Episodes
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La chanteuse, âgée de 32 ans, nous reçoit chez elle, dans le 9e arrondissement à Paris, à l'occasion de la sortie de son troisième album, « Mon sang », et de ses grands débuts au cinéma dans la comédie musicale « Joli Joli ».
Clara Luciani évoque son enfance provençale auprès d'un père employé de banque et passionné de musique et d'une mère très dévouée aux autres. Elle raconte sa passion précoce pour l'univers de Michel Legrand et de Jacques Demy, Paul McCartney et ses « chansons de grand-mère » ou Chrissie Hynde des Pretenders qui la pousse à se mettre à la guitare électrique… Vers l'âge de 11 ans, elle commence à composer, puis, jeune adulte, tente de faire carrière à Paris et rencontre le succès avec « La Grenade ». Elle parle de son rapport à son travail, de l'importance de l'amitié, de ses emprunts inconscients et de ses débuts de comédienne. Clara Luciani dit aussi son admiration pour l'écrivaine Anaïs Nin ou le groupe de rock Fontaines DC.
Elle revient, enfin, sur celles dont elle apprécie particulièrement l'écriture : « “L’Amant”, de Marguerite Duras, ça a été une révolution. J’avais l’impression d’avoir accès à une sensualité que je ne connaissais pas, que je ne pouvais que fantasmer. Et puis elle a écrit comme personne et ça me bouleverse, ce rythme. J’aime les écritures très directes, comme une flèche dans le cœur. C’est pour ça que j’ai aimé Françoise Hardy et, plus tard, Annie Ernaux. »
Depuis six saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal) préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et Juliette Savard
Réalisation : Emmanuel Baux
Musique : Gotan Project
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L'auteur-compositeur-interprète, âgé de 45 ans, nous reçoit chez lui dans le 18e arrondissement à Paris, à l'occasion de la sortie de son nouvel album « Vivant » et d'une tournée dans toute la France.
Malik Djoudi évoque son enfance à Béziers puis dans un manoir, à la campagne, à Lusignan, près de Poitiers, auprès d'une mère avocate d'origine algérienne et vietnamienne qui aimait la fête. Très vite, il s'intéresse à la musique. Il découvre « Thriller » de Michael Jackson, écoute du hip-hop, du rock anglo-saxon et de la chanson française. A 19 ans, il compose la chanson de l'émission « Loft Story » puis repart vivre chez ses parents et monte finalement le groupe Moon Palace. Après la mort de sa grand-mère, il part en voyage au Vietnam puis compose un premier album solo en français qui donne une nouvelle direction à sa carrière. Malik Djoudi confesse son admiration pour Etienne Daho, Philippe Zdar, James Blake, Salt, Sébastien Tellier ou Rick Rubin.
Il revient également sur son goût pour le cinéma : « Dans mon salon, j’ai deux petits tableaux de deux films que j’adore : “Metropolis” de Fritz Lang et “Les Guerriers de la nuit” de Walter Hill, dont j’ai été marqué par la sauvagerie. Quand je l’ai découvert, c’était une des premières fois que je voyais de la science-fiction. La musique est incroyable. J’adore le cinéma. Je vais souvent en salle voir des films seul le matin. »
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L'écrivain non-binaire canadien, âgé de 32 ans, nous reçoit à Paris au cœur du cimetière de Montmartre, non loin de la tombe de Dalida, puis dans un appartement du 19e arrondissement, à l'occasion de la sortie de son nouveau roman « Les Sentiers de neige ».
Kev Lambert évoque son enfance à Chicoutimi au Québec auprès de parents séparés. Plus jeune, il cherche à fuir la réalité dans laquelle il vit en s'intéressant aux animaux, aux gnomes ou à « Harry Potter ». Il se passionne pour les romans policiers, la fantasy et développe une fascination pour « Kill Bill » de Quentin Tarantino. La lecture de Virginie Despentes constitue un premier choc littéraire qui lui permet de se questionner sur le genre. Il poursuit son exploration de la culture queer avec les livres de Jean Genet ou d'Hervé Guibert, puis se met à l'écriture. Il aborde son travail sur « Querelle », « Que notre joie demeure » ou « Les Sentiers de neige ». Et son admiration pour Christine Angot ou Joyce Carol Oates.
