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Depuis plusieurs décennies, l'histoire des Gaules ne cesse de se renouveler. L'historiographie nous offre ainsi un regard bien éloigné des clichés habituels, véhiculés notamment par le mythe populaire d'Astérix. Parler des Gaulois, c’est avant tout considérer la façon dont ils étaient eux-mêmes considérés dans les sources qui évoquent les Celtes, les Galates, et enfin les Gaulois. Formant un ensemble de peuples raffinés et étroitement liés à la pensée grecque, les Gaulois sont une civilisation à part entière.
Cependant, comme la plupart des civilisations antiques, la guerre et le guerrier y occupent une place primordiale. Véritable héros, le guerrier gaulois impressionne jusqu'aux Romains, qui gardent le souvenir terrible de l'invasion de la péninsule italique et du premier pillage de la ville de Romulus et Rémus en 390 av. J.-C.
L'invité : historien et archéologue, Laurent Olivier est conservateur général du patrimoine au musée d'Archéologie nationale, à Saint-Germain-en-Laye. Il vient de publier chez Flammarion, dans la collection "Au fil de l'histoire", Le Monde secret des Gaulois (415 pages, 23,90 €).
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De la fin de l'Empire en 1814 à la Troisième République, pas moins de cinq régimes se succèdent, faisant ainsi de la période un des moments les plus instables de l'histoire de France. Cette instabilité chronique aurait pu susciter chez les Français une lassitude et un scepticisme politique. En réalité, il n'en fut rien. Si bien que la France oscille entre conservatisme et progressisme dans le souvenir de la Révolution française, qui, selon le mot de Tocqueville, ne cesse de renaître sous d'autres formes.
Pourtant, dans les années 1870, même si la Chambre est à majorité royaliste, la Troisième République s'installe dans la durée. Elle reste à ce jour le régime républicain le plus long de notre histoire. Pourquoi une telle instabilité tout au long du siècle, et pourquoi une stabilisation s'opère-t-elle dans les années 1870?
L'invité : Professeur à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, Guillaume Cuchet est spécialiste du XIXe siècle français et de l'histoire du catholicisme. Il vient de publier chez Calype La France au XIXe siècle (112 pages, 11,90€).
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Les Mérovingiens et le peuple franc font encore aujourd'hui l'objet d'une vision soit idéalisée, soit biaisée. Du nom de la dynastie hérité d'un ancêtre mythologique à l'appellation de "rois fainéants", tout semble concourir à alimenter la mystification. Il semble donc essentiel de se fonder sur les vestiges et les sources de cette période, qui s'étend du Ve au VIIIe siècle, pour établir un récit historique au plus proche de ce que furent réellement les temps mérovingiens.
La politique mérovingienne a laissé de nombreuses traces dans notre patrimoine. L'unification territoriale du royaume des Francs, dont Paris devient la capitale, est le fruit des conquêtes de Clovis et de ses successeurs. À partir du baptême de Clovis, l'unification religieuse s'opère progressivement, mettant fin à l'arianisme et laissant place au catholicisme.
Malgré la vision d'un monde essentiellement peuplé d'hommes armés de leurs scramasaxes, épées et armures, les figures féminines jouent un rôle clef dans cette période. La reine Clotilde conduit Clovis à se convertir au catholicisme. Frédégonde assure la régence pour son fils Clotaire II et s'oppose à Brunehaut, une princesse wisigothe qui parvient à régner en Austrasie et en Burgondie pendant 33 ans.
L'auteur : Michel Fauquier, historien antiquisant, chercheur associé à l’université de Poitiers, auteur d’une thèse sur la sainteté à la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge. Il vient de publier Ce que nous devons aux Mérovingiens, (Armand Colin, 2024, 304 p. 24,90 €).
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Bien avant Hobbes, Montesquieu et Tocqueville, Ibn Khaldun, serviteur des princes du Maghreb, rédige une histoire universelle, Le Livre des exemples, qui a pour objectif de poser sur le papier les principaux ressorts de la marche des États. Il se lance dans ce projet d'écriture alors même que la peste de 1348 a considérablement touché tout le pourtour méditerrannéen, mettant en grande difficulté les pouvoirs politiques, notamment celui des Hafsides en Tunisie.
