Эпизоды

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    Aujourd’hui, les catastrophes climatiques sont là : Valence, Nice, Libye et Pakistan sont quelques exemples des lieux frappés par les dernières grandes inondations.


    Nous sommes à présent vulnérables face à un climat qui change mais il semble impossible de rendre le capitalisme vert. Et les régimes communistes passés se sont montrés tout aussi destructeurs pour l'environnement.


    Alors quelles alternatives existe-t-il ? Et que peut nous apprendre Marx pour faire face à la crise socio-écologique actuelle ?


    Vous êtes sur le podcast Circular Metabolism, le podcast pour mieux comprendre le métabolisme de nos sociétés et leurs impacts socio-environnementaux.


    Pour parler de ces sujets, j’ai le plaisir d'accueillir Daniel Tanuro.

    Daniel est ingénieur agronome et militant éco-socialiste de la gauche anticapitaliste belge.


    Il a écrit plusieurs ouvrages dont : L’impossible capitalisme vert; Trop tard pour être pessimistes et plus récemment Écologie, luttes sociales et révolution


    Dans cet épisode, nous allons parler du diagnostic de Daniel Tanuro sur les crises socio-écologiques ainsi que d’un programme éco-socialiste pour en sortir.


    🔷 SOMMAIRE


    00:00:00 Introduction

    00:03:29 Catastrophe ou cataclysme ?

    00:15:38 Les fausses bonnes solutions

    00:25:56 Capitalocène, Plantationocène, Androcène ?

    00:35:37 Les angles morts du GIEC

    00:44:33 Que garder du Marxisme ?

    00:56:58 Quelles alternatives pour le futur ?

    01:11:33 Quelles alliances contre la catastrophe ?

    01:25:53 Quelles références communes pour lutter ?


    🔷 RÉFÉRENCES


    🌱 Livres de Daniel Tanuro

    00:00:42 L'impossible capitalisme vert

    00:02:04 Écologie, luttes sociales et révolution

    00:18:22 Trop tard pour être pessimistes !


    ☭ Livres de Karl Marx

    00:47:18 [28] Manuscrits de 1844

    00:47:38 [29] Manifeste du Parti Communiste

    00:47:48 [30] Introduction à la critique de l'économie politique

    00:48:04 [31] Le Capital


    📖 Autres écrits cités

    00:31:49 [18] Par-delà l'Androcène - Adélaïde Bon, Sandrine Roudaut, Sandrine Rousseau

    00:43:27 [24] Ralentir ou périr - Timothée Parrique

    00:45:28 [25] La situation de la classe laborieuse en Angleterre - Friedrich Engels

    00:47:03 [27] La Terre est un être vivant, l'hypothèse Gaïa - James Lovelock

    01:14:26 [42] Mémo sur la nouvelle classe écologique - Bruno Latour & Nikolaj Schultz

    01:16:05 [44] Laudato si' - Pape François


    ▶️ Épisodes mentionnés

    00:22:12 Farhana Sultana https://www.youtube.com/watch?v=b1POxzUjWSc

    00:28:28 Jason Moore https://www.youtube.com/watch?v=VvtdkZhT1yw

    00:33:30 Raj Patel https://www.youtube.com/watch?v=iTucNdeUOLc

    00:41:39 Yamina Saheb https://www.youtube.com/watch?v=aTOQ-InwZbA

    00:41:47 Julia Steinberger https://www.youtube.com/watch?v=umg2pGadrc8

    00:41:56 Lorenz Keysser https://www.youtube.com/watch?v=R1MNMWKkDNY

    00:42:27 Iñigo Capellán-Pérez https://www.youtube.com/watch?v=Nejn44_pmHw

    00:43:24 Timothée Parrique https://www.youtube.com/watch?v=vPf-H2n5JB0

    00:57:31 François Jarrige https://www.youtube.com/watch?v=rZ3beT0LpaU

    01:12:35 Cédric Durand https://www.youtube.com/watch?v=Sj1HaLmFgeE


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  • Ca y est, c’est le dernier épisode !

    On est enfin arriver au bout de ce calendrier. En me lançant dans cette aventure, je ne mesurais pas vraiment le travail que cela demanderait. Beaucoup de personnes m’ont demandé si j’avais déjà tout enregistré en avance et si tout était programmé en avance. Evidemment que non ce serait trop beau pour être vrai. Non, non, tous les jours il a fallu écrire, filmer, monter et puis publier. Et surtout il fallait trouvé le mot de la journée d’après, le stress.

    Je voulais aussi vous remercier pour tous les messages encourageants durant la série et vos soutiens sur cette newsletter !

    Allez, c’est parti pour la lettre Z avec Zones à Défendre.

    Les Zones à Défendre se sont surtout fait connaître lors de l’opposition de citoyen.nes au projet de construction de l’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Depuis on compte une petite dizaine de ZAD qui se développent pour contester des grands projets d’aménagement qui sont considérés comme d’utilité publique.

    Les citoyen.nes qui s’opposent aussi appelé.es ZADistes se battent frontalement contre la destruction du vivant, contre la destruction des zones avec des écosystèmes précieux et fragiles, contre la destruction de terres agricoles mais aussi contre des infrastructures productivistes.

    Il s’agit de luttes environnementales, citoyennes et locales qui contestent des grands projets d’aménagement au nom du droit des populations locales à décider de l'avenir de leurs territoires.

    Ces ZAD ne sont qu’une formalisation d’anciennes luttes qui ont existé en France et ailleurs. En France, l’exemple ancien le plus connu est évidemment la lutte du Larzac qui a duré environ dix ans (1971-1981) contre l’extension d’un camp militaire sur des terres agricoles.

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    Lors des épisodes sur les infrastructures, les régimes d’historicité ou les verrouillages, on avait vu comment les infrastructures dictent nos pratiques quotidiennes et verrouillent une consommation de ressources présente et futures mais aussi cristallisent une idéologie du progrès technique et une fuite en avant.

    Nous nous sentons parfois impuissant.es envers les grandes forces productivistes de l’économie mondiale. Mais cette économie à besoin d’infrastructures pour se matérialiser. Elle a besoin de nous verrouiller dans la consommation excessive de ressources pour faire croître cette économie plutôt que satisfaire réellement nos besoins.

    Et c’est exactement pour cela que je trouve ces luttes comme un des seuls moyens de faire face à la mégamachine. Requestionner nos besoins, requestionner l’utilité publique de ces aménagements, requestionner les moyens démocratriques pour prendre des décisions à la hauteur des enjeux actuels.

    Ces luttes ouvrent un imaginaire sur comment contester une économie productiviste via ses composantes les plus matérielles et physiques : ses infrastructures.

    Voici la fin de la série. J’espère que cet exercice vous a plus. N’hésitez pas à me dire quelle lettre vous avez préféré et on se dit à l’année prochaine pour de nouvelles aventures ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre Y est Youtube ou plus précisément les chaînes Youtube que je suis pour mieux m’informer sur les enjeux socio-écologiques.

    Depuis des années, comme beaucoup de personnes, j’essaye de m’informer sur ces sujets. Traditionnellement, je lisais des articles scientifiques pointus sur la question du métabolisme des sociétés que ce soit au niveau théorique ou au niveau méthodologique.

    Puis, depuis quelques années, une série de chaînes youtube ont commencé à mettre des conférences en ligne ou des podcasts qui filment en même temps des épisodes avec des scientifiques.