Il revient également sur son goût pour les jeux vidéo : « Ça m’a toujours fasciné. Aujourd’hui, j’y joue moins, mais j’ai une attirance pour la beauté des décors. Ça m’émeut, ces grands espaces déserts construits par des hommes et des femmes, cet artisanat-là. Dans certains jeux, tu marches sans savoir où tu vas, c’est complètement vide et tu as l’impression d’être la dernière personne sur Terre. »
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La comédienne, âgée de 57 ans, à l'affiche de « L'Amante anglaise », au théâtre de l'Atelier à Paris, adapté de Marguerite Duras, nous reçoit chez elle, dans un logement entre l'appartement, la maison et l'atelier.
Sandrine Bonnaire évoque son enfance dans l'Allier, puis à Grigny, dans l'Essonne, auprès de dix frères et sœurs, dont Sabine, autiste, d'un père ouvrier ajusteur et d'une mère au foyer très fantasque. Enfant, elle s'initie au cinéma via la télévision, se passionne pour Claude François, le disco, puis le funk. Elle se remémore sa rencontre avec Pialat qui lui offre le rôle principal du film A nos amours et lance sa carrière de comédienne. De Gaël Morel à Marion Laine ou Caroline Bottaro, elle rend hommage aux jeunes cinéastes avec qui elle a travaillé au fil des années. Elle-même passe plusieurs fois avec joie derrière la caméra. Elle vante son goût du rangement, de la poésie, du sommeil, de la coriandre, de la mer et de la nuit.
Sandrine Bonnaire revient également sur ses derniers coups de cœur musicaux : « J'écoute beaucoup Clara Ysé que j'adore profondément parce que je trouve ses textes incroyables. Elle m'inspire beaucoup pour écrire. Et j'aime beaucoup Arthur Teboul pour les mêmes raisons. J'ai besoin que les textes soient forts quand c'est chanté en français. L'écriture est importante. »
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Le musicien et producteur, âgé de 56 ans, nous reçoit chez lui, dans un appartement à la décoration minimaliste au cœur du quartier de Montmartre, à Paris, à l'occasion de la sortie d'un best of de Cassius, un des fleurons de la French Touch.
Hubert Blanc-Francard évoque son enfance dans les Yvelines du côté de La Celle-Saint-Cloud et Marly-le-Roi auprès d'un père ingénieur du son et producteur à la carrière prestigieuse et d'une mère qui écoute aussi beaucoup de musique. A 12 ans, il s'amuse à faire de fausses émissions de radio avec son frère et se met à la batterie. Il commence sa carrière professionnelle comme assistant dans un studio et se passionne pour la musique électronique venue d'Angleterre. Il évoque ses premières expériences avec DJ Mehdi ou Philippe Zdar, avec qui il fonde Cassius. Une longue aventure qui s'est terminée en 2019 avec le décès de son comparse. Il parle de leur amitié, de leur musique, de deuil et de sa volonté de poursuivre l'aventure Cassius différemment aujourd'hui.
Il revient également sur ses goûts littéraires de Philip Roth à Céline : « J’avais des livres partout, ça rendait fou Philippe Zdar. Je dois lire six livres en même temps. J’adore tout ce qui est classique : XVIIIe, XIXe siècles. Là, je suis dans Proust, mais je vais lire dix pages par jour quand j’ai le temps. Je trouve ça complètement fabuleux. Je lis Montaigne aussi. Je suis pris de passion par ça. »
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Le comédien, âgé de 34 ans, nous reçoit au cinéma du Panthéon, au cœur du 5e arrondissement, à Paris, à l'occasion de la sortie en salle du film "L'Amour Ouf" de Gilles Lellouche.
François Civil évoque son enfance à Paris dans le 12e arrondissement auprès de parents professeurs de faculté, amoureux des livres, et d'une grande sœur qui lui fait découvrir Radiohead. Il aborde sa passion pour la photographie et, plus largement, son obsession pour tous les appareils qui capturent des moments. Il pratique la basse en autodidacte et, très jeune, s'essaie au théâtre où il « prend un pied monstre ». Il court les castings, décroche ses premiers rôles. François Civil se remémore le tournage du film "Elles” où il est subjugué par Juliette Binoche, qui joue sa mère, l'aventure "Five" avec Pierre Niney. Il dit son admiration pour le travail de Philip Seymour Hoffman, Paul Thomas Anderson, Al Pacino, Jacques Audiard ou Cédric Klapisch. A côté de son activité d'acteur, il continue de pratiquer l'escalade. Il a le goût des épices et de la nourriture asiatique et le dégoût de tous les fromages.
