Episódios

  • Dans ce troisième et dernier volet de la série "Musique et colonialité", nous nous intéresserons au reggaeton, un genre musical qui est devenu un phénomène mondial malgré le dédain dont il fait l’objet depuis ses origines. Depuis son apparition à la fin des années 1980, le reggaeton est taxé de musique de sauvages, de musique simple voire simpliste, sexiste et qui ne requiert d’aucune connaissance ni de talent musicaux. En somme, une musique qui n’est pas vraiment de la musique. Les artistes reguetón ne sont ainsi jamais conviés dans les espaces dédiées à la musique, la presse ne les invite pas pour parler de musique mais pour faire du buzz voire pour se moquer d’eux. Nous verrons ici que le reggaeton est un genre musical produit depuis la subalternité comme une façon de résister aux formes de domination coloniales et impériales à l’œuvre dans les Caraïbes. Face au classisme et au racisme, la charge subversive du reggaeton est de mobiliser la sexualité comme force de résistance. Or, en tant qu’expression de la liberté sexuelle des Subalternes, le reggaeton se heurte à l’État et aux églises chrétiennes notamment la catholique dont la présence est très forte dans toute l’Amérique dite latine. Car le reggaeton est beaucoup plus qu’une musique faite par et pour les dominé·es. Il est, comme dans le cas de la samba brésilienne et de la cumbia péruvienne, intrinsèquement liée à une culture qui a sa langue, ses codes vestimentaires, sa danse, en l’occurrence le perreo (twerk en anglais). Il s’insère dans une culture de résistance caribéenne qui remonte à 1492. Depuis la fin du 20e siècle, cette résistance est celle de territoires en prise avec l’impérialisme étatsunien et le poids de l’Église catholique dans le contrôle des corps et de la sexualité.



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  • Música de cholos. Cumbia et colonialité au Pérou (1/2)

    Deuxième partie: De la cumbia a la chicha (1980-2000)

    Aujourd’hui je vous propose la seconde partie de l’épisode consacré à la cumbia péruvienne. Dans la première partie, nous avons retracé les origines de ce genre musical et son adaptation au contexte péruvien des années 1960-1970. Nous avons vu que la cumbia péruvienne est originaire de la Colombie et qu’elle se déploie dans un contexte de fort racisme vis-à-vis des populations autochtones, andines et amazoniennes.

    Dans la seconde partie que je vous présente aujourd’hui, nous allons voir comment les migrant·es de la Cordillère des Andes et de l’Amazonie qui arrivent à Lima dans les décennies 1970-1980, transforment non seulement le paysage urbain de la capitale mais aussi sa culture comme dans le cas de la cumbia, appelée désormais chicha, du nom d’une boisson consommée dans tout le Pérou sous différentes formes. Les cholos comme les nomment péjorativement les Liméniens, s’emparent de la cumbia, la mélangent à leurs rythmes musicaux et répondent à leurs préoccupations et leurs aspirations. Mais le mouvement culturel qu’incarne la chicha inquiète et fascine à la fois les dominants qui tentent de se l’approprier et de l’utiliser en leur faveur. Comme dans le cas de samba carioca que nous avons retracé dans le premier volet de cette série consacrée aux rapports entre la musique et la colonialité, l’appropriation culturelle implique le vol de savoirs dépolitisés et utilisés pour le bénéfice économique du groupe dominant. La cumbia subit elle aussi ce même phénomène comme nous le verrons ici. 

    Références:

    Los ShapisLos MirlosJuaneco y su ComboExtraits de "La teta asustada" (Claudia Llosa)Chacalón y su nueva cremaAgua BellaGrupo 5

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  • Cholo Soy. Cumbia et colonialité au Pérou (années 1960-2000)

    Voici le deuxième volet de la série de N'Autre Histoire consacrée aux rapports entre la musique et la colonialité. Dans cette série, nous parlons de colonialité du savoir, c'est-à-dire du processus d'infériorisation et d'invisibilisation des savoirs non occidentaux, en l'occurrence la musique. Après avoir présenté le cas de la camba carioca (épisode 48), nous abordons ici celui de la cumbia péruvienne, considérée aujourd'hui comme l'emblème de la musique du Pérou. Or, en tant que musique de Subalternes, elle fut longtemps décriée et considérée comme une musique de "cholos" ("Indiens" acculturés). Pour les migrant·es des Andes et de l'Amazonie arrivé·es dans la capitale, Lima, la cumbia (appelée "chicha") fut un élément d'identification et résistance culturelle pour les Autochtones péruviens. C'est cette histoire que je vous raconte ici.