    Cette nouvelle source de contenu m’a permis de découvrir plein de sujets annexes au métabolisme urbain et territorial. Des facettes tant de luttes écologiques, d’imaginaires, de décolonialisme, d’agroécologie, d’écologie politique, de solutions low-techs, etc.

    Alors les voilà et n’hésitez pas à partager vos chaînes que vous utilisez pour vous informer (et n’hésitez pas à mettre quelques pépites non connues).

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    Allez à demain pour la lettre Z ✌


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  • Je dois avouer, je ne pensais pas choisir ce mot pour ce calendrier de l’Avent quand j’ai commencé le projet mais je vous invite à regarder le dictionnaire et me trouver un meilleur mot en lien avec les crises socio-écologiques en cours.


    Par contre, c’est un sujet qui m’inquiète énormèment dans le contexte actuel. Non seuleme c’est la seule réplique de l’extrême droite qui tourne en boucle et qui détruit tous les efforts pour rendre nos sociétés plus solidaires et plus justes. Ces arguments xénophobes viennent également en opposition frontale de notre héritage passé d’exploitation de peuples et de terres passée, présente et potentiellement future.

    Nous nous dirigeons vers un monde où les conditions de survie vont être de plus en plus difficiles. Des parties entières de la Planète vont être inhabitables que ce soit à cause des canicules, des inondations, de la montée des eaux, des incendies, ou parce que les terres et les océans seront vidés de vie et ne pourront plus nous nourrir.

    Ces parties de la Planète sont habitées par les populations les plus pauvres, les plus vulnérables et celles qui ont le moins contribuées à la destruction de l’habitabilité de la Planète. Ces personnes seront obligées de se séparer de leurs maisons, de leurs cultures, de leurs héritages pour trouver un lieu plus sûr pour survivre.

    A quel accueil vont faire face ces personnes ? Que vont faire les dirigeants politiques du Nord Global ? Qu’allons nous faire nous en tant que citoyen.nes ? Allons nous être solidaires et justes ? Allons nous réduire nos consommations excessives pour les redistribuer justement ? Ou allons nous fermer les yeux et nous barricader chez nous ?


    Bon, et maintenant on fait quoi ? Je n’ai pas vraiment de bonne solution à proposer ici d’autant plus que je ne suis pas spécialiste de la question. Mais ces tensions existent et sont réelles. Et tant qu’elles ne sont pas adressées, il n’existera pas de transformation socio-écologique juste et non-violente.


    Que ce soit durant la crise des gilets jaunes ou la crise des agriculteur.ices, les débats de justice sociale reviennent sur la table. On ne peut pas demander à une partie de la population de faire des efforts lorsque le haut de la pyramide ne fait pas son travail. Au plus nous tardons d’exiger et mettre en place cette justice sociale, au plus nous allons composer avec des tensions et moins de ressources. Répétons le, la sobriété est encore une fois un des antidotes face au monde incertain de demain.

    Bon allez j’arrête avec le X et je vous dis à demain pour la lettre


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  • En quelques mots, le verrouillage souligne que la construction d’une infrastructure mais aussi des législations peuvent verrouiller nos habitudes de consommation et de modes de vies pour la durée de de vie cette infrastructure ou législations.

    Par exemple, lorsque nous construisons un incinérateur, et afin de le rentabiliser financièrement voire rentabiliser les ressources utilisées, nous allons continuer à l’utiliser pour quelques décennies. Et là se trouve le noeud du problème.

    Dès que nous construisons une infrastructure “nous” devenons obligés de l’utiliser pour la rentabiliser. Dans le cas de l’incinérateur, nous devons continuer à l’alimenter de déchets ménagers pour le rentabiliser alors que précisément les dernières directives européennes nous poussent à réduire la production de déchets.

    Je vous donne un autre exemple, la Chine ou l’Inde essaye de décarbonner leurs économies mais construisent de nombreuses centrales à charbon tous les ans. Encore une fois le problème est qu’une fois installées ces centrales vont tourner pendant 30 ans ou plus pour être rentabilisées.

    Donc pour résumer chaque nouvelle infrastructure installée qui linéarise ou rend plus carbonée notre économie le fera encore pour une des dizaines d’années à venir (coucou les Accords de Paris).

    L’enjeu principal d’un incinérateur, d’une centrale à charbon et d’une autoroute est que nos pratiques deviennent également verrouillées. Si une autoroute est construite, le message envoyé par l’Etat est que nous investissons à un type de mobilité dominant au profit des autres. Nous choisissons de donner des sous et des ressources à un mode de vie plutôt qu’un autre. Et si nous poussons la réflexion un peu plus loin, nous sacrifions notre précieux budget carbone et de ressources et venons piocher dans les réserves des voisins et des générations futures.

    Donc si nous savons que certaines infrastructures ne sont plus viables selon les Accords de Paris, ou au niveau des ressources requises ou au niveau de la justice sociale et écologiques alors que faire de celles-ci ? Il me semble qu’on arrive tout doucement sur la question du démantèlement et du sabotage.

    Si ces infrastructures sont trop polluantes et injustes, comment choisir collectivement quoi démanteler et comment le faire ? Qui va obliger les entreprises pétrolières, de charbon, de gaz naturel, les entreprises de construction, les entreprises de valorisation de déchets, d’arrêter d’installer de nouvelles infrastructures et de déconstruire les plus polluantes ?

    Est-ce la pression sociétale qui va se traduire en action politique ? Est-ce des outils de démocratie directe tels les référendums ? Est-ce de la désobéissance civile “semi”-violente ? Et à quoi cela va ressembler financièrement ? Est-ce que l’Etat va racheter ses infrastructures pour internaliser les coûts ? Est-ce que ces entreprises vont devoir internaliser les coûts et venir piocher dans leurs profits historiques ?

    Connaissant le niveau de violence et le nombre de morts que les inondations et les canicules entrainent à cause d’une série d’infrastructures polluantes, ne serait-il pas urgent de les démanteler voire les saboter comme mentionne Andreas Malm ?

    Comme la majorité d’entre nous, je ne suis pas fan de la violence mais il est important de comprendre les dynamiques présentes et futures. Les anciennes infrastructures nous verrouillent aujourd’hui à toujours plus polluer et toute nouvelle infrastructure va nous verrouiller vers de nouvelles pratiques et nouvelles consommations de ressources.

    A nous de rendre plus explicite ces mécanismes et surtout bien comprendre que nous devons simultanérment démanteler des infrastructures polluantes et construire des infrastructure non-polluantes. Il s’agit d’un bras de fer infrastructurel ainsi que des modèles de gouvernance associé qui va décider de notre futur.

    Allez à demain pour la lettre W ✌


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  • Il s’agit d’un concept développé par Neil Brenner en collaboration avec différents collègues (dont Nikos Katsikis). Ce concept questionne l’étendue réelle des villes.

    Lorsque nous lisons les statistiques officielles de l’ONU, il ressort souvent que les villes occupent 3% de la surface terrestre et accueillent plus de la moitié de la population globale.

    Mais la question à mille points est comment définir ce qu’est une ville et ce que ne l’est plus. Au niveau Européen, Eurostat, définit une ville comme un territoire densément bâti, avec une population de plus 50 000 habitant.es et une administration politique associée.

