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  • Dans le supplément de ce dimanche, à quelques heures de l’élection présidentielle aux États-Unis, Grand reportage vous fait partager le quotidien des Américains dont le cœur balance entre Kamala Harris et Donald Trump. Tout d'abord, direction le sud, dans la campagne des oubliés de l'Amérique, où les habitants ont le sentiment d'être des laissés-pour-compte. En deuxième partie, nous partons à Détroit dans le Michigan. Onze ans après sa faillite, la ville reprend des couleurs.

    La campagne des oubliés de l'Amérique

    Dans quelques jours, les Américains vont arbitrer l'une des campagnes les plus indécises de leur histoire contemporaine. Une nouvelle fois, l'élection présidentielle aux États-Unis va se jouer à quelques centaines de milliers de voix près dans les États-clés, ceux qui basculent d'un camp à l'autre de scrutin en scrutin.

    Kamala Harris et Donald Trump ont choisi d'y concentrer leurs déplacements et de faire l'impasse sur une autre Amérique : celle des anonymes du sud du pays, des ruraux, des villes moyennes de Louisiane et du Mississippi, dont les habitants ont le sentiment de ne plus exister sur la carte du gouvernement. Ils sont en majorité conservateurs, parfois progressistes, souvent perdus, et tous, bousculés par la hausse des prix, angoissés par l'avenir et laissés-pour-compte.

    Un Grand reportage de Vincent Souriau et Julien Boileau qui s'entretiennent avec Jacques Allix.

    Détroit : après le déclin, la Renaissance

    Au centre de la campagne électorale, la réindustrialisation du pays. Nous voici dans un des États clé du vote du 5 novembre : le Michigan. Où la ville de Détroit, l’héroïne d’une gloire américaine passée, a su retrouver des couleurs.

    Les images de son déclin ont marqué les esprits : quartiers entiers laissés à l’abandon, rangées de maisons en pleine décrépitude.

    11 ans après avoir fait faillite, celle qui fut le berceau de l’industrie automobile semble avoir définitivement tourné la page : les gratte-ciel brillent de 1 000 feux dans le centre-ville, les avenues autrefois sordides ont laissé la place aux commerces branchés et aux hôtels de luxe.

    Une renaissance qui a un prix, celui de la gentrification, l’arrivée de population aisée dans les quartiers modestes, qui font grimper les prix de l’immobilier.

    Un Grand reportage d'Anne Verdaguer qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-end vous emmène en Éthiopie. Notre correspondante a recueilli des témoignages de migrants éthiopiens qui ont tenté de traverser illégalement la frontière entre le Yémen et l'Arabie entre 2022 et 2023. Et, en deuxième partie, plongée en 1974 dans le Zaïre de Mobutu, pour commémorer le 50e anniversaire du « combat du siècle ».

    Du rêve au cauchemar, quand les Éthiopiens tentent le tout pour le tout en Arabie saoudite

    Des gardes-frontières saoudiens auraient tué des centaines de migrants éthiopiens. Des migrants qui tentaient de traverser illégalement la frontière entre le Yémen et l'Arabie entre mars 2022 et juin 2023. De terribles accusations de Human Rights Watch qui publiait, il y a un peu plus d’un an, une enquête explosive… Face aux preuves fournies par l'ONG, l’Éthiopie a annoncé une enquête conjointe avec les autorités saoudiennes.

    Rien n’a été rendu public. Et l’indignation finalement a laissé place au silence… La plupart des rescapés ont regagné leur village en Éthiopie. À quoi ressemble leur vie aujourd’hui ? Quel regard portent-ils sur ce qui leur est arrivé ? Seraient-ils prêts à repartir ?

    Un Grand reportage de Clothilde Hazard qui s'entretient avec Jacques Allix.

    Ali contre Foreman à Kinshasa : 50 ans après, souvenirs africains du « combat du siècle »

    C’était, il y a cinquante ans, la capitale congolaise Kinshasa accueillait l’un des plus prestigieux combats de boxe du XXe siècle, le face-à-face Mohamed Ali / George Foreman. Bien que ce combat ait opposé deux Américains et qu’il ait été calé aux horaires du public américain, il a eu un écho mondial et a suscité un considérable engouement sur le continent africain.

    Sept correspondants de RFI en Afrique ont collecté ces dernières semaines des témoignages qui l’illustrent et qui font revivre ce moment de retrouvailles entre Africains et Afro-américains.

    Au générique de ce Grand Reportage, Patient Ligodi à Kinshasa, Benoît Alméras à Abidjan, Denise Maheho à Lubumbashi, Victor Cariou à Accra, Matthias Raynal à Casablanca, Yves-Laurent Goma à Libreville et Joseph Kahongo à Kisangani. Au micro, Laurent Correau.

    Un Grand reportage de Laurent Correau qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Puuttuva jakso?

    Paina tästä ja päivitä feedi.

  • Dans quelques jours, les Américains vont arbitrer l'une des campagnes les plus indécises de leur histoire contemporaine. Une nouvelle fois, l'élection présidentielle aux États-Unis va se jouer à quelques centaines de milliers de voix près dans les États-clés, ceux qui basculent d'un camp à l'autre de scrutin en scrutin.

    Kamala Harris et Donald Trump ont choisi d'y concentrer leurs déplacements et de faire l'impasse sur une autre Amérique : celle des anonymes du sud du pays, des ruraux, des villes moyennes de Louisiane et du Mississippi, dont les habitants ont le sentiment de ne plus exister sur la carte du gouvernement. Ils sont en majorité conservateurs, parfois progressistes, souvent perdus, et tous, bousculés par la hausse des prix, angoissés par l'avenir et laissés-pour-compte.

