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La saison du cacao, - la petite saison- a débuté en Côte d'Ivoire. L’or brun du premier producteur mondial fait l’objet d’exportations massives, mais aussi… de contrebande. RFI s’est rendu dans 2 départements de l’extrême-ouest ivoirien. Par sa proximité avec la Guinée et le Libéria, la zone est considérée comme l’un des carrefours de l’exportation illégale. Selon les chiffres de l’agence Reuters, 50 000 tonnes de cacao se sont volatilisées au dernier trimestre 2024, au plus haut du cours mondial... Douanes renforcées, saisies, fonctionnaires arrêtés pour corruption présumée, la contrebande est un crime en Côte d'Ivoire. Mais bien des chemins permettent aux pisteurs d’échapper aux contrôles.
«Sur les pistes du trafic de cacao», un Grand reportage de Benoît Almeras.
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L'armée de terre française a reçu pour mission de se préparer à la guerre de haute intensité. Le conflit ukrainien a changé la donne pour les soldats français et les ordres se modifient. C'est toute une stratégie qui se durcit qui se met à la page. Mercredi 26 mars 2025, centre-ville d'Angoulême, sud-ouest de la France, le groupe tactique interarmes des troupes de Marine se déploie. C'est un exercice inédit, la simulation d'un combat en milieu urbain avec la reprise en mode guerrier de la gare SNCF au milieu de la population.
« L’armée de terre française à l’heure de la guerre totale », un Grand reportage de Franck Alexandre.
En images
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La Birmanie vit depuis le séisme du 28 mars 2025 au rythme des sans-abris, des très fortes pluies, des blessés qu’il faut soigner, des disparus qu’il faut retrouver, des gens qui fuient en Thaïlande, de la pression de la junte, malgré une trêve officiellement prolongée. Le tremblement de terre de 7,7 a fait au moins 3 700 morts ; des milliers de blessés. 90 000 maisons détruites ou endommagées.
Le drame s’ajoute à la guerre civile consécutive au coup d’État de février 2021 qui a entraîné le déplacement de plus de 3 millions et demi de personnes.
Dans les zones dévastées par le séisme et tenues par les rebelles, l’absence d’aide humanitaire laisse les Birmans livrés à eux-mêmes.
Les journalises ne sont pas les bienvenus, ont prévenu les militaires au pouvoir.
Les témoignages de la catastrophe, que vous allez entendre, sont donc rares.
Notre journaliste Esther Lebleu est parvenue à rallier Mandalay, puis Sagaing, en zone rebelle : Là où la solidarité est vitale.
«Séisme en Birmanie, entre dévastation et résilience», un Grand reportage d'Esther Lebleu.
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Jaguar, singe-araignée, colibri, arbre de pluie… La Colombie est l'un des pays les plus riches en biodiversité. Cet État d'Amérique du Sud a déjà atteint l’objectif international de protéger 30% de son territoire pour préserver ce monde vivant de la disparition en cours. Mais sur le terrain, après des décennies de conflit avec des guérillas, les gardes des parcs naturels font face à de nombreux défis. En octobre 2024, alors que la COP16 sur la biodiversité battait son plein à Cali, RFI a pu explorer les montagnes protégées qui surplombent la troisième ville du pays.
« Colombie : avec les gardes du parc naturel des Farallones de Cali », un Grand reportage de Lucile Gimberg.
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Le supplément du dimanche de ce 20 avril 2025 sous le signe des atteintes à la planète. Comment réduire la pollution plastique dans les océans ? Aussi, direction le Mexique pour comprendre les rouages du commerce lucratif des avocats, dont la culture intensive détruit les forêts et attire l’avarice des groupes criminels.
Le Mexique est de loin le premier producteur mondial d’avocats. Chaque année, il envoie la moitié de ses fruits à l’étranger, tant la demande internationale est immense. Principalement les États-Unis, voisin à l’appétit insatiable qui en achète l’équivalent de 3 milliards de dollars. Il s’agit d’un commerce lucratif, mais ses conséquences sont dévastatrices. La culture intensive de l’avocat détruit les forêts et attire l’avarice des groupes criminels. (Rediffusion du 02/10/2024)
L’État du Michoacan, situé à l’ouest du plateau central mexicain, concentre la majorité de la production. Là-bas, le secteur contrôle tout et impose ses lois et sème la terreur en toute impunité.
« La face cachée de la culture d’avocats au Mexique », un Grand reportage de Gwendolina Duval.
Le Plastic Odyssey est un bateau-laboratoire de 39 mètres, il arpente les mers du monde en quête de solutions pour réduire la pollution plastique. À son bord, des machines pour transformer le plastique en matériaux de construction ou en mobilier.
À l’occasion d’une longue escale en Polynésie française, le navire s’est particulièrement intéressé à la perliculture. Cette activité représente la 2ᵉ économie du territoire après le tourisme et devant la pêche (source : Direction des ressources marines).
Une activité juteuse qui ne produit pas seulement des perles, mais aussi de nombreux plastiques…
« Colliers de perles, l'océan en paie également le prix », un grand Reportage de Margaux Bédé et Quentin Pommier.
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Le supplément du samedi de ce 19 avril 2025 nous emmènera dans le nord du Chili, là où le ciel est exceptionnellement translucide, mais diverses pollutions menacent la bonne vue des télescopes. Nous verrons également en quoi les systèmes d'alertes sont devenus des véritables gages de prévention stratégiques face aux catastrophes naturelles.