C’est donc en homme expérimenté politiquement qu’Ibn Khaldun décide à l’âge de 45 ans de se retirer de la vie politique pour se consacrer à la philosophie de l'Histoire, considérant qu'en son temps l'action politique est devenue inutile, au regard des luttes de pouvoir incessantes.
Dans la Muqaddima, le penseur établi au Caire explique les causes de la naissance et de la mort des États. Il théorise l'importance de l'impôt comme fondement de la puissance étatique et met en exergue la place de la guerre dans la défense d'un État prospère.
La richesse de la théorie de l'État d'Ibn Khaldun réside dans le fait qu'encore aujourd'hui elle peut être utile pour une meilleure compréhension du pouvoir politique.
L'auteur : Gabriel Martinez-Gros, professeur émérite d’histoire médiévale à Paris Nanterre, spécialiste de l’histoire d’Al-Andalus, vient de publier Ibn Khaldun. Anthologie présentée et commentée, (Passés composés, 336 p. 23 €). Dans son ouvrage, il rédige un commentaire historique permettant de mieux saisir les textes de ce grand penseur arabe du XIVe siècle.
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En 1939, le nazisme et sa vision du monde se pensent désormais à l'échelle de l'Europe. Ce continent sombre dans l'abîme d'un nouveau type, la guerre génocidaire et la brutalisation des sociétés européennes décrites par l'historien George Mosse atteignent son apogée. Dans cette déflagration inouïe, les autorités allemandes font tout pour préserver leurs populations des affres du conflit. Quelle était la nature de cette politique de préservation des populations ? Est-ce que, malgré tout, la société allemande est devenue combattante ? Comment cette brutalisation s'impose peu à peu dans les consciences ? Concernant le génocide lui-même, comment s'organise-t-il dans le contexte des féodalités du pouvoir nazi ? Est-ce que le dessein meurtrier est un plan centralisé ou laissé aux autorités locales ? Johann Chapoutot décrit, dans cette dernière émission, l'ultime étape du "monde nazi" jusqu'à sa défaite en 1945.
Notre invité : spécialiste du nazisme, Johann Chapoutot est professeur d'histoire contemporaine à Sorbonne université. Il vient de publier avec Christian Ingrao et Nicolas Patin Le Monde nazi .1919-1945 (Tallandier, 630 p., 27,50 €).
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Nous associons généralement les cathédrales à l'époque médiévale : n'est-ce pas l'historien Georges Duby qui, après le temps des moines et avant le temps des villes, situait le temps des cathédrales? Or, c'est oublier que ces édifices se sont davantage développés dans le monde entier à l'époque moderne et contemporaine. Quand apparaissent les cathédrales ? Quels sont leur sens et leur rôle pour les chrétiens ? Comment ces vaisseaux de pierre vont-ils évoluer au moment de la Réforme, mais aussi dans le grand mouvement de mondialisation du XVIe siècle ? Que nous disent-elles des liens entre les sphères religieuse et politique ? Dans cette émission, l'historien de l'architecture Mathieu Lours nous révèle des pans méconnus de leur histoire au rayonnement universel.
L'invité : Mathieu Lours est historien de l'architecture. Il est dernièrement l'auteur de Les Cathédrales dans le monde. Entre religion, nation et pouvoir (Folio, 343 p., 9,90 €) et de Rebâtir Notre-Dame (Tallandier, 304 p., 49,90 €).
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Comment la République de Weimar, qui était un régime stable ou à peu près stable, bascule-t-il dans la crise politique aussi vite à la fin des années 1920 et au début des années 1930 ? À partir de cette question, Johann Chapoutot décrit non pas la "prise de pouvoir" du parti nazi, mais son "arrivée au pouvoir", dans le contexte si particulier de la crise de 1929 et d'une volonté de retour à l'ordre. Se pose alors une autre question : certes, les nazis qui sont au pouvoir en 1933 ont une vision du monde, mais possèdent-ils un programme ? Dans les faits, ils entament selon leur propre propos une "mise au pas" de toutes les couches de la sociétés allemande. Le régime en est-il pour autant totalitaire ? Pour les auteurs du Monde nazi, la lecture du régime par d'Hannah Arendt doit être remise en cause au profit d'une nouvelle idée : celle d'une "dictature de la participation".
