Episodes
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Marie-Pascale Deleume est ingénieure agronome de formation. Membre de France Nature environnement, elle représente l’association Eau et rivières de Bretagne au Conseil économique social et environnemental de Bretagne (Ceser), où elle préside la section prospective. A ce titre, elle a notamment participé aux débats préparant le rapport du Ceser sur l’alimentation en Bretagne à l’horizon 2050 ou celui sur l’usage des sols à l’horizon 2060.
Dans ce grand entretien, nous avons voulu comprendre pourquoi son association réclame un moratoire sur la méthanisation, technologie qui permet de produire du gaz à partir des sous-produits de l’agriculture (effluents d’élevage, résidus de cultures, cultures intermédiaires…).
La méthanisation agricole est souvent présentée comme une solution prometteuse pour répondre aux besoins énergétiques. Cependant, envisager qu’elle puisse fournir une quantité significative de gaz est, selon certains experts, une illusion. « Notre surface agricole française n’y suffira pas », affirme Marie-Pascale Deleume.
La concurrence entre les différents usages des terres agricoles est un enjeu majeur. « Nous aurons une compétition forte entre l’alimentation des humains, les besoins naturels et la production d’énergie », explique-t-elle. En d’autres termes, allouer des terres à la production de biomasse pour la méthanisation pourrait entraîner des tensions avec les besoins alimentaires et environnementaux.
Marie-Pascale Deleume s’intéresse à la méthanisation depuis de nombreuses années. Lors de ses études à l’école d’agronomie, elle a effectué un stage à la ferme de l’école, qui était équipée d’un méthaniseur. Elle y a constaté plusieurs problèmes récurrents, tels que des défauts de fiabilité et de stabilité des intrants. Ces difficultés techniques perdurent encore aujourd’hui, selon elle.
Outre les problèmes techniques, la méthanisation soulève des questions sociétales et écologiques. La pression exercée sur les ressources naturelles, notamment les sols et l’eau, est significative. En outre, le modèle économique sous-jacent peut entraîner une intensification agricole qui va à l’encontre des objectifs de durabilité.
🎙️ Entretien mené par Sylvain Ernault
Consultez aussi notre grande enquête sur le boom de la méthanisation en Bretagne.
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Florian Barbotin est chargé de mission agriculture à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Bretagne. Sa mission : accompagner les agriculteurs volontaires vers des systèmes de production plus favorables à la biodiversité. Un travail de longue haleine qui nécessite un accompagnement financier important.
« Très concrètement, il y a un déclin de la biodiversité à toutes les échelles, que ce soit monde, Europe, France, Bretagne, ferme ou parcelle, constate Florian Barbotin. C’est la conséquence de l’utilisation de pesticides de synthèse et de certaines pratiques agricoles, notamment de fauche aux mauvaises périodes, ou le labour, qui a un fort impact sur vie du sol. »
Le grand Ouest abrite une biodiversité très riche grâce à son paysage bocager. Traditionnellement, haies et talus étaient utilisés pour séparer les parcelles et servaient de clôture naturelle. Mais le bocage est aussi un habitat parfait pour un grand nombre d’espèces animales qui y ont élu domicile. En France, la biomasse d’insectes a par exemple subi un déclin de 80 % en 30 ans.
« La Bretagne, réservoir biologique de certaines espèces »
Depuis les années 1960, le remembrement mené par l’État a entraîné une rupture paysagère importante. Cette politique visait à « moderniser » l’agriculture et à augmenter significativement les rendements grâce à la mécanisation et à l’utilisation de produits phytosanitaires, entre autres. Les parcelles s’agrandissent et les haies deviennent un obstacle pour les machines.