    «La campagne des oubliés de l'Amérique», un Grand reportage signé Vincent Souriau et Julien Boileau.

  • À moins d’une semaine de l’élection aux États-Unis. 4 Grands Reportages vont nous faire partager le quotidien des Américains dont le cœur balance entre Kamala Harris et Donald Trump. Au centre de la campagne électorale, la réindustrialisation du pays. Nous voici dans un des États-clé du vote du 5 novembre : le Michigan. Où la ville de Détroit, l’héroïne d’une gloire américaine passée, a su retrouver des couleurs.

    Les images de son déclin ont marqué les esprits : quartiers entiers laissés à l’abandon, rangées de maisons en pleine décrépitude.

    11 ans après avoir fait faillite, celle qui fut le berceau de l’industrie automobile semble avoir définitivement tourné la page : les gratte-ciel brillent de 1 000 feux dans le centre-ville, les avenues autrefois sordides ont laissé la place aux commerces branchés et aux hôtels de luxe.

    Une renaissance qui a un prix, celui de la gentrification, l’arrivée de population aisée dans les quartiers modestes, qui font grimper les prix de l’immobilier.

    «Détroit : après le déclin, la Renaissance», un Grand reportage signé Anne Verdaguer, réalisation : Pauline Leduc.

  • C’était, il y a cinquante ans, la capitale congolaise Kinshasa accueillait l’un des plus prestigieux combats de boxe du XXè siècle, le face-à-face Mohamed Ali / George Foreman. Bien que ce combat ait opposé deux Américains et qu’il ait été calé aux horaires du public américain, il a eu un écho mondial et a suscité un considérable engouement sur le continent africain.

    Sept correspondants de RFI en Afrique ont collecté ces dernières semaines des témoignages qui l’illustrent et qui font revivre ce moment de retrouvailles entre africains et afro-américains.

    Ali contre Foreman à Kinshasa : 50 ans après, souvenirs africains du « combat du siècle », un Grand reportage collectif présenté par Laurent Correau.

    Au générique de ce Grand Reportage, Patient Ligodi à Kinshasa, Benoît Alméras à Abidjan, Denise Maheho à Lubumbashi, Victor Cariou à Accra, Matthias Raynal à Casablanca, Yves-Laurent Goma à Libreville et Joseph Kahongo à Kisangani. Au micro, Laurent Correau.

  • Des garde-frontières saoudiens auraient tué des centaines de migrants éthiopiens. Des migrants qui tentaient de traverser illégalement la frontière entre le Yémen et l'Arabie entre mars 2022 et juin 2023. De terribles accusations de Human Rights Watch qui publiait, il y a un peu plus d’un an, une enquête explosive… Face aux preuves fournies par l'ONG, l’Éthiopie a annoncé une enquête conjointe avec les autorités saoudiennes.

    Rien n’a été rendu public. Et l’indignation finalement a laissé place au silence… La plupart des rescapés ont regagné leur village en Éthiopie. À quoi ressemble leur vie aujourd’hui ? Quel regard portent-ils sur ce qui leur est arrivé ? Seraient-ils prêts à repartir ?

    «Du rêve au cauchemar, quand les Éthiopiens tentent le tout pour le tout en Arabie Saoudite», un Grand reportage de Clothilde Hazard.

  • Dans le supplément de ce dimanche, Grand reportage week-end vous emmène en Argentine sur la trace du plus grand félin d'Amérique, dont le territoire s'amenuise à cause de la déforestation. En deuxième partie, en Sicile, où des milliers d'hectares sont dévorés par les feux de forêt chaque année.

    Sur la piste des derniers jaguars d’Argentine

    Alors que la COP 16 sur la diversité biologique s’ouvre ce lundi (21 octobre 2024) à Cali en Colombie, RFI vous emmène sur la trace du jaguar. Le plus grand félin d’Amérique a perdu 50% du territoire qu’il occupait autrefois, à cause notamment de la déforestation et de la chasse.

    Ce recul illustre le déclin de la biodiversité en Amérique latine, où la taille moyenne des populations d’animaux sauvages a diminué de 95% en 50 ans, selon le Fonds mondial pour la nature, plus que n’importe quelle autre région du monde.

    Situé au sommet de la chaîne alimentaire, le jaguar joue un rôle essentiel dans la régulation des écosystèmes. En Argentine, l’espèce a été déclarée monument naturel en 2001, mais est aujourd’hui au bord de l’extinction, avec moins de 250 individus.

    Un Grand reportage de Théo Conscience qui s'entretient avec Jacques Allix.

    En Sicile, tout reconstruire après les flammes

    Dans le sud de l’Europe, l’été s’en est allé et a laissé derrière lui des centaines de milliers d’hectares de terres dévorées par les flammes. Ces dernières semaines, le Portugal a été particulièrement touché. Mais selon les chiffres de l’EFFIS, le Système européen d’information sur les feux de forêt, l’Italie est le pays de l’Union européenne qui compte le plus grand nombre d’incendies chaque année. En moyenne, 290 par an et près du double l’année dernière.

    Une région est particulièrement touchée et regroupe près de 45% de la superficie réduite en fumée depuis le début de l’année. C’est la Sicile.

    Comment la vie repart-elle après ces incendies ? Comment habitants et autorités locales tentent de prévenir ces feux, non sans mal ?

