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Après la décision lundi 16 décembre du chancelier Olaf Scholz d’affronter un vote de défiance au Bundestag, le Parlement allemand, il chamboule la situation politique de l'Allemagne. Il provoque la chute de son gouvernement, la dissolution du Bundestag et la convocation d’élections générales anticipées le 23 février prochain. Doit-on s’attendre à un changement de cap en Allemagne ?
À en croire les enquêtes d’opinion actuelles, la situation politique enAllemagne pourrait probablement changer. Selon ces sondages, c’est la CDU, le parti chrétien démocrate dirigé aujourd’hui par Friedrich Merz qui fait la course en tête, crédité de 30 à 32 % des voix. Loin devant le SPD, les sociaux-démocrates du chancelier sortant Olaf Scholz, qui obtiendraient environ 15 % des voix. La formation d’extrême droite AfD est annoncée avec un score autour des 20 %. On assiste donc à la fin de la coalition SPD / Verts / Libéraux menée par Olaf Scholz, et la victoire semble à ce stade en vue pour Friedrich Merz.
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Un dirigeant qui revient de loin ?Le parcours et l’histoire de Friedrich Merz sont assez incroyables. Élu dès 1994 au Bundestag, il a vite vu son ascension stoppée par une certaine Angela Merkel, qui lui ravit en 2002 la présidence du groupe parlementaire de la CDU. Il se fait discret jusqu’en 2009, date à laquelle il quitte la politique pour redevenir avocat d’affaires. Ce n’est qu’en 2018 qu’il revient dans le jeu, quand Madame Merkel annonce son retrait qui prend date en 2021. Friedrich Merz est donc débarrassé du fantôme de sa plus tenace adversaire et prend les rênes de son parti. À 69 ans, il pense que son heure est enfin arrivée.
Un programme libéral en économie et conservateur sur les questions sociétalesFriedrich Merz accuse Olaf Scholz d’avoir raté sa chance au cours des trois dernières années et entend appliquer, s’il est élu, un programme libéral très orthodoxe. Respect du « frein à la dette », inscrit dans la Constitution, baisses d’impôts, allègement des droits de succession... Il veut aussi mettre fin au programme de remplacement des chaudières au gaz ou au fioul, entamé par l’actuel gouvernement pour lutter contre le réchauffement climatique, et qui fait l’objet d’un débat passionné outre-Rhin. Un programme à l’opposé de celui de son adversaire Scholz, alors que l’Allemagne traverse une vraie crise économique et risque d’être en récession pour la deuxième année consécutive, avec son secteur à l’exportation en difficulté notamment dans le secteur de l’industrie automobile, on pense notamment à Volkswagen. Conservateur sur les questions de société, il veut par exemple abolir la loi sur la légalisation du cannabis, adoptée par la majorité sortante.
Olaf Scholz, un candidat combatifLe chancelier reste combatif et a été désigné comme le candidat du SPD. Il part certes avec un lourd handicap, mais cela ne lui fait pas peur. En 2021, déjà, on le donnait perdant, et il avait remporté le scrutin. La grande question sera celle de la coalition. Nous n’y sommes pas encore. Le choix que feront les Allemands, un mois après l’investiture de Donald Trump, en pleine guerre en Ukraine, aura bien sûr des conséquences importantes pour l’Europe et notamment la France.
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Après la chute de Bachar el-Assad en Syrie dimanche 8 décembre, la situation est très incertaine dans le pays. Et une question préoccupe : celle du rapport de force entre les forces Kurdes et les rebelles pro-turcs.
Il faut d’abord rappeler que les Kurdes contrôlent environ un tiers du territoire syrien au nord-est du pays. Dans cette région riche en ressources pétrolières, les FDS (Forces démocratiques syriennes), c'est-à-dire les forces kurdes pour faire simple, ont instauré un gouvernement en totale autonomie par rapport au pouvoir central.
Dans cette zone, ils ont établi une administration qui garantit la liberté religieuse, qui garantit les droits des femmes et qui gère aussi la détention de milliers de détenus jihadistes, en grande partie issus de l’organisation État islamique. C’est une des raisons essentielles pour laquelle les Kurdes sont alliés des Occidentaux, en particulier des Américains, présents dans cette zone, et du coup protégés par eux.
Les Kurdes ont des alliés, mais ils ont aussi un ennemi de taille, la TurquiePour Ankara, les Kurdes de Syrie sont des soutiens indéfectibles des Kurdes de Turquie, notamment du PKK, l’organisation considérée comme terroriste par Ankara qui estime qu’elle représente une menace existentielle sur l’unité de la Turquie. C’est pourquoi Ankara soutient, finance et équipe des forces pro-turques en Syrie, l’ANS, l’Armée nationale syrienne. L’ANS détient une partie du nord de la Syrie.
L’objectif du président Erdogan, qui n’est pas nouveau, est de tout faire pour que l’ANS contrôle les 930 km de frontière commune entre la Turquie et la Syrie, pour couper en deux l’alliance entre Kurdes de Turquie et de Syrie. Un objectif qui pourrait pousser le dirigeant turc à profiter de la nouvelle situation en Turquie pour mettre fin à l’autonomie kurde en Syrie.
À écouter Syrie : « La région kurde est très largement menacée par la Turquie »
Les Européens et les Américains inquietsLe secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est rendu à Ankara pour convaincre Recep Tayyip Erdogan de limiter ses actions en Syrie. Les États-Unis tentent de jouer les médiateurs pour obtenir un cessez-le-feu entre forces kurdes et pro-turques dans le nord du pays. Les affrontements entre les deux parties ont déjà fait plus de 200 morts autour de la localité de Manbij, tombée aux mains des rebelles pro-turcs, qui ont aussi pris le contrôle de la ville de Deir Ezzor.
Les Occidentaux redoutent qu’Erdogan, en position de force, veuille pousser son avantage pour s’emparer de villes kurdes qui sont des symboles de la lutte contre l’organisation État islamique, comme Kobané, au nord-est de la Syrie.
La grande crainte, c’est donc qu’Erdogan démantèle totalement l’ensemble de l’administration autonome kurde en Syrie. Et qu’il les remplace par le Conseil national kurde, une instance kurde syrienne proche du parti du Kurdistan d’Irak (PDK) qui entretient de bonnes relations avec Ankara. Des plans qui pourraient compromettre dangereusement une transition pacifique en Syrie.
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Episodes manquant?
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La motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier a placé la France dans une période politique d'une rare incertitude. Et cette instabilité politique n'épargne pas l'image du président de la République sur la scène internationale.
On peut sans doute parler d’une forme de dépit envers Emmanuel Macron, déjà présent et qui est fortement accentué par l’actuelle crise politique en France. Un dépit, à l’aune de ce qu’il a longtemps incarné à l’étranger, depuis sa première élection en 2017 : un président jeune, dynamique, capable de transformer et de moderniser la France et désireux de relancer l’Europe. Il incarnait aussi beaucoup d’espoirs et avait, dans un premier temps, revitalisée l'image de la France sur la scène internationale.
Mais avec le temps et les différentes crises qui se sont succédé, la pratique macronienne et le comportement personnel du président ont quelque peu désarçonné certains de ses interlocuteurs en Europe et ailleurs. Mais on saluait aussi le volontarisme et la volonté de faire du chef de l’État.
Une situation qui fragilise le président et le paysLa France reste, malgré tout, une puissance qui compte sur la scène internationale et notamment en Europe. Et une France fragilisée en interne, politiquement et économiquement, a des conséquences, en particulier au sein de la zone euro. Et en Europe plus largement, avec une Allemagne en proie, elle aussi, à une incertitude politique avec des élections convoquées en février prochain, un « moteur » franco-allemand qui tousse, ce qui n’est jamais bon.
Plus généralement, ce qui inquiète à l’étranger, c’est que jusqu’ici la France était considérée, grâce aux institutions de la Ve République, comme un pays stable. C’est ce statut qui s’est sérieusement effrité depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier et tout ce qui a suivi. Cela donne la sensation d’un pays hésitant et profondément divisé avec un président à mi-chemin entre orgueil et déni de la réalité de la situation.