« L’homme est aussi facteur de création de biodiversité grâce à ses pratiques agricoles, parce qu’il aura favorisé la diversité génétique d’espèces cultivées. Et quand il y a plusieurs espèces cultivées, il y a aussi des insectes différents qui viennent et donc des prédateurs. »
Un exemple qui s’applique aux céréales, mais aussi à l’élevage. « En Bretagne, il y a des races anciennes comme la pie noire ou la froment du Léon. C’est l’homme, de par ses pratiques et la sélection génétique qu’il a exercée depuis des milliers d’années, qui a favorisé l’émergence de ces espèces complètement adaptées aux écosystèmes locaux puisqu’ils ont co-évolué avec. »
« Amorcer la changement vers des modèles plus favorables à la biodiversité »
Revenir à des fermes plus petites, sans pesticides, sans engrais de synthèse, avec plus de bocage est donc une nécessité pour préserver la biodiversité. « La biodiversité est fondamentale pour la survie, y compris de l’espèce humaine », martèle Florian Barbotin.
« Sur des systèmes qui sont favorables à la biodiversité, il y a souvent très peu de charges, parce que ça va être beaucoup du pâturage à l’herbe, sur prairie naturelle, avec des races anciennes. Donc ça veut dire beaucoup moins d’achat de foin, pas d’achat de pesticides de synthèse… » Il faut rappeler que les coûts des pesticides ont augmenté puisqu’ils sont liés au cours du pétrole.
« Ce sont aussi des systèmes qui représentent moins de temps de travail, enchaîne Florian Barbotin. Parce qu’ils sont assez autonomes, avec des bêtes qui ont une éducation alimentaire qui leur permet de bien valoriser les flores qui sont présentes. Les systèmes intensifs vont avoir des rendements souvent plus importants en lait ou en viande, mais avec une charge de travail beaucoup plus importante. Et donc finalement, ils auront une rentabilité équivalente. »
Il faut cependant prévoir les premières années un effet d’amorce : les écosystèmes sont alors très déséquilibrés et les prédateurs vont mettre du temps à revenir s’y installer. Une situation qui profite aux ravageurs et aux nuisibles et qui peut donc entraîner des pertes et une baisse de rentabilité les premières années. Avant d’inverser la tendance et retrouver un environnement sain et autonome.
« Il y a tout un tas de bibliographies qui montrent que ça marche d’un point de vue agronomique comme d’un point de vue écologique. Mais il faut le faire d’une manière planifiée, accompagnée. Et malheureusement les politiques ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux. Il faudrait des milliards. Une fois qu’on est parti dans un système intensif, pour en changer, c’est un paquebot. »
🎙️ Entretien mené par Juliette Cabaço Roger
Consultez aussi notre grande enquête sur la destruction du bocage, qui se poursuit en Bretagne.
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Le Récap’ de « Splann ! » est notre nouveau rendez-vous mensuel sur les ondes de Radio BOA et des radios associatives de Bretagne partenaires.
Que faut-il lire, écouter ou regarder pour s’informer sur la crise sociale, écologique et démocratique que traversent nos sociétés ? Juliette Cabaço Roger vient présenter nos dernières révélations ainsi qu’une sélection d’informations publiées par nos consœurs et nos confrères.
Au sommaire de ce récap’ :
La condamnation d’une société d’intérêt collectif agricole bretonne à rembourser des éleveurs laitiers.
Les cadeaux de Noël avant l’heure de notre Premier ministre aux préfets…
Quelle relève pour les agriculteurs ? Un constat alarmant si l’on suit le podcast d’une série documentaire sur France Culture.
Lutte autour de la « déforestation importée ».
Biodynamie en Béton.
Après les algues vertes, une nouvelle bande dessiné signée Inès Léraud avec Pierre Van Hove . Cette fois il s’agit d’une enquête historique dédiée au remembrement en Bretagne après la seconde guerre mondiale.
Et les rubriques : “ça se passe près de chez vous”et “l’agenda de Splann !”.
