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Aujourd’hui on ne doit plus demander à une femme victime de violences et d’emprise pourquoi elle n’est pas partie, car c’est encore lui faire porter le poids de la culpabilité. La question ne doit plus être pourquoi elle est restée, mais comment lui, le bourreau, a-t-il fait pour qu’elle reste ? Comme disait Simone de Beauvoir, nommer, c’est dévoiler et dévoiler c’est agir. Il faut poser des mots sur les maux, définir des termes comme le contrôle coercitif. Il est urgent et nécessaire de reconnaître cette notion dans le code pénal français, qui, pour l’instant n’existe que dans quelques cas de jurisprudence.
Pour cet épisode numéro 10 consacré au contrôle coercitif, Julie Mamou-Mani est entourée d’Isabelle Drean-Rivette, magistrate et spécialisée dans cette question, d’Andreea Gruev-Vintila, docteure en psychologie et autrice du livre Le contrôle coercitif au cœur des violences conjugales ainsi que de Justine, ancienne victime de violences psychologiques et physiques de la part de son ex-conjoint.
Si vous doutez de ce que vous vivez, faites le test créé par Sarah Barukh « Suis-je victime de violences conjugales » sur www.125etaprès.org
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Idée reçue N°9 : Les victimes sont toujours issues de milieux défavorisés
Contrairement aux idées reçues, les violences conjugales ne sont pas un problème de classes sociales : elles concernent aussi bien les intellectuels, les beaux quartiers, les CSP+ que les milieux populaires. Les chiffres et les témoignages le prouvent, personne n’est épargné. Magistrates, actrices, cheffes d’entreprises, médecins ou cadres supérieures… aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses à oser parler ou porter plainte, malgré la loi du silence, le sentiment de honte et de culpabilité, la peur du déclassement et de l’isolement
Pour déconstruire ce cliché, Julie Mamou-Mani est entourée de trois spécialistes de la question : Isabelle Rome, ancienne ministre déléguée chargée de l’égalité hommes/femmes, Hélène Romano, docteure en psychopathologie, droit privé et sciences criminelles, ainsi que Laurène Daycard, journaliste, autrice notamment de Nos absentes, À l'origine des féminicides.
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Idée reçue N°8 : Si elle me dit que ça va, je la crois ?
Dans les phénomènes d’emprise, la victime est souvent dans le déni et se raconte une belle histoire d’amour bien sûr. Et elle répète autour d’elle que tout va bien. Doit-on continuer à la croire ? Il y a pourtant des signes qui ne trompent pas et qu’il faut apprendre à décoder.
Si on a des doutes sur la situation que vit notre fille, notre amie, notre collègue…. en vrai on fait quoi ? Comment ne plus se satisfaire de ses « Tout va bien » qui cachent une sombre réalité ? Comment repérer les femmes victimes de violences de la part de leur conjoint ? Pour cet épisode numéro 8 où l’on parlera de signaux faibles et d’écoute active, Julie Mamou-Mani reçoit Natacha Coudray, hypnothérapeute, fille de Nadia Guillemain morte de féminicide en 2022, Ludivine Casilli, ancienne victime, coach, thérapeute et bénévole pour l’association 125 et après, ainsi que Clémentine Lévy, formatrice à la FNSF qui sensibilise les entreprises à la détection des victimes de violences conjugales.
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Idée reçue N°7 : Les violences sont toujours dues à la masculinité toxique
Au début, les futurs auteurs de violences conjugales sont souvent de beaux princes charmants, charismatiques et pleins d’attentions. Si tous les agresseurs étaient des brutes, la plupart des femmes fuiraient en courant, non ? Alors qu’est-ce qui fait qu’on est attirées par ce genre de personnalités à la masculinité dite toxique ? Y aurait-il un profil-type d’hommes violents ?
En réalité, on ne devrait pas parler d’hommes violents, mais d’hommes avec des comportements violents. Une partie d’entre eux ne jouissent pas de la souffrance qu’ils causent, mais sont le résultat d’une histoire, d’une somme de traumatismes.
Dans cet épisode numéro 7 du Podcast Rester Vivante(s), on a voulu s’interroger sur cette violence. D’où vient-elle ? Et surtout comment la combattre ? Pour répondre à cette vaste question et trouver des solutions, Julie Manou-Mani est entourée d’Anne-Charlotte Jelty, une des rares expertes dans la prise en charge des auteurs de violences conjugales et Anaïs Vois, psychologue clinicienne et psychothérapeute. Elles sont accompagnées d’Alexandre Ciolek, réalisateur, qui nous apporte son témoignage d’ancienne victime de violences de la part de son père lorsqu’il était enfant.
