Episodi

  • RĂ©unis par l’idĂ©e de crĂ©er un mĂ©dia un peu pirate pour parler du monde de la tech, Lauren Boudard et Dan Geiselhart ont lancĂ© en 2017 la newsletter Tech Trash. Ton ironique, visuels dĂ©calĂ©s, rubriques mordantes comme la fameuse “bulshit quote” de la semaine, ils ont rapidement trouvĂ© une identitĂ© percutante, sans oublier le fond. Avec aujourd’hui plus de 30 000 fans de ce rendez-vous hebdomadaire.

    En avançant, le duo a vu tout le potentiel du format des newsletters. Ils viennent de rĂ©ussir leur campagne de financement participatif pour lancer une nouvelle newsletter, Climax, sur le climat : 2000 personnes ont souscrit un abonnement payant. Parce que l’objectif pour eux est maintenant de vivre en dĂ©veloppant ces petits mĂ©dias. Et en accompagnant d’autres projets Ă©ditoriaux, grĂące Ă  leur studio judicieusement baptisĂ© Courriel.

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    Pour aller plus loin

    https://www.crrl.xyz/

    https://www.climaxnewsletter.fr/

    https://www.techtrash.fr/

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    L’essentiel de l’épisode

    04:20 Tech trash est nĂ© d’un constat mĂȘlĂ© d’une frustration : dans le milieu feutrĂ© de l’innovation, beaucoup de choses se disent en off et bien souvent dans les mĂ©dias on trouve surtout les levĂ©es de fonds. Il y a assez peu de critiques. Quand on s’est lancĂ© en 2017, la startup nation avait le vent en poupe.

    06:45 On s’est positionnĂ© avec notre ton : on parle un peu des mĂȘmes choses que dans les mĂ©dias tech mais un peu diffĂ©remment, en mettant en lumiĂšre les trucs qu’on aime pas. Les lecteurs trouvaient chez nous quelque chose qu’ils ne trouvaient pas ailleurs. L’idĂ©e Ă©tait de proposer un rĂ©cit alternatif au mythe entrepreneurial.

    08:15 On a rĂ©flĂ©chi Tech Trash comme un mĂ©dia, avec de nombreuses rubriques. Il y a une tendance aux newsletters trĂšs incarnĂ©es, avec un Ă©dito Ă©crit Ă  la premiĂšre personne. Nous, on a surtout voulu l’incarner par le ton et pas les personnes. Le Canard EnchaĂźnĂ© nous a inspirĂ©, avec ses rubriques et son ton : on se sent un peu les pirates de la tech.

    09:55 Il y a une couche d’analyse et de donnĂ©es scientifiques, une couche de catharsis quand on pointe des propos absurdes et une touche d’humour et de poĂ©sie. Tout cela donne un ton unique. Et les rubriques permettent de crĂ©er un Ă©quilibre dans tout ce qu’on essaie d’insuffler dans la newsletter. On est assez diffĂ©rent des newsletters Ă  l’amĂ©ricaine.

    10:40 Ces rubriques crĂ©ent aussi le rdv toutes les semaines, certaines touchent les gens, les font marrer, notamment la fameuse “bullshit quote”.

    11:35 A la base, l’identitĂ© visuelle Ă©tait Ă  l’arrache. On l’avait dessinĂ©e seuls. On en a gardĂ© le fait de prendre des photos et de rĂ©Ă©crire dessus sur Paint pour le cĂŽtĂ© caricature et pirate qu’on aime bien. Plus tard, on a Ă©tĂ© accompagnĂ©s par un trĂšs bon graphique qui nous a refait notre identitĂ© visuelle plus prĂ©cise qui fonctionne trĂšs bien et garde le cĂŽtĂ© dessinĂ© Ă  la main qu’on aime beaucoup.

    16:18 Souvent les newsletters sont des aventures individuelles. Pour nous ce n’est pas totalement le cas, du coup ça nous demande un travail de coordination et de ne pas trop avoir d’ego quand l’autre repasse sur le texte. On fait un trĂšs gros travail de veille, on s’envoie des notes et des commentaires sur un Google doc. On Ă©crit puis on repasse sur les sujets de l’autre pour obtenir un ton uniforme mĂȘme si on est deux.

    17:20 Tech Trash on le voit comme un collectif et beaucoup de gens nous envoient des infos.

    19:50 Au dĂ©but on l’a fait sans rĂ©flĂ©chir au business model, parce qu’on avait trĂšs envie de porter cette voix diffĂ©rente. On avait quand mĂȘme envie que ce soit un vrai mĂ©dia, mĂȘme si Ă  l’époque, la newsletter Ă©tait vue comme un hobby et tout le monde pensait que ça s’écrivait en 2h avant de l’envoyer.

    22:30 La publicitĂ© a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e de fait. Le payant, on a eu du mal Ă  trancher. Du coup on s’est reportĂ© sur le modĂšle du don parce qu’on avait atteint une communautĂ© suffisamment grande et avec un engagement suffisamment fort pour pouvoir espĂ©rer financer notre journĂ©e par semaine Ă  de travail pour chacun.

    23:30 On a 30 000 abonnĂ©s et vu qu’on n’a jamais fait de pub, la croissance s’est faite par pics. Lorsqu’on avait des reprises dans un mĂ©dia ou que la newsletter Ă©tait relayĂ©e par un influenceur, d’un coup on prenait 1000 abonnĂ©s. Maintenant, avec la taille, on gagne plusieurs centaines de nouveaux abonnĂ©s par semaine via le bouche Ă  oreille.

    25:15 Beaucoup de nos abonnés les plus engagés bossent dans le milieu de la tech ou des startups, aussi des geeks, des passionnés des nouvelles technologies.

    La bonne surprise, ça a été que notre audience est assez équilibrée hommes-femmes.

    26:45 La tech est un univers codé et pour comprendre certaines bullshit quotes il faut le connaßtre pour comprendre la saveur. Pour certains maintenant ça devient une maniÚre de découvrir cet univers.

    28:00 Une autre bonne surprise ça a Ă©tĂ© que les gens rĂ©pondent assez naturellement Ă  la newsletter, comme si c’était le mail d’un pote. On a l’image du format de l’email qui est assez vertical et froid, et en fait il permet bien l’interaction. Et d’ailleurs on essaie de rĂ©pondre Ă  chaque mail.

    30:05 Au lancement de Tech Trash, on s’est posĂ© la question du fond mais pas vraiment de la forme. C’est le fait d’avoir investi ce format durant 3 ans qui nous a convaincus qu’il est hyper intĂ©ressant Ă  investir, notamment pour s’affranchir de contraintes d’un mĂ©dia traditionnel comme l’algorithme de Facebook pour diffuser les articles. Il n’y a pas d’effets extĂ©rieurs qui viennent parasiter, avec en plus une libertĂ© de ton et de format.

    31:50 Pour nous, la newsletter est avant tout un format Ă©ditorialisĂ©. C’est un peu le nouveau journal que tu reçois dans ta boĂźte mail plutĂŽt que dans la boĂźte aux lettres.

    35:20 La newsletter existe depuis toujours, comme le podcast, et Ă  un moment on s’est dit que c’est le renouveau du journalisme. Ce qu’on peut dire c’est que c’est un format sous utilisĂ© et il y a plein de choses Ă  faire.

    36:05 C’est un format pas trĂšs coĂ»teux, Ă  part en termes de temps. C’est un mĂ©dia trĂšs accessible, pas coĂ»teux et pas compliquĂ© techniquement. Cela permet Ă  plein de monde de se lancer sur un sujet de niche, une thĂ©matique qui les passionne. Comme Ă  l’époque des blogs ou des radios pirates. On a bien 10 ans devant nous.

    37:05 On n’est pas trĂšs loin d’en vivre assez raisonnablement. Il y a de la marge parce que c’est assez lĂ©ger, pas besoin de gĂ©nĂ©rer un revenu trop important pour assurer une forme de pĂ©rennitĂ©.

    37:50 Avec Climax, on a basculĂ© sur le payant. La campagne de financement participatif a permis de lever 3 fois plus qu’avec Tech trash en 3 fois moins de temps. Mais c’est vrai que c’est encore balbutiant en France, il n’y a que Brief me qui y arrive.

    39:55 La passion economy permet de gĂ©nĂ©rer des revenus qui donnent une libertĂ© Ă  des journalistes mais il y a aussi une vraie force dans le collectif, qu’on peut potentiellement perdre avec la solitude de la newsletter. Avec Climax, on veut recrĂ©er une dynamique de comitĂ© de rĂ©daction. Je ne pense pas que tous les sujets seront Ă©pluchĂ©s pour ne devenir que des sous-verticales de niches. C’est plutĂŽt un phĂ©nomĂšne amĂ©ricain.

    On croit beaucoup à l’intelligence collective, de faire des projets à plusieurs.

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    Crédits

    Interview : Jean-Baptiste Diebold
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Design graphique : Benjamin Laible
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio

  • Voxe jusqu’à fin 2019, avait la forme d’un chatbot sur Facebook Messenger destinĂ© Ă  aider les jeunes Ă  s’engager dans le dĂ©bat public, comme nous le racontait sa prĂ©sidente LĂ©onore de Roquefeuil dans l’épisode 17 d’A Parte. Elle est revenue nous expliquer comment Voxe s’est transformĂ©e en une newsletter d’empowerment pour les jeunes femmes.

    Entre-temps, l’équipe a fait un gros travail sur son audience, pour identifier les personnes les plus engagĂ©es. Est alors apparue de maniĂšre un peu inattendue l’importance des jeunes femmes de 20 Ă  40 ans et leur besoin de s'informer diffĂ©remment sur les sujets sĂ©rieux. Le rituel de la newsletter matinale s’est ainsi imposĂ©, avec un ton trĂšs travaillĂ© de discussion entre copines.

    CÎté finances, le média veut équilibrer ses revenus entre ceux provenant de la communauté - club, programme de coaching et ces jours-ci campagne de donation - et ceux issus de marques en affinité avec les valeurs du média.

    L’essentiel de l’épisode

    [02:40] Voxe est un mĂ©dia d’actu et d’empowerment fĂ©minin qui fonctionne principalement via une newsletter qui s’appelle La Quotidienne

    [03:20] Il y a une partie actu, chaude ou tiĂšde : 4-5 brĂšves sur l’actu Ă©co, sociale, politique puis une actu centrale de 5000 signes pour entrer en profondeur.
    La newsletter arrive chaque matin Ă  6h30 et permet d’ĂȘtre au point sur l’actu pour la machine Ă  cafĂ© ou la rĂ©union zoom du matin.
    La deuxiĂšme partie prĂ©sente 5 piliers d’empowerment, diffĂ©rent chaque jour : travail, Ă©cologie, vie de la citĂ©, argent, culture.

    A la fin du mail, on trouve une sĂ©lection de bons plans et un exemple d’une femme qui a fait quelque chose de remarquable, parce qu’on veut montrer des rĂŽles modĂšles.

    [07:30] Le ton, c’est un peu la “sauce secrĂšte” de Voxe : on l’a pensĂ© comme une conversation. On considĂšre que pour qu’une info soit bien assimilĂ©e, il faut se mettre Ă  la place de la personne Ă  laquelle on s’adresse. Le format questions-rĂ©ponses est Ă©crit vraiment avec les questions que nous nous posons.

    On vise les urbaines de 20 Ă  40 ans : on parle et on Ă©crit comme nous on le fait avec nos amies, d’oĂč beaucoup de rĂ©fĂ©rences Ă  la pop culture. Le but Ă©tant de donner la pĂȘche Ă  la personne qui nous lit.

    [10:30] Charlotte, qui a cofondĂ© Voxe et est journaliste de formation, rappelle souvent les deux rĂšgles de journalisme : “est-ce que ça intĂ©resse Mme Michu?” et la loi du mort-kilomĂštre. La rĂ©alitĂ© est trĂšs diffĂ©rente, notre audience par exemple est intĂ©ressĂ©e par des sujets trĂšs ardus, le Rwanda ou la dette publique.

    On a une section dĂ©diĂ©e Ă  l’échange. On l’utilise pour expliciter nos rĂ©flexions Ă©ditoriales. Tous les vendredis, on propose de voter sur les sujets de la semaine suivante.

    [15:35] La newsletter est un support trĂšs intĂ©ressant. MĂȘme les jeunes ouvrent leurs mails parce qu’il y a plein de services pour lesquels on a besoin d’un mail, c’est devenu l’équivalent de l’adresse postale. Mais c’est est vrai qu’on touche des gens moins jeunes que lorsqu’on Ă©tait un chatbot sur Facebook Messenger. On est passĂ© de 18-25 ans Ă  20-40 ans.

    La boĂźte mail est hyper intime : notre audience, ouvrir sa boĂźte mail c’est la premiĂšre chose qu’elle fait dans la journĂ©e.

    La newsletter un outil qui est Ă©conomiquement et stratĂ©giquement hyper utile parce qu’on contrĂŽle sa base de mails et qu’on Ă©vite d’ĂȘtre dĂ©pendant d’une techno qui n’est pas la sienne.

    [17:50] Jusqu’à fin 2019, on publiait l’actu sous forme d’un questionnaire via un chatbot sur Messenger. On avait environ 20 000 abonnĂ©s qui avaient entre 18 et 25 ans, avec lesquels on Ă©changeait sous forme d’une conversation sur Messenger.

    On s’est rendus compte qu’on se lassait du format, qu’on Ă©tait trĂšs contraints par Facebook Messenger et qu’on commençait Ă  voir nos taux d’ouverture baisser, parce que Facebook changeait sa politique.
    On a creusĂ© nos donnĂ©es et on s’est rendu compte que 70% des personnes qui cliquaient ou s’engageaient Ă©taient des jeunes femmes alors qu’on ne s’était jamais vus comme un mĂ©dia fĂ©minin. Du coup, on a menĂ© une Ă©tude auprĂšs des 500 plus actives de cette audience durant 8 semaines, avec un questionnaire par semaine, pour comprendre leur rapport Ă  l’info : Ă  quel moment elles s’informent, ce dont elles ont besoin. On s’est rendu compte que pour elles l’info est trĂšs anxiogĂšne et qu’elles aimaient notre aspect positif et dĂ©complexant. Elles aimaient aussi le cĂŽtĂ© pratique pour consommer l’info quand elles voulaient.

    [21:15] Les femmes paient moins pour de l’info. On s’est dit qu’il y avait un truc particulier Ă  faire sur la presse gĂ©nĂ©raliste pour ces jeunes femmes.

    [21:55] Sur la newsletter tu vois moins de choses que sur un chatbot. On pouvait savoir Ă  quel moment de la lecture les gens s’arrĂȘtaient. On a des donnĂ©es sur l’ouverture, le nombre de personnes qui cliquent et donc s’engagent. Les clics Ă  la fin sont la seule façon de voir si les gens vont jusqu’au bout.

    [23:35] Tous les 6 mois on fait une Ă©tude approfondie auprĂšs des lectrices.

    [24:20] Pour l’instant on se concentre sur la newsletter comme format auto-porteur pour avoir toute l’info sur un seul endroit et pour bien faire ça, c’est du travail. On a plein de demandes pour le podcast, notamment des mamans nous disent qu’en audio ce serait plus pratique le matin.

    Le problĂšme du podcast c’est la monĂ©tisation.

    [26:40] On a conçu la newsletter comme un mĂ©dia communautaire. La premiĂšre brique c’est le club. On l’a lancĂ© en novembre. Il permet d’avoir plus de Voxe : d’autres contenus, notamment la “Friteletter” une fois par mois sur un sujet dĂ©ployĂ© un peu comme le fait le magazine Le 1, une confĂ©rence d’empowerment chaque mois. Actuellement, on augmente l’offre pour donner accĂšs en permanence aux archives de la newsletter.

    [30:50] On cible les jeunes marques de la transition, des vĂȘtements, de la cosmĂ©tique, des services, qui mettent les utilisatrices au centre et pensent Ă  la planĂšte et Ă  leur impact sur la sociĂ©tĂ©. L’idĂ©e est d’avoir 50% des revenus qui viennent de la communautĂ© et 50% de revenus de marques. On veut laisser une place importante Ă  l’audience.

    [32:55] Le portrait-robot de notre audience, on l’appelle ChloĂ© : elle a 28 ans, elle vit Ă  Nantes, elle a fait 2-3 annĂ©es d’études post-bac et elle est Ă  un moment de sa vie oĂč elle pense Ă  s’établir.

    [35:05] On peut le dire maintenant, il nous restait 6 mois de cash quand on a dĂ©cidĂ© le changement. On voulait tester la newsletter mais on n’était pas serein. On a eu une chance folle, nos actionnaires nous ont dit oui.

    On a testĂ© durant 6 mois et on a vu trĂšs vite le succĂšs, avec plein des mails de lectrices qui nous disent qu’on a changĂ© leur rapport Ă  l’actu. En 7 ans d’entreprenariat, je n’avais jamais eu ce sentiment. Quand tu n’as pas trouvĂ© ton marchĂ© tu ne le sais pas mais quand tu l'as trouvĂ© tu le sens.