Certains sont tentés d’en profiter. On peut penser à la Russie ou aux États-Unis qui, pour des raisons différentes, ne sont pas mécontents de voir les deux principales puissances du Vieux Continent en proie aux difficultés.
Et les problèmes peuvent aussi venir d’alliés présumés. C’est ainsi qu'Ursula Von der Leyen s’est rendue en Uruguay au sommet du Mercosur. Pour annoncer que la signature finale de l’Union européenne sur ce traité, refusé en l’état par la France, est proche.
Seule consolation pour Emmanuel Macron : il a, sur ce dossier au moins, le soutien de l’ensemble de la classe politique française. Ce n’est pas la fin de l’histoire, puisque même une signature d'Ursula Von der Leyen ne suffit pas pour que le traité soit appliqué. Mais le combat de la France pour rallier d’autres pays à sa position et dégager une minorité de blocage sur ce dossier s’annonce encore plus compliqué, même si la Pologne, l’Italie et l’Autriche sont proches des positions françaises. Comme l’a dit Michel Barnier devant les députés : pour la France, et donc pour Emmanuel Macron, tout sera désormais plus difficile.
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Entre la Russie de Vladimir Poutine, l’Ukraine et ses alliés occidentaux, les tensions montent. Doit-on craindre un embrasement en Ukraine dans les semaines à venir ?
Deux facteurs rendent la situation actuelle particulièrement volatile. D’abord, on est presque à trois ans de guerre et il y a une forme de fatigue de part et d’autre. Côté russe, même si la dynamique est favorable depuis le printemps, elle n’est pas non plus décisive. Certes, les avancées se font plus franches sur le front Est — mais rien de déterminant. Car, à bien y réfléchir, obtenir des gains de 15 km2 chaque jour, ce n’est pas suffisant pour effectuer une percée significative vers une occupation à grande échelle de l’Ukraine. En ce sens, rapporté aux objectifs initiaux fixés par Vladimir Poutine en 2022, on est très loin du compte et très proche d’une forme d’échec.
Côté ukrainien, malgré la prise d’une enclave en territoire russe, on reste dans une position fragile sur le front Est. Kiev, outre un vrai problème de renouvellement des effectifs, reste par ailleurs trop dépendante des armes occidentales et de leur utilisation la plus efficace contre l’ennemi.
Le changement de locataire à la Maison Blanche, un autre facteur d'incertitudeL'élection de Donald Trump aux États-Unis explique la sensation de crispation de part et d’autre ces derniers jours. Chacun cherche à consolider, voire à améliorer, ses positions pour être dans la meilleure ou la moins mauvaise situation quand Donald Trump reviendra au pouvoir.
D’où la décision de l’administration Biden d’autoriser les tirs à longue portée en territoire russe avec les missiles ATACMS et la fourniture controversée de mines antipersonnel à l’Ukraine.
En réponse, Moscou met une pression maximale sur l'Ukraine avec des bombardements sur les villes et le tir du missile Orechnik, un missile balistique à portée intermédiaire, pouvant transporter des ogives nucléaires. Le message est à destination des Ukrainiens, mais aussi des Occidentaux. Ce missile, d’une portée de 3 000 à 5 500 km, pourrait en effet atteindre le territoire de la côte ouest des États-Unis et la quasi-totalité de l’Europe.
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Donald Trump laisse planer le flou sur ses intentionsIl s'agit sans doute d'une stratégie délibérée. Durant sa campagne, il avait expliqué qu'il réglerait le conflit en Ukraine en 24 heures et, si possible, avant son investiture fin janvier. Et depuis, c'est le silence radio sur cette question.
En plein brouillard trumpien, Russes et Ukrainiens font monter la pression. Chacun cherche à contrôler le niveau d’escalade néanmoins. Il n’en reste pas moins que la période qui nous mène au 20 janvier s'annonce périlleuse.
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Au sein des États démocratiques, un défi est de plus en plus prégnant : le difficile équilibre à trouver entre réductions des déficits et investissements nécessaires à la modernisation de l’économie, avec l’impératif de la transition écologique. Et une question se pose : cette exigence contradictoire peut-elle menacer le fonctionnement des démocraties ?
Les démocraties occidentales sont fragilisées par une forme de désaffection civique et par la concurrence féroce de modèles alternatifs, en particulier les modèles autoritaires russes et chinois. Mais le débat politico-économique autour du bon niveau de dépenses publiques prend de l’ampleur. On le voit notamment, sur des modalités différentes, dans des pays comme la France, l'Allemagne ou les États-Unis.
Le niveau d’endettement pèse lourd dans le débat public. En France, le gouvernement de Michel Barnier tire la sonnette d’alarme. Avec un taux à 110 % du PIB, la dette représente à terme un danger sur l’équilibre financier du pays. En particulier à cause des taux d’intérêt de cette dette, qui représentent le 2ᵉ poste de dépenses ! Ce taux est également élevé aux États-Unis, où l’endettement équivaut à 122 % du PIB, mais les États-Unis, notamment avec le dollar, ont les reins plus solides auprès de leurs créanciers.
Une situation différente en AllemagneEn Allemagne, la dette ne dépasse pas les 60 % du PIB. Dans ce pays traumatisé par la catastrophe financière de la République de Weimar, qui a conduit à amener les nazis au pouvoir, ce « frein à l’endettement » est de plus en plus critiqué par certains partis, défendu mordicus par d’autres.
Les premiers expliquent qu’il faut desserrer ce frein qui bloque le développement de l’économie, les seconds insistent sur la nécessité de rester rigoureux. Ces tensions ont provoqué l’éclatement de la coalition gouvernementale du chancelier Scholz — avec, à la clé, de nouvelles élections en février prochain.
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Le débat sur la dette est concomitant à celui sur le déficit budgétaireLa dette sert en partie à combler les déficits budgétaires qui ne cessent de se creuser en France et aux États-Unis, deux pays qui en sont à 6 % de déficit budgétaire. En France, le gouvernement cherche désespérément à faire 60 milliards d’économies, avec des débats homériques à l’Assemblée nationale entre réductions des dépenses et nouvelles taxes.
Aux États-Unis, Donald Trump a chargé Elon Musk de couper les dépenses publiques d’un tiers — cela représente pas moins de 2 000 milliards de dollars.
En Allemagne enfin, le débat est presque à l’opposé. Comme sur la dette, des voix de plus en plus nombreuses demandent à sortir de la règle des 0,35 % de PIB maximum pour le déficit, qui empêche les dépenses d’investissement dans l’avenir et la sécurité du pays.
Dans ces trois pays, il faut arbitrer plus que jamais entre les dépenses courantes (pour combler le déficit et financer la protection sociale) et les dépenses d’investissement pour la modernisation de l’économie et la transition écologique — qui peuvent justifier de recourir à l’emprunt. Et ces débats, qui peuvent paraître techniques, sont en fait extrêmement politiques. Car c’est sur ce terrain aussi que va se jouer l’avenir des systèmes démocratiques.
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Donald Trump va faire son retour à la Maison Blanche après sa victoire à l'élection présidentielle américaine, face à la candidate démocrate Kamala Harris, le 5 novembre. Avec cette élection qui met le Vieux Continent au pied du mur, les Européens parviendront-ils à rester unis face au nouveau locataire du bureau ovale ?
La première difficulté, ce sont les divisions idéologiques entre les Européens. Il y a les partisans d'une Europe fortement dépendante des États-Unis, notamment sur le plan militaire – on peut citer des pays comme la Hongrie ou encore la Pologne –, et ceux qui pensent que l'Europe doit prendre des mesures pour se débrouiller seule, en matière politique, diplomatique, économique et militaire. C'est bien sûr le point de vue du président français Emmanuel Macron, qui insiste sur la nécessité pour l'Europe de sortir d'une forme de naïveté. Faute de quoi, les Européens seraient réduits, selon la métaphore élyséenne, à devenir des « herbivores attaqués par des carnivores ».
La deuxième difficulté, ce sont les deux poids lourds de l'Union européenne (UE). La France et l'Allemagne sont actuellement affaiblies, économiquement et politiquement. Le chancelier Olaf Scholz était même absent de la réunion de la Communauté politique européenne (CPE), après l'éclatement de sa coalition à Berlin survenue au pire moment.
