l’escalade en Cisjordanie, à la campagne de bombardements des sites militaires du régime déchu en Syrie et en évitant les gestes inutilement provocateurs, comme la prise de contrôle de la zone tampon du Golan syrien qu’il occupe. »

    Et Le Monde de conclure : « le passé de ces protagonistes n’invite pas à l’optimisme. Le réalisme dit pourtant que cette feuille de route pourrait apporter ce que la force la plus écrasante ne sera jamais capable de garantir durablement : la paix. »

  • Un homme coiffé d’un keffieh rouge brandissant dans chacune de ses mains une corde avec un nœud coulant, une corde qui a sans doute servi à pendre des détenus…

    On retrouve cette photo dans les journaux du monde entier. Notamment sur le site du Wall Street Journal, du Guardian, du Temps à Genève, ou encore du Times à Londres, avec ce titre : « dans la prison de Saydnaya, “l’abattoir humain“ d’Assad ».

    « Toute la matinée d’hier, relate le quotidien britannique, des milliers de personnes ont gravi la colline jusqu’à Saydnaya, cette prison à la périphérie de Damas où, parmi les débris de verre et les documents jetés, ils sont venus chercher des indices sur le sort de milliers de Syriens emprisonnés, torturés et tués par le régime. Ils ont fouillé tous les documents qu’ils ont pu trouver, à la recherche désespérée de noms, de traces de leurs proches. Ils ont gratté le béton avec leurs mains et ont utilisé des marteaux pour frapper les murs, mais en vain. »

    Sanglant mystère…

    « À la prison de Saydnaya, l’espoir brisé des familles de disparus », soupire Le Monde à Paris. « Des milliers de personnes se sont rendues à la prison depuis sa libération par les rebelles, attirées par la rumeur de la présence de détenus dans les sous-sols de l’enceinte. Cette nuit, les secouristes ont terminé leurs recherches, qui n’ont révélé “aucune zone non ouverte ou cachée au sein de l’établissement“. »

    En effet, complète Le Soir à Bruxelles, « les informations restent floues. Dans un premier temps, une partie des prisonniers auraient été libérés : toute une aile de la prison serait restée hors d’atteinte, les anciens gardiens étant les seuls à pouvoir actionner le mécanisme d’ouverture de ce bâtiment. Que reste-t-il dans les sous-sols de Saydnaya ? Rumeurs et informations se mélangent, tant le dictateur syrien avait cultivé le sanglant mystère. »

    En tout cas, martèle Libération, « ce n’est même pas une prison, mais un abattoir où des dizaines de milliers d’hommes et de femmes ont été exécutés dans des souffrances atroces, certains y auraient été emmurés vivants, le bâtiment comptant plusieurs étages sous terre. En 2017, Amnesty International avait tiré la sonnette d’alarme, publiant de nombreux témoignages accablants de détenus libérés, d’anciens gardiens ou d’anciens juges. Un rapport qui n’a malheureusement eu aucun impact sur la communauté internationale. N’ayons pas peur des mots, s’exclame encore Libération : le sadisme et la cruauté avec lesquels les hommes de Bachar torturaient ceux qui passaient entre leurs mains rappellent par leur ampleur et leur côté systémique les méthodes employées par les nazis. Et l’on ne sait pas encore tout. »

    Début de normalisation…

    Dans le même temps, à Damas, après les scènes de liesse hier et avant-hier, « les rebelles tentent de rétablir l’ordre », pointe El Pais à Madrid. « Dans la capitale, on compte les magasins ouverts sur les doigts de la main. Au milieu de la circulation, il y a un mélange d’incertitude et de joie. Certaines voitures circulent avec ce qu’on appelle le drapeau de l’indépendance, à trois étoiles, qui a déjà commencé à flotter officiellement. (…) La tentative précipitée des rebelles d’établir un semblant d’ordre devient peu à peu perceptible dans les rues, poursuit le quotidien espagnol. Deux hommes en uniforme militaire banalisé font office d’agents de sécurité à un carrefour très fréquenté. Ils sont postés à l’entrée d'un commissariat incendié la veille. On ne sait pas très bien ce qu’ils gardent, car il ne reste que des documents noircis par l’incendie et des meubles mis au rebut. »

    Et maintenant ?

    Quel avenir pour la Syrie et son peuple martyrisé ? « Le défi qui attend Ahmed al-Chareh, le nouvel homme fort de Damas, est incommensurable », s’exclame Le Figaro à Paris. « Comment gouverner une Syrie littéralement ravagée par près de quatorze années de guerre civile, où 90 % de la population sont plongés dans la pauvreté, un pays morcelé ethniquement, religieusement, politiquement, et dont de vastes zones échappent au pouvoir de Damas ? Les exemples de l’Irak, de l’Afghanistan et de la Libye n’invitent guère à l’optimisme. Le pire sera évité, estime Le Figaro, si al-Chareh tient sa promesse d’institutions incluant toutes les composantes de la société, s’il parvient à préserver l’intégrité territoriale du pays et se cantonne à un projet national, dénué d’expansionnisme ou de prosélytisme. La “victoire pour la nation islamique“ (comme il l’affirme) n’inclut sûrement pas celle de la démocratie. »

  • « Délivrance et incertitude » : pointe Libération à Paris, après la chute de Bachar el-Assad. Deux mots qui résument bien l’état d’esprit des commentateurs de la presse internationale ce matin.