    Notre chance a été de commencer à exister au moment du premier confinement et comme on ne comptait pas sur des revenus, on ne comptait pas sur des revenus. On a eu un peu de temps pour apprendre.

    [37:40] Pendant le premier confinement, certaines de nos lectrices nous ont parlĂ© de leurs questions existentielles sur leur boulot et nous ont proposĂ© des groupes de discussion. AprĂšs analyse du besoin, on a proposĂ© le programme d’accompagnement“Boost camp” sur 5 semaines, avec 2h30 par semaine puis une sĂ©quence de mails qui permettent de se poser les bonnes questions pour prendre les rĂȘnes de sa vie pro.

    [40:20] Pour participer Ă  la vie publique, il faut se sentir lĂ©gitime, il y a un vrai sujet de confiance en soi et notamment de ne pas regarder ses chaussures quand un dĂ©bat Ă©clate et l’info est le premier outil pour ça.

    Crédits

    Interview : Jean-Baptiste Diebold
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Design graphique : Benjamin Laible
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio

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  • Il y a deux ans, dans l’épisode 1 d’A Parte, Aude Favre nous racontait comment elle dĂ©montait les fake news sur Youtube avec sa chaĂźne WTFake. Toujours journaliste et youtubeuse pour raconter les coulisses de ses enquĂȘtes de fact-checking, Aude a vĂ©cu beaucoup de changements en 2020.

    Le confinement l’a amenĂ©e Ă  lancer des enquĂȘtes collaboratives en mobilisant sa communautĂ© de 86 000 abonnĂ©s. Peu avant, la collaboration avec France TV Slash s’était arrĂȘtĂ©e, la conduisant Ă  se tourner vers un modĂšle plus participatif pour financer sa chaĂźne.

    Place donc Ă  la communautĂ© : 1400 personnes sont actuellement rĂ©unies sur le serveur Discord et travaillent avec elle sur les enquĂȘtes. Pour Aude, ce fonctionnement ouvert est aussi une excellente maniĂšre de combattre les incomprĂ©hensions sur le travail des journalistes et tenter de restaurer la confiance entre ceux-ci et le grand public. L’objectif pour Aude maintenant, avec son camarade Sylvain Louvet, est de sortir une grande enquĂȘte collaborative qui pourra avoir un fort impact.

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    Pour aller plus loin

    La chaĂźne Youtube WTFake

    Le Tipee de WTFake la rédac

    L’épisode 1 d’A Parte avec Aude Favre

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    L’essentiel de l’épisode

    [4:45 ] Ma chaĂźne est Ă  l’arrĂȘt provisoirement. Je me suis rendu compte que c’est bien de fact-checker dans la joie et la bonne humeur mais je ne sais pas si c’est si efficace que ça. Je m'explique : on a eu de l’impact sur beaucoup de contenus complotistes qui ont fini par disparaĂźtre, notamment parce qu’ils avaient honte et qu’on les avait affichĂ©s. De ce point de vue c’est efficace. Mais en mĂȘme temps l’efficacitĂ© Ă©tait limitĂ©e par le cĂŽtĂ© “Aude contre le reste du monde”. J’ai mes petits moyens, j’ai besoin de trois mois pour faire des vidĂ©os fouillĂ©es. Du coup j’ai senti que c’était peut-ĂȘtre la fin d’un cycle.

    [6:18] LĂ -dessus est venue se greffer la crise covid qui fait que je me suis retrouvĂ©e dĂ©munie : je n’étais plus en contrat avec France TV et j’ai un peu Ă©chouĂ© Ă  la campagne oĂč je n’avais aucun matĂ©riel. Et j’ai commencĂ© Ă  fact-checker avec la communautĂ©. J’ai dĂ©couvert Ă  ce moment-lĂ  la force que ça pouvait reprĂ©senter de travailler ensemble avec 100 puis 200 puis 600 et aujourd’hui 1400 personnes. On se retrouve sur le serveur Discord et on est la rĂ©dac WTFake.

    [07:10] C’est hyper intĂ©ressant en termes d’impact et en termes d’ouverture du journalisme. On invite qui le souhaite, y compris des fans de certains documentaires un peu complotistes sont dans la rĂ©dac. Ensemble nous essayons de recouper des infos, d’enquĂȘter et ça fait rĂ©flĂ©chir tout le monde. Je crois de plus en plus en un mouvement d'alliance entre les journalistes et les citoyens pour assainir le dĂ©bat public. Je travaille avec Sylvain Louvet, journaliste avec lequel je travaille sur de nombreux projets.

    [8:55] AprĂšs une ou deux vidĂ©os de fact-checking, oĂč je donnais un peu des devoirs aux gens, trĂšs rapidement j’ai Ă©tĂ© dĂ©passĂ©e. Des gens de la communautĂ© m’ont dit : il faut aller sur Discord. Pour tous ceux qui s’y connaissent c’était vraiment la bonne solution car ça permet d’organiser les choses.

    [10:15] Je suis pas du tout geek, ils m’ont tenu la main, certains sont devenus modĂ©rateurs et font un boulot de dingue. C’est gĂ©nial. j’ai dĂ©couvert la force d’une communautĂ©, c’est comme une petite famille. Aujourd’hui on est 1440. On se retrouve rĂ©guliĂšrement dans des lives sur Twitch et on fait progresser les enquĂȘtes sur Discord.

    [11:40] Au dĂ©but il y avait des personnes qui n’étaient pas dans l’ambiance, qui est bon enfant, courtoise
 Certains Ă©taient clairement dans la mouvance complotiste. Le problĂšme c’était la façon dont ils interagissaient, ils Ă©taient hargneux. Cela s’est calmĂ© rapidement

    [12:45] Le Discord est ouvert Ă  tous. GrĂące au travail des modĂ©rateurs, il n'y a pas de soucis. Dans les temps qui viennent, on va s’organiser un peu plus, on va mettre des rĂšgles basiques sur le groupe : courtoisie, ne pas changer de pseudo tous les jours, ne pas contacter le ministĂšre de l’IntĂ©rieur au nom de la rĂ©dac...

    [15:00] J’ai relancĂ© le Tipeee avec l’objectif de 9000 euros par mois, qui est en fait un objectif bas pour produire des enquĂȘtes ambitieuses. Les enquĂȘtes coĂ»tent trĂšs cher mais je ne suis pas une bonne marketeuse. On doit ĂȘtre Ă  17% de l’objectif. C’est aussi de mon fait dans le sens oĂč on n’a pas encore produit “L’enquĂȘte de la rĂ©dac” qui peut ĂȘtre un produit d’appel pour que les gens donnent. Avec Sylvain Louvet, on veut faire une super belle enquĂȘte et on n’avait pas encore les moyens. On avait le choix de faire une enquĂȘte artisanale soit attendre de trouver des partenaires mĂ©dias intĂ©ressants, peut-ĂȘtre des donateurs
 On a choisi la deuxiĂšme option. Depuis la rentrĂ©e, je suis partie en recherche de fonds, remplir des dossiers de 90 pages. Et donc Ă  partir de ce moment-lĂ  le Tipee n’a plus augmentĂ©. LĂ , on est en bonne voie pour produire quelque chose de vraiment chouette grĂące Ă  des donateurs, un mĂ©dia web.

    [18:40] Il y a des gens, notamment dans la communautĂ©, qui trouvent que ça ne va pas assez vite, qu’on pourrait produire des enquĂȘtes. Mais dans l’exercice de rĂ©daction collaborative, il y a aussi cette idĂ©e que les enquĂȘtes c’est long et ça prend du temps. Personne ne se doute qu’il faut faire des notes de centaines de pages pour intĂ©resser les financeurs. Peut-ĂȘtre certaines personnes se demandent ce que je fais alors que j’ai des journĂ©es de 29 heures
 Peut-ĂȘtre que je devrais communiquer sur les rĂ©seaux sociaux. Pour moi, c’est pas grave si je disparais quelque temps parce que je sais que ça avance.

    [21:15] A la base je cherchais plutĂŽt Ă  aider quelqu’un sur Youtube, je ne voulais pas me mettre en avant. C’est une expĂ©rience vraiment Ă  part. J’ai beaucoup de collĂšgues Ă  la tĂ©lĂ© qui me regardent et se disent : qu’est-ce qu’elle fait ?

    [22:15] Comme expĂ©rience c’est trĂšs riche. J’en retire que c’est payant d'ĂȘtre soi et d’y aller. L’information est trop formatĂ©e. Ce que j’ai fait sur ma chaĂźne pendant trois ans, je serais encore en train d'essayer si j’avais essayĂ© de le vendre Ă  un gros mĂ©dia. Peu de gens parient sur des choses nouvelles.

    [23: 10 ]LĂ  oĂč ça me pose question c’est les effets de foule, le trolling, la haine qui est assez forte.

    Au dĂ©but, je regardais les notifications. Au dĂ©but, 80% des commentaires les gens aimaient bien. AprĂšs quand j’ai commencĂ© Ă  avoir un peu d’impact, ça a fait moins rire un certain nombre de gens. LĂ  j’ai commencĂ© Ă  avoir des trolls. Et ça a explosĂ© avec une vague en particulier (Lama FĂąchĂ©).

    [24:50 ]En fait, ça a Ă©tĂ© les montagnes russes : des vagues de “c’est top” et des vagues encore plus grandes de haine pure. J’ai passĂ© pas mal de temps trĂšs mal oĂč je ne dormais pas. Si tu lis trop ces commentaires, tu finis par penser que tu es la pire des crĂ©atures qui a existĂ© sur terre
 En fait, il faut pas les regarder.

    [26:00] Je me suis pris des torrents de haine par certaines pĂ©riodes. J’ai appris Ă  le gĂ©rer. Je n’ai pas pris de cours, mais finalement j’ai arrĂȘtĂ© de regarder mes notifications et puis en fait je lis beaucoup et la littĂ©rature me fait un bien de dingue. Je n'ai jamais autant aimĂ© la littĂ©rature que depuis que je suis sur YouTube. Tu te poses, tu prends du recul, tu es dans le silence. Dans les rĂ©seaux sociaux, l y a un cĂŽtĂ© intoxication, ça t'attaque ton mental, tu ne fais plus que penser Ă  ça. Je me suis rĂ©fugiĂ©e dans les bouquins, le silence, mes enfants. La vie est courte. Parfois il y a un seul mec sous 40 pseudos. De quel droit il peut me pourrir la vie?

    Cela m’a pris du temps de relativiser ça. C’est important d’ĂȘtre droit avec soi-mĂȘme. Je pense souvent aux jeunes qui se mettent sur ce truc-lĂ . A 38 ans c’est bon, Ă  19 ans je n’aurais pas tenu


    [30:10] La solution sur le financement, je la cherche. Je n'ai pas cette compĂ©tence de faire une stratĂ©gie Ă©conomique. Je suis une petite journaliste qui aime faire ses sujets. Sur Youtube il faut ĂȘtre entrepreneur, c’est une autre paire de manches. J’ai juste crĂ©Ă© un Tipee. Je compte sur le fait que nos enquĂȘtes vont nous permettre d’asseoire une communautĂ© plus large. Je pense que l’avenir c'est de se faire financer par sa communautĂ©. C'est un dĂ©fi : crĂ©er une communautĂ© prend du temps mais c'est l'avenir.

    [33:30] J’ai la chance d'avoir une sociĂ©tĂ© de production qui me suit dans mes diffĂ©rents projets, qui s’appelle Babel. On est Ă  la frontiĂšre entre l’ancien monde et le nouveau monde. Tout le monde dans les mĂ©dias se posent des questions. J’avoue, je n’ai pas de rĂ©flexion trĂšs pointue lĂ -dessus, c’est peut-ĂȘtre un peu handicap. L’argent, le financement, le marketing ne sont pas des choses qui me parlent. Mais je suis accompagnĂ©e, de la rĂ©dac, de Sylvain, de Babel.

    [35:50 ]Le fact-checking n’est pas le graal. Cela ne marche pas toujours de faire comprendre Ă  quelqu’un qu’il a tort. Cela ne suffit pas et ça ne marche pas toujours de montrer qu’on a vĂ©rifiĂ©. A mon grand regret

    Sur un live, on a eu un Ă©change hyper intĂ©ressant sur Hold up avec une femme qui en Ă©tait fan. Les faits vĂ©rifiĂ©s, elle s’en fichait . C’est perçu comme l’élite qui cherche Ă  contrĂŽler l’information. Alors que non !

    C’est ce qui me fait penser qu’en crĂ©ant une sorte de mouvement collectif, oĂč chacun agrĂšge ses compĂ©tences, qu’on va s’en sortir. En ouvrant la façon dont on travaille au plus grand nombre. Le problĂšme de fond, c'est la confiance. On est dans une sociĂ©tĂ© oĂč plus personne n’a confiance dans les journalistes alors qu’ils posent les questionnements de monsieur et madame tout le monde et se faire leur porte-voix. C'est dramatique Ă  l’échelle d’une sociĂ©tĂ©. C’est l’essence de mon travail : rĂ©concilier journalistes et grand public, dialoguer ensemble, pour exiger un dĂ©bat public qui reposent sur des faits et non des fantasmes.

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    Crédits

    Interview : Jean-Baptiste Diebold
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Design graphique : Benjamin Laible
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio

  • La tech n’est pas un monde rĂ©servĂ© Ă  des ingĂ©nieurs blancs : elle infuse dans toute notre sociĂ©tĂ©. C’est sur ce postulat que le mĂ©dia Numerama a lancĂ©, en mars 2020, la newsletter #RĂšgle 30, allusion ironique Ă  cette “rĂšgle des internets” qui prĂ©tend qu’ “il n’y a pas de femme sur internet”.

    Preuve du contraire, l’autrice de #RĂšgle30, Lucie Ronfaut, navigue dans la tech et le web depuis longtemps maintenant : aprĂšs 6 ans Ă  travailler sur ces sujets au Figaro, elle a dĂ©cidĂ©, fin 2019, de devenir journaliste indĂ©pendante. Avec cette newsletter, elle a trouvĂ© l’endroit oĂč partager un regard plus “chaud” sur ce monde trĂšs froid en apparence de la tech.

    Bilan au bout de presqu’un an : 2000 abonnĂ©s et un taux d’ouverture de 57% en moyenne. Une belle performance. L’objectif pour cette annĂ©e est de dĂ©velopper l’interactivitĂ© avec l’audience, via un live Twitch par exemple et - dĂšs que possible - des rendez-vous en vrai.

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    Pour aller plus loin :

    La newsletter #RĂšgle30

    https://www.numerama.com/newsletter-regle30-il-ny-a-pas-de-femmes-sur-internet/

    Les podcasts réalisés par Lucie pour Binge Audio :

    https://www.binge.audio/podcast/programme-b/les-skyblogs-ladolescence-du-web

    https://www.binge.audio/podcast/programme-b/mort-a-la-ligne?uri=mort-a-la-ligne%2F

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    L’essentiel de l’épisode :

    [02:30] Numerama voulait une newsletter qui mĂȘle les sujets d’inclusivitĂ©, de fĂ©minisme et de tech parce que ce sont des sujets qu’ils abordent beaucoup. Pour eux, dans un monde oĂč tout est numĂ©rique, traiter du numĂ©rique, c’est parler de la sociĂ©tĂ©.

    Marie Turcan qui est rédactrice en chef et Julien Cadot qui est COO sont venus me voir. On a discuté plusieurs mois et on est tombé sur cette idée.

    [03:30] RĂšgle 30 c’est une inside joke. Nous ne sommes pas tombĂ©s dessus tout dessus. Un titre c’est toujours difficile
 C’est une rĂ©fĂ©rence Ă  “rule 30”. Au dĂ©but des internets il y avait une blague comme quoi il y avait des “rĂšgles”. La plus connue est la 34 selon laquelle, quand il existe quelque chose, il en existe du porno. On connaĂźt moins la rĂšgle 30 : “il n’y a pas de femme sur internet”. Comme les filles aiment pas aller sur internet, si tu parles Ă  une femme, c’est sans doute en fait un mec.

    Cette blague un peu stupide collait en fait assez bien Ă  ce qu’on voulait faire : se concentrer sur tout ce qui n’est pas le clichĂ© du geek, un homme, blanc, jeune, peut-ĂȘrre avec des lunettes
 On parle de femmes, de personnes LGBT, racisĂ©es, handicapĂ©es. On essaie de sortir un peu de ce clichĂ©.

    [05:30] C’est une newsletter d’actu car hebdo. Elle est divisĂ©e en 3 parties : un Ă©dito sur une actu qui a accrochĂ©e notre attention.

    [07:00] L’éco et les produits ce sont souvent les angles privilĂ©giĂ©s de la tech. Les angles sociĂ©taux ont longtemps Ă©tĂ© les parents pauvres de la tech et c’est que Numerama veut mettre en avant.