Notre invité : spécialiste du nazisme, Johann Chapoutot est professeur d'histoire contemporaine à Sorbonne université. Il vient de publier avec Christian Ingrao et Nicolas Patin Le Monde nazi.1919-1945 (Tallandier, 630 p., 27,50 €).
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Venise a su, dès l’époque médiévale, faire de sa particularité géographique un atout militaire et commercial indéniable. Sa puissance et ses artistes ont contribué à diffuser partout en Europe la légende grandiose de la très sereine République. Pour Storiavoce, Claire Judde de Larivière raconte l’histoire de Venise par un prisme original : celui du quotidien de ses habitants à la fin du Moyen Âge. Que cela signifie-t-il concrètement d’être Vénitien en 1520 ? La réponse recouvre des réalités plurielles, une communauté riche de différents corps de métiers, d’origines géographiques et de pratiques religieuses variées. L’étude de la ville à l’échelle quotidienne permet de matérialiser très concrètement des dynamiques de pouvoir, de sociabilité, d’entraide et d’exclusion qui s’exercent dans l’Occident médiéval. Claire Judde de Larivière propose une rencontre avec ces Vénitien.ne.s de la fin du Moyen Âge qui participaient, chacun.e.s à leur manière, à faire de la ville la puissante cité qui fascine encore aujourd’hui.
L’invitée : Claire Judde de Larivière est professeure d’histoire médiévale à l’université de Toulouse Jean Jaurès. Elle est spécialiste de l’histoire sociale et politique de Venise à la fin du Moyen Âge et pendant la Renaissance. Elle a publié La Révolte des boules à neige. Murano face à Venise, 1511 (Fayard, 2014) et L’Ordinaire des savoirs. Une histoire pragmatique des sociétés vénitiennes. XVe-XVIe siècle (Éditions de l’EHESS, 2023). Au micro de Storiavoce, elle présente son dernier livre : Vénitiens ! Vénitiennes ! La traversée d’une ville (Venise, 1520) (Seuil, 2024, 288 p., 33 €).
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Comprendre la réalité du nazisme n'est pas un exercice facile. Refusant le terme de racines, d'origines ou même d'idéologie, l'historien Johann Chapoutot lui préfère le terme de "vision du monde". Parce que le nazisme souhaite effacer les conséquences de la Révolution française en Allemagne puis en Europe, il est à placer dans les mouvements contre-révolutionnaires. En-est il réactionnaire pour autant ? Quelle est, dans sa nature profonde, la part de modernité, et même de "sciences", dans cette vision du monde ? Naturellement, la Grande Guerre a été comme un incubateur du mouvement. Puis la défaite, la révolution de 1918 -1919 et le traité de Versailles ont comme alimenté une nouvelle ère : celle de l'angoisse et de l'obsession d'une décadence. Ainsi, la crise de 1929 ne constitue pas l'unique cause du développement de ce mouvement singulier et complexe, qu'on ne peut désolidariser du contexte germanique du XIXe siècle et du début du XXe siècle.
Notre invité : spécialiste du nazisme, Johann Chapoutot est professeur d'histoire contemporaine à Sorbonne université. Il vient de publier avec Christian Ingrao et Nicolas Patin Le Monde nazi .1919-1945 (Tallandier, 630 p., 27,50 €).