    Dans la première partie, nous allons voir les origines de la cumbia péruvienne, qui remontent aux années 1960. Nous verrons comme la cumbia, importée de Colombie, est adaptée à la réalité péruvienne dans un contexte d'exode rural et de croissance de l'habitat précaire (bidonvilles).

    Dans la seconde partie, nous verrons la transformation de la cumbia en chicha, une musique qui est l'expression des migrant·es andin·es et amazonien·nes, installé·es désormais à Lima et qui cherchent à travers la musique, à résister à la colonialité.


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  • Voici le premier volet d’une série consacrée aux rapports entre la musique et la colonialité, à travers l’exemple de la samba. Dans cet épisode, je vous invite à quitter le regard exotisant sur la samba et l’envisager sous le prisme décolonial, loin des clichés et des représentations dépolitisées.

    La samba est un genre musical né dans les communautés afrobrésiliennes de Rio de Janeiro à la fin du 19e siècle. Elle tire ses racines dans la culture des Afrobrésiliens·nes qui s'est forgée depuis la fin de la période esclavagiste. C’est un genre musical subalterne, des Noir·es de la capitale brésilienne de l'époque, Rio de Janeiro, et qui va être récupéré par les classes supérieures blanches et l’industrie musicale brésilienne.


    Références :

    Almeida Júnior, Reinaldo Santos de, A repressão penal do samba, thèse de doctorat, Universidade do Estado do Rio de Janeiro, 2017.

    Luiz Antonio Simas, “Dos arredores da Praça Onze aos terreiros de Oswaldo Cruz” , Revista Z Cultural, année XI, 2016.

    Paulo Lins, Desde que o samba é samba, São Paulo, Planeta, 2012.

    Rodney William, L’appropriation culturelle, Ed. Anacaona, 2020.

    Rodney William, Brazil, the untold story, https://www.youtube.com/watch?v=PjEcMeeZcz8

    “Tinhorão x bossa nova”, 2018: https://www.youtube.com/watch?v=RbBrJuvJ3vA

    Nomyn – Fragments

    COMUNA QUE PARIU! 2018 – SAMBA

    Samba agoniza mas não morre - Nelson Sargento & Teresa Cristina, 2011.

    Chega de saudade - João Gilberto.

    Garota De Ipanema, Tom Jobim.


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  • BienvenuEs dans ce nouvel épisode de N’Autre Histoire, le podcast qui parle de l’histoire du point de vue des subalternes. Aujourd’hui, nous allons parler de l’histoire coloniale belge à travers celle du Musée royal d’Afrique centrale, rebaptisé l’Africa Museum de Bruxelles, en compagnie de Thierno Aliou BALDE, membre du collectif Mémoire coloniale et Lutte contre les discriminations. Le collectif, fondé en 2012, cherche à faire sortir la Belgique du déni colonial et le racisme qui touche les descendantEs des coloniséEs. Car la Belgique a été un empire colonial. Au moment de sa plus grande extension, entre 1919 et 1931, il était constitué du Congo belge, du Ruanda-Urundi, Tianjin en Chine et Tanger au Maroc.


    Références:

    Africa Museum, Bruxelles : décolonisé ou pas ?

    Discours intégral de Patrice Lumumba


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  • Une révolution anticoloniale dans les Andes : la rébellion de Túpac Amaru II (1780-1782)

    Cet épisode est consacré à une grande révolution anticoloniale peu connue, y compris dans les Amériques, où elle a vu le jour à la fin du 18e siècle, bien avant la Révolution française et les indépendances américaines. Contrairement à ces dernières, la rébellion andine des années 1780-1782 est une véritable révolution anticoloniale, car elle vise la destruction de l’ordre colonial qui pèse alors en Amérique du Sud. Les révolutionnaires quechuas et aymaras se lèvent contre les travaux forcés qui pèsent sur elleux, contre l’obligation d’acheter des produits inutiles très cher, contre les impôts indigènes, contre l’esclavage et contre l’injustice des fonctionnaires coloniaux. Il ne s’agit pas de lutter pour obtenir des privilèges comme le feront les patriotes indépendantistes quelques années plus tard. La leur, c’est une lutte pour la survie et pour l’obtention de droits fondamentaux à commencer par celui d’être traités comme des êtres humains à part entière.

    Références:

    Federico García Hurtado, Túpac Amaru, el útimo inca, 1984.Jaime Guardia,Carnaval de Tambobamba, 2015.Magaly Solier, Waychaucito, 2013.Kayfex, Tusuriy, 2021.Illapu, Condorcanqui, 2019.