Une réduction de l'aide américaine à l'Ukraine redoutéeCes divisions doivent d'abord être surmontées sur le dossier ukrainien, car la crainte des Européens – et de Kiev bien sûr – est double : avec Donald Trump de retour à la Maison Blanche, on peut s'attendre à une réduction plus ou moins forte de l'aide américaine à l'Ukraine et, parallèlement, au lancement de négociations pour mettre un terme à la guerre, avec Washington, Moscou et Kiev. C'est du moins ce que souhaite le futur président américain. Et les Européens, là-dedans ?
Volodymyr Zelensky, qui était à Budapest jeudi 7 novembre, les a implorés de ne pas céder aux pressions des États-Unis, ou pire encore, de la Russie, notamment sur deux points essentiels : le refus d'une renonciation à l'intégrité territoriale de l'Ukraine et le refus de l'abandon de l'adhésion à terme de Kiev à l'Otan. Pour l'instant, pas de réponse unanime de l'Europe. Le tout sur fond d'inquiétudes concernant les demandes de Trump sur les contributions financières des européens à l'Otan.
Risque de guerre commerciale avec l'EuropeDonald Trump ne s'en cache pas : durant la campagne, le candidat républicain réélu a dit très clairement qu'il voulait taxer les produits européens exportés aux États-Unis, de 10 à 20% selon les cas. Pour lui, économiquement, l'Europe – qu'il n'a pas hésité à qualifier de « mini-Chine » – est un concurrent qu'il faut dominer, sinon laminer. Les flux commerciaux entre les États-Unis et l'UE sont très importants mais se font au détriment des Américains, avec plus de 300 milliards de dollars de déficit. C'est cela que le nouveau président veut corriger, d'abord en imposant aussi des droits de douane, mais aussi et surtout en musclant son appareil productif et ses investissements dans l'avenir, l'innovation numérique, la transition écologique... Là encore, comment l'Europe peut-elle réagir ?
Pour cela, les Européens vont-ils vraiment adopter le plan Draghi, qui estime que l'Europe doit débloquer 600 à 8 000 milliards de dollars pour rattraper son retard par rapport aux États-Unis. Cette question est aussi importante que l'autonomie stratégique du Vieux Continent. Reste maintenant à passer aux actes, et pas en ordre dispersé. C'est là que tout se complique.
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La Moldavie et la Géorgie, ce sont deux ex-républiques soviétiques, dans lesquelles vont se dérouler des élections ces prochaines semaines. Et la question qui se pose est la suivante : la Moldavie et la Géorgie sont-elles à la croisée des chemins, comme prises en étau entre Moscou et Bruxelles ?
Ce samedi 26 octobre, des élections législatives se tiennent en Géorgie, et le week-end suivant, la Moldavie se rendra aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle qui s’annonce serrée entre la présidente sortante pro-européenne et des partis d’opposition pro-russes. La Moldavie vient de voter de justesse lors d’un référendum pour une adhésion à l’UE.
Ainsi, ces deux ex-républiques soviétiques sont traversées en leur sein par des tensions de plus en plus fortes entre les partisans d’un rapprochement avec la Russie et ceux qui rêvent d’une adhésion à l’Union européenne. En ce sens, elles jouent avec ces scrutins leur orientation géopolitique
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En Géorgie, l’enjeu des élections de ce samedi est décisif. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, adopte un ton de plus en plus proche de celui du Kremlin. Pourtant, dans les sondages, 80% des Géorgiens se prononcent pour un rapprochement avec l'Europe.
En trois ans, le gouvernement géorgien a opéré un tournant pro-Kremlin, marqué notamment par l’adoption de la loi sur les agents de l’étranger, un copié-collé de celle adoptée par Moscou quelques années auparavant. Une loi très controversée et qui a crispé les relations avec l’Union européenne. Sans compter le rôle de l’oligarque Ivanichvili, qui a été au cœur du pouvoir, et qui pèse pour un tiers du PIB du pays. Une immense richesse qui lui permet de corrompre les travailleurs pauvres ou certaines entreprises - en distribuant de l’argent contre un vote adéquat.
Un combat de valeurs sur fond de concurrence géopolitique entre Moscou et l’OccidentLa Géorgie comme la Moldavie sont prises en otage, en quelque sorte, et doivent se déterminer. Ce samedi 26 octobre, si le Rêve géorgien remporte le scrutin législatif, les négociations avec Bruxelles seront gelées. Alors certes, ce parti ne peut pas dire ouvertement qu’il est contre l’Europe, mais il fait tout pour se rapprocher de Moscou.
En Moldavie, le référendum sur l’adhésion à l’UE est passé de justesse avec 50,4 % des voix. Et le second tour de la présidentielle s’annonce serré dans neuf jours pour la présidente sortante pro-européenne. Il faut dire que ce pays, à la différence de la Géorgie, est bien plus divisé entre pro-russes et pro-européens.
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La stratégie de Moscou : récupérer son glacisMoscou cherche à éviter que les ex-républiques soviétiques ne tombent dans l’escarcelle occidentale. On sait, avec l’exemple terriblement parlant de l’Ukraine, que c’est l’obsession de Vladimir Poutine.
En ligne de mire du dirigeant russe, il y a d’abord l’Ukraine donc, mais ensuite, on trouve justement la Géorgie et la Moldavie. Pour Poutine, le fait que ces deux pays pourraient rejoindre le camp occidental, attirés par la liberté, la démocratie, mais aussi, il faut le dire, par une promesse de prospérité, ce fait est tout simplement inacceptable. Mais, au-delà de la propagande russe, il joue aussi sur les places fortes russes dans ces deux pays : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en Géorgie, la Transnistrie pour la Moldavie. Des territoires autonomes auto-proclamés aux mains des Russes et qui sont une menace permanente. En particulier en Moldavie, un pays qui n’a pas d’armée, alors que 2 000 soldats russes sont basés en Transnistrie.
Pour toutes ces raisons, il faut suivre de très près le résultat des élections ce samedi 26 octobre en Géorgie et, le 3 novembre, du 2ᵉ tour de l’élection présidentielle en Moldavie.
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Jeudi 17 octobre, Israël a annoncé avoir tué le chef politique et militaire du Hamas, Yahya Sinwar — de manière fortuite. Une victoire incontestable pour Benyamin Netanyahu.
La mort de Yahya Sinwar, l’architecte des attaques du 7 octobre 2023, était l’un des objectifs essentiels de l’opération de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Une victoire militaire donc, mais pour aller où ? Le premier commentaire du dirigeant israélien est plutôt ambigu : c’est « le début de la fin », a-t-il déclaré jeudi 17 octobre au soir. Ce que l’on peut comprendre, c’est que c’est pour lui une étape importante, mais pas l’étape ultime. Et cela pose un certain nombre de questions.
Le sort des otages israéliens toujours détenus à Gaza est le dossier le plus immédiat pour le Premier ministre israélien. Les familles d’otages se sont félicitées de l’élimination de Yahya Sinwar, mais demandent un accord rapide sur la libération des quelque 101 otages toujours détenus — du moins celles et ceux qui sont encore en vie.
Benyamin Netanyahu, lui, ne parle pas vraiment d’accord : il demande à ce qui reste du Hamas de déposer les armes et de relâcher les otages, ce qui selon lui pourrait alors mettre fin au conflit à Gaza, puisque les deux buts de guerre assignés à l’armée israélienne seraient alors accomplis, à savoir la destruction du Hamas et la libération des otages. Mais il n’entend pas négocier.
Et on ne sait pas ce que vont faire les combattants du Hamas : déposer les armes ou lutter jusqu’au bout dans un élan désespéré ?
Quel avenir pour la bande de Gaza ?Là aussi, le Premier ministre israélien reste dans le flou. Dans l’hypothèse d’une défaite du Hamas, le conflit s’arrête, l’armée israélienne se retire, et ensuite ? Quid du statut de l’enclave palestinienne ? Qui va administrer le territoire ? Reconstruire ? Netanyahu se contente de dire que la bande de Gaza doit être délivrée des groupes terroristes et démilitarisée. Sans aller plus loin.
