Episodit
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De l'industrie au patrimoine industriel Les critères de la patrimonialisation Retour sur huit années de diagnostics patrimoniaux pour les Plans locaux d'urbanisme, par Marie Tozer-Boyancé, chargée de mission diagnostic patrimonial du PLU, ville de Saint-Denis, direction de la Culture, et Antoine Furio, chargé de mission patrimoine industriel, Conseil général de Seine-Saint-Denis, service du patrimoine culturel. En 2002, l'Etat et le Département de la Seine-Saint-Denis signent un protocole de décentralisation culturelle en matière d'inventaire patrimonial au terme duquel est crée un service départemental du Patrimoine Culturel. Novatrices, les missions de ce service reposent notamment sur la complémentarité entre le travail d'inventaire et l'accompagnement du renouvellement urbain des villes en leur proposant de créer un volet patrimonial aux Plans Locaux d'Urbanisme (P.L.U.) par la réalisation de diagnostics. Effectuées à la demande des communes, ces études visent à apporter une base de connaissance historique du territoire étudié et à proposer une identification, une protection et une mise en valeur du patrimoine, au titre de l'article L.123-1-5°7 du Code de l'Urbanisme. En huit années, sept communes ont été couvertes, et l'équipe élabore en ce moment le diagnostic de la ville de Saint-Denis, qui servira de fil conducteur illustrant cette présentation. Depuis les premières expérimentations, la méthodologie s'est consolidée sans devenir systématique pour s'adapter à chaque territoire. En effet, les enjeux politiques et urbains propres à chaque ville ainsi que le moment d'intervention dans le processus d'élaboration du P.L.U. conditionnent la durée et la nature de l'étude des édifices et impactent nécessairement sur les critères de patrimonialisation. La problématique est d'autant plus sensible pour les nombreux sites industriels de Seine-Saint-Denis, terrains privilégiés des projets de requalifications urbaines. Souvent résultats d'activités successives, dont il est difficile de retrouver formes et logiques fonctionnelles d'origine, comment ces objets complexes sont-ils intégrés dans les documents d'urbanisme ? Comment motiver leur protection auprès des élus et des services instructeurs ? Quelles sont les recommandations données en terme de protection et de mise en valeur ? Après avoir rappelé le cadre législatif d'intervention et présenté les méthodes mises en œuvre par le service (critères de choix des édifices, formalisation des données, suivi des protections), la problématique du patrimoine industriel sera détaillée par la présentation de cas concrets d'édifices identifiés et proposés à la protection depuis 2002.
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De l'industrie au patrimoine industriel Les critères de la patrimonialisation Conserver et transmettre, ou En 1898 les premières usines phonographiques Pathé furent fondées à Chatou, pebien détruire : Le cas des usines Pathé Marconi à Chatou, et des usines Berliner Gram-o-phone (RCA Victor) à Montréal, par Jean-Luc Rigaud, de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne (CH2ST-EA 127). En 1898 les premières usines phonographiques Pathé furent fondées à Chatou, petite ville de villégiature de la boucle de Seine, à l'ouest de Paris. Pendant près d'un siècle la prospérité de la ville fut directement liée à l'activité de l'usine, longtemps leader sur son marché. En 1992, après la délocalisation de la production, l'usine ferma définitivement ses portes. On laissa le bâtiment alors désaffecté à l'état de friche dans l'indifférence quasi générale. A la veille des élections municipales de 2001, la création de la ZAC Pathé Marconi et la perspective de la démolition de l'usine suscitèrent de vives réactions de la part de l'association Chatou Notre Ville et des partis d'opposition municipale. A la faveur d'un nouveau PLU, le choix de la destruction de l'usine Art déco fut entériné. L'identité industrielle de la ville, capitale du disque des trente glorieuses s'éclipsa au profit d'un nouveau signe identitaire : Chatou ville des impressionnistes. En 1899 Emile Berliner, un des grands artisans de l'industrie du disque, créa à Montréal la Berliner Gram-o-phone ayant pour objet la fabrication et la diffusion de gramophones et de disques. Cette compagnie se dota en 1921 de nouvelles usines, les plus modernes de Montréal. En 1940, la RCA Victor (nouveau nom de la société après regroupements et fusions) devint le plus important fabricant de disques au Canada. Au début des années 70 après la délocalisation de la production, l'usine cessant son activité, des espaces furent alors loués à des entreprises. Les instances municipales de l'arrondissement ont manifesté leur intérêt pour la mémoire industrielle du quartier en constituant une réglementation qui favorisa la reconversion des bâtiments. Notre étude a pour dessein de mettre en parallèle les choix identitaires de deux villes ayant eu à la même époque la même activité industrielle, aussi bien que les outils politiques et administratifs qui selon le cas, ont permis de réhabiliter le site ou conduit à le détruire.