    Le problème est que pour la majorité des villes dans le monde, cette définition n’inclus qu’une petite partie du territoire réellement influencé par les villes. Dans la majorité des cas, les banlieus des villes s’étendent au-delà des limites administratives. Les personnes qui viennent travailler et font tourner une ville (les personnes qui travaillent dans les soins, le nettoyage, la collecte des déchets, etc.) vivent souvent à plusieurs dizaines de kms de leur lieu de travail.

    En quelques sortes, le territoire où habitent ces travailleur.euses est un territoire servant ou fantôme de la ville. Même si la ville n’est pas politiquement responsable de ce territoire elle l’influence directement. A cause de la ville, ce territoire se voit complètement transformé.

    Si nous poussons la réflexion plus loin, quels sont tous les territoires, écosystèmes et personnes qui sont mobilisés par les villes. Est-ce qu’un champ qui nourrit une ville fait en quelque sorte partie de la ville ? Est-ce qu’une carrière qui extraie le sable et le gravier pour les constructions d’une ville est assimilé par cette ville ? Etc. etc.

    Au final jusqu’où s’étendent les villes et quelles devraient être les responsabilités étendues d’une ville lorsqu’elles viennent réellement transformés tous les territoires proches et lointains (pensons à un champ de soja qui nourrit du bétail français pour nourrir un.e citadin.e français.e) ?

    Si nous poussons la réflexion à l’extrême, existe-t-il réellement des territoires qui sortent de l’emprise de l’urbain (c’est-à-dire la ville construite, mais aussi son emprise de pouvoir et ses modes de vies associés) ? Est-ce que finalement la vie à la campagne et tellement différent de celle de la ville, sachant que nous achetons des produits similaires en ayant des habitudes pas si différentes ?

    Une fois ce constat fait que nous apprend réellement ce concept ou que pouvons nous faire avec celui-ci. En effet, l’idée n’est pas juste de dire que tout est urbain et nous sommes tou.tes quelque part urbain. Pour moi, ce concept nous appelle à se poser réellement la question de la gouvernance des ressources, des terres, des emplois au niveau local, national et international. Lors des épisodes sur l’échange inégal et de la géopolitique des ressources, nous avions souligné qu’il faudra trouver des modalités justes pour partager les ressources tout en tenant compte du passé colonial mais aussi de l’oppression des villes sur les campagnes.

    Vu qu’il existe une relation de la poule et de l’oeuf entre les villes et l’économie néolibérale, nous pouvons nous poser la question à quoi ressembleront les territoires qui échangent de manière juste avec leurs voisins. Est-ce qu’un territoire qui abrite plus de 100 000 personnes ou 1 000 000 de personnes est par définition un territoire injuste qui approprient des ressources proches et lointaines ?

    Il est sûr que les villes d’aujourd’hui nous laissent penser ceci. Mais est-ce une fatalité ? Une chose est sûr, si nous réduisons notre demande de ressources et nous relocalisons en partie cette demande, ces échanges pourront être plus apaisés.

    Allez à demain pour la lettre V ✌


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre T est Transition.


    C’est un autre concept est souvent revenu dans cette série d'épisodes et qu’on entend un peu partout, tout le temps et à toutes les sens. On l’entend tellement qu’il est difficilement d’y voir clair. De séparer les discours de greenwashing, d’une étude sérieuse de la transformation d’une société.

    Afin d’y voir un peu plus clair je vous propose de vous présenter quelques définitions et quelques composantes d’une transition pour mieux recontextualiser les efforts actuels par différents acteurs.

    📚 Transition : une définition

    De manière simple, nous pouvons définir la transition comme un passage d’un état (stable) vers un autre. Ceci est facilement imaginable quand nous pensons la transition de l’eau d’un état solide vers un état liquide ou gazeux.

    Par contre, quand on parle d’un système socio-écologique (par exemple un territoire ou une ville), qu’est-ce qui décrit un état ? Qu’est-ce qui décrit un état stable et en existe-t-il un ? Existe-t-il des phases ou éléments fondamentaux pour qu’une transition s’opère ? Quand pouvons nous acter qu’une transition a été effectuée ? Et pouvons nous de manière théorique prévoir voire orchestrer une transition ?

    Pour aborder cette notion complexe, je vous propose de donner quelques définitions puis un exemple. Dans le graphique ci-dessous, certaines composantes d’une transition (empruntées des transitions des systèmes écologiques) sont illustrées dans la Figure 1 :

    Signaux d’Alerte Précoces (Early Warning Signals) : Série de signaux qui annoncent qu’un changement significatif pourrait se produire à faible ou grande probabilité. Par exemple, une fréquence élevée de canicules peut être un signal d’une perturbation de plus grande ampleur ou chronique.Déclencheur (Trigger) : Elément déclencheur qui initie un processus de transition. Par exemple, une pénurie de bois peut être l’élément déclencheur pour introduire le charbon comme vecteur énergétique principal.Point de Bascule (Tipping Point) : Un point de bascule survient lorsque un faible changement (d’une quantité d’un flux de consommation ou de pollution) entraîne une réponse forte et non-linéaire. Par exemple, une fois la pollution d’un lac dépasse un certain seuil, toute la vie du lac peut s’éteindre d’une manière abrupte et (quasi)irreversible.Transition : ensemble des processus qui bascule un système d’un état (stable) vers un autre état (stable).

    Afin d’éplucher cette complexité, je vous propose d’étudier l’évolution de la consommation énergétique de Paris du XVIIIè siècle à aujourd’hui grâce à l’incroyable article d’Eunhye Kim et Sabine Barles (Kim et Barles 2012).

    Dans cet article nous pouvons découvrir plusieurs transitions énergétiques du système socio-écologique “Paris”. Par exemple, la consommation énergétique de Paris avant le 19ème était basée à 100% de bois (bois de chauffage, à brûler et charbon de bois). Il a fallu environ 50 ans pour le charbon devienne le vecteur énergétique principal. Il a fallu par la suite environ un siècle pour que les combustibles fossiles (autres que le charbon) représente ensemble plus de 50% du mix énergétique (avec une disparition complète du bois). Cinquante ans plus tard, l’électricité et la chaleur représente 50% du mix énergétique parisien.


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  • Ce concept se retrouve en filigrane dans toute une série d’épisodes. Sur la question des flux, des low-techs, de l’échange inégal, de la justice environnementale, sur la décroissance. Bref, comme vous le voyez c’est un concept central pour la question des enjeux socio-écologiques présents et futurs.


    Lors de mon entretien avec Yamina Saheb, elle me mentionnée que la sobriété telle que décrite dans le volet 3 du sixième rapport du GIEC pourrait se définir ainsi :

    "les politiques de sobriété sont un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau, tout en assurant le bien-être humain pour tou.tes dans le cadre des limites planétaires".


    Si nous décortiquons cette définition, nous avons quatre points à souligner :


    1/ La sobriété se base d’abord sur des mesures politiques qui par la suite facilitent les pratiques quotidiennes. Il est beaucoup plus simple de prendre un vélo lorsqu’il existe une piste cyclable. Il est beaucoup plus simple de se déplacer à pied lorsque les logements sont proches des emplois et des commerces.

    2/ La sobriété doit se focaliser sur toutes les ressources et sortir de la myopie carbone et énergétique. Nous devons réduire de manière absolue, simultanée et systémique notre demande de ressources sans compromis d’une ressource vers une autre.