Il revient également sur sa fascination pour les activités manuelles : « J'aime bien voir les gens faire des choses de leurs mains. Et je trouve que le geste, la main, c'est un truc qui nous appartient à nous, les humains. Ça peut être bouleversant. Autant un mec qui étend des nouilles dans une devanture de resto japonais qu'un horloger qui va poser la petite vis dans une montre et ça c'est beau. »
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La comédienne, réalisatrice et artiste-plasticienne, âgée de 38 ans, nous reçoit chez Idem, un atelier de lithographie situé à Paris dans le 14e arrondissement, à l'occasion de la sortie en salle du film « Niki », signé Céline Sallette, dans lequel elle incarne Niki de Saint Phalle.
Charlotte Le Bon évoque son enfance à Montréal, au Canada, auprès d'une mère et d'un beau-père comédiens. Elle évoque le décès de son père alors qu'elle avait 10 ans et sa passion précoce pour le dessin et le plongeon. Elle commence à la fin de l'adolescence une carrière de mannequin dont elle garde un souvenir assez sombre puis pendant une année joue les Miss Météo sur Canal +, une expérience libératrice qui la mènera ensuite à faire du cinéma. C'est aujourd'hui dans la réalisation qu'elle s'épanouit le plus, regrettant la passivité attendue souvent des comédiens. Charlotte Le Bon aborde également son travail de plasticienne, son attrait pour les aspérités et son admiration pour le travail de Stanley Donwood, Carl Gustav Jung, David Lynch, Claire Tabouret ou Christo et Jeanne-Claude.
Elle revient longuement sur son admiration pour le travail de Jane Campion : « J’ai découvert récemment ses deux premiers films, “Sweetie” et “Un ange à ma table”. Ce sont de grands films. C’est tellement risqué, tellement audacieux. Et puis il y a un truc qui est génial aussi avec Jane Campion, c’est qu’on ne s’ennuie jamais. Je sens vraiment ce désir chez elle. C’est tout sauf prétentieux. »
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La comédienne et chanteuse âgée de 59 ans nous reçoit dans les locaux du « Monde », à l'occasion du Festival organisé en septembre par le quotidien, alors qu'elle est au cœur d'une triple actualité. Toujours à l'affiche du film de Sophie Fillières « Ma vie, ma gueule », Agnès Jaoui sort un nouvel album, « Attendre que le soleil revienne », et un livre autobiographique, « La Taille de nos seins ».
Elle évoque son enfance à Sarcelles puis à Paris autour d'un père passionné de musique et d'une mère amatrice de littérature, un couple de juifs tunisiens qui ont vécu un temps en Israël. Très jeune, Agnès Jaoui apprend à observer les autres, fréquente les expositions, baigne au milieu des livres et de la musique avant de prendre des cours de théâtre. Sa rencontre avec Jean-Pierre Bacri est alors déterminante. Elle développe ensuite son rapport au goût, son coup de foudre amical avec Sophie Fillières, la vulnérabilité qu'elle trouve dans la chanson ou son amour des romans de Leonardo Padura.
Agnès Jaoui revient longuement aussi sur ce qu'elle attend d'une œuvre d'art : « Ce qui me passionne c'est ce moment où tout à coup, on voit les choses différemment. Il y a des artistes qui vous font trouver de la beauté là où vous n'en voyiez pas avant. Le déterminisme socio-culturel et psychologique est tel que souvent on n'arrive pas à imaginer les choses d'un autre point de vue. L'amour permet ça, la rencontre, l'art évidemment. »
Depuis six saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
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Réalisation : Emmanuel Baux
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L'écrivain âgé de 67 ans, prix Goncourt en 2020 pour « L'Anomalie », nous reçoit chez lui dans le dix-huitième arrondissement à Paris, à l'occasion de la sortie de son nouveau roman « Le Nom sur le mur ».
