Episodes

  • De la scène de leur rencontre à la scène de leur mort, c’est tout un film qui passe. Un bandit moyen fait équipe avec une femme aventureuse... Et le résultat ? Un des duos les plus épiques de l’histoire du cinéma. Vous êtes dans Ma ligne de chance, et aujourd’hui on découvre Bonnie and Clyde ! Et nous allons nous y intéresser à travers la notion de récit, de récit de soi.
    Le film d’Arthur Penn met en scène Bonnie, jouée par Faye Dunaway, et Clyde, joué par Warren Beatty. Les deux personnages ont formé une bande, le Barrow Gang. Et ils sont spécialisés dans le braquage de banques ! Mais vers la fin du film, ils sont quasi esseulés, et la police est sur leurs traces. Or, à ce moment-là, Bonnie révèle à Clyde qu’elle a écrit un poème racontant leur histoire.
    https://www.youtube.com/watch?v=xjdKPS6-8XU
    « You know what you done there ? You told my story » « Tu sais ce que tu as fait là ? Tu as raconté mon histoire. » Voilà la réaction, belle et émouvante, de Clyde à l’écoute du poème de Bonnie. Et un peu de contexte : le duo est assailli par la police mais aussi la mauvaise presse. Ainsi un tel hommage à leur action apparaît comme une bouée de sauvetage. Et ceci d’autant plus que Bonnie and Clyde font publier le poème dans un journal... Or dans la lutte pour l’image et le contrôle de l’information, ce poème est extrêmement important. Car il permet en effet de montrer au grand public une autre image de ce gang. Ils ne sont pas deux tueurs sanguinaires à l’origine de tous les maux de la terre. Mais ils se présentent comme deux justiciers qui combattent par la force et la violence des situations injustes et inégales.
    L'importance de ce poème va au-delà de l'image publique du Barrow Gang. En effet, il s'ancre dans quelque chose de beaucoup plus personnel : dans la question du récit. Le récit de soi, c'est ce qu'on raconte de soi-même ; et c'est ce qui nous permet de reconnaître quelle est notre identité. Pour en savoir plus sur ce poème comme récit, écoutez notre podcast !
     
    Pour aller plus loin:
    Sur le rapport entre identité personnelle et mémoire, la théorie de Locke.
    Et livre qui interroge la construction d'une identité sans altérité: Vendredi ou les Limbes du Pacifique, de Michel Tournier.
    Enfin, un film sur une semi-conscience de l'amnésie par le héros et un déni de son identité criminelle: Shutter Island.

  • Les chansons mythiques de Simon et Garfunkel peuplent un film mythique de Mike Nichols. Et elles accompagnent le destin de Ben, jeune homme tout juste diplômé, qui passe les vacances chez ses parents. Son désœuvrement a marqué toute une génération et continue de nous toucher aujourd’hui. Or son oisiveté va être troublé par l'apprentissage de l'amour... et de la séduction. Vous êtes dans Ma ligne de chance et aujourd’hui on découvre The Graduate – Le Lauréat !
    https://www.youtube.com/watch?v=-3lKbMBab18
    Lors d’une soirée organisée en son honneur, Ben (joué par Dustin Hoffman) se montre peu. Mais Mrs Robinson, une amie de ses parents, lui demande de la raccompagner chez elle, et il accepte. Or une fois arrivé, elle l’invite à s’installer confortablement ; puis elle lui offre à boire ; enfin, elle met de la musique... En définitive, Ben commence à se demander si elle n’est pas en train de lui faire des avances, si elle n'est pas en train de faire un jeu de séduction.
    « Mrs Robinson, you’re trying to seduce me. Aren’t you ? » « Madame Robinson, vous essayez de me séduire. Non ? » Cette réplique est devenue culte. En effet, on se souvient tous de l’image, le plan qui la saisit. Il montre la jambe pliée de Mrs Robinson, et à travers l’espace formé par le pli de la jambe, on voit Ben dire cette fameuse phrase. Qu'est-ce que cela peut bien indiquer ?
    Dans sa phrase, Ben conclut un raisonnement : Mrs Robinson l’a amené chez lui. Puis elle lui a offert à boire et a mis de la musique. Ensuite, elle a parlé de choses intimes et vient de d’évoquer l’absence, pour quelques heures, de son mari. Ben en conclut donc : elle essaie de me séduire. Ce qui est remarquable, c’est qu’il n’est pas du tout certain de la validité de sa déduction. Pourtant il semblerait qu’il ait raison: car plus tard dans la séquence, Mrs Robinson lui fera une proposition ô combien explicite.
    Mais remarquons que Mrs Robinson est très réticente à qualifier son attitude de séductrice. Plusieurs fois, elle lui répète qu’elle ne cherche pas à le séduire, son seul désir est de ne pas rester seule. Elle ne veut pas exercer sur lui de quelconque séduction. Comment comprendre alors l'ambiguïté dans laquelle se trouve Ben ? Comment sa célèbre réplique montre-t-elle à la fois sa compréhension et sa méconnaissance de sa situation ? Venez le découvrir en écoutant notre podcast !
     
    Pour aller plus loin.
    Pour une vision contraire à Bergson, voir Hegel : pour le philosophe allemand, les mots sont l'expression la meilleure de la pensée. Une pensée sans mots n'est que du vague, du rien.
    Jeter un oeil au discutable mais passionnant ouvrage de Jean Baudrillard, De la séduction.
    Pour une autre oeuvre dépeignant un jeune premier désoeuvré découvrant les affres de l'amour (avec des développements et une conclusion très différents !), lire Adolphe de Benjamin Constant.