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Au sommaire de ce récap’ :
Focus : on parle réensauvagement de la nature. Un concept qui se propage en France et en Bretagne. Il s’agit de défendre l’idée de nature sauvage et de laisser-faire et d’admettre finalement qu’il n’est pas toujours nécessaire de « gérer » la nature.Glané pour vous : les radios associatives attaquées au portefeuilles par le gouvernement, le rédacteur en chef du Télégramme fait la leçon les opposants à Vincent Bolloré, l’Observatoire des entraves à la liberté de la presse lance son financement participatif…L’alerte : les parents d’un jeune enfant atteint de leucémie à Donges s’interroge sur le lien possible avec la raffinerie TotalEnergies toute proche💸 Splann ! est un média à but non lucratif, qui fonctionne grâce à votre générosité. Vous pouvez nous faire un don ponctuel ou mensuel en ligne ou par chèque.
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Que faut-il lire, écouter ou regarder pour s’informer sur la crise sociale, écologique et démocratique que traversent nos sociétés ? Julie Lallouët-Geffroy vient présenter nos dernières révélations ainsi qu’une sélection d’informations publiées par nos consœurs et nos confrères.
Au sommaire de ce récap’ :
Avec Antoine Armand, le lobby du porc gagne un soutien à BercyArtificialisation des terres : zéro pointé à CrozonEureden soutient le journalisme… à sa manièreLa CGT Chômeurs précaires dresse une carte des « vautours »L’Horn, une rivière sacrifiée à l’agro-industrie dans le Finistère💸 Splann ! est un média à but non lucratif, qui fonctionne grâce à votre générosité. Vous pouvez nous faire un don ponctuel ou mensuel en ligne ou par chèque.
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Au sommaire de ce récap’ :
Droit de suite : accueil plus que mitigé pour deux journalistes de la revue Invendable partis à la rencontre des éleveurs porcins du Nord-Finistère pour les interroger sur leur rapport aux médias.
Focus : une étude sur la presse agricole en France : « Entre les professionnels, le professionnalisme et la profession : la presse agricole sous contraintes » par Prune Catoire, dans le cadre de ses travaux en sciences politiques.
Glané pour vous : un mur de la honte à l’hôpital de Brest ; l’entreprise Lactalis a doublé sa taille en dix ans et affiche un chiffre d’affaires record ; une escroquerie sur des espèces protégées dans le Morbihan.
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Julie Lallouët-Geffroy, autrice de plusieurs enquêtes pour « Splann ! », a répondu aux questions de Radios libres en Périgord et Espoir FM, lors du festival international de journalisme de Couthures-sur-Garonne, qui s’est tenu du 12 au 14 juillet 2024. Elle y avait participé à deux tables rondes, sur les nouveaux médias locaux et le risque de guerre de l’eau.
Dans cette interview, notre journaliste aborde la naissance de notre média indépendant, dans un contexte de lutte pour la liberté de la presse en Bretagne incarné par Inès léraud et Morgan Large, nos méthodes pour réaliser un travail rigoureux tout en restant imperméable aux pressions, ainsi que l’avenir de notre jeune structure.
Julie Lallouët-Geffroy y délivre une excellente nouvelle : la rédaction va s’agrandir en septembre. Elle comptera quatre journalistes permanentes, contre deux actuellement. Un pari qui repose sur l’amplification des dons citoyens.
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Juliette Cabaço Roger a été interrogée par Lucie Louâpre pour l’émission L’Arène, sur Canal B, le 25 octobre 2022. Elle y a présenté les résultats de l’enquête sur les implants contraceptifs Essure, qu’elle cosigne pour « Splann ! » avec Faustine Sternberg.
Ayant l’apparence de minuscules ressorts métalliques, les implants Essure ont été introduits dans les trompes de Fallope de près de 200 000 femmes, entre 2012 et 2017, rien qu’en France. Ce dispositif médical dont la pose ne nécessite pas d’anesthésie générale était présenté comme l’avenir de la contraception définitive. Il a d’abord été commercialisé par la société américaine Conceptus, avant d’être racheté par le géant allemand Bayer, en 2013. Les gynécologues français l’ont largement recommandé.