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  • En este episodio, trataremos de una de las revoluciones más importantes de la historia y que sin embargo se conoce muy poco, aún en América. Este gran acontecimiento tuvo lugar en la isla caribeña de Ayiti o Quisqueya, a finales del siglo 18 y principios del 19. En aquella época, miles de personas negras, esclavizadas y libres se unieron y se levantaron contra el régimen esclavista. Gracias a una encarnizada lucha, lograron derrotar a las tropas napoleónicas, consideradas como las más poderosas del mundo de entonces y abolir la esclavitud. Establecieron la primera república libre y negra de Abya Yala, uno de los nombres indígenas del continente americano. Aquí empleamos ese término en vez del colonial “América”. La revolución haitiana nos muestra que les subalternos fueron los primeros en luchar por su libertad y lograr victorias inspiradoras. Esta sublevación es un buen ejemplo de organización colectiva y empoderamiento de les oprimides.

    Referencias:

    Hazareesingh, Sudhir, Toussaint Louverture, Flammarion, 2020.Houdaille, Jacques, "Quelques données sur la population de Saint-Domingue au XVIIIe siècle". In: Population, 28ᵉ année, n°4-5, 1973. p. 859-872.Helg, Aline, Plus jamais esclaves ! De l’insoumission à la révolte, le grand récit d’une émancipation (1492-1838), La Découverte, 2016.Roupert, Catherine Eve, Histoire d’Haïti. La première république noire du Nouveau Monde, Perrin, 2011.Trouillot, Michel-Rolph , Silencing the Past: Pawer and the Production of History, Beacon Press, 2015.Saint-Rémy Joseph, Vie de Toussaint Louverture, Paris, 1850.

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  • #44 Polynésie française et colonialité du nucléaire

    Entre 1966 et 1996, la France a procédé à 193 explosions nucléaires en Polynésie française dont 46 à l’air libre. Mururoa est l’un des sites ayant subi le plus grand nombre d’explosions nucléaires au monde, avec Alamogordo aux États-Unis et Semeï au Kazakhstan. Pendant 30 ans, des PolynésiennEs ont été exposéEs aux radiations des centaines de fois supérieures à celles d’Hiroshima et Nagasaki sans que cela ne fasse reculer les autorités françaises. Au contraire, celles-ci se sont attelées à nier l’irradiation et la pollution, en mettant en avant l’image d’une Polynésie de carte postale. La modernité polynésienne avait un prix, celui de concéder les atolls pour les expérimentations nucléaires françaises.

    56 ans après la 1e explosion dans le Pacifique français, les cas de cancer et autres maladies se multiplient chez les PolynésiennEs qui peinent à obtenir des informations sur la réalité des expérimentations et des conséquences sur leurs corps et leur environnement. Depuis le début du 21e siècle, les collectifs polynésiens se mobilisent de plus en plus fortement pour obtenir la reconnaissance par l’État français et la réparation pour les préjudices subis. C’est cette histoire dont il sera question aujourd’hui.


    Références :

    LCP, 2022, « Nucléaire en Polynésie : en quête de vérité ».

    « Tahiti, de l’autre côté du miroir », série documentaire de Delphine Morel, Épisode 4/4 : Mururoa, le colonialisme nucléaire, diffusé sur France culture, le 3 septembre 2020.

    INSERM, « 

    Essais nucléaires en Polynésie française : quelles conséquences sanitaires

    ? », 4 mars 2021.

    Sébastien Philippe, Tomas Statius,

    Toxique. Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie

    , Presses Universitaires de France, 2021.

    Louis Antoine de Bougainville,

    Voyage autour du monde

    , Paris, 1771.

    INA, Voyage sans passeport - 24.10.1959.

    Marie-Hélène Villierme, L'élu du peuple - Pouvanaa te Metua, 2018.

    RFI, La Marche du Monde, « Essais nucléaires, des mémoires polynésiennes », 25/02/2022.

    France Culture, « Mururoa, le colonialisme nucléaire », 3 septembre 2020.

    Polynésie 1, « Nucléaire : deux sœurs, une même maladie mais un traitement différent du CIVEN », 14/03/21.


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  • Dans cet épisode, nous nous intéresserons à l’histoire du nucléaire. La France est le pays le plus nucléarisé au monde avec près de 70% de son électricité produite par ses 58 centrales. Elle est l’un des 5 États du monde ayant le privilège de détenir l’arme atomique. L’industrie nucléaire est présentée comme un fleuron français, ce qui fait que son histoire est marquée par la fascination de l’atome et de la prouesse technique autour du nucléaire.