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  • Un jeune premier charismatique, dans une France post-soixantehuitarde, qui chante des chansons d'entre-deux-guerres. Tel est le décor et le cadre du film le plus célèbre du cinéaste Jean Eustache, entre modernité et nostalgie. Vous êtes dans Ma ligne de chance, et aujourd’hui on découvre La Maman et la Putain ! Alexandre, joué par Jean-Pierre Léaud, et Veronika, jouée par Françoise Lebrun, ont un rendez-vous au restaurant. Ils en arrivent très vite à évoquer le contenu de leur assiette. Et c’est alors qu’Alexandre se lance dans une blague sur la nourriture. Comment vraiment sentir le goût d'un plat ?
    https://www.youtube.com/watch?v=HkAErt_Wnac
    Ce pseudo-raisonnement conteste quasiment toute la philosophie moderne. Par exemple, il s'oppose à l'Essai sur l’entendement humain du philosophe John Locke. En effet, Locke distingue entre les qualités premières et les qualités secondes. Les qualités premières appartiennent de façon essentielle aux corps extérieurs ; mais les qualités secondes, elles, n'existent que dans notre esprit. Ainsi tout corps est soit en mouvement soit en repos, a une certaine figure, une certaine étendue... Ce sont là des qualités premières. Mais le goût, la douceur, le son, voilà des qualités secondes qui n'existent que dans notre esprit. Donc les qualités premières sont des choses réelles, et pas les qualités secondes.
    Or Alexandre semble dire exactement le contraire. Car selon lui, quand on mange froid ou dur, on sent le froid ou le dur : on sent, en quelque sorte, la qualité seconde elle-même. Pourtant Alexandre ne va pas jusqu'à faire un éloge des qualités secondes. Au contraire, selon lui, elles cachent, recouvrent, masquent une qualité essentielle du plat : son goût. A partir de cette analyse sémantique du raisonnement d'Alexandre, on peut se demander : d'où vient la blague ? D'où vient le comique ? Pour le découvrir, écoutez notre podcast !
     
    Pour aller plus loin :
    Découvrir la réhabilitation par David Hume des qualités secondes dans Traité de la nature humaine.
    Se plonger avec délices dans un film sorti la même année que le film de Jean Eustache (1973) : La Grande Bouffe, de Marco Ferreri.
    Penser à consulter la conception épicurienne de la nourriture.

  • Depardieu qui grime un Obélix devenu légendaire; à ses côtés, Christian Clavier, Jamel Debbouze, Monica Bellucci, Alain Chabat et j’en passe… Le casting d’Astérix et Obélix mission Cléopâtre est hors du commun. Vous êtes dans Ma ligne de chance, et aujourd’hui on pénètre dans l’univers si célèbre de Goscinny et Uderzo ! Astérix et Obélix sont avec leur druide Panoramix, fournisseur de la célèbre potion magique. Et tous trois vont aider à la construction d’un palais pour le compte de la reine Cléopâtre. Comme souvent, le but est de l’emporter sur Jules César, l’empereur romain. Or une fois en Égypte, sur le chantier de construction, ils rencontrent un curieux personnage. Il s'agit d'Otis, joué par Edouard Baer, qui explique ce qu'il en est de sa situation. De cette façon, il leur sert un des monologues les plus connus de l’histoire du cinéma français.
    https://www.youtube.com/watch?v=WfPo-MOlcqo
     
    « Je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation ». Cette phrase, et tout le monologue qui suit ont l’apparence d’un discours décousu, qui part dans tous les sens. Mais en réalité, ils font l’apologie d’un clair relativisme. Cela veut dire qu'une situation sociale, économique, n’est pas en soi bonne ou mauvaise. Être scribe ou président, ça n'a pas de valeur en soi, pas d’étiquette morale. Ce relativisme d’Otis peut sembler simplet, parce qu’il est contre-intuitif. Pourtant, il a quelque chose d’extrêmement séduisant. C’est qu’il rejoint en partie un diagnostic établi par Albert Camus dans Le mythe de Sisyphe. Dans cet essai, Camus insiste sur l’idée qu’il faut accepter l’absurdité de ce monde. Qu'est-ce que cela implique ? Venez le découvrir en écoutant notre podcast !
     
    Pour aller plus loin:
    Sur l'action de l'homme absurde chez Camus, consulter aussi L'homme révolté.
    Se renseigner sur le concept de "situation" chez un contemporain de Camus, Jean-Paul Sartre.
    Découvrir un "relativisme moral" un peu particulier, dans lequel puise en partie Camus: la doctrine de Spinoza.

  • Le roi Midas transformait en or ce tout qu’il touchait. L’Avare de Molière craignait sans cesse qu’on lui dérobe son patrimoine. Et Don Salluste, joué par l’indémodable Louis de Funès, aime se réveiller au son des pièces d’or. Ainsi, tous ces personnages craignaient la pauvreté et rejetaient les pauvres. Car l'or rend fou les hommes et mène à tous les excès ; et justement aujourd’hui, dans Ma ligne de chance, on découvre La folie des grandeurs !
    Don Salluste est un ministre de la cour d’Espagne. Et c'est aussi un homme cupide, fasciné par l’or, qui aime collecter lui-même les impôts. Midas aimait tellement l’or qu’il demanda aux dieux de transformer tout ce qu’il touchait en or. L'Avare de Molière aimait également tant l’or qu’il était toujours inquiet de perdre une minime partie de sa fortune. De même, Don Salluste aime tellement l’or qu’il veut le confisquer à tous. Et il n’hésite pas pour cela à être hypocrite et à opprimer le peuple, opprimer les pauvres. Mais ceux-ci sont pourtant accablés sous le poids des impôts et d'une mauvaise récolte. Et ainsi, l'avidité excessive de Don Salluste le conduit aux phrases les plus scandaleuses.
    https://www.youtube.com/watch?v=-X_yvubk23c
    « Les pauvres c’est fait pour être très pauvres et les riches, très riches ! » Incontestablement, cette phrase est comique. Mais le rire que l'on lâche à son écoute est déjà un rire scandalisé. Car le comique de la réplique vient en grande partie de son aspect caricatural. Et c'est cet aspect que nous explorons dans cette émission de Ma ligne de chance. Avec Pascal et son écrit, Trois discours sur la condition des Grands, nous montrons que le rire ne vient pas seulement de l'excès de la phrase de Don Salluste ; pour comprendre cela, écoutez notre podcast !
     
