Эпизоды

  • Pour qui s’intéresse à cette question, Il n'est certes pas facile de savoir ce qui peut bien différencier un psychiatre d'un psychologue et d'un psychanalyste car ces trois praticiens ont au moins en commun le fait qu'ils s'occupent tous les trois de la souffrance psychique,.

    Si nous faisons apparaître ces deux termes de guérison et de suggestion, ils vont être pour nous deux éléments de différenciation décisifs

    Le psychiatre vous écoutera et vous parlera mais ce sera de surcroît car c'est un médecin : il vous donnera quelques paroles d'encouragement mais il vous prescrira également des médicaments. C'est avant tout sur eux qu'il compte pour vous guérir.

    Le psychologue ou psychothérapeute, vous écoutera et vous parlera, c'est en effet par la parole qu'il espère vous guérir de vos symptômes. Mais vous serez avec lui en face à face, c'est à dire que vous vous parlerez, de vous à lui et de lui à vous, et peut-être sera-t-il ainsi sollicité de vous répondre quelquefois du tac au tac.

    Le psychanalyste vous écoutera surtout - et par ses interprétations fort rares - vous permettra de vous guérir vous-même. Vous êtes allongé sur un divan, et le psychanalyste se trouve derrière vous pour n'avoir à prêter attention qu'à vos paroles et également pour se dérober à votre regard, pour mieux s'effacer devant vous.

    Mais cette première approche est loin d'être suffisante et c'est la que ce terme de Suggestion est très utile puisque tous trois n'en font pas du tout le même usage. Ce terme on peut je pense le définir comme le fait d'influencer quelqu'un, de lui imposer éventuellement une image, une pensée, une conduite, mais si on passe du nom au verbe, on peut choisir soit le verbe suggestionner, qui existe, soit le verbe suggérer.

    La césure entre ces deux verbes, suggestionner et suggérer, permet d'établir une coupure entre la psychanalyse et les autres formes de thérapies psychiques. Le psychanalyste ne suggestionne pas, il suggère, par ses interprétations ; Il « sussure », comme dit Lacan, des signifiants qui ont le pouvoir de guérir la névrose, voire la perversion.

    Ces faits liés à ces deux termes guérison, suggestion, on peut les retrouver dans le texte freudien, ce qui différencie la psychanalyse des autres formes de psychothérapie c'est un double renoncement : tout d'abord, celui concernant le plus court chemin pour arriver à la guérison au profit de l'élucidation des mécanismes en jeu, d'autre part le renoncement à la suggestion ou tout au moins à son utilisation mise à chaque fois en suspens, déboutée par le déchiffrage de ce que traduit, à chaque étape de l'analyse, l'amour de transfert, à savoir une manifestation du désir de l'analysant dans son lien au désir du psychanalyste.

    Par le biais du transfert, dans l'analyse, si la guérison des symptômes peut être obtenue c'est en retrouvant leurs sources infantiles : "… pour dissoudre les symptômes, il faut remonter à leurs origines, réveiller le conflit qui leur a donné naissance et orienter ce conflit vers une autre solution, en mettant en œuvre des facteurs qui à l'époque où sont nés les symptômes n'étaient pas à la disposition du malade".


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  • Dès les années 1900, au moment où Freud écrit son oeuvre initiale l’Interprétation des rêves, il analyse déjà quelques rêves qu’il met sous la rubrique “ Rêves de castration”. C’est donc là qu’il en découvre la dimension clinique.

    Parmi tous ces rêves, J’en ai retenu deux qui abordent si on peut dire clairement la question. Pour le premier Freud écrit “ Un garçon de trois ans et cinq mois, qui visiblement accepte mal le retour de campagne de son père, se réveille un matin perturbé et énervé et répète sans cesse la question ; pourquoi papa a porté sa tête sur une assiette ?

    Ce premier rêve exprime donc que cette crainte de castration est liée à une idée de vengeance du père par rétorsion. C’est l’enfant qui a d’abord souhaité castrer son père.

    Le second rêve que Freud lui a adjoint exprime alors cette angoisse de castration. C’est le rêve d’enfance d’un étudiant souffrant d’une grave névrose obsessionnelle. Il se souvient que dans sa sixième année, il avait souvent rêvé ceci “ Il va chez le coiffeur se faire couper les cheveux. Arrive une grande femme aux traits sévères, qui approche de lui et lui tranche la tête. il reconnait cette femme comme étant sa mère.”

    C’est le moins qu’on puisse dire, ce type de rêves fait dans l’enfance ne doit pas contribuer à favoriser les rapports harmonieux entre les hommes et les femmes une fois devenus adultes.

    La première fois que Freud parle, tout au moins d’une façon un peu élaborée, du complexe de castration masculin, dans les « Trois essais sur la théorie de la sexualité », en 1905, ce qu’il appelle complexe de castration c’est la difficulté du petit garçon à accepter que la mère ne soit pas pourvue du même organe que le sien. » il note que ce n’est pas le cas de la petite fille « elle ne se refuse pas à accepter et reconnaître l’existence d’un sexe différent du sien, une fois qu’elle a aperçu l’organe génital du garçon ; elle est sujette à l’envie du pénis qui la porte au désir si important plus tard, d’être à son tour un garçon. »

    Quelques années plus tard en 1914, dans son texte « Pour introduire le narcissisme »[1], Freud aborde à nouveau cette question du complexe de castration en le ramenant cette fois-ci non plus à la question de la castration de l’Autre mais de la sienne propre, une castration qui met en grand danger son narcissisme.

    Mais en ces mêmes années, dans le texte de l’Homme aux loups, dans cette partie qu’il intitule “ Complexe de castration et érotisme anal” en prenant appui sur la petite parcelle d’hystérie de l’Homme aux loups, nous pouvons aisément trouver un point de jonction entre la façon dont Freud aborde cette question du complexe de castration et ce que Lacan a élaboré, à propos de ce complexe, des trois modes d’instauration de la fonction paternelle, pour le sujet dit normal, le sujet névrosé, et le psychotique. Là où on peut effectuer cette articulation c'est en effet autour de la grossesse symbolique de L'homme aux loups que peut s'effectuer cette passerelle de l'un à l'autre.


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  • C’est pour réhabiliter l’hystérie, lui redonner ses titres de noblesse que j’ai choisi, dans l’un de mes premiers livres, ce terme d’éloge à son sujet. "Eloge de l’hystérie", et d’ailleurs en mettant, pour une fois, à l’encontre de toutes les idées reçues, cette hystérie du côté du masculin. Son titre complet étant "Eloge de l'hystérie masculine" avec comme sous-titre “sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse”

    C’est un renversement qui est très utile, car, du coup, les analystes qui se sont toujours beaucoup intéressé aux femmes hystériques sont mis, à leur tour, sur la sellette, interrogés sur leur propre hystérie, sur leurs symptômes et donc sur leur désir inconscient.

    L’hystérie je la définirai donc comme une aptitude humaine fort répandue, celle de pouvoir traduire les douleurs psychiques intolérables en douleurs corporelles.

    C’est Madame Cécilia M., une mystérieuse héroïne des Études sur l’hystérie, qui a donné à Freud le secret de fabrication du symptôme hystérique. Elle lui a donc appris que l’hystérique redonne toujours à des locutions verbales les plus ordinaires, les plus utilisées, si ce n’est les plus usées, leur sens premier, leur sens d’origine.