    « L’espoir renaît enfin au Moyen-Orient », soupire L’Orient-Le Jour à Beyrouth. « Il y a bien sûr des dizaines d’inconnues et autant de raisons d’être inquiets. Le groupe Hayat Tahrir el-Cham, malgré sa mue tactique, malgré son vernis cosmétique, demeure djihadiste et fondamentaliste. (…) Mais aujourd’hui. Rien qu’aujourd’hui, nous ne pouvons que célébrer ce qui vient de se passer, pointe le quotidien libanais. Parce que la libération des prisonniers syriens, la joie de ces familles qui retrouvent leurs proches disparus depuis des décennies, de ces opposants ou réfugiés au Moyen-Orient ou en Europe qui entrevoient à nouveau la possibilité de rentrer chez eux après avoir fui leur terre le cœur en morceaux… tout cela nous oblige ».

    Le New York Times est sur la même ligne : « toute personne attachée aux droits de l’homme doit être soulagée par la chute du régime d’Assad. Mais nous avons également vu comment les islamistes purs et durs peuvent régner en Afghanistan et ailleurs, et on peut craindre des représailles en Syrie. Il faut donc saluer le renversement d’el-Assad, mais rester vigilant quant à la suite des événements. C’est une dure leçon : parfois, ce qui suit un régime terrible est tout aussi mauvais, voire pire ».

    Le Washington Post renchérit : « après Assad, beaucoup de promesses - mais aussi des risques et des incertitudes. (…) Au Moyen-Orient, il n’y a pas de lueur d’espoir sans nuage ».

    Qui comblera le vide ?

    « Que va-t-il se passer ensuite ? », s’interroge en écho le Times à Londres. « Hayat Tahrir el-Cham, le groupe islamiste victorieux, parviendra-t-il à maintenir de manière crédible son discours teinté de jihadisme modéré et décentralisé ? Parviendra-t-il à coopérer avec les groupes soutenus par la Turquie pour rétablir les services publics, rétablir la confiance du public et devenir un partenaire plausible pour les investisseurs étrangers ? Suivra-t-il la voie de la formation d’un gouvernement de transition inclusif qui mènera à des élections nationales ? »

    « Qui comblera le vide en Syrie ? », renchérit le Guardian. « La mosaïque syrienne d’avant-guerre – multiethnique, multiconfessionnelle, inhabituellement tolérante et laïque – peut-elle être reconstituée ? Abou Mohammed al-Joulani est-il apte à diriger une nation ? Qui d’autre pourrait empêcher une fracture territoriale et politique anarchique ? Personne n’a encore de réponse à ces questions ».

    En attendant : soulagement…

    En tout cas, « aujourd’hui, relève Le Temps à Genève, des millions de Syriens rêvent de rentrer chez eux, emplis d’espérance, de plans de reconstruction et, parfois, de moyens financiers acquis en travaillant en Turquie, en Allemagne ou en Suisse. Les risques pour le pays sont nombreux, entre une rébellion islamiste dont l’adhésion aux droits de l’homme reste à prouver, des oppositions rivales et éclatées et des voisins toujours à l’affût. Mais cette diaspora syrienne, et tout le pays avec elle, est en droit d’oublier un instant ces périls futurs. Le temps est aujourd’hui, pour elle, au soulagement, au recueillement, et à la célébration ».

  • Les événements se déroulent à une vitesse effrénée. Les rebelles sur le point de prendre Damas, Bachar el-Assad aurait quitté la Syrie. « Le château de cartes du régime syrien, s'effondre à une vitesse, qui, il y a presque deux semaines, aurait été considéré comme une fiction politique », écrit El Païs, en Espagne, alors que la Republica, parle du « cauchemar syrien d'un nouveau califat sur la Méditerranée ». « Tout le monde, à commencer par Israël », estime le quotidien italien « craint que la Syrie ne tombe aux mains d’Abou Mohammed al-Jolani, l’architecte de la coalition sunnite qui a renversé le régime en onze jours ». « Nouvelle ère en Syrie », titre de son côté, l’Orient-le Jour. « Les groupes rebelles appellent les Syriens exilés à l’étranger à rentrer dans une Syrie Libre », ajoute le quotidien francophone libanais.

    Qui est Abou Mohammed al-Jolani ?

    La presse internationale qui se pose de nombreuses questions au sujet des rebelles et de leur chef... Libération s’interroge au sujet d’Abou Mohammed al-Jolani, le leader du groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir Al-Sham. « Celui qui se voit en futur dirigeant de la Syrie », nous dit le quotidien français, « a évolué dans le sillage d’Al-Qaeda et de l’État islamique avant de rompre avec ces groupes terroristes. Il affiche aujourd’hui une mue étonnante, sans que l’on sache si elle est réelle ou opportuniste ». « Agé de 40 ans », détaille Libération, Abou Mohammed al-Jolani, est né à Deraa dans le sud de la Syrie. Il a déclaré en 2021, « s’être radicalisé lors de la 2ème intifada en 2000 ». En 2013, les États-Unis l’ont désigné comme « terroriste ». Mais selon l’activiste syrien Oussama Chourbagi, directeur de l’ONG Mars, « il essaie, depuis 6 ou 7 ans de donner une nouvelle image de lui, plus moderne ». Chemise kaki et barbe noire, Abou Mohammed al-Jolani, est apparu vendredi sur CNN. « Le but de la révolution », a-t-il dit, « reste le renversement du régime ». Ce qu’il semble sur le point de réussir.