    Cela fait parfois oublier qu’entre 1960 et 1996, la France a fait exploser 210 bombes atomiques, d'abord dans le désert du Sahara algérien (sud de l'Algérie) puis en Polynésie française, impliquant officiellement environ 150 000 civils et militaires.

     

    Références :

    Gabrielle Hecht, Uranium africain. Une histoire globale, Seuil, 2016.

    France 24, « Reggane : les irradiés du Sahara », 14/05/21.

    Ginette Pallier, « L'uranium au Niger », Les Cahiers d'Outre-Mer, 1984/37-146 p. 175-191.

    « Les conditions de travail dans une mine d’extraction d’uranium », Réseau Sortir du Nucléaire, 9 janvier 2017.

    « Areva condamnée après la mort d'un ex-salarié d'une mine d'uranium », Le Point, 11/05/2012.

    INA, 1968, « La première bombe H française ».

    INA, 1963, « L'énergie atomique française ».

    INA, 1958, « Le général de Gaulle enthousiaste face aux réussites du nucléaire français ».

    INA, « Uranium au Niger », 09.03.2005.


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  • #42 La césarienne, un confort pour qui?

    Aujourd’hui, N’Autre Histoire s’intéresse au symbole le plus remarquable de l’hyper médicalisation de l’accouchement, à savoir l’opération césarienne. Celle-ci est une intervention chirurgicale inventée en Europe et qui permet d’extraire un enfant du ventre de sa mère par une coupure au niveau de l’abdomen et de l’utérus. Bien qu’elle soit connue depuis des siècles, la césarienne n’est devenue une alternative à la naissance naturelle que depuis les années 1970. Aux Etats-Unis, son taux y était alors de 5%. Et, dans le monde, vingt ans plus tard, en 1990, moins de 7% des accouchements se faisaient par césarienne. La grande transformation se produit en quelques décennies. Ainsi, entre 2000 et 2015, le taux de naissances par césarienne mondial a presque doublé pour atteindre une naissance sur cinq. 


    Références:

    Mireille Laget, « La césarienne ou la tentation de l'impossible, XVIIe et XVIIIe siècle », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1979, 86-2, p. 177-189.

    Lissell Quiroz, Mettre au monde. La maternité, enjeu de pouvoirs, PURH, 2022.

    Michel Foucault, Histoire de la sexualité I. La volonté de savoir, Collection Tel (n° 248), Gallimard, 1994 [1976].

    Antoine Planchon, Traité complet de l’opération césarienne, Paris, 1801.

    Moldin P, Hökegård KH, Nielsen TF. «Cesarean section and maternal mortality in Sweden 1973-1979». Acta Obstet Gynecol Scand. 1984;63(1):7-11.

    Déclaration de l’OMS sur les taux de césarienne, 2015.

    Diane Korb , François Goffinet , Aurélien Seco , Sylvie Chevret et Catherine Deneux-Tharaux, « Risk of severe maternal morbidity associated with cesarean delivery and the role of maternal age: a population-based propensity score analysis » JAMC 01 avril 2019 191 (13) E352-E360.

    Cesarean sections and fetal death rates, Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica, Volume 93, Issue3, March 2014, p. 312-313.

    Euronews, « "Epidémie" de césariennes dans le monde, le constat alarmant des gynécologues », 12/10/2018.

    AFP, Le Brésil essaie de freiner son « épidémie » de césariennes, 25 avr. 2015.

    Nilda Rojas Martínez: “Yo iba por cesárea, pero me ligaron”, La República, 15 févr. 2017.

    Podcast Accouche, Ep. 6, 11 janv. 2021.

    Bliss Stories, ép. 174, 30/05/2022.

    “La cesárea Innecesaria”, Mirna Amaya, 30 mars 2013.


    Musique:

    Ectasy (ft. Nkshtra), 2022.

    Marisa Monte, Gentileza, 2004.

    Dom la Nena, Vejo pasar, 2021.

    Paula Arenas, Los caminos de la vida, 2021.


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  • Aujourd’hui, N’Autre Histoire consacre cet épisode aux soldats indigènes utilisés par la France à l’époque coloniale. Entre 1857 et 1962, des centaines de milliers d’hommes, Africains dans leur grande majorité, ont servi de gré – et surtout de force – dans les armées impériales françaises. Durant la 1e GM par exemple, la France a envoyé au front 600 000 soldats – dont 172 000 Algériens – venus des colonies. Ces soldats ont versé leur sang pour le pays colonisateur : l’armée d’Afrique perd ainsi 45 000 hommes durant le 1er conflit mondial. 