    Pour aller plus loin:
    Lisez les Trois discours sur la condition des Grands, texte fabuleux sur la condition humaine soumise aux contingences, aux hasards et à l'arbitraire !
    Une approche littéraire d'un homme qui parvient à la fortune par un hasard: Le Comte de Monte-Cristo, d'Alexandre Dumas.
    Pour une réflexion sociologique actuelle sur la richesse et la pauvreté, voir les travaux de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.

  • Un épouvantail à qui manque un cerveau, un homme de fer-blanc qui est dépourvu de cœur, et un lion qui n’a pas de courage : voilà les trois compagnons de Dorothée, alias Judy Garland, dans la quête qui doit la ramener chez elle, au Kansas. Au cours de cette aventure, le foyer, le chez-soi, joue un rôle central. Vous êtes dans Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris, et aujourd’hui, on découvre Le Magicien d’Oz !
    Dorothée et ses trois compagnons ont réussi à se défaire de la Méchante sorcière de l’ouest ; et ils sont de retour dans la cité d’Emeraude. Le magicien d’Oz s’est révélé n’être qu’un imposteur... Toutefois, il fait comprendre à l’épouvantail qu’il n’a pas besoin d’un cerveau anatomique pour être intelligent. Au lion, il explique que les héros n’ont pas plus de courage que lui. Enfin, à l’homme de fer-blanc il montre qu'il n’a pas besoin d’un cœur anatomique pour être généreux et gentil. De plus, il promet à Dorothée de la ramener chez elle en montgolfière. Mais Dorothée et son chien Toto ratent le départ de la montgolfière. Ils ne savent donc plus comment faire pour retourner au Kansas. C’est alors qu’apparaît Glinda, la bonne sorcière du Nord.
    https://www.youtube.com/watch?v=zJ6VT7ciR1o
    « There’s no place like home. » Deux traductions de cette si célèbre réplique sont possibles. La première : « Aucun lieu n’est comparable au chez-soi. » L’idée n’est en soi pas très originale : la valeur du chez-soi est plus grande que la valeur des autres lieux. La deuxième : « Il n’existe pas d’endroit qui puisse être qualifié de chez-soi ». Et là, les perspectives philosophiques deviennent d'autant plus intéressantes... Venez les découvrir, en écoutant notre podcast !
    Pour aller plus loin:
    Sur l'opposition entre départs aventureux et sérénité du foyer, lire Candide de Voltaire.
    Pour des approches philosophiques de la notion de foyer, de maison, voir Heidegger et sa critique par Lévinas.
    Un poète qui thématise la fuite du quotidien : Baudelaire.

  • Les moustaches des chatons, les chaudes mitaines en laine, les roses mouillées par les gouttes de pluie : autant de souvenirs que Maria convoque pour atténuer les douleurs et les peines. Tout cela, en chanson bien sûr. Vous êtes dans Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris, et aujourd’hui on découvre La mélodie du bonheur !
    D’abord une comédie musicale, La mélodie du bonheur (The Sound of Music en anglais) est devenu en 1965 un film musical, réalisé par Robert Wise. Maria, joué par Julie Andrews, est la gouvernante excentrique des sept enfants du capitaine von Trapp. Elle leur donne notamment des leçons de chant restées dans l’histoire du cinéma. Un soir, alors qu’un orage gronde, les enfants viennent se réfugier dans la chambre de Maria. Et celle-ci doit alors trouver le moyen de les rassurer : elle le fait par la chanson.
    https://www.youtube.com/watch?v=DGABqdbtQnA
    « When the dog bites, when the bee stings, when I’m feeling sad; I simply remember my favorite things and then I don’t feel so bad ». « Quand le chien mord, quand l’abeille pique, quand je me sens triste; je me souviens simplement des choses que je préfère: et alors je ne me sens pas si mal. » Quand Maria prononce cette réplique, elle énonce un remède face à des émotions négatives : la souffrance physique, la tristesse. Son remède, c’est le souvenir de choses joyeuses qu’elle a connues. Et en cela, ce remède se rapproche grandement d’une théorie philosophique de l’Antiquité : l’épicurisme. Mais un souvenir est-il vraiment suffisant face à la douleur du présent ? Pour le savoir, venez écouter notre podcast !
    Pour aller plus loin:
    Lire la Lettre à Idoménée d'Épicure, dans laquelle il développe sa théorie de la "réminiscence affective" (Jean Salem).
    Parcourir les Essais de Montaigne, livre II (ou le De finibus de Cicéron, livre II) pour trouver leurs critiques vis-à-vis d'Épicure.
    Lire À la recherche du temps perdu, le chef-d'oeuvre de Marcel Proust qui montre la puissance des souvenirs.

  • Un projecteur qui tombe du ciel ; la réapparition d’un père que vous croyez mort ; ou encore le brouillage suspect d’une fréquence radio : tels sont parmi les détails qui pourraient vous faire douter de la réalité du monde dans lequel vous existez. Et tels sont les micro-événements de la vie de Truman Burbank qui lui montrent l'illusion de ce qui l'entoure. Vous écoutez Ma ligne de chance sur Radio Campus Paris, et aujourd’hui, on découvre The Truman Show !
    Suis-je à mon insu l’acteur principal d’une immense télé-réalité ? Voilà la principale question que pose le film de Peter Weir, sorti en 1998. Truman Burbank, alias Jim Carrey, a vécu toute sa vie dans un monde clos, répétitif, cyclique. Et il ne sait pas qu’il est le rôle central d’une émission mondialisée, réalisée par Christof. Peu à peu, au cours du film, Truman se met à suspecter l'illusion du monde qui l’entoure. Il en comprend la fausseté.
    Truman finit par s’enfuir, à bord d’un bateau. Mais, loin de voyager éternellement, il en arrive aux frontières de son monde. C'est alors qu'il découvre que cet univers n'était en fait qu'une illusion : un simple plateau, un décor de télévision. Or, à ce moment-là, Christof s’adresse à lui directement. Le réalisateur lui explique son origine et le sens de sa vie. Que va décider de faire Truman ? Rester dans ce faux monde, ou en partir ? C’est là l’enjeu de la réplique que nous analysons aujourd’hui.
    https://www.youtube.com/watch?v=6ZMZYrdXtP0
     