    3/ La consommation des ressources doit être utilisée pour assurer le bien-être humain. Il est ici sous-entendu que nous utilisons aujourd’hui des ressources qui ne contribuent pas directement au bien-être et qu’il serait nécessaire de s’assurer de ce lien. Cette consommation de ressources doit aussi s’intégrer à l’intérieur des limites planétaires

    4/ Finalement, la partie sur le bien être pour tou.tes souligne cette fois-ci la question de justice environnementale mentionnée dans un autre épisode.


    Dans le résumé pour décideurs de ce fameux volet 3, nous pouvons également voir que l’impact des mesures de sobriété est énorme. Les mesures de sobriété dans l’alimentation pourraient réduire de 44% les émissions de GES associées. Dans le cas du transport la réduction serait autour de 67%, dans le cas des bâtiments 66% et dans le cas de l’électricité 73%.


    En français, le mot sobriété est peut-être choisi pour illustrer notre ébriété matérielle et énergétique durant ce dernier siècle. Il est sûr que nous sommes devenus accros à de l’énergie pas cher et à des matériaux sont se soucier des dégâts environnementaux et sociétaux proches ou lointains.


    Mais le mot suffisance comme en anglais sufficiency serait peut-être encore plus approprié selon moi pour illustrer la sobriété. La vraie idée derrière la sobriété serait de consommer que les ressources suffisantes pour satisfaire les besoins et pas plus. Eviter la demande excessive afin de ne pas produire de trop.


    Allez à demain pour la lettre T,

    ✌️


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre R est Régime d’Historicité.

    Ce concept assez nouveau pour moi, représente le rapport que les sociétés entretiennent avec leur passé, leur présent et leur futur. Ce concept ou outil heuristique développé par l’historien François Hartog se place entre l’histoire et l’anthropologie et nous permet de mieux recontextualiser certains choix techniques et politiques d’une société.

    Par exemple en Grèce Antique, nous pourrions parler d’un régime d’historicité antique ou passéiste. Le passé était glorifié et le présent et le futur étaient en quelques sortes prédéterminés par les mythes passés.

    Nous avons également le régime d’historicité moderne qui selon François Hartog va de 1789 à 1989 et qui est cette fois-ci futuriste. Dans ce régime d’historicité, le passé et le présent se projettent vers le futur qui sera par définition ou construction meilleur et prospère. Il y a un effet d’accélération perpétuelle vers le futur qui est très dépendant au progrès.

    Je dois ouvrir une parenthèse ici, par rapport à la question du progrès. Lors de mon entretien avec François Jarrige, il me disait que le progrès était accompli par différents moyens à travers les siècles. Par exemple durant le 18ème, le progrès pouvait être accompli par l’amélioration des moeurs, l’essor du commerce, l’essor des savoir et des connaissances. Cette diversité de la conception du progrès va se refermer au 19ème en mettant en avant la technique comme seul moyen d’avoir du progrès.

    Cette nouvelle conception du progrès ainsi que ce régime d’historicité moderne nous plonge pendant quasi deux siècles dans un verrouillage idéologique et technologique dans lequel nous devons toujours aller vers l’avant et pour se faire on a besoin de progrès technologique.

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    Olivier Coutard me disait dans un autre entretien que ce régime d’historicité moderne avait aussi été cristalisé et permi par les infrastructures. En effet, les infrastructures modernes sont conçues pour matérialiser des promesses futures. Nous empruntons de l’argent et des ressources pour la promesse de gains futurs que ce soit des économiques ou alors la satisfaction de futurs besoins.

    Et là se trouve tout l’enjeu.

    On hérite à présent d’une myriade d’infrastructures qui sont conçues pour un futur toujours plus abondant avec une idéologie qu’il est impossible de saturer les besoins puisqu’ils croissent de manière non bornée.

    Finalement, selon François Hartog, nous nous trouvons peut-être aujourd’hui dans un nouveau régime d’historicité, qui est peut-être transitoire, qui s’appelle le présentisme. En d’autres mots nos sociétés ne se préoccupent plus du passé ou du futr mais elles sont obsédées par le présent. Nous n’avons plus d’horizons futurs.

    Pour conclure, je dois bien préciser que je suis ni historien, ni anthropologue mais je trouve ce concept de régimes d’historicité très utile pour comprendre pourquoi nos mettons en place certaines infrastructures, pourquoi les personnes politiques mettent en avant des promesses futures qui vont être résolues grâce à la technique et finalement peut-être pourquoi aujourd’hui nous n’avons pas de vision claire pour le futur.

    Allez à demain pour la lettre S,

    ✌️


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre Q est Quota.


    Dans cette séries d’épisodes j’ai essayé de souligner notre surconsommation de ressources et nos émissions de polluants au niveau mondial et local. J’ai également essayé de répéter que les crises que nous traversons ne sont pas uniquement écologiques mais aussi sociétales.

    En résumé, nous sommes en train de trop extraire et polluer. Mais en réalité, cette consommation ne bénéficie qu’une petite partie de la planète pour que la majorité de la planète subisse les conséquences.


    Un moyen de s’attaquer à cet enjeu socio-écologique de face serait de définir (collectivement et démocratiquement) une liste de besoins essentiels auxquels nous aurions tou.tes droit.

    Je vous vois venir. Oui mais les besoins c’est subjectif. Comment on définit quelque chose de subjectif pour tous ? Une personne agée et une personne jeune n’ont pas besoin des mêmes choses.

    Ne vous inquietez pas, il y a un moyen de contourner cette question. Lors de mon entretien avec Cédric Durand, il me disait qu’il considérait un besoin comme universel lorsque :

    1/ ce besoin peut-être fourni à tou.tes

    2/ la satisfaction de ce besoin par tou.tes ne fait pas dépasser les limites planétaires

    Cela ressemble à l’économie du doughnut appliqué au niveau des besoins. On se trouve ainsi sur un chemin de crête où nous devons composer démocratiquement sur ce qui possible et ce qui est essentiel. Cela ne veut pas dire que nous allons tous et toutes satisfaire les mêmes besoins mais nous avons une palette avec laquelle nous pouvons composer notre vie.

    Dans un monde parfait, ces besoins essentiels pourraient garantis par son territoire, son pays ou au niveau mondial. Un nombre de kWh d’énergie pour le chauffage et les appareils électroménagers garantis. Un nombre de m3 d’eau pour la nourriture et l’hygiène garantis. Un nombre de kms de déplacement garantis.

    Cela peut paraître extrême mais dans beaucoup de pays l’éducation et les soins de santé fonctionnent déjà sous ses modalités.

    L’idée serait de fournir un quota de ressources nécessaires pour satisfaire des besoins essentiels. Et pour ces quotas on revient à la question : 1/ fourniture à tout le monde et 2/ non dépassement des limites planétaires.

    Dans l’histoire ces quotas ont souvent été utilisé, notamment durant les guerres ou durant les crises financières. Durant la Première Guerre Mondiale, à Paris, le charbon était distribué par coupons en fonction de la taille d’un ménage. A cette époque, une grande partie de la population la plus pauvre a eu accès pour la première d’un confort de vie plus élevé. Cette question de rationnement est notamment étudiée par la chercheuse Mathilde Szuba1.


    En pratique, aujourd’hui nous voyons des agences de l’eau proposer des tarifs différents en fonction du niveau de la consommation, allant de gratuit pour les premiers m3 essentiels à très cher lorsque le nombre des m3 devient trop important.

    Je ne pense pas que nous devons utiliser le levier du prix pour résoudre cette question car les plus riches auront toujours un moyen de consommer plus (par exemple en rachetant les quotas d’autres personnes).


