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  • L’histoire de cet adolescent néerlandais de 17 ans qui s’est réveillé d’une anesthésie en parlant uniquement anglais — incapable de comprendre sa langue maternelle — relève d’un phénomène neurologique rare, souvent appelé syndrome de la langue étrangère (Foreign Language Syndrome), à ne pas confondre avec le syndrome de l'accent étranger (Foreign Accent Syndrome). Voici comment une intervention chirurgicale pourrait provoquer une telle transformation linguistique.


    1. Un phénomène neurologique extrêmement rare

    Le syndrome de la langue étrangère survient parfois après des traumatismes cérébraux, des AVC, des crises d’épilepsie, ou — plus rarement — des anesthésies générales. Le cerveau, à la suite d’un déséquilibre chimique ou d’une micro-lésion temporaire, semble réorganiser l’accès aux structures du langage, favorisant une langue étrangère apprise mais jusque-là secondaire. Dans le cas du jeune néerlandais, il avait étudié l’anglais à l’école, ce qui laisse penser que la mémoire de cette langue s’est temporairement imposée sur celle du néerlandais.


    2. Les zones cérébrales impliquées

    Le langage est principalement traité dans deux régions du cerveau :

    • L’aire de Broca (production du langage) dans le lobe frontal gauche.

    • L’aire de Wernicke (compréhension du langage) dans le lobe temporal gauche.

    Lors d’une anesthésie, certains déséquilibres métaboliques, une hypoperfusion temporaire (baisse de l'oxygénation dans des zones précises), ou même de minuscules lésions invisibles à l’IRM peuvent désorganiser ces zones ou leurs connexions. Résultat : la langue maternelle devient inaccessible, alors que la langue étrangère — stockée dans des circuits partiellement distincts — reste activée.


    3. Une forme de plasticité cérébrale inversée ?

    Ce phénomène pourrait être vu comme une démonstration extrême de la plasticité cérébrale. Le cerveau, confronté à une contrainte (traumatisme, anesthésie, inflammation), tente de recréer un schéma linguistique cohérent avec ce qu’il peut encore mobiliser. Il se "rabat" alors sur une langue étrangère, souvent mieux structurée scolairement, avec des règles syntaxiques plus rigides, parfois plus faciles à reconstruire que la langue maternelle parlée plus intuitivement.


    4. Récupération et temporalité

    Dans la majorité des cas documentés, les effets sont transitoires. Le néerlandais du patient est généralement revenu progressivement, parfois en quelques heures ou quelques jours. Le phénomène semble davantage lié à un "réglage" temporaire des connexions neuronales qu’à un effacement profond de la mémoire linguistique.


    5. Une construction partiellement psychosomatique ?

    Certains neurologues considèrent que ce syndrome peut avoir une composante psychogène. Un choc émotionnel lié à l’intervention, à l’anesthésie ou à l’environnement médical peut désinhiber certaines fonctions, provoquant un accès anormal à une langue apprise. C’est pourquoi ce syndrome est parfois observé chez des polyglottes ou dans des contextes de stress extrême.


    En résumé, une intervention chirurgicale peut, dans des circonstances rares mais réelles, désorganiser temporairement les circuits cérébraux du langage, faisant "ressortir" une langue étrangère apprise, au détriment de la langue maternelle. Ce phénomène étonnant reste peu compris, mais fascine les neuroscientifiques pour ce qu’il révèle sur les mystères de la mémoire linguistique et la souplesse du cerveau humain.

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  • En 2024, une lettre oubliée d’Albert Einstein a refait surface dans les archives de l’Université hébraïque de Jérusalem. Datée de 1949, cette correspondance anodine à première vue s’est révélée fascinante : elle contenait une hypothèse audacieuse sur le mécanisme de migration des oiseaux, bien avant que la science moderne ne commence à l’explorer sérieusement.


    Dans cette lettre, Einstein répondait à un ingénieur radio amateur, Glyn Davys, qui s’interrogeait sur la manière dont certains oiseaux parviennent à parcourir des milliers de kilomètres sans se perdre. Einstein, intrigué, suggère qu’il n’est pas impossible que les oiseaux puissent percevoir des signaux géophysiques invisibles à l’œil humain, et propose même l’idée qu’ils puissent « ressentir » le champ magnétique terrestre.


    À l’époque, l’idée paraît presque ésotérique. Il n’existe encore aucune preuve expérimentale que les animaux puissent percevoir le champ magnétique. Mais cette intuition géniale d’Einstein s’avérera prophétique.


    Des décennies plus tard, la science donne raison au physicien. Depuis les années 1970, les biologistes accumulent des preuves solides que certains oiseaux migrateurs, comme les rouges-gorges ou les pigeons voyageurs, utilisent bien le champ magnétique terrestre pour s’orienter, un peu comme une boussole biologique.


    Plus récemment, des expériences en laboratoire ont montré que des perturbations du champ magnétique pouvaient désorienter des oiseaux migrateurs. En 2021, une étude publiée dans Nature a même identifié un mécanisme quantique basé sur des protéines spéciales, les cryptochromes, présentes dans la rétine de certains oiseaux. Ces protéines seraient sensibles à l’orientation des champs magnétiques et joueraient un rôle dans la perception de la direction.


    Ce processus, appelé magnétoréception, pourrait impliquer des réactions chimiques influencées par l’orientation du spin des électrons, ce qui relie directement la physique quantique au comportement animal — exactement le genre de connexion conceptuelle qu’Einstein aimait explorer.


    La lettre redécouverte prend ainsi une valeur nouvelle : elle témoigne d’une intuition visionnaire, basée sur rien d’autre qu’une curiosité sincère et un raisonnement spéculatif brillant. À une époque où la biologie et la physique étaient encore très cloisonnées, Einstein avait pressenti qu’un phénomène physique invisible pourrait guider le vivant à travers le monde.


    Cette anecdote rappelle que la science avance parfois grâce à des idées un peu folles, notées au détour d’une lettre. Et que les plus grandes intuitions n’attendent pas toujours les preuves pour surgir.