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Les autres fronts ouverts par le gouvernement de Netanyahu contre le Hezbollah et contre l’IranL’impression qui domine, c’est que l’apaisement n’est pas à l’ordre du jour, que les bombardements contre le Hezbollah au Liban vont se poursuivre, et que la frappe de riposte contre Téhéran aura bien lieu — très certainement avant l’élection présidentielle américaine dans un peu plus de deux semaines. Un événement qui explique en partie cet attentisme du Premier ministre israélien — qui espère secrètement une victoire de Donald Trump.
Pour résumer, cette victoire militaire ne signifie en rien que Benyamin Netanyahu veuille passer à l’étape suivante : un règlement politique et diplomatique des conflits en cours — on peut même sérieusement se demander s’il le veut vraiment.
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D’abord Hélène, puis Milton, les États-Unis sont frappés par une saison d’ouragans d’une intensité exceptionnelle. Donald Trump et ses partisans, en pleine campagne électorale, en ont profité pour attaquer les démocrates, Joe Biden et Kamala Harris en diffusant de fausses informations. Comment expliquer qu'un tel événement soit récupéré à ce point politiquement par l’ancien président ?
Cela s’explique en grande partie bien sûr par l’approche de l’élection présidentielle du 5 novembre. Tout en précisant que dans une démocratie, lorsque survient ce genre de catastrophe naturelle, il est normal et naturel d’observer comment réagissent les services concernés et les responsables politiques, puisqu’il s’agit de porter secours à des dizaines de milliers de citoyens le plus efficacement possible.
Mais ce phénomène est accentué aux États-Unis pour plusieurs raisons. D’abord, Milton a été le deuxième ouragan en deux semaines à s’abattre sur le pays après l’ouragan Hélène qui a fait plus de 200 morts. Ensuite, nous sommes donc à un peu plus de trois semaines de l’élection présidentielle. Et les résultats s’annoncent très serrés dans les états clés, notamment en Géorgie et en Caroline du Nord, touchés par l’ouragan Hélène.
Enfin, il y a le rôle des médias sociaux, et leur utilisation par Trump et ses partisans. Les trumpistes ont justement fait s’abattre sur le pays un tsunami de désinformation à propos de ces ouragans. Mais personne ne s’en étonne, car malheureusement, c'est une stratégie délibérée, quitte à raconter n’importe quoi. Il a par exemple été question de complot ourdi en secret pour accaparer les terres des victimes, ou encore de rumeurs, propagées par Donald Trump lui-même, en affirmant que l'argent des secours aurait été détourné par l'administration Biden pour aider les « immigrés clandestins ».
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Impact sur les secours aux sinistrésLe candidat républicain a aussi suggéré que les démocrates faisaient tout pour empêcher l’aide d’arriver dans les comtés qui votent traditionnellement républicain. Last but not least, le gouvernement aurait lui-même orchestré les catastrophes naturelles qui ont frappé la côte est des États-Unis, selon l’élue républicaine Marjorie Taylor Greene.
Il est encore trop tôt pour affirmer que ces outrances peuvent avoir un impact majeur sur l'élection du 5 novembre. Il faut attendre les premiers sondages post-ouragans.
Mais les démocrates ont bien vu le danger. Des moyens de secours énormes ont été mobilisés pour venir en aide aux populations. Le président Biden et la candidate démocrate, ainsi que de nombreux sénateurs républicains ont appelé à cesser la propagation de désinformation, dont l'ampleur complique l'aide aux sinistrés qui hésitent même à la demander. Le président a annulé un déplacement en Allemagne ce samedi. Car lui et Kamala Harris savent que dans les prochains jours, ils n’ont pas le droit à l’erreur sur ce dossier.
Et puis, le 5 novembre, on verra si les fake news du camp républicain auront influencé certains électeurs ou électrices.
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En Ukraine, où le conflit est éclipsé depuis 15 jours par les affrontements au Proche-Orient, la situation reste très difficile pour l’armée ukrainienne, notamment sur le front est. Et la question que l’on se pose : les Ukrainiens vont-ils tenir le coup pendant l’automne et l’hiver qui s'annoncent rudes ?
Pour les Ukrainiens, les semaines à venir s’annoncent en effet difficiles. Pour l’armée de Kiev, les problèmes restent les mêmes : difficulté à renouveler les effectifs après deux ans et demi de guerre, trop peu de batteries anti-aériennes, trop peu d’avions, même si les premiers F 16 sont arrivés. Malgré l’incursion ukrainienne en territoire russe, dans la région de Koursk, qui tient pour l’instant avec l’occupation de 1 000 km2, l’armée de Kiev est plus que jamais sur la défensive sur le front est de l’Ukraine. Et les Russes gagnent du terrain. Ils viennent de s’emparer de la localité de Vougledar, important nœud stratégique entre leurs conquêtes au sud et à l’est de l’Ukraine. Et ils comptent bien en faire autant de Pokrovsk, cette ville qui est aussi importante en termes de voies ferroviaires et de routes, et qui produit également une bonne partie de l’acier ukrainien.
Parallèlement, les deux pays se livrent à une véritable guerre de drones, avec des échanges qui s’intensifient en ce moment. Les Ukrainiens ciblent des sites militaires et des bases russes en territoire ennemi. Les Russes de leur côté viennent d’envoyer une salve de drones sur quinze régions d’Ukraine. La stratégie, macabre, est toujours la même : à l’orée de l’automne, ils visent les centrales électriques pour placer la population dans une situation extrême pour le chauffage alors que les températures vont bientôt dégringoler. Il s’agit de forcer le gouvernement de Kiev à négocier une paix aux conditions de Moscou, ce qui est totalement rejeté par le gouvernement ukrainien.
L'Ukraine réclame plus de soutien de ses alliésPourtant, Volodymyr Zelensky reste sur une posture offensive et déterminée. Il continue de réclamer plus de solidarité de la part de ses alliés occidentaux. Et il présente deux demandes récurrentes. Il veut d’abord convaincre ses alliés occidentaux d’abattre les missiles et drones russes qui visent son pays, malgré leurs réticences actuelles. Ensuite, le président ukrainien appelle les alliés à autoriser des frappes en profondeur sur le territoire russe avec les armes fournies par les Occidentaux, leur reprochant de « retarder » leur décision.
Et, en se projetant vers l’avenir, il plaide encore et toujours pour une adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Et il a sur ce dossier un allié de poids, le nouveau secrétaire général de l’Otan Mark Rutte. Ce dernier a effectué très symboliquement une visite à Kiev cette semaine, deux jours seulement après sa prise de fonctions. Mark Rutte a réaffirmé le soutien occidental à l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle « l’emporte » sur la Russie. En dépit, là encore, des réticences de certains pays membres de l’Otan, à commencer par les États-Unis et l’Allemagne. On le voit, en ces temps difficiles, l’union entre Kiev et ses alliés est aussi un combat.
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Retour sur l'offensive massive déclenchée par l’armée et les services israéliens contre le Hezbollah, avec ces explosions meurtrières et les bombardements de sites de lancements de roquettes, une opération qui s’est faite sans implication américaine, a fait savoir le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Face aux initiatives du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, peut-on parler d’un embarras, voire d’une impuissance de l’administration Biden?
Du côté de Washington, on ne cache plus l'embarras et parfois l'exaspération face à cet allié encombrant qu'est devenu l'État d'Israël. Mais peut-on parler impuissance ? C'est plus complexe à affirmer. Depuis les évènements tragiques du 7 octobre dernier, et la riposte massive de l'État hébreu dans la bande de Gaza, les États-Unis sont passés d’un soutien indéfectible au droit à l’existence de l´État israélien, et donc à son droit de se défendre, à une attitude plus pressante sur la proportionalité de la riposte à Gaza. Et puis, au fil des semaines, à une crispation face à ce qui est considéré comme l’intransigeance du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
La tension entre les deux alliés porte notamment sur l’accord de cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. Un échec qui, pour Washington, est dû à la mauvaise volonté évidente du Premier ministre israélien. Ce dernier envoie ses émissaires au Caire tout en torpillant régulièrement les efforts enregistrés péniblement par des déclarations fracassantes sur les exigences délirantes, selon lui, du Hamas - lequel joue de son côté une carte similaire.