    Bref, cette question de quota de ressources et de quota d’émissions permet à mon sens de rendre beaucoup plus tangible la finitude des ressources et du budget carbone. Cela permetrait d’expliciter le lien entre empreinte et besoins (plutôt qu’empreinte et consommation). Ce lien pourrait par la suite être mobilisé afin de mieux dimensionner les infrastructures (lettre I) et choisir le niveau de technique pour y parvenir (lettre L).

    Allez à demain pour la lettre R,

    ✌️


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  • 📅 Calendrier de l'Avent 16/26 - P comme Paradoxe de Jevons


    Ce concept développé par Stanley Jevons au XIXè siècle souligne que malgré l’augmentation de l’efficacité (créer plus de produits pour la même quantité de ressources) de notre utilisation de ressources notre consommation totale et absolue augmente.


    Dans son livre intitulé Sur la question du Charbon datant de 1865, Jevons remarque que la consommation totale de charbon en Angleterre a considérablement augmenté malgré les considérables améliorations d’efficacité amenées par la machine à vapeur de James Watt. La raison se trouve dans le fait que les améliorations amenées font chuter le prix puisque nous avons besoin de moins de charbon pour un travail mécanique égal des machines, et du coup celles-ci se démultiplient.


    Dans le livre Cheaponomics, il est estimé que les différents progrès technologiques des machines à vapeur ont réduit de deux-tiers (66 %) la consommation de charbon par unité de fer produite, mais dans le même temps ont conduit à une multiplication par dix (1 000 %) de la quantité de charbon consommée.


    Nous rentrons ainsi vers une boucle de rétroaction positif ou chaque progrès, chaque avancée technologique est effacée ou absorbée par notre augmentation totale de la consommation. Chaque effort des ingénieu.res pour rendre nos systèmes plus efficaces est d’une certaine manière réinvesti dans la machine pour consommer plus.


    A l’heure de dématérialisation et de la décarbonation, allons nous pouvoir enfin découpler notre consommation totale avec les gains d’efficacité ?

    Cette question n’a pas de réponse forcément technique mais plutôt une réponse idéologique ou de valeur sociétale car pour y répondre nous avons plusieurs choix.


    1/ Profiter de l’efficacité pour maintenir le même confort de vie actuel et du coup maintenir notre consommation de ressources actuelle. Appelons ceci une économie stationnaire.


    2/ Utiliser l’efficacité actuelle ET éliminer les gaspillages ainsi que des activités superflues afin de réduire de manière absolue notre consomamtion de ressources actuelle. Appelons ceci une économie de décroissance.


    3/ Utiliser cette efficacité et redistribuer les ressources équitablement pour offrir les mêmes services à tou.tes et garder la consommation actuelle. Appelons ceci une économie redistributive.


    4/ Continuer à faire comme aujourd’hui. Toujours inventer de nouvelles technologies qui vont certes produire des avions et des voitures plus efficaces, des bâtiments plus optimisés, des chaussures upcyclées mais jamais réduire notre consommation. Une fuite à l’avant à la fois.


    Entendons nous, je ne suis pas en train de dire que l’efficacité est mauvaise en soi. Pas du tout. Au contraire, profitons autant que possible de tous les progrès technologiques que nous avons pu développer mais pour les bonnes raisons. Et par la même occasion, posons nous la question de quand le cycle perpétuel de nouvelles technologies doit s’arrêter.


    Allez à demain pour la lettre Q,

    ✌️


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre O comme Fenêtre d’Overton.

    Ce concept développé par Joseph P. Overton, un politologue et lobbyiste américain présente une “fenêtre” dans laquelle une série d’idées et de politiques sont considérées comme acceptable par l’opinion du grand public. A l’extérieur de cette fenêtre les idées sont considérées comme trop extrêmes et non entendables par le grand public particulièrement pour faire passer une loi, une politique ou élir une personne.

    Cette illustration résume les différentes niveaux d’acceptation d’une idée par le public.

    Une idée peut être considée comme : Impensable, Radicale, Acceptable, Raisonnable, Populaire, ou accepté comme une Politique publique. Ces idées peuvent être tant en faveur de plus de libertés ou moins de libertés.

    L’utilité de cette fenêtre est de comprendre que malgré la popularité d’une personnalité, si les idées proposées se trouvent en dehors de la fenêtre actuelle alors elles ont peu de chances de se transformer en politiques publiques.

    Cependant, cette fenêtre n’est pas fixe ou statique. Elle peut bouger dans un sens ou dans un autre, se refermer ou s’élargir. Et là se trouve tout l’enjeu et toute l’opportunité pour les crises socio-écologiques. Nous pouvons tou.tes travailler pour élargir la fenêtre d’Overton.

    Cela peut se faire via l’activisme par exemple avec de la désobéissance non-violente comme dans le cas des méga-bassines ou les ZAD, cela peut se faire via des études scientifiques produisent des connaissances empiriques d’alternatives, cela peut se faire via de la vulgarisation d’écrits ou de pensées.

    Bref, notre perception bouge rapidement dans le bon comme le mauvais sens. Il y a quelques années, la sobriété et la décroissance étaient des concepts radicaux voire impensables pour les politiques publiques. Aujourd’hui la sobriété est devenu un concept acceptable voire raisonnable. Qui sait, d’ici peu nous allons avoir des vraies politiques de sobriété voire des partis politiques qui vont se présenter avec des programmes de décroissance.

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    Notre travail peut se concentrer sur la production de connaissance, leurs transmissions et transformation en imaginaires afin d’ouvrir le champ de possible. Avant le COVID, il était impensable de fermer la majorité des aéroports dans le monde. Certes de nombreux scientifiques s’efforcent de dire que nous devons réduire les GES mais c’est un autre type de crise qui a rendu cette idée raisonnable voire populaire.

    Les solutions et les idées sont déjà toutes présentes. Ne réinventons pas la roue. Efforçons nous de les rendrent acceptables et travailler contre les lobbys qui essayent de refermer cette fenêtre.

    Allez à demain pour la lettre P,

    ✌️  


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre N est l’Azote ou en pour être plus précis la lettre utilisée pour cet élément atomique. Bon c’est à nouveau un peu de la triche mais le sujet est trop important donc je devais le placer quelque part.


    L’azote est un élément fondamental sur notre petite planète. Il se retrouve en énormes quantités dans l’air sous forme de diazote (N2). Il se trouve également que l’azote est également un engrais fantastique pour les plantes et un des constituants des protéines et des acides aminés.


    La Nature fait bien les choses non ? Notre source première de nourriture nécessite pour se développer l’élement le plus présent dans l’air !


    Mais c’est là où les choses se compliquent. Certes l’air est rempli de diazote mais les plantes et les animaux ne peuvent pas l’assimiler hormis quelques bactéries.


    Donc pendant des siècles nous avons essayer de trouver des moyens de rajouter de l’azote sous forme réactive aux plantes. Un des moyens principaux était via les excreta humains et d’animaux puisque c’est par les urines que les humains évacuent la majorité des nutriments tels que l’azote des protéines et les sels minéraux comme le phosphore et le potassium.


    C’est pour cela que jusqu’au début du XXème siècle, l’agriculture et les villes se retrouvaient à fonctionner en tandem. L’agriculture nourrisait la ville, la ville nourrisait l’agriculture. A titre d’exemple, au début du XXème le taux de recylage de l’azote des urines à Paris était de de 50%, contre 5% aujourd’hui !