    [07:50] Je ne suis pas toute seule. Je travaille toutes les semaines avec Marie Turcan, redchef de Numerama. Le lundi entre 10 et 16 heures, je vais voir Marie. Elle me fait ses retours, on dĂ©bat et ensuite je mets Ă  Ă©crire. J’y consacre environ une journĂ©e. Le plus gros c’est l’intro, qui fait entre 3 et 5 000 signes. Ensuite il y a la revue de presse. C’ets un travail qui se fait tout au long de la semaine pour ma curiositĂ© et mon travail, je “pockete” mes articles. Le lundi j’en choisis quatre, avec au moins un article en français. J’essaie aussi de trouver des articles qui n’ont pas trop tournĂ©.

    La 3e partie, c’est la reco culture : j’essaie d’élargir, d’ouvrir le point de vue. Si ça touche aux nouvelles technologies, de prĂšs ou de loin, et Ă  l’inclusivitĂ©, je vais en parler. Le but ce n’est pas forcĂ©ment de parler des nouveautĂ©s. Cela peut ĂȘtre un livre de science fiction d’il y a 10 ans, une vidĂ©o de la semaine derniĂšre...

    [11:38] Au Figaro, on n’utilise pas le “je”. Je pense que c’est avec Numerama qu’on s’est dit que cet usage Ă©tait appropriĂ©. Je viens en tant que femme dans la tech, qui en a aussi subi les mauvais aspects, comme le sexisme. Je ne fais pas du journalisme gonzo mais j’essaie de personnifier l’information, de la mĂȘme maniĂšre que sur Twitter. Cela me permet de faire des blagues ou des coups de gueule, d’avoir une Ă©criture “plus chaude” vis Ă  vis d’une actu tech plutĂŽt froide, un peu dĂ©sincarnĂ©e. J’essaie de la rĂ©incarner.

    [14:15] On voulait une newsletter courte, qui puisse ĂȘtre lu en 5 minutes dans le mĂ©tro.

    On utilise le logiciel Mailchimp qui donne 2 stats principales : le taux d’ouverture qui laisse pense que le format plait et le taux de clics

    On vient de passer la barre des 2000 abonnés, avec un taux d'ouverture de 57%. Cela nous rend fiers.

    [13:40] Fin 2020, j’ai demandĂ© aux lecteurs ce qu’ils voulaient changer : on a beaucoup de compliments, le format a l’air de plaire.
    On est Ă  la recherche de pas mal d’interactivitĂ©. Autoriser une newsletter Ă  venir dans sa boĂźte mail, c’est une marque de confiance. Mais on a moins d’interactions qu’un article, on n’a pas les commentaires. En fin de semaine je vais faire un premier live Twitch.

    Quand on rĂ©pond au mail je peux consulter. J’essaie d’encourager cette interactivitĂ©.

    [18:10] L’enjeu c’est de tomber du premier coup dans l’onglet boĂźte principale et pas promotions. L’ennemi n°1 c’est Gmail et ses onglets. On a remarquĂ© que les mots lesbiennes, pĂ©nis, vagin sont utilisĂ©s, la newsletter est moins ouverte, sans doute parce qu’elle a Ă©tĂ© envoyĂ©e dans les promotions et donc moins vue.

    [21:45] On a deux leviers : ceux de Numerama, sur Twitter et Facebook, un peu moins Instagram. Et aprĂšs moi de mon cĂŽtĂ©, je vais utiliser mes rĂ©seaux. J’ai 18 000 followers sur Twitter. A un moment dans la semaine, je rappelle que j’ai une newsletter. Et le jour oĂč on envoie la newsletter, je fais une capture d’écran, je le relaie sur Twitter et Instagram.

    De plus en plus, on a aussi des lectrices et des lecteurs qui en parlent directement sur Twitter. Cela nous permet de toucher une audience qui n’est pas la nĂŽtre et c’est une dĂ©marche super valorisante.

    On a remarquĂ© aussi que dĂšs que j’ai de la visibilitĂ©, mĂȘme sans rapport avec la newsletter, cela crĂ©e des nouveaux abonnĂ©s.

    [25:05] Le succĂšs actuel des newsletters montre un vrai intĂ©rĂȘt pour une info qui va un peu moins vite, une info plus Ă©ditorialisĂ©e. Il y a un charme un peu rĂ©tro d’attendre le numĂ©ro suivant.

    Cela dit aussi des choses sur les jeunes journalistes et leur place dans les rĂ©dactions. Peut-ĂȘtre un retour Ă  quelque chose de plus petit, reprendre un peu le contrĂŽle sur la maniĂšre dont on veut traiter l’info.

    Enfin, on retrouve un rapport plus direct avec le lecteur ou la lectrice. Je ne reçois jamais d’insultes, contrairement aux espaces de commentaire dans les mĂ©dias, oĂč c’est la guerre. C’est un rapport beaucoup plus sain

    [28:45] La newsletter est un vieux format. Elle a Ă©tĂ© longtemps quelque chose de fĂ©minin. Est-ce que c’est une bulle ? Les meilleures et celles qui sont amenĂ©es Ă  durer sont celles qui rĂ©munĂšrent la personne qui les produit et encadre cette personne.C’est du travail. Avoir un Ă©diteur, un redchef qui relit, c’est essentiel Ă  sa pĂ©rennitĂ© et aussi un gage de qualitĂ© sur le long terme. C’est un format assez enthousiasmant. Convaincre une personne de payer, c’est retrouver ce rapport direct. Il y aura forcĂ©ment un Ă©crĂ©mage. Je suis assez optimiste. Je suis trĂšs cliente, je suis abonnĂ©e Ă  au moins 40 newsletters et je les lis toutes!

    [31:50] Je suis journaliste indĂ©pendante depuis plus d’un an : je suis partie du Figaro juste avant la pandĂ©mie
 Le Figaro Ă©tait ma premiĂšre expĂ©rience professionnelle qui a Ă©tĂ© super. J’approchais de la fin de ma vingtaine. J’ai eu envie de prendre un peu de risques, de travailler avec d'autres rĂ©dactions et de creuser ces sujets de sociĂ©tĂ© et d’inclusivitĂ©.

    J’ai eu la chance de travailler avec Numerama dĂšs mars 2020. Avoir des piges rĂ©guliĂšres c’est le graal. Je travaille avec LibĂ©ration, Le Monde


    J’avais aussi envie d’aborder des formats diffĂ©rents, la newsletter, le podcast. Binge audio m’a donnĂ© ma chance alors que je ne venais pas de l’audio.

    Je sors un roman en avril : “Les rĂšgles du jeu”, sur les startups et le fĂ©minisme, aux Ă©ditions La ville brĂ»le.

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    Crédits

    Interview : Jean-Baptiste Diebold
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Design graphique : Benjamin Laible
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio

  • Mi-mars, en plein confinement en Normandie, Laetitia Vitaud et son conjoint Nicolas Colin se posent beaucoup de questions existentielles. “Nous avions envie de prendre la parole et de travailler ensemble.” Ainsi naĂźt “Nouveau DĂ©part, le mĂ©dia de la crise et de la transition” avec la volontĂ© pour eux d’en tirer un revenu dans ce monde incertain pour des indĂ©pendants.

    Laetitia Vitaud est autrice : elle a publiĂ© en 2019 le livre Du Labeur Ă  l’ouvrage, elle anime la newsletter gratuite Laetitia@work sur le futur du travail et le fĂ©minisme, et elle est aussi rĂ©dactrice en en chef pour la startup Welcome to the jungle. Quant Ă  Nicolas Colin, cofondateur de l’accĂ©lĂ©rateur de startups The Family, il est spĂ©cialiste du monde numĂ©rique et Ă©dite la newsletter “European Straits”.

    “Nouveau MĂ©dia” a dĂ©marrĂ© en vidĂ©o mais les tests sur ce format ne sont pas rĂ©vĂ©lĂ©s concluants : format trop complexe Ă  produire. La newsletter inclut finalement des contenus Ă©crits - Ă©ditos ou notes de lecture - ainsi que les Ă©pisodes du podcast “A Deux Voix”, rĂ©servĂ©s aux abonnĂ©s. Tout l’enjeu est en effet de convaincre l’audience de soutenir le projet Ă  hauteur de 150 euros par an. RĂ©sultat au bout de 6 mois : environ 5% des inscrits - 3000 en tout - sautent le pas du payant.

    La suite est dĂ©jĂ  en construction : “Building Bridges”, sorte de version europĂ©enne de “Nouveau DĂ©part”, propose des interviews sous forme de podcast en anglais, dĂ©clinĂ©es en français, allemand et bientĂŽt espagnol.

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    Pour aller plus loin (liens Ă  mentionner)

    Laëtitia Vitaud est présente sur LinkedIn et sur Twitter.

    “Nouveau DĂ©part” a sa page LinkedIn, sa chaĂźne YouTube, son compte Twitter.

    Les conseils newsletter de Laetitia...

    ...sur le futur du travail...

    Zevillage (Xavier de Mazenod)

    Billet du futur (Samuel Durand)

    La Mutante (Noémie Aubron)

    Remotive (Rodolphe Dutel)

    Fwd: Economy (MIT)

    The Professional Freelancer (Anna Codrea-Rado)

    O'Reilly Next Economy (Tim O'Reilly)

    
 sur d’autres sujets...

    European Straits (la newsletter de Nicolas Colin)

    Idée fixe (Toni Cowan-Brown)

    The Uncertainty Mindset (Vaughn Tan)

    Behavioral Scientist

    Maker Mind (Anne-Laure Le Cunff)

    Les Glorieuses (Rebecca Amsellem)

    Culture Study (Anne Helen Petersen)

    Plumes with Attitude (Benjamin Perrin)

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    L’essentiel de l’épisode (avec time code)

    [06:25] Les usages du podcast ont Ă©voluĂ©. Les gens avaient l’habitude de les Ă©couter sur le chemin du travail, un demi-Ă©pisode le matin et l’autre le soir. Le confinement a crĂ©Ă© de nouveaux usages : en faisant la cuisine ou en faisant son sport. On y revient d’autant plus qu’on en a marre d’avoir les yeux rivĂ©s sur l’écran, le fameux tunnel zoom.

    [06:43] Une fois qu’on a levĂ© le verrou technique, sur les outils et la qualitĂ© du son, il y a quand mĂȘme un petit coĂ»t d’entrĂ©e. AprĂšs, il n’y a plus de limite. Les gens sont plus disponibles.

    [08:00] Nouveau DĂ©part est une newsletter : les abonnĂ©s qui paient un abonnement reçoivent des contenus exclusifs, le podcast “A deux voix”, qui est une conversation avec nos deux approches diffĂ©rentes qui est diffĂ©rent de ce qu’on entend Ă  la radio. On en fait deux fois par semaine.
    Le chapeau, c’est “le mĂ©dia de la crise et de la transition”. On a compris que la crise actuelle accĂ©lĂšre un certain nombre de phĂ©nomĂšnes en germe et qui nous font passer d’un paradigme Ă  un autre. Le prisme de Nicolas c’est l’économie numĂ©rique et l'entrepreneuriat. Mon angle de travail est le futur du travail, les transformations des organisations.

    [13:43] La newsletter permet d’envoyer des formats diffĂ©rents. Le lundi par exemple on envoie un Ă©dito Ă©crit avec une version audio et Ă  tous nos inscrits.

    [15:39] La newsletter est du coup plutĂŽt un canal mais cela a ceci de particulier que ça crĂ©e un lien diffĂ©rent avec les abonnĂ©s : il suffit de rĂ©pondre pour interagir directement avec la personne qui crĂ©e le mĂ©dia et de maniĂšre beaucoup plus intime, plus direct. Pas du tout comme de laisser un commentaire au bas d’un article ou d’un blog de maniĂšre anonyme. LĂ  c’est toujours plus constructif.

    [17:20] On a largement dĂ©passĂ© les 100 abonnĂ©s. C’est intĂ©ressant de regarder la courbe. Au dĂ©but ce temps qu’on passe pour trĂšs peu d’abonnĂ©s , ça semble pas du tout rentable. Et arrive un moment quand ça progresse, on voit que ça commence Ă  valoir la peine, et puis on commence Ă  envisager d’acheter du matĂ©riel, d’avoir des personnes qui nous aident.

    [19:02] Un mĂ©dia comme ça finalement c’est une startup : toucher le plus de gens possible, tu attires un maximum de gens avec du contenu gratuit, tu les habitues et puis un jour certains passent le pas du payant. Donc le dĂ©fi c’est de savoir ce qui va leur faire franchir le cap, en faisant dĂ©couvrir par exemple notre podcast, ou avec des opĂ©rations spĂ©ciales.

    [21:05] Environ 5 et 10% inscrits sont abonnĂ©s et on doit ĂȘtre Ă  un peu moins de 3000 inscrits, avec Ă  peu prĂšs 5-6% abonnĂ©s.

    [23:05] Il y a quelque chose de trĂšs personnel, c’est une relation qui s’établit. Soit ils aiment cette maniĂšre de voir le monde, en particulier pour l’un de nous deux. C’est nous qu’on vient suivre. Souvent des gens avec lesquels on a dĂ©jĂ  interagi, par exemple lors d’une confĂ©rence.

    [28:45] Dans un monde qui se polarise, oĂč on cherche des choses tranchĂ©es, singuliĂšres, le cĂŽtĂ© “mĂ©dia fourre-tout”, qui ne se mouille pas, sans identitĂ©, c’est pas forcĂ©ment ce que les gens viennent chercher. Pour un accĂšs Ă  l’information brute, oui, mais seules quelques institutions pourront jouer ce rĂŽle.

    [29:27] On voit Ă©merger des modĂšles singuliers, d’individus, souvent des anciens journalistes, qui dĂ©cident de faire disparaĂźtre cet intermĂ©diaire qu’est le mĂ©dia traditionnel et vont s’adresser directement Ă  une communautĂ©, parfois ils ont mĂȘme dĂ©jĂ  construit une audience.

    [32:24] Est-ce qu’il y a de la place pour tout le monde ? Dans cette phase de conquĂȘte, il y a des gens qui vont prendre des places. Mais Ă  un moment il va y avoir saturation.

    [33:10] Pour arriver Ă  100 abonnĂ©s prĂȘts Ă  payer, il faut en avoir touchĂ© 10-20 000. C’est pas un hasard si beaucoup de ceux qui rĂ©ussissent Ă  en vivre sont des journalistes car il vaut mieux avoir une audience au dĂ©part.

    [34:10] En thĂ©orie les grands mĂ©dias ont une opportunitĂ© extraordinaire de recruter des talents et de redevenir plus glamour auprĂšs d’une audience qui Ă©volue, comme Ă  l’époque des blogueurs. C’est ce qu’avait fait New York Times avec le blog FiveThirtyEight de Nate Silver pour les Ă©lections de 2012.

    [35:25] Ces stars de la passion economy deviennent des mĂ©dias eux-mĂȘmes et ils perdraient en libertĂ©, indĂ©pendance, autonomie sans gagner forcĂ©ment en notoriĂ©tĂ©. Il faudrait pouvoir les dĂ©tecter au bon moment, avant qu’ils soient des superstars et ça nĂ©cessiterait de prendre des risques, d’ĂȘtre trĂšs curieux des petites pousses. J’ai pas l’impression que les grands mĂ©dias fassent ça. Et j’ai l’impression que les grands mĂ©dias font cela avec beaucoup de retard.

    [38:11]Pour exister dans la passion economy il faut pouvoir dire “je”, exister comme une personne singuliĂšre, avoir une identitĂ© Ă©ditoriale trĂšs claire, une niche.

    [38:51] Il faut se lancer ! CrĂ©er un mĂ©dia c’est un vĂ©hicule pour crĂ©er son identitĂ© dans un contexte oĂč il faut construire une rĂ©putation, un rĂ©seau. Beaucoup de podcasts que j’aime bien sont partis comme ça. Ils l’ont fait au dĂ©but sur une volontĂ© d’apprendre, pas immĂ©diatement avec l’idĂ©e d’en faire quelque chose de rentable. Et finalement ils en ont fait quelque chose d’unique, et se sont crĂ©Ă© un revenu.

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    Crédits

    Interviews : Jean-Baptiste Diebold
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Design graphique : Benjamin Laible
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio

  • La dĂ©fiance vis-Ă -vis des grands mĂ©dias tient en partie Ă  l’actionnariat de ces entreprises, avec la prĂ©sence de nombreux milliardaires, et au doute sur l’indĂ©pendance des rĂ©dactions qui en dĂ©coule. Ce constat constitue le point de dĂ©part d’Un Bout du Monde qui propose, via un financement participatif, Ă  tout un chacun de devenir membre de cette association qui a vocation Ă  peser sur la gouvernance du Monde et d’autres mĂ©dias.

    Les deux animateurs de la campagne, Assen Lekarski, fondateur de l'agence Kokoshka (ex-Newspayper), et CĂ©cile Calmon, chargĂ©e d'opĂ©rations au sein d'Un Bout du Monde, nous racontent ce projet portĂ© par l’économiste Julia CagĂ©, autrice de Sauver les mĂ©dias et prĂ©sidente de la sociĂ©tĂ© des lecteurs du Monde.