Un accord important du point de vue de la politique intérieure américaineÀ six semaines de l'élection présidentielle, un tel accord serait important pour des raisons de politique intérieure et permettrait au camp démocrate de répondre à la colère d'une partie de son électorat. Les jeunes et la communauté arabo-américaine, notamment, ne comprennent pas le soutien, aveugle selon eux, au gouvernement israélien.
Il offrirait le visage d’une administration à l’approche plus équilibrée du dossier israélo-palestinien. Tout en ne remettant pas en cause le soutien à Israël, pour ne pas froisser les partisans de cette solidarité historique dans ce même électorat. Pas question notamment de suspendre l’aide militaire à Israël. On le voit, l’équation est déjà délicate sur le principe. Autant dire que l’attitude de Benyamin Netanyahu complique sérieusement les calculs du camp démocrate à l’approche du scrutin de novembre.
Les États-Unis mis sur le fait accompliLes Américains étaient-ils au courant de la préparation de l'opération consistant à infiltrer les outils de communication des agents du Hezbollah pour y dissimuler des charges explosives ? Difficile à dire.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui était en déplacement au Caire, en train de négocier encore et encore le fameux accord de cessez-le-feu, a expliqué que les États-Unis n’étaient « pas impliqués » dans les explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah. Étaient-ils au courant ? Pas de commentaires à ce sujet à la Maison-Blanche, même si on a appris que le secrétaire d'État américain à la défense Lloyd Austin s’était entretenu quatre fois avec son homologue israélien Yoav Gallant avant et après les explosions.
Quoi qu’il en soit, le constat est sévère : l’influence américaine sur Israël semble plus limitée que jamais. Et Benyamin Netanyahu, qui espère certainement une victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre, sait qu’en attendant, il peut continuer à faire ce qu’il veut – ou presque.
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La mort de six otages dans la bande de Gaza, enlevés le 7 octobre 2023, par le Hamas a relancé la contestation contre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et son gouvernement. Ils sont accusés de privilégier la guerre au détriment du sort des otages, mais aussi la tension à la frontière libanaise et en Cisjordanie. Y a-t-il un risque réel de détérioration d’extension dans cette région du monde ?
Le risque est bien réel, essentiellement à cause des stratégies poursuivies par les principaux acteurs, notamment le Hamas d'un côté et le gouvernement israélien de l'autre. Des stratégies de confrontation dont les otages israéliens détenus à Gaza font malheureusement les frais. Impossible du coup d'aboutir à un accord entre les deux parties, à la fois sur les contours d'une trêve et sur les conditions d'une libération des otages.
Chacun accuse l'autre de tout faire pour que cet accord, négocié depuis des semaines sous l'égide de l'Égypte, du Qatar et des États-Unis, n'aboutisse pas. La diplomatie américaine met la pression maximale, mais sans résultat pour l'instant.
Du côté du HamasLes dirigeants du Hamas à Gaza restent sur leurs positions. Ils demandent toujours la fin des combats et le retrait de l'armée israélienne de Gaza. Ce qui est inacceptable pour le Premier ministre israélien dans les conditions actuelles, puisque selon lui, le travail d'éradication du Hamas n'est pas terminé. De même que l'exigence de superviser militairement le fonctionnement de l'enclave palestinienne à l'issue de la guerre ou de contrôler le corridor de Philadelphie entre Gaza et l'Égypte n'est pas recevable pour le Hamas – ni non plus pour l'Égypte. On tourne en rond, essentiellement parce que les deux protagonistes ont intérêt à ce que dure le conflit.
Du côté du gouvernement israélienLe débat est vif sur les intentions belliqueuses de certains ministres et leurs éventuelles conséquences. Les divisions entre va-t-en-guerre et partisans d'une fin des combats sont de plus en plus fortes – et visibles. Il y a quelques jours, c'est le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a tiré la sonnette d'alarme. Dans un document, il estime qu'il y a un risque sérieux de détérioration sur tous les fronts. Il dit aussi que certains ministres du gouvernement plaident pour une confrontation totale – à Gaza, contre le Hezbollah au Sud Liban et en Cisjordanie.
Le calcul de ses ministres d'extrême droite est cynique : la montée des tensions permettrait de justifier une annexion totale de la Cisjordanie, réalisant ainsi leur projet de grand Israël. Au risque, selon Yoav Gallant, d'une déflagration régionale entraînant une intervention de l'Iran. Et Benyamin Netanyahu laisserait faire, obnubilé par son maintien au pouvoir. D'où cette volonté d'une poursuite des hostilités à Gaza.
On le voit : l'heure est grave. C'est au Premier ministre de déjouer les plans de ses ministres. Le fera-t-il ? La réponse, malheureusement, ne va pas de soi.
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Dans trois grandes démocraties européennes, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, on assiste à la montée en puissance des forces populistes et nationalistes. Comment expliquer le succès de ces partis dans ces États démocratiques ?
En France, le phénomène n'est pas récent, mais le score du Rassemblement national aux élections européennes (32 %) a entraîné la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives du 7 juillet ont débouché sur une situation de blocage dont le pays n'est pas encore sorti, avec 10 millions d'électeurs qui ont choisi le parti de Marine Le Pen.
En Allemagne, c'est l'AfD qui ne cesse de progresser, ce qui devrait se traduire ce dimanche 1er septembre par de très bons résultats pour cette formation lors des élections régionales en Thuringe et en Saxe. Selon les sondages, il pourrait atteindre autour de 30 %. Cela alors que le SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, se prépare à une débâcle dans les urnes, annoncée par les sondages.
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Enfin, au Royaume-Uni, le Labour du Premier ministre Keir Starmer vient certes d’obtenir la majorité absolue à la Chambre des communes. Mais le scrutin a aussi été marqué par un score inédit pour le parti anti-migrants Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu 14 % des voix.
Dans les votes pour les partis protestataires, il y a des éléments économiques, sociétaux et identitaires - même s'il y a des spécificités dans chaque pays. Lors de ses déplacements à Berlin puis à Paris, le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, le travailliste Keir Starmer, a appelé ses homologues Olaf Scholz et Emmanuel Macron à se mobiliser pour endiguer « l'extrême droite, le populisme et le nationalisme ».
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Les difficultés à faire face à la progression des droites duresPour Keir Starmer, le meilleur moyen d'entraver cette progression est d'« obtenir des résultats et d'être honnêtes ». Mais concrètement, il faut que les partis du centre et de gauche trouvent les moyens de parler à nouveau aux catégories populaires, d'assurer leur niveau de vie et de les convaincre qu'une société multiculturelle ne signifie pas la fin de leur culture et de leurs traditions. Comme disait le général Charles de Gaulle, « vaste programme... »
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Alors que le conflit à Gaza dure depuis plus de dix mois, la pression internationale, menée par Washington, s’accentue tant bien que mal sur le Hamas et Israël pour arracher un cessez-le-feu. Pourquoi un nouvel accord est-il si difficile à obtenir ? Éléments de réponse.
Le 7 octobre 2023, avec l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël, les 70 années d’un conflit israélo-palestinien non réglé se sont d'un coup, tragiquement, dans le sang et les larmes, rappelées au bon souvenir d’une communauté internationale défaillante. Gaza, c'est le symptôme d’une procrastination diplomatique que l’histoire jugera un jour. Alors que nous approchons du onzième mois de conflit, sur fond de désastre humanitaire, de carnage et d’une impensable spirale de violences sur de multiples fronts — Cisjordanie, Sud-Liban, menace d’escalade régionale —, les incendiaires du Proche-Orient continuent leur fuite en avant sans que personne ne parvienne à les arrêter. La dernière trêve remonte à novembre 2023, un fragile cessez-le-feu, qui avait permis la libération de 80 otages israéliens en l’échange de prisonniers palestiniens, mais qui avait surtout autorisé la population gazaouie à reprendre son souffle, sans imaginer le calvaire qui l’attendait.
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Une feuille de route états-unienne existe depuis mai, les points de divergences perdurentSur le fond et la forme, le Hamas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ne sont en fait d’accord sur rien, ou presque. Même s’ils font, chacun de leur côté, des promesses de bonne volonté auprès de leurs interlocuteurs américains, qataris et égyptiens qui commencent, eux aussi, à trouver le temps long, sur fond de perte de crédibilité et de déficit d’influence.