Partout dans le monde, des patientes ont rapidement déclaré de graves effets indésirables, certains invalidants. Entre janvier 2008 et mai 2013, Conceptus a reçu en moyenne 15 réclamations par jour. En France, environ 30 000 femmes ont subi une ablation des trompes voire de l’utérus, seul moyen de retirer l’implant. Certaines se regroupent dans des associations telles que Alerte contraception et Victimes DMI.
« Le témoignage qui revient le plus souvent c’est qu’on ne les croit pas, observe Juliette Cabaço Roger. On les prend pour “des folles”. Elles rapportent un sentiment d’errance médicale. »
Les implants ont été placés sous surveillance renforcée par l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en 2015. Deux ans plus tard, un expert mandaté écrit dans son rapport que « l’assemblage des matériaux est un cas typique de corrosion galvanique » engendrant des « produits de corrosion » qui vont provoquer des « réactions inflammatoires hétérogènes ». Un rapport resté confidentiel jusqu’à sa révélation par « Splann ! ».
« On y découvre ce que Bayer et Conceptus savaient ou soupçonnaient depuis le début, souligne notre journaliste. Cette corrosion étaient évoquée dans leurs études internes. Ce document est le premier à faire le lien avec les symptômes des patientes. »
Quelques mois plus tard, la National Standards Authority of Ireland a suspendu provisoirement le marquage européen CE. Sans attendre une décision définitive, Bayer a retiré les Essure du marché en avançant « des raisons commerciales ».
« Le rapport de l’ANSM a pu peser dans cette décision, estime Juliette Cabaço Roger. La justification officielle de l’industriel ressemble à une stratégie de communication pour ne pas admettre que son produit était défectueux. »
Les procédures s’accumulent contre la multinationale, qui a versé 1,6 milliard de dollars à des plaignantes pour clore leur plainte. En France, les autorités sanitaires tardent à lancer une étude nationale dont les résultats pourraient permettre la reconnaissance du calvaire subi par les victimes. Celle-ci pouvant s’étendre sur quinze ans.
« Splann ! » a reçu le prix L’Alerte à la une, remis par la Maison des lanceurs d’alerte, en décembre 2023.
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Julie Lallouët-Geffroy était l’invitée de Gaël Le Du, dans l’émission Champ contre-champ, sur Radio Bro Gwened (RBG), le 27 septembre 2022. Notre journaliste y a présenté l’enquête sur la méthanisation agricole en Bretagne qu’elle a co-signée pour « Splann ! » avec Raphaël Baldos.
« Nous avons été interpellés par l’apparition de nombreux dômes dans les campagnes bretonnes, se souvient Julie Lallouët-Geffroy. La presse locale faisait état de contestations chez les riverains. Dans le même temps, on nous présente la méthanisation comme de l’économie circulaire, où l’on valorise les déchets en faisant de l’énergie. Nous avons voulu savoir ce qu’il y avait derrière la carte postale. »
« Pour nous la question n’est pas du tout de savoir si la méthanisation c’est bien ou mal, ce n’est pas notre sujet. Nous avons voulu comprendre dans quelles conditions cette technologie se développe, avec quelles conséquences pour le territoire breton. »
Pour autant, l’enquête ne fait pas l’impasse sur les accidents et incidents liés à la méthanisation. Des plus petits aux plus gros, comme le déversement de 400 m³ de digestat, en août 2020, dans l’Aulne, au niveau de Châteaulin (29), pour lequel l’entreprise Engie a été condamnée à 150 000 € d’amende trois ans plus tard.
« Il y a un phénomène général, documenté par les services de l’État, constate l’enquêtrice. La réglementation n’est pas appliquée parce qu’il y a un régime dérogatoire très largement utilisé en Bretagne et que les contrôles sont très faibles. Des mesures sont mises en œuvre, comme des labels ou des formations, mais nous n’avons pas trouvé de documents qui prouvent leur efficacité. »
L’un des volets de l’enquête porte sur l’arrivée de nouveaux acteurs dans le marché de la méthanisation : les industriels de l’énergie. Ceux-ci s’accaparent les bénéfices de la production du gaz.