    Un Grand reportage de Cécile Debarge qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-end vous emmène en Israël au coeur des affrontements contre le Hamas à Gaza, mais aussi au Liban ; et en deuxième partie, au sommet des Brics qui s'est tenu du 22 au 24 octobre 2024, à Kazan, en Russie.

    Israël en guerre : l'économie accuse le coup

    Il y a un peu plus d'un an, l'organisation islamiste Hamas menait une série d'attaques inédites contre des villages proches de la bande de Gaza et un festival de musique en Israël. Bilan : près de 1 200 personnes tuées, et 251 otages dont 101 sont toujours retenus à Gaza, sans que leurs proches sachent s'ils sont encore en vie. L'attaque a déclenché des représailles d'une ampleur jamais vue de la part d'Israël, et dépasse maintenant les 42 000 morts à Gaza (bilan des autorités palestiniennes).

    Il y a aussi des centaines de victimes au Liban où l'armée israélienne a ouvert un nouveau front, ces dernières semaines. En plus d'une situation humanitaire catastrophique, l'économie palestinienne est à genoux, et le Liban s'enfonce dans la crise. L'économie israélienne, elle, résiste mieux. Mais elle subit de plus en plus les effets de la guerre la plus longue de l'histoire du pays.

    Un Grand reportage de Justine Fontaine qui s'entretient avec Jacques Allix.

    Chine-Russie, l’attelage anti-occidental à l’épreuve des sanctions

    Le sommet des Brics s’ouvre aujourd’hui (22 octobre 2024) dans la ville de Kazan en Russie. BRICS ; historiquement pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Depuis janvier ; Iran, Égypte, Éthiopie, Émirats et Arabie saoudite ont rejoint le mouvement. Les BRICS ont des intérêts et des lignes diplomatiques bien loin de converger, certains se proclamant « non alignés ». À Kazan, Pékin comme Moscou veulent profiter de la rencontre pour durcir les messages contre l’occident ; c’est le fer de lance de leur entente affichée.

    Depuis la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales, les Russes ont dû se rapprocher plus vite que prévu des Chinois. Mais ces intérêts communs ont largement des limites !

    Un Grand reportage de Anissa El Jabri qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Dans le sud de l’Europe, l’été s’en est allé et a laissé derrière lui des centaines de milliers d’hectares de terres dévorées par les flammes. Ces dernières semaines, le Portugal a été particulièrement touché. Mais selon les chiffres de l’EFFIS, le Système européen d’information sur les feux de forêt, l’Italie est le pays de l’Union européenne qui compte le plus grand nombre d’incendies chaque année. En moyenne, 290 par an et près du double l’année dernière.

    Une région est particulièrement touchée et regroupe près de 45% de la superficie réduite en fumée depuis le début de l’année. C’est la Sicile.

    Comment la vie repart-elle après ces incendies ? Comment habitants et autorités locales tentent de prévenir ces feux, non sans mal ?

    « En Sicile, tout reconstruire après les flammes », un Grand Reportage de Cécile Debarge.

  • Il y a un peu plus d'un an, l'organisation islamiste Hamas menait une série d'attaques inédites contre des villages proches de la bande de Gaza et un festival de musique en Israël. Bilan : près de 1 200 personnes tuées, et 251 otages dont 101 sont toujours retenus à Gaza, sans que leurs proches sachent s'ils sont encore en vie. L'attaque a déclenché des représailles d'une ampleur jamais vue de la part d'Israël, et dépasse maintenant les 42 000 morts à Gaza (bilan des autorités palestiniennes).

    Il y a aussi des centaines de victimes au Liban où l'armée israélienne a ouvert un nouveau front, ces dernières semaines. En plus d'une situation humanitaire catastrophique, l'économie palestinienne est à genoux, et le Liban s'enfonce dans la crise. L'économie israélienne, elle, résiste mieux. Mais elle subit de plus en plus les effets de la guerre la plus longue de l'histoire du pays.

    « Israël en guerre : l'économie accuse le coup », un Grand reportage de Justine Fontaine, avec Yaëlle Ifrah.

  • Le sommet des Brics s’ouvre aujourd’hui (22 octobre 2024) dans la ville de Kazan en Russie. BRICS ; historiquement pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Depuis janvier ; Iran, Égypte, Éthiopie, Émirats et Arabie saoudite ont rejoint le mouvement. Les BRICS ont des intérêts et des lignes diplomatiques bien loin de converger, certains se proclamant « non alignés ». À Kazan, Pékin comme Moscou veulent profiter de la rencontre pour durcir les messages contre l’occident ; c’est le fer de lance de leur entente affichée.

    Depuis la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales, les Russes ont dû se rapprocher plus vite que prévu des Chinois. Mais ces intérêts communs ont largement des limites !

    « Chine-Russie, l’attelage anti-occidental à l’épreuve des sanctions », un Grand reportage d’Anissa El Jabri.

  • Alors que la COP 16 sur la diversité biologique s’ouvre ce lundi (21 octobre 2024) à Cali en Colombie, RFI vous emmène sur la trace du jaguar. Le plus grand félin d’Amérique a perdu 50% du territoire qu’il occupait autrefois, à cause notamment de la déforestation et de la chasse.

    Ce recul illustre le déclin de la biodiversité en Amérique latine, où la taille moyenne des populations d’animaux sauvages a diminué de 95% en 50 ans, selon le Fonds mondial pour la nature, plus que n’importe quelle autre région du monde.