Hervé Le Tellier évoque son enfance solitaire à Paris, dans un environnement dans lequel il ne se sent pas à sa place. Très jeune, il se réfugie dans les livres, notamment de science-fiction, avant d'intégrer successivement le Front homosexuel d'action révolutionnaire, le Parti communiste puis la Ligue communiste révolutionnaire. Il garde de ces années d'engagement le goût du débat, de la pensée et du collectif. Il se remémore sa carrière de journaliste puis son basculement vers la littérature nourri par son adhésion à l'Oulipo. Et développe son rapport au langage, aux formes et à la création. Il détaille la genèse de son nouveau livre centré autour des questions de résistances et de fraternité, deux thématiques qui résonnent fort avec l'actualité.
Il revient aussi longuement sur la nécessité de se confronter à des opinions différentes des siennes : « Être amoureux de quelqu'un qui a des goûts très différents des vôtres, c'est très intéressant. Ça crée du frottement. Ça crée de la joie parce qu'on se fout l'un de l'autre. On sort de sa bulle de confirmation. J'ai très peur d'être enfermé dans mes biais de conservation. J'ai peur de moins bien penser, de me tromper, tout le temps. »
Depuis cinq saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
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L'artiste peintre âgée de 42 ans nous reçoit à la Manufacture de Sèvres avec qui elle collabore pour la première fois.
Claire Tabouret évoque son enfance dans la banlieue de Montpellier auprès de parents qui enseignaient la musique. Très jeune, elle assiste à des concerts et se rend dans des musées. Elle lit aussi beaucoup et va au cinéma. L'envie de peindre lui vient devant les toiles de Monet. Après un bac option arts plastiques, elle réalise quelques séries de toiles qui la font peu à peu connaître. Elle détaille ce parcours, le sens de sa recherche nourrie par son environnement ou ses lectures, le travail effectué pour la Manufacture de Sèvres.
Elle revient aussi sur sa propre collection de peinture : « J’ai quelques œuvres qui sont assez drôles, assez sexuelles. Par exemple, des toiles de Marlene Dumas qui peint la sexualité comme seulement une femme pourrait le faire. La représentation des hommes, je l’ai beaucoup vue. Dans ma collection, j’ai plutôt des femmes qui s’amusent avec le sexe. »
Depuis cinq saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
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Au bord de la mer, dans le quartier de la Vieille-Chapelle à Marseille, Marion Mailaender nous ouvre les portes de sa maison au jardin lumineux et à la salle de bain spacieuse – « [s]a pièce préférée ». Après vingt-trois ans à Paris, la designer et architecte d’intérieur a vendu tous ses meubles et quitté son appartement pour un retour aux sources.
Dans le 8e arrondissement de la cité phocéenne, elle a grandi dans une famille où « personne n’est artiste ». Son père comptable et sa mère dermatologue lui transmettent toutefois un goût pour le design et les objets. De son enfance, elle garde des souvenirs d’espaces qui l’entourent : l’architecture singulière de la Cité radieuse, les tomettes au sol de sa maison d’enfance, la salle de bain kitsch aux robinets vert pomme de sa tante…
Ado, sa passion pour le dessin, la peinture et la fabrication d’objets la mène en stage au Musée d’art contemporain de Marseille. Elle y découvre une exposition consacrée au mouvement Fluxus qui la marque « à tout jamais ». Encouragée par un professeur, elle réussit le concours de l’école Boulle à 18 ans et s’installe à Paris, un monde fantastique et cosmopolite où elle étudie auprès « d’esprits libres et créatifs ».
A l’origine du Tuba Club, restaurant de plage niché au-dessus des calanques marseillaises, et de l’ancienne boutique de chaussures parisienne d’Amélie Pichard, Marion Mailaender aménage également des logements de particuliers, un travail au cœur de l’intime où l’architecte observe comment vivent les gens.
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Rachida Brakni, comédienne, metteuse en scène, ancienne pensionnaire de la Comédie Française et chanteuse (avec Gaëtan Roussel), vient d’ajouter une corde à ses arts en publiant son premier livre « Kaddour (Stock), un récit autobiographique en hommage à son père disparu en août 2020. Elle en parle en nous recevant à Paris, dans le 5ᵉ arrondissement, chez une amie, puisqu’elle habite depuis quelques années à Lisbonne.
Son amour des mots s’est d’abord manifesté par une passion précoce pour la littérature : les grands auteurs classiques français, puis ceux de théâtre. Aujourd’hui, elle cite parmi ses lectures marquantes « La Place », d’Annie Ernaux, « L’Etabli », de Robert Linhart, « Ma double vie », les mémoires de Sarah Bernhardt, et surtout « L’Art de perdre », d’Alice Zenitzer.