    En voici un florilège: “ça m’a fait battre le coeur”

    “ J’en ai eu froid dans le dos"

    “J’en ai le souffle coupé”.

    “J’ai été clouée sur place” - “les bras m’en sont tombés” - “ j’en ai plein le dos”.

    C’est donc avec toutes ces expressions verbales que l’hystérique fabrique ses symptômes corporels : des palpitations, des vomissements, des diarrhées, des paralysies, des douleurs de dos et bien d’autres choses encore.

    Avec ce que je vous ai dit du symptôme hystérique on peut donc décrire comment chaque psychanalyste réinvente, remet la psychanalyse au monde avec ses propres fantasmes de grossesse qui s’expriment toujours par un symptôme hystérique.

    Je vous donne tout de suite un exemple de ces fantasmes de grossesse, avec celui de l’Homme aux loups, l’un des plus célèbres cas décrits par Freud dans les cinq psychanalyses.

    Je ne vais pas bien sûr vous raconter toute son histoire mais juste vous décrire son symptôme hystérique.

    Son désir d’être aimé du père et d’en recevoir un enfant se manifestait par un symptôme intestinal : Il souffrait d’une constipation opiniâtre qui ne cédait que lorsqu’un homme, son valet de chambre, lui administrait un lavement. Lorsqu’il était ainsi délivré de cet enfant, un enfant un peu particulier, il revenait à la vie, il se sentait renaître.

    Dans l’analyse, les fantasmes de grossesse de l’analysant et de l'analyste s’expriment avec l’aide du verbe Sauver, sous forme de fantasmes de sauvetage. L’analysant veut être sauvé - guéri par son analyste. De même, l’analyste peut vouloir sauver guérir son analysant.

    C’est là que la situation peut devenir fort périlleuse car pour l’inconscient, quand un homme sauve une femme, il lui donne un enfant. De même, quand une femme sauve un enfant de la noyade, comme la fille de Pharaon avait sauvé Moïse, elle le met au monde. Elle est sa mère.

    C’est donc important que l’analyste soit un peu au clair quant à ses propres fantasmes de sauvetage et qu’il sache donc où il en est de son désir de guérir ses analysants.

    Ce livre Eloge de l'hystérie masculine; sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse est paru chez L'harmattan en janvier 2020.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

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  • Bienvenue sur ce site de podcast Une psychanalyse à fleur d'inconscient. Aujourd'hui je voudrais vous parler des émeutes urbaines survenues il y a quelques mois avec ces hordes de jeunes déchaînés semant le chaos et la destruction autour d’eux et qui sont venues reposer d’une façon aiguë sinon urgente ces questions de la délinquance. Une approche analytique de ces questions ne pourrait bien sûr qu’être bénéfique, ne serait-ce que pour proposer quelques pistes de travail en vue d’y apporter des solutions.
    On pourrait partir de ce fait premier : On peut considérer à juste titre que la famille est en quelque sorte la petite cellule élémentaire de la société. C’est en son sein en tout cas que l’enfant est censé apprendre les modes de fonctionnement de la vie en société et donc ses lois.

    Des analystes se sont déjà préoccupés de ces questions si difficiles à résoudre de la délinquance, l’un des premiers et l’un des plus attachants est incontestablement August Aichhorn avec son livre Jeunes en souffrance. Il avait abordé ces sujets au temps de Freud. Mais dans les années 1950 une autre analyste mettait l’accent sur cette structure familiale, qui se trouve être la cause et la source de ces comportements asociaux dans son ouvrage au titre explicite “ La délinquance juvénile”. Elle s’appelle Kate Friedlander. Selon elle, les raisons de ces comportements asociaux seraient à mettre en relation avec les premiers liens pulsionnels de l’enfant à sa mère au moment du sevrage et de l’apprentissage de la propreté. Elle souligne en effet que “Les facteurs primaires responsables d’un comportement asocial se découvrent dans la relation de l’enfant avec sa mère et plus tard avec son père et dans d’autres facteurs affectifs qui durant les premières années de la vie constituent l’ambiance familiale ».

    Reconnaître ces faits, cette source première de la délinquance se trouvant au sein de la famille est peut-être déjà un premier pas. Il me semble que c’est pour la première fois que cette source essentielle est évoquée par les responsables politiques de ce pays. Ils font en effet nommément appel à la responsabilité des parents.

    Au cours de ces mêmes années 1950 quand Lacan était encore psychiatre mais quand même déjà psychanalyste, il avait indiqué que les questions de délinquance et de criminalité était lié pour lui à la façon dont la famille de ces sujets se trouvait être non seulement isolée dans le contexte social qui l’entoure et surtout qu’elle était réduite au couple parental et aux enfants, avec donc très peu d’identifications possibles valorisantes et nombreuses à des adultes dont a besoin tout sujet pour trouver sa place dans la société. Dans l’ approche de la délinquance qu’en fait Kate Friedlander, on peut trouver une raison d’espérer, elle se trouve, comme souvent, au niveau de l’école. L’enfant après celui de la famille devra s’adapter à un autre groupe, le groupe scolaire. Elle aussi le préparera à sa future vie en société. C’est peut-être là que l’on pourrait agir de façon préventive, en mobilisant pour cette cause, une armée d’ouvriers, une armée de psychothérapeutes, prêts à intervenir auprès des enfants mais aussi des parents.


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  • Dans le journal d’une analyse, celle de l’Homme aux rats, dès les premières séances, Freud raconte comment son analysant était poursuivi par l’idée qu'il était un grand criminel. Quand cela lui arrivait, il allait chercher l’aide de l’un de ses amis qui avait le pouvoir de le libérer de son obsession .

    A ce propos, cet été, j’ai lu un livre que j’ai beaucoup aimé qui s’appelle « le criminel et ses juges ». Ce livre écrit par des psychanalystes de la génération de Freud aborde la question du crime et de sa punition par la justice dans une approche analytique en fonction des désirs de meurtre inconscients de tout un chacun, y compris bien sûr des juges.

    Ce livre qui a été écrit en 1928, par Alexander et Staub. Les auteurs partent tous les deux de la métapsychologie de la névrose, pour éclairer analytiquement ce qu’il en est des actes criminels.

    Ils démontrent que la névrose est donc l’épanouissement, dans le domaine psychique, des tendances asociales de l’homme cultivé. Elle est dans son contenu psychologique et dans sa structure, une fidèle répétition de la justice pénale de l’histoire primitive [...] Le crime originel sous la forme de l’inceste et du parricide et même la forme de la peine primordiale, la castration.

    Ce qui n’est pas résolu dans cette approche analytique de la question de la criminalité, c’est le fait que le névrosé, selon la formule chrétienne de la confession, a péché en pensée, tandis que le criminel a péché en action.

    En 1950, Dans son texte “ Fonctions de la psychanalyse en criminologie”, Lacan a pris appui sur cet ouvrage d’Alexander et Staub, pour expliquer les mécanismes même du crime, par une énigmatique formule qui mériterait un long développement. Il exprimerait ce crime une “déhiscence dans le champ social du groupe familial”. Or si on a recours au dictionnaire, pour apprécier le poids de cette déhiscence du groupe familial dans le champ social, on constate que c’est un terme de botanique. C’est la fonction de certains organes végétaux qui s'ouvrent sans se déchirer à certaines époques pour libérer leur contenu : fruit, graine, pollen ou spore.