    Situé au sommet de la chaîne alimentaire, le jaguar joue un rôle essentiel dans la régulation des écosystèmes. En Argentine, l’espèce a été déclarée monument naturel en 2001, mais est aujourd’hui au bord de l’extinction, avec moins de 250 individus.

    De notre envoyé spécial en Argentine,

    Il faut s’armer de machette et de patience pour progresser à travers les arbustes, les ronces et les épines du Gran Chaco.

    « Ce n’est pas un paysage accueillant », concède Lucero Corrales. À 28 ans, cette garde forestière est membre du Proyecto Yaguareté, un projet du Ceiba et du Conicet, l’Institut de recherche scientifique national argentin.

    Nous sommes dans le nord de l’Argentine, la frontière avec le Paraguay est à une centaine de kilomètres. La province de Formosa où nous nous trouvons est au cœur du Gran Chaco. Cette immense région à cheval sur quatre pays abrite la deuxième plus grande forêt d’Amérique latine. Chaque mois, Lucero Corrales s’aventure à travers la végétation dense et sèche de cette forêt baptisée l’Impénétrable.

    L’inhospitalité de cet écosystème en fait un sanctuaire pour le jaguar, qui y trouve l’un de ses derniers refuges. En Argentine, le plus grand félin d’Amérique du Sud a perdu 95% de son territoire qui s’étendait autrefois jusqu’à la Patagonie.

    Mis à part l’homme, le jaguar n’a pas de prédateur. Il culmine au sommet de la chaîne alimentaire, et joue à ce titre un rôle essentiel de régulateur dans l’écosystème du Gran Chaco, où cohabitent plus de 700 espèces d’oiseaux, de mammifères, et de reptiles au milieu d’une flore composée de plus de 3 400 espèces de plantes. Une biodiversité foisonnante, actuellement menacée par la déforestation silencieuse à l’œuvre dans le Chaco qui a perdu plus de 8 millions d’hectares, au cours des 20 dernières années.

    Lorsque l’on traverse la forêt, le « Monte » comme on l’appelle ici, la vue encombrée par la végétation se dégage parfois subitement. On débouche alors sur un large corridor débroussaillé au bulldozer qui coupe la forêt en deux.

    La déforestation réduit et fragmente le territoire du jaguar et de ses proies. Selon les estimations du proyecto Yaguareté, il reste à peine une vingtaine d’individus dans la forêt chaqueña. Le travail de Lucero consiste en partie à essayer de les recenser et de cartographier leur territoire.

    Pour remonter la trace du jaguar, Lucero Corrales s’appuie sur ceux qui vivent et traversent la forêt au quotidien. Professeurs ruraux, policiers, agriculteurs, guides, ils sont plus de 350 à lui faire remonter des informations sur la présence du jaguar. Un réseau que la garde forestière construit et entretient patiemment au fur et à mesure de ses visites sur le terrain.

    Samuel Peralta, 15 ans, est l’un de ses collaborateurs. Employé agricole, il veille sur les bêtes d’un propriétaire terrien, seul au milieu de la forêt. Quelques jours auparavant, il a repéré sur le sol une empreinte qui pourrait bien appartenir à un jaguar.

    À notre arrivée sur place, l’empreinte a été effacée par la pluie, mais elle était non loin d’un piège photographique que Lucero Corrales a installé quelques mois auparavant.

    Lucero détache un boitier couleur camouflage fixé sur un arbre à une trentaine de centimètres du sol pour récupérer la carte mémoire du piège photographique.

    Elle contient 85 photos qu’elle révisera plus tard, dans l’espoir de voir apparaître sur l’une d’entre elles le jaguar qui a laissé l’empreinte repérée par Samuel. Chaque fois que la présence d’un jaguar est vérifiée, Lucero note les coordonnées géographiques de la photo et l’envoie à l’équipe de chercheurs du Proyecto Yaguareté.

    Mais la collecte de données pour la recherche scientifique n’est qu’une partie du travail de Lucero Corrales. Le Proyecto Yaguareté est également un projet de conservation et de sensibilisation auprès des populations qui vivent au contact de l’animal.

    Si le contact avec la population est si important, c’est parce que la déforestation n’est pas la seule menace qui pèse sur le jaguar. Bien qu’interdite, la chasse reste la première cause de mortalité pour le félin. Fin juillet 2024, un jaguar a été abattu dans la province de Formosa et ses braconniers arrêtés.

    Dans le Chaco, ceux qui s’en prennent au jaguar le font le plus souvent par peur. Une peur ancestrale, souvent infondée, qui se transmet de génération en génération. Le travail de Lucero Corrales consiste bien souvent à démystifier le jaguar.

    Aureliano Zorrilla est éleveur. Il vit avec sa famille au milieu de la forêt, dans une maison sans eau courante ni électricité. Comme beaucoup de chaquenos, il parle du tigre pour désigner le jaguar.

    Dans le Chaco, les histoires et les rumeurs sur les attaques de jaguar vont bon train. Ces récits sont le plus souvent faux, ou vieux de plusieurs décennies. Il arrive en revanche que le félin s’en prenne au bétail.

    Quand elle est prévenue d’un conflit entre le jaguar et des éleveurs, Lucero Corrales tente de se rendre sur place le plus vite possible pour désamorcer la situation, et éviter que les éleveurs ne cherchent à tuer l’animal. C’est aussi souvent le point de départ d’une relation.