    Cette association souhaite devenir une sorte d’ «ONG» pour les mĂ©dias français, permettant Ă  la fois de mobiliser une communautĂ© impliquĂ©e dans l’indĂ©pendance des rĂ©dactions et de fournir un support logistique, juridique
 aux mĂ©dias ayant des problĂ©matiques d’actionnariat.

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    Pour suivre Un Bout du Monde

    Site Un Bout du Monde : https://unboutdumonde.org/ Campagne KisskissBankbank : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/unboutdumonde?utm_source=unboutdumonde&utm_campaign=aparte&utm_medium=podcast

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    L’essentiel de l’épisode

    [06:07] L’idĂ©e de Julia CagĂ© est de concrĂ©tiser pour le Monde et les grands mĂ©dias la capacitĂ© Ă  fĂ©dĂ©rer de maniĂšre citoyenne et dĂ©mocratique les journalistes, les salariĂ©s et les lecteurs afin de leur permettre d’entrer dans le capital de ces mĂ©dias

    [07:14] Pourquoi c’est intĂ©ressant de faire appel au grand public ? En France la question de la production de l’information est Ă©minemment politique, c’est trĂšs prĂ©sent dans le dĂ©bat. Tout le monde a un avis sur les mĂ©dias, notamment mainstream. Il suffit de regarder l’arrivĂ©e de Daniel Kretinski au capital du Monde.

    [08:37] Il y a un besoin de fiabilitĂ©, un besoin de comprendre, avec beaucoup de sujets complexes Ă  apprĂ©hender (climat, 5G
). L’association fait aussi le constat d’un manque de confiance dans l’information proposĂ©e avec, parmi les facteurs Ă©voquĂ©s, la question de l’actionnariat. Il y a une volontĂ© de s’investir Ă  l’échelle individuelle et pas forcĂ©ment la structure qui permet de s’organiser collectivement pour peser dans le dĂ©bat public et participer au financement des mĂ©dias.

    Donc l’idĂ©e du financement participatif, c’est de remettre les citoyens au centre du jeu. Les mĂ©dias sont un pilier de la dĂ©mocratie : aujourd’hui on fait le constat d’un doute grandissant vis-Ă -vis des mĂ©dias dits mainstream. Le financement participatif permet de parler Ă  chacun et de peser collectivement. Il y a vraiment cet effet de bascule.

    [11:21] Quand Daniel Kretinski a rachetĂ© la participation de Mathieu Pigasse dans Le Monde, c’est uniquement grĂące Ă  la mobilisation des journalistes, des salariĂ©s et des lecteurs mobilisĂ©s par le journal contre cet actionnaire non dĂ©sirĂ© qu’un droit d’agrĂ©ment a pu ĂȘtre obtenu par les journalistes et le pĂŽle d’indĂ©pendance.

    L’association Un Bout du Monde vise Ă  consolider ce soutien dans le temps et de se doter de fonds pour mener des actions d’entrĂ©e au capital lĂ  oĂč ce sera possible, avec une prĂ©sence au conseil d’administration. Et tout simplement aussi avoir cette foule prĂȘte Ă  se battre pour l’indĂ©pendance des journalistes, des gens identifiĂ©s, prĂȘts Ă  se battre et facilement mobilisables.

    [12:58] C’est une sorte d’ONG des mĂ©dias qu’on est en train de crĂ©er avec Au Bout du Monde, comme dans l’environnement, avec des gens prĂȘts Ă  se mobiliser pour des causes et des initiatives.

    [14:12] Julia CagĂ©, en tant que prĂ©sidente de la SociĂ©tĂ© des Lecteurs du Monde, participe aux rĂ©unions avec les actionnaires et a Ă©voquĂ© l’association. La direction du Monde soutient l’initiative, ainsi que le po^le d’indĂ©pendance, membre de l’association, et la SociĂ©tĂ© des RĂ©dacteurs du Monde.

    [15:42] Un point lié au financement participatif : quel que soit le montant de la participation, 5 ou 30 euros, chaque personne a une voix en assemblée générale. Une personne, une voix.

    [17:11] Dans l’action d’Un Bout du Monde vis-Ă -vis des autres mĂ©dias, il y a bien sĂ»r les situations de crise, avec des actionnaires non dĂ©sirĂ©s, pour mobiliser l’opinion mais il existe aussi des situations oĂč des rĂ©dactions ont envie d’une nouvelle gouvernance et ont besoin d’un accompagnement. Par exemple de petits mĂ©dias indĂ©pendants qui ont fait des choix courageux et ont des questionnements juridiques pour Ă©voluer vers un schĂ©ma de fondation comme on le pousse.

    [19:30] On peut aussi soutenir l’action des journalistes s’ils sont en grĂšve, s’ils veulent dĂ©fendre leur indĂ©pendance Ă  cause de dĂ©cisions qui touchent leur Ă©thique ou leurs conditions de travail, on sera lĂ  pour les dĂ©fendre, nous et la communautĂ©.

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    Crédits

    Interviews : Jean-Baptiste Diebold
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Design graphique : Benjamin Laible
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio

  • AprĂšs des annĂ©es passĂ©es en Suisse au journal Le Temps et au sein du jeune site Heidi.news, mĂ©dias oĂč il a dĂ©veloppĂ© de nombreuses newsletters, Jean Abbiateci a lancĂ© Bulletin.fr en juin 2020. Un mĂ©dia Ă  taille humaine qui va pouvoir grandir avec le nombre de ses abonnĂ©s.
    Le point de dĂ©part de son aventure entrepreneuriale ? Franchir le mur du temps ! Les formats courts des bulletins sont en effet pensĂ©s pour s’adapter aux vies trĂšs denses des 30-45 ans. ConcrĂštement, Bulletin utilise le canal de la newsletter pour proposer de mini-magazines Ă  haute valeur ajoutĂ©e en terme de confort visuel et avec la promesse d’ĂȘtre lisibles en 5 minutes.

    Jean Abbiateci mise sur la curiositĂ©, une vertu selon lui dĂ©laissĂ©e par les mĂ©dias, en mĂ©langeant infos concernantes et dĂ©couvertes. Son modĂšle Ă©conomique est “freemium” : on s’abonne gratuitement Ă  un bulletin et, si on en veut plus, il faut s’abonner. Prochaines thĂ©matiques Ă  venir : parentalitĂ©, Ă©crans, psycho-sciences...

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    Pour aller plus loin

    Le site de Bulletin Les coups de coeur de Jean Abbiateci : la revue Pays actuellement en campagne de financement participatif, le collectif Argos sur les questions climatiques et le collectif Youpress qui travaille beaucoup sur les questions de harcĂšlement au travail. Un petit coup de coeur personnel : le magazine SphĂšres.

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    L’essentiel de l’épisode (avec time code)

    [05:53] : Le sentiment que j’ai, qui est peut-ĂȘtre iconoclaste, est qu’il faut aller vers le format court. Je ne voulais pas faire un mĂ©dia qui soit mis dans une bibliothĂšque de maniĂšre un peu cĂ©rĂ©monielle mais un mĂ©dia qui soit lu.

    [08:25] J’ai l’impression aujourd’hui qu’un mĂ©dia doit devenir un mĂ©dia compagnon, qui nous accompagne au long de la journĂ©e, de la semaine, du mois. On ne peut plus juste dire : venez chez nous, on a du contenu.

    [08:59] : La newsletter, par son format simple, rĂ©gulier, qui crĂ©e un rendez-vous, ouvre sur d’autres sources, permet de rĂ©aliser ce mĂ©dia compagnon. La newsletter du New York Times est trĂšs incarnĂ©e. Un mĂ©dia doit ĂȘtre comme un guide de musĂ©e qui indique ce qui est intĂ©ressant Ă  regarder aujourd’hui sur un sujet. C’est un mĂ©lange de recommandations, de conseils de lectures...

    [10:24] Une bonne newsletter c’est de l’info et de l’esprit. Dans cet ordre-là.

    [11:05] Une des promesses initiales de la newsletter c’est : moi lecteur, je vous donne mon adresse email et vous, Ă©diteur,vous engagez Ă  m’envoyer du contenu ma ma boĂźte mail, sinon je vous supprime. Cela crĂ©e un lien trĂšs fort.

    [11:25] Le modÚle des pages vues ne permet plus de créer ce lien entre le lectorat et une rédaction

    [12:03] L’idĂ©e est de crĂ©er de mini-magazines pour le mobile. On a vraiment travaillĂ© sur le design, avec un dĂ©coupage court, de petites formats, on a crĂ©Ă© des cartes de textes, d’images, de quizz
 Faire l’expĂ©rience la plus simple, la plus agrĂ©able possible. Qu’on puisse lire un Bulletin avec un cafĂ© le matin

    [15:03] Mon obsession Ă©tait d’éviter de faire un mĂ©dia de journaliste pour des journalistes. C’est un des biais quand on crĂ©e des mĂ©dias, on s’écoute beaucoup et on a envie d’ĂȘtre reconnus par nos pairs. Il faut beaucoup plus Ă©couter les gens qui seront vos lecteurs : bouchers, fonctionnaires
 Quand je travaille sur mes audiences, je chasse ceux que j’ai identifiĂ©s comme journalistes pour ne pas ĂȘtre biaisĂ© dans l’analyse.

    [16:38] La cible de Bulletin, ce sont les CSP+ - parce que ce sont eux qui lisent de l’information - dans les villes de province. En fait j’ai pensĂ© Ă  ma femme qui est institutrice. Comment faire un mĂ©dia pour elle ? Comment est-ce qu’elle consulte l’info, qu’est-ce qu’elle lit, qu’est-ce qui l’intĂ©resse ? RĂ©ponse, un mĂ©lange entre des infos pratiques et des infos inspirantes. Pour moi cette façon de faire est moins intimidante que d’imaginer un mĂ©dia pour une audience large.

    [18:10] Aujourd’hui on a 500 prĂ©-abonnĂ©s payants via un crowdfunding. Et puis 9000 abonnĂ©s gratuits. Grosso modo ils ont entre 30 et 45 ans, c’est un public en lĂ©gĂšre majoritĂ© fĂ©minin, plutĂŽt CSP+.

    [19:20] Le projet Bulletin, ce sont des bulletins Ă  la carte. On s’abonne aux bulletins qui nous intĂ©ressent. Pour l’instant il y a un bulletin sur l’actualitĂ©. Et demain il y aura un bulletin sur la parentalitĂ©, sĂ»rement un sur les Ă©crans, un entre psycho et sciences... C’est le mĂ©dia Ă  la carte.

    [20:15] Ce qui me frappe c’est que dans la presse française il y a peu de choses sur la parentalitĂ© qui m’intĂ©ressent moi, pĂšre de 3 enfants. Je pense qu’il y a un crĂ©neau Ă  prendre.

    [21:09] Ce n’est pas que de l’utile, c’est un mix entre des choses concernantes et des choses qui m’ouvrent. Je crois beaucoup au “mĂ©dia piĂšge” .

    [22:38] Un bon mĂ©dia doit Ă©couter ses lecteurs et les ouvrir Ă  d’autres choses.

    [23:15] Je fais une part importantes Ă  des articles de chercheurs, pas que des articles de journalistes.

    [24:20] En crĂ©ant Bulletin, je voulais Ă©viter une erreur. J’ai vu beaucoup de copains qui crĂ©aient des mĂ©dias. Ils font une super revue. Le problĂšme c’est que ce n’est pas tenable sur la durĂ©e, une fois passĂ©e la pĂ©riode du bĂ©nĂ©volat. J’ai conçu Bulletin comme quelque chose de trĂšs modeste. Je peux gagner ma vie Ă  cĂŽtĂ©.

    [25:40] Le crowdfunding Ă  13 000 euros Ă©tait modeste. Cette expĂ©rience a Ă©tĂ© trĂšs cool, a permis de tester des choses. Maintenant nous avons la possibilitĂ© de demander des aides Ă  la presse. J’ai investi un peu d’argent personnel. La premiĂšre annĂ©e est donc Ă  peu prĂšs assurĂ©e. AprĂšs, on verra si les gens sont prĂȘts Ă  mettre quelques euros par mois


    [26:55] On pourra s’abonner à un bulletin gratuitement et si on en veut plus on prend un abonnement.

    [29:24] Je crois beaucoup Ă  la fabrication Ă  plusieurs de l’information, entre les journalistes et le public. Il faut inventer des projets sur-mesure qui permettent au lecteur d’ĂȘtre acteur de l’information.

    [31:15] Je pense que c’est important d’avoir une mission en tant que mĂ©dia, de savoir Ă  quoi on sert.

    [32:08] La mission de Bulletin c’est l’éveil par la curiositĂ©. La curiositĂ© c’est une vertu peu oubliĂ©e par les mĂ©dias je trouve. A Bulletin, on est sensible aux infos un peu plus optimistes, des choses dans les angles morts, regarder ailleurs ou dans le rĂ©tro. C’est une hygiĂšne professionnelle d’aller explorer ça.

    [34:01] L’innovation dans les mĂ©dias se fait beaucoup hors des rĂ©dactions.

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    Crédits

    Interviews : Jean-Baptiste Diebold
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Design graphique : Benjamin Laible
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio

  • Le dernier invitĂ© de la deuxiĂšme saison d’A Parte est Ludovic Blecher, le responsable de Google News Initiative Innovation (GNI), la structure mondiale crĂ©Ă©e il y a 3 ans au sein du gĂ©ant du numĂ©rique pour favoriser la “collaboration et le soutien aux initiatives dans les mĂ©dias”. Un poste d’observation particuliĂšrement intĂ©ressant sur le monde de l’information.

    Ludovic Blecher raconte comment, en pleine crise du covid 19, Google a lancĂ© en quelques jours un fonds d’urgence d’aide aux mĂ©dias qui a permis Ă  plus de 5000 d’entre eux Ă  travers le monde, surtout de petites structures locales, de recevoir quelques milliers d’euros pour faire face aux besoins matĂ©riels liĂ©s au confinement.

    Cette opĂ©ration s’inscrit dans une stratĂ©gie globale de Google depuis 2013 d’accompagnement de la transformation numĂ©rique des mĂ©dias. La plateforme, dĂ©criĂ©e comme fossoyeuse des revenus des Ă©diteurs mais devenue indispensable pour leur trafic, lance des appels Ă  projets innovants, finance des Ă©tudes du Reuters Institute ou encore crĂ©e des produits utiles Ă  la presse, comme Subscribe with Google, rĂ©cemment adoptĂ© par Le Monde.

    Dans son parcours l’amenant du site internet de LibĂ©ration jusqu’à Google, en passant par une bourse d’étude Ă  Harvard, Ludovic Blecher raconte sa passion pour le journalisme de qualitĂ© et son constat qu’à l’ùre numĂ©rique il n’existe plus de recette magique. A chaque mĂ©dia d’inventer son modĂšle.

    Pour aller plus loin

    Le site de Google News Initiative Subscribe with Google

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    L’essentiel de l’épisode

    L’urgence face à la crise du Covid

    [00:07:45] C'est une lame de fond qui vient toucher, impacter absolument tout le monde. Et moi, ça fait des annĂ©es, quasiment dix ans, que le cƓur de mon mĂ©tier, c'est de stimuler l'innovation, de pousser les mĂ©dias Ă  rĂ©flĂ©chir, mettre en place des habitudes nouvelles, Ă  tester des choses, Ă  travailler aussi sur leur culture, sur des logiques d'accompagnement du changement, sur les nouveaux modes de production, des nouveaux modes de distribution. Et finalement, lĂ , il n’était plus tellement question d'innovation dans les discussions que j'avais, ou en tout cas plus question de pousser Ă  innover puisque l'innovation et l'adaptation Ă©taient forcĂ©es du jour au lendemain. Il fallait rĂ©inventer des mĂ©thodes de travail. Il fallait inventer immĂ©diatement, mettre en place du jour au lendemain d'autres mĂ©thodes de distribution, etc.

    [00:08:49] En revanche, lĂ  oĂč s'est vraiment focalisĂ©e la conversation, ça a Ă©tĂ© de dire : le choc est tel que l'on n'est pas sĂ»r d'avoir le minimum pour pouvoir continuer Ă  faire le boulot minimum. Comment on paie nos journalistes? Comment on fait pour s'Ă©quiper, pour travailler Ă  la maison? Comment on fait pour s'adapter et assurer le besoin d'information dans cette pĂ©riode si particuliĂšre, alors mĂȘme que les gens ont plus que jamais besoin d'ĂȘtre informĂ©s?

    [00:17:18] On a reçu tout de suite, dĂšs le premier jour, un nombre extrĂȘmement consĂ©quent de projets. Alors, je vous donne le chiffre, Ă©videmment. On a reçu au final plus de 12 000 projets de 140 pays Ă©ligibles. Donc, c'est absolument Ă©norme, gigantesque. Et 90% de ces projets venaient de salles de rĂ©daction, d'entitĂ©s, d'organisation mĂ©dias, de moins de 26 journalistes. Il y en avait des beaucoup plus grosses, Ă©videmment, mais ça dit Ă  quel point il y avait cet impact, Ă  quel point la crise touchait tout le monde et Ă©tait dure, brutale, violente.