    La métaphore mérite d’être retenue car elle marque ainsi le point d’origine de la criminalité et des actes délictueux qui font bien irruption au sein de la société mais naissent au cœur de la famille.

    Lacan dans cet article de 1950, utilise encore pour expliquer ces mécanismes, un terme psychiatrique qui peut être fort équivoque, celui d’oedipisme.

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  • Aujourd'hui je voudrais vous parler de ces hommes hystériques qui ont pourtant toujours été présents à tous les grands moments, les moments décisifs de l’invention freudienne et notamment à son début. Ils étaient là bien sûr à ce grand moment inaugural où Freud revient de Paris avec son précieux butin, tout ce qu’il a appris de Charcot, après avoir assisté à ses entretiens du mardi à la Salpêtrière. Nous sommes en 1886 et Freud présente à ses confrères viennois, son premier cas d’hystérie masculine. sa conférence n'obtient pas le succès escompté et Freud en garde de l’amertume.

    Ils sont encore là ces prolétaires, ouvriers du bâtiment, chauffeurs de locomotives ou conducteurs de tramway, pour franchir avec Freud cette étape décisive, au fondement même de la psychanalyse, lorsque Freud étend le

    concept de traumatisme de la névrose traumatique à toutes les formes d’hystérie mais aussi bien à toutes les formes de névrose.

    Ils sont encore là, ces hommes hystériques, tellement féminisés, pour franchir une troisième étape, en 1908/1909, lorsque Freud loge à la même enseigne, les hommes et les femmes, sous le drapeau flamboyant de l'hystérie, dans son texte majeur, si éclairant quant à cette structure “ Les fantasmes hystériques et leur rapport à la bisexualité.

    Mais ce n’est qu’en 1928, avec son texte “Dostoïevski et le parricide”, qu’il donne ainsi ses titres de gloire à l’hystérie masculine. Elle est en effet liée à la question du désir de meurtre du père qui est au coeur de l’Oedipe mais aussi au fondement de la civilisation.

    Encore un pas de plus, et ces hommes hystériques aident alors Freud à déchiffrer comment cette haine pour le père, dans le cas de la névrose obsessionnelle, trouve elle aussi refuge dans le noyau hystérique de cette

    névrose, dans son soubassement hystérique.

    Mais l’importance de cette hystérie masculine peut également être retrouvée lorsque, dans l'enseignement de Lacan, au cours de son séminaire "Les structures freudiennes des psychoses" il a réussi à formuler ce qu’il en était de la structure de la psychose par rapport à la névrose, avec ce terme qu’il a avancé celui de forclusion du Nom-du père.

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  • Bienvenue sur ce site de podcasts “une psychanalyse à fleur d’inconscient”. Aujourd’hui je voudrais vous parler des trois sources du rêves avec parmi celles-ci une qui est particulièrement intéressante, celle des rêves qui surviennent en cours d’analyse et que Freud appelle rêves autobiographiques et qui révèlent de fait la source de la névrose, l’événement traumatique autour duquel elle s’est organisé.

    Mais Freud décrit tout d’abord comme première source du rêve celle du désir de dormir. C’est en quelque sorte un désir qui émane du Moi. Il cite comme exemple de rêve, celui de cet étudiant en médecine qui pour ne pas avoir à se réveiller et à se lever, avait rêvé qu’il était déjà à l'hôpital mais dans un lit de malade pour pouvoir y dormir tranquille.

    Mais ce désir de dormir peut entrer en conflit avec le désir inconscient qui demande à s’exprimer, les vigiles donnent aussitôt l'alarme et le rêve devient rêve d'angoisse ou cauchemar. Il trouble à ce moment-là le sommeil, il provoque le réveil.

    Ces "rêves à déplaisir" qui semblent faire obstacle au principe de plaisir restent quand même sous sa domination, au titre de sentiment de culpabilité ou de punition pour un désir interdit.

    Cependant en 1920, dans son "Au-delà du principe de plaisir", il décrit une autre catégorie de rêve qui fait non pas objection mais "exception à la théorie du rêve comme accomplissement de désir", ce sont d'une part les rêves de l'hystérie traumatique point de départ, ne l'oublions pas, de la découverte freudienne, d'autre part les rêves effectués au cours d'une psychanalyse.

    Ces rêves, souvent fait en début d’analyse, méritent en effet d'être considérés en tant que tels car ils témoignent de ce que Lacan appelait la chanson de geste de la névrose et désignent en quelque sorte, quels seront les buts à atteindre et les étapes qui seront à franchir au cours de cette analyse, ils en tracent en quelque sorte le chemin. Il peuvent être utiles à l’analyste, si ce n’est dans ce qu’on appelle, peut-être de façon présomptueuse, la “ conduite de la cure” mais il peut au moins lui donner quelques repères quant à la structure de la névrose, qu’elle soit phobique, hystérique ou obsessionnelle de l’analysant.

    Pour l’analysant, même si, en ce premier temps de l’analyse, il n’est pas à même de déchiffrer ce rêve, dans l’après-coup, il pourra découvrir, que tout était déjà là dans ce rêve, écrit avec les lettres de son destin, et notamment les lettres de son nom propre, tracées à partir de son histoire familiale.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des
    premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés. ( https://www.le-gout-de-la psychanalyse.fr/ )

    Liliane Fainsilber

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  • Aujourd’hui, à propos du souvenir d'enfance de Goethe si amusant, celui où il raconte comment il avait envoyé par la fenêtre toute une série d'ustensiles de cuisine, d'assiettes et de pots sous l’oeil admiratif de leurs voisins, souvenir d'enfance qu’il raconte dans “Fiction et vérité", je me pose la question de savoir quelle place l’oeuvre littéraire de Goethe a eu dans sa vie, tout comme l’oeuvre analytique de Freud dans la sienne ?

    Le texte de Freud qui a pour titre “ Un souvenir d’enfance dans Fiction et Vérité de Goethe ” peut nous en donner la dimension.

    Freud prend tout d'abord ce récit de Goethe comme un exemple de ce qu'est en fait un souvenir-écran, " cette chose conservée dans la mémoire" qui est "l'élément le plus significatif de toute cette partie de vie de l'enfance, ou bien qui l'est devenu après-coup, "sous l'effet d'expériences ultérieures". Puis, à partir de ce souvenir d’enfance, il généralise donc cette fonction du souvenir-écran. Il écrit : “On considère en règle générale que c'est le souvenir que l'analysé met en avant, qu'il raconte en premier, par lequel il introduit la confession de sa vie, qui s'avère être le plus important, celui qui recèle donc les clés des tiroirs secrets de sa vie psychique”. Mais ce qui a surtout retenu mon attention dans ce texte de Freud qu'il consacre à ce souvenir d'enfance de Goethe, c'est la conclusion inattendue qu'il en tire :

    Le jeune Goethe, écrit Freud, témoignait ainsi en racontant ce souvenir de ceci : "J'ai été un enfant chanceux; le destin m'a maintenu en vie bien que je fusse donné pour mort quand je vins au monde. Mais il a éliminé mon frère, de sorte que je n'ai pas eu à partager avec lui l'amour de ma mère"... Or je l'ai exprimé dans un autre endroit, quand on a été le favori incontesté de sa mère, on en garde pour la vie ce sentiment conquérant, cette assurance du succès... Et une remarque du genre : ma force s'enracine dans ma relation à ma mère, aurait pu être mise à juste titre par Goethe en exergue à sa biographie."