    « In case I don’t see ya, good afternoon, good evening and goodnight ! » « Au cas où je ne vous vois pas, bon après-midi, bonne soirée et bonne nuit ! » Cette réplique de Truman est une reprise exacte de celle qu’il prononçait chaque matin à ses voisins, au moment d’aller au travail. Et en cela, elle est intéressante : au début du film, Truman ne soupçonnait rien de l'illusion de son monde. Il prononçait cette phrase le plus naturellement du monde. Mais maintenant, il a tout découvert ; et pourtant, il prononce cette phrase emblématique. Comment comprendre ce qu'il veut désormais dire ? Pour le savoir, écoutez notre podcast !
    Pour aller plus loin:
    Lire La République de Platon, en particulier le mythe de la caverne dans le Livre VII.
    Regarder Shutter Island, un film de Martin Scorsese qui questionne les illusions mentales d'un homme fou et torturé.
    Découvrir la série Black Mirror, saison II, épisode 2 ("La Chasse"): cet épisode montre (de façon plus violente que The Truman Show) un être humain placé au coeur d'un immense décor de télé-réalité.

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma: vous êtes bien dans Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous abordons pendant deux émissions une comédie culte du 21esiècle, OSS 117 : Rio ne répond plus. En particulier, nous allons découvrir une réplique d'OSS 117 qui mobilise les notions de syllogisme et d'aventure.
    https://www.youtube.com/watch?v=1nuddvBaH2k
    « D’aucuns ont des aventures ; je suis une aventure. » Cette réplique de Jean Dujardin nous a donné à penser. Et voici donc notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille des scénaristes Jean-François Halin et Michel Hazanavicius.
    Hubert Bonnisseur de La Bath, ou OSS 117 (alias Jean Dujardin) est en quête d’un ancien dignitaire nazi établi au Brésil. Or il vient tout juste de sauver ses compagnons de route, dont Dolorès Koulechov (alias Louise Monot), d’un terrible crash d’avion. En conséquence, Dolorès le remercie. Mais Hubert semble prendre cela pour une avance: cela constitue l’occasion de sa célèbre réplique.
    Il va de soi que ce qui fait la force de cette phrase, c’est son aspect comique. Mais plusieurs éléments contribuent à ce comique: tout d'abord la forme logique de la phrase. Ensuite, c'est la mécompréhension totale d'OSS 117 qui prête à rire. En effet, il croit que Dolorès lui fait une avance, ce qui n'est pas du tout le cas. Sa réplique apparaît dès lors comme complètement à côté de la plaque. Enfin c'est l'exagération étonnante du sérieux de sa tirade, qui crée le comique. En particulier, la notion d'aventure est complètement détournée pour susciter, par le décalage, notre rire. Pour mieux comprendre ce qui se joue dans cette réplique, écoutez nos deux podcasts !
    Sortie des podcasts: 14 novembre et 29 novembre.
     
    Les références de l'émission:
     
     
    Pour aller plus loin:

    Sur la notion d'aventure: La philosophie de l'aventure de Georg Simmel.
    L'aventure par excellence: L'Odyssée d'Homère qui retrace l'histoire d'Ulysse.
    Sur une "aventure amoureuse" passionnelle et qui s'installe dans la durée: Belle du Seigneur d'Albert Cohen

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma: vous êtes bien dans Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous revenons aujourd’hui sur l’immense saga fantastique contemporaine : Harry Potter. Nous en abordons l'ultime film, Les Reliques de la Mort (partie 2). Une réplique en particulier nous intéresse, parce qu'elle donne à réfléchir sur la notion de réel.
    https://www.youtube.com/watch?v=VmVWuswEBSk
    « Of course it’s happening inside your head, Harry. Why should that mean that it’s not real ? » « Bien sûr que ça se passe dans ta tête, Harry. Pourquoi cela voudrait dire que ce n’est pas réel ? » Cette réplique de Michael Gambon nous a donné à penser. Et voici donc notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille du scénariste Steve Kloves, inspiré du roman de J.K. Rowling.
    La première chose à remarquer au sujet de cette réplique est qu’elle réhabilite les pensées comme quelque chose de réel. Car on a tendance à discréditer le monde de l’intériorité. En effet, il est vu comme confus, sans rapport avec la vie quotidienne : il ne serait pas concret. Or la saga Harry Potter a le mérite de réhabiliter la légitimité de nos pensées, de nos sentiments, de nos imaginations. Ce sont des choses réelles, elles appartiennent au réel. Et ce, au même titre que les événements qui nous arrivent, ou les actions que nous entreprenons. Il n’y a pas de différence de réalité, de nature, entre marcher, faire des courses, et avoir une pensée, faire un rêve. Ce n’est pas parce que le rêve n’est pas vu par les autres (alors que les autres peuvent me voir faire les courses) qu’il n’est pas réel.
    Mais alors, comment comprendre que les idées, les pensées soient des choses réelles ? Il s'avère que cette réplique de Dumbledore réactive un vieux débat philosophique. En effet, le matérialisme et l'idéalisme, deux approches de la réalité, s'opposent violemment dans l'histoire de la philosophie. Une branche de l'idéalisme est encore plus radicale : l'immatérialisme. Et elle est défendue par un philosophe irlandais, Berkeley. Ce penseur a notamment écrit les Principes de la connaissance humaine. Pour comprendre sa position, et l'originalité de la réplique de Dumbledore par rapport à ce débat vieux comme le monde, venez écouter notre podcast !
     
    Les références de l'émission :
     
     
    Pour aller plus loin :
    Sur la réalité de notre monde intérieur, le livre de Markus Gabriel : Pourquoi le monde n’existe pas.
    La nouvelle La Vénus d’Ille (de Prosper Mérimée) laisse planer le doute sur la réalité de notre monde extérieur. C’est le sentiment que crée souvent le genre fantastique en littérature.
    A voir : le célèbre film de Christopher Nolan, Inception, pour la richesse et la complexité de cette « intrusion » dans les strates de l’esprit humain.
     