    Inquiétudes

    Sur le plan international, on suit de près les événements en Syrie. Le Washington Post indique ainsi que « l’avancée des rebelles syriens ravive les craintes américaines d’une prise de pouvoir par les islamistes ». « Mais les experts », assure le quotidien américain, « disent que les rebelles ont changé ». Et « malgré les inquiétudes suscitées par certains des groupes qui sont à l’origine de cette avancée vers Damas, l’idée qu’un changement pourrait se produire n’est pas nécessairement perçue comme une mauvaise chose par les Syriens » estime Charles Lister, directeur du programme Syrie au Middle East Institute, « pour eux, il y a dix jours, lorsque tout cela a commencé, il n’y avait aucune lumière au bout d’un tunnel très sombre ».

    39 ans de détention

    Les témoignages se multiplient sur les prisonniers (notamment les prisonniers politiques) libérés par les rebelles qui ont ouvert les portes des prisons. Le Guardian raconte ainsi l’histoire d’Ali Hassan Al-Ali. Et affiche deux photos côte à côte : celle d’un jeune homme de 18 ans, et celle d’un homme âgé de 57 ans qui porte une barbe blanche. Selon son frère, Moammar Ali, c’est le même homme. Il le recherche depuis 39 ans. Pendant des années, « il a reçu des informations contradictoires sur le lieu où il se trouvait ». Puis, à partir de la révolution et la guerre civile, en 2011, plus rien. Mais « jeudi soir », raconte le Guardian, « le téléphone de Moammar Ali s’est mis à vibrer. Amis, proches et membres de la famille ont commencé à lui envoyer la même photo : un homme d’une cinquantaine d’années, debout, hébété, devant la prison centrale de Hama ». « C’est mon frère », s’est exclamé Moammar Ali. « C’est désormais un vieil homme ».

    Splendide Notre-Dame

    Autre grand titre de l’actualité : la réouverture de Notre-Dame. « Notre-Dame de cœur », titre la Tribune Dimanche. « Eternelle Notre Dame », annonce, en Une, le Journal du Dimanche, alors qu’Aujourd’hui en France, juge Notre-Dame « grandiose ». La Tribune du Dimanche et le JDD ont choisi quasiment la même photo de Une. La cathédrale illuminée, qui semble surgir de la nuit. Aujourd’hui en France a, de son côté, choisi une vue de la nef de la cathédrale, resplendissant dans sa blancheur, les centaines d’invités, (dont Donald Trump, au premier rang), écoutant le président Emmanuel Macron. « Une cérémonie très politique », juge Aujourd’hui en France, qui évoque « la présence de ces quarante chefs d’État reçus par le couple présidentiel » sur le parvis de la cathédrale, « la présence de Donald Trump qui faisait son retour sur la scène internationale ou encore celle de l’ukrainien Volodymyr Zelensky, chaleureusement applaudi par ses pairs lorsqu’il a pénétré dans la nef ». Les journaux du dimanche accompagnent leurs articles de nombreuses photos : outre celle de Volodymyr Zelensky, entouré des époux Macron, on remarquera celle des anciens présidents Sarkozy et Hollande, en train de converser, ou encore celle du milliardaire Elon Musk, en train de prendre une photo avec son portable. De la Cathédrale ou de son ami Donald Trump ? L’histoire ne le dit pas.

  • C’est à la Une de nombreux journaux, photos à l’appui. Ainsi le Times, annonce « que le régime de Bachar el-Assad est ébranlé par l’avancée fulgurante des rebelles ». Au-dessus d’une photo montrant la tête d’une statue renversée. Celle d’Hafez el-Assad, le père et prédécesseur de Bachar. Le Times publie aussi quatre cartes, avec en rouge, la progression des rebelles, impressionnante, en seulement quatre jours, du nord vers le sud, d'Alep à Hama et sans doute bientôt Homs. « L’histoire s’accélère en Syrie », nous dit le quotidien belge le Soir, « dans un implacable effet domino qui défie tous les pronostics, les forces fidèles à la dictature de Bachar el-Assad se montrent incapables de contrer l’avancée des rebelles ». Dans ces conditions, la presse internationale ne donne pas cher du régime de Bachar el-Assad. « Si Homs tombe, je ne vois pas comment le régime pourra survivre », déclare dans le Wall Street Journal, Jérôme Drevon, chercheur à l’International Crisis Group. Le New York Times, de son côté, retranscrit l’interview d’Abou Mohammad al-Jolani, le chef des rebelles syriens, portant longue barbe et casquette kaki. « Notre objectif », dit-il, « est de libérer la Syrie de ce régime oppressif ».

    Joie et sanglots

    Dans ce contexte, Libération publie le témoignage émouvant d’une activiste syrienne réfugiée en France. Elle s’appelle Fatin Ramadan, et elle pense « avoir reconnu son père parmi les prisonniers politiques libérés par les rebelles à Hama... libéré après 13 ans de détention, alors qu’il avait été déclaré mort par le régime de Bachar el-Assad ». « Sa voix est brisée, mélange de joie et de sanglots », nous dit Libération. « Sur les vidéos publiées jeudi », ajoute le quotidien français, « la plupart des détenus libérés tiennent un sac en plastique avec quelques menues affaires, vestiges d’une vie d’horreur. Ils affichent un faible sourire ou déambulent l’air hagard. Certains ont été arrêtés après le soulèvement de 2011, comme Muhammad Nazir Ramadan. En treize ans, ses cheveux et sa barbe ont blanchi ». Sa fille est sûre que c’est bien lui. Elle cherche désormais à rentrer en contact avec son père. Mais elle n’a pas encore réussi.

