Episoder
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : Conclusion : Despotisme, produit des Lumières ?
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Antoine Lilti, Professeur du Collège de France
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : L'Autorité palestinienne, un cas d'autoritarisme arabe ?
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Dima Alsajdeya, Chercheuse et doctorante associée à la chaire Histoire contemporaine du monde arabe
-
Mangler du episoder?
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : Un despotisme transformateur ou conservateur ? Les lectures contrastées de l'impérialisme russe et soviétique (19e-21e siècles)
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Sabine Dullin, Sciences Po Paris
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : Le thème du despotisme dans le Japon moderne naissant (1868-1889) : les traductions et les usages de L'Esprit des lois
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Eddy Dufourmont, université Bordeaux Montaigne
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : Vie et mort des empires : Kang Youwei (1858-1927), un réformateur chinois à Rome en 1904
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Haun Saussy, Professeur de littérature comparée et chinoise, université de Chicago
Banni de l'empire des grands Qing après son moment de gloire à la tête du gouvernement réformateur de 1898, Kang Youwei (1858-1927) passera quinze ans en exil. Après un séjour initial au Japon, il entamera un tour du monde. À chaque étape, il s'enquiert de l'histoire locale, propose des comparaisons avec la Chine, interroge l'avenir. Au fur et à mesure, il publie ses notes de voyage dans une revue personnelle Buren zazhi (« Je ne souffrirai pas que… »).
Assis, comme Edward Gibbon, dans les ruines du Forum romain à la tombée du jour, Kang se livre en 1904 à une longue méditation sur les pratiques d'assemblée populaire. Quelles en sont les conditions de possibilité et quels facteurs amènent leur disparition ? Entre les empires romain et chinois, quelles comparaisons ? La marginalisation du Sénat par Auguste relève-t-elle d'une dynamique universelle, en lien avec des facteurs de population, de territoire, d'alimentation, ou n'est-elle que le dénouement d'un conflit local ? Le passage de l'état à l'empire est-il inévitable ? Comment les parlements survivent-ils aux régimes despotiques ? Peut-on imaginer de passer du régime impérial au régime démocratique ?
Rien, dans cette manière d'envisager le problème, du relativisme facile qui a si souvent cours dans ce genre de grande comparaison intercivilisationnelle. Le déterminisme racial ou culturel n'a pas de place chez ce penseur utopique de la « Grande Unité » (datong).
Nous revisiterons le dialogue de Kang Youwei avec Cicéron, Montesquieu, et Gibbon, témoignage d'une volonté d'intégrer l'histoire chinoise à l'histoire de l'humanité. Les questions qu'il soulève sont évidemment toujours d'actualité. Sa manière de les poser et les perspectives d'avenir qu'il ouvre démontrent l'ambition intellectuelle et l'imagination synthétique d'un penseur du changement dont les orientations premières découlent de l'interprétation Gongyang des Classiques.
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : Ce que le despote doit au calife, ou comment la figure du despote oriental s'est nourrie de références médiévales
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Emmanuelle Tixier du Mesnil, Université Paris Ouest
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : La preuve par l'Inde. Le despotisme oriental de Bernier à Anquetil-Duperron
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Stéphan Van Damme, ENS Paris
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : La Russie de Montesquieu, ou l'impossible mise à distance du despotisme
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Hugo Toudic, Université de Chicago
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : Le climat selon Montesquieu : force ou malédiction du despotisme ?
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Catherine Volpilhac-Auger, ENS Lyon
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : L'empire perse-achéménide, paradigme du « despotisme asiatique »
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Pierre Briant, Professeur du Collège de France
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Colloque - Despotismes orientaux, du proche à l'extrême : Introduction
Colloque coorganisé par la Pr Anne Cheng, chaire Histoire intellectuelle de la Chine, et le Pr Henry Laurens, chaire Histoire contemporaine du monde arabe.
Avec le soutien de la Fondation Hugot.