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  • Ce phénomène, où des personnes aveugles de naissance associent des couleurs à des sensations comme la chaleur ou la froideur sans jamais les avoir vues, fascine depuis longtemps psychologues et neuroscientifiques. L’étude récente publiée dans Communications Psychology apporte une réponse solide : le langage, à lui seul, peut façonner notre perception symbolique du monde, même sans expérience sensorielle directe.


    Rouge = chaud, bleu = froid : une association culturelle... mais pas visuelle

    À première vue, l’association entre rouge et chaleur, ou bleu et froid, semble découler d’une observation du réel. Le feu est rougeoyant, la glace est bleutée, le soleil couchant est rouge, l’ombre est bleue. Mais ces associations ne viennent pas uniquement de la vue : elles sont ancrées dans notre langage, nos métaphores, nos usages sociaux.

    Des expressions comme « être rouge de colère », « un regard glacé », ou « une ambiance chaleureuse » contribuent à construire une cartographie sensorielle à travers les mots. Ces expressions sont omniprésentes dans les conversations, les histoires, les descriptions… et elles sont compréhensibles même sans jamais avoir vu la couleur.


    Le cerveau sémantique : une machine à relier les concepts

    Chez les aveugles de naissance, le cerveau développe des voies cognitives alternatives : l’aire visuelle peut être réaffectée à d’autres fonctions comme le traitement du langage ou du toucher. Cela signifie qu’ils peuvent former des représentations mentales complexes à partir de mots seulement.

    L’étude montre ainsi que ces personnes associent le rouge au chaud et le bleu au froid sans ambiguïté, preuve que leur cerveau a intégré ces associations via le langage, sans avoir besoin d’images.


    La transmission culturelle, plus forte que l’expérience sensorielle

    Ce phénomène démontre que les catégories mentales ne sont pas uniquement construites par les sens, mais aussi — et parfois surtout — par la culture et la langue. Même sans vision, un individu peut internaliser une cartographie symbolique du monde basée sur des concepts verbaux. En d’autres termes, on peut apprendre ce qu’est "chaud" ou "froid" en rouge et bleu uniquement par les mots qu’on entend et les contextes dans lesquels ils sont utilisés.


    Une démonstration de la puissance du langage

    Cette étude illustre à quel point le langage façonne notre cognition, au-delà de nos sens. Il peut créer des associations cohérentes, durables, partagées socialement — même chez ceux qui n’ont jamais vu les couleurs dont il est question.

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  • La Terre tourne pourtant très vite : à l’équateur, elle effectue un tour complet sur elle-même en 24 heures, soit une vitesse d’environ 1 670 km/h. Pourtant, nous ne ressentons ni ce mouvement, ni une quelconque sensation de déplacement. Cette absence de perception s’explique par plusieurs lois fondamentales de la physique et par la façon dont notre corps est conçu pour ressentir les mouvements.


    Un mouvement constant et régulier

    L’une des principales raisons est que la Terre tourne à vitesse constante. Il n’y a pas d’accélération perceptible, et c’est justement cela qui fait toute la différence. Selon la première loi de Newton, aussi appelée principe d’inertie, un objet en mouvement continue son mouvement à vitesse constante tant qu'aucune force extérieure ne vient le perturber. C’est pourquoi, à l’intérieur d’un avion en croisière, on peut marcher normalement : tout bouge à la même vitesse, nous y compris.

    Nous tournons donc avec la Terre, à la même vitesse qu’elle. L’atmosphère aussi tourne à la même vitesse. Il n’y a donc aucun frottement de l’air, aucun déplacement brutal, rien qui signale à nos organes sensoriels un mouvement particulier. La rotation est silencieuse, régulière, imperceptible.


    Un corps humain peu sensible aux mouvements lents

    Notre corps est équipé d’un système vestibulaire, situé dans l’oreille interne, qui permet de détecter les mouvements, les accélérations et les changements d’orientation. Mais ce système ne réagit qu’aux accélérations. Il est incapable de détecter un mouvement uniforme et circulaire à grande échelle comme celui de la Terre. Ainsi, tant qu’il n’y a pas de variation de vitesse ou de direction, notre cerveau ne reçoit aucune alerte.


    La taille colossale de la Terre

    Autre point essentiel : la courbure de la Terre est immense. Même si nous tournons à grande vitesse, la trajectoire est très large et le rayon de courbure gigantesque. Cela rend la force centrifuge très faible — de l’ordre de quelques millièmes de g, bien trop peu pour être ressentie directement. À l’équateur, cette force réduit à peine notre poids apparent d’environ 0,3 %. Insuffisant pour créer un vertige.


    Une rotation prouvée, mais invisible au quotidien

    Bien que nous ne la ressentions pas, la rotation de la Terre est détectable scientifiquement : par exemple avec le pendule de Foucault, ou à travers l’effet Coriolis qui influe sur les courants océaniques et la trajectoire des vents.


    En somme, nous ne ressentons pas la rotation de la Terre parce que tout tourne avec nous, à vitesse constante, sans heurt. Notre corps ne perçoit que les changements brutaux… pas les grandes mécaniques douces du cosmos.

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  • Les bulles de savon fascinent autant les enfants que les scientifiques. Leur surface irisée, qui reflète des couleurs changeantes comme un arc-en-ciel, est un phénomène purement optique dû à l’interaction de la lumière avec une fine couche de liquide. Ce phénomène s’explique principalement par l’interférence de la lumière.


    Une bulle de savon est constituée d’une fine pellicule d’eau enfermée entre deux couches de savon. Cette pellicule, extrêmement fine (de quelques centaines de nanomètres à quelques microns), agit comme un film transparent sur lequel la lumière blanche (comme celle du soleil) se réfléchit. Or, cette lumière blanche est composée de toutes les longueurs d’onde du spectre visible — du violet (longueur d’onde courte) au rouge (longueur d’onde longue).


    Lorsque la lumière frappe la surface d’une bulle, une partie est réfléchie sur la face extérieure du film, et une autre partie pénètre dans le film et est réfléchie sur la face intérieure. Ces deux rayons lumineux ressortent ensuite de la bulle et interfèrent entre eux : ils peuvent s’ajouter ou s’annuler selon leur décalage de phase, c’est-à-dire selon la différence de chemin parcouru dans le film.