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma: vous êtes bien dans Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous abordons aujourd’hui un des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma italien : Le Guépard de Luchino Visconti. Une réplique de Burt Lancaster nous a marqués: en effet, elle fait intervenir l'image biblique du "sel de la terre".
    https://www.youtube.com/watch?v=R0FOnHWs0Ow
    « Noi fummo i Gattopardi, i Leoni ; quelli che ci sostituiranno saranno gli sciacalli, le iene ; e tutti quanti Gattopardi, Leoni, sciacalli e pecore continueremo a crederci il sale della terra. » « Nous étions les Guépards, les Lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes ; et tous, tant que nous sommes, guépards, lions, chacals et brebis nous continuerons à nous croire le sel de la terre. » Cette réplique de Burt Lancaster nous a donné à penser. Voici donc notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille inspirée par le roman Le Guépardde Giuseppe Tomasi di Lampedusa.
    Nous sommes peu après le débarquement de Garibaldi en Sicile. Un fonctionnaire piémontais propose à Don Fabrizio Salina (alias Burt Lancaster) un poste de sénateur dans le nouveau Royaume d’Italie. Mais il refuse, trop attaché à ses racines siciliennes. Néanmoins, il reste fort pessimiste vis-à-vis du nouveau régime politique. Car ce sera différent, mais pire, affirme-t-il. Au moment du départ du fonctionnaire piémontais, Don Fabrizio prononce sa célèbre réplique.
    La métaphore animale du Sicilien est très intéressante, car elle souligne une double décadence de l'Italie. Première décadence: le pays est passé des guépards aux chacals. Et deuxième décadence: les guépards italiens ne sont plus ce qu'ils étaient. Or ce double mouvement contribue à atténuer l'opposition entre guépards/lions et chacals/hyènes. En effet, tous ont en commun de se croire le sel de la terre. Ceci est une référence à l’Evangile selon Mathieu, chapitre 5, verset 13. Dans ce verset, Jésus s’adresse à des foules, à ses disciples, et leur dit : « Vous êtes le sel de la terre. » Le sel, c’est-à-dire tout à la fois ce qui conserve et ce qui donne du goût. A partir de cette référence, comment comprendre la réplique de Don Fabrizio ? Spinoza et sa critique de l'anthropocentrisme, notamment dans l'Éthique, pourra nous y aider. Venez écouter notre podcast pour mieux le comprendre !
     
    Les références de l'émission:

     
    Pour aller plus loin:
    En critiquant l’idée que l’homme est « un empire dans un empire », Spinoza vise (entre autres) la philosophie de Descartes.
    Un autre film de Visconti présentant une décadence de l’aristocratie : Mort à Venise.
    A voir : le film de Wim Wenders, Le Sel de la terre, documentaire sur la vie du photographe Sebastião Salgado.

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma : vous êtes bien dans Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Pour cette première émission de l’année, nous découvrons un cinéaste français bien connu de la Nouvelle Vague : François Truffaut, et son film culte, La Femme d’à côté. On trouve en effet dans ce célèbre long-métrage une réflexion intéressante de Fanny Ardant sur les chansons.
    https://www.youtube.com/watch?v=Zp8WsvtSykE
    « Plus les chansons sont bêtes, plus elles sont vraies. » Cette réplique de Fanny Ardant nous a donné à penser. Voici donc notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille des scénaristes François Truffaut, Suzanne Schiffman et Jean Aurel.
    Bernard (Gérard Depardieu) et Mathilde (Fanny Ardant) ont eu une relation amoureuse tumultueuse. Ils se retrouvent par hasard sept ans plus tard. Dans le secret de leurs conjoints, ils renouent avec leur passion. Mais Bernard finit par tout avouer à son entourage, avec force et fracas. Mathilde en fait une dépression et doit être hospitalisée. Bernard lui rend alors visite, et on le sent quelque peu distant. C’est l’occasion de la célèbre réplique de Fanny Ardant.
    En quoi les chansons sont-elles bêtes ? « Bête » ne veut pas dire ici « stupide », mais plutôt « simple ». Car la chanson n'est pas obscure, pas hermétique, elle exprime un bon sens : et c'est pour cela, selon Mathilde, qu'elle se rapproche de la vérité. La chanson décrit exactement ce que l'on vit, semble penser Mathilde. Mais est-ce vraiment là une vérité ? N'a-t-on pas plutôt affaire à une détresse de Mathilde qui croit retrouver dans les chansons ce qu'elle vit ? Pour comprendre la force des paroles simples des chansons, nous ferons appel à l'analyse critique que livre Nietzsche de la musique de Wagner. Venez la découvrir en écoutant notre podcast !
     
    Les références de l'émission:

     
    Pour aller plus loin:
    Sur une approche philosophique de la chanson française (en l'occurrence, de Claude François) : La chanson exactement (Philippe Chevallier).
    Un opéra gigantesque de Wagner : L'Anneau de Nibelung, une tétralogie.
    La Femme d'à côté est un film inspiré d'un fait divers, tout comme un autre long-métrage de Truffaut : La peau douce.

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma, c’est le retour estival de Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous découvrons aujourd’hui un célèbre film américain des années 90 : Forrest Gump. Le personnage éponyme de ce film de Robert Zemeckis nous interroge sur l'existence du hasard.
    https://www.youtube.com/watch?v=CJh59vZ8ccc
    « My momma always said life was like a box of chocolate : you never know what you’re gonna get ». « Maman disait toujours que la vie, c’était comme une boîte de chocolat : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. » Cette réplique de Tom Hanks nous a donné à penser. Voici donc notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille du scénariste Éric Roth.
    Forrest Gump, joué par Tom Hanks, a très tôt été diagnostiqué comme stupide, handicapé mentalement. Or sa vie, racontée par le film, deviendra, sinon des plus trépidantes, du moins des plus impressionnantes. En effet, il sera champion de football américain et champion de ping-pong. Mais il connaîtra également la guerre du Vietnam, durant laquelle il sauve quatre de ses camarades de la mort. Après avoir été capitaine d’une entreprise de crevettes, il entame un marathon long de trois années, qui inspire toute une génération.
    Ainsi, Forrest Gump semble avoir déjoué toutes les déterminations qui pesaient sur lui à la naissance. Reste que sa compréhension de la vie et de tout ce qui lui arrive, est très sommaire. Il utilise en général des phrases toutes faites, ou en tout faites par sa mère. Celles-ci expriment souvent en images ou en constructions simples des vérités de bon sens. C’est le cas de cette célèbre réplique située dans la scène d’ouverture du film.
    Comment la comprendre ? Sans que cela n'étonne plus l'auditeur assidu de Ma ligne de chance, la notion de hasard a une longue histoire derrière elle. Robert Zemeckis s'empare d'une idée aussi vieille que le monde, ou du moins que les philosophes. En particulier, la pensée d'Aristote peut nous permettre de mieux comprendre cette (si) célèbre phrase de Forrest. Pour cela, il faut expliquer la distinction aristotélicienne entre les différents types de causes, et notamment la cause finale. Que Forrest Gump mange des chocolats, c'est une chose. Qu'il les mange au hasard, c'en est une autre ; et c'est peut-être la clé de sa vie hors du commun. Venez découvrir pourquoi, dans le nouveau podcast de Ma ligne de chance !
     