Au-delà du nombre d’otages libérables — une centaine d’Israéliens, civils et militaires, sont toujours retenus dans l’enclave palestinienne —, du profil des prisonniers palestiniens échangeables, c’est bien de la présence des forces israéliennes après le cessez-le-feu qui pose problème. Pas question pour elles de quitter — et donc de laisser au Hamas et au Jihad islamique — des zones stratégiques comme les corridors de Netzarim, qui coupent Gaza en deux du sud au nord, et celui de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres qui borde l’Égypte. L’Égypte, elle aussi partie prenante, voit cette exigence comme une violation du traité de paix de 1979 entre Le Caire et Tel-Aviv.
Seul point d’accord, semble-t-il, la question humanitaire et l’accès à Gaza de 600 tonnes d’aide par jour. Si seulement il y a une trêve.
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La guerre à Gaza s'invite dans la présidentielle états-unienneÀ plus de 10 000 kilomètres de l’enclave palestinienne, l’élection présidentielle aux États-Unis est scrutée de près. Alors qu’une partie de l’opinion israélienne est favorable à un retour de Donald Trump au pouvoir, du côté palestinien, on vit encore le traumatisme de sa présidence pro-colonisation et qui avait enterré la possibilité de la solution à deux États. En équilibre instable entre une alliance indéfectible, morale et militaire de Washington à Israël et une opinion publique américaine bouleversée, le camp démocrate a choisi, par la voix de Kamala Harris, de défendre le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Un calcul électoral dont l’histoire dira en novembre s’il est gagnant, aux États-Unis comme au Proche-Orient.
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Plus de deux semaines après l'élimination de hauts dirigeants du Hamas et du Hezbollah au Liban et en Iran, Israël vit sous la menace d'une riposte annoncée par Téhéran. La course contre-la-montre diplomatique engagée par la communauté internationale peut-elle sauver la situation ?
Pour tenter de répondre à une telle question et donc, entrevoir une issue à cette profonde crise qui agite le Proche-Orient depuis plus de dix mois, il faudrait déjà pouvoir réunir les protagonistes, ce qui a été possible lors des précédentes négociations. Or, du côté palestinien, il n’y a plus d’interlocuteur puisque le médiateur en chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, l’un des visages connus du mouvement islamiste, a été tué le 31 juillet en plein cœur de Téhéran dans une attaque non revendiquée, mais imputée à Israël.
Le nouveau chef suprême du Hamas, Yahya Sinouar, l’homme qui a organisé les attentats du 7 octobre et qui se terre dans les tunnels de Gaza, est non seulement difficile à joindre, mais n’a pas une réputation de grande ouverture diplomatique.
Une guerre polarisanteDe l’autre côté de la table, les Israéliens font l’objet d’une intense pression de Washington. Le président américain Joe Biden serait heureux de pouvoir être crédité d’une avancée en pleine campagne électorale aux États-Unis, alors que la guerre à Gaza polarise la société américaine.
Mais Benyamin Netanyahu, le chef du gouvernement, a-t-il vraiment envie d’une trêve, rien n’est moins sûr... Et surtout, a-t-il les moyens politiques de la susciter, prisonnier volontaire des ministres suprémacistes et ultra-nationalistes de sa coalition gouvernementale qui rejettent systématiquement toutes négociations et appellent à coloniser la bande de Gaza ?
Et l’Iran, de son côté, continue de faire monter la pression. La riposte iranienne, pour venger la mort du chef politique du Hamas sur son sol, est depuis deux semaines l’épée de Damoclès qui pèse sur Israël.
L’armée israélienne est en alerte maximum, d’autant que le nouvel exécutif iranien a juré de lancer une offensive d’envergure, plus importante que les 300 missiles et drones tirés en avril dernier en représailles à la frappe israélienne sur son consulat à Damas. Déjà considéré comme une escalade significative, les deux grands ennemis du Proche-Orient ont ainsi renoncé au mode opératoire non frontal d’usage, en vigueur depuis des années, recourant à la guerre clandestine ou par procuration.
Plus de 40 000 morts à GazaAlors qu’au Yémen, en Irak et surtout, au sud-Liban, les affidés de Téhéran multiplient les menaces, l’Iran joue la montre, sans doute partagée entre la volonté de punir Israël et les conséquences hasardeuses d’un conflit régional.
Mais, pour autant, la violence à Gaza, en Cisjordanie occupée et sur la frontière avec le Liban ne fait que s’intensifier. Dans la bande de Gaza, où le bilan a dépassé les 40 000 morts en fin de semaine, la population en agonie continue de subir les bombardements quotidiens et les ordres d’évacuation. Dans les villages palestiniens, au nord de Jérusalem, les incursions de l’armée et les attaques des colons israéliens sont de plus en plus fréquentes et ont fait au moins 630 morts en dix mois.
À l’extrême nord du pays, les échanges de tirs entre Israéliens et miliciens du Hezbollah libanais sont devenus quotidiens avec des centaines de morts à déplorer. Dans cette spirale qui semble incontrôlable, les deux communautés sont désormais dos à dos et commencent, peu à peu, à faire le deuil de leur coexistence.
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Alors que la guerre d’agression russe en Ukraine approche bientôt les mille jours, entre progression russe et épuisement de l’effort de guerre ukrainien, l’incroyable percée dans la région de Koursk cette semaine déjoue toutes les statistiques. S’agit-il d’un tournant stratégique ?
En tout cas, nous sommes déjà bien au-delà du coup de chance ou du simple revers militaire localisé infligé par les troupes du général Oleksandr Syrsky, l’austère chef d’état-major ukrainien. Un officier formé à l’époque soviétique, qui a servi en Afghanistan et était déjà auréolé du succès de la défense de Kiev puis de Kharkiv, mais dont la réputation de chercher l’affrontement avec l’ennemi « quoi qu'il en coûte », et les campagnes perdues de Bakhmout, notamment, avaient ces derniers mois quelque peu terni son image.
Incroyable audace de l’opération ukrainienne en milieu de semaine : un millier de soldats avec chars et blindés impliqués dans la plus importante offensive organisée sur le sol russe depuis le début de la guerre – 420 km2 de territoire conquis en trois jours – rebat les cartes et va, à l’évidence, redorer le blason du général ukrainien.
Il fallait voir la sombre mine de Vladimir Poutine, cette semaine, flanqué de son conseil de sécurité dans un entretien vidéo diffusé à la télévision pour mesurer l’effet désastreux de la percée ukrainienne, alors que d’autres images circulaient montrant l’affolement et la fuite des populations russes de cette région frontalière de l’Ukraine.
Au-delà de l’effet de surprise et de l’indéniable gain psychologique dans un pays épuisé par la guerre, l’offensive sur la région de Koursk a pour objectif, incertain pour sa part, de faire baisser la pression sur le front est où les forces russes progressent, mais il pose, aussi, la question de la pérennité d’un tel coup de force. À Moscou, quoi qu’il en soit, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la « mollesse » de la réaction, exhortant le président Poutine à « punir » les Ukrainiens.
L’opération militaire spéciale de trois jours lancée à l’aube du 24 février 2022 – déjà considérée comme la plus importante opération militaire qu’ait connue l’Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – va-t-elle finalement se transformer en guerre totale ?
Kiev a confirmé la livraison des premiers F-16 promis par la communauté internationaleAutre symbole, autre source d’espoir dans cette terrible guerre d’endurance : l’arrivée cette semaine des avions de chasse de conception américaine dédiés à la défense du ciel ukrainien et à la pénétration en profondeur de l’espace russe. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui réclamait et attendait ce soutien des nations alliées depuis plus d’un an, a confirmé leur arrivée les jugeant en « nombre insuffisant » et espérant « prochainement » des « livraisons supplémentaires ». Trop peu, trop tard, comme le dénonce bon nombre d’experts militaires, l’arrivée des avions de combat occidentaux pour la défense de l’Ukraine ne peut plus constituer la solution magique qui retournera la situation sur le terrain tant le confit est entré dans une forme d’impasse stratégique et tactique, sans oublier le rapport de force implacablement favorable à la Russie avec son impressionnant réservoir humain.