    Ce décalage dépend de l’épaisseur locale du film et de la longueur d’onde de la lumière. Certaines couleurs seront renforcées (interférence constructive) tandis que d’autres seront atténuées (interférence destructive). Résultat : on observe des couleurs qui varient selon l’épaisseur de la bulle et l’angle de vue. C’est ce qu’on appelle des franges d’interférence.


    Si la bulle était d’épaisseur parfaitement uniforme, on verrait des couleurs régulières. Mais en réalité, la gravité fait que le film est plus épais en bas et plus mince en haut. Cela crée un dégradé de couleurs changeantes, souvent disposées en bandes horizontales. Et comme la bulle est en mouvement, les épaisseurs varient sans cesse, ce qui donne l’effet de couleurs qui ondulent et dansent.


    Autre facteur important : l’indice de réfraction du film, qui change selon la composition du liquide (savon, eau, glycérine...). Cela influence la vitesse de la lumière dans le film et donc les conditions d’interférence.


    Enfin, lorsque le film devient trop mince — de l’ordre de 10 à 20 nanomètres — presque toutes les longueurs d’onde s’annulent par interférence destructrice. La bulle apparaît alors noire ou transparente juste avant d’éclater.


    En résumé, les couleurs arc-en-ciel des bulles de savon sont le fruit d’un subtil jeu entre lumière, épaisseur du film, et interférences optiques. Une leçon de physique dans un souffle de savon.

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  • La glace superionique n’a rien à voir avec la glace que nous connaissons. Pour exister, elle nécessite des conditions physiques extrêmes : des températures de plusieurs milliers de degrés et des pressions de l’ordre de plusieurs centaines de gigapascals, soit un million de fois la pression atmosphérique terrestre. Ces conditions ne sont réunies naturellement que dans les profondeurs de certaines planètes, comme Uranus et Neptune.


    Sa particularité tient à sa structure atomique étrange. Composée, comme toute glace, de molécules d’eau (H₂O), elle adopte dans cet état un comportement radicalement nouveau. Les atomes d’oxygène forment un réseau cristallin rigide, immobile, qui donne à la matière une apparence solide. Mais à l’intérieur de ce squelette figé, les atomes d’hydrogène deviennent mobiles : ils se déplacent rapidement entre les atomes d’oxygène, un peu comme les électrons dans un métal. C’est cette mobilité partielle qui rend la glace superionique à la fois solide et fluide.


    Cette propriété inhabituelle lui confère un autre trait remarquable : elle conduit l’électricité. Les ions hydrogène, chargés positivement, circulent librement, ce qui permet à des courants électriques de se former, exactement comme dans un électrolyte liquide. Cette conductivité la distingue radicalement des autres formes de glace, généralement isolantes. C’est aussi ce qui rend la glace superionique potentiellement active dans la génération de champs magnétiques planétaires, comme ceux, particulièrement chaotiques, observés sur Uranus ou Neptune.


    Autre curiosité : la glace superionique est noire et opaque. Contrairement à la glace claire et translucide que nous connaissons, celle-ci absorbe la lumière. Ce comportement optique est dû à la structure électronique désordonnée introduite par les ions mobiles et la température élevée. En laboratoire, des scientifiques sont parvenus à créer ce type de glace en utilisant des lasers à impulsion très courte pour chauffer et comprimer de la glace d’eau entre deux pointes de diamant. La transition vers l’état superionique a été détectée grâce à des changements dans l’opacité du matériau et dans sa réponse électrique.


    La glace superionique pourrait représenter l’un des états de la matière les plus répandus dans l’univers, bien qu’inexistant à la surface de la Terre. Dans les couches profondes des planètes géantes, où pression et température atteignent les niveaux requis, elle pourrait occuper des volumes colossaux. En étudiant ce matériau, les scientifiques espèrent mieux comprendre la composition interne de nombreuses planètes, mais aussi les mécanismes dynamiques qui régissent leur évolution.

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  • Une étude internationale récente, soutenue par le CNRS et publiée en avril 2025 dans Scientific Reports, a révélé que les femmes entendent en moyenne mieux que les hommes. Cette recherche, menée par le Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement (CRBE) à Toulouse en collaboration avec l’Université de Bath, a évalué la sensibilité cochléaire de 448 adultes âgés de 18 à 55 ans, répartis dans 13 populations à travers le monde, notamment en Équateur, en Angleterre, au Gabon, en Afrique du Sud et en Ouzbékistan.


    Les chercheurs ont utilisé une technique appelée émissions otoacoustiques transitoires (TEOAE) pour mesurer la sensibilité de l’oreille interne. Cette méthode consiste à envoyer des sons brefs dans l’oreille et à enregistrer les réponses acoustiques produites par la cochlée, fournissant ainsi une mesure objective de la sensibilité auditive sans nécessiter de réponse active du participant.


    Différence entre les sexes : Les femmes ont montré une sensibilité auditive supérieure de 2 décibels en moyenne par rapport aux hommes, et ce, dans toutes les populations étudiées. 


    Facteurs influents : Le sexe est apparu comme le facteur le plus déterminant dans la variabilité de l’audition humaine, suivi par l’environnement, puis l’âge et enfin la latéralité (oreille gauche ou droite). 


    Influence de l’environnement : Les personnes vivant en milieu urbain présentaient une sensibilité accrue aux hautes fréquences, probablement en raison du bruit ambiant constant des villes. En revanche, celles vivant en forêt tropicale avaient une meilleure sensibilité auditive globale, tandis que les populations en haute altitude montraient une sensibilité réduite, possiblement liée à des adaptations physiologiques à l’altitude. 


    Les chercheurs suggèrent que cette différence entre les sexes pourrait être due à des facteurs biologiques tels que l’exposition hormonale pendant le développement embryonnaire ou à des différences structurelles dans l’anatomie cochléaire. De plus, les femmes ont également obtenu de meilleurs résultats dans des tests de perception de la parole, indiquant une capacité accrue à traiter les informations auditives. 


    Bien qu’une meilleure sensibilité auditive puisse sembler avantageuse, elle pourrait également rendre les femmes plus susceptibles aux effets négatifs du bruit environnemental, tels que les troubles du sommeil ou les maladies cardiovasculaires. Cette étude souligne l’importance de considérer à la fois les facteurs biologiques et environnementaux dans la compréhension de l’audition humaine.