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Qu’est-ce qui caractérise un esprit des Lumières appliqué à la couleur ? Le XVIIIe siècle est marqué par une révolution de la pensée. Ainsi, la manière de percevoir, de décrire et d’employer la couleur change. Une rupture s’opère avec les périodes antique et médiévale. Les découvertes de Newton, à travers l’expérience du prisme, apportent de nouvelles connaissances scientifiques, qui améliorent la compréhension du fonctionnement de la perception visuelle. La philosophie des Lumières conduit à une volonté de classifier, conceptualiser et mieux désigner les couleurs. De cette intention heuristique naît un véritable surgissement de la couleur dans les domaines de l’art, de la mode, de la littérature. Elle devient ainsi associée à l’expression du sentiment et adopte une fonction esthétique, qui diffère de la portée symbolique qui lui était attribuée aux époques antérieures.
L’autrice : Aurélia Gaillard, professeur agrégée de littérature française du XVIIIe siècle à l'université Bordeaux-Montaigne, est autrice d’une thèse sur l’esthétique de la fable. Elle vient de publier un ouvrage illustré, intitulé L’Invention de la couleur par les Lumières. De Newton à Goethe, Belles Lettres, Paris, 325 p., 27 €.
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Les Romains sont-ils devenus grecs ou, au contraire, est-ce que ce sont les Grecs qui sont devenus romains ? Comment la civilisation grecque a-t-elle influencé la civilisation romaine et quelle fut, à l'opposé, l'influence de la romanité sur la Grèce ? Dans cette émission enregistrée à l'occasion des Rendez-vous de l'histoire de Blois 2024, l'historien Gerbert-Sylvestre Bouyssou nous emmène dans la Grèce hellénistique et romaine. Il commence sa réflexion sur l'expression d'Empire gréco-romain, puis la prolonge sur l'universalisme des deux civilisations. Quelles sont, dès lors, leurs différences d'appréciation du monde ou bien leurs conceptions communes ? Comment les empereurs romains s'approprient-ils très concrètement les éléments de la culture grecque ? Quels rôles, enfin, jouent les bibliothèques, la paideia, mais aussi la philosophie grecque dans ces processus d'appropriation ?
Notre invité : Gerbert-Sylvestre Bouyssou est maître de conférences en histoire ancienne à l’université de Polynésie française. À travers sa thèse et plusieurs articles, il s’est intéressé aux représentations grecques de la tyrannie, à l’histoire politique et à la guerre dans l’Antiquité. Avec Pierre-Olivier Hochard, ils est le co-auteur avec Christophe Chandezon, sous la direction de Catherine Grandjean, de La Grèce hellénistique et romaine. D’Alexandre à Hadrien (Belin, 815 pages, 49 €).
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Afin de répondre au vandalisme des révolutionnaires, le fameux abbé Grégoire (1750-1831) développa la notion de "patrimoine". Son idée était de combattre les destructions et les déprédations des œuvres d'arts perpétrés durant la période la plus sombre de la Révolution. Il s'agissait non seulement lui de défendre le patrimoine existant mais aussi le patrimoine à venir. Une telle idée, en soit, n'était pas nouvelle. On la retrouve dans l'Antiquité grecque (Pausanias) et romaine (Auguste) mais aussi dans l'Antiquité tardive au VIe siècle, chez l'érudit Cassiodore : faisant face aux ruines de Rome, ce dernier cherche les moyens de "les protéger et d'établir un pacte entre passé et présent". Peu à peu, au delà même de la préservation des sources écrites du passé, s'impose l'idée d'une préservation des pierres. On ne parlait pas encore d'archéologie, mais les principes étaient établis.
Notre invité : professeur émérite d'archéologie à l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, Jean-Paul Demoule est aussi membre honoraire de l'Institut universitaire de France et ancien président de l'Inrap. Spécialiste du néolithique et du rôle social de l'archéologie, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Il vient de publier avec Alain Schnapp Qui a peur de l'archéologie ? La France face à son passé (Belles Lettres, 346 p., 21,90€).
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Dans la mythologie grecque, Europe est la fille d'Agénor, roi de Tyr. On la représente le plus souvent avec un taureau blanc, fruit de la métamorphose de Zeus, qui utilise ce subterfuge afin de la séduire et de s'accoupler avec elle. Même si le nom d'Europe fait référence à cette mythologie, il nous est difficile de considérer notre propre Europe occidentale au prisme du monde antique.
