Episoder
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L’accord de trêve signé entre Israël et le Hamas entre en vigueur dès demain matin, ce dimanche 19 janvier 2025. Objectif : permettre la libération des otages et la reconstruction de ce territoire sévèrement détruit. Cette trêve, ouvre-t-elle une page pour la réponse à la crise humanitaire qui sévit dans l’enclave, alors que les ONG dénoncent les entraves depuis un an ? Quels en sont les enjeux ? Alexandre Chatillon, co-fondateur et directeur de l’ONG Super-Novae, qui a été sur place et qui doit y retourner dans quelques semaines, est, ce matin, notre grand invité international.
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L’attente de la mise en place de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est interminable, aussi bien du côté des familles des otages qui attendent fiévreusement la libération de leurs proches, que de celui des Gazaouis. Entre temps, les bombardements se poursuivent dans la bande de Gaza. L'accord doit encore être voté par le gouvernement israélien ce vendredi. Entre espoir d’une trêve effective et crainte d’un accord trop fragile pour tenir, quel est le sentiment et les émotions qui traversent les parents d’otages retenus à Gaza ? Pour en parler, Ariane Tamir, membre de la famille de Tal Shoham, otage israélien, est la grande invitée internationale de la matinale de RFI.
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Mangler du episoder?
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Thierry Breton, ex-ministre, ancien Commissaire européen chargé du Marché intérieur et des Services, est le grand invité international de ce 16 janvier. Avant le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, il appelle les Européens à rester vigilants et unis. Il revient sur ses passes d'armes avec Elon Musk et assure que « la loi européenne ne censure rien, elle régule ». Sur le budget de la France, il estime que réduire le train de vie de l'État est une « nécessité absolue ».
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Fawzia Koofi, ancienne vice-présidente du Parlement afghan, auteure de Lettres à mes sœurs (éditions Michel Lafon) est l'invitée de RFI ce 15 janvier 2025. Elle retrace son parcours politique, du Parlement à l'exil forcé. Fawzia Koofi constate que la situation des femmes ne fait qu'empirer en Afghanistan. Elle appelle la France à aider à la mise en place d'une plateforme politique alternative aux talibans.
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François Hommeril, président de la Confédération française de l’encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGC) est l'invité de RFI ce 14 janvier 2025. À quelques heures du discours de politique générale de François Bayrou, il indique les priorités de son syndicat. Il s'inquiète de la multiplication des plans sociaux et craint une année 2025 « horrible ».
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Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan (2016-2022) et directeur pour la défense au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) est l'invité de RFI ce 13 janvier 2025. À une semaine de l'investiture de Donald Trump, il évoque les déclarations fracassantes du président américain élu sur le Canada, le canal de Panama et le Groënland. Il insiste aussi sur les suites de la guerre en Ukraine et la défense européenne. Entretien.
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« Impossible d'établir un comptage précis à Paris », reconnaîtra pour la première fois le ministère français de l'Intérieur au soir du 11 janvier 2015. Une déclaration qui témoigne de l'immense foule rassemblée ce jour-là dans la capitale, mais aussi dans plusieurs autres villes du pays. Pas de chiffres exacts, mais des estimations impressionnantes : environ quatre millions de personnes dans toute la France, dont plus d'un million et demi à Paris. Quatre jours se sont écoulés depuis la tuerie de Charlie Hebdo, suivie le lendemain de l’assassinat d’une policière, puis de l’attaque de l’Hypercacher. Le 11 janvier, face à l’horreur, une marche républicaine unit anonymes et plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement à Paris. Mais dix ans plus tard, que reste-t-il de cet élan populaire et de cette unité affichée ? Entretien avec Antoine Gallard, doctorant en sciences politiques à l’université Paris I.
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Sophie Primas, porte-parole du gouvernement français, est la grande invitée internationale de RFI, ce vendredi 10 janvier 2025. Elle évoque les tensions entre la France et l'Algérie, les déclarations polémiques d'Emmanuel Macron sur « l'ingratitude » des dirigeants africains, la reconstruction de Mayotte et la préparation du budget 2025.
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Dix ans après les attentats de janvier 2015 à Paris, Olivier Christen, procureur national anti-terroriste en France, est le grand invité international de RFI, ce 9 janvier 2025. Au micro de RFI, il évoque l'état de la menace terroriste en France, le rajeunissement des suspects et l'augmentation du nombre d'attentats déjoués. Il pointe également l'attention portée à la situation en Syrie.