    Les références de l'émission:

     
    Pour aller plus loin:
    Un philosophe qui pense que le hasard est le moteur du monde: le présocratique Démocrite.
    Une réflexion plus contemporaine sur la notion de hasard: Le hasard et la nécessité de Jacques Monod.
    Sur une possible introduction du hasard (entendu comme événement aléatoire) dans les arts, ici la littérature: Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau.

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma : c’est le retour estival de Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous allons découvrir un chef-d’œuvre du cinéma français. Il a été remis récemment au goût du jour : il s'agit des Demoiselles de Rochefort, de Jacques Demy. Or l'extrait que nous allons voir aborde de façon très intéressante la notion du figuratif.
    https://www.youtube.com/watch?v=7Zqcb0zLgvM
    « C’est platement figuratif, toi tu es spirituelle mon âme. » Cette réplique de Jacques Riberolles nous a donné à penser. Et voici donc notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille du scénariste-réalisateur Jacques Demy.
    Delphine Garnier, incarnée par Catherine Deneuve est lassé de son amoureux, Guillaume Lancien, joué par Jacques Riberolles. Néanmoins, elle se rend à sa galerie d’art pour le retrouver. Or, c'est là qu'elle découvre le portrait d’une femme qui lui ressemble étrangement. Maxence, joué par Jacques Perrin, a peint ce tableau. Ce personnage est un idéaliste tout à la fois marin, peintre et poète. Il recherche l’idéal féminin ; il l'a trouvé dans les traits de Delphine qu’il n’a pourtant jamais vue. Ainsi se déploie la première occurrence de l'idée de figuratif. Delphine s’étonne devant Guillaume de la ressemblance de ce portrait avec son visage. C’est l’occasion pour son amoureux de lancer sa célèbre réplique.
    La vision de la peinture de Guillaume est fort réductrice. Or elle ressemble à celle développée par Leon Battista Alberti dans le livre I de son essai de 1435, De la peinture. Car ce livre I se consacre à une approche scientifique et mathématique de l’art pictural, et notamment des techniques renaissantes de perspective. Les pensées d'Alberti semblent rejoindre celles de Guillaume sur l'opposition figuratif/spirituel. Néanmoins les livres suivants, et notamment le livre II, complète les analyses du livre I. Alberti y aborde en effet la question de l'illusionnisme de l'art. Or l'illusion que crée l'art contredit l'idée que la figuration (que le figuratif) est dénuée de spiritualité. L'opposition de Guillaume était donc sans doute exagérée. Venez mieux le comprendre, en écoutant notre podcast !
     
    Les références de l'émission :

     
    Pour aller plus loin :
    Sur la spiritualité présente dans l'art abstrait, qui rompt avec la peinture figurative : Du Spirituel dans l'art de Kandinsky.
    Pour la représentation picturale d'un idéal féminin, voir (entre mille exemples) les peintures de Modigliani.
    A propos de l'apparition de la perspective en peinture, les analyses de Jacques Darriulat sur son site.

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma : c’est le retour estival de Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous abordons aujourd’hui un film un peu particulier : Hôtel Chevalier, court-métrage précédant le film Darjeeling Limited, de Wes Anderson. Car une réplique en particulier de ce court-métrage interroge sur la notion d'ambiguïté.
    https://www.youtube.com/watch?v=Yw9Z7Z4j4Gk
    « Whatever happens in the end, I don’t wanna lose you as my friend ». « Quoi qu’il arrive à la fin, je ne veux pas te perdre comme mon ami. » Cette réplique de Natalie Portman nous a donné à penser. Et voici donc notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille du scénariste-réalisateur Wes Anderson.
    Jack Whitman, joué par Jason Schwartzman, reçoit dans sa chambre d’hôtel sa petite amie, jouée par Natalie Portman. Or il l'évite depuis un mois. En conséquence, la gêne se fait ressentir. Néanmoins, après l’arrivée impromptue du service de chambre, ils s’embrassent et lui commence à la déshabiller. Il découvre alors des bleus sur les bras de son aimée. Mais elle ne répond pas à ses interrogations. Après l’avoir embrassée pour rompre le silence, Natalie Portman lance sa célèbre réplique.
    Or cette réplique a tout de l’ambiguïté : la petite amie de Jack a-t-elle peur de perdre son amitié ? Ou bien a-t-elle peur de le perdre comme ami, c’est-à-dire qu’il ne devienne qu’un simple ami ? C’est cette version que semble privilégier Jack dans sa réponse, puisqu’il lui promet qu’il ne sera jamais son ami. Or c’est précisément l’ambiguïté de la réplique qui la rend intéressante. En effet, cette ambiguïté ouvre la possibilité d’un trait d’esprit, d’un jeu de mots. Pour mieux comprendre ce qui se joue ici, nous convoquerons le De oratore de Cicéron ! En particulier, son analyse des plaisanteries que peut ou ne doit pas faire le bon orateur sera fort éclairante. Afin de découvrir notre interprétation, écoutez le podcast de l'émission !
     