    Mais que s’est-il passé ?


    Après une suite d’infrastructures, de lois et de technologies la revalorisation des urines est devenue obsolète.


    Avec la construction des infrastructures d’approvisionnement d’eau et par la suite d’évacuation d’eau, les urines et l’agriculture ont été repoussées de plus en plus loin des villes.


    Puis à partir de la fin de la 1ère Guerre Mondiale, l’invention de Fritz Haber et Carl Bosch, qui permettait de rendre le diazote de l’air en ammoniac. Une quantité considérable d’usines de production d’ammoniac et de nitrate d’ammonium ont notamment été construites durant la première Guerre Mondiale puisque le nitrate d’ammonium était la base d’explosifs . Nous nous retrouvons donc à la fin de la première Guerre Mondiale avec une grande quantité d’infrastructures qui sont prêtes à être rentabilisées en produisant des engrais de synthèse.


    Il s’agit ici d’un point de bascule puisque les urines n’avaient plus d’exutoir et nous avons donc développer des stations d’épurations pour éliminer les fameux nutriments avant de rejetter ce liquide dans les cours d’eau.


    Donc aujourd’hui on se retrouve d’un côté fabriquer des engrais azotés grâce à des énergies fossiles et d’un autre côté consommé de l’énergie pour détruire l’azote des urines. Vous voyez la contradiction ?


    Pour sortir de cette contradiction, nous pouvons bien évidemment remettre en place une collection séparée de l’urine pour être par après utilisée dans l’agriculture mais aussi favoriser les légumineuses dont les racines arrivent à capter et transformer le diazote de l’air.


    Lors de mon entretien avec Fabien Esculier, il me disait que si on collectait l’urine de tous les habitants de l’agglomération parisienne et qu’on valorisait ses nutriments pour fertiliser de la culture de blé nous pourrions produire jusqu’à 25 millions de baguettes par jour !


    Le rebouclage des flux d’azote permettrait en autre de réduire la quantité d’eau potable utilisée dans les toilettes, réduire la consommation énergétique amont et aval de l’agriculture mais aussi de réduire l’eutrophisation des rivières puisque l’azote des animaux serait réutiliser directement dans les champs.


    A demain pour la lettre O,


    ✌️


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre M est Métabolisme mais aussi Métabolisme Urbain, Métabolisme Territorial ou Métabolisme Sociétal.


    Je vais utiliser cet épisode pour vous expliquer pourquoi ce concept est pour moi, à ce point fondamental que j’y ai consacré toute ma vie professionnelle. Cela fait bientôt 15 que je fais des recherches sur ce domaine et j’en suis autant passionné aujourd’hui. Il existe de nombreuses définitions pour ce concept, je vous en propose une pour mieux comprendre le reste.

    Le métabolisme urbain est une métaphore visant à analyser de manière systémique les relations socio-écologiques des villes avec leurs environnements via leurs flux, leurs stocks, les infrastructures, et les acteurs (ainsi que leur agence).


    Ce concept qui nous vient de notre ami Karl Marx parlant de la brisure ou rupture métabolique puisque les déchets et excreta humains ne retournaient plus sur la Terre particulièrement depuis l’industrialisation des villes européennes et la concentration de la population dans les villes pour servir comme capital variable dans les usines.

    Depuis ce concept a été mobilisé par de nombreux et nombreuses scientifiques pour étudier la relation matérielle entre une société (ou un territoire) et son environnement dans le sens le plus large.

    Grâce à cette étude nous arrivons à expliciter le fonctionnement physique de nos territoires et de nos sociétés ainsi que de mieux comprendre leurs impacts socio-écologiques.

    Par exemple, nous pouvons apprendre combien consomment certains territoires mais aussi cartographier les “arrières-pays” ou “territoires servants”. Nous pouvons cartographier la consommation de certaines ressources pour comprendre quels segments de la population ont droit à une ressource et à quelle quantité.

    Nous pouvons également étudier le métabolisme d’un territoire sur le temps long pour surligner les différentes facettes politiques, économiques, technologiques qui se sont succédées et encastrées pour passer d’un régime métabolique vers un autre.

    Nous pouvons également spatialiser les acteurs et les activités économiques qui mobilisent les flux de ressources et de déchets. Et oui, les flux ne bougent pas comme ça par magie. Il existe des lois, des entreprises, des “actants” derrière chaque flux. Nous n’avons pas tou.tes la même agentivité pour faire circuler des flux.

    Finalement, nous pouvons également combiner une étude métabolique avec une étude du foncier pour se rendre de combien d’espace nous aurions besoin pour relocaliser notre production aliméntaire, nos matériaux de construction, notre production énergétique, etc.

    En faisant ce type d’études nous nous rendons vite compte de la complexité des enjeux mais aussi des marges de maneuvres réelles pour faire bouger les choses. C’est des diagnostics souvent assomants mais qui peuvent également être utilisés comme outil de prospection pour des territoires plus sobres, circulaires, juste, et auto-suffisants.

    D’ailleurs, je profite de cet épisode pour partager avec vous que je viens de finir le draft de mon livre sur exactement ce sujet et ces problématiques. Nous sommes à présent en train de l’illustrer avec Gaëtan Amossé d’ici quelques semaines nous allons lancer une campagne de financement participative pour nous aider à finir ce projet !

    Allez à demain pour la lettre N,

    ✌️


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre L est Low-Tech (ou techno-discernement en Français).

    Ce concept est pour moi en continuation parfaite de l’épisode précédent lorsque nous avons parlé d’arbitrage de flux pour un budget carbone ou matériel fixé ou fini mais aussi celui des infrastructures.

    Je m’explique. Lorsque nous sommes confronté.es à un problème donné (chauffer une ville, produire de la nourriture, construire un bâtiment, etc.) nous avons une myriade de solutions ou de moyens de faire devant nous. Certains se basent sur des technologies très avancées (et des fois polluantes), d’autres moins.

    Pour produire un kilo de nourriture, nous pourrions soit utiliser quelques outils primitifs, sans intrants artificiels (pesticides, engrais artificiels, semences industrielles, etc.), sans motorisation et avec des connaissances agronomiques poussées et beaucoup de main d’oeuvre. Nous pourrions au contraire, se servir d’énergies fossiles peu chères pour fabriquer des engrais, nourrir des machines et des sols mais en perdant la relation intime et contextuelle avec le sol.

    Nous pourrions répéter cet exercice pour le secteur de la construction. Pour construire une maison ou un bâtiment, nous pourrions utiliser des matériaux bio- et géo-sourcés locaux, réemployer des matériaux de construction, et inclure des principes bioclimatiques. Ou au contraire, nous pourrions utiliser des matériaux hautement carbonnés tels que le ciment/béton, l’acier, l’isolation fossile, en utilisant un plan standard et répété.

    Ces deux extrêmes soulignent deux visions du monde bien différentes de notre rapport à la puissance, à la finitude, au soin, à la main d’oeuvre, à l’emploi, au territoire, et pleins d’autres sujets.

    Notre rapport à la technique et à la technologie ne doit pas se résumer au débat stérile être technosolutionniste ou amish. Nous devons remettre au centre du débat la vision du monde permise et mise en avant par une certaine technologie.