« Les montants d’investissements sont beaucoup plus importants en injection qu’en cogénération, qui était la technologie initiale, explique la journaliste. Des agriculteurs peuvent s’allier pour faire des unités plus importantes, mais il voient arriver les industriels de l’énergie gagner du terrain. Ils deviennent de plus en plus des fournisseurs de matières premières, un peu comme des sous-traitants, qui ne récupéreront pas la valeur ajoutée. »
Un autre point critique concerne l’usage des terres agricoles. Par exemple, le maïs sert à nourrir les bêtes, mais permet aussi d’alimenter les méthaniseurs. Une concurrence peut s’instaurer pour l’accès à cette ressource, surtout si la production d’énergie rapporte plus. « Des terres sont en train d’être dédiées à la méthanisation. Jusqu’où veut-on aller ? Nous voulons porter le débat dans l’espace public », expose Julie Lallouët-Geffroy.
Le dossier aborde enfin une problématique peu étudiée, celle de la potentielle dissémination d’agents pathogènes par les digestats épandus sur les terres. « Le temps de la science n’est pas le temps du développement de la méthanisation. Que se passe-t-il lorsqu’on mélange des déchets venant de plusieurs exploitations, des abattoirs, des cidreries, des laiteries, etc. On ne sait pas. »
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Marianne Kerfriden est l’autrice d’une enquête sur les cumuls de casquettes de quatre hauts dirigeants de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), parue le 23 mai 2024 chez Splann ! et plusieurs médias partenaires.
Notre journaliste a présenté les conclusions de son travail chez Lucie Louâpre, dans l’émission L’Arène, sur la radio rennaise Canal B, le 7 juin 2024. Il s’agit du volet français d’un dossier européen coordonné par le consortium Lighthouse Reports.
« On a travaillé avec des Belges, des Polonais, des Italiens et des Allemands, énumère Marianne Kerfriden. L’idée c’était de faire une enquête conjointe sur les syndicats agricoles, avant les élections européennes. Et de montrer que si ces syndicats revendiquent de représenter tous les agriculteurs, ce n’est pas exactement le cas. »
Des infographies interactives permettent de découvrir les mandats et autres fonctions de quatre figures de la FNSEA, dont deux figures bretonnes. Ces dirigeants siègent par exemple à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), au comité régional nitrates de Bretagne, à la direction de salons ou au conseil d’administration de groupes de presse agricole.
Partout, ces leaders veillent à défendre une vision productiviste et exportatrice de l’agriculture, en témoignent la « pause » obtenue cet hiver sur le plan écophyto ou la défense des méga-bassines.
« La force de la FNSEA est d’être élue démocratiquement dans les chambres d’agriculture, rappelle Marianne Kerfriden. Les postes, qu’il obtient à la fois grâce aux chambres d’agriculture et en étant syndicat majoritaire, permettent de verrouiller tous les leviers de la politique agricole française et même européenne. »
En résulte une cogestion historique des questions agricoles entre le gouvernement et la FNSEA, déjà mise en lumière par notre journaliste dans un numéro de l’émission Pièces à conviction, diffusé sur France 3, en janvier 2017.
« J’avais alors interviewé Dominique Bussereau, se souvient-elle. Il m’avait raconté qu’avant d’être nommé ministre, il avait reçu la visite de Jean-Michel Lemétayer, alors président de la FNSEA, et avait eu l’impression de passer un entretien d’embauche. Quand son mandat s’est terminé, Lemétayer est arrivé dans son bureau et a dit : “Dominique, est-ce que tu veux rester ministre ?” »
Les organisations minoritaires (Confédération paysanne, Coordination rurale et Modef), qui ont totalisé 46 % des voix en 2019, ont du mal à faire entendre d’autres voix. En 2021, la Cour des comptes avait pris leur partie en prônant « une modification du mode de scrutin » pour favoriser le pluralisme.