    Les références de l'émission :
     
     
    Pour aller plus loin :
    Un penseur récent de l'ambiguïté : Maurice Merleau-Ponty.
    Une analyse de l'influence de Cicéron sur la culture occidentale : L'aventure sémiologique (Roland Barthes).
    Sur le rire que peut provoquer un trait d'esprit : Le Rire (Henri Bergson).

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma : c’est le retour estival de Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous découvrons aujourd’hui le cinéma de Tarantino. En particulier, nous abordons son film culte : Pulp Fiction. Car dans celui-ci se trouve une scène qui nous permettra de réfléchir sur l'amour-propre.
    https://www.youtube.com/watch?v=BHTeq3klVZY
    « Pride only hurts, it never helps ». « L’orgueil fait seulement mal, il n’aide jamais. » Cette réplique de Ving Rhames nous a donné à penser. Et voici notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille du scénariste-réalisateur Quentin Tarantino.
    Cette réplique est celle d’un personnage secondaire, Marsellus Wallace, incarné par Ving Rhames. Marsellus est le patron de nombreux truands. D'ailleurs, il est un gangster lui-même. Dans la scène qui nous intéresse, Marsellus est face à un boxeur, Butch Coolidge. Celui-ci va disputer le lendemain le dernier combat de sa carrière. Or Marsellus lui remet de l’argent : car il attend en échange que Butch perde le combat à un moment précis. Face aux hésitations de Butch, Marsellus prononce sa célèbre réplique.
    Nous avons traduit « pride » par « orgueil ». Mais cela n’a rien d’évident. Le mot anglais recouvre les sens français de fierté, d’honneur, de vanité. Un mot, courant dans l’histoire de la philosophie, réunit ces différentes idées : l’amour-propre. Ainsi Marsellus enjoint à Butch de n’avoir pas d’amour-propre. Autrement dit, il l'incite à n'avoir pas d’état d’âme, pas de scrupule quant à être corrompu. Dans ce rejet de l'amour-propre, Marsellus semble se rapprocher de Jean-Jacques Rousseau. Le philosophe a développé ses théories notamment dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Venez comprendre en quoi Rousseau éclaire Tarantino en écoutant notre podcast !
     
    Les références de l'émission :
     
     
    Pour aller plus loin :
    Sur l'amour-propre comme motif des actes, voir le théâtre de Marivaux.
    Une critique moraliste de l'amour-propre : les Maximes de La Rochefoucauld.
    Sur l'importance des amour-propres individuels pour la collectivité : la pensée de Mandeville.

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma : c’est le retour estival de Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous découvrons aujourd'hui A bout de souffle de Jean-Luc Godard. En particulier, une des premières scènes interroge ce qu'on appelle "l'effet de distanciation".
    https://www.youtube.com/watch?v=02yI38FXlzQ
    « Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville, allez-vous faire foutre ! ». Cette réplique de Jean-Paul Belmondo nous a donné à penser. Voici notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille du scénariste-réalisateur Jean-Luc Godard.
    Michel Poiccard, personnage principal du film, est interprété (à merveille) par Jean-Luc Belmondo. Or ce jeune homme insolent et quelque peu voyou a réussi à voler une voiture à Marseille. Il décide ainsi de se rendre à Paris. En chemin, il tourne la tête vers l’objectif. Il adresse alors un des plus célèbres regards caméras de l’histoire du cinéma et de la Nouvelle Vague. C’est l’occasion de sa célèbre réplique.
    Avant 1960, le cinéma avait bien sûr déjà connu de magnifiques regards caméra. Ainsi, on peut penser à celui d’Harriet Andersson, jouant Monika, personnage éponyme du film d’Ingmar Bergman. Et on se souviendra également de celui de Jean-Pierre Léaud, jouant Antoine Doisnel, à la fin des 400 Coups de François Truffaut. Mais ces regards caméras étaient muets, si bien qu’ils maintenaient une certaine ambiguïté. Or ce n’est pas le cas avec Michel joué par Belmondo: en effet, il s’adresse directement au spectateur, rompant en quelque sorte le 4emur cinématographique. En faisant ça, il empêche l’identification totale d’un acteur (Jean-Paul Belmondo) à un personnage (Michel Poiccard). Ce qui se rapproche fortement de l'effet de distanciation, principe théorisé par le dramaturge Bertolt Brecht. Pour mieux comprendre de quoi il en retourne, écoutez notre podcast !
     
    Les références de l'émission:

     
    Pour aller plus loin:
    Sur l'esthétique de la Nouvelle Vague, les autres films majeurs de Truffaut et Godard.
    A propos d'une autre esthétique théâtrale du 20e siècle: le "théâtre de la cruauté" d'Antonin Artaud.
    Sur l'insulte comme objet d'étude philosophique, Généalogie de l'insulte d'Ollivier Pourriol.

  • 5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma, c’est le retour estival de Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Aujourd’hui, nous abordons 2001, L’Odyssée de l’Espace, de Stanley Kubrick. Ce film célèbre a révolutionné l'histoire et l'esthétique du cinéma. En particulier, une scène pose la question du contenu des conversations. Qu'est-ce qu'une conversation vide?
    https://www.youtube.com/watch?v=ARJ8cAGm6JE
     