    [00:19:54] Le nombre de médias aidés, c'est plus de 5300 médias et qui ont reçu ou sont en train de recevoir un soutien entre 5 000 dollars et 30.000 US dollars.

    [00:24:59] Cet d'amortisseur a permis de mieux mettre en place toute cette mécanique indispensable pour se mettre en ordre de bataille et essayer de s'adapter à cette nouvelle réalité.

    CrĂ©er une “collaboration” entre Google et les mĂ©dias

    [00:29:42] Moi je crois Ă  la collaboration entre diffĂ©rents acteurs qui font partie d'un Ă©cosystĂšme. Il est Ă©vident qu'on fait partie d'un Ă©cosystĂšme. Aujourd'hui, nous Google - j'ai plus de difficultĂ© Ă  mettre dans un mĂȘme sac toutes les plateformes parce que je crois que chacun a des diffĂ©rences - Google est Ă©videmment a un modĂšle d’apport d'audience, de trafic, de partage de revenus.

    [00:30:15] Il faut quand mĂȘme avoir, lĂ  aussi, quelques chiffres intĂ©ressants en tĂȘte. En Europe, plus de 8 milliards de fois, des gens cliquent sur des contenus news depuis Google. Il y a plus de 3000 de clics par seconde et de visiteurs qui sont apportĂ©s Ă  des sites mĂ©dias. En 2018, plus de 14 milliards ont Ă©tĂ© partagĂ©s Ă  travers le monde Ă  travers du partage de revenus publicitaires Ă  des Ă©diteurs.

    [00:32:39] La façon dont ont été pensées ces appels à projets, ont permis, ont vu passer là, certainement parmi, si ce n'est les principales, innovations de ces derniÚres années dans les médias français.

    Tous les grands modĂšles, les changement de modĂšle, modĂšle d'abonnement, mise en place de zones premium, travail sur la relation avec les lecteurs, des nouveaux produits Ă©ditoriaux, je pense Ă  la Matinale du Monde mais on pourrait vraiment en mentionner beaucoup, certains extrĂȘmement rĂ©ussis, d'autres qui ont permis d'apprendre des choses mĂȘme si ça n'a pas Ă©tĂ© une innovation qui a permis nĂ©cessairement de gĂ©nĂ©rer des revenus. D'autres qui se sont vraiment installĂ©s dans le paysage. Tous ces projets sont passĂ©s par par ce fonds français, ont Ă©tĂ© financĂ©s par le fonds français, ensuite par le fonds europĂ©en.

    [00:33:40] Ce qu'on voit trĂšs bien, c'est que cette collaboration, qui a ouvert un espace de discussion permanent entre les mĂ©dias et Google, a permis d'avancer sur tout un tas de thĂ©matiques. Et donc de ce fonds français, de ces discussions, de cette Ă©mulation, est nĂ©e une initiative, cette fois au niveau europĂ©en, qui est venue deux ans et demi ou trois ans aprĂšs est venue prendre le relais, c’est qu'on a appelĂ© le DNI, le Digital News Initiative.

    [00:34:14] Cette fois, on a Ă©tĂ© plus loin. On s'est pas contentĂ© de faire un fonds qui stimule l'innovation dans les mĂ©dias dont j'ai pris la charge. Mais on a aussi ajoutĂ© deux autres piliers, autour de la formation et de la recherche, avec des rapports sur le numĂ©rique, des Ă©tudes super approfondies, vraiment passionnantes, qui sont faits chaque annĂ©e en partenariat avec le Reuters Institute. J’incite tout le monde Ă  aller voir, c'est certainement l'une des sources les plus les plus profondes, les plus travaillĂ©es sur l'Ă©tat de la mutation, de la transformation des mĂ©dias Ă  l'heure du numĂ©rique, partout dans le monde.

    [00:35:18] Et puis, une dimension plus “produit” avec des produits comme AMP, qui a permis un nouveau standard open source pour multiplier et accĂ©lĂ©rer Ă©normĂ©ment l'affichage de l’information des articles sur les mobiles, intĂ©grant lĂ  aussi des logiques d'abonnement, des nouveaux produits qui sont venus un peu plus tard, comme Subscribe with Google, qui est maintenant mis en place par diffĂ©rents acteurs. Le Monde l'a rĂ©cemment mis en place, ainsi que beaucoup d'autres acteurs partout ailleurs en Europe et dans le monde.

    Une carriùre dans la transformation digitale de l’info

    [00:42:58] J'Ă©tais rĂ©dacteur en chef et directeur numĂ©rique Ă  LibĂ©ration. Et finalement, j'Ă©tais un journaliste qui Ă©tait devenu un amoureux de la fabrication de nos produits. J'ai toujours estimĂ© que le digital, c'Ă©tait finalement une chance, une opportunitĂ©. Et en tant que journaliste, c'Ă©tait tellement rare de voir des nouveaux mĂ©dium se crĂ©er, qu’il fallait le prendre tel quel en inventant des nouvelles Ă©critures, en inventant une nouvelle relation avec le lecteur, et que tout ça, c'Ă©tait gĂ©nial.

    Et donc, j'ai Ă©tĂ© d'abord journaliste, reporter. C'Ă©tait ma passion. Et puis, trĂšs vite, je me suis dit : moi, j'aime aussi crĂ©er des mĂ©dias, ou Ă  l'intĂ©rieur des mĂ©dias, crĂ©er ce qu'on appelle, ce qui Ă©tait Ă  l'Ă©poque un gros mot Ă  LibĂ©ration, des produits, avec un marketing pour installer ce produit et attirer de nouveaux lecteurs. J'ai Ă©tĂ© confrontĂ© un peu Ă  cette logique oĂč on vit un peu en silos, oĂč j'avais le sentiment que les journalistes me regardaient parfois avec des gros yeux en disant : mais pourquoi tu t'intĂ©resses aux abonnĂ©s, au montant de l'abonnement, au prix Ă  payer, voire Ă  la publicitĂ© ou bien Ă  la communication et au marketing. Cela ne doit pas ĂȘtre dans ton champ.

    [00:49:00] Je crois qu’un des Ă©lĂ©ments du numĂ©rique, c'est qu'il n’y a plus de “silver bullet”, comme disent les AmĂ©ricains, c’est-Ă -dire de recette miracle, de recette magique. Chacun doit construire sa petite recette. Il faut s'inspirer des autres. On peut emprunter les ingrĂ©dients de ce qui se fait partout ailleurs, mais Ă  un moment, il faut construire avec son identitĂ©, son journalisme, sa rĂ©alitĂ© et surtout ses audiences.

    [00:52:15] Si on fait du journalisme, il est Ă©vident que le point de dĂ©part est l'Ă©ditorial. Mais le rapport aux outils et Ă  la techno va ĂȘtre diffĂ©rent si on est dans un modĂšle 100% abonnement, si on a un modĂšle d'un taux de conversion avec un modĂšle trĂšs mixte, oĂč avoir besoin de beaucoup d'audience et beaucoup de reach est aussi important que de monter son taux d'abonnement, ou bien si l'on est sur un modĂšle purement gratuit ou lĂ , ce qui est important, c'est de gĂ©nĂ©rer un maximum d'audience.

    [00:52:58] Je crois que rĂ©ellement, la reconstitution des liens avec les lecteurs, part de lĂ , c'est le plus fondamental. Quelle est sa promesse Ă©ditoriale? Comme on est capable de la tenir, comme on est capable de faire des choix, comment on est capable de produire un journalisme d'extrĂȘme qualitĂ© aujourd'hui. Et ça, les gens sont prĂȘts Ă  le payer. Ensuite, la techno va ĂȘtre utilisĂ©e, cette fois dans un second temps, pour des logiques de rĂ©duction par exemple du churn, de rĂ©duction de l'attrition, comment on maintient ses abonnĂ©s. Comment on se rappelle Ă  ses abonnĂ©s? Comment on fait en sorte que quelqu'un qui s'est abonnĂ© avant tout pour soutenir la qualitĂ© soit aussi au courant de ce qui est produit Ă  travers des newsletters, des rappels, des alertes, des choses qui sont poussĂ©es pour s'assurer qu'il consomme et qui profite de la qualitĂ© et que cela lui donne envie de se rĂ©abonner ou d’ĂȘtre un ambassadeur de la marque mĂ©dia.

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    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • Ce nouvel Ă©pisode d’A parte nous emmĂšne en CĂŽte d’Ivoire, oĂč les jeunes journalistes se tournent de plus en plus vers la communication digitale. FormĂ© Ă  l’ESJ Lille, puis revenu Ă  Abidjan, IsraĂ«l Guebo innove depuis 10 ans dans les mĂ©dias en Afrique de l’Ouest. Son dernier projet en date est une radio militante et bĂ©nĂ©vole qui lutte contre les fake news en diffusant des informations vĂ©rifiĂ©es sur WhatsApp, Twitter et Facebook. Depuis le dĂ©but de la crise du coronavirus, WAmĂ©dias joue ainsi un rĂŽle fondamental pour sensibiliser et Ă©duquer la population. Son JT touche de nombreux Ivoiriens, au pays et Ă  l’étranger, notamment grĂące Ă  la reprise des contenus par des radios communautaires, qui assurent une traduction en langues locales. Dans les prochains mois, WAmĂ©dias pourrait continuer son travail de fact-checking Ă  l’occasion de la prochaine Ă©lection prĂ©sidentielle en CĂŽte d’Ivoire.

    Avant WamĂ©dias, IsraĂ«l Guebo a menĂ© de nombreux autres projets journalistiques, souvent participatif, toujours militant, pour que les mĂ©dias gardent toute leur place dans le pays. Il a notamment crĂ©Ă© une Ă©cole de journalisme afin d'insuffler aux jeunes le mĂȘme enthousiasme qui l’anime depuis 10 ans.

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    L'essentiel de l'Ă©pisode

    [00:04:05.460]

    La CĂŽte d'Ivoire a eu son premier cas d'infection au coronavirus le 11 mars. Et dans la foulĂ©e, il y a eu beaucoup d'informations qui circulaient, disant par exemple que le soleil tue le coronavirus. Que les Noirs ne meurent pas du coronavirus. Qu’il faut boire de l'eau chaude pour lutter contre le coronavirus. Et Ă  cĂŽtĂ© de ça, on s'est rendu compte que l'information institutionnelle donnĂ©e par le gouvernement restait au niveau au sommet, ne descendait pas auprĂšs des populations. On s'est dit : il faut qu'on arrive Ă  rĂ©cupĂ©rer ces informations, Ă  vĂ©rifier et Ă  les diffuser auprĂšs des populations, qu'elles soient en ville ou village. Parce que finalement, ces informations trouvent le bouche Ă  oreille et deuxiĂšmement, faire un Ă©cho, faire un relais aux informations officielles qui permettent Ă©galement de contrer les fake news.

    [00:05:27.970]

    Au tout début, on a lancé un appel à contribution. On a dit : que vous soyez en Chine, au Japon, au Congo-Kinshasa, à Brazzaville, au Sénégal, en CÎte d'Ivoire, si vous avez envie de témoigner sur la situation du coronavirus chez vous, rejoignez ce qu'on appelle la salle de rédaction, qui est en fait un groupe Facebook. Aujourd'hui, prÚs de 600 personnes ont adhéré. Et c'est ainsi que on reçoit des éléments un peu partout dans le monde. Ensuite, nous, on a trois, quatre journalistes qui sont ici à Abidjan et qui vérifient l'information et ensuite diffusent via WhatsApp.

    [00:07:47.070]

    WA mĂ©dias est inspirĂ© de situations qui existent ici en CĂŽte d'Ivoire. Je me suis rendu compte que dans un village, une femme qui ne savait ni lire ni Ă©crire utilisait WhatsApp pour vendre de l'huile de palme. Elle faisait des notes vocales dans la langue locale, les personnes passaient commande Ă©galement via une note vocale. J’ai trouvĂ© que c'Ă©tait une façon assez innovante de communiquer et qu’on pouvait l'adapter Ă  la diffusion de l'information. D'autant plus qu'aujourd'hui aujourd'hui, WhatsApp devient un grand diffuseur de la dĂ©sinformation. Si on veut contrer les fakes news, c’est sur ce terrain lĂ  que nous devons jouer et c’est pourquoi on est arrivĂ© sur WhatsApp.

    [00:09:05.070]

    C’est entiĂšrement bĂ©nĂ©vole. Et pour ĂȘtre trĂšs honnĂȘte, je l’ai fait sur un coup de tĂȘte. Moi, j'adore la radio, et je me suis dit : qu'est ce qu'on peut faire avec des amis ?

    [00:09:40.970]

    On a eu des radios rurales, des radios communautaires qui nous ont approché. Il y en a aujourd'hui qui récupÚrent le son brut du journal et le diffusent sur leurs antennes ensuite, notamment deux radios dans le centre du pays. Elles vont prendre cet élément des reportages et les traduire en langue locale. Donc, indirectement, on arrive à toucher les populations rurales via les radios communautaires.

    [00:11:27.550]

    Qui sont les auditeurs qui vous contactent pour poser des questions aux auditeurs?

    Il y en a qui qui posent des questions sur des informations et qu’ils veulent qu'on vĂ©rifie. Et pour “auditeurs Ă  l'antenne”, ils rĂ©pondent plutĂŽt Ă  une question. Le vendredi, nous mettons la question de la semaine dans le groupe WhatsApp et sur Facebook. Ils ont toute la journĂ©e du vendredi et du samedi pour nous envoyer leurs rĂ©ponses en 60 secondes par notes vocales. Et aprĂšs, on met tout cela bout en bout.

    [00:12:39.660]

    Comment vous gérez ça sur WhatsApp? On sait que les groupes ont une limite à 256 personnes.

    Alors on crée des listes de diffusion. Donc aujourd'hui, nous sommes à sept liste de diffusion et chaque liste de diffusion peut prendre jusqu'à 256 personnes. Donc on imagine que 7 fois 256 personnes vont écouter les émissions.

    Mais parallĂšlement, vous diffusez aussi sur Facebook et sur Twitter?

    [00:13:33.150]

    Oui, parce que tout le monde n'est pas sur WhatsApp. On a aussi prĂšs de 5000 personnes qui sont abonnĂ©es Ă  notre page Facebook et Ă  notre compte Twitter. Le fait dĂ©jĂ  qu'on ait prĂšs de 2000 personnes qui entendent la bonne information, c'est dĂ©jĂ  un pas. Petite anecdote : chaque soir avant le journal, nous envoyons les chiffres officiels du coronavirus en CĂŽte d'Ivoire. Et quand, Ă  20 heures, on n'a pas envoyĂ© les chiffres du jour, mĂȘme si le ministĂšre de la SantĂ© a publiĂ© officiellement les informations, les auditeurs attendent WAmĂ©dias avant de se dire : OK, c'est vrai. Donc, cette crĂ©dibilitĂ© lĂ , elle est assise. Et puis derriĂšre, on se dit que c'est un projet qui est duplicable partout, par exemple sur les Ă©lections.

    [00:14:52.490]

    On l'a entendu dans l'extrait il y a quelques minutes, la CÎte d'Ivoire va avoir des élections à l'automne. Quel rÎle pourrait jouer WAmédias à ce moment là et dans quel avenir?

    Au regard de ce petit succĂšs, je me dis qu’on peut ĂȘtre utile dans cette pĂ©riode prĂ© Ă©lectorale parce qu'on sait trĂšs bien qu'Ă  l'approche des Ă©lections en CĂŽte d'Ivoire ou ailleurs d'ailleurs, il y a beaucoup de fausses informations qui circulent. Et aujourd'hui, cette radio peut servir Ă  donner de la bonne information. Donner la bonne information, c'est aussi garantir un climat de stabilitĂ© et de paix. On a aussi un rĂŽle d'Ă©ducation. D'ailleurs, notre slogan, c'est informer, Ă©duquer, sensibiliser.

    [00:19:38.830]

    Tu es passĂ© par l’ESJ Lille avant de revenir en CĂŽte d'Ivoire pour lancer de nouveaux mĂ©dias comme Avenue 225, qui Ă©tait un site participatif Ă  l'Ă©poque, dans la veine de ce que proposait Rue89. Tu as aussi donnĂ© beaucoup de formations en Afrique de l'Ouest. Quel est le regard que tu portes, toi, sur l'innovation mĂ©dia en Afrique de l'Ouest?

    [00:20:00.220]

    Je pense que on a eu un gros retard au niveau justement des médias et du développement des médias en Afrique de l'Ouest, notamment francophones. Et puis, sur les 4, 5 derniÚres années, on a vraiment une sorte de révolution qui se met en place en utilisant les réseaux sociaux. De plus en plus de journalistes sont sur les réseaux sociaux, de plus en plus de journalistes créent leurs blogs, des médias intÚgrent l'interaction. Dans le site internet, on amÚne du multimédia, donc on a vraiment cette ébullition.