La FNSEA et les Jeunes agriculteurs — qui font liste commune aux élections aux chambres d’agriculture — poussent au contraire pour changer les règles de financement à leur profit. Elles réclament un changement de la clé de répartition favorisant l’organisation arrivant en tête.
Toutefois, les articles qu’elles attendaient ne figurent pas dans le décret paru le 16 juillet et qui fixe les modalités d’organisation des élections du 31 janvier 2025. Le tandem FNSEA-JA a immédiatement dénoncé un « nouvel exemple du non-respect de la parole donnée ». Ministre d’un gouvernement démissionnaire chargé d’expédier les affaires courantes, Marc Fesneau cèdera-t-il à cette exigence avant de quitter la rue de Varenne ?
Découvrez les organigrammes commentés des mandats d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et du conseil d’administration du groupe Avril, de Thierry Coué, secrétaire général adjoint de la FNSEA, André Sergent, président de la chambre d’agriculture de Bretagne, et Jérôme Despey, premier vice-président de la FNSEA sur splann.org.
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Les Chantiers de l’Atlantique, Yara, TotalÉnergie … Quel impact ont ces géants de l’industrie régionale sur la santé de leurs salarié·es ?
Cette question est au cœur des premiers volets de notre enquête intitulée « Saint-Nazaire, maladie de ses industries », présenté par son coauteur Samy Archimède, le 30 mai 2024, sur la radio nantaise SUN FM.
Dans l’estuaire de la Loire, sept sites classés Seveso produisent ou stockent des matières dangereuses pour la santé humaine et pour l’environnement.
Les Chantiers de l’Atlantique fonctionnent grâce à des milliers d’intérimaires, souvent étrangers. Les membres de la Commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) ont enregistré 30 entorses à la réglementation en matière d’exposition aux fumées de soudage entre 2021 et 2022. Or, cette technique dégage du Chrome VI, substance classée cancérigène. La CGT dénonce la sous-traitance en cascade qui brouille les pistes et dilue les responsabilités.
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Nolwenn Weiler a été interviewée par Lucie Louâpre, dans l’émission L’Arène, sur Canal B, le 3 avril 2024. Notre journaliste a présenté son enquête « Bocage, la fin d’un paysage », menée avec Yann-Malo Kerbrat.
En dépit des idées reçues et des moyens alloués, bien après le remembrement opéré après-guerre, la destruction du bocage breton se poursuit. Il s’accélère même depuis dix ans, en lien avec la concentration du nombre d’exploitations agricoles. Il s’agit pourtant d’un allié précieux pour la préservation de la biodiversité, la lutte contre l’érosion des sols, les pollutions ou les conséquences de la sécheresse.
L’artificialisation des sols, notamment pour la construction de lotissements, ou encore le déploiement de la fibre optique, sont des facteurs aggravants.
Au-delà des questions quantitatives, la qualité des haies se dégrade. Leur entretien repose presque entièrement sur les agriculteurs. Or, c’est une activité coûteuse, voire dangereuse.
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Julie Lallouët-Geffroy, journaliste pour « Splann ! », a été interviewée par Radio PFM lors de Longueur d’ondes 2024, festival de la radio et de l’écoute qui se déroule chaque hiver à Brest.
Trois ans après le lancement officiel de notre média d’enquête à but non lucratif, Julie Lallouët-Geffroy rappelle dans cet entretien son objectif éditorial principal : gratter ce qu’il y a derrière la carte postale de la Bretagne, notamment sur les questions agricoles et environnementales.
Si délier les langues reste encore difficile, le travail d’Inès Léraud autour des algues vertes ou de Nicolas Legendre, auteur de Silence dans les champs, deux journalistes membres de « Splann ! », montre que les questions agroalimentaires représentent un champ d’investigation à part entière qui intéresse le public. Pour autant, « Splann ! » n’a pour l’heure jamais pu tisser de partenariat avec la presse régionale bretonne, contrairement aux médias de service public.