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Camille Dumas est co-directrice de Mains d'OEuvres. Date de l'intervention : 29 avril 2011 Mains d'OEuvres est issu du mouvement de réhabilitation des friches en lieux culturels qui a débuté dans les années 1970. Des artistes et autres acteurs de la société civile se sont emparés des espaces laissés vacants par l'industrie, notamment suite à une délocalisation accrue. D'espace de production commerciale, ils deviennent des espaces de production artistique. Plusieurs raisons ont mené les artistes à investir ces lieux : besoin d'espace, développer une création non prise en compte par l'institution, et créer un autre espace d'échange avec la ville et ses habitants. Aujourd'hui il existe de nombreux lieux culturels partout dans le monde qui sont de taille, de fonctionnement et d'activités différentes mais qui ont comme particularités un bâtiment réhabilité et des valeurs partagées. Dès 1983, ces lieux se sont rassemblés dans un réseau européen appelé Trans Europe Halles pour échanger leurs expériences mais également légitimer leur présence auprès des pouvoirs publics. Installé dans l'ancien Centre social et sportif des Usines Valeo, Mains d'OEuvres est un bâtiment de 4000 m2, dans le quartier des Puces de Saint-Ouen, aux portes de Paris. Il est né d'une envie fondatrice : celle de transmettre la création à tous, de rendre la capacité d'imaginer, de ressentir et de créer notre société ensemble. Au coeur du projet, le processus de création : comment les artistes travaillent et créent ? Comment transmettent-ils leur savoir-rêver ? Pour s approprier ce processus et encourager les artistes dans leurs recherches, nous provoquons des moments de rencontres entre les artistes et les gens. Le lieu ouvert, toute l'année, accompagne des démarches d'artistes et des engagements citoyens créatifs. Il apporte des espaces de travail, du temps pour essayer et expérimenter mais aussi un dispositif critique qui fait naître le dialogue entre les artistes, l'équipe du lieu et le public. C'est un espace-outil qui souhaite rendre possible et visible le travail des créateurs, un tremplin permettant la concrétisation de projets en danse, théâtre, arts visuels, musique ou pluridisciplinaires.
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La Création et monde du travail, Renault Billancourt, usines à Saint-Denis, à La Courneuve, manufacture de Sèvres, par Nicolas Frize, compositeur. Date de l'intervention : 29 avril 2011 Beaucoup de mouvements musicaux qui semblaient être simplement inscrits dans l'histoire de la musique étaient en réalité d'abord inscrits dans l'industrialisation et le monde du travail : il en est du cubisme comme du bruitisme au début du siècle, et la musique concrète ne s'est pas penchée par hasard dans les années 1950 sur l'écoute de la matière, des objets, des paysages et du monde du travail... Les conditions de production du travail artistique en relation avec le monde du travail sont déterminantes, parce que ce sont elles qui font aboutir les oeuvres, et donc leur esthétique, leurs formes, leurs implications, leur compréhension... J'ai réalisé un certain nombre de campagnes de mémoire sonore du travail - en position "d'écouteur public", enregistré usines, bureaux, hôpital, centre de recherche... Pourtant, il ne suffit pas d'une mémoire réaliste des sources sonores, des machines et des gestes, il faut aussi capter la pensée, la traduction de ce qu'elles représentent ; la mémoire sinon, demeure "muette". Capter des sons, ce n'est pas les écouter tels qu'ils existent mais tels que les gens qui travaillent les perçoivent. La création musicale dans ce contexte contourne l'organisationnel, le technique, le rationnel..., sa matière première est le sensoriel, le sensible, l'indicible...