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  • Je vais vous parler d'une toute récente étude publiée dans la revue Brain and Behavior qui révèle qu'il existe un endroit dans lequel notre perception du temps ralentit considérablement...

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  • La Chine ! Ce pays révoit bien de construire une centrale nucléaire sur la Lune, en partenariat avec la Russie, dans le cadre de leur ambitieux projet commun baptisé ILRS (International Lunar Research Station). Ce projet, annoncé officiellement par l’ingénieur chinois Pei Zhaoyu en mai 2025, s’inscrit dans la continuité du programme lunaire chinois Chang’e et vise à établir une base lunaire habitée de façon permanente à l’horizon 2030, avec un réacteur nucléaire opérationnel d’ici 2035.

    Pourquoi construire une centrale nucléaire sur la Lune ?


    L’enjeu principal est l’approvisionnement énergétique. Sur la Lune, les nuits lunaires durent environ 14 jours terrestres, période pendant laquelle l’énergie solaire devient inutilisable. Les écarts de température extrêmes (-173 °C à +127 °C) rendent la production et le stockage d’énergie très complexes. Une centrale nucléaire, en revanche, permettrait de fournir une alimentation stable, continue et indépendante de l’environnement extérieur. Cela est indispensable pour maintenir en fonctionnement une station lunaire habitée, gérer les systèmes de survie, les communications, les laboratoires et les installations minières.


    Un partenariat sino-russe fondé sur l'expérience

    La Chine compte sur l’expertise de la Russie en matière de nucléaire spatial. L’Union soviétique a été pionnière en la matière dès les années 1960, avec plus de 30 réacteurs spatiaux envoyés en orbite. Le réacteur TOPAZ, utilisé dans les années 1980-90, est un exemple notable de système thermionique capable de produire de l’énergie électrique dans l’espace. Cette technologie, adaptée à l’environnement lunaire, pourrait servir de base au futur réacteur.


    La mission Chang’e-8 comme tremplin

    La mission Chang’e-8, prévue pour 2028, jouera un rôle stratégique. Elle embarquera des équipements pour tester les technologies clés nécessaires à une base permanente, notamment des modules d’habitat, des dispositifs de production d’oxygène et potentiellement un prototype de centrale nucléaire miniature. L’objectif est de valider sur place les concepts nécessaires à une présence humaine prolongée.


    Une course énergétique… et géopolitique

    Ce projet lunaire s’inscrit dans une concurrence technologique avec les États-Unis. Si la NASA, via son programme Artemis, prévoit également des bases lunaires, elle n’a pas encore officialisé de projet aussi avancé de centrale nucléaire. La Chine pourrait donc marquer un coup diplomatique et scientifique majeur si elle devient la première à installer un réacteur nucléaire sur un autre corps céleste.


    En conclusion

    Construire une centrale nucléaire sur la Lune n’est plus de la science-fiction : c’est un projet stratégique, technologique et symbolique, qui marque une nouvelle ère dans l’exploration spatiale — et dans la rivalité sino-américaine pour la domination au-delà de la Terre.

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  • Le sable est la seconde ressource naturelle la plus exploitée au monde, après l’eau. Essentiel à la fabrication du béton, du verre, de l’asphalte ou des composants électroniques, il est au cœur des projets d’urbanisation massive — et peu de pays en ont autant besoin que la Chine. Avec 1,4 milliard d’habitants et une urbanisation toujours galopante, la Chine consomme à elle seule une part gigantesque du sable mondial. Or, cette ressource devient de plus en plus rare, poussant le pays à développer son propre sable artificiel. Scientifiquement, cette démarche repose sur des constats environnementaux, économiques et technologiques.


    Le sable naturel, une ressource sous pression

    Contrairement à une idée reçue, le sable du désert n’est pas adapté à la construction, car ses grains, arrondis par l’érosion éolienne, n’adhèrent pas bien entre eux. Le sable utilisable provient donc des lits de rivières, des carrières ou des fonds marins. Mais son extraction massive provoque des dégâts écologiques majeurs : érosion des côtes, destruction d’écosystèmes aquatiques, pollution, ou encore perturbation des cycles sédimentaires. En 2019, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a sonné l’alarme sur le risque de pénurie mondiale de sable de construction.


    En Chine, le problème s’est accentué avec des politiques d’urbanisation intense. Résultat : entre 2010 et 2020, l’approvisionnement en sable naturel a chuté de près de 50 %, contraignant le pays à se tourner vers une alternative.


    Une réponse technologique : le sable manufacturé

    La solution chinoise est le sable artificiel, aussi appelé sable manufacturé. Ce sable est obtenu par concassage et tamisage de roches (comme le granite, le basalte ou le calcaire), ou de résidus miniers. Les grains ainsi produits sont calibrés pour offrir les mêmes propriétés mécaniques que le sable naturel. Ce procédé, bien que plus coûteux en énergie, est maîtrisé technologiquement et peut être adapté aux besoins précis de l’industrie du bâtiment.


    D’après une étude publiée en juillet 2024 dans Nature Geoscience, plus de 80 % du sable utilisé en Chine aujourd’hui est d’origine artificielle. Ce basculement a été rendu possible par des politiques publiques strictes et un encadrement gouvernemental visant à limiter l’extraction destructrice de sable naturel.


    Une démarche aussi environnementale

    La fabrication de sable artificiel ne vise pas uniquement à répondre à la demande, mais aussi à réduire les dommages environnementaux. Elle permet d’épargner les zones naturelles, de ralentir l’érosion côtière et de valoriser des déchets miniers qui, autrement, seraient stockés.


    En somme, la Chine fabrique son propre sable par nécessité, mais aussi par anticipation : pour soutenir son développement urbain tout en préservant ses écosystèmes fragiles.

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  • Les jardins de poisons sont des espaces botaniques entièrement ou partiellement dédiés à la culture de plantes toxiques. Contrairement aux jardins classiques, leur objectif n’est pas de séduire par leur beauté ou leur parfum, mais d’éduquer sur les dangers du monde végétal, souvent dissimulés derrière des apparences inoffensives. Mélange fascinant de science, d’histoire et de légende, ces jardins ont une longue tradition.