Cyclones, inondations, feux de forêts, glissements de terrains ou tremblements de terre et tsunami. Les catastrophes, souvent qualifiées de naturelles, sèment la mort et la destruction, chaque année, à travers le monde. Elles frappent particulièrement durement les plus vulnérables. Mais les drames humains entrainés par ces catastrophes ne sont pas si inéluctables : les systèmes d’alerte et les plans de mise en sécurité de la population peuvent sauver des vies.
Pour aider les États à se préparer… un exercice de simulation grandeur nature d’un séisme suivi d’un tsunami est organisé chaque année dans la zone caraïbe. Cette année, 48 pays et près de 500 milles personnes ont été mobilisés sous l’égide des Nations unies.
« Catastrophes naturelles : le monde en alerte », un Grand reportage de Jeanne Richard.
Le nord du Chili est devenu le maitre incontestable de l’astronomie mondiale. Les observatoires les plus puissants de la planète y sont construits, attirant les meilleurs astronomes, mais aussi, de très nombreux touristes. La ville de San Pedro de Atacama s’est ainsi transformée en capitale mondiale du tourisme astronomique, ou astrotourisme. Cela s'est fait rapidement : en une dizaine d’années. Mais rien ne garantit que le ciel le plus pur du monde ne le reste pour toujours...
« L’observation des étoiles au Chili, sous la menace », c’est un grand reportage de Marion Bellal.
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Cyclones, inondations, feux de forêts, glissements de terrains ou tremblements de terre et tsunami. Les catastrophes, souvent qualifiées de naturelles, sèment la mort et la destruction, chaque année, à travers le monde. Elles frappent particulièrement durement les plus vulnérables. Mais les drames humains entrainés par ces catastrophes ne sont pas si inéluctables : les systèmes d’alerte et les plans de mise en sécurité de la population peuvent sauver des vies.
Pour aider les États à se préparer… un exercice de simulation grandeur nature d’un séisme suivi d’un tsunami est organisé chaque année dans la zone caraïbe. Cette année, 48 pays et près de 500 milles personnes ont été mobilisés sous l’égide des Nations unies.
« Catastrophes naturelles : le monde en alerte », un Grand reportage de Jeanne Richard.
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Le Plastic Odyssey est un bateau-laboratoire de 39 mètres, il arpente les mers du monde en quête de solutions pour réduire la pollution plastique. À son bord, des machines pour transformer le plastique en matériaux de construction ou en mobilier.
À l’occasion d’une longue escale en Polynésie française, le navire s’est particulièrement intéressé à la perliculture. Cette activité représente la 2ᵉ économie du territoire après le tourisme et devant la pêche (source : Direction des ressources marines).
Une activité juteuse qui ne produit pas seulement des perles, mais aussi de nombreux plastiques…
« Colliers de perles, l'océan en paie également le prix », un grand Reportage de Margaux Bédé et Quentin Pommier.
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Le Mexique est de loin le premier producteur mondial d’avocats. Chaque année, il envoie la moitié de ses fruits à l’étranger, tant la demande internationale est immense. Principalement les États-Unis, voisin à l’appétit insatiable qui en achète l’équivalent de 3 milliards de dollars. Il s’agit d’un commerce lucratif, mais ses conséquences sont dévastatrices. La culture intensive de l’avocat détruit les forêts et attire l’avarice des groupes criminels. (Rediffusion du 02/10/2024)
L’État du Michoacan, situé à l’ouest du plateau central mexicain, concentre la majorité de la production. Là-bas, le secteur contrôle tout et impose ses lois et sème la terreur en toute impunité.
« La face cachée de la culture d’avocats au Mexique », un Grand reportage de Gwendolina Duval.
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Le nord du Chili est devenu le maitre incontestable de l’astronomie mondiale. Les observatoires les plus puissants de la planète y sont construits, attirant les meilleurs astronomes, mais aussi, de très nombreux touristes. La ville de San Pedro de Atacama s’est ainsi transformée en capitale mondiale du tourisme astronomique, ou astrotourisme. Cela s'est fait rapidement : en une dizaine d’années. Mais rien ne garantit que le ciel le plus pur du monde ne le reste pour toujours...
« L’observation des étoiles au Chili, sous la menace », c’est un grand reportage de Marion Bellal.
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Dans le supplément de ce dimanche, en première partie, nous avons rendez-vous avec Nicolas Rocca à Taïwan en position défensive face à la menaces chinoise et avec Juliette Dubois qui nous parle du projet de dépollution de la baie de Hann à Dakar au Sénégal.
La défense taïwanaise au défi de la pression chinoiseAprès les infiltrations multidimensionnelles de la Chine, aujourd’hui, l’armée taïwanaise sur la défensive. Les manœuvres de l’armée chinoise à portée de canon de Taïwan ne cessent de se multiplier : bruits de bottes, bourdonnements dans le ciel, ronds dans l’eau de frégates agressives.
Dans un paysage géopolitique instable, l’avenir de la petite île de 23 millions d’habitants, séparée de la République populaire de Chine depuis 1949, est incertain. De Pékin, Xi Jinping ravivant régulièrement son rêve de triomphante réunification. Alors que les États-Unis, seul pays qui accepte de vendre des armes à Taipei, se désengagent des affaires du monde, l’île s’organise, seule, avec les moyens du bord.