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    Notre-Dame et Donald Trump

    Les quotidiens français consacrent une large place à la cathédrale Notre-Dame. Car c’est aujourd’hui que la cathédrale rouvre ses portes, magnifiquement restaurée, cinq ans après l’incendie qui l’avait en partie ravagée. C’est « la renaissance », titre le Figaro, qui rappelle « qu'une quarantaine de chefs d’État » seront présents et qui s’émerveille, évoquant « les images d’une cathédrale qu’on avait laissée meurtrie, calcinée, en partie effondrée le matin du 16 avril 2019 et qui est désormais resplendissante, pierre blonde, rosace et ors brillant de mille feux ». Le Parisien, lui aussi, fait sa Une sur Notre-Dame, « au centre du monde » nous dit-il, en ajoutant qu’il y aurait toutefois ce samedi « une autre star ». Donald Trump et « sa célèbre chevelure orange ». « Pour son grand retour sur la scène internationale », explique le journal, « le président élu, qui ne prendra ses fonctions que le 20 janvier, a choisi un événement au retentissement mondial. La visite a été bouclée lors d’un coup de fil direct d’Emmanuel Macron. » Pour Libération, la venue de Trump est un « beau coup », mais aussi un « casse-tête » pour le « protocole » selon Gérard Araud, ancien ambassadeur à Washington. En effet, Donald Trump ne sera réinvesti comme président que le 20 janvier prochain. « À ce titre », explique Libération, « il devrait en théorie passer après tous les représentants de gouvernement invités ». En théorie donc… Mais, en pratique, explique Gérard Araud, « le protocole, ça se tord, on trouve des solutions, et il est évident qu’on ne voudra pas humilier Trump, en le plaçant au fond de la salle »…

  • Les journaux français font pour beaucoup leur Une sur le président. « Dans la tourmente, Macron cherche une issue », nous dit le Figaro. « Il fustige un front anti-républicain et cherche un successeur à Barnier ». Libération de son côté parle de « flagrant déni », estimant que « le président de la République a tenté de rassurer les Français, tout en rejetant la responsabilité de la crise sur les élus et les électeurs ». « Mais comment rassurer, comment incarner la stabilité quand on a soi-même mis le bazar ? » interroge le quotidien français. « Hier soir plus que devant les Français, Emmanuel Macron était en réalité face à lui-même. Face au miroir de son échec », estime Libération. « Le roi est nu », titre de son côté l’Humanité, qui a trouvé Emmanuel Macron « plus arrogant et isolé que jamais ». Enfin, Aujourd’hui en France est allé à la rencontre de Français plutôt inquiets. Une infirmière se dit « déçue par les politiques », « Barnier ou un autre, ils ne peuvent pas faire grand-chose. Le fautif c’est Macron », ajoute un marchand de journaux marseillais, alors qu’un agriculteur s'agace « des gamineries des politiques ».

    Nommer un Premier ministre très vite

    La crise politique en France, que la presse européenne suit de près. Ainsi le Guardian. Le quotidien britannique remarque tout d’abord que « le président français a exclu de démissionner » et il ajoute que « l’Élysée souhaite limiter toute impression de chaos politique, alors que Macron se prépare à accueillir demain les dirigeants du monde, dont Donald Trump, pour la réouverture de la Cathédrale Notre-Dame à Paris ». Le Times, de son côté, note que « Macron impute la crise aux extrémistes qui cherchent à provoquer le désordre et rejette les appels à la démission ». « Le président », précise de son côté, le Soir, « a refusé d’assumer l’irresponsabilité des autres qui ont fait tomber le gouvernement à quelques jours des fêtes de Noël ». Le quotidien belge, estime que « Macron doit nommer un Premier ministre vite, très vite », mais se demande toutefois « si la France est devenue ingouvernable », « alors que l’Assemblée nationale est divisée en trois blocs de taille comparable et qu’aucun ne peut réellement prendre le dessus sur l’autre ». Enfin en Suisse, le Temps publie une photo de Marine Le Pen riant aux éclats sur les bancs de l’Assemblée nationale. Le Temps juge « que la patronne du Rassemblement National, peut désormais se présenter en « avocate des insatisfaits », seule opposante qui compte, intransigeante, mais plus raisonnable que les autres… »

    Le CAC 40 en difficulté

    La crise politique en France, qui pourrait se doubler d’une crise financière… C’est ainsi qu’El Païs remarque que « la France a un sérieux problème avec ses comptes publics : une montagne de dettes qui dépasse largement tout ce que son économie produit en un an ». Le quotidien espagnol a interrogé André Sapir, ancien conseiller économique de la Commission Européenne, qui s’exprime ainsi : « Je n’aime pas parler de crise budgétaire, parce qu’elle est d’abord politique. Mais si ça continue, la crise pourrait être une crise budgétaire ou une crise de la dette ». « Sur les marchés financiers » remarque le Soir, à Bruxelles, « la censure du gouvernement français n’a pas provoqué les turbulences annoncées. Mais la France paie depuis 6 mois, la décision du président Macron de dissoudre l’Assemblée nationale ». « Le CAC 40 sous-performe depuis six mois », assure un analyste. « De fait », ajoute-t-il, « l’indice de la bourse de Paris a perdu 6% sur cette période ». La comparaison avec la Grèce, du début des années deux mille est tentante. « Mais le sentiment qui domine », assure le professeur d’économie Eric Dor, est que « la France, deuxième économie de la zone euro, est « too big to fail », contrairement à la Grèce ». Autrement dit, « trop importante pour échouer ».