Pourtant, nous considérons généralement que l'Antiquité nous a transmis des modèles qui fondent aujourd'hui notre conception de l'Europe. Avec une nouvelle Histoire de l'Europe, des historiens ont fait le pari de revenir aux origines. Quand naît l'Europe ? Quel est l’écart qui existe entre notre conception de l’Europe et la conception antique ? Comment aborder cette histoire européenne fortement influencée par les civilisations gréco-romaines, alors qu'elle ne peut se réduire à elles ? Quels sont surtout les legs de l'Europe à notre société contemporaine ? Peut-on d'ailleurs comparer nos propres concepts (démocratie, égalité, etc.) à ceux de l'Antiquité ?
Nos invités : Violaine Sebillotte Cuchet est spécialiste de l'Antiquité grecque. Professeur à l'université Paris I Panthéon Sorbonne, elle vient de diriger le premier tome de la collection Histoire de l'Europe (Passés composés, 672 p., 42 €). Benjamin Deruelle est professeur d'histoire moderne à l'université du Québec à Montréal. Il dirige, quant à lui, l'ensemble de la collection de l'Histoire de l'Europe, qui comptera quatre volumes de l'Antiquité à nos jours.
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Le 2 mars 2020, le Vatican annonçait l'ouverture des archives du pape Pie XII. Alors que celles de la secrétairerie d'État étaient accessibles en ligne depuis plusieurs années, l'ouverture des papiers "Pie XII" allait permettre à tous les historiens de renouveler leur regard sur l'un des règnes les plus controversés de l'histoire contemporaine. D'origine romaine, Eugenio Pacelli est élu pape en 1939, au seuil de la Seconde Guerre mondiale. Ses silences sur la Shoah sont ainsi considérés comme une faute à la fois morale et politique. Quelle a été la place de la Grande Guerre sur les perceptions du futur Pie XII ? Quel a été son rôle diplomatique à Munich puis à Berlin ? Comment a-t-il participé à l'élaboration de l'encyclique Mit Brennender Sorge (1937) condamnant le nazisme, sous le pontificat de Pie XI ? Pourquoi, enfin, ces silences : étaient-ils délibérés ? Finalement, Pie XII était-il fait pour gouverner dans ce moment si particulier de l'histoire, et a-t-il été à la hauteur de cet événement inouï ?
Notre invité : Frédéric Le Moal est historien, spécialiste du fascisme (Histoire du fascisme, Victor-Emmanuel III. Roi d’Italie), professeur au lycée militaire de Saint-Cyr-l’École. Il vient de publier Pie XII. Le pape face au mal (Perrin, 432 p., 25 €).
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À la différence des civilisations méditerranéennes, les peuples du Nord des époques antique et médiévale ne forment pas une civilisation de l'écrit. Dans son travail quotidien, l'historien avance donc principalement grâce aux découvertes archéologiques. Pourtant, les runes prouvent que le monde scandinave entretenait un lien particulier avec l'écriture. Quand apparaissent-elles ? Qu'est-ce que les chartes et les lois nous disent des organisations politiques ? Quels sont les différents genres littéraires chez les Vikings, et que nous enseignent-ils de leur société ? Est-ce que les sagas sont au monde scandinave ce que L'Iliade est au monde hellénique ?
Notre invitée : Ancienne élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégée et docteure en histoire, Lucie Malbos est maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université de Poitiers et membre du CESCM. Elle est l’autrice d’une thèse remarquée, publiée sous le titre Les Ports des mers nordiques à l’époque viking (VIIe-Xe siècle). Elle a publié chez Passés composés : Harald à la Dent bleue, viking, roi, chrétien (288 pages, 22 €) et Le Monde Viking. Portraits de femmes et d’hommes de l’ancienne Scandinavie chez Tallandier (352 pages, 21,90 €). Avec Les Peuples du Nord, elle rejoint la fameuse collection Anciens mondes chez Belin (640 p., 49 €).