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Quand on pense violences conjugales, on pense femmes en souffrance, patriarcat, masculinité toxique, hétérosexualité et relations de domination. Si tout cela est vrai, peut-on réduire le phénomène à ces seules représentations ?
La mort de Valérie Dryf, tuée par sa femme prouve le contraire. Et elle n’est pas un cas isolé. Le tabou autour des violences conjugales au sein des couples LGBT serait-il une discrimination supplémentaire ? Un schéma à déconstruire d’urgence.
Pour en parler Julie Mamou-Mani est entourée de Vanessa Ricoul et Johan Cavirot l’actuelle présidente et l’ex président de l'association formidable FLAG mais aussi Maitre Anne-Sophie Laguens avocate au Barreau de Paris et Florence Dauchez journaliste et créatrice du media Visible et pour 125 et des milliers elle a écrit l’histoire de Valérie tuée par sa femme, dont la sœur ne parvenait pas à faire reconnaitre le féminicide.
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Idée reçue n°5 : tu n’avais qu’à partir !
"J’ai fui avec mon bébé dans la nuit du 5 au 6 juin 2020 pour échapper à la violence de son père. Chez mes parents, en train de chercher des réponses à toutes mes questions, je me suis interrogée sur ce qui m’avait empêchée de partir, dix ans durant. Comment avais-je pu accepter tout ça ?", raconte Sarah Baruk dans le livre 125 et des milliers.
On dit toujours aux femmes de partir, on les culpabilise de rester dans une situation où elles ne sont pas respectées, on les juge de s’être laissé faire, de ne pas avoir porté plainte… Sauf que partir, ok… Mais pour aller où ? Pour faire quoi ? Avec quels amis ? Quel argent? Et avec quelle force ?
Et quand on arrive enfin à partir, à se libérer de l’enfer, est-ce qu’on échappe vraiment au danger ?
Julie Mamou Mani tord le cou aux idées reçues qui entourent le départ d'un foyer violent avec Karen Noblinski, avocate pénaliste, spécialisée dans le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement, Fabienne Le Roy, présidente de Chambre et coordinatrice par intérim du Pôle VIF à la Cour d’appel de Versailles, et Sophie Huart, directrice commerciale & marketing et bénévole pour 125 et après, l’association fondée par Sarah Barukh, qui a fui un compagnon violent.
Si vous doutez de ce que vous vivez, faites le test "suis-je victime de violences" sur www.125etapres.org
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Quand Sarah Barukh raconte son histoire avec le sourire, elle sent qu’en face d'elle, on doute. Comme si, lorsqu’on a été victime, il fallait continuer d’en porter le costume pour être légitime.
Pourtant, pour elle, il ne peut plus être ce bourreau. Sarah ne veut plus être cette victime aujourd’hui. Parce qu'elle a choisi la vie. Hésitante, incertaine, mais elle a fait ce choix. Victime ne peut donc pas être ce qu'elle est, ça ne peut pas la définir. Elle l'a été sur une période précise, avec un début et une fin. Et cette fin, elle y a droit. Pour que ce passage de sa vie puisse un jour donner une saveur plus subtile à ses futures joies, elle a le droit d’avoir terriblement souffert et aussi de ne plus souffrir.
Victime un jour, victime toujours ? Est-on condamnée à être une victime toute sa vie quand on l'a été ? Non, et elle n'est pas la seule à le penser.
Sortir d’une situation de violence dans son couple demande une force inouïe. Ce combat, cette lutte acharnée, offre aussi le droit de ne plus être victime. Autour de Julie Mamou-Mani, Isabelle Steyer, avocate en droit pénal et droit de la famille, spécialiste du droit des femmes et des enfants victimes de violences physiques, psychologiques ou sexuelles mais aussi Gilles Lazimi, médecin, militant contre les violences faites aux femmes et aux enfants au sein notamment du collectif féministe contre le viol (CFCV) et de SOS femmes 93. Il est également maître de conférences en médecine générale à l’Université Pierre et Marie Curie.
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Idée reçue n°3 : l’entreprise n’a aucun rôle à jouer dans les violences conjugales.
Durant son enquête lors de l'écriture de 125 et des milliers, auprès de 125 familles et proches victimes de féminicides, Sarah Barukh s'est parfois retrouvée face à d'anciens collègues. Dans leurs confidences, elle a décelé une pointe au cœur, un regret infini, de n’avoir pas su, n’avoir pas pu protéger cette femme, cette collègue, cette amie, sous prétexte que c’était sa vie privée…
Mais que vient faire le monde du travail ici? A bien y réfléchir, en fait Sarah comme chacune d'entre nous ont eu des collègues, qui étaient devenus des confidents ou confidentes, des gens qui connaissaient leur quotidien, qui les voyaient quitter des réunions importantes juste pour lui répondre au téléphone, de peur qu’il s’énerve. Loin de juger, ils ont parfois tenté de faire ouvrir les yeux. L’emprise, qui l’isolait de toute relation extérieure, a fini par nous éloigner…mais Sarah sait ce qu'elle leur doit.