Un Grand reportage de Nicolas Rocca qui s'entretient avec Jacques Allix.
À Dakar, sauver la baie de Hann de l'asphyxieLa capitale sénégalaise, côté pile, incarne le décor idyllique des cartes postales : corniche qui surplombe l’océan Atlantique, plages animées et surfeurs. Mais côté face, la réalité de Dakar est tout autre. La baie de Hann est massivement polluée. Elle s’étend sur 20 kilomètres à l’est de la capitale et abrite : le port de Dakar, des quartiers de pêcheurs et une vaste zone industrielle.
Autrefois appréciée des habitants et des visiteurs pour ses eaux calmes et ses plages de sable fin, la baie est aujourd’hui envahie par les ordures : 65% des déchets industriels et 35% des déchets ménagers de Dakar y sont déversés. Pollution maximum, danger pour la santé.
Un nouveau projet de dépollution, lancé en 2018, avance doucement. Une grosse station d’épuration devrait être achevée l’an prochain, et tout le réseau d’assainissement repensé.
Un Grand reportage de Juliette Dubois qui s'entretient avec Jacques Allix.
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Matières premières et énergie nucléaire au sommaire de ce supplément. Dans la première partie, les gisements de fer des monts du Simandou pourraient marquer un tournant décisif pour l'économie guinéenne. En deuxième partie, direction la France, avec Pauline Gleize qui nous expliquera comment on démantèle une centrale nucléaire, celle de Fessenheim, un chantier titanesque.
Simandou : miracle ou mirage pour l'économie guinéenne ?L'exploitation des immenses réserves de fer des monts du Simandou pourrait marquer un tournant décisif pour l'économie guinéenne. Estimées à près de 8 milliards de tonnes de minerai, ces réserves font l'objet de discussions depuis trois décennies. Les autorités prévoient une entrée en production pour la fin de l'année 2025, présentant ce projet comme la vitrine de leur ambition économique. Face au manque de transparence, la population guinéenne, qui a connu les désillusions de l’exploitation de bauxite, oscille entre espoir et scepticisme.
Un Grand reportage de Alexis Bédu qui s'entretient avec Jacques Allix.
Fessenheim : comment démanteler une centrale nucléaire ?Fessenheim… en Alsace, à la frontière avec l’Allemagne. Un village surtout connu en France pour sa centrale nucléaire. Ses deux réacteurs ont été arrêtés en 2020, promesse de campagne des présidents François Hollande, puis Emmanuel Macron, avant que ce dernier ne décide en 2022 de relancer l’atome. Contrairement à d’autres réacteurs du parc, qui en compte 57, la centrale de Fessenheim n’a pas eu de sursis. Elle était la plus vieille en activité. Elle a été fermée. L’histoire nucléaire de ce village alsacien n’en est pour autant pas terminée. Le démantèlement ne devrait pas être finalisé avant 2041.
Un Grand reportage de Pauline Gleize qui s'entretient avec Jacques Allix.
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Fessenheim… en Alsace, à la frontière avec l’Allemagne. Un village surtout connu en France pour sa centrale nucléaire. Ses deux réacteurs ont été arrêtés en 2020, promesse de campagne des présidents François Hollande, puis Emmanuel Macron, avant que ce dernier ne décide en 2022 de relancer l’atome. Contrairement à d’autres réacteurs du parc, qui en compte 57, la centrale de Fessenheim n’a pas eu de sursis. Elle était la plus vieille en activité. Elle a été fermée. L’histoire nucléaire de ce village alsacien n’en est pour autant pas terminée. Le démantèlement ne devrait pas être finalisé avant 2041.
« Fessenheim : comment démanteler une centrale nucléaire ? » Un Grand reportage de Pauline Gleize.
À écouter aussiArrêt sur Fessenheim, la plus vieille centrale nucléaire de France ferme
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L'armée populaire de libération (APL), munie de ses avions de chasse, d’une marine modernisée et d’une force de frappe infiniment supérieure, a intensifié sa pression sur Taïwan et ses 23 millions d’habitants. Face à Goliath, la petite île cherche à utiliser tous ses atouts pour rendre trop couteux le rêve de « réunification » de Xi Jinping.
De Nicolas Rocca envoyé spécial à Taïwan et Igor Gauquelin à Paris,
Les mirages 2000 décollent et atterrissent dans un balai incessant sur la base aérienne de Hsinchu, chargés de protéger la capitale Taipei, à 80 km plus au nord. Cette ville de la côte ouest héberge aussi le siège de TSMC, l’entreprise dont les semi-conducteurs de pointe sont vitaux pour faire tourner l’économie planétaire. Quelques jours plus tôt, ont été lancés des exercices de « réponse immédiate » mobilisant toutes les branches de l’armée taïwanaise pour répliquer à la pression chinoise.
« La plupart du temps, on prépare l’avion en quelques minutes, mais si on est très pressé, on peut aller plus vite », explique le lieutenant-colonel Wu Meng-che à côté d’un des 54 avions de chasses encore opérationnels parmi les 60 livrés par la France à la fin des années 1990.