  • « Un désastre » : c’est ainsi qu’El Pais à Madrid qualifie la situation politique en France après la chute hier soir du gouvernement Barnier. C’est l’impasse sur le plan politique. Et « pendant ce temps, la situation continue de se dégrader, pointe le quotidien espagnol, la dette est colossale (elle dépasse les mille milliards d'euros), le climat social est une poudrière, les revendications des agriculteurs, des fonctionnaires, des retraités et des salariés s’amplifient. Personne ne peut garantir que l’édifice institutionnel et politique résistera à la pression conjuguée de l’extrême droite, principale force qui rassemble à elle seule 11 millions d’électeurs, et d’un régime politique aussi branlant qu’imprévisible. L’échec d’Emmanuel Macron est retentissant ».

    « Le Macronisme est mort », renchérit le Corriere Della Sera à Rome. « Parce que l’alliance rouge-brun entre les deux populismes opposés a gagné, relève le quotidien italien. (…) Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, l’extrême gauche et l’extrême droite ont voté ensemble. Pourtant, ce ne seront pas Le Pen et Mélenchon qui résoudront l’effondrement du pouvoir d’achat, l’affaiblissement de la classe moyenne, et l’incapacité de l’Europe face aux guerres à ses frontières ».

    Vers une grande coalition ?

    Désormais, « la France est à la renverse », soupire Le Figaro à Paris. « La politique se confine dans des négociations catégorielles et des combinaisons lilliputiennes. C’est donc à l’Élysée de trouver le moyen d’équilibrer un peu ce qui est instable, estime le quotidien conservateur. D’abord, ne pas procrastiner pendant des semaines, mais nommer en quelques jours un nouveau Premier ministre ». Et « le pays étant évidemment à droite, il ne faut surtout pas un Premier ministre venant de la gauche ».

    Justement et maintenant ? Il faut « une grande coalition, seule issue au chaos français », affirme Le Soir à Bruxelles. Une « grande coalition entre les forces de gouvernement, de la droite à la gauche. Cela supposerait que le Parti socialiste se détache des Insoumis. Est-ce si dur ? »,s’exclame le quotidien belge. « Ce qui les unit encore n’a rien de noble : c’est la peur, s’ils n’ont pas de candidat commun, de perdre des plumes aux municipales de 2026 et aux futures législatives en cas de nouvelle dissolution. À un moment, l’histoire commande d’avoir la tête haute ».

    Marine le Pen en position de force ?

    Quant à Marine Le Pen, « elle semble vouloir se mettre en position de force », pointe le New York Times. « Elle veut déclencher une élection présidentielle ».

    Pas sûr qu’elle tire les marrons du feu, rétorque Libération à Paris : « en votant la censure, la cheffe du Rassemblement national revient à ses premières amours antisystème et risque de perdre les électeurs indécis ou les électeurs de droite déçus par LR, sensibles à l’image respectable qu’elle cherche à se forger depuis des années. Dans un contexte international déjà extrêmement préoccupant, conclut Libération, précipiter à la veille des fêtes de fin d’année le pays dans une nouvelle période d’incertitudes politique, économique et financière, risque aussi d’être très impopulaire. Et de laisser des traces ».

  • D’un côté une cathédrale à la splendeur retrouvée, de l’autre un gouvernement en ruines… Le Guardian à Londres fait le parallèle entre les deux événements qui vont bientôt marquer l’actualité française. « Emmanuel Macron s’apprête à accueillir ce week-end les dirigeants mondiaux pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, après l’incendie d’il y a cinq ans. Il aurait espéré y voir une métaphore : celle d’une union populaire pour empêcher l’effondrement d’un édifice sacré. Au lieu de cela, il est fort probable que le gouvernement français se sera effondré dès ce mercredi soir, et avec lui la confiance des électeurs envers les hommes politiques. »

    Le Guardian qui ne manque pas d’égratigner au passage Michel Barnier : « il semble que l’expérience de Michel Barnier dans la négociation du Brexit avec les Britanniques n’ait servie à rien dans le champ de bataille politique français. (…) C’est le meilleur des moments pour Notre-Dame, mais le pire pour le Premier ministre français. »

    Tout bénéfice pour Marine Le Pen

    Celle qui se frotte les mains, c’est Marine Le Pen… C’est ce que constate notamment Le Temps à Genève. « C’est Noël avant l’heure pour le Rassemblement national, s’exclame le quotidien suisse. La séquence de ces derniers jours, qui devrait se clore ce soir avec la censure du gouvernement Barnier validée par toutes les oppositions, n’aura effectivement pas été avare en cadeaux pour le RN et sa patronne. Marine Le Pen a démontré à ceux qui en doutaient encore qu’elle était désormais la véritable maîtresse des horloges françaises et la seule opposante qui compte. (…) L’éternelle candidate à l’élection présidentielle aura donc réussi, pointe encore Le Temps, à être à la fois celle qui a incarné très fortement pendant plusieurs jours la défense du porte-monnaie des Français (le pouvoir d’achat reste au sommet des priorités des électeurs) mais aussi celle qui, au bout du compte, a donné forme à leur envie de dégagisme (53% d’entre eux sont favorables à la censure et 63% à une démission d’Emmanuel Macron). »