    Il est sûr que grâce à l’énergie fossile et la mécanisation nous avons pu sortir de conditions de vie très difficiles et pénibles. Personne ne peut nier cela. Mais nous avons basculer dans l’excès. Peut-être qu’il serait temps de faire le bilan de quelles technologies et techniques sont encore viables et produisent réellement des bienfaits sociétaux et écologiques. Nous avons suffisamment de recul pour se poser ses questions et ne pas s’engouffrer dans des nouveaux délires tels que l’utilisation de drones dans l’agriculture, un réseau 6G, l’IA généralisée, etc.


    Reposons nous la question de si nous voulons faire disparaître l’artisanat, la paysannerie, la réparation au profit de la mécanisation et par conséquence de la tertiarisation de l’économie. Pour rappel il est estimé que 70% des français.e.s vivaient de l’agriculture en 1789 contre 1.5% aujourd’hui.

    La question est assez simple au final, où plaçons nous le curseur entre travail et emploi humain vs. travail des machines ? et que faisons nous avec le travail libérée grâce aux machines ? Est-ce qu’on l’utilise pour prendre soin de nous et de nos territoires ou pour s’acheter de temps dans le futur ?


    Nous revenons encore une fois à des questions de démocratie et de valeurs sociétales.

    Si nous baissons collectivement nos attentes mécaniques pour développer des emplois locaux (pour l’agriculture, la construction, la réparation, la gestion de l’eau, le soin, l’éducation), muscler notre auto-suffisance matérielle et technique, alors notre rapport à la technique peut se transformer en notre faveur. Attention, cela veut dire que nous allons tous et toutes devoir mettre la main à la pâte. On ne peut pas tout avoir, mais peut-être que nous allons redonner du sens à certains emplois et territoires.

    Comme d’habitude, je vous recommande de prolonger ces réflexions avec quelques épisodes ci-dessous.

    Allez à demain pour la lettre M,

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  • 📺Ce podcast est 100% indépendant, pour nous aider à le rendre pérenne, c'est ici 👉 https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcast


    Le mot d’aujourd’hui pour la lettre K est Kilo (ou kilotonnes, kilomètres, kilowatt heures, etc.).


    En d’autres mots, les unités des flux métaboliques qui éclairent, chauffent, nourrissent, lavent, déplacent les citoyen.nes des territoires urbains et ruraux.


    Lorsqu’on étudie le métabolisme d’un territoire, d’une société ou d’un pays, nous parlons fluidement la langue des kilotonnes ou kt pour les intimes.


    Combien de kt ont été extraits en France en 2019 ? Environ 700 000 kt (soit 10 t/pers).


    Combien de kt ont été importés par la Chine en 2019 ? Environ 4 000 000 kt (soit 2.5 t/pers).


    Combien de kt de ciment ont été produits dans le monde en 2023 ? Pareil 4 000 000 kt (soit 0.5 t/pers).


    Combien de Gaz à Effet de Serre ont été émis en 2019 ? Autour de 55 000 000 kt de CO2eq (soit 7t/pers)


    Ces chiffres nous permettent de bien comprendre les ordres de grandeur des flux biophysiques mobilisés par nos sociétés. Selon moi, bien comprendre ces chiffres, nous permet de traduire les activités économiques en leurs équivalents physiques. Cette explicitation physique permet quant à elle, de faire de meilleurs arbitrages en tant que société.


    Je m’explique. Vous connaissez peut-être le concept du budget carbone (çàd. la quantité de CO2 que nous pouvons encore émettre tout en restant sous la barre des 1.5 ou 2°C). Une fois que nous connaissons la quantité qu’il nous reste à émettre, nous pouvons l’utiliser comme un moyen de savoir quelles activités sont encore acceptables et désirables dans nos territoires et quelles sont trop polluantes pour les services rendus. Cet exercice pourrait également être effectué pour les matériaux, l’énergie, l’eau, etc.


    Imaginez avoir un tableau de bord métabolique qui liste les activités économiques d’un territoire, présentes et futures, et leurs besoins métaboliques. Nous pourrions par la suite regarder ce tableau en tant qu’assemblée citoyenne et décider collectivement comment prioriser et arbitrer ces activités.


    Evidemment, ici l’idée n’est pas de créer une n-ième couche technocratique voire pire encore instaurer une dictature du chiffre. L’idée est plutôt de repolitiser la question technique et métabolique grâce à des ordres de grandeurs.


    Aujourd’hui les débats écologiques (pro- ou anti-) se crispent sur des idées, des techniques et des projets. Mais il serait nécessaire de rendre ces débats concrets et faire comprendre les vrais enjeux. En effet, lorsqu’un nouveau projet est proposé (autoroute, aéroport, écoquartier, etc.) par les entreprises ou l’Etat, nous entendons uniquement les bienfaits et les avantages. Nous n’entendons pas toutes les ressources et pollutions qui seront soustraitent de notre budget carbone et de ressources. Nous n’entendons pas que si nous acceptons un nouveau projet alors cela viendra au dépens d’autres besoins plus essentiels.


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    Nous vivons dans un monde fini. Alors utilisons les unités et les ordres de grandeurs métaboliques pour avoir des vrais dialogues et arbitrages. Apprenons à vivre avec le fini pour rendre nos sociétés justes et pérennes.


    Allez à demain pour la lettre L,

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  • 🎥 Cet épisode est sponsorisé par la Fondation Modus  @modus-ge  . Lien vers le podcast de la Fondation : https://youtu.be/NG2Auc-In6I (vidéo évoquée dans cet épisode)


    Aujourd’hui, nous allons explorer comment agriculture et architecture se sont renforcées l'une l'autre depuis la révolution néolithique, jusqu'à devenir toutes 2 destructrices pour notre écosystème actuel.

    Comment en est-on arrivé là ? Et, suite à ce constat, comment construire des scénarios où architecture et agriculture cohabitent pour mieux répondre aux crises socio-écologiques ?


    Vous êtes sur le podcast Circular Metabolism, le podcast pour mieux comprendre le métabolisme de nos sociétés et leurs impacts socio-environnementaux.


    Pour parler de ces sujets, j’ai le plaisir d'accueillir Sébastien Marot.

    Sébastien est :

    - philosophe,

    - spécialiste d’histoire de l’environnement,

    - et professeur à l’Ecole d’Architecture de la Ville et des Territoires Paris-Est


    Il a notamment écrit un livre basé sur son une exposition basée Prendre la clef des champs, qui explore le lien entre agriculture et architecture.


    Et pour comprendre cette dynamique, nous allons parler :

    - de l’histoire de ces 2 pratiques,

    - de l’impasse écologique à laquelle elles nous ont mené,

    - et de 4 scénarios futurs mêlant architecture et agriculture pour sortir de cette impasse.