Pression croissanteSi ces chasseurs à la carlingue fatiguée sont encore opérationnels, c’est, notamment, car Taïwan fait face à un défi unique. Personne, sauf les États-Unis, n’accepte désormais de lui livrer des armes ou des équipements militaires de peur de fâcher le voisin chinois. Pourtant, l'année dernière, plus de 3 000 avions de l’APL [NDLR Armée populaire de libération, nom de l’armée chinoise] ont été identifiés dans l’ADIZ taïwanais (espace d’identification aérienne). Contre 972 en 2021. « La plupart du temps, on a déjà des avions dans les airs qui vont effectuer les vérifications nécessaires, mais parfois, on nous demande de décoller en urgence », assure le lieutenant-colonel de 39 ans. « Notre centre de commandement dit aux avions chinois : "Notre limite est ici, vous ne pouvez pas la franchir", mais eux répondent : "C'est notre territoire, notre espace aérien". » Une intimidation permise par le déséquilibre des forces. Malgré une récente livraison de 66 nouveaux F-16 américains, ses vieux mirages et sa production d’avions indigènes, Taïwan possède seulement un peu moins de 400 avions de chasses. La Chine, elle, en dispose de plus de 1 500. Un chiffre en constante augmentation.
Ce déséquilibre est flagrant dans tous les secteurs. Amaigris par un taux de natalité en chute libre, les effectifs de l’armée taïwanaise ne cessent de se réduire. En plus du service militaire, allongé de quatre mois à un an, pour ceux nés après 2004, qui vient grossir le rang du 1,6 million de réservistes, l’armée compte sur ses soldats de métiers, plus 152 000 en 2024. Des chiffres limités face aux 2 millions de militaires de carrière de l’APL.
Alors, dans les villes de l’île, des affiches sont placardées pour inciter les jeunes recrues à s’engager. « Moi, je veux bien faire carrière dans la marine, mon père me dit que c’est une bonne idée et que la paie est bonne », assure un jeune homme de 17 ans, emmené par son lycée au port de Keelung visiter deux frégates et un ravitailleur mis en avant par la marine. Même question à un adolescent, mais une réponse à l’opposée. « On n'apprend rien en un an de service militaire. Et si on va à la guerre, notre armée n’a pas la capacité de résister. Qu’est-ce que je dois faire ? Me battre ? Fuir ? » Des réactions qui témoignent de l’incertitude persistante sur la résilience taïwanaise en cas de conflit. « Cette question de l’esprit de défense à Taïwan n’est pas claire, résume Mathieu Duchatel, directeur du programme Asie à l’Institut Montaigne. Du côté de Pékin, on constate qu’il y a une erreur d’appréciation terrible de la Russie sur la détermination de l'Ukraine à résister. On peut même se dire que ce flou sur la réaction de la société taïwanaise est une forme de dissuasion pour la Chine. »
À écouter aussiTaiwan secoué par les infiltrations chinoises
« Porc-épic »Ce mot résume la mentalité de l’armée de l'île, symbolisée par ce pari d’une défense asymétrique ou celle dite du « porc-épic », selon les mots utilisés par l’ex-présidente Tsai Ying-wen. À l’image du rongeur, l’objectif est de rendre, avec des moyens limités, la proie taïwanaise trop dure à avaler pour le prédateur chinois. « L’armée est en transition, mais elle est héritière de celle du KMT (Guo Min-tank), qui a fui la Chine en 1949, avec des plateformes lourdes, des chars, des gros navires…, explique Tanguy Le Pesant, chercheur associé au Centre d’études français sur la Chine contemporaine. Maintenant, elle souhaite se doter d’armes plus petites et moins couteuses, des missiles anti-navires, des drones aériens, de surface, sous-marins. »
Une mutation déjà bien entamée, avec une industrie locale dynamique permettant de produire missiles et drones en grande quantité. Mais la tradition persiste. « Il y a eu longtemps une inertie culturelle au sein de l’armée taïwanaise, favorable aux gros équipements qui sont aussi une cible facile », résume Marc Julienne, directeur du Centre Asie de l’Ifri. Une inertie loin d’avoir disparu, en témoigne le projet très décrié et onéreux du Hai Kun, premier sous-marin indigène, dont les derniers essais sont censés avoir lieu en avril 2025. Mais face à la flotte chinoise et sa soixantaine de sous-marins qu'elle devrait affronter dans un détroit peu profond, son utilité est très débattue. « L’autre élément pour Taïwan est d’utiliser la géographie de l’île à son avantage, explique Tanguy Lepesant : « Il existe une centaine de sommets permettant à l’armée taïwanaise de se cacher, d’envoyer des salves de missiles, et les côtes sont aussi à leur avantage, très difficiles d’accès et escarpées. » De quoi rendre un débarquement extrêmement complexe, malgré les imposantes barges développées récemment par l’APL.
Si Taïwan ne manque pas d’atout pour décourager la Chine d’envahir, « notre sécurité dépend aussi de la crédibilité de l’armée américaine dans la région », reconnaît François Wu, vice-ministre des Affaires étrangères de l’île. Et rien de tel pour garantir le soutien continu de Washington que de préserver la place centrale de Taïwan au sein de l’économie mondiale. 68% des semi-conducteurs sont produits par des entreprises taïwanaises et 90% des puces les plus innovantes par TSMC, qui vient d'investir 100 milliards de dollars aux États-Unis. Cette industrie, surnommée « bouclier du silicium », semble représenter une assurance-vie encore plus cruciale que son armée, pour l’île de 23 millions d’habitants.