    « Dave, this conversation can serve no purpose anymore. » La traduction est difficile : « Dave, cette conversation n’a désormais plus aucun objet, ou plus aucun sens ». Cette réplique de Douglas Rain nous a donné à penser. Voici notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille des scénaristes Arthur Clarke et Stanley Kubrick.
    David Bowman et Frank Poole, accompagnés de trois scientifiques mis en hibernation, se dirigent vers la planète Jupiter. A bord de leur vaisseau, Discovery One, un ordinateur de bord surpuissant contrôle toutes les défaillances potentielles. Cet ordinateur, c’est HAL 9000, dont la voix est celle de Douglas Rain. Mais HAL a montré qu’il n’était pas infaillible, si bien que David et Frank envisagent de le déconnecter pour éviter tout pépin ultérieur. Alors que David est allé hors du vaisseau chercher Frank, qui dérive dans l’espace, au moment où il revient, HAL refuse de lui donner l’accès au vaisseau. C’est l’occasion de sa célèbre réplique.
    Qu'est-ce qu'une conversation qui n'a plus de « purpose », de contenu ? Une conversation vide. Mais vide de quoi ? Cette réplique revient à s'interroger sur ce qu'est le contenu d'une conversation. Et on peut analyser ce contenu en termes linguistiques. Ainsi, on peut séparer, classiquement, le signifiant et le signifié. Le signifiant d'un mot c'est le son. Par exemple, le signifiant de cheval c’est le son « cheval ». Le signifié, c'est ce à quoi le son renvoie. Ainsi, le son « cheval » renvoie à un certain type d'animal. Or pour HAL, continuer la discussion reviendrait à parler sans aucun contenu. Ce serait un enchaînement de signifiants, sans aucun signifié. Les analyses de Roland Barthes dans L'empire des signes nous aideront à comprendre ce qu'est cette conversation sans contenu : ne ressemble-t-elle pas au « signe vide » dont parle le sémiologue ? Plus encore, nous verrons que HAL est régi par une logique profondément utilitaire. Pour en savoir plus sur nos analyses, écoutez le podcast de l'émission !
     
    Les références de l'émission:

     
    Pour aller plus loin:
    Sur la notion de signifiant et signifié, les analyses de Roland Barthes en deuxième partie de Mythologies. Le mythe est un signe au deuxième degré, explique-t-il.
    A propos du désintéressement (qui n'est pas un désintérêt !) face à l'art, la célèbre Critique de la faculté de juger de Kant.
    Pour un bel exemple de conversations apparemment sans contenu, et qui pourtant créent un effet esthétique, le film La maman et la putain de Jean Eustache (avec les impressionnantes logorrhées d'Alexandre, joué par Jean-Pierre Léaud).

  • 4 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma, vous êtes bien dans Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Aujourd’hui, Ma ligne de chance découvre le film italien La grande bellezza. Cette belle oeuvre de Paolo Sorrentino nous permet d'aborder la notion de "truc". Surtout, nous découvrirons l'idée que tout roman n'est, peut-être, qu'un artifice.
    https://www.youtube.com/watch?v=l0kg1VGRGMg
    « In fondo, è solo un trucco. » « Au fond, c’est seulement un truc. »  Cette réplique de Toni Servillo nous a donné à penser. Voici donc notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille des scénaristes Umberto Contarello et Paolo Sorrentino.
    Jep Gambardella, alias Toni Servillo, est un dandy romain de 65 ans. Il a écrit un seul livre, dans sa jeunesse, qui fut un grand succès. Depuis, il ne fait que rechercher « la grande beauté », seule muse capable de lui donner à nouveau l’inspiration. Il décide, en fin de film, de revenir aux racines, c’est-à-dire à l’île de sa jeunesse. Il comprend que, pour se remettre à l’écriture, il faut cesser de faire du bla-bla. Et il ne faut utiliser que des trucs. C’est l’occasion de sa célèbre réplique : au fond, un roman, c’est seulement un truc.
    Comment le comprendre quand on voit la difficulté qu’il a eu, pendant 40 ans, à écrire la moindre ligne romanesque ? Un « truc », c’est un dispositif d’illusionniste, un tour de passe-passe. Le truc permet en quelque sorte de jeter de la poudre aux yeux des gens. Mais cette poudre ne touche-t-elle pas aussi les yeux de Jep ? En renonçant à la grande beauté, ne tombe-t-il pas dans le "divertissement" au sens du philosophe Pascal ? Pour le découvrir, venez écouter notre podcast, qui en terminera par un extrait de Céline !
     
    Les références de l'émission:
     
     
    Pour aller plus loin:
    Sur l'évolution de la notion philosophique de divertissement, La Société du Spectacle de Guy Debord.
    A propos du roman comme artifice d'artisan, la pensée de Paul Valéry.
    Quant à une écriture comme histoire fictive, assumant son statut de mensonge, les Histoires vraies de Lucien.

  • 4 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma, vous êtes bien dans Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Aujourd’hui, Ma ligne de chance se consacre à La migliore offerta. Ce film italien, de langue anglaise, est plus connu sous le nom de The Best Offer. Il va poser la question de la beauté et l'authenticité en art.
    http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19543520etcfilm=215942.html
    « I didn’t say it was ugly, I said it wasn’t authentic. » « Je n’ai pas dit que c’était moche, j’ai dit que ce n’était pas authentique. »  Cette réplique de Geoffrey Rush nous a donné à penser. Voici notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille du scénariste-réalisateur Giuseppe Tornatore.
     
    Virgil Oldman, alias Geoffrey Rush, est un commissaire-priseur renommé. C’est aussi un spécialiste d’histoire de l’art. Son expertise lui permet de distinguer les œuvres d’art authentiques des contrefaçons. Ainsi, remarquant une tache dans l’œil d’un portrait, il reconnaît la signature d’une faussaire du 16esiècle. Son interlocutrice s’étonne qu’un tableau aussi beau puisse être un faux. C’est l’occasion de cette célèbre réplique.
    Cette réplique questionne les rapports entre beauté et authenticité. Une œuvre peut être belle, et en même temps ne pas être authentique. Mais cette distinction pousse Oldman à rejeter la beauté, au profit de l'authenticité. Or cela correspond à la vision des commissaires-priseurs, qui déterminent la valeur d'une oeuvre. La valeur ne se fonde pas sur la beauté, mais sur l'authenticité : l'origine de fabrication. A partir de là, les analyses de Nelson Goodman dans Langages de l'art vont nous aider à comprendre la réplique d'Oldman. En effet Goodman s'interroge sur le sens de la contrefaçon en art, et sur la perception de la contrefaçon. Pour en savoir plus, écoutez notre podcast !
     
    Les références de l'émission:

     
    Pour aller plus loin:
    Sur la question de la reproduction des oeuvres d'art, Walter Benjamin.
    La fin de la prééminence de la beauté dans l'art marque le début de l'art contemporain.
    Un autre film, indispensable, de Giuseppe Tornatore : Cinema Paradiso.