Joué

  • Mon neveu, cet adorable petit garçon, est dans une phase très amusante.
    A deux ans et demi, il commence quasiment toutes ses phrases par « pourquoi ». Cela nous mène parfois à des discussions comiques. L’autre jour, alors que je mettais un pansement sur mon doigt, que j’avais égratigné en écaillant un poisson, il m’a demandé :
    « Tu t’es fait mal ?
    _ Oui, je me suis blessé
    _ Pourquoi tu t’es blessé ?
    _ Parce que je suis maladroit
    _ Pourquoi tu es maladroit ?
    _ Parce que je n’ai pas réfléchi.
    _ Pourquoi tu n’as pas réfléchi ?
    _ Parfois, je suis idiot
    _ Pourquoi tu es idiot ? »
    Là, je n’ai pas su quoi répondre, et je lui ai dit d’aller mettre un tricot pour ne pas qu’il attrape froid.
    Ce matin encore, il m’a fait beaucoup rire. J’étais assis sur la terrasse, je mangeais une tartine de fromage en le regardant jouer dans le sable. Il a couru vers moi et m’a demandé :
    Qu’est-ce que c’est ?
    - Du pain
    - Je veux du pain
    - Non
    - Pourquoi je veux pas de pain ?
    J’ai souri. Décidément, cet enfant a l’esprit bien vif.

  • https://www.youtube.com/watch?v=zuISJycFBo8

    La place Rouge était vide
    Devant moi marchait Nathalie
    Il avait un joli nom, mon guide
    Nathalie

    La place Rouge était blanche
    La neige faisait un tapis
    Et je suivais par ce froid dimanche
    Nathalie

    Elle parlait en phrases sobres
    De la révolution d'Octobre
    Je pensais déjà
    Qu'après le tombeau de Lénine
    On irait au café Pouchkine
    Boire un chocolat

    La place Rouge était vide
    J'ai pris son bras, elle a souri
    Il avait des cheveux blonds, mon guide
    Nathalie, Nathalie...

    Dans sa chambre à l'université
    Une bande d'étudiants
    L'attendait impatiemment
    On a ri, on a beaucoup parlé
    Ils voulaient tout savoir
    Nathalie traduisait

    Moscou, les plaines d'Ukraine
    Et les Champs-Élysées
    On a tout mélangé
    Et l'on a chanté

    Et puis ils ont débouché
    En riant à l'avance
    Du champagne de France
    Et l'on a dansé

    Et quand la chambre fut vide
    Tous les amis étaient partis
    Je suis resté seul avec mon guide
    Nathalie

    Plus question de phrases sobres
    Ni de révolution d'octobre
    On n'en était plus là
    Fini le tombeau de Lénine
    Le chocolat de chez Pouchkine
    C'est, c'était loin déjà

    Que ma vie me semble vide
    Mais je sais qu'un jour à Paris
    C'est moi qui lui servirai de guide
    Nathalie, Nathalie

    Nathalie, Gilbert Bécaud et Pierre Delanoë, 1964

  • J’aime me lever tôt. Au petit matin, le monde est différent. La lumière est douce. Dans les rues, les voitures sont silencieuses ; dans les arbres, les oiseaux sont bruyants. Je prends une bonne douche froide pour me réveiller, et pour bien commencer la journée.

    Je ne suis pas le seul à me lever tôt. Au marché aux fruits, il y a déjà beaucoup de monde. Pour obtenir les fruits les plus beaux et les plus frais, il faut donc être à l’heure, au lever du soleil. Parfois, ma petite amie Miri m’accompagne, car elle sait choisir les meilleurs fruits, particulièrement les papayes et les fruits de la passion, qui sont ses préférés.

    Il y a un proverbe français qui dit : « le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ». L’équivalent en anglais est : « l’oiseau qui arrive tôt attrape le vers ». Mais j’espère ne pas trouver de vers dans ma papaye !

  • Note: I used to listen to this story when I was a kid. You can find it on Spotify on the link below. The extract I'm reading is from 6min 36s.

    https://open.spotify.com/track/45Y3F1BnUYv4hEKAM7OmE6?si=a33e6a662a264799

    – Tu confonds tout... tu mélanges tout !
    Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des cheveux tout dorés :
    – Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n’a jamais respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi :
    « Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux ! » et ça le fait gonfler d’orgueil. Mais ce n’est pas un homme, c’est un champignon !
    – Un quoi ?
    – Un champignon !
    Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.
    – Il y a des millions d’années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d’années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n’est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ? Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs ? Ce n’est pas plus sérieux et plus important que les additions d’un gros Monsieur rouge ? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu’un petit mouton peut anéantir d’un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu’il fait, ce n’est pas important ça !
    Il rougit, puis reprit :
    – Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit : « Ma fleur est là quelque part... » Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient ! Et ce n’est pas important ça !
    Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots. La nuit était tombée.