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La capitale sénégalaise, côté pile, incarne le décor idyllique des cartes postales : corniche qui surplombe l’océan Atlantique, plages animées et surfeurs. Mais côté face, la réalité de Dakar est tout autre. La baie de Hann est massivement polluée. Elle s’étend sur 20 kilomètres à l’est de la capitale et abrite : le port de Dakar, des quartiers de pêcheurs et une vaste zone industrielle.
Autrefois appréciée des habitants et des visiteurs pour ses eaux calmes et ses plages de sable fin, la baie est aujourd’hui envahie par les ordures : 65% des déchets industriels et 35% des déchets ménagers de Dakar y sont déversés. Pollution maximum, danger pour la santé.
Un nouveau projet de dépollution, lancé en 2018, avance doucement. Une grosse station d’épuration devrait être achevée l’an prochain, et tout le réseau d’assainissement repensé.
« À Dakar, sauver la baie de Hann de l'asphyxie », un Grand reportage de Juliette Dubois.
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L'exploitation des immenses réserves de fer des monts du Simandou pourrait marquer un tournant décisif pour l'économie guinéenne. Estimées à près de 8 milliards de tonnes de minerai, ces réserves font l'objet de discussions depuis trois décennies. Les autorités prévoient une entrée en production pour la fin de l'année 2025, présentant ce projet comme la vitrine de leur ambition économique. Face au manque de transparence, la population guinéenne, qui a connu les désillusions de l’exploitation de bauxite, oscille entre espoir et scepticisme.
Sur le chantier du chemin de fer, la poussière et les boues envahissent les champs, rendant impossible toute culture. Mamoudou Youla, habitant du village de Sounganyia marche sur la terre craquelée qui a envahi sa rizière. « Tout ça, là, c'est le lieu de travail. Depuis que les sociétés minières sont arrivées il y a cinq ans, on ne travaille pas ici, rien, tout est gâté. », se lamente-t-il. Les dédommagements promis par les miniers ne suffisent pas à compenser les pertes subies par les agriculteurs. Mamaseta Camara, une autre habitante, exprime son désenchantement face aux promesses non tenues. « Quand les entreprises sont arrivées ici, j’étais contente, je me suis dit que c’était une opportunité pour nous. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu. On subit de nombreux impacts. » Tout se fissure. Les murs des maisons, comme la confiance des habitants envers les sociétés.
Il n’y aurait pas eu assez d’emploi pour les jeunes de Soungayah. La corruption autour du chantier est un autre sujet de préoccupation. « Quand vous allez sur le chantier pour du travail, il y a des intermédiaires qui vous demandent de l’argent. Environ 1 million et demi de francs guinéens », témoigne anonymement ce jeune homme. Il a le verbe haut et une profonde colère en lui. « À Conakry, on dit que nous sommes les boss. Qu’il y a un grand projet chez nous, le grand port de la Guinée, et donc qu’on est les rois, mais les gens ne savent pas ce qui se passe réellement ici. Pas d’emploi, pas d’eau, pas d’hôpital. J’en veux aux autorités guinéennes. Parce que depuis que le projet a commencé ici, personne ne s'est déplacé pour voir ce que nous traversons ici. Ils s'en foutent de nous ». Plus de 33 000 emplois ont déjà été créés sur le corridor, avançait Mamadi Doumbouya, le président de la transition, lors de ses derniers vœux à la nation.
Des retombées XXL espérées pour l’économie guinéenneInitié en 1997, le projet Simandou a connu de nombreux rebondissements. D'abord attribués à Rio Tinto, les blocs 1 et 2 ont ensuite été confiés à BSGR, avant d'être réattribués à Winning Consortium Simandou en 2019, un partenariat sino-singapourien avec une participation guinéenne. Après le coup d'État en 2021, les travaux ont été interrompus par la junte. Puis, le géant de l'acier Baowu Steel a investi 6 milliards de dollars dans le projet, renforçant l'engagement de la Chine. Les espoirs sont énormes. Les autorités guinéennes misent sur des retombées économiques annuelles de 600 à 700 millions de dollars via des taxes et redevances. « Les ressources générées par les mines du projet Simandou et la transformation locale des minerais par la construction des raffineries nous ouvrent des perspectives heureuses d’avenir. », se réjouissait Mamadi Doumbouya. La construction d'une aciérie permettrait également de transformer une partie du fer sur place.
« Nous osons espérer que cela soit la bonne cette fois, explique l’économiste Mohammed Camara. Pour un projet minier, l'important, c'est qu'est-ce qu'on en tire comme fiscalité, quels sont les impôts et taxes que ce projet va payer à l'État ? Il faut voir le projet sur du long terme et s’assurer de l’utilisation efficace des ressources. Le peu que l’on gagne, il faut l’investir où on peut impacter le plus. »
Le « pont vers la prospérité » vanté par les autorités guinéennes n’est pas garanti. « Les autorités comptent beaucoup sur le Simandou parce que c’est un projet qui va doubler le produit intérieur brut du pays, mais attention, il ne faut pas croire que cela va régler tous les problèmes d’un seul coup », poursuit Mohammed Camara.
Des contrats miniers toujours secretsD’autant qu’un doute subsiste sur les retombées économiques réelles. Les contrats signés entre l’État et les sociétés minières n’ont en effet pas été publiés. Ces trois conventions minières, ferroviaires et portuaires finalisées en 2023 ne sont connues que de quelques-uns dans le pays. « On se demande bien qui les a vues, c’est l’omerta la plus totale », témoigne un ancien proche du ministère des Mines.