    En contexte colonial, les troupes de tirailleurs originaires des différentes colonies n’ont jamais été considérées ni traitées de la même manière que celles composées de soldats métropolitains. N’étant pas considérés comme des Français à part entière, ils ont été plus touchés par la violence des combats, les pénuries et le non-paiement des soldes. La reconnaissance de leur effort pour la France a tardé aussi.


    Références :

    Julien Fargettas, Les tirailleurs sénégalais, Paris, Tallandier, 2012.Myron Ecehnberg, Les tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française (1857-1960), Crepos-Karthala, 2009.Marc Michel, Les Africains et la Grande Guerre. L’appel à l’Afrique (1914-1918), Paris, Karthala, 2003.Charles Mangin, La force noire, Paris, Hachette, 1910.Le français tel que le parlent nos tirailleurs sénégalais, Paris, Imp. L. Fournier, 1916.Jean Charbonneau, Balimatoua et compagnie, Paris, Charles-Lavauzelle et Cie Ed., 1934.France 24, « Abdoulaye Ndiaye, le dernier tirailleur sénégalais de la Grande Guerre », 14/07/2014.TV5 Monde, « Témoignages de vétérans : Abdoulaye N'Diaye », 9/11/18.Bezbar Vdos, « Le blanchiment des troupes coloniales », 2018.Brut, « Yoro Diao, tirailleur sénégalais naturalisé après 57 ans d'attente », 20/06/17.France 24, « Massacre de Thiaroye : une histoire toujours controversée, 70 ans après », 27/11/2014.Le Point, « Histoire : tirailleurs, une mémoire vivante #2 Ousmane Sagna », 19/11/2017.

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  • En Algérie, de nombreuses femmes rejoignent la cause indépendantiste de 1954 à 1962. Leur participation est souvent minorée voire occultée alors qu’on dispose d’archives les concernant. Le ministère algérien des Anciens Moudjahidin a répertorié 10 949 militantes. Des milliers d'autres, qui ne figurent pas dans ce registre, ont participé de manière moins visible mais tout aussi décisive à l'effort de guerre et à l'indépendance du pays. Pourtant, leur mobilisation est souvent minorée voire passée sous silence. N'Autre Histoire consacre un épisode à l'histoire de ces résistantes de l'ombre.


    Références :

    Djamila Amrane, « Les combattantes de la guerre d'Algérie », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1992, 26, p. 58-62.

    —, « Femmes dans la guerre d’Algérie. Entretien avec Fatma Baïchi », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 9 | 1999.

    —, Les femmes algériennes dans la guerre, Plon, 1991.

    Raphaëlle Branche, « Des viols pendant la guerre d'Algérie », Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2002/3 (no 75), pages 123 à 132.

    Natalya Vince, « Femmes algériennes dans la guerre de libération : mémoire et contre-mémoire dans la période postcoloniale », Raison présente, 2010, 175, p. 79-92.

    Djamila Boupacha la légendaire Algérienne (23 Mai 1972) :

    Alexandra Dols, Moudjahidate (documentaire), 2008.

    Fatima Sissani, Tes cheveux démêlés cachent une guerre de 7 ans (documentaire),2018.

    —, La langue de Zahra (documentaire), 2011.

    Sétif, 1945.

    INA, « Les élections à l’assemblée algérienne (1958) ».

    INA, « L'Algérie vue par les autorités françaises en 1958 ».

     

    Musique :

    Warda El Djazaïria, L'Algérienne Mazalna Wakfine, 2012.Souad Massi, Khalouni (Let me), 2010.Rachid Taha, Ya Rayah, 1998.MBB, Sunrise, 2022.Markvard, Reflexions, 2022.

     


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  • #39 Des Camerounaises en action hier et aujourd'hui

    Références :

    Rose Ndengue, « La citoyenneté au Cameroun au tournant des années 1940-1950 : une fiction au cœur d’imaginaires en tension », Outre-mers, 2019, 2, n° 404-405.

    Rose Ndengue, « Mobilisations féminines au Cameroun français dans les années 1940-1950 : l’ordre du genre et l’ordre colonial fissurés », Mouvement Social, 2016/2, n° 255.

    Sylvie Laure Andela Bambona, « Femmes européennes, femmes africaines et Première Guerre mondiale au Cameroun, 1914-1915 », Guerres mondiales et conflits contemporains 2012/4 (n° 248), p. 27-44.