    Question : n'aurait-elle pas pu être également mise en exergue dans la biographie de l'inventeur de la psychanalyse ?




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  • Les séances dites courtes de Lacan suscitent encore de nos jours de vives polémiques d’autant plus qu’elles sont mises en exercice par d’autres analystes, aussi la question mérite-t-elle d’être posée à la lumière de ce que lui-même a pu en dire et en écrire.

    En 1953, dans son grand texte des Ecrits « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse » il avait abordé ce sujet en écrivant « Nous voulons … toucher un autre aspect particulièrement brûlant dans l’actualité, la fonction du temps dans la technique. Nous voulons parler du temps de la séance.

    Pour lui, il indique que c’est un élément qui appartient manifestement à la réalité, puisqu’il représente notre temps de travail, et sous cet angle, il tombe sous le coup d’une réglementation professionnelle qui peut être tenue pour prévalente »

    Mais il soulève alors un autre aspect beaucoup plus important, les incidences du temps de la séance tout d’abord par rapport à l’analyste puis par rapport à l’analysant.

    Concernant le temps de la séance par rapport à l’analyste et par rapport au groupe analytique il évoque “le caractère scrupuleux, pour ne pas dire obsessionnel, que prend pour certains sinon pour la plupart, l’observation d’un standard dont les variations historiques et géographiques ne semblent au reste inquiéter personne, est bien le signe de l’existence d’un problème qu’on est d’autant moins disposé à aborder qu’on sent qu’il entraînerait fort loin dans la mise en question de l’analyste ».

    Bien au-delà donc de ces questions institutionnelles, cette question du temps des séances est liée à la question de la part de l’analyste dans le travail de l’analyse, ce en quoi il va pouvoir favoriser, provoquer, l’émergence, le surgissement de la vérité.

    Il parle donc du temps de la séance par rapport à ce que raconte l’analysant. Il écrit :

    « Pour le sujet en analyse, d’autre part, on n’en saurait méconnaître l’importance. L’inconscient, profère-t-on, sur un ton d’autant plus entendu qu’on est moins capable de justifier ce qu’on veut dire, l’inconscient, dit-on, demande du temps pour se révéler [...] Mais nous demandons quelle est sa mesure ? Est-ce celle de l’univers de la précision… ? Peut-être en prendrons-nous quelque meilleure idée en comparant le temps de la création d’un objet symbolique et le moment d’inattention où nous le laissons choir ?

    Je me pose quand même cette question: est-il donné à tout analyste de pratiquer ces séances courtes et en tout cas de les pratiquer de façon systématique. Il faut quelquefois un peu de temps à l’analyste pour pouvoir briser ce discours de l’analysant et lui permettre d’accoucher de cette parole.


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  • Aujourd'hui je voudrais vous parler d'une gente dame, célébrée par Rabelais, qui prenait grand soin des attributs virils de son mari alors qu'il s'apprêtait à partir en escarmouche.

    Certes depuis mai 68, la libération des mœurs et la découverte de moyens de contraception efficaces ont modifié les rapports entre les hommes et les femmes, tout au moins dans nos pays, mais les ont-ils pour autant simplifiés et surtout améliorés ?

    Aussi l'évocation de l'éthique rabelaisienne qui place le souverain Bien au niveau des braies et des braguettes peut-elle être, dans notre approche, de quelques secours pour redonner son poids et ses pouvoirs de séduction non pas à l'organe masculin en tant que tel, mais à son symbole, celui qui était célébré au temps des divins mystères, sous la forme d'un phallus érigé, ce phallus sous l'égide duquel, les femmes et les hommes se trouvent ainsi rangés, d'un côté ou de l'autre. Ce phallus en devient ainsi un objet d'intérêt commun.

    En témoigne cette gente dame rabelaisienne, l'épouse du dit seigneur de Melville, qui voyant son mari tout armé partir en guerre avec son Roi, se préoccupait fort de ses parties intimes mal protégées selon elle et lui enjoignit de les couvrir d'un lourd casque de combat.

    Rabelais accompagne la morale de l'histoire, de ces vers :

    « Celle qui vit son mari tout armé.

    Fors la braguette, aller à l’escarmouche,

    Lui dit : « Ami, de peur qu’on ne vous touche,

    Armez cela, qui est le plus aimé. »

    Quoi ! tel conseil doit-il être blâmé ?

    Je dis que non, car sa peur la plus grande

    De perdre était, le voyant animé,

    Le bon morceau dont elle était friande. »

    Aussi avec cette supplique de la dame nous pouvons relire par exemple l'approche freudienne de la féminité selon laquelle il faudrait qu'une femme réussisse à étendre son amour de l'organe au porteur de celui-ci.

    Ce récit de Rabelais m'a aussi fait penser à un fragment d'une des plus tardives interventions de Lacan, à Genève, qui avait pour titre le symptôme où il y évoquait ce qu'il en est de la prédominance phallique dont se plaignent beaucoup les féministes pour y souligner que, selon lui, ce sont les femmes qui y trouvent les plus grands avantages.

    « Moi, je serais assez porté à croire, affirmait-il, que, contrairement à ce qui choque beaucoup de monde, c’est plutôt les femmes qui ont inventé le langage. D’ailleurs, la Genèse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent – c’est-à-dire avec le phallus . Quoique ce soit l’un de mes rêves, on peut tout de même se poser la question – comment est-ce qu’une femme a inventé ça ? On peut dire qu’elle y a intérêt. Contrairement à ce qu’on croit, le phallocentrisme est la meilleure garantie de la femme. Il ne s’agit que de ça ». La Vierge Marie avec son pied sur la tête du serpent, cela veut dire qu’elle s’en soutient ».

    C'est merveilleux je trouve que Lacan évoque à propos de ce phallocentrisme définie comme la meilleure garantie de la femme, toutes les représentations de la Vierge foulant au pied le serpent.

    On peut en effet considérer qu'en le foulant ainsi au pied, comme le Petit-Hans avec sa girafe chiffonnée, elle en fait un signifiant.

    Dans cette anecdote racontée par Rabelais, outre l'importance de cette question du phallus, nous pouvons aussi retrouver avec ce bon morceau dont elle était friande, par ce glissement de l'objet viril à l'objet oral, cet objet primordial, le sein. La friandise, la gourmandise décrivent ces plaisirs de la bouche. Ainsi est évoqué ce que Lacan, dans son algèbre, a nommé l'objet petit a.

    J'ai emprunté ce récit au Tiers livre des faits et dits du bon Pantagruel dans le chapitre « Comment la braguette est la pièce principale de l'armure pour les hommes de guerre. C'est en effet un chapitre plein d'enseignement, comme j'ai essayé de le démontrer.