    Pas de solution miracle…

    Et Emmanuel Macron se retrouve en fâcheuse posture… Libération à Paris, ironise : « les voies que pourrait emprunter Emmanuel Macron pour sortir le pays de la crise politique sont pour l’heure impénétrables. Et il n’est pas sûr que passer le week-end à Notre-Dame, comme le Président s’apprête à le faire, permette de trouver la solution miracle… Croisons les doigts, poursuit Libération, que l’édifice inauguré en grande pompe tiendra un peu plus longtemps que la maison de paille politique bâtie par Emmanuel Macron. Cette dernière était ouverte aux quatre vents depuis le milieu de son premier quinquennat. Elle a perdu son toit en juin après la dissolution. Avec la censure et le départ de Michel Barnier, ce qu’il reste des murs est en train de s’écrouler sur le dernier locataire. (…) Dit de manière moins détournée, Emmanuel Macron est un roi presque nu. »

    Démissionner ?

    Et retour à la case départ, note le Corriere Della Sera à Rome : « Macron se retrouve là où il a commencé : trouver un nouveau Premier ministre et un gouvernement qui durera au moins quelques mois au Parlement, où le l’équilibre reste inchangé, avec aucune majorité possible. Selon la Constitution française, on ne peut pas retourner voter pour des législatives avant qu’un an ne se soit écoulé depuis les précédentes élections anticipées, donc avant l’été de l’année prochaine. Mais on pourrait théoriquement revenir voter pour l’Elysée, pointe le quotidien italien, et c’est pourquoi les voix de ceux qui demandent à Emmanuel Macron de démissionner se multiplient : seul moyen de redonner la parole au peuple et d’obtenir cette “clarification politique“ qu’il était, ironiquement, sûr d’obtenir en dissolvant l’Assemblée dans la soirée du 9 juin. »

    Non !

    Pour Emmanuel Macron pas question de partir… Alors, « si le chef de l’Etat n’entend pas démissionner, il devra toutefois nommer rapidement un successeur à Michel Barnier, relève Le Monde à Paris. “Il faut un gouvernement resserré avant la fin de la semaine, on ne peut pas rajouter la procrastination au désordre, préconise un ancien ministre macroniste. Sinon, plus les jours passeront, plus les gens diront que le président doit partir“. En nommant au plus vite un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron peut apparaître comme un facteur de “stabilité institutionnelle“, estiment ses soutiens. »

    Toutefois, prévient Le Monde, « si Emmanuel Macron s’apprête à reprendre la main, il n’a pas le droit à l’erreur dans le choix de son prochain premier ministre. Un nouvel échec amplifierait les appels à la démission du chef de l’Etat, qui se retrouverait alors sans munitions. »

  • Chronique d’une chute annoncée… Les journaux en France, en Europe et Outre-Atlantique ne donnent pas cher de la peau du Premier ministre français et de son gouvernement…

    Hier, relate Le Monde à Paris, « quand Michel Barnier s’avance à la tribune de l’Assemblée nationale, ses espoirs de “relever la ligne d’horizon en 2025“, comme il aimait à le répéter, pour s’ériger en “réformateur“ d’un pays en déroute, ses espoirs s’évanouissent. Le Premier ministre, l’air flegmatique et résigné, vient d’engager la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale sans vote du Parlement, via l’article 49.3 de la Constitution. Par ce geste, pointe Le Monde, l’ancien commissaire européen de 73 ans vit sans doute ses derniers instants à la tête de Matignon. Deux mois seulement après avoir énoncé sa déclaration de politique générale, le voici sous la menace d’une motion de censure. Le suspense est mince. Le Rassemblement national s’est engagé à voter avec la gauche, rassemblée au sein du Nouveau Front populaire, pour renverser le gouvernement d’ici à quarante-huit heures. »

    « Michel Barnier et son équipe, nommés par Emmanuel Macron il y a à peine trois mois, sont donc désormais en sursis », relève le New York Times. « S’il tombe cette semaine - comme beaucoup s’y attendent – ce gouvernement sera le plus éphémère de l’histoire de la Vᵉ République française, et le premier à tomber à la suite d'un vote de défiance depuis 1962. »

    Quels scénarios ?

    Tout devrait se jouer demain mercredi dans la soirée, à l’issue du vote de censure… « Que pourrait-il se passer ensuite ? », s’interroge le Guardian à Londres. « Macron aura un certain nombre de choix. Mais il est constitutionnellement contraint par le fait que, ayant dissous le Parlement en juin, il ne peut pas le faire à nouveau avant juin 2025. »

    Alors, poursuit le quotidien britannique, « le président pourrait tout simplement rétablir Barnier au poste de Premier ministre, ce qui serait considéré comme une provocation par le Parlement. La plupart des observateurs jugent donc cela peu probable. Il pourrait également demander aux partis politiques en conflit de tenter de former une nouvelle coalition, cette fois avec un soutien plus large. Cela pourrait par exemple impliquer de nouvelles tentatives centristes pour séparer les éléments les plus modérés du NFP, y compris le PS, du bloc de gauche. Bien que le NFP ait souvent semblé divisé, rien ne garantit que cela fonctionnerait, affirme le Guardian. Macron pourrait aussi décider de nommer un gouvernement de technocrates pour diriger l’administration française pendant six mois supplémentaires. Il pourrait enfin démissionner lui-même, ce qui déclencherait de nouvelles élections présidentielles, mais pour l’instant, cette hypothèse semble peu probable. »

    Qui pour succéder à Barnier ?