    Pour Lucero Corrales, les pièges photographiques sont aussi une excuse pour venir rendre visite aux habitants du Chaco, établir un lien de confiance avec eux, les impliquer dans la conservation de l’espèce. Mais changer leur perception du jaguar requiert de la patience et de l’empathie.

    La tâche est compliquée, mais pas impossible. Au fur et à mesure de ses visites et de ses missions sur le terrain, Lucero a réussi à transformer certains habitants du Chaco en véritables alliés dans la conservation du jaguar.

    Don Pica Jaime est l’un de ces octogénaires qui ont passé toute leur vie dans le monte chaqueño. Lui aussi a craint le jaguar pendant de longues années.

    Don Pica est le propriétaire de l’exploitation où nous sommes allés relever un piège photographique avec Samuel Peralta en début de reportage. Il a laissé ses jeunes années de déforestation derrière lui pour faire de ses terres une sorte de réserve naturelle pour « son » jaguar.

    Lucero Corrales ne le reconnaitra pas au micro, mais Don Pica fait partie de ses chouchous au sein du groupe de collaborateurs, car il incarne mieux que personne la réussite de ce projet.

    Le lien presque affectif entre Don Pica et le jaguar est l’objectif final de la stratégie de conservation du Proyecto Yaguareté. Et c’est aussi à cela que servent les pièges photographiques : faire connaitre l’animal à ceux qui le côtoient. D’autant que chaque individu est reconnaissable aux taches de son pelage, qui lui sont propres comme des empreintes digitales. Chaque fois qu’elle rend visite à quelqu’un, Lucero Corrales montre les clichés du jaguar qui vit dans la zone.

    Lorsque Lucero Corrales arrive devant l’école de la colonie Union Escuela, une nuée d’enfants en blouse blanche se rue dans ses bras.

    La garde forestière est déjà venue réaliser des activités d’éducation environnementale dans cette école à plusieurs reprises. La dernière en date avait à voir avec son projet de donner un nom au jaguar qui vit dans la zone.

    Après cinq jours de porte à porte au milieu de la forêt pour faire voter plus de 127 personnes, le moment est venu d’annoncer le résultat du scrutin et le nom du jaguar.

    En tout, les enfants avaient fait six propositions de nom :

    Pavao, en référence à la rivière dans laquelle se désaltère le jaguar qui vit dans la zone. Tucha, qui signifie « grand » en guarani. Chirete, qui veut dire enfant dans la même langue. AMB Guardian, pour gardien de la forêt. Yenu, qui signifie Ami en langue Pilaga, et enfin, le grand gagnant. Capicua, un mot espagnol qui désigne un palindrome numérique, en référence à l’une des taches caractéristiques du jaguar de la zone, qui dessine le nombre 808.

    La journée continue ensuite avec des activités de sensibilisation environnementale pour les enfants.

    Pour l’aider à organiser et animer les ateliers, Lucero Corrales a fait venir une autre garde forestière, Mermela Martinez, qui fait un volontariat pour le Proyecto Yaguareté.

    Des ateliers sur la biodiversité donc, sur la faune et la flore de la forêt, et bien sûr, sur le jaguar.

    Griselda Gamarra, institutrice, se félicite de l’enthousiasme que génère le félin chez les enfants.

    Autant de concepts que les enfants vont pouvoir intégrer dès le plus jeune âge, et qu’ils vont également pouvoir transmettre à leurs parents en rentrant chez eux, estime l’institutrice.

    Lucero Corrales espère elle aussi que les enfants pourront être une courroie de transmission, une manière de faire arriver son message jusque dans les familles qu’elle ne peut pas aller rencontrer. Selon elle, commencer l’éducation environnementale dès le plus jeune âge est essentiel.

    Mais même avec les enfants, les peurs et les croyances sont difficiles à déconstruire. Lucero Corrales se réjouit du chemin parcouru depuis la première fois qu’elle est venue les voir pour leur parler du jaguar.

    La journée se termine, et les enfants rentrent chez eux avec un cahier de coloriage sur les animaux qui vivent dans le Gran Chaco. Sur les rotules, Lucero Corrales peut enfin souffler, épuisée mais satisfaite.

    «Sur la piste des derniers jaguars d’Argentine», un Grand reportage de Théo Conscience, réalisation : Ewa Piedel.

  • Dans le supplément de ce dimanche, Grand reportage week-end vous emmène au Congo-Brazzaville après les fortes inondations subies en fin d'année 2023. En deuxième partie, direction les îles Féroé, un archipel où les femmes sont en minorité.

    Face aux inondations, le Congo-Brazzaville entre adaptation et résignation

    Fin 2023, le Congo-Brazzaville a subi les pires inondations de son histoire récente. Les cours d’eau sont sortis de leur lit dans des proportions inédites, provoquant des dégâts considérables : 1,79 million de personnes ont été affectées, un Congolais sur 12 a eu besoin d’une assistance humanitaire. La Likouala, département le plus éloigné de la capitale, fut aussi le plus touché. Les envoyés spéciaux de RFI s’y sont rendus en septembre 2024 avec une équipe de l’Unicef.

    Un Grand reportage d'Amélie Tulet qui s'entretient avec Jacques Allix.

    Les îles Féroé, l'archipel qui manque de femmes

    Nous sommes en plein océan Atlantique-Nord, à 350 kilomètres de la première terre habitée, aux îles Féroé un archipel sous couronne danoise. Le phénomène, il y a quelques années, a été relayé par les médias : l’arrivée massive de femmes originaires d’Asie du Sud-Est et pour cause aux îles Féroé, les femmes sont en forte minorité. La réalité démographique est un petit peu plus complexe, les instances locales s’organisent d’ailleurs pour construire une société plus inclusive et pour convaincre les Féroïennes émigrées de revenir au pays…

    Un Grand reportage d'Emilien Hofman et de Nicolas Taiana qui s'entretiennent avec Jacques Allix.

  • Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-end vous emmène dans les prisons au Brésil, en première partie, une prison pour mineurs et en deuxième partie, une prison pour femmes. Le point commun de ces établissements : traiter les détenus avec dignité.

    Au Brésil, une prison pour mineurs fait figure d’exception [1/2]

    C’est une prison alternative qui traite ses détenus avec dignité. Au Brésil, l’association religieuse pour la protection et l’assistance des condamnés, l’APAC, promeut un système carcéral qui met l’accent sur la dignité et la réinsertion du détenu. Ce genre d’établissement existe depuis plus de cinquante ans au Brésil, et coûte moins cher que les prisons communes, aux conditions insalubres. Ici, pas de gardes armés, et les prisonniers, appelés de « récupérant », ont aussi la charge de la sécurité. Dans ce pays, troisième plus grande population carcérale au monde, avec 832 000 détenus, le système des prisons APAC fait figure d’exception. Plongée dans les prisons APAC de la ville de Frutal, dans le Minas Gérais.

    Un Grand reportage de Sarah Cozzolino qui s'entretient avec Jacques Allix.

    Au Brésil, une prison qui traite les femmes avec dignité [2/2]

    Une prison sans gardes armés, où les détenus assurent la sécurité. Une prison différente, au Brésil, gérée par une association religieuse. Dans le premier volet de cette immersion dans les prisons de l'APAC, nous étions avec les mineurs. Cette fois, direction le Centre pénitencier pour femmes, contrairement au système carcéral commun, les 90 femmes qui purgent leur peine ne portent pas d'uniforme de prisonnier et elles sont appelées par leur nom et par leur matricule. Et les mères peuvent même partager leur cellule avec leur bébé.

    Un Grand reportage de Sarah Cozzolino qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Nous sommes en plein océan Atlantique-Nord, à 350 kilomètres de la première terre habitée, aux îles Féroé un archipel sous couronne danoise. Le phénomène, il y a quelques années, a été relayé par les médias : l’arrivée massive de femmes originaires d’Asie du Sud-Est et pour cause aux îles Féroé, les femmes sont en forte minorité. La réalité démographique est un petit peu plus complexe, les instances locales s’organisent d’ailleurs pour construire une société plus inclusive et pour convaincre les Féroïennes émigrées de revenir au pays…

    «Les îles Féroé, l'archipel qui manque de femmes», un Grand reportage d’Emilien Hofman et de Nicolas Taiana.

  • Une prison sans gardes armés, où les détenus assurent la sécurité. Une prison différente, au Brésil, gérée par une association religieuse. Dans le premier volet de cette immersion dans les prisons de l'APAC, nous étions avec les mineurs. Cette fois, direction le Centre pénitencier pour femmes, contrairement au système carcéral commun, les 90 femmes qui purgent leur peine ne portent pas d'uniforme de prisonnier et elles sont appelées par leur nom et par leur matricule. Et les mères peuvent même partager leur cellule avec leur bébé.

    « Au Brésil, une prison qui traite les femmes avec dignité », un Grand reportage de Sarah Cozzolino.

  • C’est une prison alternative qui traite ses détenus avec dignité. Au Brésil, l’association religieuse pour la protection et l’assistance des condamnés, l’APAC, promeut un système carcéral qui met l’accent sur la dignité et la réinsertion du détenu. Ce genre d’établissement existe depuis plus de cinquante ans au Brésil, et coûte moins cher que les prisons communes, aux conditions insalubres. Ici, pas de gardes armés, et les prisonniers, appelés de « récupérant », ont aussi la charge de la sécurité. Dans ce pays, troisième plus grande population carcérale au monde, avec 832 000 détenus, le système des prisons APAC fait figure d’exception. Plongée dans les prisons APAC de la ville de Frutal, dans le Minas Gérais.

    « Au Brésil, une prison pour mineurs fait figure d’exception », un Grand reportage de Sarah Cozzolino.

  • Fin 2023, le Congo-Brazzaville a subi les pires inondations de son histoire récente. Les cours d’eau sont sortis de leur lit dans des proportions inédites, provoquant des dégâts considérables : 1,79 million de personnes ont été affectées, un Congolais sur 12 a eu besoin d’une assistance humanitaire. La Likouala, département le plus éloigné de la capitale, fut aussi le plus touché. Les envoyés spéciaux de RFI s’y sont rendus en septembre 2024 avec une équipe de l’Unicef.

    Pour rejoindre les rives de l’Oubangui dans le département de la Likouala, au départ de Brazzaville, il faut d’abord rouler sur 800 km jusqu’à Ouesso, à la frontière camerounaise, traverser la rivière Sangha sur le bac, puis emprunter durant six heures une route carrossable de latérite rouge à travers la forêt équatoriale.

    De Bétou, certains villages sont atteignables par la route. Pour d’autres, c’est la pirogue, comme Ikpengbele, où lors des précédentes inondations, l’eau a tout envahi.