    Ça, c'est le cĂŽtĂ© technique, mais aprĂšs, on a toujours de gros dĂ©fis au niveau Ă©ditorial et au niveau de l'Ă©thique, parce que les habitudes journalistiques qu'on avait dans la presse papier se retrouvent aussi sur Internet. Ca veut dire qu’on va privilĂ©gier une confĂ©rence de presse plutĂŽt qu'un reportage dans lequel on prend le temps de vĂ©rifier une information avant de la diffuser.

    [00:23:51.970]

    Est ce que, selon toi, le métier de journaliste attire encore en CÎte d'Ivoire?

    Je peux rĂ©pondre directement : le journalisme n’attire plus en CĂŽte d'Ivoire. La plupart des jeunes formĂ©s notamment dans les Ă©coles de journalisme ici, notamment Ă  l'Institut supĂ©rieur des sciences de la communication STC, virent tous vers la communication, pour finir, comme attachĂ© de presse, parce que c'est lĂ  oĂč il y a beaucoup plus d'argent que le journalisme. Mais je pense que c'est une mauvaise approche de l'environnement. C'est vrai qu'aujourd'hui, il y a un gros dĂ©samour entre les lecteurs et les journalistes parce qu'ils ont longtemps Ă©tĂ© habituĂ©s Ă  ce qu'on appelle la titrologie.

    La titrologie, pour ceux qui ne savent pas, c'est le fait de s'informer en regardant uniquement les titres des journaux sans acheter. Pendant vingt ans on a Ă©tĂ© habituĂ©s Ă  ça. Les populations ne savent pas pourquoi acheter un journal. Il y a quelques annĂ©es, les coĂ»ts des journaux ont augmentĂ© autour de 300 francs CFA. Environ 50 centimes. 50 centimes, c'est le prix d'un plat pour manger Ă  midi, donc pour le lecteur le choix est tout de suite fait. Et puis, Internet est arrivĂ©, qui est beaucoup plus dans l'instantanĂ©. Un Ă©vĂ©nement qui a lieu le samedi, on va voir le mĂȘme samedi. Alors que la presse Ă©crite, on va attendre jusqu'au lundi pour avoir tout ça.

    [00:26:24.560]

    Donc, non, le mĂ©tier du journalisme lui mĂȘme n'est plus sexy aujourd'hui. Celui de la com attire, celui de la com digitale encore plus. Mais justement, notre travail avec l'Institut africain des mĂ©dias, c'est de redonner le goĂ»t, de redonner une certaine beautĂ© aux journalistes en disant aux gens : si vous vous ĂȘtes un bon journaliste, vous avez des chances de rĂ©ussir parce que moi, je suis un exemple palpable.

    [00:26:49.950]

    Et toi, qu'est ce qui fait que tu tiens?

    Je pense que ce sont mes collaborations avec des médias étrangers, notamment. J'ai été correspondant pour la rédaction web de TV5 pendant 8 ans. Pendant cinq ans, de 2008 jusqu'à 2013, j'ai collaboré avec des magazines en Europe, en France, notamment avec le magazine Altermondes. Toutes ces collaborations là m'ont amené aussi à me dire que finalement, quand tu fais ton travail de journaliste, tu peux avoir des opportunités à l'international. Et puis, finalement, je me sens investi d'une mission de transmettre tout ça à une génération qui est un peu déphasée, un peu perdue, un peu découragée, un peu déçue de masquer la médiocrité présentée les 20 derniÚres années.

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    Crédits

    Interviews : Philippe Couve, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • Chez les Journalistes Solidaires, on fait les confĂ©rences de rĂ©daction sur Discord et les enquĂȘtes en mode collaboratif sur AirTable. Ce collectif de pigistes bĂ©nĂ©voles rĂ©partis dans plusieurs pays a vu le jour au dĂ©but du confinement. Ensemble, ils traquent les fake news qui se multiplient depuis le dĂ©but de la crise sanitaire.

    Leur rĂ©dactrice en cheffe, Lina Fourneau, dĂ©voile dans cet Ă©pisode le fonctionnement du collectif. Journalistes Solidaires rassemble une soixantaine de journalistes, dont certains sont des experts du fact-checking et endossent la position de mentors pour encadrer les enquĂȘtes. EnquĂȘtes qui sont relayĂ©es par des mĂ©dias partenaires.

    Le collectif travaille en open newsroom : toutes les enquĂȘtes sont accessibles Ă  tous en ligne dans des fiches collaboratives. Un fonctionnement qui demande beaucoup de rigueur mais qui crĂ©e une grande confiance chez les internautes.

    Ceux-ci ont la possibilitĂ© d’adresser des “signalements” aux Journalistes solidaires, c’est Ă  dire des informations Ă  vĂ©rifier ou dĂ©monter. Peu de moyens, mais beaucoup de motivation : tel est le credo des JS, qui ne comptent pas arrĂȘter leur travail de fact-checking avec le dĂ©confinement.

    Leur derniĂšre trouvaille ? Un outil d’intelligence artificielle pour anticiper la viralitĂ© potentielle d’une fake news. Une innovation applicable bien au delĂ  du seul coronavirus.

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    Pour aller plus loin

    https://journalistessolidaires.com/

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    L’essentiel de l’épisode

    [00:01:08.360]

    Bonjour tout le monde. MalgrĂ© le confinement, on continue d'enregistrer Ă  distance et on parle aujourd'hui de Journalistes Solidaires ou JS pour les intimes. Il s'agit d'un collectif de pigistes nĂ© pendant la crise du coronavirus et qui traque les fake news. Nous sommes donc en ligne avec Lina Fourneau. Bonjour Lina, tu es journaliste pigiste et rĂ©dactrice en cheffe de Journalistes solidaires. Ou es tu actuellement? Et oĂč sont les autres membres de JS ?

    [00:01:39.420]

    Je suis dans un appartement Ă  Paris et les autres sont un peu partout. Comme le virus, on s'est propagĂ©. On est entre la Belgique et la France principalement. On a quelqu'un en Alaska, au Mexique. On a crĂ©Ă© une espĂšce de d'internationale. Ce sont des journalistes qui se sont regroupĂ©s Ă  partir du 16 mars, au moment du discours d’Emmanuel Macron, qui annonçait le confinement. On a eu un message de Julien Cazenave, qui est un journaliste monteur vidĂ©o qui nous proposait de faire quelque chose. Il y avait dĂ©jĂ  plein de fake news diffĂ©rentes, tout le monde Ă©tait un peu perdu sur le flux d'information qu'il y avait face Ă  nous. Sur les rĂ©seaux sociaux, on voyait n'importe quoi, donc on se dit qu'il y avait quelque chose Ă  faire.

    [00:05:23.080]

    On est principalement des pigistes. Les pigistes se sont fait couper les commandes au dĂ©but du confinement. Donc on avait du temps devant nous. On s’est dit : est ce que je dĂ©cide de commencer une nouvelle sĂ©rie sur Netflix ou je participe Ă  l'utilitĂ© publique? On a tous pris la deuxiĂšme option. Moi je suis un bĂ©bĂ© de la PQR, j'ai commencĂ© ma carriĂšre il y a un an et demi. Je fais des piges principalement pour la presse Ă©conomique. On a voulu prendre tout le monde, ouvrir la porte Ă  des Ă©tudiants, Ă  des jeunes journalistes comme je l'Ă©tais, mais aussi se faire aider par ce qu'on a appelĂ© aprĂšs des mentors qui Ă©taient des experts du fact checking, qui avaient dĂ©jĂ  leur expĂ©rience et qui pouvaient nous offrir aussi leurs ressources. Ca a hyper bien marchĂ© comme ça, parce qu'il y avait de l'entraide. Parce que, justement, ces journalistes spĂ©cialisĂ©s dans le fact checking avaient peut ĂȘtre moins de temps, mais beaucoup de choses Ă  nous apprendre.

    [00:08:40.180]

    On a fait comme dans toutes les rĂ©dactions. On a crĂ©Ă© un salon sur Discord : il y a vraiment le cĂŽtĂ© un peu machine Ă  cafĂ© oĂč on discute de tout et de rien. Mais il y a aussi deux confĂ©rences de rĂ©daction par semaine. Et c'est lĂ  on discute des sujets. On utilise aussi Telegram, qui est en fait l'outil qu'on utilise pour avancer notre sujet. Chaque groupe se retrouve sur une discussion Telegram et on a Airtable qui en fait notre base de donnĂ©es Ă©ditable, une sorte d’Excel collaboratif en ligne. On s'est Ă©tabli en open newsroom, c’est Ă  dire une rĂ©daction ouverte oĂč, justement, tout le monde peut voir l'avancĂ©e de nos enquĂȘtes et c'est vraiment notre idĂ©e de la transparence et notre idĂ©e des mĂ©dias. Au dĂ©but, on a tous Ă©tĂ© rĂ©ticents parce que ça veut dire qu'il faut avoir de la rigueur tout le temps. Tout est visible sur le site.

    [00:12:30.390]

    On fonctionne avec des signalements. Un signalement, c'est un internaute qui va dire OK, j'ai vu ce texte, j'ai vu ce tweet, j'ai vu ce post Facebook. Est ce que vous pouvez le vĂ©rifier s'il vous plait? Chaque enquĂȘte mobilise un coordinateur, deux vĂ©rificateurs et un mentor. Le coordinateur, c'est celui qui gĂšre l'Ă©quipe et l’angle. Le mentor, c’est un expert du fact checking, des gens qui connaissent le mĂ©tier, qui veulent nous aider.

    [00:15:01.260]

    Je pense que principalement, les gens sont quand mĂȘme contents de ce qu'on fait parce qu’ils voient qu'on se dĂ©carcasse pour produire de l'information sans vraiment demander en retour des investissements. AprĂšs, bien sĂ»r, on s'attaque Ă  des idĂ©es conspirationnistes, donc forcĂ©ment des gens peu convaincus. Donc, il y a des sujets oĂč on a eu des rĂ©actions vraiment mauvaises.

    [00:16:16.010]

    On publie également des ce qu'on appelle les ripostes qui sont les articles externes, c'est à dire des articles du Monde ou de Libération faits par les cellules de fact checking. En fait, c'est comme ça qu'on a commencé à marcher. C'est en se servant de nos réseaux sociaux pour centraliser toutes les informations parce que les gens ne sont pas conscients qu'il existe autant d'outils pour faire du fact checking en France.

    [00:20:17.380]

    On a Ă©tĂ© assez bien reçus et ça a Ă©tĂ© assez bienveillant de la part des mĂ©dias traditionnels. On a eu beaucoup de discussions avec France Info, notamment sur le mentorat. On a un partenariat avec les Observateurs et France24, avec qui on a publiĂ© notamment une enquĂȘte sur le test de la flamme sur les masques. C'est assez intĂ©ressant de travailler ensemble. Il y a d'autres discussions qui sont mises en place et on essaye d’ĂȘtre assez large. Ils ne peuvent pas traiter tous les sujets, donc je pense que l'entraide est dans les deux sens.

    [00:21:47.680]

    Pour le moment, il n'y a aucune rĂ©munĂ©ration, malheureusement. Mais on essaye de prĂ©parer l'aprĂšs et ça a Ă©tĂ© l'objectif depuis la fin du confinement le 11 mai. C'est bien dans le bĂ©nĂ©volat, mais ça va pas pouvoir durer. Et donc, oui, on essaye de trouver des solutions. On sait pas si ça va venir des mĂ©dias ou si c'est Ă  nous aussi d'aller d'aller chercher des fonds ailleurs. On a ouvert un open collective dĂšs le mois d'avril, c’est Ă  dire une plateforme de financement public. On a eu, je vous avoue, surtout eu de l'argent de nos proches, mais parce qu'ils avaient envie de nous soutenir, ils nous voyaient travailler 60 heures par semaine. On va voir si on continue Ă  pĂ©renniser le projet parce que ça serait dommage de baisser les bras Ă  la fin du confinement. On a pris l'habitude de rĂ©flĂ©chir Ă  20.000 mille choses Ă  la fois, de faire tout de la veille pour le lendemain. Le confinement a Ă©tĂ© levĂ© il y a deux semaines, donc c'est vrai qu'Ă  l'Ă©chelle de JS, c'est beaucoup deux semaines, mais ça va ĂȘtre mis en place.

    [00:27:24.040]

    Comment est ce que vous imaginez changer l'Ă©quation chez Journalistes solidaires?

    [00:27:31.300]

    J'aimerais bien changer cette Ă©quation, mais malheureusement, c'est trĂšs compliquĂ©. C'est beaucoup d'Ă©ducation mĂ©dias. On a fait un espĂšce de bingo des news oĂč, justement, on relevait toutes ces petites incohĂ©rences qui pouvaient faire une fausse information.

    [00:28:29.610]

    Il y a des équipes de fact checking dans beaucoup de médias en France et à travers le monde. Pourtant, on n'a pas l'impression que ça fasse réellement reculer les fake news, ni la crédulité face à un certain nombre de fake news. Qu'est ce que vous apportez de plus dans ce domaine?

    [00:28:56.970]

    Je pense que les gens nous font confiance, parce qu'ils ont vu qu’on Ă©tait de bonne volontĂ© et c'Ă©tait peut ĂȘtre ça la diffĂ©rence. Je ne veux pas me comparer avec un mĂ©dia parce que c'est impossible, mais je pense qu'il y a eu une part de confiance qui venait du fait qu’on n'Ă©tait pas un mĂ©dia et que dans cette crise de confiance envers les mĂ©dias, on pouvait peut ĂȘtre changer les choses. On essaye vraiment vraiment de jouer sur cette Ă©ducation aux mĂ©dias et sur cette proximitĂ© avec l'internaute surtout. On essaye de rester aussi trĂšs accessible. Sur notre page Facebook, les internautes peuvent poser des questions et parfois, on pouvait avoir de grandes conversations en inbox avec des internautes qui, vraiment, avaient l'air un peu perdus.

    [00:30:33.510]

    AprÚs, il y aura toujours des gens suspicieux, parce qu'il y a toujours des gens qui, sur des propos pas du tout fondés, vont remettre en question notre travail, comme dans tous les médias. Mais il faut passer à cÎté et justement, écouter ceux qui ont besoin de nous. On savait qu'on avait un énorme champ libre et on en a profité. Et la preuve, c'est qu'il y a des trucs qui ont marché.

    [00:32:24.890]

    Tu nous reparle de l'intelligence artificielle que vous avez mise Ă  votre profit. De quelle maniĂšre?

    [00:32:30.870]

    Oui, on a dĂ©cidĂ© de dĂ©velopper ça au moment oĂč on a participĂ© au hackathon de la Commission europĂ©enne. Ça aussi, c'est un peu une idĂ©e folle, mais c'Ă©tait c'Ă©tait super parce qu'on a pu gagner en visibilitĂ© aussi. A ce moment lĂ , on a crĂ©Ă© cet outil d'intelligence artificielle. L'idĂ©e, c'est de calculer la viralitĂ© de la news avant mĂȘme qu'elle ne devienne virale, c'est Ă  dire que 'intelligence artificielle va calculer selon les critĂšres qu'on lui a inculquĂ© un indicateur pointant les fake news qui peuvent cartonner.

    [00:35:27.800]

    Qu'est ce que tu retiens, toi, de de cette expĂ©rience? Qu'est ce qui t’a marquĂ©? Qu'est ce qui t'a surpris? Qu'est ce qui t'a déçu? Je pense que ce qui m'a rĂ©ellement marquĂ©, c'Ă©tait que mon Ă©quipe Ă©tait capable de faire quelque chose Ă  petite Ă©chelle. On n'a peut ĂȘtre pas les moyens, mais on va essayer de le faire. Ce qui m'a aussi marquĂ©e, c'est le fait que l'on arrive Ă  produire Ă©normĂ©ment alors qu'on se connait pas. C'est peut ĂȘtre le confinement qui a fait ça, mais il s'est passĂ© quelque chose d'extraordinaire, de production, de la mĂȘme, dans une ambiance assez conviviale. Enfin, il y a eu un effort collectif, et je pense qu'il y a aussi cette partie de bĂ©nĂ©volat qui a Ă©tĂ© assez importante parce que forcĂ©ment, quand on dĂ©cide d'ĂȘtre bĂ©nĂ©vole pour un collectif, c'est qu'on est ultra motivĂ©. Donc, on a eu une espĂšce d'hyperactivitĂ© collective de 60 personnes en mĂȘme temps. Je vous avoue que Ă  gĂ©rer, ce n'Ă©tait pas toujours facile. J'ai Ă©tĂ© diplĂŽmĂ©e il y a un an et je me retrouvais Ă  la tĂȘte d'un collectif de 60 personnes Ă  gĂ©rer.

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    Crédits

    Interview : Philippe Couve et Marianne Rigaux

    Design graphique : Benjamin Laible

    Communication : Laurie Lejeune

    Générique et habillage sonore : Boris Laible

    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • Au moment oĂč les kiosques physiques souffrent et alors que le distributeur de la presse Presstalis s'enfonce dans la crise, les kiosques numĂ©riques trouvent leur place, aprĂšs une lente Ă©mergence. Ari Assuied, le PDG et fondateur de Cafeyn (ex-LeKiosk), raconte la percĂ©e de ce qu’il prĂ©fĂšre appeler un service de “streaming de l’information”.