  • Bienvenue sur ce site de podcast, une psychanalyse à fleur d'inconscient. Aujourd'hui, je voudrais vous parler de l'un des destins de la pulsion, celui de la sublimation. Elle peut être considérée, à la suite de Lacan, comme un travail de symbolisation de la perte, une célébration de l'objet perdu.

    Freud, malgré la définition qu'il en a donné, « une satisfaction de la pulsion sans refoulement », n'a pas tout à fait réussi, malgré son étude de Léonard de Vinci, à tracer la métapsychologie de cette sublimation.

    Lacan, lui a franchi un pas de plus dans cette approche mais en repartant justement de l'un des plus anciens textes de Freud, son « Esquisse d'une psychologie scientifique » dans laquelle il décrit les premiers liens du petit nourrisson à sa mère.

    Freud y décrit comment le bébé découvre la présence de cette Autre préhistorique, la mère, en tant qu'elle est capable d'apporter satisfaction à ses besoins, lorsqu'il l'alerte par ses cris. Par son intermédiaire il fait tout d'abord l'expérience de la satisfaction, lorsque elle lui donne le sein, mais tout aussi bien l'épreuve de la souffrance. En effet elle n'obéit pas toujours au doigt et à l'oeil, elle vaque à ses occupations et ne répond pas toujours à son attente. C'est cette grande Autre archaïque qui est célébrée par tous ses troubadours, poètes, peintres, musiciens mais aussi psychanalystes.

    Cette Autre préhistorique, cette première étrangère, point d'origine de l'inconscient, se divise, selon Freud, en deux parties. L'une entre dans le champ des représentations inconscientes, au
    titre de traces mnésiques ou mnémoniques de l'objet, comme souvenirs de l'objet ; L'autre partie va rester définitivement étrangère, inassimilable. C'est ce que Lacan isolera sous ce terme de Das Ding, La chose. C'est avec ce nouveau concept pris dans le texte de Freud
    qu'il décrit alors ces mécanismes mis en jeu lors de cette œuvre de sublimation.

    Das Ding, c'est cet objet qui échappe à toute symbolisation, à tout jugement qu'il soit d'attribution ou d'existence. Autour de cet objet par contre, s'organisent donc toutes les représentations inconscientes soumises au principe de plaisir, ce que Lacan appelle la ronde des signifiants. Ainsi cerné par du symbolique, s'instaure au cœur du sujet un point de réel, qui n'est autre que celui de l'objet perdu de la théorie freudienne et que Lacan appelle la Chose. C'est justement Autour de cette Chose, que pourront être cultivées les fleurs les plus délicates et les plus belles de la civilisation.

    Par rapport à ce concept de Das Ding, de La Chose, Lacan définit donc la sublimation comme étant le fait d'élever un objet à la dignité de la Chose. Il en devient le signifiant. Pour qu'il puisse ainsi représenter la Chose, cet objet créé par la sublimation doit toujours être construit autour d'un vide évoquant l'absence de l'objet. Les poèmes des troubadours célèbrent la dame inhumaine à jamais inaccessible. De même, les premiers vases, les premières poteries, traces d'anciennes civilisations, les peintures rupestres d'Altamira, même les pommes
    de Cézanne exaltent l'absence de cet objet perdu, instaurent sa nostalgie.

    La sublimation du psychanalyste autour de ce même objet ne pourrait-elle pas mettre à nu la fonction de toutes les formes de sublimation, en constituer une sorte de paradigme en spécifiant les rapports singuliers de chaque psychanalyste à la Chose analytique et notamment en explicitant comment il a, autour de cet objet, à réinventer la psychanalyse à
    partir même de ses symptômes. Ce dont pourrait témoigner ce changement d'orthographe, du « symptôme » au « sinthome », proposé par Lacan ?

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse".

    ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
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  • Bienvenue sur ce site de podcasts “ une psychanalyse à fleur d’inconscient”. Aujourd’hui en cette période de vacances, j’ai choisi de vous parler de parfums, des bonnes ou des mauvaises odeurs qui nous ravissent ou nous incommodent.

    Juliette, Juliette Nouredine, une chanteuse qui compose le plus souvent à la fois les textes et les musiques de ses chansons, a célébré dans l’une d’elles, des parfums, traces de la présence d’une femme aimée ou peut-être de l’homme aimé, on ne sait. Mais ce serait plutôt des parfums de femme qui sont ainsi évoqués.

    «Je veux garder pour en mourir

    Ce que vous avez oublié

    Sur les décombres de nos désirs

    Votre parfum sur l’oreiller.

    Laissez-moi deviner ces subtiles odeurs

    Et promener mon nez

    Parfait inquisiteur

    Il y a des fleurs en vous

    Que je ne connais pas

    Et que gardent jaloux

    Les replis de mes draps »

    On peut mourir d’amour et Juliette, célébrant les secrètes fragrances de son objet d’amour, nous en apporte la preuve, tout au moins en chanson. Mais il est un autre mot, dans le registre de ces odeurs qui est, lui aussi, un peu tombé en désuétude, et qui, au contraire des fragrances, est de l’ordre des mauvaises odeurs, c’est celui de « pestilence ». C’est un mot que Lacan avait utilisé à propos de l’analyste. Il avait en effet trouvé cette très jolie métaphore selon laquelle « l’analyste est un feu follet ». «Un feu follet, affirme-t-il, n’éclaire rien, il sort même ordinairement de quelque pestilence ».

    Lacan effectue ainsi un bien curieux rapprochement. Est-ce pour indiquer qu’avec les signifiants de ces pulsions partielles qui ont jalonnées son enfance, avec ces pestilences pulsionnelles, l’analyste trouve le chemin de son désir, un désir « averti » concernant « l’humaine condition »?

    Pour ma part, je me suis souvent posé cette question, à propos de ces bonnes et mauvaises odeurs. Pourquoi Freud et Lacan, dans la même veine, n’ont-ils pas érigé ces effluves odorantes ou nauséabondes au titre d’objet petit a, au même titre que le sein, les selles, la voix et le regard puisque Freud indiquait que les représentations de ces zones sexuelles abandonnées, ces signifiants de la pulsion, pour l’interpréter en termes de logique du signifiant, “dégagent maintenant la même puanteur” que le souvenir infantile évoqué.


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  • Bienvenue sur ce site de podcasts Une psychanalyse à fleur d’inconscient. Aujourd’hui je vous poserai bien cette question : Le désir de devenir psychanalyste n’est-il pas du même ordre que le désir qu’expriment les enfants de devenir aviateur, conducteur de train ou camionneur, instituteur ou brocanteur ? Les analystes n’en parlent pas souvent parce que c’est de l’ordre
    de l’intime, mais quand surgissent des rêves en cours d’analyse où pour la première fois le timide désir d’exercer ce métier s’exprime de façon plus ou moins voilée on s’aperçoit alors à
    quel point un tel désir a de profondes racines inconscientes. Ce sont celles-ci, une fois analysées, interprétées, qui permettent alors à chacun de savoir, selon la jolie formule de Lacan, de savoir s’il veut ce qu’il désire.