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Loin de l’image véhiculée par les récits de Marco Polo dans le Livre des merveilles ou encore de nos jour par un jeu vidéo au titre évocateur, Les Assassins d’Alamût met en lumière les fondements politiques, culturels et religieux qui ont contribué au développement de la secte chiite des ismaéliens nizarites, appartenant en leur temps à l’islam minoritaire.
Au Moyen Âge, en Occident, nombreuses furent les fondations d’ordres religieux. Nous en connaissons bien les règles et la discipline. Pourtant, lorsqu’en Orient, au XIe siècle, un jeune Iranien du nom d’Hassan Sabbah fonde l’ordre des Assassins, ses membres sont très rapidement perçus comme des fanatiques et des meurtriers, et ce au-delà de leur territoire, au-delà même de leur temps, jusqu’à nos jours.
Les Assassins, terme qui qualifie en réalité les ismaéliens nizarites, apparaissent à la suite d’une crise de succession qui survient à la mort du calife fatimide al-Mustansir, en 1094. Son fils aîné, Nizar, est écarté du pouvoir, mais en Iran le missionnaire Hassan ibn al-Sabbah lui apporte son soutien. Il organise dès lors un mouvement autour de grands maîtres ayant pris pour base la forteresse d’Alamût, dans le nord de l’Iran actuel.
Parfois qualifiée de secte, cet ordre religieux se maintient en Orient malgré la puissance de ses opposants venus de l'Empire seldjoukide. Mais les incursions des Mongols et de leur chef Gengis Khan finissent par faire chuter l'ordre des Assassins.
L’auteur : Yves Bomati, historien, spécialiste de l’Iran et auteur de L’ Âge d’or de la Perse. L’épopée des Saffavides 1501-1722, rétablit une vision historique de l’ordre des ismaéliens nizarites à travers son ouvrage, Les Assassins d’Alamut (Armand Colin, Paris, 2024, 288 p. 23,90 €).
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Contrairement à l'idée reçue, les Vikings ne sont pas seulement un peuple tourné vers le monde maritime. Loin s'en faut. La terre est aussi essentielle dans leur vie quotidienne que l'est la mer : la terre donne du bois pour les bateaux et des céréales pour l'alimentation ; elle permet aussi l'élevage, qui sert autant à se vêtir qu'à se nourrir. Quelles étaient d'ailleurs les conditions de subsistances de ces peuples du Nord ? Peut-on se représenter de façon précise leur habitat ? Comment la hiérarchie sociale était-elle structurée ? Est-ce que les frontières entre les catégories sociales étaient mouvantes, notamment pour les esclaves ? Quel était enfin le rôle du thing dans la gestion de la communauté ?
Notre invitée : Ancienne élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégée et docteure en histoire, Lucie Malbos est maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université de Poitiers et membre du CESCM. Elle est l’autrice d’une thèse remarquée, publiée sous le titre Les Ports des mers nordiques à l’époque viking (VIIe-Xe siècle). Elle a publié chez Passés composés : Harald à la Dent bleue, viking, roi, chrétien (288 pages, 22€) et Le Monde Viking. Portraits de femmes et d’hommes de l’ancienne Scandinavie chez Tallandier (352 pages, 21,90€). Avec Les Peuples du Nord, elle rejoint la fameuse collection Anciens mondes chez Belin (640 p., 49 €).
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La guerre en Ukraine, le printemps arabe ou la montée du protectionnisme et du nationalisme au aux États-Unis : pour comprendre ces événements, la question du blé reste un impensé, alors même que son importance est déterminante. Comment expliquer le rôle stratégique occupé par cette céréale ?
Pour répondre à cette question, Alessandro Stanziani offre une réflexion sur le temps long à travers le prisme du blé, en associant histoire économique, politique, sociale et environnementale. Dans cette perspective originale, l'historien démontre l’importance consubstantielle du blé dans la construction des États modernes européens et eurasiatiques. Moteur de l'expansion territoriale et des conquêtes coloniales, le blé constitue un paramètre décisif pour appréhender l'extermination des peuples autochtones aux Amériques et dans les steppes d’Eurasie entre le XVIIe et le XIXe siècle.