    En effet, renchérit le Corriere Della Serra à Rome, « la France paraît ingouvernable, à tel point que beaucoup à droite, à gauche et maintenant aussi au centre demandent que le président de la République se retire. » Mais on n’en est pas là. Et, « on dit que le président réfléchit déjà depuis des jours au successeur de Barnier, croit savoir le quotidien italien. Les noms de l’actuel ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, de l’éternel centriste, François Bayrou, circulent ou encore peut-être celui de l’ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve, qui pourrait tenter d’entrainer le bloc socialiste pour le faire collaborer avec le centre-droit au sein d’une “grande coalition“ à l’allemande. »

    À qui la faute ?

    En attendant, Le Figaro à Paris s’en prend à Marine Le Pen… « La patronne du RN en voulait toujours plus, au risque de gâcher sa victoire. Elle a choisi de faire chuter le gouvernement de Michel Barnier. Elle va plonger la France dans la grande inconnue politique et financière. »

    La Croix renchérit en dénonçant « une forme d’irresponsabilité, conséquence directe des ambitions personnelles de responsables politiques n’ayant qu’un seul objectif : la prochaine présidentielle. »

    Enfin, Libération fustige la trop grande complaisance, selon lui, de Michel Barnier envers le Rassemblement national : « la faute du Premier ministre aura été de conforter politiquement ce rapport de force favorable à l’extrême droite. Il a depuis le début placé, parmi tous ses interlocuteurs, le Rassemblement national sur la première marche. (…) Ce choix stratégique de Michel Barnier de se tourner vers le RN est non seulement un déshonneur moral, mais une erreur stratégique, peste encore Libération. On ne lutte pas contre l’extrême droite en lui passant la brosse à reluire. »

  • Au Proche-Orient, alors que tous les yeux étaient tournés depuis des mois vers Gaza et le Liban, les rebelles syriens reviennent sur le devant de la scène…

    « Signe de l’extrême fragilité du pouvoir de Bachar el-Assad, pointe Le Figaro à Paris, après treize ans de guerre civile qu’il n’a réussi à gagner que grâce à l’appui de ses alliés iraniens, russes et du Hezbollah libanais, la ville d’Alep est tombée, après des années de calme, comme un château de cartes, en à peine quarante-huit heures, au cours d’une offensive éclair, lancée mercredi à la surprise générale par les rebelles islamistes, épaulés par leurs alliés à partir de la province voisine d’Idleb, frontalière de la Turquie. »

    En fait, relève le New York Times, « pendant des années, le président syrien Bachar al-Assad a pu repousser les combattants de l’opposition avec l’aide de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah. (Mais) aujourd’hui, ces alliés étant affaiblis ou centrés sur leurs propres conflits, les rebelles ont saisi l’occasion de modifier l’équilibre des forces. Les combattants rebelles ont passé des mois à s’entraîner et à se préparer à une offensive surprise, mais ils n’auraient eux-mêmes peut-être pas prédit la rapidité de leur progression. Samedi, ils ont déclaré avoir pris le contrôle d’Alep, l’une des plus grandes villes de Syrie, et ils contrôlent désormais une large portion de territoire dans l’ouest et le nord-ouest du pays. »

    Que peut-il se passer maintenant ?

    « Le terrain syrien est beaucoup trop instable pour se livrer à des pronostics, estimeL’Orient-Le Jour à Beyrouth. D’autres villes et régions peuvent tomber, mais il paraît précipité de prédire la chute du régime de Bachar el-Assad qui peut encore compter sur les bombardements russes, ainsi que sur la peur que suscitent les rebelles de l’Organisation de libération du Levant auprès des minorités ou des puissances occidentales et arabes. Qui est prêt à laisser un groupe djihadiste conquérir des pans entiers de la Syrie ? Le comportement du mouvement, y compris vis-à-vis de ses alliés qui ne partagent pas son idéologie, sera l’un des grands enjeux de ces prochaines semaines. Mais outre la capacité de la Russie à mater la rébellion ou bien à négocier avec la Turquie, l’autre clé de la survie du régime syrien semble être entre les mains du couple américano-israélien, pointe encore L’Orient-Le Jour : comment perçoivent-ils respectivement les événements ? Sont-ils prêts à participer à l’affaiblissement voire à la chute de Bachar el-Assad pour sortir la Syrie du giron iranien ? Tout est très flou et tout le monde semble dépassé par les événements (…). »

    Dans l’immédiat, souligne Haaretz à Tel-Aviv, « la question cruciale sera de savoir si la Russie et l’Iran vont envoyer des renforts en Syrie afin d’aider Assad à reconquérir Alep et à repousser les rebelles. » Et « il faut maintenant attendre de voir si la Turquie s’impliquera et si les Kurdes du nord et les Druzes des districts du sud de la Syrie se joindront à l’attaque, établissant une “unité de fronts“ des rebelles et déclenchant l’insurrection civile dans diverses parties du pays. »

    Barnier : tombera, tombera pas ?