    Avec le confinement, le nombre de fans de Cafeyn a explosĂ©, atteignant 1,5 million d’utilisateurs actifs. Essentiellement grĂące aux partenariats avec les groupes de tĂ©lĂ©coms mais aussi avec une offre illimitĂ©e en direct. Ce sont encore beaucoup de CSP+ urbains, mĂȘme si l’usage commence Ă  se populariser au-delĂ . Ces lecteurs sont des “papillonneurs” utilisant la lecture Ă  l’article, avec en moyenne une dizaine de titres consultĂ©s par mois.

    Aux Ă©diteurs inquiets de perdre le contrĂŽle sur leurs abonnĂ©s, singuliĂšrement Le Monde grand absent de Cafeyn, Ari Assuied dĂ©signe le monde de la vidĂ©o et de la musique, oĂč les abonnements sans engagement avec larges catalogues se sont imposĂ©s. Autant de revenus supplĂ©mentaires pour les mĂ©dias, Ă  cĂŽtĂ© des abonnements en direct Ă  leurs fidĂšles. Un peu comme dans le luxe, avec d’un cĂŽtĂ© la vitrine du sur mesure et de l’autre la rentabilitĂ© avec le prĂȘt-Ă -porter et les accessoires.

    Cafeyn entame maintenant la conquĂȘte du grand public, son internationalisation et veut s’imposer comme un “havre d’accĂšs Ă  de l’information de qualitĂ©â€.

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    Pour aller plus loin

    https://www.cafeyn.co/fr/newsstand/

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    L’essentiel de l’épisode

    Un usage qui a explosé durant le confinement

    [00:02:22]

    On n’aime plus trop la notion de kiosque numĂ©rique, qui nous semble ĂȘtre une notion peu comprise finalement par les utilisateurs, et on se positionne plutĂŽt sur le streaming de l'information. C'est vraiment la troisiĂšme verticale des contenus, aprĂšs celle de la musique ou de la SVOD. Et ce type de plateforme et ce type de services ont connu pendant la pĂ©riode de confinement une vĂ©ritable explosion des usages et on a Ă©videmment pleinement bĂ©nĂ©ficiĂ©.

    [00:03:30]

    Cafeyn, qui existe depuis 14 ans, s'est extrĂȘmement bien dĂ©veloppĂ© au cours de ces cinq derniĂšres annĂ©es, notamment grĂące Ă  un certain nombre de partenariats qu'on a mis en Ɠuvre. On a un business modĂšle un peu particulier, fondĂ© sur pas mal de partenariats, notamment avec des opĂ©rateurs tĂ©lĂ©coms comme Bouygues Telecom, comme Free. Nous sommes Ă©galement intĂ©grĂ©s dans les offres de Canal+, dans Mycanal. Nous sommes Ă©galement avec CDiscount intĂ©grĂ©s dans les programmes de programmes de fidĂ©litĂ©, c’est un peu l'Ă©quivalent de ce que fait Amazon avec Amazon Prime.

    [00:04:34]

    Beaucoup de gens qui Ă©taient chez ces diffĂ©rents opĂ©rateurs ne savaient pas forcĂ©ment qu’ils avaient accĂšs Ă  Cafeyn et, dans la pĂ©riode de confinement, ils ont eu plus de visibilitĂ©. Ensuite, ça s'est fait aussi de façon organique puisque ce n'est pas notre seul canal de distribution. Les gens peuvent aussi s'abonner directement Ă  Cafeyn via notre offre en illimitĂ© en direct.

    [00:05:13]

    On a multiplié chaque mois pendant les deux mois de confinement par 5 nos inscriptions et une augmentation trÚs significative du nombre de nouveaux souscripteurs à notre service. On a eu une véritable explosion de l'usage sur tous les canaux de distribution du Cafeyn.

    Le profil des utilisateurs

    [00:07:54]

    Ce qu’on constate, c'est l'abonnĂ© type est plutĂŽt un papillonneur plutĂŽt qu’un habituĂ© d'une marque. C'est aussi ça la force de notre modĂšle. On ne va pas cibler des grands consommateurs d'une marque unique qui vont plutĂŽt s'abonner directement auprĂšs de cette marque.

    [00:08:34]

    Il y a des magazines ou certains quotidiens qui sont consommĂ©s trĂšs rapidement et d'autres qui sont consommĂ©s de façon beaucoup plus importante, avec mĂȘme des Ă©pisodes, les gens Ă  plusieurs reprises pour pouvoir consommer.

    [00:08:55]

    Aujourd'hui, le profil type, c'est plutÎt des CSP+ urbains, donc avec des revenus assez élevés. On constate qu'il y a un élargissement de cette cible, notamment à d'autres catégories sur lesquelles on est en train de travailler.

    Un nouveau modĂšle pour la presse

    [00:10:09.690]

    (Pour les lecteurs) Il y a aussi des avantages Ă©conomiques et des avantages d'expĂ©rience. On ne se contente pas de rĂ©pliquer des magazines ou des quotidiens qui sont disponibles sur notre offre, c'est Ă©galement un moteur de recherche, la lecture Smart, qui permet d'avoir une lecture dĂ©linĂ©arisĂ©e des contenus. Donc, en fait, on essaye de mettre le meilleur du digital dans ce qui est l’exemplaire papier et le meilleur du papier dans le digital. Donc c'est lĂ  tous les bĂ©nĂ©fices de notre service. Effectivement, il y a la dimension distribution et prix qui est un atout essentiel.

    [00:10:47] L’industrie de la presse est Ă©norme en terme de volume, c'est la plus grosse industrie de contenus en France. Elle reprĂ©sente toujours 7 milliards et demi. Effectivement, de la dĂ©croissance mais pas aussi significative finalement.

    Elle reste Ă©normĂ©ment plus importante que l'industrie de la musique. En France si je me trompe pas, les derniers chiffres de la musique c’est 600 millions d'euros. Donc 7 milliards versus 600 millions...

    [00:14:22]

    Nous, on est plutĂŽt dans une logique de dire que l'exemplaire papier ou tout cas l'unitĂ© de mesure doit ĂȘtre revue. Cette unitĂ© sert notamment Ă  la rĂ©munĂ©ration publicitaire des Ă©diteurs, qui est un Ă©lĂ©ment essentiel et peut aller de 30 Ă  70 pour cent de leurs revenus, voire plus. Il faut favoriser une meilleure monĂ©tisation de leur audience sur le digital qui est fondamentalement la problĂ©matique majeure des Ă©diteurs.

    [00:16:31]

    Moi, je suis convaincu que les Ă©diteurs, que ce soit Cafeyn ou d'autres acteurs, vont devoir de plus en plus se passer par les agrĂ©gateurs. Non pas parce qu'ils n’ont pas des marques puissantes, c'est pas du tout le cas, ils ont des marques puissantes, solides, qui ont un lien fort avec les consommateurs. Mais la majoritĂ© des consommateurs ne vont pas pouvoir s'abonner Ă  plusieurs titres parce que ça coĂ»te extrĂȘmement cher et qu'ils vont devoir faire des arbitrages.

    [00:18:26]

    Ce qui est paradoxal, c'est que le papier reprĂ©sente toujours une part trĂšs importante des revenus des Ă©diteurs. Si on regarde les indicateurs Ă©conomiques, la distribution papier aujourd'hui perd de l'argent. Finalement, le papier, c'est un peu l'Ă©quivalent quand vous ĂȘtes dans l'univers du luxe, du sur mesure. Globalement, ces marques gagnent de l'argent sur prĂȘt Ă  porter et sur les accessoires. Et je pense que c'est un peu l'Ă©quivalent. Les lignes de revenus, qui sont en volume moins importantes sur le digital, rapportent plus et sont beaucoup plus rentables.

    [00:23:41]

    Aujourd'hui, on est encore aux prĂ©mices du dĂ©veloppement de la distribution digitale, des contenus de la presse. Quand on va commencer Ă  arriver Ă  un phĂ©nomĂšne de plateau, on va s'adresser Ă  une base de lecteurs qui sont des lecteurs avec des moyens Ă©conomiques qui seront moins importants, la notion de plateforme est beaucoup plus au centre des enjeux. L’un ne sera pas antinomique de l’autre.

    On a multipliĂ© nos partenariats distribution. Et aujourd'hui, on voit que les usages se multiplient. Il n'y a pas de cannibalisation. On n'a pas de clients en direct parce qu’on s’est ouvert auprĂšs des clients Canal+ ou auprĂšs des clients Cdiscount, ou des clients TĂ©lĂ©com Free.

    L’info de qualitĂ©

    [00:25:15]

    (Dans un contexte de fake news) L'objectif de notre plateforme, c'est de construire un havre d’accĂšs Ă  des contenus de qualitĂ©. On ne veut pas ou on ne veut pas ĂȘtre une plateforme Ă  clics.

    [00:26:05]

    On est convaincu que la qualité d'un contenu venant d'une marque reconnue avec des journalistes, avec une rédaction, est beaucoup plus importante que celle venant de n'importe quel contenu, de n'importe quelle marque sur le net.

    C'est pour ça qu’on pense qu'il y a une valeur Ă  ces contenus, qu'il faut la monĂ©tiser et qu'il y a une justification Ă  cette motivation et que les consommateurs, notamment par rapport Ă  tout ce qui s'est passĂ© dans le monde sur ces cinq ou dix derniĂšres annĂ©es, vont de plus en plus enclins Ă  retrouver du contenu de qualitĂ©.

    On est dans une dans une pĂ©riode intermĂ©diaire, d'abord Ă  refaire dĂ©couvrir la valeur de ces contenus. Pour nous, pour nous, c'est notamment grĂące Ă  la distribution qu'on met en Ɠuvre. Puis, derriĂšre toutes les façons, c'est une maniĂšre, de façon directe ou indirecte, de payer pour accĂ©der Ă  ces contenus qui ont de la valeur.

    Et maintenant l’audio et la vidĂ©o

    [00:33:38]

    Aujourd'hui, on a plusieurs types d'usages. On a toujours l'usage de la consommation du contenu tel qu'il existe sur le papier, mais on peut aussi lire Ă  l’article, utiliser le moteur de recherche. LĂ , on est en train d'intĂ©grer de plus en plus d'autres types de contenus autour de l'audio et de la vidĂ©o, qui permet de renforcer la proposition de valeur. Ce sont des types formats sur lesquels tout le monde est en train de travailler, tout le monde est en train de rĂ©flĂ©chir. Et d'ailleurs, quand vous parlez d'une marque de presse, c'est un mĂ©dia.

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    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • Dans cet Ă©pisode (enregistrĂ© avant le confinement), la journaliste de France Inter Sara Ghibaudo raconte les coulisses de la crĂ©ation de “13 Novembre, l’enquĂȘte”. Ce podcast natif publiĂ© en novembre dernier est un des tout premiers de la grande chaĂźne publique. Il connaĂźt un succĂšs phĂ©nomĂ©nal avec plus de deux millions d’écoutes.

    En 9 Ă©pisodes d’une vingtaine de minutes, Sara Ghibaudo remonte le parcours des terroristes du 13 Novembre, avec notamment leur passage et leur “formation” en Syrie. C’est la journaliste qui a eu l’idĂ©e de proposer Ă  sa direction cette reconstitution, rendue possible par ses quatre annĂ©es passĂ©es Ă  couvrir au jour le jour cette actualitĂ© tentaculaire. Elle a pu rĂ©aliser quelques interviews majeures - un repenti ou le procureur fĂ©dĂ©ral de Belgique - et travaillĂ© avec deux productrices de Radio France pour retracer le rĂ©cit de ce petit groupe d’individus qui ont plongĂ© la France dans l’effroi.

    Une saison 2 ? Rendez-vous peut-ĂȘtre en 2021, l’annĂ©e du procĂšs de Salah Abdeslam. Une chose est sĂ»re, pour France Inter c’est le premier grand succĂšs de la catĂ©gorie des podcasts originaux.

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    Pour aller plus loin

    https://www.franceinter.fr/emissions/13-novembre-l-enquete

    https://www.franceinter.fr/personnes/sara-ghibaudo

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    L’essentiel de l’épisode

    Un podcast Ă  France Inter

    [00:03:54]

    Il fallait restituer la vision d'ensemble (sur les attentats) et recoller un peu tous ces morceaux. Et c'est le moment oĂč, effectivement, France Inter a lancĂ© sa politique de podcasts natifs, et je me suis dit : c'est un format qui permet d'ĂȘtre Ă  la fois dans la narration, dans le documentaire, et je vais pouvoir utiliser largement la matiĂšre accumulĂ©e. On ne va pas du tout rĂ©inventer la radio, le feuilleton, la sĂ©rie, tous ces choses qui existent depuis trĂšs longtemps, mais lĂ  je me suis dit que c'Ă©tait vraiment un format Ă  exploiter pour ce projet.

    [00:07:27]

    Je pense que c'est vraiment quelque chose qu'il faudrait refaire honnĂȘtement, d'exploiter les enquĂȘtes ou des sujets qui se prĂȘtent comme ça Ă  une narration longue sous ce format-lĂ .

    Dire “je”

    [00:08:05]

    C'est sĂ»r que quand on est habituĂ©e comme moi Ă  des formats trĂšs courts, c'est une autre Ă©criture. Moi, j'avais eu l'occasion dĂ©jĂ  d'Ă©crire un livre d'enquĂȘte. Quand on est journaliste, on sait jongler un peu avec les formats. Moi, j’ai trouvĂ© ça vraiment enthousiasmant. AprĂšs, ce qui Ă©tait plus dĂ©routant pour moi, c'est quand on a commencĂ© Ă  m'expliquer : tu sais Sara, le podcast il faut parler Ă  la premiĂšre personne, c'est trĂšs loin de ma culture.

    C'Ă©tait notamment lors des conversations avec mes rĂ©alisatrices puisque j'ai travaillĂ© avec des rĂ©alisatrices qui Ă©taient chargĂ©es de la mise en ondes, qui ont trouvĂ© le gĂ©nĂ©rique, la musique. Et mĂȘme la directrice de France-Inter, Laurence Bloch, me l'avait dit. Il faut non seulement raconter cette histoire, mais aussi expliquer comment tu travailles. Et c'est trĂšs intĂ©ressant d'ailleurs, je trouve que ça fait partie d'une d'une charte de transparence et d'une nouvelle relation Ă  l'auditeur. Si on peut lui expliquer pourquoi je vous raconte ça, comment je le sais, d'oĂč ça vient, ce que je ne sais pas aussi, pourquoi je fais plusieurs hypothĂšses et finalement, on ne peut pas trancher... Ça, c'Ă©tait la dĂ©marche pour moi qui tranchait le plus avec mon travail habituel.

    [00:09:49]

    Dire “je”, je trouve que c'est pertinent quand il s'agit d'expliquer mon travail, comment je procĂšde et sans doute que j'aurais pu aller un peu plus loin et prendre encore plus le temps de le faire. Pourquoi je vous dis ça? Comment je le sais? Les questions que je me pose, les questions que d'autres se posent, les doutes que je peux avoir. Ça, c'est une dĂ©marche journalistique intĂ©ressante.

    RĂ©alisation

    [00:16:33]

    Donc, si j'ai pu le faire, c'est parce que j'avais suivi ça pour France Inter et donc je connaissais déjà bien le dossier quand je me suis lancée dedans. AprÚs, j'ai travaillé sur mon temps libre, c'était le deal, pour ce qui est de la conception et de l'écriture. Et à la rentrée de septembre, j'ai eu un mois et demi dégagé puisque là, il fallait vraiment travailler avec les réalisatrices notamment, pour finir le montage des interviews, l'écriture, et puis enregistrer, mixer.

    Et ça, c'est vraiment trÚs précieux. Je trouve qu'il y'a vraiment un trÚs beau travail de réalisation sonore aussi avec les réalisatrices de France Inter qui sont dédiées à ces podcasts d'ailleurs, comme Fanny Bohuon et Anne-Sophie Ladonne, qui ont trouvé par exemple la musique du générique, qui m'ont suggéré plein de choses. C'est un beau produit sonore.

    Bilan

    [00:26:12]

    Pour la radio, on est vraiment dans notre fonction de service public. C'est quand mĂȘme un Ă©vĂšnement majeur de notre histoire contemporaine, mĂȘme une page importante qui a eu des rĂ©percussions gĂ©opolitiques, sociales, politiques. Et donc essayer d'expliquer un peu en dĂ©tail les faits, le dĂ©roulement, moi, je suis trĂšs contente de l'avoir fait et je pense que ça fait vraiment partie du cahier des charges et de la mission de France Inter.

    Qu'est ce que ça m'a apportĂ©, d’un point de vue personnel ? Moi, j'Ă©tais Ă  la fin d'un cycle. Je savais que j'allais quitter le service police-justice pour me tourner vers d'autres fonctions. Moi aussi ça m'a Ă©videmment beaucoup marquĂ© ces derniĂšres annĂ©es. J'avais envie, encore une fois, de recoller les morceaux et de laisser de laisser un produit qui me permette, pas de mettre un point final, mais en tout cas de faire, j'espĂšre, un bon rĂ©sumĂ© de ce que je savais Ă  ce moment-lĂ .