    L'essentiel est donc d'analyser ce symptôme, puisque s'en est un, celui de souhaiter devenir psychanalyste pour laisser la place à quelque chose d’un autre ordre, ce que Lacan a appelé «
    "désir du psychanalyste » qui, au cœur de l’analyse de celui qu’il a accepté d’écouter, trouvera, dans la répétition de cette expérience, sa véritable fonction, celle de renouveler, de réveiller la névrose du sujet, d’en faire à proprement parler une névrose de transfert, de la répéter puis de la dénouer justement parce qu’il peut occuper cette fonction du désir de
    l’Autre. A la fin du séminaire de l’acte analytique, pour évoquer ce qui en est de l’expérience analytique, Lacan reprend le mythe des paroles gelées de Rabelais. Au cours de leur voyage,
    soudain Pantagruel et ses compagnons virent tomber sur le tillac de leur navire, telle une bourrasque de grêlons, des mots gelés qui se réchauffèrent progressivement dans leurs mains. Panurge demanda à Pantagruel de lui en donner encore. Il en jeta trois ou quatre
    poignées et j’y vis, dit-il, des paroles fort piquantes, des paroles sanglantes, dont le pilote disait qu’elles revenaient du lieu où elles avaient été prononcées. Et bien de même, les
    paroles gelées du symptôme, celles de l’analysant viennent se réchauffer au contact de ce désir du psychanalyste. C’est ainsi que toutes ces paroles prononcées dans l’enfance et notamment celles qui ont entouré sa naissance, reprennent vie et surtout toute leur vivacité, grâce au transfert, quand le psychanalyste est ainsi venu réoccuper la place de celui que Lacan appelle “le parent traumatique”.

    Rabelais, Le quart livre, chapitre 56. “Comment, parmi les paroles gelées, Pantagruel trouva des mots de gueule »



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  • Bienvenue sur ce site de podcasts, « Une psychanalyse à fleur d'inconscient ». Aujourd'hui J'ai choisi en guise d'introduction, un rêve de Freud que je trouve amusant. Il écrit dans L'interprétation du rêve : « Je me retrouve de nouveau entrain de faire de la chimie au laboratoire de l’université. Le conseiller aulique L m'invite à venir quelque part. Il tient dans
    sa main levée en l’air devant lui une lampe ou quelque autre instrument avec des airs d’intelligence affûtée ou de perception aiguë, dans une posture caractéristique, la tête tendue vers l’avant ».

    Il évoque l' événement de la veille qui a provoqué ce rêve, le fait qu’il avait appris une mauvaise nouvelle, la suppression du lieu où il pouvait jusqu’alors donner ses conférences. et Cela lui avait fait penser à ses débuts de jeune médecin où on lui avait refusé toute aide.

    Dans son interprétation, Freud décrit la façon dont ce conseiller aulique porte la lampe ou la loupe et évoque par cette association, la statue d’Archimède à Syracuse. Or ce monument célèbre le fait qu'Archimède avait pu mettre le feu aux voiles de la flotte romaine qui assiégeait la ville de Syracuse à l'aide d'un miroir incendiaire. C'est ce même objet que porte le conseiller aulique qui devance Freud. C'est ainsi que Freud met le feu à l'université.
    Sobrement Freud interprète ce rêve « Toute personne experte en interprétation du rêve devinera aisément que ni désir de vengeance ni présomption de grandeur ne sont étrangers aux pensées du rêve.»

    Le vernis de la civilisation est extrêmement fragile, il se craquelle et se fissure dans le moindre de nos gestes et de nos propos. Sous les plus belles réalisations humaines, dans les domaines de l’art, de la littérature ou de la politique, réapparaît sans cesse, sous une forme plus ou moins masquée, notre inhumanité à savoir notre désir de destruction envers ceux qui nous entourent.

    Si nous nous référons à ce que nous pouvons apprendre, à propos du moindre de nos rêves ou de nos actes manqués, nous pouvons découvrir que nous nous y débarrassons allègrement de tous ceux qui peuvent faire obstacle à la réalisation de nos désirs les plus
    chers, ou de tous ceux qui portent atteinte à la haute opinion que nous avons de nous-mêmes, en les envoyant au Diable ou encore « ad patres ». Nous les envoyons ainsi, sans autre forme de procès, rejoindre le monde de nos ancêtres.

    Pour décrire cette foncière méchanceté qui est au cœur de chacun de nous, Freud, comme souvent, aime bien faire appel non seulement au savoir mais aussi à l’humour des poètes.


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  • Aujourd'hui j'ai choisi un titre un brin provocateur. Certes la guérison de la névrose n'est pas censée être l'effet premier, le but d'une psychanalyse, mais il n'empêche que cette dernière a des effets et des effets bénéfiques pour le sujet, car sinon comment chaque analysant mais aussi chaque psychanalyste pourrait-il s'engager dans cette entreprise malgré toutes les embûches rencontrées à commencer par le choix d’un psychanalyste, les souffrances réveillées, remises à vif, du fait du transfert, et ce qu’il en coûte à chacun des efforts de toute sorte, surtout et y compris les efforts financiers.

    En 1978, au moment de la clôture du congrès de la transmission de la psychanalyse, Lacan avait posé cette question « comment se fait-il, que de par l'opération du signifiant, il y a des gens qui
    guérissent, qui guérissent de leur névrose, voire de leur perversion, car c’est un fait qu’il y a des gens qui guérissent » et pour en rendre compte il avait avancé un curieux terme celui de «truquage».

    Si on tourne un peu autour de ce mot, il est pour le moins ambigu. Il peut décrire le savoir faire du psychanalyste, il connaît le truc, il sait comment s’y prendre. Il évoque donc l’habileté de l’artisan
    ou l’astuce du bricoleur. Mais si nous passons du mot truquage au verbe truquer, il prend tout d’un coup une tonalité plus péjorative. Surgissent à l’horizon une cohorte de truqueurs, de
    faussaires, d’escrocs. Il me semble que les analystes ne doivent pas perdre de vue cette dimension maléfique du truquage. Car ils se tiennent sur cette étroite limite, une crête entre deux versants, celui de l’habileté et celui de l’escroquerie. Je reprends ce terme puisqu’il a déjà été utilisé par Lacan.

    Ces deux versants possibles du truquage vont se trouver mis en jeu, mis en scène à propos des fantasmes de guérison de l’analysant qui existent dans toute analyse, pour peu bien sûr qu’on y prête attention.



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  • Bienvenue sur ce podcast une psychanalyse à fleur d'inconscient”. Aujourd”hui je voudrais vous parler de la façon dont Freud, en son temps, avait relu Dostoïevski, tout comme Lacan avait relu Joyce pour le nommer Joyce le symptôme. Mon espoir étant de tirer quelques profits de ce rapprochement autour de la question de l’hystérie et tout spécialement de l’hystérie masculine.

    Dans son texte « Dostoïevski et le parricide », Freud écrit : « Ce n’est pas un hasard si trois des chefs d’œuvres de la littérature de tous les temps, L’Œdipe-Roi de Sophocle, le Hamlet de Shakespeare et les frères Karamazov de Dostoïveski, traitent tous du même thème, du meurtre du père. Dans les trois œuvres le motif de l’acte - la rivalité sexuelle pour une autre femme est aussi révélé. »

    Si Ulysse de Joyce est maintenant considéré comme une œuvre majeure de la littérature mondiale du dernier siècle, la question du parricide me semble y être éludée, tout autant que la question de la rivalité des hommes entre eux pour la conquête d’une femme.