La publication des contrats est obligatoire selon le code minier guinéen. Or, ces conventions validées par la Cour suprême adoptées par le CNT – l'Assemblée nationale guinéenne – en février 2024 sont introuvables. Manque de transparence flagrant pour certains acteurs de la société civile. Incompréhension pour Oumar Totiya Barry de l’Observatoire des mines et métaux : « Officiellement, le Premier ministre parle de contrat stratégique, donc de secret d'État. Le ministre des Mines évoque le fait que le processus de négociation n'est pas terminé. Mais on sait quand même que ces documents sont passés au niveau du CNT et donc, que le processus est à son terme. On ne comprend pas pourquoi la Guinée ne rend pas encore public ces contrats. Cela aiderait aujourd'hui à améliorer le niveau de compréhension. »
À lire aussiGuinée: de Sekou Touré à Mamadi Doumbouya, l’incroyable histoire du gisement de fer de Simandou
Même du côté des sociétés minières, on peine à comprendre ce manque de transparence. Mais le gouvernement reste droit dans ses bottes sur cette question. « Quand on négocie avec quelqu’un, il y a toujours des clauses de confidentialité, explique le ministre du plan Ismaël Nabé. Nous sommes en train de discuter avec les partenaires industriels et on publiera au temps opportun. On renégocie parce que la Guinée était perdante. Nous sommes avec des partenaires et on doit avoir un commun accord, et respecter ce que l’on s’est dit. Si on est d’accord, ça sera publié. »
Les éléments juridiques des conventions signées ont déjà été publiés dans un numéro spécial du Journal officiel qui n’a pas été rendu public, mais que RFI a pu se procurer. Certains y voient la preuve que tout est déjà négocié et que les autorités n’ont pas envie de dévoiler des contrats qui seraient défavorables à la Guinée. Un des négociateurs nous informe que la plupart des contrats de revente par lesquels les clients achètent le minerai produit ne sont pas encore signés. Le prix de revente du fer de Simandou – élément clé pour le calcul des recettes de l’État – ne serait pas fixé. Djiba Diakité, le président du comité stratégique de Simandou, a récemment expliqué dans une interview à Forbes Afrique que « si on mettait bout à bout tous les documents contractuels de Simandou... ça ferait 14 kilomètres ».
Un train pour le minerai et pour les passagers ?La Guinée veut croire à la renaissance de son réseau ferroviaire grâce au gigantesque projet minier. Le gisement de fer, l'un des plus riches au monde, doit être relié au port de Moribayah par une ligne de chemin de fer de 650 kilomètres. Une infrastructure qui cristallise les espoirs de désenclavement de la Haute et Moyenne-Guinée. Pensée comme une double voie, cette ligne doit permettre non seulement l'acheminement du minerai vers la côte, mais aussi, à terme, le transport de marchandises et de passagers. « Le chemin de fer est multi-utilisateur. Une partie va servir aux miniers, une autre aux marchandises, mais aussi aux personnes. L’objectif est de développer plus de 2 000 km de voie ferrée dans le pays », déclare Ismaël Nabé, ministre du Plan à RFI.
Cette ambition de désenclaver les régions agricoles, comme la zone de Kankan ou de N'zérékoré, suscite l'enthousiasme. Certains imaginent déjà des trains chargés d'ignames ou de bananes rejoindre plus facilement les marchés urbains. Mais sur le terrain, les observateurs sont plus prudents. « L'idée d'un train passager est séduisante, mais peu réaliste dans l'état actuel du tracé », estime Oumar Totiya Barry, directeur de l’Observatoire des mines et métaux. Selon lui, la ligne évite les grands centres urbains. « Il y a bien une quinzaine de gares prévues, mais elles sont souvent à des dizaines de kilomètres des villes. Madina Oula, par exemple, se trouve à plus de 80 km de Kindia. Pour Mamou, c'est le même problème avec la gare de Farenta. » En cause, une logique de tracé prioritairement industrielle. Le chemin de fer suit le chemin le plus court et le moins coûteux entre la mine et le port, au détriment d'une intégration fine au territoire. « Le mariage entre aménagement du territoire et conception du chemin de fer n'a pas suffisamment fonctionné », regrette Oumar Totiya Barry.
À Kaloum, cœur battant de Conakry, certains commerçants restent sceptiques. Marqués par les promesses non tenues des précédents projets miniers, ils redoutent que Simandou ne soit qu’un mirage de plus. Dans les zones d’exploitation de la bauxite, comme à Boké, l’exploitation a certes rapporté des devises, mais elle a aussi laissé des séquelles : pollution de l’air, raréfaction de l’eau potable, routes dégradées. « Simandou, c’est du vent », tranche un commerçant, dénonçant une richesse qui ne profite toujours pas à la population. En attendant, Simandou creuse son sillon, porté par de grandes ambitions.
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Dans le supplément de ce dimanche, en première partie, nous avons rendez-vous avec Nicolas Rocca qui a enquêté à Taiwan et avec Maria Casadebaig qui nous parlera de ces réfugiés ukrainiens qui se sont regroupés à Saint-Nazaire, le plus grand centre de construction navale d'Europe. Avant la guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine, des Ukrainiens y travaillaient déjà et des réfugiés sont venus renforcer cette communauté soudée face à l'adversité.