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Ivan Logvenoff, coauteur avec Kristen Falc’hon de notre enquête sur la Cooperl, publiée en novembre 2023, était l’invité d’Inès Florentin sur Fréquence Mutine (radio brestoise) le 29 janvier 2024.
La Cooperl, dont le siège se situe à Lamballe (22) est la plus grande coopérative porcine française. « L’idée de base, vraiment louable, était de se rassembler à 25 éleveurs pour mieux vendre son cochon, rappelle Ivan Logvenoff. Seulement, ce système s’est emballé. De 25, ils sont aujourd’hui 3.000. Il y aussi 8.000 salariés, 88 filiales présentes dans une dizaine de pays y compris en Asie du Sud-Est sur la génétique porcine. »
Aujourd’hui, la Cooperl peut contrôler tous les aspects de la production. De la vente à l’achat d’aliments en passant par les conseils vétérinaires, la gestion des effluents ou la construction des bâtiments. « Or, il n’y a aucune justification technique à ce qu’on impose un médicament ou une race particulière de porcs, nous a expliqué un vétérinaire, pointe Ivan Logvenoff. Normalement c’est la coopérative qui appartient aux éleveurs. Maintenant, ce sont les éleveurs qui appartiennent à la coopérative. »
De plus, des nuages s’amoncellent sur le groupe, dont la particularité est de posséder des usines de salaison, de moins en moins compétitives. Pour compenser ces pertes, la coopérative s’appuie sur les éleveurs en baissant le tarif d’achat des porcs sous celui du marché, en augmentant les délais de paiement ou en les obligeant à déposer une partie de leurs ventes sur les comptes de la Cooperl.
« Un groupe de huit éleveurs a essayé de soulever ces différents problèmes en 2023. La seule réponse des dirigeants a été d’augmenter le nombre d’administrateurs pour que ces voix soient étouffées. Certains nous ont dit qu’il y avait un problème de démocratie », conclut Ivan Logvenoff.
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Juliette Cabaço Roger était l’invitée de Gaël Le Du, sur Radio Bro Gwened (RBG), le 7 mars 2024. La journaliste et cofondatrice de « Splann ! » a fait le point sur l’évolution de notre média d’enquête breton, trois ans après son lancement. Elle a aussi présenté les grandes lignes de « Bocage : la fin d’un paysage », dossier signé par Nolwenn Weiler et Yann-Malo Kerbrat qui documente le recul des haies, des talus et donc de la biodiversité en Bretagne.
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Morgan Large était l’invitée d’Axel Perret, sur France Bleu Breizh Izel, le vendredi 2 février 2024. La radio bretonne de service publique diffusait une émission spéciale en direct de Lannion (Côtes-d’Armor), dans le cadre de « L’Information dans tous ses états », une étape des États généraux de l’information.
Précarité, entraves, violences… La reporter et présentatrice du magazine La Petite lanterne, sur Radio Kreiz Breizh (RKB), cofondatrice et administratrice de « Splann ! », a rappelé les difficultés rencontrées par les journalistes locaux, en particulier lorsqu’ils s’attaquent à des sujets sensibles dérangent certains intérêts.
Près d’un an après un nouveau déboulonnage d’une roue de sa voiture et la demande de réouverture de l’enquête judiciaire formulée par voie d’avocat, Morgan Large explique n’avoir reçu aucune nouvelle du procureur de la République. Un temps gagnée par le doute, elle n’a toutefois plus l’intention d’arrêter de travailler, notamment sur les atteintes à l’environnement en Centre-Bretagne.
Avec une centaine d’organisations et de médias, « Splann ! » porte 59 propositions pour « libérer l’info » dans le cadre des États généraux de la presse indépendante, initié par le Fonds pour une presse en libre. Une réponse aux États généraux de l’information décidés par Emmanuel Macron, qui pourraient déboucher sur des mesures réglementaires et législatives au second semestre 2024.
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Kristen Falc’hon au micro de Radio Evasion en 2023.
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Julie Lallouët-Geffrou au micro de France Bleu Breizh Izel en 2023.
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