Sur un autre front parallèle, l’Ukraine fait parler d’elle en AfriqueÀ l’heure où la guerre informationnelle et la lutte d’influence font rage, alors que ce conflit d’une violence rare aux confins de l’Europe a plongé le monde dans une version moderne et multilatérale de la Guerre froide. C’est loin, très loin de Kiev, que la bataille semble s’être transportée. Coup de bluff ou pas ? Et quel que soit le rôle que l’Ukraine a joué dans la victoire des rebelles touaregs contre l’armée malienne et les supplétifs russes de Wagner dans l’extrême-nord-est du Mali, dans la bataille sanglante de Tin Zaouatine fin juillet, Kiev a habilement su exploiter ce formidable outil de propagande, d’autant qu’il marque la plus grande perte des supplétifs russes en Afrique.
En équilibre diplomatique instable avec une partie de l’Afrique où la Russie monte en puissance, l’Ukraine fait déjà les frais de ses engagements : le Mali puis le Niger ont immédiatement rompu leurs relations diplomatiques avec Kiev, dénonçant un soutien aux « groupes terroristes sur le territoire malien ».
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Pour la sixième fois consécutive depuis le putsch du 1er février 2021, la junte militaire birmane vient de prolonger de six mois l’état d’urgence alors que le pays continue de sombrer dans une guerre civile à huis clos. Cependant, l’insurrection pro-démocratie continue de gagner du terrain sur plusieurs fronts. Décryptage des raisons d'une telle progression.
Il y a dix jours, le général putschiste Min Aung Hlaing s'autoproclamait président. Dans une nation tenue d’une main de fer par ce général, dont la fuite en avant a plongé l’une des jeunes et prometteuses démocraties d’Asie orientale vers les heures les plus sombres de l’autarcie et de la violence politique, la population birmane a fini par comprendre et à s'y résigner, dans le sang et les larmes : elle ne pourra compter que sur elle-même pour maintenir la flamme démocratique dans son pays. En effet, selon l'ONU : « La situation des droits de l’Homme [est] devenue en Birmanie un cauchemar sans fin, loin des regards de la politique mondiale ».
Le peuple birman, qui a enduré sept décennies d’une succession de dictatures militaires depuis son indépendance, a décidé d’entrer en résistance, coûte que coûte. Alors que les premiers manifestants étaient abattus par les forces de sécurité dans les rues des grandes villes de Birmanie, trois semaines après le coup d’État de 2021, prélude à un bain de sang et à une répression féroce contre lesquels la communauté internationale a mollement réagi, une partie des élus, députés, activistes encore libres ont choisi la clandestinité afin d’organiser la rébellion. D’abord politiquement puis militairement, en s’alliant aux dizaines de guérillas ethniques actives aux quatre coins de cet immense pays bordant entre autres l’Inde, la Chine, le Bangladesh et la Thaïlande.
Depuis octobre dernier et le déclenchement de l’Opération 1027, d’audacieuses offensives armées menées par une coalition de volontaires et de guérilleros au nord, à l’ouest et au sud du pays ont provoqué la chute de dizaines de villes, l’arrestation, la fuite ou la reddition de centaines de soldats gouvernementaux et ont fait renaître l’espoir.
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État des lieux des rapports de force dans les soutiens internationauxSur la scène diplomatique, la contre-offensive, elle aussi, a commencé. Le gouvernement de l’ombre, formé sur les ruines de l’après-putsch, s’est organisé. Zin Mar Aung, ancienne prisonnière politique et infatigable ministre des Affaires étrangères de ce pouvoir parallèle birman, multiplie les appels à la communauté internationale : « Non seulement vous ne nous fournissez pas d’armes, martèle-t-elle, mais nous ne recevons aucune aide humanitaire... Si nous perdons la guerre, le monde démocratique sera, lui aussi, perdant. » Dont acte.
De son côté, le régime militaire, honni par l’ensemble de la population, acculé sur plusieurs fronts, fait aussi l’objet d’une batterie de sanctions internationales. Mais là encore, tout ne semble pas joué, tant politiquement que militairement. Pourvoyeurs d’armes et de précieuses technologies militaires, la Russie, la Chine ou la Corée du Nord sont encore les garants de la survie de la Tatmadaw, l’armée birmane. Idem au Conseil de sécurité de l’ONU où les vétos alliés de la junte empêchent tout vote décisif. Mais la Chine, inquiète pour la sécurité à sa frontière et déterminée à jouer un rôle croissant sur la scène mondiale, est en train, peu à peu, de lâcher les généraux putschistes birmans, un tournant sans doute décisif.
Le rêve d’une Fédération birmane est-il enfin à portée de main, comme le souhaitent le gouvernement de résistance et les 135 minorités ethniques ? Rien n’est moins sûr dans un pays où le facteur ethnique a toujours été le point de discorde et le préambule aux conflits armés. Les minorités ont toujours été considérées comme des citoyens de seconde zone, bien qu'elles représentent les deux tiers de la population et concentrent sur leurs territoires la plupart des immenses richesses et matières premières du pays. C’est là aussi le grand défi de la Birmanie. Que le jour vienne où elle parvienne à s’unifier dans la paix.
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Le Premier ministre israélien a pu s’exprimer cette semaine devant le Congrès américain, en pleine guerre à Gaza, acclamé par le camp républicain et boycotté par un grand nombre de représentants démocrates. Décryptage des raisons de la venue de Benyamin Netanyahu aux États-Unis.
Benyamin Netanyahu est un peu chez lui aux États-Unis : ses parents ont quitté New York pour Jérusalem en 1948 et, habile orateur, il sait parfaitement comment s’adresser à une audience américaine, de droite par surcroît. Ensuite, dans l’incroyable contexte pré-électoral qui agite Washington depuis quelques jours, le dirigeant israélien se devait de resserrer les rangs alors qu’il s’était promis d’offrir à son ami Donald Trump une fin de guerre à Gaza comme cadeau diplomatique de réélection en novembre prochain.
Le scénario n’étant plus exactement celui d’un retour garanti de l’ancien président populiste aux affaires après le coup de théâtre historique du retrait de Joe Biden et l’entrée en lice de Kamala Harris, les lignes ont considérablement bougé et Netanyahu n’est donc pas venu pour mettre un terme à la guerre, mais pour, bien au contraire, obtenir les moyens de la poursuivre.
Après pas moins de 52 ovations qui ont interrompu son discours d’une heure devant les deux chambres d’un Congrès clairsemé, déserté par un grand nombre d’élus démocrates, il est vrai que Netanyahu s’est offert une cure de popularité dont il est loin de pouvoir jouir en Israël - où 70% de la population réclame son départ - défendant pêle-mêle « une guerre existentielle », prophétisant aussi « un choc des civilisations », élargissant au péril de l’« axe de terreur iranien qui menace les États-Unis. »
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« Tel un clown, le Premier ministre israélien est monté à la tribune et a craché tout son poison et ses mensonges » dissimulant « la vérité du génocide, de la tuerie et de la famine » à Gaza, a aussitôt commenté le quotidien palestinien Al-Quds, alors que le sénateur américain Bernie Sanders affirmait, pour sa part, que pour la « première fois de l’histoire, un criminel de guerre s’exprimait devant le Congrès. »
Du côté démocrate, l’exaspération est à son comble face à la durée de la guerre et l’absence de stratégie du Premier ministre israélienLa politique de la chaise vide au Congrès a révélé l’état de profonde crispation et d’inquiétude d’une grande partie du camp démocrate face à la fuite en avant de Netanyahu depuis le déclenchement de l’offensive israélienne sur Gaza, trois semaines après l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre dernier. Aucun cessez-le-feu depuis novembre n’a pu être négocié en dépit de l’implication croissante de l’Égypte, du Qatar et des promesses publiques du président Biden qui, outre l’humiliation, d’avertissement en ligne rouge, a semblé être incapable d’aucune prise sur le Premier ministre israélien, alors qu’il lui fournit la plus grande partie de son armement. D’ailleurs, le rituel de la rencontre Biden-Netanyahu en fin de semaine à Washington était essentiellement protocolaire - les deux hommes se détestant désormais cordialement - mais c‘est bien la rencontre avec la nouvelle candidate Kamala Harris qui a permis d’observer un timide virage de la potentielle stratégie des États-Unis à l’égard de son plus ancien allié au Proche-Orient.