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La brique : Production et usages dans l'architecture industrielle de banlieue Antoine Le Bas, conservateur en chef du patrimoine, Région Ile-de-France, service Patrimoines et Inventaire La construction de brique est contemporaine de l'industrialisation de la région parisienne, à partir des années 1850. Elle en est à la fois un produit et un instrument. L'usage de la brique, quasiment étranger à la tradition constructive de la région, répond à une forte demande d'un matériau résistant, peu coûteux et de production rapide et facile. C'est le matériau qu'une industrie céramique nouvellement implantée en Ile-de-France fournira à une échelle industrielle pour répondre à un marché du bâtiment devenu industriel. Est-il devenu pour autant le matériau essentiel pour la construction des ateliers et des usines ? La question se pose pour les réalisations les plus anciennes tant la brique s'avère étrangère à la tradition locale et tant sont rares les informations sur cette première vague de construction. Il semble que la brique s'impose dans l'architecture industrielle dès lors qu'elle a su prouver sa capacité à remplacer avantageusement les matériaux traditionnels. Mais c'est alors pour s'allier à d'autres matériaux industriels : fer, puis béton. Il reste surtout à savoir si la brique est à l'origine d'un répertoire architectural original. L'esquisse de typologie proposée ici se fonde sur les enquêtes d'inventaire conduites dans les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne, complété d'observations effectuées en Seine-Saint-Denis. Elle s'inscrit dans un cadre d'un projet de publication plus large, ayant l'ambition d'offrir des outils pour une meilleure restitution d'un genre architectural régional. Il s'agit d'étudier dans quelle mesure, et en quoi, la brique peut être tenue pour un matériau particulièrement marquant du paysage bâti de la proche banlieue francilienne.
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De l'établissement de la connaissance à l'accompagnement des projets par Nicolas Pierrot, chargé de l'inventaire du patrimoine industriel, Région Ile-de-France, service Patrimoines et inventaire. Face à l'atelier, face à l'usine, l'observateur peut désormais puiser dans l'importante tradition empirique et méthodologique de l'archéologie industrielle : qu'il s'agisse d'établir une connaissance avant démolition, de justifier une protection ou d'accompagner une reconversion, l'exigence est toujours de construire un discours sur la signification des lieux. L'extrême diversité des situations, de l'enveloppe ordinaire à la proposition architecturale, ne change rien à l'affaire : il faut confronter le bâti à ses fonctions connues, tenter de lire dans l'architecture les chemins de la production, interroger les archives et les témoignages, esquisser une périodisation, le tout afin de caractériser chaque organe significatif parvenu au terme de son développement. Vient alors le moment de la hiérarchisation et du jugement. Deux enjeux les motivent. Le premier, très traditionnel et toujours indispensable, consiste à mettre en évidence la qualité historique ou formelle d'un bâtiment, au service d'une construction collective de la valeur patrimoniale. Le second, qui tend aujourd'hui à dominer l'actualité du patrimoine industriel, consiste à prôner l'accompagnement des projets de reconversion, afin de leur apporter une plusvalue symbolique et culturelle. Or les espaces de dialogue font ici trop souvent défaut, qui pourraient permettre une articulation entre l'approche patrimoniale, les programmes et les projets. Comprendre la logique structurelle et formelle d'un organe industriel complexe, en écrire l'histoire, peut contribuer à guider les choix de réemploi, pour une valorisation du projet.
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Introduction : Présentation du séminaire "L'industrie, patrimoine et Culture" pour l'année 2010-2011, par Arlette Auduc, conservateur en chef du patrimoine, chef du service Patrimoines et Inventaire.
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Introduction, "Pour une approche culturelle de l'industrie, Techniques, architecture, représentations, valorisation", par Nicolas Pierrot, de la Région Ile-de-France, service Patrimoines et Inventaire / Université Paris I Panthéon-Sorbonne (CH2ST-EA 127).