    Une tradition ancienne

    L'idée d'entretenir des plantes toxiques remonte à l'Antiquité. Les Grecs et les Romains connaissaient déjà les propriétés létales de la cigüe, de la belladone ou de l’aconit. Hippocrate et Galien en ont décrit les effets, et Socrate est probablement le plus célèbre empoisonné de l’Histoire, exécuté avec une infusion de cigüe. Au Moyen Âge, les herboristes et les apothicaires classaient soigneusement les plantes selon leurs usages médicinaux ou dangereux.


    Mais c’est à la Renaissance que naissent véritablement les jardins de plantes vénéneuses. De nombreuses familles aristocratiques ou royales en faisaient cultiver à l’abri des regards, autant pour étudier leurs effets que pour se prémunir — ou pratiquer — l’empoisonnement, pratique politique redoutée à l’époque.


    Un jardin pédagogique… et mortel

    Scientifiquement, ces jardins permettent d’explorer les molécules toxiques naturelles : alcaloïdes, glycosides, saponines… qui affectent les systèmes nerveux, cardiaque ou digestif. La belladone dilate les pupilles, le ricin tue en quelques milligrammes, et l’if contient de puissants poisons cardiaques. Certaines de ces substances sont encore utilisées aujourd’hui en médecine (comme la digitaline) ou en pharmacologie expérimentale.


    L’un des plus célèbres exemples modernes est le Poison Garden d’Alnwick Castle, en Angleterre. Créé en 2005 par la duchesse Jane Percy, ce jardin est fermé à clé, et l’entrée s’effectue uniquement en visite guidée. Les visiteurs y découvrent des plantes mortelles soigneusement étiquetées, comme la datura, l’aconit ou la ciguë. Des panneaux avertissent : "Ne touchez rien, ne respirez pas trop près." Une mise en scène qui attire, fascine… et inquiète.


    Anecdotes et culture populaire

    Certaines anecdotes alimentent le mystère. À Alnwick, plusieurs visiteurs se seraient évanouis simplement en respirant l’odeur de certaines plantes. Des écrivains, comme Agatha Christie ou Shakespeare, se sont abondamment servis des poisons végétaux dans leurs intrigues. Même aujourd’hui, la peur ancestrale des plantes vénéneuses nourrit la fiction, du cinéma aux jeux vidéo.


    En somme, les jardins de poisons rappellent une vérité troublante : la nature peut être aussi belle que dangereuse. Leur objectif n’est pas de faire peur, mais de transmettre un savoir oublié, dans un monde où l’on ne reconnaît plus les plantes… mais où le poison est parfois à portée de main.

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  • Mercure, la planète la plus proche du Soleil, est aussi la plus petite du système solaire. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’elle rétrécit depuis des milliards d’années. Ce phénomène étonnant s’explique par des processus géologiques profonds, liés à la structure interne de la planète.


    Mercure, comme la Terre, possède un noyau métallique, probablement composé principalement de fer, qui représentait à l’origine près de 85 % du volume de la planète. Lors de sa formation, il y a environ 4,6 milliards d’années, Mercure était beaucoup plus chaude. Depuis, elle a progressivement perdu de la chaleur, ce qui a entraîné une contraction de son noyau.


    En effet, lorsque les matériaux internes d’une planète se refroidissent, ils ont tendance à se rétracter. Sur Mercure, cette rétraction est particulièrement marquée en raison de la proportion exceptionnellement élevée de métal dans sa composition. En se contractant, le noyau exerce une force vers l’intérieur, ce qui fait se froisser la croûte à la surface. Ce phénomène est comparable à la manière dont la peau d’un fruit sec se plisse lorsqu’il se dessèche.


    Ce rétrécissement s’observe directement à travers les falaises d’escarpement (ou "lobate scarps") visibles à la surface de Mercure. Ces formations rocheuses, longues parfois de plusieurs centaines de kilomètres et hautes de plus de 3 000 mètres, sont le résultat de la compression tectonique de la croûte. Elles témoignent d’une contraction globale du diamètre de la planète.


    Selon les données recueillies par la sonde MESSENGER de la NASA, qui a orbité autour de Mercure de 2011 à 2015, Mercure aurait vu son diamètre diminuer d’environ 7 kilomètres depuis sa formation. Cette contraction est encore en cours, bien que très lente : la planète continue à perdre de la chaleur interne, ce qui engendre encore des mouvements tectoniques mineurs.


    Fait remarquable, Mercure est la seule planète tellurique (avec peut-être Mars) à présenter des signes aussi évidents d’une contraction globale de son volume. Sur Terre, ce processus est masqué par la tectonique des plaques, qui redistribue les contraintes de manière différente.


    Autre point intéressant : le noyau de Mercure pourrait encore être partiellement liquide, ce qui permettrait d’expliquer pourquoi la planète génère encore un faible champ magnétique, bien que très faible comparé à celui de la Terre.


    En résumé, Mercure rétrécit parce que son cœur métallique refroidit. Ce refroidissement entraîne une contraction, provoquant des plis à la surface. Ce phénomène fait de Mercure une planète unique en son genre, encore active géologiquement malgré sa petite taille et sa proximité avec le Soleil.

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  • Le sucre est souvent diabolisé dans nos régimes alimentaires. Pourtant, notre cerveau, lui, en raffole — et pour de bonnes raisons. Il ne s’agit pas ici des bonbons ou des pâtisseries, mais du glucose, un sucre simple, naturellement présent dans les fruits, les légumes ou les céréales. Ce glucose est le carburant principal du cerveau.

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  • Si vous souhaitez écouter mes autres épisodes:


    1/ Pourquoi Asterix et Obélix s'appellent-ils ainsi ?

    Apple Podcast:

    https://podcasts.apple.com/fr/podcast/pourquoi-ast%C3%A9rix-et-ob%C3%A9lix-sappellent-ils-ainsi/id1048372492?i=1000707334142

    Spotify:

    https://open.spotify.com/episode/5s7QVslB8HBXpHDfcZSwsz?si=ca388850b2c1465f


    2/ Pourquoi dit-on que nous sommes entrés dans l'ère de la post-vérité ?