    🔷 SOMMAIRE


    00:00:00 Introduction

    00:01:48 Crises créées par l’urbanisation

    00:10:59 Architecture et agriculture inséparables

    00:22:21 Verrouillages agricoles et architecturaux

    00:34:18 Les 4 futurs selon David Holmgren

    00:46:36 Les 4 futurs selon Sébastien Marot


    🔷 REFERENCES


    Écrits et auteurs cités

    00:01:48 Prendre la clef des champs - Sébastien Marot

    00:17:36 The Limits to Growth - D&D Meadows, J. Randers & W. Behrens

    00:17:56 The Entropy Law and the Economic Process - Nicholas Georgescu-Roegen

    00:18:10 Designing for survival - Colin Moorcraft

    00:35:17 Zomia ou l’art de ne pas être gouverné - James C. Scott

    00:35:47 Au commencement était... - David Wengrow & David Graeber

    00:37:39 Scénarios futurs - David Holmgren

    00:45:07 Crash on demand : Welcome to the Brown Tech future - David Holmgren

    00:51:22 Whole Earth Discipline - Stewart Brand

    00:54:00 Broadacre City, la nouvelle frontière - Frank Lloyd Wright


    Autres personnes citées

    00:16:44 Bill Mollison

    00:16:56 Kevin Lynch

    00:17:53 Howard T. Odum

    00:29:32 Fritz Haber & Carl Bosch

    00:50:43 Richard Buckminster Fuller

    00:54:08 Albert Pope


    Episodes mentionnés

    00:28:35 Mathieu Calame : https://www.youtube.com/watch?v=FlyKUBtcLlU

    00:58:49 David Holmgren : https://www.youtube.com/watch?v=KQ_w8lwY6dw

    00:58:56 Carolyn Steel : https://www.youtube.com/watch?v=jQMjwO7bqtQ


    🔷 CRÉDITS


    🎤 Interview : Aristide Athanassiadis

    🎞️ Montage: https://codexprod.fr

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    🔷 LIENS VERS LE PODCAST


    💌 Newsletter: https://www.circularmetabolism.com/

    👀 Youtube: https://youtu.be/Zz5eHhAoc4Y

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    Le mot d’aujourd’hui pour la lettre J est Justice Environnementale ou l’autre face de la médaille de l’Anthropocène.


    En effet, lorsqu’on on entend l’expression Anthropocène c’est pour décrire la dégradation de l’état d’habitabilité de la planète pour les sociétés humaines. Un état de vulnérabilité et de destructions d’écosystèmes à cause d’une consommation excessive, trop rapide et trop linéaire de flux de ressources.


    Mais ce qu’on entend moins souvent est que cette consommation ne profite qu’à une petite partie de la population nationale ou mondiale au dépens du reste. Pire encore, les personnes qui ont le moins contribué aux crises écologiques vont être celles qui vont le plus les subir. Rappelons nous des innondations au Pakistan qui ont impacté une grande partie du pays. Pensons aux Etats insulaires dans les Caraïbes ou dans l’Océan Pacifique qui pourraient voir leurs îles complètement disparaître alors que leurs empreintes carbone et matérielle sont très faibles.


    Donc quand nous parlons de réduire les consommations excessives et décarbonner nos sociétés, il ne s’agit pas seulement d’un moyen d’arrêter la destruction du vivant, c’est aussi un levier de justice environnementale et sociale. Réduire l’excessif de certaines personnes pour assurer le nécessaire pour la majorité de la planète. Nous pouvons voir par exemple que les personnes avec un revenu inférieur à 6000 $/an (les personnes les 50% les plus pauvres au monde) ne sont responsables que de 7% des émissions globales (Emissions Gap Report 2020) contre 15% pour 1% les plus riches.


    La bonne nouvelle est qu’un monde juste est a priori un monde plus facile à décarbonner. Une étude a modelisé qu’en théorie si on égalise le monde au niveau économique, la quantité de consommation énergétique ne bouge pas énormément mais le type de consommation bouge. Au lieu de consommer de manière inégale pour les transports aériens et terrestres, nous basculons vers plus de consommation de chaleur et d’électricité pour des logements qui est un secteur a priori plus facile à décarboniser.


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    Une autre bonne nouvelle est que des milliers de personnes se battent tous les jours pour mettre fin à cette injustice environnementale. L’Atlas de l’Injustice Environnementale recense plus de 4 200 cas où des populations locales se sont battent (ou se sont battues) contre des projets d’extractivisme, des projets sur la gestion de l’eau et des déchets, des projets sur la destruction de la biodiversité, etc.


    Plus localement, une étude récente a documenté plus de 50 ans de luttes écologiques en France. Cette étude recense plus de 160 victoires ces derniers 10 ans et décrit comment ces luttes ont été gagné permettant de s’inspirer pour d’autres luttes futures.


    Donc de manière théorique, pratique ou de manière éthique, répondre à la crise sociale est une priorité tout aussi urgente de la crise écologique. En France, comme dans le Monde il existe de nombreux exemples passés et présents montrant qu’il est possible de mener et gagner une bataille pour la justice environnementale


    Allez à demain pour la lettre K,


    ✌️


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  • Le mot d’aujourd’hui pour la lettre I est Infrastructure.

    Un des autres concepts que je traite régulièrement dans le podcast est la question d’infrastructures. Quand on parle d’infrastructures on pense souvent à un ingénieur en casque de chantier, des bétonneuses et des excavateurs. On pense à des ponts, des routes et des aéroports, etc. Présenté comme ça, le mot infrastructure ne paraît pas être un sujet essentiel pour mieux comprendre les crises que nous traversons.

    Mais derrière ces artefacts se cache une des questions les plus épineuses pour nos sociétés.

    Avant de me plonger sur pourquoi le choix des infrastructures est un sujet d’importance sociétale, il faut peut-être rapeller certaines notions.

    Les infrastructures sont ces artefacts qui transforment les flux d’un état vers un autre (par ex. une centrale à charbon génère de l’électricité via la combustion de charbon) ou les transportent d’un endroit vers un autre (par ex. des réseaux énergétiques, d’eau, de transport routier/rail). Mais les infrastructures sont également des stocks ou des réservoirs de matières (par ex. une centrale à charbon est composée de béton, acier, cuivre, et autres matériaux). Finalement, ces infrastructures facilitent ou permettent certaines pratiques et modes de vies (pensez routes pour véhicules individuelles vs. pistes cyclables pour vélos).

    Du coup, les infrastructures consomment des flux pour être construites mais aussi et surtout un moteur ou facilitateur de consommation de flux. Dans les territoires urbanisés nous pouvons même dire que sans infrastructures nous ne pouvons pas consommer de flux (mis à part quelques exceptions telles qu’un potager).

    Cependant toute infrastructure n’est pas égale, ni en termes de besoin de matière, ni en satisfaction de besoins, ni en mobilisations de flux. Certaines engendrent la consommation de “mauvais” flux (infrastructures d’énergies fossiles) et certaines de “bons” flux (infrastructures cyclistes).


    Si ce n’était pas suffisamment compliqué, il faut ajouter un aspect temporel aux infrastructures. Souvent, les infrastructures ont une durée de vie de quelques dizaines d’années voire quelques centaines d’années. En soi, faire des stocks qui durent c’est une bonne chose. Mais cela veut également dire qu’une société peut se vérouiller dans une consommation de mauvais flux ou une consommation excessive de flux le temps de remplacer une infrastructure. De même, ce vérouillage technique peut nous pousser à maintenir certaines infrastructures en vie mais pour les maintenir nous devons continuer à consommer des matériaux.

    Vous voyez le cercle vicieux ?


    Pour conclure, pourquoi le choix des infrastructures est éminemment politique voire idéologique ? Parce que les infrastructures déterminent le champ des possibles. Le tout à l’eau est une évidence aujourd’hui au point où les alternatives sont difficiles à imaginer. Il existe de nombreux moyens de satisfaire un besoin essentiel mais avec une intensité materielle très différente. Comme nous l’avons vu avec les manifestations pour les méga-bassines, les infrastructures sont au coeur de nos enjeux et nous devons démocratiser et repolitiser leur choix.


    Allez à demain pour la lettre J,

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