Assise à même le sol, près d’une table basse, Rachida Brakni raconte aussi son enfance dans une barre d’immeuble à Athis-Mons, en région parisienne, les repas familiaux du dimanche – avec semoule au lait chaud et kefta frites –, les vacances d’été en Algérie, et son souvenir de faire « tache » dans la cité avec un look et des goûts musicaux (The Smiths, The Cure, New Order…) empruntés outre-Manche.
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Que ceux qui n’ont jamais entendu le son rauque d’un puissant wok prêtent l’oreille. Dans le restaurant Yam’Tcha qu’Adeline Grattard a fondé en 2009, la cheffe fait entendre ce prélude à une symphonie culinaire. Une partition qui se joue dans son établissement étoilé en 2010, entre influences asiatiques et européennes. Celle qui possède désormais trois adresses dans Paris confie dans cet épisode du « Goût de M » qu’elle est aussi en train de concocter la carte du Monaka, un nouveau restaurant à Beaune.
Il s’agit presque d’un retour aux sources puisqu’Adeline Grattard a vécu à proximité, à Barges, dans une maison sombre et chauffée par un feu dans la cheminée, avec sa sœur, sa mère infirmière de nuit, et son père cadre commercial. Elle se rappelle que ce dernier l’avait emmenée dîner au Pré-aux-Clercs, une institution dijonnaise où elle avait été éblouie par le cadre et les plats. Elle se souvient aussi des feuilletés au piment, du poulet boucané et de la sauce chien, dont elle se délectait en Guadeloupe, où sa famille passait l’hiver.
Adeline Grattard ne se destinait pourtant pas à la cuisine, mais à devenir professeur d’allemand. Après avoir découvert, lors d’un petit job à Mayence, une appétence pour la préparation des aliments, elle s’inscrit à l’école de gastronomie Ferrandi, à Paris. Commence alors une période d’apprentissage, marquée par sa formation à L’Astrance, auprès de Pascal Barbot. Un séjour de deux ans à HongKong lui donne le goût des saveurs chinoises. L’aventure Yam’Tcha peut débuter.
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Au premier étage d’une maison d’Alfortville, en banlieue parisienne, l’autrice-compositrice- interprète récompensée cette année par quatre Victoires de la musique, joue des notes au piano et fredonne. Entre deux dates de concert, Zaho de Sagazan, 24 ans, nous reçoit au siège de son label Disparate, au domicile de sa manager et complice. Avec elle, une valise dont elle veut bien dévoiler le contenu, tout comme elle se livre sur cette hypersensibilité qui l’a mené jusqu’à un succès fulgurant.
Originaire de Saint-Nazaire, dont elle goûte l’alliance de « la mer et du béton », la jeune artiste a baigné dans la culture en grandissant dans une « maison loufoque », entre ses sœurs, son père artiste et sa mère institutrice. Au moment de l’adolescence, elle traverse une phase difficile, se sent à fleur de peau. Fascinée par les prestations du musicien britannique Tom Odell, elle se met au piano pour apprendre à décompresser et gérer ses émotions.
Puis Zaho de Sagazan, découvre la chanson française à textes – Jacques Brel et Barbara – et la musique électronique, notamment à travers l’artiste Koudlam. Elle précise aimer Anne Clark, Soulwax, LCD Soundsystem, Daft Punk et Kraftwerk, groupe qui lui a donné « le plus beau concert de [sa] vie ». Une fois qu’elle a terminé d’écrire le morceau « La Symphonie des éclairs », elle sait qu’elle tient la pièce maîtresse de son album, la clé de la délivrance. Elle qui rêvait de travailler dans l’univers du soin – urgentiste ou chirurgienne – , fait une croix sur ses études de médecine. Devant son instrument, elle entre en hypnose et consulte ses boucles musicales.
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Parquet qui grince, moulures et cheminée. Karim Rissouli, présentateur de « C ce soir », « En société » et « En terres opposées » sur France 5, nous reçoit chez lui, un appartement dans le 9e arrondissement de Paris, qu’il qualifie de « bourgeois ». Presque gêné, comme lorsqu’il a reçu à dîner Nicolas Mathieu. Avec le prix Goncourt 2018 pour « Leurs enfants après eux », le journaliste de 42 ans, né d’un père marocain et d’une mère française, partage le sentiment d’être « transclasse ».