Anne Cheng, Professeur du Collège de France
Henry Laurens, Professeur du Collège de France
Pour les Grecs, le despotisme était le mode de gouvernement rencontré chez les barbares asiatiques qui, parce qu'ils étaient esclaves par nature, se soumettaient volontairement à un souverain héréditaire absolu. La tyrannie en revanche était un moment temporaire dans l'histoire des cités. Le concept de despotisme oriental est repris par les Européens pour décrire l'Empire ottoman d'abord sur le mode d'une menace organisée et implacable, ensuite comme un système au rendement toujours décroissant. Les descriptions du système soviétique au XXe siècle ont suivi ces deux étapes. Bien souvent, au XVIIIe siècle la référence au despotisme est une critique plus ou moins voilée de la monarchie absolue européenne. En revanche, le « despotisme éclairé » sert à justifier un passage en force pour établir des réformes jugées indispensables. Dans le dernier tiers de ce siècle, il sert de justification aux projets de conquête coloniale dans l'Ancien Monde. Cette conquête, qui voudrait se poser comme libératrice, trouve finalement sa justification dans le despotisme éclairé (fardeau de l'homme blanc, mission civilisatrice). La modernisation autoritaire de ces pays reprend ainsi tout ce discours tout en utilisant une référence identitaire de nature essentialiste. Ainsi un discours produit pour justifier la domination de l'autre peut servir aujourd'hui la perpétuation de régimes autoritaires par les pouvoirs qui régissent les pays concernés en rejetant comme étrangères les doctrines libérales.
-
Anne Cheng
Collège de France
Histoire intellectuelle de la Chine
Année 2023-2024
Conférence - Haun Saussy : Le chemin de l'exil, tournant décisif chez quelques poètes de la Chine classique
Haun Saussy
Professeur de littérature comparée et chinoise, université de Chicago
Haun Saussy est invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition de la Pr Anne Cheng.
Résumé
La profession des lettres dans la Chine impériale s'exerçait le plus souvent en marge d'une carrière administrative. Mais le métier n'était pas de tout repos. Il suffisait d'un souverain irrité ou de quelques collègues en cabale pour qu'on se trouve banni aux frontières de l'empire.
L'exil, pour les poètes, était certes amer, mais non sans potentiel imaginatif. Les paysages exotiques du Sud ou de l'Ouest embellissaient la nostalgie de la capitale. La rencontre avec des « sauvages » matérialisait sur une nouvelle scène l'isolation du poète incompris. L'exploration des forêts et des vallées reculées donnait l'impression de remonter le cours du temps. Des plaintes, des regrets, des sursauts d'indignation, des méditations sur le thème sempiternel « servir ou ne pas servir » : autant de thèmes traditionnels qui entraient en de nouvelles combinaisons. Le cœur du poète qui emportait son savoir dans ces lieux déserts se révélait à la fois encyclopédique et enregistreur d'impressions nouvelles. Un langage poétique, propre à l'expérience de l'exil, se tisse entre le déjà-dit et le jamais-vu.
Il importe de faire quelques distinctions par rapport aux expressions de l'exil les plus familières en Europe. Dante, du Bellay, Hugo, pour ne citer qu'eux, quittaient leur pays pour aller dans un autre. Mais l'empire chinois, à vocation cosmique, ne reconnaissait pas de frontières, seulement des « friches » (ye) et des « états vassaux » (fanguo). Plutôt qu'un exil au sens strict, il s'agissait d'une dégradation, d'une rustication, où le sujet se trouvait toujours en relation avec un souverain de plus en plus distant selon la gravité des charges retenues. Cette relation, articulée par certains dans des termes d'une dépendance comparable à celle d'Ovide envers César Auguste, devient, chez d'autres, le fil d'une négociation pour l'honneur et l'autonomie personnelles.
Des modèles légendaires de l'homme bon confronté au blocage (nan) que sont Bo Yi, Confucius et Qu Yuan, les poètes dépaysés tireront les moyens d'une autonarration et d'une autofiguration. Avec Xie Lingyun, une poésie de la randonnée s'ouvre, descriptive et dynamique, qui crée des manières inédites d'être au milieu de la nature sauvage. Des poètes de cour comme Shen Quanqi et Song Zhiwen mettent tout leur art à raconter de dures traversées. D'âge en âge, un langage poétique des exilés se forme, avec ses topoï, ses horizons, ses aspirations spécifiques. Il y va, finalement, de l'innovation et de l'autonomie de cette voix mise à l'écart, qui n'hésite pas, chez Su Shi, à se faire gloire de ses punitions successives.
Je retracerai, par des exemples soigneusement commentés, la transformation de l'extinction de voix en renouveau créatif chez Qu Yuan, Xie Lingyun, Shen Quanqi, Song Zhiwen, et Su Shi. La courbe historique s'étendra du troisième siècle avant notre ère au douzième siècle.
- Se mer