Alors que faire quand on a peur pour sa collègue ? Ne faut-il pas franchir la barrière de la sphère privée pour sauver la vie de ces femmes? L’entreprise a-t-elle un rôle à jouer dans les violences conjugales?
Nous allons répondre à ces questions avec nos invités Yasmine Auquier-Buron co-fondatrice de la marque éthique et responsable de sacs et accessoires Rive Droite mais aussi Emilie Chandler, députée Renaissance du Val d’Oise et missionnée l’année dernière par la première ministre Elisabeth Borne sur le traitement judiciaire des violences intra-familiales et Elisabeth Richard, directrice des relations avec la société civile groupe ENGIE - et Membre du Haut Conseil à l’Egalité.
A retenir: selon l'étude Face, 62% des femmes qui portent plainte pour violences conjugales sont salariées. Sachant que parmi les dépôts de plaintes il y a des étudiantes et des retraitées, la proportion de femmes victimes de violences et actives, employées en entreprise est très majoritaire. Une occasion immense de les toucher où elles passent les 2/3 de leur temps.
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Idée reçue n°2 : après un féminicide, les enfants recueillis vont s’en sortir.
Durant l'enquête pour écrire 125 et des milliers, Sarah Barukh a rencontré de nombreux enfants de victimes dont Fanny, Milena et Lukas, Antoine, Chloé, Anne-Sophie, Erowan, Esteban, Aïssa, Lauranne, Arthur et tous les autres mineurs remis à des proches comme des "paquets de linge sale", comme le dira Sandrine Bouchait, présidente de l'UNFF, qui a "récupéré" sa nièce dans ses vêtements du jour du crime, sans cartable, sans jouets, dévastée par le traumatisme d’avoir vu sa maman brûler.
Dans un féminicide, il n'y a pas que la mort d’une maman, il y a aussi la mort de l’enfance.
Comment choyer des souvenirs quand ils ont été à jamais entachés? La société ballotte ces enfants meurtris sans solutions aux innombrables problèmes qu’un féminicide suscite, du psychologique à l’administratif avec ses vides ubuesques. Alors des victimes, on peut dire qu'ils en sont. On va tenter de répondre à cette question et à d'autres avec nos invitées Sandrine Bouchait, la sœur de Ghylaine, tuée par son mari le 22 septembre 2017 et la fondatrice de l'Union nationale des familles de féminicides (UNFF). et Murielle Salmona, psychiatre et fondatrice de l'association Mémoire traumatique et victimologie, qui a une mission de formation pour la prise en charge des victimes de violences sexuelles, conjugales, faites aux enfants, et liées au terrorisme.
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Idée reçue n°1 : la violence, c’est que des coups?
Pour sortir de l’enfer des violences dans le couple, d’abord faut-il reconnaître qu’on en a été victime. C’est le premier pas vers la vie d’après.
Pourtant, pendant longtemps, on disait aux femmes de partir à la première gifle... Sauf que la violence et le danger commencent bien avant.
Le tourbillon du contrôle coercitif, de l’emprise, des disputes disproportionnées, bref, les violences dites psychologiques, sont déjà dangereuses.
Imaginez devoir surveiller chacun de vos mots, de vos intonations, le bruit de vos pas, l’ordre dans lequel vous faites les choses, les produits que vous achetez, la façon dont vous préparez les repas, les personnes à qui vous répondez au téléphone, le choix de vos vêtements... Tout cela abime.
Après enquête auprès des 125 familles, l’évidence nous a sauté aux yeux de Sarah Barukh: on se trompe dans nos représentations de la violence…
Mais alors comment détecter la violence quand elle ne se voit pas? Nous allons tenter de répondre à cette question avec nos invitées. Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne et fondatrice de notre chère Maison des Femmes, première structure en France à offrir une prise en charge globale pour les femmes victimes de violence et Negar Haeri, avocate pénaliste et pianiste virtuose spécialisée dans les violences intrafamiliales.
Merci à vous aussi d’être avec nous aujourd’hui pour cet épisode de Rester Vivantes, consacré aux idées reçues sur les violences conjugales.
A retenir: 60% des victimes de féminicides n’avaient jamais été frappées avant le coup fatal. En revanche, 100% d’entre elles avaient subi des violences psychologiques…Qu’est-ce que ça veut dire cette statistique?
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