Karim Rissouli évoque son enfance à Brain-sur-l’Authion, en périphérie d’Angers, une zone périurbaine qui accueille les salariés à la recherche de logements moins chers. Ses parents travaillaient dans le secteur social, lui rêvait d’être « journaliste ou footballeur ». Une passion du ballon rond transmise par son père. Ses origines maghrébines lui valaient des vacances annuelles au Maroc qui l’ont fait apprécier la diva Fayrouz et le groupe Nass El Ghiwane. Booba et Damso sont venus après.
Désormais animateur, Karim Rissouli refuse de se plier au costard-cravate, il veut « parler de la société avec ceux qui la font, mélanger les registres de paroles et des invités ». Il raconte avec la même intensité son départ de Canal+ avec l’arrivée de Vincent Bolloré que sa nostalgie pour « Top Gun » dont il connaît les dialogues par cœur.
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Le comédien âgé de 38 ans, césarisé en 2018 pour son interprétation dans « 120 battements par minute » et remarqué récemment dans « Anatomie d'une chute », nous reçoit au sein de l'école Duperré, à l'occasion de la première édition du festival Le Goût de M.
Antoine Reinartz évoque son enfance en Lorraine auprès de parents vétérinaires et de six frères et sœurs. Il pratique le judo, écoute Starmania, dévore Agatha Christie et consacre du temps aux jeux de société. Très jeune, il se passionne pour la connaissance et pour le cinéma après sa découverte du magazine « Studio ». A 10 ans, il rêve d'être acteur mais ses études le mène vers la comptabilité et la finance jusqu'au déclic des « Chansons d'amour » de Christophe Honoré. Il se forme au conservatoire des arts dramatiques et obtient un des rôles principaux de « 120 battements par minute » de Robin Campillo. Le cinéma de Pedro Almodovar ou d'Arnaud Desplechin le passionne. Il s'enthousiasme pour les conversations qui ont accompagné la sortie d'« Anatomie d'une chute » et l'intelligence de l'objet qu'a su créer Justine Triet. Et, lui qui déteste faire la cuisine, défend son goût du sucre.
Il revient aussi sur son amour pour Diane Keaton : « Elle est géniale dans “Le Parrain 2”. Après j'ai vu “Simples secrets” [1998], que personne ne connaît, avec Meryl Streep, Leonardo DiCaprio et Robert De Niro. Diane Keaton, elle y est bouleversante d’amour et de générosité. »
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Réalisation : Guillaume Girault
Musique : Gotan Project
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La journaliste et chroniqueuse âgée de 51 ans, qui anime depuis quelques mois « Le Masque et la plume » sur France Inter, nous reçoit chez elle à Saint-Ouen, à deux pas des puces.
Rebecca Manzoni évoque son enfance en Lorraine auprès d'un père proviseur et d'une mère institutrice. Elle s'intéresse très tôt à la musique et à la radio, qui façonnent sa sensibilité et fantasme d'aller vivre à Paris où elle part faire ses études. Elle étudie ensuite le journalisme à Bordeaux puis fait un stage à RTL avant de rejoindre France Inter. Elle se confie sur les différentes émissions qu'elle a animée jusqu'au « Masque et la plume ». Elle livre ses derniers coups de cœur culturels, fait le lien entre Michel Delpech et Annie Ernaux et proclame l'influence qu'a eu pour elle King Kong Theory de Virginie Despentes.
Elle revient aussi sur son goût pour l'écriture radiophonique et quelques créations qui l'ont marquée : « J’adore le podcast de Sophie Simonot construit à partir de ses messages de répondeur qui s’appelle “Vous êtes bien chez Sophie”. C’est fantastique de construire un objet à partir des messages qu’elle a conservés de ses proches, ses parents, ses grands-parents, ses amants, son fils, ses potes… Ça raconte une histoire, une génération. C’est le son dans toute sa splendeur. »
Depuis cinq saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal) préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et Johanna Seban
Réalisation : Emmanuel Baux
Musique : Gotan Project
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Le photographe âgé de 76 ans, dont le travail est exposé jusqu'au 14 juillet au Palais Galliera, à Paris, nous reçoit dans son studio au sein d'un immeuble moderne du 14e arrondissement, à deux pas de la porte d'Orléans.