    A la Une également en France, cette question : le gouvernement Barnier va-t-il tomber aujourd’hui ? Toute la presse française s’interroge à l’instar de Libération : « le Premier ministre Michel Barnier va dégainer le désormais très fameux article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire adopter sans vote un texte, en l’occurrence le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. La gauche déposera illico une motion de censure. Le RN, encouragé par une base “dégagiste“, laisse entendre qu’il la votera. Ce qui ferait une majorité pour faire chuter le gouvernement de Michel Barnier. Mais il reste un peu de suspense, pointe le journal : la leader d’extrême droite Marine Le Pen continuait ce week-end à pousser son avantage pour obtenir d’ultimes concessions du Premier ministre. »

    En effet, rebondit Le Figaro, « la chute du gouvernement Barnier n’est pas “inéluctable“ si l’on en croit les propos dominicaux de Marine Le Pen. Le bourreau aurait-il la main qui tremble ? Associer sa voix à celle de la gauche de Jean-Luc Mélenchon pour censurer un gouvernement qui n’a rien d’effrayant, sans être extraordinaire, et qui compte un ministre de l’Intérieur déterminé à faire régner l’ordre, est-ce bien raisonnable ?, s’interroge le quotidien de droite. L’alliance des contraires a peut-être ses limites… »

  • Une avancée inattendue dont se fait l’écho L’Orient-Le Jour. Le journal francophone libanais raconte que le groupe Whatsapp du réseau de militants du Media Center d’Alep, « longtemps resté en veille », est « sorti de sa torpeur ». « Les forces djihadistes et rebelles du groupe Hay’at Tahrir al Cham sont entrées à Alep, qui n’avait plus connu de scènes de combat depuis 2020 ». « Les images de combattants armés, arrivant de manière triomphale dans les grandes artères de la deuxième ville de Syrie, ont rapidement circulé. Des images de portraits du président syrien Bachar el-Assad, arrachés, ont fait le tour des réseaux sociaux », poursuit L’Orient-Le Jour. « Nous avons quitté Alep en bus, et nous revenons sur des chars », s'exclame Mustapha Dahnon, journaliste à Idleb. Interrogé, l’économiste Karam Shaar, qui vit en exil, fait toutefois part de ses craintes. « J’ai des sentiments très mitigés », dit-il, « parce que j’aurais aimé que d’autres groupes libèrent ma ville, parce que les violations commises par les autorités de facto dans le nord-ouest de la Syrie, que ce soit sous Hay’at Tahrir al-Cham ou l’Armée nationale syrienne, sont très préoccupantes. » « Néanmoins », concède-t-il, « je ne peux pas cacher que je suis vraiment heureux ».

    Claque inattendue

    À la Une également, l’annonce du Tchad et du Sénégal, qui prévoient le départ des troupes françaises basées sur leur territoire. « En Afrique, la retraite contrainte de l’armée française continue », titre le Monde, qui ajoute : « l’annonce du Tchad rompant l’accord de défense avec Paris, puis celle du Sénégal, déclarant envisager le départ des soldats français, actent l’échec d’Emmanuel Macron à redéfinir la posture militaire de l’ancienne puissance coloniale sur le continent ». Concernant le Tchad, le quotidien français parle de « claque inattendue pour Paris ». « Pour l’armée française », poursuit Le Monde, « la déflagration tchadienne est d’autant plus désastreuse qu’elle intervient quelques heures après un premier revers infligé par un autre partenaire africain historique : le Sénégal. »

    Nouvelles déconvenues, donc, après celles enregistrées au Mali, au Burkina Faso et au Niger, qui avaient déjà conduit à une « posture de réalisme », selon une « source sécuritaire » française. « En clair », précise Le Monde, « à une approche moins intransigeante sur la nature des régimes au pouvoir, jugée intenable dans la durée ». En guise de conclusion, Le Monde cite une « source officielle ivoirienne », selon laquelle les Français « auraient dû prendre l’initiative de partir au lieu de se faire chasser comme ça ». « Il est évident que, d’ici dix ou quinze ans, il n’y aura plus un seul soldat français en Afrique. Parce que la France ne le peut plus budgétairement et parce que la jeunesse africaine ne le supporte plus. » … Dix ou quinze ans : un délai qui sera peut-être difficile à tenir….

    Vous pouvez être fiers

    Enfin, les journaux français s’enflamment pour Notre Dame. « Macron à Notre Dame : quoi de nef ? interroge Libération, avec comme toujours, un brin d’humour. Le président de la République a déambulé pendant deux heures, hier, dans la cathédrale, restaurée et méconnaissable, manière de la présenter au public, avant sa réouverture le 7 décembre », précise le quotidien, qui a noté la réaction d’Emmanuel Macron : « c’est sublime » a dit le président, « sourire béat aux lèvres, dès son entrée dans les lieux ». « Des éloges », nous dit Le Parisien, destinées « aux quelque 1300 personnes ayant œuvré à la résurrection de la cathédrale », principalement des artisans. « Vous avez réussi ce qu’on pensait impossible », leur a dit le président, « merci à tous, vous pouvez être fiers ».

    Ils sont « les artisans du miracle », s’exclame de son côté Le Figaro, qui remarque aussi que « cette longue déambulation », a permis à Emmanuel Macron, de « se mettre au centre d’un événement retransmis en direct en France, mais aussi à l’étranger ». Mais Le Figaro n'y voit pas malice, estimant que « la figure célébrée en ce vendredi n'était pas Macron, mais bien Notre Dame ».