    Marie-Louise Eteki-Otabela, « Dix ans de luttes du Collectif des femmes pour le renouveau (CFR): quelques réflexions sur le mouvement féministe camerounais », Recherches féministes Volume 5, n° 1, 1992, p. 125–134.

    Barthélémy Pascale, Africaines et diplômées à l'époque coloniale (1918-1957), PUR, 2010.

    Musique :

    Christian Aimé Priso, Na bele africa.

    Christian Aimé Priso, Tetena wa na mba.

    Sauti Sol, Yemi Alade, Africa.


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  • #38 Du Kamerun au Cameroun

    Episode 1. L'impossible décolonisation

    Aujourd’hui, nous vous proposons un épisode sur l’histoire du Cameroun de la période de l’indépendance à nos jours, en compagnie de la chercheuse Rose Ndengue, professeure d’histoire à l’université de York, au Canada.

    Le Cameroun est à la fois un pays proche de la France et mal connu des Français·es. Proche, car il a été sous tutelle française et a fait partie de l’empire colonial français entre 1916 et 1960. L’immigration camerounaise en France est actuellement composée de plus de 50 000 personnes, ce qui en fait la 4e communauté d’immigréEs établis en France. Politiquement, le Cameroun appartient à la Françafrique, c’est-à-dire un espace composé par d’anciens territoires colonisés par la France qui restent sous son influence économique, politique et culturelle. En même temps, l’histoire de ce pays est peu évoquée dans les médias français et à l’école. Son histoire coloniale, qui nous éclaire sur sa situation actuelle, est notamment très peu étudiée en France, y compris dans le milieu universitaire. C’est la raison pour laquelle N’Autre Histoire lui consacre cet épisode divisé en deux parties.


    Références :

    Arte, Au Cameroun, les Bamoun en leur royaume, Invitation au voyage (07/02/2022).

    Rose Ndengue, « La citoyenneté au Cameroun au tournant des années 1940-1950 : une fiction au cœur d’imaginaires en tension », Outre-mers, 2019, 2, n° 404-405.

    Rose Ndengue, « Mobilisations féminines au Cameroun français dans les années 1940-1950 : l’ordre du genre et l’ordre colonial fissurés », Mouvement Social, 2016/2, n° 255.

    Cases Rebelles (podcast), Épisode 80 | Femmes, mobilisations et engagements politiques au Cameroun, avec Rose Ndengue, 2018.

    Le Monde Afrique (23/05/18) « Panafricain-e-s : Ruben Um Nyobè, le héros oublié du Cameroun ».

    INA, « Proclamation de l'indépendance au Cameroun » (1/12/60).

    INA, « Yaoundé célèbre la réunification des deux Cameroun », 11/10/61.

    Alqarra TV, “Cameroun : La Guerre cachée”.

    France 24, « Cameroun anglophone : retour sur la crise qui secoue le pays »

    Jeune Afrique, « Cameroun : la crise anglophone expliquée en 2 minutes »


    Musique :

    Anne-Marie Nzié, Mbamba nlem.

    Witty Minstrel, Be Proud.


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  • #37 La révolution c'est le bonheur

    Deuxième partie de l'épisode consacré au révolutionnaire Thomas Sankara qui fut à la tête du Burkina Faso entre 1983 et 1987. Après avoir évoqué, dans le premier volet, son ancrage politique anti impérialiste, nous entendrons ici sa conception de la révolution comme changement total en direction du bonheur de toustes.

    Références :

    « Symposium international en vue de la création de l’Institut des peuples noirs Ouagadougou, 21 -26 avril 1986 ».« Discours de clôture de la deuxième conférence nationale des CDR (Dédougou) », 3 Avril 1987.« Thomas Sankara », documentaire de la RST (1984)« Thomas Sankara, l’interview oubliée », 1 et 2, Orient XXI, 2021.Discours du 4 octobre 1984 à l’ONUThomas Sankara parle. La révolution au Burkina Faso (1983-1987), Pathfinder, 1988.

    Musique:

    Alif Naaba, M'tenga (2021).


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  • #36. Thomas Sankara : oser inventer l’avenir (1/2). À bas l’impérialisme !

    BienvenuEs à un nouvel épisode de N’Autre Histoire, consacré au grand révolutionnaire africain Thomas Sankara (1949-1987). Né en Haute-Volta, colonie française devenue indépendante en 1960, Sankara fut chef de l’État de la République de Haute-Volta rebaptisée Burkina Faso, entre 1983 et 1987. Trente cinq ans après sa mort, il demeure très populaire auprès de la jeunesse africaine, alors qu’il est bien moins connu en France, ce qui nous a poussé à préparer cet épisode.