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Il y a dix ans, le 9 janvier 2015, deux jours après l'attentat contre Charlie Hebdo, quatre personnes étaient tuées par un terroriste à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Un employé de la supérette, Lassana Bathily, Malien de confession musulmane, a permis à la police de mettre fin à la prise d'otages. Dix ans après, Lassana Bathily est, ce matin, le grand invité international de RFI.
RFI : Bonjour, Lassana Bathily. Nous voici dix ans après la prise d'otages à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Comment vous vous apprêtez à vivre ce moment, cette journée anniversaire ?
Lassana Bathily : Ce moment, ça va me faire revivre encore, comme il y a dix ans. Bon, ça va être un peu difficile, parce que ça va encore nous rappeler ce qu'on avait vécu pendant la prise d'otages.
Dix ans après, est-ce que vous êtes toujours hanté, habité par ce qui s'est passé ce 9 janvier 2015 ?
Oui. Je me souviens très bien de ce qui s'est passé le 9 janvier 2015, jusqu'à aujourd'hui. Ça me revient encore dix ans après, ça me revient toujours. Comme on dit : c'est une cicatrice qui reste. C'est impossible d'oublier. Impossible.
Ce 9 janvier 2015, la France est encore sous le choc de l'attentat contre Charlie Hebdo, quand un homme lourdement armé s'introduit dans une supérette cacher. Amedy Coulibaly tue immédiatement trois personnes. Il en prend en otage dix-sept autres. À ce moment-là, vous êtes salarié de ce magasin, de l'Hyper Cacher. Vous êtes au sous-sol. Vous rangez des cartons. Qu'est-ce que vous pensez dans les premières minutes de cette prise d'otages ?
Les prises d’otages… Comme je l'ai toujours dit, au début, moi, je pensais que c'était un accident.
Vous avez pensé à un accident de voiture sur le périphérique juste à côté ?
Exactement. Je n’ai pas pensé que ça se passait vraiment dans le magasin. C'est plus tard, quand les tirs se sont répétés, à plusieurs reprises, que j'ai vu tous les clients descendre pour me rejoindre. C'est là que j'ai commencé à comprendre que ça se passait vraiment dans le magasin.
Oui, parce qu'effectivement, vous voyez quelques clients qui descendent au sous-sol où vous vous trouvez et qui vous disent que des terroristes sont entrés dans le magasin.
Exactement, ça a été un choc. À ce moment, il y avait plus d'une vingtaine de personnes qui se sont bousculées pour descendre précipitamment. C'est un choc pas possible. Quand j'ai vu ces gens-là, j'ai commencé à poser la question : « Qu'est-ce qui se passe ? » Ce sont eux qui m'ont confirmé que les tirs se passaient vraiment dans le magasin.
Et à ce moment-là, vous allez mettre à l'abri des personnes dans la chambre froide.
À ce moment-là, la chambre froide était ouverte, la porte était ouverte. On est tous entrés dans la chambre froide. J'ai même tenu la porte à l'intérieur pour bien nous protéger.
Au bout de quelques minutes, vous proposez aux clients qui sont là de partir, de prendre le monte-charge pour tenter de vous échapper du magasin. C'est ça ?
Oui. Après, ils n'ont pas voulu, ils ont dit : « On va mettre notre vie en danger. » Bon, je leur ai fait comprendre que notre vie est déjà en danger et qu'il faut tenter quelque chose. Ils n'ont pas voulu me suivre finalement. Moi, j'ai coupé les moteurs et j'ai demandé à tout le monde de mettre les téléphones en mode silencieux. Et c'est à ce moment-là que moi, j'ai décidé de prendre le monte-charge.
Vous laissez les clients qui ne veulent pas tenter leur chance avec vous. Vous, vous montez par le monte-charge. Qu'est-ce qui vous pousse à agir ? Qu'est-ce qui vous pousse à partir à ce moment-là ?
À ce moment-là [...] je connais bien le magasin. Je me dis : pourquoi ne pas tenter quelque chose ? Bon, le terroriste, il est là, il est armé. Nous, on n'est pas armés.
Et quand vous êtes sorti, Lassana Bathily, les policiers vous arrêtent immédiatement, puisqu'ils encerclent le magasin et ils vont croire pendant assez longtemps, pendant une heure et demie, que vous êtes un des terroristes ?