Taiwan secoué par les infiltrations chinoises« Personne ne peut empêcher la réunification ». Par ces mots, Xi Jinping le dirigeant chinois (à l’occasion du Nouvel an) insiste à nouveau sur ses ambitions pour l’île de Taiwan.
Indépendante, de fait, depuis la fin de la guerre civile, Taiwan est devenue démocratique à la fin des années 80.
Et elle n’a de cesse de lutter contre la volonté de la grande Chine communiste de réunir les 2 rives du détroit. D’autant que cette dynamique s’est renforcée sous ce règne Xi Jinping.
Incursions d’avions de chasse et de navires, infiltration de l’armée, influence du monde politique et culturel et de la société taïwanaise, Taipeh essaie de faire face à cette guerre hybride, menée par une « force étrangère hostile » selon les mots du président de la petite île.
Un Grand reportage de Nicolas Rocca qui s'entretient avec Jacques Allix.
Saint-Nazaire : un port d'attache pour les réfugiés ukrainiensPlus de 3 ans après le début de l'invasion russe, Moscou continue de grignoter l’Ukraine par son flan Est. Parallèlement, sous la pression des États-Unis de Donald Trump, la question d'un potentiel cessez-le-feu n'a jamais été autant d'actualité.
Pour les quelque 7 millions d'Ukrainiens qui ont quitté leur pays, globalement, la question d’un retour à la maison ne se pose pas encore.
Ils sont près de 90 000 sur le sol français. Partis dès le début de la guerre, ils ont reconstruit, tant bien que mal, en 3 ans, une nouvelle vie en France.
Après Paris et Lyon, c'est à Saint-Nazaire qu’ils sont le plus nombreux.
Une ville moyenne, un port de la côte ouest, dont les liens avec l'Ukraine expliquent ce regroupement d’exilés, devenue une communauté très intégrée.
Un Grand reportage de Marie Casadebaig qui s'entretient avec Jacques Allix.
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Turquie et Gabon au sommaire du Grand reportage du supplément du samedi. Dans la première partie, le Gabon aux urnes pour l'élection présidentielle le samedi 12 avril 2025. En deuxième partie, direction la Turquie, pour le reportage de Céline Pierre-Magnani, nous revenons sur la déclaration historique du chef charismatique du PKK, la guérilla kurde, Abdullah Öcalan a annoncé la fin de la lutte armée.
Gabon : le Général Oligui Nguéma, entre rupture et continuité de l’ère BongoLes Gabonais sont appelés aux urnes le 12 avril 2025. Pour une élection présidentielle marquant la sortie de la transition, mise en place après le renversement du président Ali Bongo par les militaires le 30 août 2023. Son chef, le général Brice Clotaire Oligui Nguema sera candidat face à sept autres postulants pour poursuivre ce qu’il appelle la « restauration » du pays.
Pour cela, il n’hésite pas à se placer dans les pas d’Omar Bongo dans sa pratique du pouvoir, en premier lieu dans la province dont les 2 hommes sont originaires : le Haut-Ogooué, dans l’est du pays.
Un Grand reportage de François Mazet qui s'entretient avec Jacques Allix.
Turquie : la dissolution du PKK : la route est encore longueNous revenons sur la déclaration historique du chef charismatique du PKK, la guérilla kurde, Abdullah Öcalan a annoncé la fin de la lutte armée.
Un Grand reportage de Céline Pierre-Magnani qui s'entretient avec Jacques Allix.
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Achat d’influenceurs taiwanais, expulsion d’épouses chinoises prônant l’invasion, scandales d'espionnage dans l’armée, liens troubles d’hommes politiques qui multiplient les voyages en Chine. À Taïwan, les scandales autour du Front uni, le réseau d’influence de Pékin sur l’île, se multiplient, et la société taïwanaise est sur le qui-vive.
De notre envoyé spécial à Taiwan,
Panneau en bois vert dans la main, gilet blanc sur les épaules sur lesquels sont inscrits les mêmes caractères « Ba mian ». Cette expression désigne le mouvement de révocation historique qui traverse l’île, où fleurissent ces rassemblements pour récolter les signatures nécessaires pour éjecter de leur siège une trentaine de députés du KMT, le parti conservateur. Cette formation majoritaire au Parlement est accusée de « paralyser la cour constitutionnelle de baisser le budget, mais aussi d’être beaucoup trop proche de la Chine, résume Rebecca Guo, 33 ans. La jeune femme fait partie d’un mouvement citoyen récoltant le seuil de signatures nécessaires pour organiser une réélection dans sa circonscription de Xinzhu (Hsinchu), dans l’ouest du pays. « Le Kuomintang a des parlementaires élus dans notre pays, mais qui servent les intérêts du Parti Communiste Chinois ». Dans son viseur, notamment Fu Kun-chi, chef du KMT au Parlement, adepte des voyages sur le continent. « Ils ne reçoivent pas forcément de l’argent directement, mais des cadeaux, des produits qui viennent d’usines chinoises et cela met en danger la démocratie taïwanaise ». La mutation de ce mouvement citoyen « Bamian », parti d’un rejet des blocages à l’assemblée à une dénonciation des infiltrations chinoises, est symptomatique de l’importance prise par le sujet ces derniers mois à Taiwan.
À écouter aussiComment Taïwan se prépare face à la Chine?