    Apple Podcast:

    https://podcasts.apple.com/fr/podcast/pourquoi-dit-on-que-nous-sommes-dans-l%C3%A8re-de-la-post-v%C3%A9rit%C3%A9/id1048372492?i=1000706920818

    Spotify:

    https://open.spotify.com/episode/1877PbDOMl7D5x2Yl0Erqw?si=de16fd765c364fe5


    3/ Pourquoi les Américains utilisent-ils "xoxo" pour dire "bisous" ?

    Apple Podcast:

    https://podcasts.apple.com/fr/podcast/pourquoi-les-am%C3%A9ricains-utilisent-ils-xoxo-pour-dire/id1048372492?i=1000706794990

    Spotify:

    https://open.spotify.com/episode/05Ns6S1cI7gYUew7tgfnrU?si=4c572130bd0440f6


    4/ Pourquoi les Vikings préféraient-ils la hache à l'épée ?

    Apple Podcast:

    https://podcasts.apple.com/fr/podcast/pourquoi-les-vikings-pr%C3%A9f%C3%A9raient-ils-la-hache-%C3%A0-l%C3%A9p%C3%A9e/id1048372492?i=1000706755846

    Spotify:

    https://open.spotify.com/episode/7nRO3puLnnZhGqVutQ8hZQ?si=6caa84778c7b46f0


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    C’est une idée à la fois radicale et controversée, digne d’un roman de science-fiction écologique : déverser des millions de tonnes de sable verdâtre dans les océans pour lutter contre le changement climatique. Et pourtant, ce projet est bien réel. Il est actuellement étudié au Royaume-Uni, au sein du National Oceanography Centre de Southampton, dans l’objectif d’augmenter la capacité des océans à absorber le dioxyde de carbone (CO₂).


    Une arme contre le réchauffement climatique ?

    Comme les forêts, les océans sont d’immenses « puits de carbone ». Ils captent près d’un tiers des émissions humaines de CO₂. Mais selon un rapport de la National Academy of Sciences britannique publié en 2021 — récemment remis en lumière par le magazine NewScientist —, cette capacité pourrait être augmentée de 8 % grâce à une intervention géochimique inédite.


    L'idée ? Verser jusqu’à un million de tonnes d’olivine broyée — un minéral naturel de couleur verte composé de magnésium, silicium et oxygène — dans certaines zones stratégiques des océans. En se dissolvant dans l’eau salée, l’olivine réagit chimiquement avec le CO₂...

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  • Une scène aussi surprenante que cocasse a récemment été filmée dans le parc national de Cantanhez, en Guinée-Bissau : des chimpanzés en train de partager des fruits fermentés, riches en sucre… et en alcool. Non, ce n’est pas un montage viral ou une publicité décalée, mais bien le sujet d’une étude scientifique sérieuse, publiée par des chercheurs de l’Université d’Exeter dans la revue Current Biology.


    Des “apéros” qui durent depuis 2015

    Depuis près de dix ans, les primatologues observent chez ces chimpanzés sauvages un comportement inhabituel : ils consomment régulièrement des fruits fermentés tombés au sol, qui contiennent un faible taux d’éthanol. Mais au-delà de l’ingestion d’alcool, c’est le rituel collectif qui intrigue les chercheurs. Dans plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux, on voit clairement les primates se rassembler pour ce moment, parfois même se passer les fruits, comme on partagerait un verre.


    Un plaisir… ou un outil social ?

    Chez l’humain, consommer de l’alcool active les circuits de la dopamine et des endorphines, favorisant le bien-être et la cohésion sociale. L’autrice principale de l’étude, Anna Bowland, s’interroge : « Et si les chimpanzés obtenaient les mêmes effets que nous ? Et si cette habitude avait une fonction sociale ? »

    En effet, contrairement à d’autres aliments, les chimpanzés ne partagent pas systématiquement leur nourriture. Or ici, ils semblent volontairement se réunir pour consommer ensemble des produits fermentés. De quoi suggérer que cette pratique pourrait renforcer les liens sociaux ou jouer un rôle dans la hiérarchie du groupe.


    Peu d’alcool, mais beaucoup d’intérêt

    Précision importante : les quantités d’alcool ingérées restent faibles. Les chimpanzés ne cherchent pas à se saouler, ce qui irait à l’encontre de leur instinct de survie. Il ne s’agirait donc pas de simples comportements hédonistes, mais d’un rituel social ancien, potentiellement hérité d’un ancêtre commun aux singes et aux humains.


    Vers une origine ancestrale de l’apéro ?

    Ce que cette étude suggère, c’est que l’acte de boire ensemble, codifié chez l’humain en apéritif, barbecue ou pot de départ, pourrait plonger ses racines dans une histoire évolutive profonde. Peut-être que bien avant les verres de rosé et les cacahuètes, nos ancêtres partageaient déjà… un fruit un peu trop mûr.

    Prochaine étape pour les chercheurs : comprendre les effets physiologiques de ces "apéros" sur le comportement des chimpanzés, et confirmer si cette tradition, en apparence légère, est en fait un pilier ancestral de la sociabilité. Santé ! ?

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  • Depuis près de deux siècles, les Parisiens passent devant l’obélisque de la place de la Concorde sans prêter attention aux mystérieux hiéroglyphes gravés à son sommet. Et pourtant, un fragment de l’histoire de l’Égypte antique y sommeillait, à plus de 20 mètres de hauteur, resté invisible aux regards et incompris des savants… jusqu’à aujourd’hui. Grâce aux nouvelles technologies et au travail méticuleux d’un égyptologue français, ce message crypté vient d’être déchiffré, révélant un pan oublié du symbolisme royal égyptien.


    Un monument prestigieux au cœur de Paris

    L’obélisque de la Concorde, érigé en 1836, est un cadeau du vice-roi d’Égypte Méhémet Ali à la France. Il provient du temple de Louxor, et date du XIIIe siècle av. J.-C., sous le règne de Ramsès II. Haut de 23 mètres, il est couvert de hiéroglyphes vantant la gloire du pharaon. Mais en haut de l’obélisque, difficilement lisibles depuis le sol, certains signes avaient jusque-là échappé à l’interprétation.