Oui, pour faire comprendre aux policiers, là, ça a pris beaucoup de temps, parce qu’ils n'avaient aucune information sur moi. Quand je suis sorti, j'ai couru vers eux. C'est vrai qu’ils ont pensé que j'avais des explosifs sur moi. Du coup, avant de m'identifier, ça a pris quand même beaucoup de temps. C'est vrai que j'ai été maltraité au début, parce qu’ils m'ont chopé comme un terroriste…
Ils ont cru que vous étiez un complice d'Amedy Coulibaly ?
Voilà. J'ai été fouillé et menotté pendant plus d'une heure et demie, le temps de m'identifier.
Vous leur dites évidemment que vous travaillez dans le magasin et vous leur faites un plan du magasin. Et c'est ce qui va permettre aux policiers du RAID d'organiser et de lancer l'assaut.
Oui, quand ils ont su que je n'étais pas un terroriste, ils m'ont demandé d'aider à dessiner les plans du magasin [...] Ils ont eu un échange avec un des clients dans le magasin pour demander où ils étaient situés.
Et c'est là qu'on vous considère quasi immédiatement comme un héros. Parce que vous avez fait le plan, vous avez pu aider la police à intervenir.
Oui, c'est ça. C'était ça mon rôle le jour de l'attentat.
Vous ne cessez de répéter que vous ne vous considérez pas comme un héros. Pourquoi ?
Moi, je ne suis pas un héros. Je suis juste un bon, un bon simple citoyen qui a réagi au bon moment. Voilà, juste un bon citoyen.
Mais vous devenez, de fait, un héros national ce jour-là. Comment vous avez vécu ce moment-là et les jours qui ont suivi ? Vous vous êtes trouvé dans un tourbillon incroyable.
C'était difficile. Après les attentats, c'était très difficile, parce que j'ai donné ma première interview le jour des attentats vers 03h00 ou 02h00 du matin... Et le lendemain, je vois ma tête partout, aux informations, dans les journaux. Tout le monde parle de moi. Les gens commencent à me critiquer aussi : « Pourquoi t'as montré ta tête ? Il ne fallait pas montrer ta tête. » Moi, j'ai dit ce que j'ai vécu dans le magasin, je n'ai rien inventé. Bon, c'est vrai que c'était difficile, je n'étais pas préparé à quelque chose qui arrive brutalement comme ça. Ça m'a beaucoup dépassé.
Oui, ça vous a dépassé, parce que vous devenez un héros, que tous les médias sont derrière vous et qu'ils veulent vous interviewer. On vous présente alors comme un Malien musulman qui a sauvé des Français de confession juive. C'est un symbole qui rassure aussi dans cette France traumatisée par les attentats.
Oui, parce qu'un musulman qui travaille avec des juifs, qui a sauvé des juifs, c'est devenu quelque chose de fort, de symbolique. Personne ne s'attendait à ça. Moi, j'ai toujours dit que les juifs, ce sont mes frères. J'ai travaillé avec eux pendant des années. On n'a pas eu de problème de religion dans le magasin et pourtant j'ai pratiqué ma religion dans le magasin. Je faisais mes prières et le ramadan. Moi, je dis que j'ai sauvé des êtres humains, j'ai sauvé des êtres humains... qu'ils soient juifs, athées ou d'autres croyances. On est tous des êtres humains. On doit s'aider quand on en a besoin.
Et le tourbillon continue. Parce que onze jours après les faits, vous êtes naturalisé français pour acte de bravoure... reconnaissance inespérée, cérémonie avec les ministres de l'époque. Le tourbillon continue.
Oui, c'étaient les remerciements de la République pour ce que j'ai fait à l'Hyper Cacher [...] Et je remercie encore l'ancien gouvernement de François Hollande.
Ce jour-là, le jour de votre naturalisation, le 20 janvier 2015, vous lancez à la fin des quelques mots que vous allez prononcer : « Vive la liberté, vive l'amitié, vive la solidarité, vive la France ! »
Oui, c'est ça, nous tous, on doit être solidaires dans ces moments et être fiers, surtout fiers d'être Français. Moi, comme j'ai toujours dit, je me suis senti Français avant même d'avoir obtenu la carte française.