La vice-présidente s’est dite « gravement préoccupée par l’ampleur des souffrances humaines à Gaza, notamment par la mort d’un trop grand nombre de civils innocents », rappelant les images d’enfants morts et de personnes désespérées et affamées, fuyant pour se mettre à l’abri, parfois déplacées pour la deuxième, troisième ou quatrième fois. Une déclaration en prise avec le réel qui a déclenché la fureur des officiels israéliens, toutefois rassérénés par la dernière étape du déplacement du Premier ministre : la villa de Donald Trump.
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Pendant ce temps, Gaza continue de vivre et de mourir sous les bombesUn collectif de 13 ONG internationales, parmi lesquelles Oxfam ou Médecins sans frontières, a récemment dénoncé la « détérioration » de l’accès de l’aide humanitaire à Gaza, mettant en cause les opérations militaires israéliennes qui se sont intensifiées mi-juillet, signalant plusieurs « massacres » dans des « zones de sécurité » abritant des réfugiés.
L'offensive sur Gaza dure depuis dix mois sans perspective de fin. L’enclave palestinienne a été réduite à un champ de ruines. Une centaine d’otages seraient encore entre les mains du Hamas, les négociations pour leur libération sont au point mort. Le bilan fournit par le mouvement islamiste a dépassé les 40 000 morts et près de deux millions de Gazaouis ont été déplacés par la guerre. Et bon nombre d’observateurs posent cette question : que va-t-on découvrir lorsque les premiers témoins pourront un jour entrer dans Gaza ?
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Le Monde en Questions de cette semaine revient sur la campagne électorale pour l’élection présidentielle aux États-Unis qui doit avoir lieu le 5 novembre prochain, en particulier sur le positionnement plus que compliqué du président sortant Joe Biden. La question est la suivante : Joe Biden peut-il espérer remonter la pente ?
La réponse à cette question est que cela sera très difficile. Et peut-être impossible, tant la position du président des États-Unis Joe Biden apparaît de plus en plus fragile. Les mauvaises nouvelles s'enchaînent depuis quelques semaines : un débat totalement raté face à Donald Trump le 27 juin, des signes de faiblesse évidents lors du sommet de l'Otan il y a dix jours, et l'annonce qu'il doit rester à l'isolement quelques jours après avoir attrapé le Covid alors qu'il est pourtant vacciné. Sans parler de la tentative d'assassinat contre Trump la semaine dernière, qui non seulement a grandement profité à ce dernier en termes d’image, creusant encore un peu plus le fossé entre le Républicain, fort, solide et dynamique, protégé de Dieu lui-même pour certains et, en comparaison, Joe Biden, usé et fatigué, qui inquiète de plus en plus le camp démocrate.
Certains poids lourds du Parti démocrate lui conseillent de renoncer...Depuis fin juin, de plus en plus de personnalités du Parti tentent de faire pression sur le président sortant pour l'inciter à renoncer et à laisser la place à un autre candidat ou à la vice-présidente Kamala Harris. Jusqu'à Barack Obama, dont Joe Biden a été le vice-président... Selon le Washington Post, il aurait indiqué à son proche entourage que l’actuel hôte de la Maison-Blanche, âgé de 81 ans, devrait « évaluer sérieusement la viabilité de sa candidature »...
Mais, jusqu'ici, Joe et sa femme Jill, qui joue un rôle essentiel auprès de lui, estiment qu'il est le seul à pouvoir battre Trump dans un peu plus de 100 jours.
Pourtant, les sondages sont préoccupants, notamment dans les fameux « États-clés »...Ces États, au nombre de sept, peuvent basculer l'élection d'un côté ou de l'autre, jouant un rôle essentiel de victoire à la marge, mais décisive. Ils apportent les quelques grands électeurs qui permettent d'atteindre la barre fatidique des 270 - chiffre indispensable pour remporter la victoire. Dans quatre de ces États, la Géorgie, le Nevada, l'Arizona et la Caroline du Nord, l'avantage Trump semble d'ores et déjà trop installé pour être rattrapé.
Et la situation est critique dans trois États anciennement industriels de ce qu'on appelle la « Rust Belt » : le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie. Trump l'a si bien compris que, pour asseoir son avantage, il a choisi comme colistier un régional de l'étape, JD Vance, originaire du Wisconsin.
À 100 jours de l'élection, tout peut certes changer. Mais la dynamique est clairement du côté de Trump, auréolé désormais du statut de miraculé après la tentative d'assassinat du week-end dernier. Pour les démocrates, et particulièrement pour Joe Biden, l'heure du choix approche. Faire le dos rond et se maintenir en attendant que ça s’arrange, ou renoncer avant qu’il ne soit trop tard. Comme on dit en anglais : « time flies », le temps passe… très vite, dorénavant.
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Le Monde en Questions de cette semaine revient sur les législatives qui viennent de se dérouler en France et au Royaume-Uni, et l'élection présidentielle qui se profile aux États-Unis dans quatre mois. La question est la suivante : dans ces trois pays, la démocratie représentative est-elle en danger ?
La réponse est oui, la démocratie représentative est en danger, même si on peut noter des éléments de solidité et de résilience de l'instance démocratique dans ces trois états.
Au Royaume-Uni, à priori, les toutes récentes élections générales, qui ont porté le parti travailliste Labour au pouvoir, semblent démontrer que le système parlementaire et démocratique fonctionne correctement. Deux grands partis qui s'affrontent, avec chacun un dirigeant clairement désigné, et un résultat qui dégage une majorité absolue forte au Parlement.
Mais dans ce paysage qui peut sembler idyllique, on voit aussi l'apparition d'une formation nationaliste et anti-migrants : « Reform UK ». Elle n'obtient certes que quelques sièges à la Chambre des communes, mais recueille 14 % des voix. Preuve que la tentation populiste progresse, même dans ce pays qui a été un précurseur de la démocratie parlementaire.
La France dans une crise de régime ?Peut-être que la France n'est pas loin d'une crise de régime. En tout cas, le résultat de ces élections, provoquées par la décision présidentielle de dissolution, laisse apparaître un Parlement éclaté en trois blocs minoritaires qui, pour l'instant, refusent de travailler ensemble pour former une coalition. Ce qui laisse le pays sans possibilité de nouveau Premier ministre, de nouveau gouvernement et d'une majorité à l'Assemblée nationale.
À la différence du Royaume-Uni, il y a en France le président. Mais il fait partie du problème, puisque c'est lui qui a décidé de dissoudre la précédente Assemblée. C'est donc à ce stade le blocage qui pourrait à terme déboucher sur une crise de régime sans solution rapide.
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C'est aussi le système de scrutin majoritaire qui est en crise, parce qu'il ne peut fonctionner correctement qu'avec deux grands blocs. Et les ambitions des uns et des autres pour l’élection présidentielle, en principe en 2027.
Aux États-Unis, Biden interrogeC’est autour de la figure et des agissements du président des États-Unis que se noue la crise politique. Même si le Congrès joue un rôle très important de contre-pouvoir, Joe Biden reste figure centrale du système politique américain. Entre le comportement d’un Donald Trump, qui a contribué à aggraver la défiance envers le fonctionnement démocratique le 6 janvier 2021 lors de l’assaut du Capitole, et qui pourrait revenir au pouvoir en novembre prochain, et en face un Joe Biden usé, vieilli, fatigué, qui pour l’instant s’accroche à sa candidature, dans un pays plus polarisé que jamais, il y a potentiellement un danger pour la démocratie.
France, Angleterre, États-Unis, dans ces trois pays, à de divers degrés : le système représentatif connait des difficultés. À la grande joie des régimes autoritaires, la Chine et la Russie en tête. Mais, à regarder l’Histoire, la démocratie, « le pire des systèmes à l’exception de tous les autres », comme disait l'ancien Premier ministre Winston Churchill en a vu d’autres. Il faut imaginer la démocratie victorieuse.
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