    Bloom, tout au long de son périple au travers des rues de Dublin sait que Molly a rendez-vous avec l’un de ses amants, il connaît même l’heure de leur rendez-vous, sans pour autant apporter la moindre entrave à cette rencontre. De retour chez lui, il se glisse simplement dans le lit conjugal.

    Cette “abnégation”, sinon cette “équanimité” devant le triomphe de ses rivaux dans l’amour d’une femme, Freud l’a déjà décrite dans ce même texte de Dostoïevski et du parricide. Il la décrit en prenant pour exemple les héros de certaines autres nouvelles de Dostoïevski, mais en la replaçant dans les composantes du complexe de castration masculin.

    Avec beaucoup d’assurance mais aussi de sérénité voici ce que Freud en énonce : « le meurtre du père est, selon une conception bien connue, le crime majeur et originaire de l’humanité aussi bien que de l’individu ».

    De là vient son sentiment de culpabilité. Les motions sadiques envers le père, le désir de le tuer et de le castrer s’inversent et prévaut alors le masochisme dit féminin des hommes.

    En effet, à cette partie du complexe de castration, vient s'ajouter une autre composante, celle que Freud appelle la bisexualité de chaque sujet. Lorsque cette composante est trop forte, « la menace que la castration fait peser sur la masculinité renforce l’inclinaison du garçon à s’identifier à sa mère, « à tenir le rôle de celle-ci comme objet d’amour pour le père ». Cette prédisposition renforce donc la névrose.

    Est-ce que ce que Freud nous décrit là ne pourrait pas s’appliquer à Joyce, il semble en tout cas qu’une piste s’ouvre celle d’éclairer ce que Lacan a avancé à propos de Joyce, de cette question de sa « Père-version », ou encore sa version vers le père qu’il a soutenu à la mesure de ses moyens par son écriture, par son art d’écrire.

    Ce terme de père-version écrit avec un tiret et donc cette version vers le père est donc à prendre, tout au moins dans une première approche, comme correspondant à ce temps de l’Oedipe ou le père se fait préférer à la mère comme étant celui qui détient le phallus.

    J’ai effectué ce rapprochement dans l’un de mes ouvrages « Eloge de l’hystérie masculine. Sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse » paru chez L’Harmattan en 97.


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  • Bienvenue sur ce site de podcast “une psychanalyse à fleur d’inconscient”. Aujourd’hui je voudrais vous parler de l’art d’interpréter les obsessions en le rapprochant de l’art d’interpréter les rêves.

    Dans le grand texte des cinq psychanalyses, Freud a entrepris de décrire l’Histoire de l’Homme aux rats, faisant ainsi une magnifique approche théorique et surtout clinique de ce qu’est la structure d’une névrose obsessionnelle qu’au début de ses recherches il appelait névrose de contrainte. Le sujet est en effet contraint à penser ou à agir au gré de ses obsessions ou de ses compulsions. Il ne peut s’y dérober. Il agit au commandement.

    Dans ce texte de l’Homme aux rats Freud rédige un paragraphe ayant pour titre « quelques obsessions et leur explication »1 Il y est question de la technique d’interprétation des obsessions. Il en édicte deux règles :

    Première règle ne pas se laisser impressionner par leur apparente absurdité

    « On fait bien, écrit Freud, de ne jamais se laisser troubler, dans cette tâche de la traduction des obsessions, par leur apparente absurdité ; les obsessions les plus absurdes et les plus étranges se laissent résoudre si on les approfondit dûment. »

    A propos de cette caractéristique des obsessions, dans “L’Interprétation du rêve”, Freud consacre un chapitre spécialement aux rêves absurdes et il faut noter qu’ils ont tous pour thème latent les désirs de la mort du père.

    Seconde règle : rattacher cette obsession aux événements de la vie courante.

    Donc en apparence on utilise pour interpréter les obsessions, la même technique que celle de l’interprétation des rêves qui consiste à rechercher le petit événement de la veille qui a provoqué le rêve. Ce que Freud appelle « le reste diurne du rêve ». C’est souvent par là qu’il commence.

    Il en est de même pour l’obsession, mais on ne peut plus parler de «reste diurne », il s’agit d’événements qui semblent plus marquants et plus déployés dans le temps. Il ne s’agit plus du jour qui précède le rêve, mais de jours, de mois, voire d’années qui précèdent l’obsession.

    Pour illustrer la portée de ces deux règles, je démontrerai leur efficacité à propos de quelques-unes des obsessions de l’homme aux rats, notamment son obsession de se trancher la gorge avec un rasoir.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )


    J'ai aussi écrit quelques livres, la plupart, ont été publiés chez L'Harmattan. Parmi eux " Les orthographes du désir" : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_orthographes_du_desir_liliane_fainsilber-9782343105512-54074.html

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  • Bienvenue sur ce site de podcast “une psychanalyse à fleur d’inconscient”. Aujourd'hui je voudrais vous parler de l’un des héros des cinq psychanalyses, celui dont Freud a choisi d’évoquer l’histoire, en même temps que celles de Dora, de l’Homme aux loups et de l’Homme aux rats, sans oublier, bien sûr celle pleine d’aléas du Président Schreber. Il s’appelle le Petit Hans. Son histoire a ceci de particulier c’est que c’est une des premières analyses d’enfant.

    Dès les premiers jours du janvier 1908, son père, Max Graf écrivait à Freud pour lui demander de l'aide au sujet de son petit garçon alors âgé de trois ans. Il avait peur d'être mordu par un cheval et de ce fait refusait de sortir dans la rue. D'autres lettres du père suivirent décrivant le déploiement et l'évolution de ce symptôme ainsi que les tentatives d'interprétation qu’il en faisait. Ainsi naquit l’observation du "Petit Hans", écrite cette fois-ci par Freud.

    En un second temps, dans le séminaire de la Relation d'objet, Lacan en fit, à son tour, un très long commentaire, la reprenant presque ligne à ligne et jour après jour.

    La phobie du petit Hans prendra très vite une grande extension, se déployant en de nombreuses formes, sa peur initiale d'être mordu par un cheval deviendra aussi peur des chevaux qui tombent, peur des chevaux lourdement chargés, peur des chevaux ayant quelque chose de noir devant la bouche. D'autres animaux seront eux aussi appelés à la rescousse de ce cheval, deux girafes, la grande et la petite, la cigogne, personnage énigmatique qui apporte aussi bien la mort que la vie, et, presque passés inaperçus, une poule et son poussin à propos desquels ce jeune garçon se pose bien des questions sur les mystères de sa naissance et le rôle qu'avait bien pu y jouer son père.

    Je ne résiste pas au plaisir de le citer.

    "A Mungden, dit-il à son père, tu as pondu un œuf dans l'herbe et un poulet en est tout de suite sorti. Tu as pondu un œuf un jour, je le sais, je sais que c'est sûr. Parce que maman l'a dit.

    Moi - je demanderai à maman si c'est vrai.

    Hans - ce n'est pas vrai du tout mais moi j'ai une fois pondu un œuf et un poulet en est sorti."

    Au mensonge de la cigogne des parents, répond le mensonge du poulet du petit Hans. Mais il n'empêche que lui, aussi bien que son père, peuvent mettre au monde des petits poussins. Il vient d'inventer, pour son propre usage, le mythe de la couvade.