Est-ce que vous avez retrouvé une vie normale aujourd'hui ? Vous nous disiez au début de cet entretien que, dix ans après, forcément, ça fait remonter les souvenirs. Mais est-ce qu'aujourd'hui, vous vivez normalement, si je puis dire ?
Oui, j'ai une vie normale. C'est vrai que les souvenirs restent, mais quand même, j'ai mon activité, je travaille, je fais du sport.
Vous êtes employé à la mairie de Paris, aujourd'hui, je le signale.
Oui, je suis un employé de la mairie de Paris. Service événementiel. Voilà, j'ai pris vraiment une vie normale. Pour l'instant, tout va bien.
Vous rêviez à l'époque, il y a dix ans, d'être un ambassadeur de la Fraternité. Est-ce que vous avez réussi, de votre point de vue, à devenir cet ambassadeur-là ?
Non, je peux dire non, je n'ai pas réussi ça. Mais quand même, j'ai fait pas mal de mal d'interventions, que ce soit dans les écoles, dans les quartiers [...]
On vous fait venir dans les écoles, les collèges, les lycées, pour parler, pour raconter votre histoire.
Pour raconter mon histoire, pour raconter comment on peut continuer à vivre ensemble [...] Je continue mes interventions. Mais être ambassadeur, je n'ai pas encore réussi.
Quand vous revenez au Mali, chez vous, dans la région de Kayes d'où vous êtes originaire, on vous en parle de cette journée, de ce 9 janvier 2015 ?
Au début, on m'en parlait beaucoup... Mais quand je pars là-bas, ce sont des vacances pour profiter de la famille et des amis. Peut-être les gens des villages voisins, quand ils me voient, ils sont impressionnés [...] Mais dans mon village, on est passés à autre chose. On ne m'en parle pas beaucoup.
Puis, vous êtes l'enfant du village, vous êtes tout simplement Lassana...
Oui, je suis Lassana. Le Lassana d'avant, le Lassana d'aujourd'hui. Toujours pareil.
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Nous sommes le 7 janvier 2025, soit dix ans jour pour jour après l'attentat qui a frappé la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. C'était le 7 janvier 2015 : un commando de deux terroristes pénétrait dans la rédaction du journal et abattait froidement plusieurs dessinateurs dont Cabu, Tignous, Wolinski, Charb, Honoré. L'attaque fera douze morts et provoquera une onde de choc en France et dans le monde. Le slogan « Je suis Charlie » s'affichera sur des pancartes et dans des manifestations partout sur la planète. Dix ans après, que reste-t-il de l'esprit Charlie ? Quel avenir pour le dessin de presse, la caricature ? Quel avenir pour Charlie Hebdo ? Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, répond aux questions de RFI.
RFI : Bonjour, Gérard Biard. Dix ans après, comment allez-vous ?
Gérard Biard : Si vous voulez savoir comment on va, il y a quelque chose qui est très simple, c'est simplement d'acheter le journal toutes les semaines. Vous verrez comment se porte la rédaction, comment nous-mêmes, on se porte et le regard qu'on porte sur notre société.
Dix ans après, j'imagine que c'est encore difficile peut-être de faire le deuil. Comment est-ce que vous gérez la chose ?
Dix ans après, je dirais que c'est un petit peu inévitable, parce que c'est la date anniversaire, c'est la date symbolique. Tout le monde se dit : « Ah, oui. C'est vrai, il s'est passé ça ce jour-là. » Pour nous, les personnes qui ont été assassinées le 7 janvier 2015, elles sont toujours avec nous, on les porte toujours en nous. Quelque part, elles sont aussi toujours présentes dans les pages du journal. C'est eux aussi qu'on essaie de faire vivre et de continuer à faire vivre chaque semaine quand on fait ce journal.
Dans une interview au Monde il y a quelques jours, Riss disait que lui peut être et d'autres à Charlie se sentaient parfois seuls quand il y avait des procès contre Charlie. Est-ce que c'est aussi le sentiment qui est le vôtre ? Est-ce que dix ans après, vous vous sentez seul ?
On aimerait bien effectivement que des gens, parfois de notre propre famille politique, nous soutiennent davantage ou nous soutiennent tout court, au lieu de nous mettre des cibles dans le dos. Mais d'une manière générale, on a des abonnés, on a des gens qui nous écrivent toutes les semaines, on a des lecteurs fidèles. La plupart des gens qui nous écrivent disent combien Charlie est important pour eux. Ça nous fait plaisir. On ne va pas dire le contraire.