    Références:

    « La Haute-Volta au tournant de l'indépendance », INA, 10 avril 1962.« Haute Volta », INA, 5 août 1983.« Discours de clôture de la deuxième conférence nationale des CDR (Dédougou) », 3 Avril 1987.Archives d’Afrique, « Thomas Sankara : de la Haute-Volta au Burkina Faso (7&8) ».« Thomas Sankara, Président du Burkina Faso », INA, 1987.« Fin voyage Mitterrand », INA, 18 novembre 1986.« Développement prêt à porter non ! », discours de Thomas Sankara le 4 aout 1986.« Thomas Sankara (1984) », RST.Thomas Sankara parle. La révolution au Burkina Faso (1983-1987), Pathfinder, 1988.

    Musique:

    Alif Naaba, M'tenga (2021).

    Youssouf Diarra dit El Grand Ballaké - Djanfa Magni (Burkina Faso, 1978).


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  • #35. Douce France

    Ép. 2 Les luttes de l’immigration postcoloniale des années 1970 à 1980

    BienvenuEs au second volet de l’épisode consacré à l’histoire des immigrés postcoloniaux dans la France de la seconde moitié du 20e siècle. Dans la 1e partie nous avons vu les conditions de travail et de vie des centaines de milliers de personnes venant des anciennes colonies françaises. Cette immigration de travail a été marquée par l’exploitation et la colonialité, c’est-à-dire des formes de gestion de la main d’œuvre selon un schéma de type colonial. Dans cette seconde partie, nous allons voir comment les immigrés se sont levés contre la façon injuste dont iels étaient traitéEs. Car l’histoire de l’immigration postcoloniale en France n’est pas seulement celle de la souffrance, elle est aussi une histoire de résistance culturelle, d’organisation politique et de lutte pour la dignité et la justice sociale.

    Références

    Assane Ba, "Les grèves des foyers Sonacotra"« 1978, un samedi à la Goutte d'Or", INA, 1978.Abdelmalek Sayad, Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles, Autrement, 1995.Rabah Aissaoui, « Le discours du Mouvement des travailleurs arabes (MTA) dans les années 1970 en France. Mobilisation et mémoire du combat anticolonial », Hommes & Migrations, 2006, 1263, p. 105-119.Génériques, «Driss El Yazami», 13/01/14.«La vie des immigrés à Paris», Archive INA, 1972.« Sonacotra », INA, 1979.Marc Bernardot, « Chronique d'une institution : la "sonacotra" (1956-1976) », Sociétés Contemporaines, 1999, 33-34 p. 39-58.Lumni, « Noirs de France : le foyer, ghetto social », 2012.La transmission des nôtres, La Vie Des Nôtres, 22.09.2020.« Réactions assassinat L. Ben Mohamed », INA, « Violence Vénissieux », INA, 1982.« Le Front national de 1973 », INA, 1973.LSD, « Une jeunesse à la conquête de ses droits civiques », France Culture, 27/03/18.Abdellali Hajjat, « A la frontière du politique. Action et discours des ”jeunes de cité” de SOS Avenir Minguettes (1981-1983) » Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires (1968-2010), Ed. Archives Contemporaines, p.13-24, 2011.Fr3, 1983 - La marche des beurs.

    Musique

    Slimane Azem & Cheikh Nourredine - La Carte de résidence (1979).Orchesta Number One De Dakar - Yaye Boye (1978)Star Band de Dakar, « Chéri coco », 1970.Raina Rai - Ya Zina (1985).Laba Sosseh / Super Star de Dakar – Seyni.Carte de Séjour, Douce France (1987).Sunrise MBB.Reflexions – Markvard.Jul - Scott Buckley

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  • # 34 Douce France. Les immigrés postcoloniaux dans la France de la seconde moitié du 20e siècle

    1/2 Travail, exploitation et exil au temps des 30 Glorieuses

    BienvenuEs à ce premier volet d’un épisode consacré à l’histoire des immigrés postcoloniaux c’est-à-dire des personnes nées dans les anciennes colonies françaises. Nous verrons qu’iels ont une histoire particulière, peu connue ou mal connue du grand public. Cette histoire est celle de l’exil, de l’exploitation, de la discrimination mais aussi une histoire de la résistance, de l’organisation et des luttes pour sortir de la misère et obtenir l’égalité des droits par rapport aux autres FrançaisEs. Dans cet épisode, nous allons voir comment, entre 1945 et 1970, arrivent des centaines de milliers d’immigréEs originaires des anciennes colonies françaises, pour travailler durement, et participer encore une fois à la gloire et l’enrichissement de l’ancienne métropole. Leurs conditions de vie et de travail, extrêmement difficiles, ont globalement caractérisé ces décennies pour ces personnes. Cette période, connue sous le nom de 30 Glorieuses, n’ont pas été brillantes pour ces immigréEs, situéEs au bas de l’échelle sociale.