    « On pouvait sillonner le village en pirogue, raconte Bongo Abdoulaye, son chef. On n’avait pas connu de telles inondations ici depuis 1953. Nos parents ont perdu leur bétail à l’époque. Nous, on a grandi sans connaître ce genre de catastrophe. Puis en 2019, on a connu des grandes inondations et depuis, chaque année, 2020, 2021, 2022, 2023, nous subissons les inondations. Et vu le niveau actuel [en septembre 2024, NDLR] nous sommes sûrs que nous allons encore être inondés cette année. »

    La dernière fois, les eaux de l’Oubangui ont mis plus d’un mois et demi à se retirer. Durant plusieurs semaines, beaucoup d’habitants n’ont eu d’autre choix que de se réfugier en forêt, comme Jean-Faustin Massimo, ses deux épouses et leurs onze enfants : « On y a passé un mois et vingt jours. Nous avons construit des petites bicoques dans les collines. C’était très douloureux, on n’avait pas de lit, pas de bâches. On était sous la pluie, avec les moustiques, les serpents, les nuisibles, les scorpions... Les enfants dormaient sous la belle étoile, et nous n’avions rien pour les couvrir. »

    43 000 élèves privés d’école dans tout le Congo

    Des enfants privés d’école pendant des semaines. Selon l’Unicef, la scolarité de plus de 43 000 élèves a été interrompue dans tout le Congo pendant les inondations l’an dernier.

    Sur le plan sanitaire, près de 480 000 habitants dans tout le Congo ont eu besoin d’une aide immédiate pour avoir accès à de l’eau potable, comme dans le quartier Ca mètre de Bétou où la montée des eaux a rendu inutilisable le puits devant lequel se trouve le Dr Hermann Didi Ngossaki, responsable santé à l’Unicef Congo. « Il y a eu de la boue, des matières fécales, des débris qui sont entrés dedans, détaille-t-il. Le temps de réhabiliter, il a fallu distribuer des pastilles de chlore et montrer comment potabiliser l’eau pour éviter au maximum les maladies. »

    Depuis, le puits a été curé, surélevé. Georges Nikoué, en est désormais le président du comité de gestion. Il se dit marqué par le souvenir de l’eau arrivée au niveau de sa hanche dans sa maison : « J’ai perdu des documents précieux, des livres que m’avaient transmis mon père. » Pour autant, il n’envisage pas de s’installer ailleurs : « C’est là où moi je suis né. Je veux rester. Il faut qu’on lutte contre ces inondations, en canalisant la ville ou le quartier. »

    Inquiétude à l’approche d’une nouvelle saison des pluies

    Dans les eaux de l’Oubangui, encore calmes en cette matinée de septembre, des habitants se lavent et font leur lessive. Marème Bemba, animatrice de l’ONG EEA (Eau et assainissement pour l’Afrique) observe pourtant la scène avec inquiétude. « Vous voyez la femme-là ? Elle a l’eau jusqu’à mi-cuisses. Alors qu’il y a trois mois encore, là où elle est, il n’y avait pas d’eau », souligne-t-elle.

    Un peu plus loin, des bateliers chargent un navire de transport de marchandises sous le regard du chef du port de Bétou : « Malheureusement, on n’a pas d’échelle d’étiage pour mesurer le niveau de l’eau, ici. Il n’y en a qu’au niveau d’Impfondo [chef-lieu du département de la Likouala, NDLR]. » Un autre habitant, commerçant connu localement sous le nom de Koumerou, est catégorique : « Nous sommes nés à Bétou, nous avons grandi ici. Chaque matin, on voit comment l’eau monte. L’eau est déjà trop haute. Quand les pluies vont arriver, ça va recommencer. Nous serons inondés. » Pour lui, l’aide apportée par les autorités et les ONG l’an passé est insuffisante : « On nous apporte le riz, les éponges, mais cela ne nous protège pas. Nous avons besoin d’engins, pour construire des canaux, des dérivations. »

    Une prise de conscience à l’échelle nationale

    Ce que les habitants observent à l’œil nu au bord de l’Oubangui, Alain Loumouamou le confirme. Chef du bureau études, recherches et applications à la direction de la météorologie du Congo, il revient du 19è forum de prévisions climatiques d’Afrique centrale organisée en septembre à Douala, au Cameroun. Il plaide pour la mise en place d’un système d’alerte précoce dans tout le pays : « Il faut qu'il y ait des instruments météo qu'il faut installer dans les départements comme des pluviomètres, un système de bornage, des balises pour vérifier la montée des eaux. Dans le département de la Likouala, il est prévu pour octobre, novembre, décembre, des conditions de précipitations au-dessus de la normale saisonnière. Il est probable de vivre les mêmes scénarios que l'année 2023. Avec l'augmentation de la température aujourd'hui liée au changement climatique, nous ne serons jamais épargnés par ces phénomènes naturels. »

    Une prise de conscience accélérée par l’ampleur des inondations de l’an dernier. Dans la Likouala, les autorités locales encouragent les habitants à s'éloigner des rives.