Paolo Roversi évoque son enfance heureuse à Ravenne en Italie auprès d'un père médecin et d'une mère au foyer qui lui transmet le goût de la beauté. Très jeune, il s'intéresse au football puis à la poésie, de Pétrarque à Montale, se passionne pour Pasolini, Antonioni et les écrivains de la Beat Generation. Après avoir monté son studio, il se met à la photo de mode sous l'influence d'Helmut Newton ou Guy Bourdin. Il parle de son rapport poétique aux images et à la réalité et de l'importance d'avoir une émotion au moment du déclic. Et des artistes et modèles qui l'ont inspiré.
Il revient ainsi sur son enthousiasme pour Verdi, Johnny Cash, Rothko et récemment l'exposition Vermeer à Amsterdam : « C’était sublimissime ! Ses tableaux sont assez photographiques finalement, avec cette recherche de la lumière qui rentre par la fenêtre et ses poses, comme des petits instantanés. Les voir les uns après les autres comme cela, c’était incroyable. C’est comme s'il m’avait suggéré certaines photos. Je me suis dit : “Voilà pourquoi j'ai fait cette photo-là”. »
Depuis cinq saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal) préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et Johanna Seban
Réalisation : Emmanuel Baux
Musique : Gotan Project
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Le chanteur âgé de 75 ans qui sort ce mois-ci son dernier album « L'Impermanence », nous reçoit chez lui, dans la campagne normande, non loin de Deauville.
Alain Chamfort évoque son enfance à Clichy puis à Enghien-les-Bains auprès d'un père travailleur autodidacte et d'une mère qui s'est beaucoup occupée de ses enfants. Il commence à jouer au piano dès 4 ans et s'intéresse aux mélodies et aux orchestrations plus qu'aux textes. Adolescent, il a un choc en écoutant « What I'd Say » de Ray Charles puis en découvrant James Brown. Il tourne avec Jacques Dutronc puis travaille aux côtés de Claude François et de Serge Gainsbourg avec qui il compose « Manureva ». Sa musique s'accorde progressivement avec ce qu'il est dans la vie. Jusqu'à son dernier album, « L'Impermanence », inspiré de la philosophie bouddhiste, et de la nécessité d'accompagner un monde toujours en mouvement.
Il revient aussi longuement sur son admiration pour Yves Saint Laurent : « C’est quelqu’un à qui je me suis intéressé en lui consacrant un disque. J’ai lu des biographies et j’ai constaté l’importance de ce qu’il a donné. Indépendamment d’avoir une vie romanesque et créative, il a eu un impact fort sur l’évolution des mentalités. Il a ouvert des portes pour la société. Et il avait du goût pour renouveler ses collections. »
Depuis cinq saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
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Le romancier, âgé de 45 ans, qui vient de sortir « Le Ciel Ouvert », une collection de textes initialement postés sur son compte Instagram, nous reçoit chez lui à Nancy.
Nicolas Mathieu évoque son enfance à Golbey dans les Vosges auprès d'un père électromécanicien passionné de sport et d'une mère comptable qui aimait la lecture, le temps privilégié des vacances d'été. Très jeune, il se passionne pour Sherlock Holmes et les films d'action des années 1980 ou James Bond. Adolescent, il lit Oscar Wilde, Sartre et Céline et s'identifie à la figure de l'écrivain. Pour ses études d'histoire de l'art, il gagne Paris et se plie aux codes de la capitale. Il aborde le changement de statut lié à son prix Goncourt et la légitimité accordée à sa parole, sa volonté de défendre des formes populaires. Il parle de sa mélancolie du temps qui passe et des moments de joie, de son admiration pour Giono, Colette, Miley Cyrus, Benjamin Biolay ou Juliette Armanet.
Il revient aussi longuement sur son amour de la série de cette « Les Soprano » : « C’est structurant dans ma vie. Je l'ai vue deux fois, y a 80 épisodes, ça prend du temps dans une vie. Il y a un premier niveau : la jouissance du genre. C’est une histoire de mafieux, un polar. Ça accroche tout le monde. Il y a du récit. Derrière ça, il y a la peinture d’une société et du fonctionnement familial. Les structures. Puis, il y a une troisième couche, la plus planquée et la plus grande : c’est une réflexion presque métaphysique sur notre condition. Et, ça, c’est vertigineux. »
Depuis cinq saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
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