    Références :

    Mohamed Mazouni, Clichy, 1974.

    Robert Linhart, L’établi, Ed. de Minuit, 1978.

    Yamina Benguigui, Mémoires d’immigrés, documentaire, 1997.

    Rachid Oujdi, Perdus entre deux rives, les chibanis oubliés, documentaire, 2016.

    Yvan Gastaut, « Les bidonvilles, lieux d’exclusion et de marginalité en France durant les trente glorieuses » Cahiers de la Méditerranée, 2004.

    Le bidonville de Nanterre à hauteur d'enfant : bienvenue rue des Pâquerettes !

    « Le bidonville de Nanterre », archive INA de 1963.

    Foyers Sonacotra, archive INA, 1979.

    Muriel Cohen & Cédric David, « Les cités de transit : le traitement urbain de la pauvreté à l’heure de la décolonisation » Métropolitiques, 2012.

    Cité de transit, archive INA, 1982.

    Le racisme à Marseille ou la mort de Ladj Lounes, 1973.

    Rachida BRAHIM, 2020, La race tue deux fois. Une histoire des crimes racistes en France (1970-2000), Paris, Éditions Syllepse.

    Vincent Viet, « La politique du logement des immigrés (1945-1990) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1999, 64, p. 91-103.



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  • #33 Les Kali’nas de Guyane, un peuple en résistance depuis 500 ans

    Épisode 2. Connaitre et reconnaitre l’histoire des Kali’nas


    Bienvenus à la deuxième partie de l’épisode de N’Autre Histoire consacré à l’histoire du peuple kali’na de Guyane. Celle-ci nous est racontée par deux Kali’nas, Taneyulime Ludwina Pilisi, présidente de l’association Aukae qui œuvre pour la conservation et le rayonnement de la langue et la culture kali'na, et de Thayna Henri, juriste. Dans la première partie de cet épisode, nous avons raconté l’histoire de la conquête et du génocide des peuples originaires de Guyane. Nous avons évoqué aussi la politique épistémicide de la France qui a détruit les cultures des peuples originaires en leur imposant le français, le catholicisme, la médecine occidentale, entre autres injonctions.

    Aujourd’hui nous aborderons la période plus contemporaine, qui va des années 1980 à nos jours.


    Références:

    Reporterre, "L'Elysée soutient en catimini le projet de méga-mine d'or", 1er octobre 2021.Documentaire "Amers indiens", La Guyane 1e, 2018.Sanpula Kalina Mana, 2013.Fragments – AERØHEAD, 2020.

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  • #32. Les Kali’nas de Guyane, un peuple en résistance depuis 500 ans

    1.     De la conquête aux homes indiens

    Les Kali’nas sont un peuple originaire habitant aujourd’hui en Amazonie et plus particulièrement sur la côte caraïbe de l’Amérique du Sud. Iels appartiennent à la culture et civilisation kalinago ou caribe. Iels sont répartis, en raison de la colonisation, dans plusieurs pays différents, le Venezuela (où vivent environ 11.500 personnes), le Suriname (2500), le Guyana (3000), le Brésil (avec 200 Kali’nas) et la Guyane française qui compte près de 4000 Kali’nas sur ses terres. Au total, les Kali’nas sont un peuple d’environ 20.000 personnes.

    Les Autochtones de Guyane originaires de ces peuples représentent 10 000 personnes qui ont résisté à 5 siècles de colonialité mais qui sont toujours menacées de disparition. Aujourd’hui, la colonialité s’exprime par exemple à travers les projets miniers, la spoliation de leurs terres, la francisation de leurs cultures ou leur maintien dans une situation de dépendance économique.

    C’est cette histoire faite de richesse culturelle, de larmes mais aussi de résistance et de lutte, que nous allons évoquer avec deux Kali’nas, Taneyulime Ludwina Pilisi, membre de l’association Aukae qui a pour but la conservation et le rayonnement de la langue et la culture Kalina, et de Thayna Henri, juriste.

    Références:

    Françoise Armanville, Les homes indiens en Guyane française, mémoire de Master, 2012.Documentaire "Amers indiens", Guyane 1e, 2018.Chant kali'na Sampula, 2013.Love – LiQWYD, 2021.

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