    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )


    J'ai aussi écrit quelques livres, la plupart, ont été publiés chez L'Harmattan. Parmi eux " Les orthographes du désir" : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_orthographes_du_desir_liliane_fainsilber-9782343105512-54074.html

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  • Bienvenue sur ce site de podcasts “une psychanalyse à fleur d’inconscient. Aujourd’hui je partirai d’une jolie chanson de Serge Gainsbourg qui a pour titre " Le grand méchant vous".

    Elle peut en effet servir d’exemple à ce dont je veux vous parler aujourd' hui.

    Alors jeune psychanalyste, au congrès de Marienbad, Lacan avait provoqué quelques remous dans le monde analytique, en y présentant un travail sur le stade du miroir. Il a ainsi fait faire un grand pas à la théorie en mettant ainsi en évidence l’importance dans la structuration du sujet, de la rencontre tout d’abord de sa propre image qui, à un stade très précoce, entre six et dix-mois, constitue en somme la matrice imaginaire source de ses futures identifications. Si cette première rencontre avec son image est source d’exultation il n’en va pas de même des rencontres ultérieures avec l’image des autres humains qui l’entourent. . Lacan a très souvent repris la description de Saint Augsutin décrivant comment un enfant regardait d’un regard empoisonné son petit frère de lait appendu au sein de sa mère. C’est pourtant grâce à ces petits autres que l’enfant découvre le monde illimité de ses désirs et constitue toutes ces identifications avec ses objets d’amour ou ses objets rivaux auxquels il a dû renoncer. On découvre donc que la jalousie y joue un rôle essentiel et nécessaire.
    Cet autre, ce rival, qu’il souhaite de toutes ses forces détruire, chaque fois qu’il le rencontre, c’est ce grand méchant Vous que décrit si bien Serge Gainsbourg.
    Je cite un fragment de sa chanson :
    "Promenons-nous de dans le Moi tant que le vous n’y est pas

    Car s’il y était, sûrement il nous mangerait

    J’ai peur, j’ai peur de ce grand méchant Vous."

    Quelques strophes plus loin il chante :
    "Ah quel animal que ce Vous,

    Mais comment savoir dans cette rivalité

    Qui de Moi ou qui de vous

    l’emporte en cruauté

    Promenons-nous dedans le moi pendant que le Vous n’y est pas!"

    La métaphore poétique, cette substitution du Vous ou Loup porte ses fruits !

    Qui hurle avec les loups, qui se jette dans la gueule du loup et qui de vous ou de Moi l’emporte en cruauté ?
    Ce petit autre est donc l’objet d’une intense jalousie. on désire le détruire en tant que c’est lui qui est censé posséder ce dont on est privé. Comment sortir de cette impasse, c’est lui ou moi ? C’est là que Lacan fait intervenir, par le biais de la fonction paternelle, le champ du symbolique qui procure l’apaisement, l’accord, la reconnaissance, la coexistence possible. Je cite Lacan “ Dieu merci, le sujet est dans l’ordre du symbole, c'est-à- dire dans un monde d’autres qui parlent. C’est pourquoi son désir est susceptible de la médiation et de la reconnaissance. Sans quoi, toute fonction humaine ne pourrait que s’épuiser dans le souhait indéfini de la destruction de l’autre comme tel.”

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    Liliane Fainsilber


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  • Bienvenue sur ce site de podcast « Une psychanalyse à fleurd’inconscient » Les psychiatres et les psychologues parlent de tocs, abréviation scientifique pour parler de troubles obsessionnels compulsifs.
    Dans le champ de la psychanalyse, on ne parle pas de tocs mais on parle de la structure d’une névrose obsessionnelle. Elle a été approchée par Freud avec l’aide de termes qui riment entre eux, obsession, compulsion, superstition. Échappe à cette série, le doute.

    La superstition anciennement évoquait plutôt la croyance en de faux-dieux par rapport aux religions officielles mais de nos jours, elle est définie, par Furetière, comme une « croyance irrationnelle à l'influence, au pouvoir de certaines choses, de certains faits, à la valeur heureuse ou funeste de certains signes ». Un chat noir porte malheur.
    A propos de superstition, en Corse, c’était la coutume, enfin du temps de ma jeunesse, de mettre au cou des bébés un brin de corail qui avait une forme allongée et qu’on pouvait tout à fait interpréter comme un symbole phallique. Il avait pour but de protéger ces enfants du «mauvais œil ». De même quand une femme s’extasiait devantun bel enfant au fond de son landau ou de son berceau et disait « quel beau bébé ! » aussitôt, il fallait prononcer cette phrase '"que le Bon dieu le bénisse ! ». la formule était destinée à le protéger de la jalousie éventuelle que cette femme était censée éprouver.

    C’est une jolie démonstration des nécessités de la métaphor paternelle, même si elle se révèle un peu faiblarde, dans la mesure où on est obligé d’en appeler à la bienveillance de Dieu, pour protéger cet enfant de la jalousie d’une autre femme. Ce qui prouve que dans ces faits de superstition, les protagonistes sont au fait de cette jalousie inconsciente qui vise l’objet du désir de l’Autre, voire le souhait de sa destruction. Car c’est cela le mauvais œil,
    c'est jeter un regard mauvais, un regard qui tue.

    Être superstitieux, c’est prendre en compte les désirs inconscients qui nous animent,
    aussi bien les nôtres que ceux des autres, c'est donc savoir que nous ne sommes pas forcément pleins de mansuétude à l’égard d’autrui. De ce fait même nous avons aussi peur qu’à les avoir seulement pensés, tous ces mauvais souhaits puissent se réaliser. Cela tient de la magie.

    Dans son ouvrage « Psychopathologie de la vie quotidienne », Freud rreprend cette question de la superstition et indique que "chez les névrosés, souvent très intelligents et souffrant d’idées obsédantes et d’états obsessionnels, qu’on constate avec le plus de netteté que la superstition a sa racine dans des tendances refoulées d’un caractère hostile et cruel. La superstition signifie avant tout attente d’un malheur, et celui qui a souvent souhaité du mal à d’autres, mais qui dirigé par l’éducation, a réussit à refouler ces souhaits dans l’inconscient, sera particulièrement enclin à vivre dans la crainte perpétuelle qu’un malheur ne vienne le frapper à titre de
    châtiment pour sa méchanceté inconsciente » (2).

    J'ai donc cru un moment que la superstition est première et que c’est elle qui engendre des obsessions, obsessions qui créent à leur tour, comme un système de défense, des actes compulsionnels, et plus complexes encore, des cérémonials compliqués, des rituels, analogues à des cérémonies religieuses, cérémonies d’une religion secrète et privée que se révèle être la névrose obsessionnelle.
    Mais j'avais laissé de côté, dans cette énumération superstition, obsession et compulsion,
    le doute. Or c'est lui qui est premier devant l'impossible choix entre l'amour et la haine éprouvé par le sujet. C’est cette hainamoration qui engendre le doute. Et de ce doute partent les trois
    termes décrits par Freud, superstition, Obsession, compulsion. Ils établissent la robuste métapsychologie freudienne de la névrose obsessionnelle.

    Et tous les thérapeutes qui s'occupent de ces Tocs auraient grand intérêt à s'y replonger.