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Troisième et dernière partie de l'introduction au séminaire de recherche L'industrie, patrimoine et culture. Débat.
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Une machine après l'industrie : la presse Chausson de Gennevilliers comme monument urbain, support de quelle mémoire ? Par Gonery Libouban, directeur de la Culture, Ville de Gennevilliers. A partir de la fin du XIXe siècle, l'ouest parisien constitue un berceau pour l'industrie automobile. Gennevilliers, disposant de vastes terrains à prix peu élevés, attire de nombreuses entreprises. La présence des entreprises Chausson a marqué la vie et l'histoire de Gennevilliers. Elles y occupèrent un espace foncier de 200 000 m² et employèrent simultanément jusqu'à 15 000 personnes, encore 4000 au début des années 1980. L'histoire des Chausson est aussi celle des cités ouvrières de Gennevilliers, des travailleurs arrivant des quatre coins de France et du monde, d'Italie, d'Espagne, du Portugal, du Maghreb, d'Afrique noire. Après plus d'un siècle de présence en plein cœur de Gennevilliers, la démolition des établissements Chausson s'est achevée en 2008 pour laisser place au vaste projet de centre-ville mis en œuvre par la municipalité. Au moment de la démolition du bâtiment, la ville a conservé une presse d'emboutissage monumentale : la presse BLISS, de 7 m de hauteur pour 155 tonnes. Avec évidence, cette machine gigantesque incarne la mémoire du labeur de générations d'ouvriers. Elle symbolise l'ampleur de cette histoire et de son impact sur les habitants de la ville. Positionnée à l'une des portes du centre-ville, aux abords de l'avenue Gabriel Péri, la presse BLISS sera le premier élément d'une mémoire spatialisée sur l'ancien périmètre de l'usine. Michel Verjux (plasticien) et Philippe Daney (designer) ont été choisis pour la réalisation de cette commande publique. La lumière, l'éclairage, éléments centraux de leurs créations, révèlent des situations architecturales en les intégrant elles-mêmes à l'œuvre d'art. Par cet élargissement de la notion d'œuvre d'art à ce qui la contient, l'entoure, la supporte, la ville de Gennevilliers entend rendre hommage à la mémoire de son passé ouvrier.
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Les machines de l'ancienne manufacture de papiers peints Leroy (Saint-Fargeau-Ponthierry). Quel statut et quel rôle dans le futur lieu de mémoire du Centre culturel Les 26 Couleurs ? Par Virginie Lacour, attachée de conservation du patrimoine, Conseil général de Seine-et-Marne, service Etudes et développement du patrimoine (en 2011). Le futur centre culturel des 26 couleurs à Saint-Fargeau Ponthierry est installé dans l'ancienne centrale électrique de la manufacture de papiers peints Isidore Leroy. Celle-ci a conservé, dans une salle, un ensemble très tôt considéré comme "exceptionnel sur le plan de l'histoire des techniques" (Rapport Soulart en juillet 1983 pour la commission des Monuments historiques). Une machine à imprimer le papier peint en 26 couleurs, datée de 1877, témoigne de la période parisienne et pionnière des Leroy, fabricants de papiers peints. Les machines à produire l'électricité, datées de 1914, évoquent, non seulement l'indépendance énergétique voulue par les Leroy mais aussi l'usine moderne et modèle que l'architecte Paul Friesé a conçue pour eux. Protégées au titre des Monuments historique en 1986, à la suite de la fermeture de l'usine en 1982, et conservées in situ, ces machines ont sanctuarisé la salle qui les renfermait. Tandis que le site de l'ancienne manufacture se transformait en "hôtel industriel", la salle des machines était épargnée de toute occupation industrielle ou artisanale. En 2006, quand la mairie de Saint-Fargeau Ponthierry devint propriétaire de l'ensemble de la centrale électrique et décida de la convertir en centre culturel, la salle des génératrices d'électricité fut identifiée immédiatement comme le lieu naturel de l'évocation de l'histoire de la manufacture Leroy, indissociable de celle de Ponthierry. Le projet de lieu de mémoire est aujourd'hui en voie d'achèvement. Les machines, restaurées, sont au cœur du propos muséographique.