    Un message resté invisible pendant près de 200 ans

    C’est Jean-François Delorme, égyptologue et spécialiste des textes religieux du Nouvel Empire, qui a récemment attiré l’attention de la communauté scientifique sur une séquence de hiéroglyphes atypique au sommet du monolithe. Grâce à l’usage de drones équipés de caméras à haute résolution, il a pu photographier en détail les inscriptions situées sur les parties les plus inaccessibles du monument.


    Ce qu’il découvre alors dépasse les formules classiques de glorification du pharaon. Il s’agit d’une formule magique de protection, adressée aux dieux Rê et Amon, censée préserver à jamais la mémoire du roi et sceller l’unité symbolique entre le ciel et la terre. Ce type de texte, rarement placé si haut, pourrait avoir eu une valeur rituelle spécifique : être le premier message lu par le soleil à l’aube.


    Une symbolique cosmique oubliée

    Selon Delorme, cette prière gravée à plus de 20 mètres du sol aurait été volontairement dissimulée à la vue humaine pour ne s’adresser qu’aux dieux. L’obélisque, qui symbolisait déjà un rayon de soleil pétrifié, devient alors un canal entre le monde des hommes et celui des divinités solaires. Une dimension sacrée que les Français du XIXe siècle, fascinés par l’esthétique de l’Égypte, n’avaient pas pleinement comprise.


    Une redécouverte qui relie Paris à Thèbes

    Cette découverte redonne à l’obélisque de la Concorde une profondeur religieuse et cosmique oubliée depuis des millénaires. Elle illustre à quel point l’Égypte ancienne continue de révéler ses secrets, même au cœur d’une capitale moderne. Un message sacré, longtemps muet, vient enfin de retrouver sa voix… en plein centre de Paris.

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  • Dans un relatif silence médiatique, la Chine vient d’accomplir une première mondiale majeure : le déploiement de la première constellation de satellites sur une orbite rétrograde lointaine (Distant Retrograde Orbit, ou DRO) entre la Terre et la Lune. Cette avancée technologique représente un tournant dans l’exploration de l’espace profond et annonce une redéfinition potentielle des stratégies de communication, de navigation et de soutien logistique pour les futures missions lunaires.


    Qu’est-ce qu’une orbite rétrograde lointaine ?

    Une orbite rétrograde lointaine est une trajectoire gravitationnelle stable qui entoure la Lune dans le sens opposé à sa rotation (d'où "rétrograde") et à une altitude très élevée, généralement située entre 60 000 et 70 000 kilomètres au-dessus de la surface lunaire. Cette orbite tire parti des équilibres gravitationnels complexes entre la Terre et la Lune, offrant une stabilité exceptionnelle avec peu de corrections nécessaires. Elle a été choisie par la NASA pour la future station spatiale lunaire Gateway, mais jusqu’à présent, aucun pays n’avait réussi à y déployer une constellation complète de satellites.


    C’est précisément ce que la Chine a accompli. Selon les informations fournies par l’agence spatiale chinoise (CNSA), plusieurs petits satellites ont été positionnés avec succès sur cette orbite au moyen d’une mission automatisée, conçue pour tester des capacités de communication, d’observation et de navigation dans un environnement cislunaire complexe. Les satellites peuvent se coordonner entre eux, former un maillage dynamique, et relayer des données vers la Terre et vers d’autres engins spatiaux.


    Techniquement, ce déploiement est une démonstration impressionnante de maîtrise de la mécanique orbitale et du contrôle autonome dans l’espace profond. Il pourrait permettre à la Chine d’assurer des liaisons stables et durables avec des missions habitées ou robotiques opérant à la surface de la Lune, ou même sur sa face cachée, où les communications directes avec la Terre sont impossibles.


    Au-delà de la prouesse technologique, cette mission marque l’entrée dans une nouvelle ère de l’exploration lunaire, dans laquelle les infrastructures orbitales joueront un rôle central. Les orbites rétrogrades lointaines pourraient devenir les futurs axes de circulation logistique pour les modules habités, les véhicules automatisés et les relais de communication.


    Alors que la NASA et l’ESA finalisent leurs plans pour Artemis et Gateway, la Chine prend une longueur d’avance discrète mais stratégique. Le déploiement de cette constellation sur orbite DRO ne vise pas seulement à soutenir des missions lunaires : il prépare le terrain pour une présence permanente dans l’espace cislunaire. Une étape de plus vers une colonisation rationnelle et géopolitiquement compétitive de notre satellite naturel.

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  • Depuis près d’un siècle, la physique quantique est entourée de mystères aussi fascinants que déroutants. Parmi ses icônes les plus célèbres figure le chat de Schrödinger, une expérience de pensée imaginée par le physicien autrichien Erwin Schrödinger en 1935 pour illustrer la notion de superposition quantique. Dans ce paradoxe, un chat enfermé dans une boîte est à la fois vivant et mort tant qu’on n’ouvre pas la boîte pour l’observer. Bien que purement théorique à l’origine, cette idée incarne l’un des aspects les plus énigmatiques de la mécanique quantique : la coexistence simultanée d’états contradictoires.


    Jusqu’à présent, recréer une telle superposition dans des conditions expérimentales réelles nécessitait un environnement extrêmement froid, proche du zéro absolu (-273,15 °C). À ces températures, les particules sont moins sujettes à l’agitation thermique, ce qui permet de préserver la cohérence quantique, fragile par nature. Or, une équipe de physiciens de l’université d’Innsbruck, en Autriche, vient tout juste de remettre en cause cette contrainte fondamentale.


    Une superposition quantique à température élevée

    Les chercheurs ont réussi à produire une superposition quantique – l’équivalent d’un chat de Schrödinger – dans un environnement bien plus chaud que ce que l’on croyait possible. Concrètement, ils ont utilisé des ions piégés dans un champ électromagnétique et les ont fait interagir de façon contrôlée dans une situation où la température n’était pas parfaitement cryogénique.


    Grâce à des techniques de refroidissement localisé et de correction des erreurs, les scientifiques ont réussi à maintenir la superposition malgré la présence significative d’agitation thermique, ce qui était jusque-là considéré comme quasiment incompatible avec l’état quantique pur. Cette démonstration montre qu’il est possible de faire de la physique quantique "chaude", une perspective qui bouleverse des décennies de pratiques expérimentales.