Nous réalisons cette interview dans le bureau de votre attaché de presse, pas à Charlie Hebdo. Ce n'est toujours pas possible, parce que vous recevez toujours des menaces ?
J'ai tendance à dire que tout le monde en reçoit tous les jours. Il suffit d'être sur les réseaux sociaux pour recevoir des menaces et parfois même des menaces de mort. Donc oui, de toute façon, on reçoit toujours des menaces. Mais on tient aussi à ce que la rédaction de Charlie Hebdo reste un sanctuaire.
Quid du dessin de presse ? Dix ans après, est-ce que vous estimez que certains journaux, nous-mêmes, on a régressé peut-être sur ce point précis ?
Oui, ça, c'est certain. Il y a de moins en moins de journaux qui publient des dessins de presse. Le New York Times a décidé de cesser toute publication de dessins de presse, quel qu'il soit d'ailleurs, qu'il soit politique ou tout simplement sociétal. Parce que le dessin, le dessin de presse, la satire, la caricature, ce sont des emmerdements. Ça veut dire potentiellement des polémiques, donc visiblement, la direction éditoriale du New York Times préfère avoir la paix et être tranquille. Elle ne veut pas d'ennuis. En fait, c'est embêtant quand on prétend défendre la démocratie et la liberté d'expression dans un pays qui va, je pense, en avoir besoin dans les quatre années qui viennent. Le dessin de presse et la caricature, c'est un outil indispensable à l'exercice du journalisme et à la presse. C'est ce qui permet de faire ce que Gébé appelait un pas de côté, de montrer aussi ce qui se cache derrière les discours, ce qui se cache derrière un personnage, ce qui se cache derrière un fait de société. Ce qu'on ne peut pas ou ce qu'on ne veut pas montrer, ou voir. C'est vrai que c'est un outil difficile à manier, parce que ça demande beaucoup de travail, ça demande beaucoup de réflexion, ça demande beaucoup d'intelligence. On ne fait pas un dessin de presse comme ça. On ne le jette pas comme ça sur le papier, ce n’est pas vrai, ça n'existe pas. C'est du boulot, mais c'est un boulot indispensable si on veut faire un travail de journalisme complet, honnête et un travail de réflexion que n'offrira pas forcément ou beaucoup plus difficilement un texte, y compris le plus brillant des textes d'analyse.
Il y a des choses que, justement, vous vous refusez à faire, à dire, à écrire ou à dessiner dix ans après ?
Il y a, pour commencer, ce que permet la loi. La loi sur la liberté de la presse, la loi de 1881, elle, est assez claire. Et elle est valable pour tous les citoyens et c'est la loi de la presse. Donc voilà, il y a ce qu'il y a, ce qui existe dans la loi de la presse, sur l'injure, la diffamation, le racisme, l'antisémitisme. Et puis, tout le monde a ses propres limites. Moi, il y a des sujets que je ne traiterai pas. Je m'interdis, par exemple, de parler de la vie privée de quelqu'un dès lors qu'il ne l'a pas lui-même mis sur la place publique, ou dès lors que ça ne concerne pas quelque chose qui concerne toute la société.
Et l'humour grinçant, vachard qui est le vôtre, il a toujours un avenir à vos yeux ?
Oh, je pense oui. Il n’y a pas de raison. D'ailleurs, on n'est pas les seuls à utiliser et faire l'usage de ce type d'humour.
Vous avez parlé, au tout début, de la nouvelle génération, peut-être à la fois de journalistes et de dessinateurs qui ont intégré le journal Charlie Hebdo. Qu'est-ce qu'ils apportent de nouveau ? Est-ce qu’ils contribuent à faire avancer le journal ? Si oui, dans quelle direction ?
Oui, parce que déjà ils nous ont obligés, nous, à faire un travail de pédagogie et à leur expliquer ce qu'est Charlie. Parce que tout le monde a sa propre idée de ce qu'est Charlie. Il faut aussi leur raconter, leur expliquer et leur dire : voilà, ce journal, c'est ça aussi. Il a une histoire, il ne vient pas de nulle part. Il n’a pas été fondé par n'importe qui, par quelqu'un qui s'est dit un jour : tiens, je vais faire un journal pour avoir une danseuse. C'est un journal indépendant, totalement indépendant, qui est adossé à aucun groupe de presse, qui n'a pas d'actionnaires extérieurs, qui ne dépend pas de la publicité. On n'a pas de pub dans Charlie. Donc, c'est un journal qui vit de ses lecteurs, de son lectorat. C'est quelque chose d’assez rare, de très rare même. Donc, il faut leur raconter tout ça.