    Les acteurs humanitaires se préparent aussi pour ne pas être pris de court. Au niveau gouvernemental, à Brazzaville, Marie-Cécile Mboukou Kimbatsa, ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et de l’Action humanitaire, parle d’une réflexion à mener à plus long terme. « Nous ne pouvons plus nous projeter dans la résilience, nous nous projetons dans l'adaptation, assure-t-elle. Il faut réfléchir sur l'habitat, sur le type de pratiques agricoles que nous allons mettre en place dans ces zones-là puisque les populations ne veulent pas se déplacer. Il faut que nous puissions mettre en place des infrastructures sanitaires, d'éducation pérennes et que nous puissions canaliser les eaux pour permettre d'assécher les zones d'habitation. Mais tout cela nécessite de très gros investissements. Ce ne sont pas des investissements qu'un État puisse supporter seul. »

    Faute de solutions à court terme, la résignation des plus modestes

    Retour dans la Likouala. À Boyélé-Port, à deux heures et demie de route au sud de Bétou, le chef de village Sylvestre Doli se prépare à appeler les habitants à évacuer. « Le réchauffement climatique, nous en entendons parler. Nous ne comprenons pas profondément ce que c’est. Mais nous constatons qu’au moment où il devrait faire moins chaud, il fait plus chaud. Au moment où il ne devrait pas pleuvoir, il pleut abondamment et nous, nous perdons des cultures. Nous subissons, mais nous n’avons pas la solution », résume-t-il.

    Plusieurs habitants de la Likouala racontent que depuis les inondations de fin 2023, les enfants se mettent à pleurer quand la pluie tombe. Léonie Niamazongo, 62 ans, se dit elle-même très marquée par la crue de l’an dernier, mais résignée. « La dernière fois, quand l’eau est montée et qu’on a dû partir, on s’est d’abord débrouillé avec les tubercules de manioc qu’il nous restait, puis nous avons utilisé nos économies pour faire manger les enfants, raconte-t-elle. Et puis, au bout d’un moment, il n’y avait presque plus rien. J’ai huit enfants et vingt petits-enfants. Depuis les inondations de l’an dernier, j’ai mal au ventre, je me sens tendue. Quand je vois les eaux remonter, mon cœur bat très vite. »

  • Dans le supplément de ce dimanche, Grand reportage week-end vous emmène en RDC dans le monde de l'art contemporain. En deuxième partie, nous partons à Cuba où les artistes subissent la dictature tout autant que le reste de la population.

    L'art contemporain en République Démocratique du Congo : affirmer son identité pour mieux s’exporter

    En RD Congo, pourquoi l’art contemporain congolais s’impose de plus en plus sur les marchés internationaux. Des artistes comme Freddy Nsimba, Vitshois ou encore Ndolé et Chéri Samba sont aujourd’hui exposés dans les plus galeries les plus prestigieuses du monde… Mais comment expliquer cet essor ? Pour le comprendre, il faut se rendre à l’Académie des Beaux-Arts, où ont été formés la majorité des artistes congolais. L’institution publique fête ses 80 ans et jouit d’une solide réputation à l’échelle mondiale.

    Après avoir été sous l’influence du pouvoir de Mobutu, l’Académie s’efforce depuis plusieurs décennies de se détacher des stéréotypes d’un art « exotique » ou « africain », pour inventer un langage artistique congolais à part entière.

    Un Grand reportage d'Aurélie Bazzara-Kibangula qui s'entretient avec Jacques Allix.

    À Cuba, les artistes en situation critique

    Cuba traverse, en ce moment, l'une des pires crises économiques et sociales de son histoire. Tout se fait rare : nourriture, essence, biens de consommation et services publics. Le 11 juillet 2021, les manifestations les plus importantes depuis plusieurs décennies ont ébranlé le pays, et ont montré au régime que la population ne lui faisait plus confiance. Les artistes ont été les fers de lance de ce mouvement de contestation, utilisant leur art pour critiquer les travers de la dictature. Mais dans un pays autoritaire où la police du gouvernement traque les dissidents, s'exposer publiquement peut mener droit à la prison.

    Un Grand reportage de Nicolas Celnik qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-end vous emmène au Proche-Orient. Tout d'abord en Israël, un an après les attaques du Hamas du 7 octobre puis en deuxième partie, à Gaza où près de 42 000 Palestiniens ont été tués.

    Israël: un an après, l'insurmontable traumatisme du 7 octobre

    Il y a tout juste un an, l'organisation islamiste Hamas menait une série d'attaques terroristes inédite dans des villages israéliens et contre le festival Tribe of Nova près de la bande de Gaza. Bilan : près de 1 200 personnes tuées, 251 otages, dont 101 toujours retenus à Gaza. Leurs familles ne savent pas avec certitude s'ils sont toujours en vie. Une attaque qui a déclenché des représailles israéliennes d'une ampleur jamais vue et a fait près de 42 000 morts. Avant de parler de la guerre à Gaza dans le prochain Grand reportage, nous nous penchons dans cet épisode sur la société israélienne. « Israël : Un an après, l'insurmontable traumatisme du 7 octobre », un Grand reportage de Justine Fontaine, avec Yaëlle Ifrah.

    Un Grand reportage de Justine Fontaine qui s'entretient avec Jacques Allix.

    Gaza: les Palestiniens, tous coupables aux yeux d'Israël?

    Un massacre à huis clos à Gaza. Une guerre documentée, heure par une heure, depuis an, par ceux qui la vivent, qui la subissent. Enfermé sur une bande de terre de 40 kilomètres de long sur 6 à 12 kilomètres de large. Et la presse étrangère est bannie de Gaza par l’armée israélienne. Le 7 octobre 2023, le Hamas commet un carnage en Israël. Cette attaque terroriste fait près de 1 200 morts. 251 personnes sont prises en otage. Israël promet « d’ouvrir les portes de l’enfer à Gaza ». Parole tenue. Près de 42 000 Palestiniens sont tués. Un bilan en constante aggravation. Douze mois d’une guerre aveugle, où la notion de « civil » est abolie dès le premier jour par le gouvernement israélien.

    Un Grand reportage de Sami Boukhelifa qui s'entretient avec Jacques Allix.