L’impact du blé se mesure aussi dans les bouleversements politiques et économiques qui secouent le Vieux Continent. À la fin du siècle des Lumières, les spéculations et la mise en place des marchés céréaliers sont pointées comme responsables des famines et des révoltes qui aboutissent parfois à de véritables révolutions. Pourquoi certains États parviennent-ils à se maintenir tandis que d’autres s'effondrent ? Comment les conditions de travail des paysans ont-elles évolué ? Peut-on expliquer les troubles politiques grâce au climat ? Quelles ont été les conséquences de l’industrialisation et de l’accélération des échanges ?
L’invité : Directeur d’études à l’EHESS et directeur de recherche au CNRS, Alessandro Stanziani est spécialiste d’histoire économique. Il est l'auteur d’une trentaine d’ouvrages, comme Les Métamorphoses du travail contraint. Une histoire longue du monde d'après (Presses de Sciences Po, 2020, 336 p., 24€) ou Capital Terre (Payot, 2021, 432 p., 24€. Au micro de Storiavoce, il présente son dernier livre : Les guerres du blé. Une éco-histoire écologique et géopolitique (La Découverte, 2024, 344 p., 22€).
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Grâce aux héros Marvel, le monde des dieux vikings suscite un intérêt renouvelé dans le grand public. Odin, Thor ou encore Loki nous semblent ainsi familiers. Ils reflètent nos joies et nos peurs, nos plaisirs et nos peines. Autrement dit, ils sont proches de ce que nous sommes au quotidien. Pourtant, la réalité du fait religieux des peuples du Nord reste difficile à appréhender, faute de sources suffisantes. Longtemps considéré à travers un prisme chrétien, le polythéisme scandinave est étroitement lié à la nature dans une forme d'animisme. Il est aussi pluriel et mouvant. La religion scandinave possède-t-elle une dimension civique comme sous l'Empire romain ? Quels sont les cultes rendus aux dieux, et qui les célèbre ? Comment, enfin, le christianisme a-t-il transformé la société et les croyances ?
Notre invitée : Ancienne élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégée et docteure en histoire, Lucie Malbos est maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université de Poitiers et membre du CESCM. Elle est l’autrice d’une thèse remarquée, publiée sous le titre Les Ports des mers nordiques à l’époque viking (VIIe-Xe siècle). Elle a publié chez Passés composés : Harald à la Dent bleue, viking, roi, chrétien (288 pages, 22€) et Le Monde Viking. Portraits de femmes et d’hommes de l’ancienne Scandinavie chez Tallandier (352 pages, 21,90€). Avec Les Peuples du Nord, elle rejoint la fameuse collection Anciens mondes chez Belin (640 p., 49 €).
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Alors que nos regards sont tournés vers la réouverture de Notre-Dame de Paris au début du mois de décembre, nous en oublierions presque le millénaire chartrain. En effet, après l'incendie de la quatrième cathédrale en 1020, l'évêque Fulbert fait refaire l'ensemble de la crypte. En 1024, il annonce l'achèvement des travaux dans une lettre adressée au duc d'Aquitaine, Guillaume V. Dans cette émission, Storiavoce retrace tout d'abord l'histoire de l'édifice inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité. Dans ce reportage enregistré sur place, nous évoluons aussi au cœur des fouilles archéologiques, nous partons à la découverte du trésor de la chapelle Saint-Piat, et nous terminons notre parcours par la découverte des deux expositions organisées au musée des Beaux-Arts, consacrées aux enluminures et aux sculptures du Moyen Âge jusqu'à l'époque contemporaine.
Nos invités : Mathias Dupuis est Directeur de l’archéologie pour le service territorial de Chartres métropole / Ville de Chartres depuis août 2021. Hervé Yannou est administrateur du Centre des monuments nationaux et administrateur par intérim de la cathédrale de Chartres. Grégoire Hallé est directeur du musées des Beaux-Arts de Chartres.
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