C'est ce que vous leur dites en arrivant ?
On leur dit : « Lisez les anciens Charlie. » On leur sort les anciens numéros et on leur dit : « Regardez ce que c'est le journal dans lequel vous travaillez maintenant. » Parce que c'est ça aussi qu'il va falloir qu'ils transmettent eux-mêmes dans l'avenir qu'ils incarnent. Parce que l'avenir de Charlie, ce n’est pas Riss, ce n’est pas moi, c'est eux.
C'est à eux aussi de perpétuer la mémoire aussi, peut-être, des anciens qui sont tombés le 7 janvier 2015 ?
Oui, mais pas que ceux qui sont tombés le 7 janvier 2015. C'est la mémoire de tous ceux qui ont fait Charlie. En faisant Charlie, on perpétue la mémoire de Cavanna aussi, qui est l’un des créateurs avec Choron. On perpétue la mémoire de Gébé. On perpétue la mémoire de Reiser, de Fournier, de tous ces gens qui ont fait de Charlie ce qu'il était et ce qu'il est toujours. Donc, c'est ça aussi qu'il faut transmettre. Le 7 janvier 2015 est une date fondamentale évidemment dans l'histoire du journal, mais il ne faut pas s'arrêter à ça. On y revient toujours, malheureusement. Là, aujourd'hui, on est une rédaction entre 30 et 40 personnes qui collaborent avec beaucoup de jeunes dessinateurs et de jeunes journalistes. Et dessinatrices aussi, d'ailleurs. Donc, ce sont eux aussi qui feront le Charlie Hebdo, celui dans dix ans déjà. C'est vers ça qu'on tend, c'est à ça qu'on pense et c'est vers ça qu'on se dirige, j'espère. C'est vers l'avenir.
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À l'occasion de l'ouverture ce lundi de la Conférence des ambassadeurs à l'Élysée, Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, au Congo et au Sénégal , auteur du Grand livre de l’Afrique, (Éditions Eyrolles) est l'invité de RFI. Il pointe les limites et les erreurs de la politique étrangère française, en Afrique notamment. Entretien.
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Père Pedro, fondateur de l''œuvre humanitaire Akamasoa à Madagascar, est le grand invité international de RFI ce 4 janvier 2025. Installé à Madagascar depuis 50 ans, il raconte son combat contre la misère. Grande figue de la solidarité, il espère une mobilisation mondiale pour la paix et la réduction des inégalités.
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La situation en Haïti est toujours extrêmement préoccupante. Le pays, et plus particulièrement la zone métropolitaine de Port-au-Prince, sa capitale, est plongé dans une spirale de violence extrême due aux gangs armés. Violence qui a fait des milliers de morts rien qu'en 2024. Sans oublier qu'Haïti est en plus confrontée à une crise politique et humanitaire très importante. Les témoignages sur place sont rares et précieux... Entretien avec notre grand invité international, Pierre-Michel Jean, cinéaste, photoreporter, réalisateur du film L’oubli tue deux fois.
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Week-end sous tension à Tbilissi dans le Caucase, où s'affrontent depuis un mois, manifestants pro-européens et pouvoir pro-russe. Un nouveau président proche de Moscou, l'ancien footballeur international et homme politique Mikhaïl Kavelachvili pourrait entrer en fonction demain, dimanche 29 décembre, en Géorgie. Une arrivée à la magistrature suprême qui va envenimer une situation déjà tendue ? Régis Genté, correspondant de RFI dans la région, est ce samedi matin, notre grand invité international.
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Monseigneur Pascal Gollnisch est prêtre du diocèse de Paris et directeur général de L’Œuvre d’Orient, qui porte un message d’urgence face aux conflits qui ravagent le Moyen-Orient. À la tête de l'association française, active depuis 170 ans, il appelle à des actions concrètes pour mettre fin aux guerres au Gaza et au sud du Liban, soulignant l’importance de la paix dans ces régions tourmentées.
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