Faire infuser l’idée de l’unificationPourtant cette stratégie d’influence de Pékin, mise en place par le Front uni n’est pas nouvelle. « L'idée est de nouer des amitiés en dehors du Parti et les préserver pour appliquer ses objectifs politiques, explique Liu Wenbin, ancien chercheur au Bureau d’enquête du ministère de la Justice qui a passé près de 40 ans à travailler sur les infiltrations chinoises pour cela ils utilisent des relais différents comme les temples et Mazu». Cette déesse des océans fait l’objet d’un culte des deux côtés du détroit, et des centaines de milliers de taiwanais partent en pèlerinage dans la province chinoise du Fujian chaque année. Un culte qui a fait l’objet d'inquiétudes à Taiwan, car utilisée selon certains pour faire infuser l’unification dans l’esprit des 23 millions d’habitants de l’île. Des liens historiques, comme ceux qu’entretiennent les élus du KMT avec le continent, mais la succession d’affaires a de quoi interroger.
En décembre, deux influenceurs ont publié un documentaire sur les méthodes du Front uni, le réseau qu’utilise le PCC (Parti Communiste Chinois), pour promouvoir l’arrivée de Taïwan sous son contrôle. Chen Bo-yuan, rappeur et créateur de contenus, a décidé après plusieurs années passées à défendre ouvertement l’unification sur les réseaux sociaux taiwanais, a décidé de retourner sa veste et de piéger ses anciens partenaires. Il révèle comment le Front uni achète des influenceurs taiwanais pour faire infuser son discours. « Des officiels en Chine me disaient : « tu as vu ce qui se passe à Taiwan ? Tu peux faire une vidéo ? Et comme ça je faisais une chanson ou un clip pour critiquer le gouvernement ou les États-Unis », explique Chen Bo-yuan à RFI. En revenant en Chine, il rencontre un intermédiaire qui assure que la Chine imprime des cartes d’identité chinoises à de jeunes Taiwanais, attirés sur le continent pour créer leur entreprise.
Trois fois plus de cas d’espionnageEn janvier, un général à la retraite a été mis en examen avec cinq complices pour « violation de la sécurité nationale », accusé d’avoir été mandaté par la Chine pour réunir des forces à l’intérieur du pays en cas d’invasion. L’année dernière, 64 personnes ont été inculpées pour espionnage au service de la Chine, trois fois plus qu’en 2021. Une affaire en décalage avec ce que l’avocat spécialisé sur les affaires dans l’armée, Nie Rui-yi a constaté dans ses dossiers. « Avant, le PCC visait surtout des soldats en service actif, avec des grades moyens ou élevés pour obtenir des renseignements, explique l’ancien juge à la Cour martiale, maintenant quel que soit votre rang, votre statut militaire, ils s’intéressent à vous. Que ça soit pour développer le réseau à l’intérieur de Taïwan, ou simplement pour filmer une vidéo en uniforme où le soldat prête allégeance au Parti pour leur guerre psychologique, tout les intéresse ».
La semaine dernière, Yaya à Taiwan, une influenceuse chinoise a vu son permis de résidence sur l’île annulé, après avoir défendu une invasion de l’île. Les affaires politiques, elles, et les accusations de corruption d’élus au profit de Pékin sont fréquentes, notamment venus du camp démocrate (DDP). Alors face aux difficultés que représente une invasion, est-ce que la Chine a intensifié ses efforts pour une absorption douce de Taiwan ? «Difficile de déterminer, répond Liu Wen-bin. Est-ce qu’ils infiltrent plus ? Ou est-ce que nos capacités à les détecter se sont améliorées ?»
Face à l’émoi collectif, particulièrement au sein de son propre camp le président Laï Qing-de, « un dangereux séparatiste », selon Pékin, a annoncé en mars 17 mesures pour lutter contre les tentatives d’absorption douce de l’île. Parmi elles, la restriction des conditions de visas pour les résidents chinois, une enquête sur les fonctionnaires qui disposent de cartes d’identité chinoises et sur les voyages d’élus vers le continent, mais aussi le retour des tribunaux militaires, vieil héritage de la dictature, afin de juger les espions dans l’armée. Une dérive dangereuse pour le KMT, « notre gouvernement ne peut pas utiliser cela comme excuse pour restreindre nos libertés, assure Chance Hsu, directeur adjoint des Affaires internationales du parti. Nous estimons que soutenir l’unification reste dans le domaine de la liberté d’expression ». Le jeune homme met en garde face à une rupture trop forte des liens avec Pékin, qui, face à son incapacité de séduire Taiwan grâce à la méthode douce, pourrait avoir recours à la force.
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Plus de 3 ans après le début de l'invasion russe, Moscou continue de grignoter l’Ukraine par son flan Est. Parallèlement, sous la pression des États-Unis de Donald Trump, la question d'un potentiel cessez-le-feu n'a jamais été autant d'actualité.
Pour les quelque 7 millions d'Ukrainiens qui ont quitté leur pays, globalement, la question d’un retour à la maison ne se pose pas encore.
Ils sont près de 90 000 sur le sol français. Partis dès le début de la guerre, ils ont reconstruit, tant bien que mal, en 3 ans, une nouvelle vie en France.
Après Paris et Lyon, c'est à Saint-Nazaire qu’ils sont le plus nombreux.
Une ville moyenne, un port de la côte ouest, dont les liens avec l'Ukraine expliquent ce regroupement d’exilés, devenue une communauté très intégrée.
«Saint-Nazaire : un port d'attache pour les réfugiés ukrainiens», un Grand reportage de Marie Casadebaig.
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