    Des implications majeures pour les technologies quantiques

    Cette avancée ouvre des perspectives inédites pour le développement de technologies quantiques plus robustes et plus accessibles. Jusqu’à présent, les ordinateurs quantiques nécessitaient des installations coûteuses pour maintenir leurs composants à très basse température. Si l’on parvient à maîtriser la cohérence quantique dans des environnements plus "chauds", cela pourrait réduire drastiquement les coûts de fabrication et de maintenance, rendant ces technologies bien plus accessibles.

    De plus, cette découverte pourrait avoir un impact sur des domaines comme la cryptographie quantique, les capteurs de précision et les réseaux de communication quantique.


    En somme, le chat de Schrödinger sort peut-être enfin de sa boîte – et il n’a plus besoin d’avoir froid pour exister.

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  • Vous entrez dans une pièce, puis… trou noir. Vous restez planté là, incapable de vous rappeler ce que vous étiez venu y chercher. Cette expérience troublante a un nom : le "doorway effect", ou effet de la porte. Ce phénomène cognitif décrit la tendance de notre cerveau à oublier une intention en franchissant une limite physique comme une porte. Ce n’est ni rare, ni anodin, et des recherches scientifiques commencent à percer les mystères de ce curieux mécanisme.


    Une transition qui perturbe la mémoire

    Le doorway effect a été mis en évidence par Gabriel Radvansky, professeur de psychologie cognitive à l’Université de Notre-Dame (Indiana, États-Unis). Dans une étude publiée en 2011 dans The Quarterly Journal of Experimental Psychology, Radvansky et ses collègues ont montré que franchir une porte diminue la performance mnésique pour des tâches basées sur des intentions immédiates.


    Dans l'expérience, les participants devaient transporter des objets virtuels d'une table à une autre dans un environnement en 3D, soit dans la même pièce, soit en passant par une porte. Résultat : le simple fait de passer par une porte entraînait une baisse significative du souvenir de l’objet transporté, comparé à ceux restés dans la même pièce.


    Pourquoi ? Radvansky propose une explication fondée sur la théorie de la mémoire événementielle. Selon ce modèle, notre cerveau structure l’information en unités appelées "événements", qui sont souvent délimitées par des changements perceptifs ou contextuels — comme le franchissement d’une porte. Passer d'une pièce à l'autre constitue un "nouvel événement", et notre cerveau, pour maintenir un flux cognitif efficace, archive l'information précédente au profit de la nouvelle situation.


    Une économie cognitive adaptative

    Cette fragmentation n’est pas un bug de notre cerveau, mais une fonction adaptative. En recontextualisant l’information au fil de nos déplacements, nous limitons la surcharge cognitive et améliorons notre efficacité dans des environnements complexes. Toutefois, cela implique un coût : les intentions non réalisées risquent d’être temporairement égarées, jusqu’à ce que des indices contextuels (revenir dans la pièce d’origine, par exemple) les réactivent.


    D’autres études confirment l’effet

    D’autres travaux, notamment une étude menée par Peter Tse à Dartmouth College, suggèrent que les "switchs de contexte" — pas seulement physiques, mais aussi mentaux — peuvent fragmenter notre mémoire de travail. Ainsi, ouvrir un nouvel onglet sur son ordinateur ou regarder son téléphone pourrait produire un effet similaire.


    En conclusion

    Le "doorway effect" révèle à quel point notre mémoire est sensible au contexte. Bien loin d’être un simple oubli, ce phénomène illustre la manière dynamique et structurée dont notre cerveau gère l’information en mouvement. La prochaine fois que vous resterez interdit dans l’embrasure d’une porte, rappelez-vous : ce n’est pas de la distraction, c’est de la science.

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  • Être « nul en maths » est souvent perçu comme une fatalité ou une conséquence d’un mauvais parcours scolaire. On pointe régulièrement le stress, les mauvaises méthodes pédagogiques ou un environnement peu stimulant. Mais une nouvelle étude publiée dans la revue PLOS Biology vient bouleverser cette vision : l’origine de nos difficultés avec les mathématiques pourrait en réalité se nicher dans la chimie même de notre cerveau.


    Les chercheurs à l’origine de cette étude se sont penchés sur le rôle des neurotransmetteurs, ces substances qui assurent la communication entre les neurones. En particulier, deux d’entre eux ont été analysés : le glutamate, principal neurotransmetteur excitateur du cerveau, et le GABA (acide gamma-aminobutyrique), qui joue un rôle inhibiteur. Ensemble, ils régulent l’activité cérébrale, un peu comme l’accélérateur et le frein d’un véhicule.


    En étudiant un groupe d’enfants et d’adolescents à l’aide de techniques d’imagerie cérébrale avancées (spectroscopie par résonance magnétique), les scientifiques ont découvert que l’équilibre entre ces deux neurotransmetteurs dans une région précise du cerveau – le cortex intrapariétal gauche – était directement lié aux compétences mathématiques. Cette zone est connue pour être impliquée dans le traitement numérique et le raisonnement logique.


    Fait surprenant : le lien entre les niveaux de GABA et de glutamate varie avec l’âge. Chez les plus jeunes, un faible niveau de glutamate est associé à de meilleures performances mathématiques. Mais chez les adolescents plus âgés, c’est un faible niveau de GABA qui semble favoriser les capacités en mathématiques. Cela suggère que la plasticité cérébrale – c’est-à-dire la manière dont le cerveau se reconfigure avec le temps – joue un rôle clé dans la manière dont ces substances influencent notre aisance avec les chiffres.


    Cette découverte a des implications majeures. Elle montre que nos aptitudes en mathématiques pourraient ne pas être uniquement le fruit d’un bon enseignement ou d’un effort personnel, mais aussi de facteurs biologiques profonds, sur lesquels nous avons peu de contrôle. Cela ne signifie pas pour autant qu’on ne peut pas progresser en maths, mais cela invite à repenser l’approche éducative : certaines personnes pourraient avoir besoin de méthodes plus adaptées à leur fonctionnement cérébral, et non simplement de « travailler plus ».


    En révélant le rôle du GABA et du glutamate dans la réussite mathématique, cette étude nous pousse à regarder au-delà des notes et des clichés, et à considérer les difficultés scolaires sous un angle plus neuroscientifique – et donc plus humain.

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