    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • Certains groupes de presse rĂ©gionale surveillent de prĂšs leurs lecteurs et le bassin de population sur lesquels ils interviennent. C’est le cas du groupe Rossel-La Voix du Nord, qui a crĂ©Ă© il y a plus de vingt ans une direction des Ă©tudes. Guillaume Lecointre, le directeur, est venu nous expliquer son fonctionnement, son lien avec la rĂ©daction en chef et l’évolution de l’attitude des journalistes vis-Ă -vis des Ă©tudes marketing.

    Nous avons aussi parlĂ© de ces fameux lecteurs-clients, de la maniĂšre dont ils avaient Ă©voluĂ© et de ce qu’ils attendaient aujourd’hui de la presse.

    Entre l’enregistrement de cet Ă©pisode, dans les studios de CrĂ©atis Ă  Paris, et sa diffusion, nous avons tous Ă©tĂ© confinĂ©s. Mais tout Ă©tait prĂȘt de notre cĂŽtĂ© et nous sommes en mesure de vous proposer cet Ă©pisode, qui ne parle ni de Covid-19, ni de toux, ni de couvre-feu et encore moins de malades.

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    Pour aller plus loin

    http://www.rossel-lavoix.fr/

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    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr
  • Comment rĂ©pondre aux innombrables questions du public face Ă  la crise sanitaire inĂ©dite liĂ©e au coronavirus ? Le groupe TF1 a fait le choix, non pas de la libre antenne, mais d’un robot conversationnel. Julien Laurent, le pilote de ce projet mis en place en quelques jours, raconte cette expĂ©rience. La pĂ©riode du confinement a aussi permis au directeur marketing pour l’info de TF1 et LCI d’avancer sur le sujet de l’audio, avec un nouveau podcast natif, “On dĂ©confine l’info”.

    En un mois et demi d’utilisation, prĂšs de 400 000 personnes ont utilisĂ© le chatbot coronavirus de LCI, qui a eu les honneurs du 20 heures de TF1 sept fois. Pour un total de prĂšs de 800 000 questions, dont 25 000 dĂšs la premiĂšre demi-journĂ©e. Surprise, elles ne portaient pas tant sur des points mĂ©dicaux ou l’actualitĂ©, mais surtout sur des interrogations pratiques, avec des cas trĂšs concrets comme la gestion de la garde alternĂ©e entre parents sĂ©parĂ©s.

    Cet outil conversationnel crĂ©Ă© avec la startup Clustaar a permis une autre expĂ©rimentation : crĂ©er un pont pour la premiĂšre fois entre l’info de TF1 et LCI, d’une part, et le site Doctissimo, rachetĂ© en 2018.

    Au final, pour TF1 l’enjeu de cette opĂ©ration chatbot, sans enjeu financier et a priori Ă  usage exceptionnel, tient Ă  l’ancrage d’une image de “mĂ©dia d’écoute du public” avec un fort engagement digital. Le nouveau dispositif d’intelligence collective “Ma nouvelle vie” va dans le mĂȘme sens. Il s’agit d’inventer avec le public le mĂ©dia d’aprĂšs.

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    Pour aller plus loin

    https://www.lci.fr/questions-coronavirus/

    https://www.lci.fr/podcast/

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    L’essentiel de l’épisode

    Chatbot, conception et résultats

    [02:45] On a Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  un vrai questionnement en tant que mĂ©dia : dĂšs l’émergence de la crise, on s’est mis Ă  produire Ă©normĂ©ment de contenus sur le sujet du coronavirus et du covid, et on voyait les questions affluer. Cela tombe bien, le mĂ©tier d’une rĂ©daction c’est de rĂ©pondre aux questions. Mais il y a tant de questions et on produit tellement de contenus. Comment faire pour centraliser toutes les rĂ©ponses qu’on produit et que ce soit facile pour un utilisateur de pouvoir trouver les rĂ©ponses Ă  ses questions ?

    [05:10] Il a fallu rouvrir tous nos contenus, identifier Ă  l’intĂ©rieur de nos contenus quels Ă©lĂ©ments de rĂ©ponses on pourrait y trouver pour quelles questions et ensuite synthĂ©tiser ces Ă©lĂ©ments de rĂ©ponses pour les associer aux articles qui permettent aux utilisateurs de creuser la rĂ©ponse.

    [09:03] C’est un exemple d’une technique qui se met au service d’un contenu. TrĂšs vite on atteint le premier seuil critique de 25 000 questions pour que les moteurs d’intelligence de la solution de Clustaar se mettent Ă  fonctionner. Il nous aura fallu seulement une demi-journĂ©e pour l’atteindre. TrĂšs vite, on voit des intentions, des besoins de rĂ©ponses Ă©merger, sous forme d’ensembles.

    [09:37] Le premier constat qu’on fait trĂšs vite, c’est qu’on s’est trompĂ©s sur le postulat de dĂ©part. Au dĂ©but on se dit qu’on va faire un chatbot trĂšs santĂ© : “je tousse, qu’est-ce que je fais?” Ou alors trĂšs actu : “oĂč en est la propagation, la diffusion?” TrĂšs vite, on voit que la grande question des gens, c’est : “est-ce que je peux faire ceci ou cela?”

    [10:23] C'est gĂ©nial, parce que d'abord, on a un baromĂštre des questions de la sociĂ©tĂ©, c’est extraordinaire. On voit toutes les questions que se posent les gens et on se rend compte que c'est des questions pratiques beaucoup plus que des questions de santĂ©. Ça veut dire que trĂšs vite maintenant, il faut qu'on aille chercher des rĂ©ponses Ă  ces questions.

    On a un comitĂ© tous les jours de l'Ă©quipe projet qui analyse les cinq grandes nouvelles intentions qui apparaissent, qui regarde un peu les tendances et qui rĂ©ajuste le dispositif Ă©ditorial Ă  l'intĂ©rieur du chatbot pour qu’il soit de plus en plus performant.

    “Un mĂ©dia d’écoute”

    [14:16] Nous, on a misĂ© sur une interactivitĂ© trĂšs directe, de rĂ©ponse directe Ă  la question. Ce n’est pas de la libre antenne, c'est encore plus que ça. C'est encore plus prĂ©cis. On ne filtre pas. On a vraiment ouvert grand les bras aux questions des gens en assumant qu'on n'aurait pas 100% de rĂ©ponses parce que c'Ă©tait une machine. Mais voilĂ , c'est une autre modalitĂ©.

    En faisant ça, on a essayĂ© de dĂ©montrer que notre vision est de ne pas ĂȘtre un mĂ©dia sachant et descendant. En quoi a renforcĂ© le lien Ă  travers cette forme d'interactivitĂ© entre nous et les gens ? HĂ© bien ça renforce ce lien parce que on n'est pas un mĂ©dia top-down de sachants qui va leur expliquer ce qu'ils doivent savoir. Mais on va plutĂŽt essayer de comprendre ce qu'ils veulent qu'on fasse pour ensuite construire notre information.

    [16:46] On n’attend aucun revenu en particulier en termes d'espĂšces sonnantes et trĂ©buchantes. On n'est pas dans cette sĂ©quence-lĂ . En revanche, encore une fois, on veut petit Ă  petit dĂ©montrer que notre ambition est d'ĂȘtre un mĂ©dia d'Ă©coute, un mĂ©dia digital Ă  l'Ă©coute du pouls, de la sociĂ©tĂ© et des gens.

    [19:45] Sur cette histoire de chatbot, je pense qu’on sera pragmatique. L'expĂ©rience est passionnante mais elle ne peut pas ĂȘtre pĂ©renne. Pourquoi pas le maintenir typiquement sur des sujets comme la mĂ©diation de l’information? Essayer de voir si ce n’est pas mieux qu'une boĂźte mail d'avoir dĂ©jĂ  une premiĂšre rĂ©ponse tout de suite. Mais je ne crois pas que ce soit une façon de faire de l'information. AprĂšs, ce qui me semble ĂȘtre une façon de faire de l'information et qui est encore un enseignement du chatbot, c'est d'Ă©couter les gens. C’est une trĂšs bonne façon de trouver des sujets et des angles.

    [21:13] Quand on est un mĂ©dia d'information, on a forcĂ©ment une dimension citoyenne et elle est passionnante Ă  creuser Ă  l’ùre de l'accĂ©lĂ©ration digitale des mĂ©dias. LĂ , ce qu'on met en place c’est une plateforme qui va permettre aux gens de se projeter et donc de nous projeter dans la vision qu'ils ont du monde d'aprĂšs.

    Bien malin, ou sans doute trÚs doué, le patron de rédaction qui aura la vista suffisante pour fabriquer le média qu'attendent les gens dans six mois. Et bien en fait nous, on préfÚre donner la parole aux gens, les laisser s'exprimer. C'est une approche trÚs civictech, appliquée aux médias d'information.

    On va questionner les gens, puis ensuite on va les faire Ă©crire. On va les engager vĂ©ritablement dans la production de contenus, ce contenu Ă©tant de la donnĂ©e qui sera retravaillĂ©e, recompartimentĂ©e, quelque part digĂ©rĂ©e, pour nous donner une trajectoire Ă©ditoriale. C’est une plateforme d'Ă©changes citoyens qui doit nous guider dans la production du contenu que trouveront les gens dans six mois.

    Podcasts

    [24:45] On ne fait que des podcasts natifs. Et quand on a lancĂ© cette initiative podcast il y a un an et demi avec le premier podcast qui s'appelle “Impact Positif”, on l'a fait vraiment dans l'esprit du podcast natif. Et pour tout dire, on a complĂštement bootstrappĂ© le projet. On a Ă©tĂ© chercher une heure dans le studio de mixage du JT avec une journaliste pour monter petit Ă  petit ce programme. Enregistrement avec un zoom H5 comme tout bon podcasteur natif. On a vraiment fabriquĂ© ça quand on aurait pu faire Ă  la maison.

    AprÚs, on s'est doté d'une vocation éditoriale, on s'est donné une ligne de conduite, on a multiplié les programmes, on a relativement professionnalisé la production. On fait ça maintenant de façon organisée avec des plannings etc mais on ne fait que du natif. Pour autant, on ne s'interdit pas, à terme, de faire le chemin inverse des radios.

    Les radios ont d'abord fait du replay audio et elles se sont mises à faire du natif. Nous, on aura appris cette semaine du podcast 100% en natif et on ne s’interdit pas à un moment de mettre des bouts d'antenne en audio parce qu'aprùs tout ça fait sens.

    [28:40] Sur les podcasts, je crois assez au modĂšle Ă©diteurs-producteurs. J'aime beaucoup les modĂšles que peuvent dĂ©ployer des Great Big Story, par exemple, aux Etats-Unis et finalement on n’est pas trĂšs loin de cette approche-lĂ . Ils produisent un contenu singulier, ils dĂ©veloppent une pĂąte, ensuite ils vendent la possibilitĂ© Ă  des marques de s'associer Ă  ces contenus-lĂ  pour les co-produire, Ă  partir du moment oĂč ça ne galvaude pas le contenu. Et puis surtout ils produisent du contenu “à la maniĂšre de” et je trouve ça trĂšs sain.

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    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • Christophe Coquis a eu des sueurs froides en lançant le financement participatif de la version papier de Geek Junior pile au moment oĂč la France se confinait pour lutter contre le coronavirus. A quelques jours de la fin, tout va mieux : la collecte est un succĂšs. Le site d’info geek pour les ados, crĂ©Ă© en 2015, va se dĂ©cliner en magazine dĂšs le mois de mai.

    Geek Junior vise Ă  permettre aux ados de mieux maĂźtriser leur environnement numĂ©rique et aussi Ă  aider les adultes autour d’eux Ă  les accompagner dans cette exploration. Le magazine a Ă©tĂ© pensĂ© sous forme de tutos, avec des fiches Ă  dĂ©couper. Pour assurer la pĂ©rennitĂ© du mĂ©dia, Christophe Coquis peut donc maintenant compter sur ses premiers abonnĂ©s issus de la campagne participative ainsi qu’un partenariat avec Okapi. Il va aussi dĂ©velopper les abonnements dans les CDI des collĂšges Ă  travers la France.

    BasĂ© dans le Tarn, le serial entrepreneur des mĂ©dias est un habituĂ© de la frugalitĂ©. Il dĂ©veloppe ce projet comme il avait dĂ©jĂ  lancĂ© il y a quelques annĂ©es Gaillac info, un site d’info hyperlocale accompagnĂ© d’un mensuel gratuit. Ses rĂšgles d’or : la passion et la patience.

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    Pour aller plus loin

    La campagne de financement participatif sur Ulule

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    L’essentiel de l’épisode

    L’origine de Geek Junior

    [00:03:14]

    C'est vrai qu'on a une vision de l'adolescent toujours collĂ© Ă  son Ă©cran, qui serait un geek en puissance, capable de tout faire avec son appareil mobile ou avec un ordinateur. En fait, on en est assez loin. C’est Ă  ça que j'ai pensĂ© en crĂ©ant le mĂ©dia en ligne Geek Junior. L'objectif Ă©tait de pouvoir aider les adolescents Ă  mieux mieux maĂźtriser leur environnement numĂ©rique.

    [00:04:42]

    On peut aussi parler de sujets beaucoup plus larges de l'univers geek, les séries télé, les mangas, tout ce qui tourne autour de l'univers geek au sens large.

    [00:05:18]

    L'article qui fonctionne le mieux depuis depuis longtemps, c'est un récapitulatif de toutes les ressources pour apprendre à coder.

    Une version papier pour les parents ?

    [00:13:47]

    On a pensé aux parents, mais aussi aux professeurs, notamment aux professeurs documentalistes. A tous ceux qui transmettent l'information et qui peuvent aussi se nourrir de cette information pour améliorer leurs pratiques et aussi mieux transmettre ces pratiques auprÚs des adolescents. C'est un peu l'idée du magazine. On sait que ces magazines papier, les adolescents ne vont pas naturellement aller sur ce type de supports.

    [00:15:31]

    Le magazine, je l'ai conçu sous la forme de tutos. Il y a un tiers sur l'actu et deux tiers sous la forme de tutos, avec des fiches qu'on va pouvoir découper facilement.

    [00:16:17]

    On veut faire découvrir Geek Junior d'une maniÚre différente auprÚs des ados par des tiers. A l'intérieur du magazine, il y aura quatre pages détachables pour les parents. Et là, c'est vraiment sur. Pour accompagner les parents par rapport à la pratique du numérique vis à vis de leurs enfants, notamment la gestion des écrans.

    Objectif 1000 abonnés

    [00:17:33]

    On a besoin d’un minimum d’argent quand on passe au papier. C'est pour ça qu'on est dĂ©jĂ  lĂ , Ă  la campagne Ulule. C'est pour ça aussi que je me suis entourĂ© de personnes qui ont commencĂ© Ă  investir dans le magazine, dans tout ça pour commencer Ă  construire quelque chose de plus solide.

    [00:18:18]

    Au dĂ©but, on pensait on espĂ©rait entre 15 et 20.000 euros. AprĂšs, il y a eu le confinement qui est arrivĂ© et lĂ , on a beaucoup moins fait les malins parce que notre campagne Ulule a commencĂ© juste avant de confinement. On a vraiment flippĂ© et malgrĂ© tout, on a rĂ©ussi Ă  dĂ©passer l’objectif initial. On est presque Ă  12.000 euros. Il nous reste encore une vingtaine de jours. Je pense qu'on va arriver pas loin des 15 000.

    Donc, on n'est pas si loin de l'objectif initial. Avec ça, qu'est ce qu'on peut faire? On peut imprimer les premiers numéros, payer la graphiste, payer le routage pour envoyer les magazines.Et puis c'est à peu prÚs tout. Moi, je n'arrive pas à me payer avec trois cents abonnés, c'est évident. L'objectif derriÚre, c'est de proposer le magazine auprÚs notamment des bibliothécaires, des professeurs documentalistes pour qu'ils puissent s'abonner à leur collÚge.

    [00:19:24]

    Il y a 5.000 collĂšges en France. Si on arrive dĂ©jĂ  Ă  attirer 10% de ces collĂšges, ça fait 500. Et lĂ , ça commence Ă  ĂȘtre intĂ©ressant. L'objectif, c'est d'arriver trĂšs rapidement Ă  1.000 abonnĂ©s pour trouver un modĂšle Ă©conomique et payer les charges du magazine.

    Convaincre les ados
 et leurs parents

    [00:21:01]

    C'est bien l'idĂ©e avec ce magazine d'Ă©ducation numĂ©rique, c'est que les parents puissent se dire : tiens, mon enfant va pouvoir dĂ©couvrir peut-ĂȘtre autre chose que ce qu'il fait habituellement sur son tĂ©lĂ©phone portable, oĂč il a tout le temps le nez sur les deux mĂȘmes applications, Instagram et Tik Tok, par exemple.

    En tout cas, c'est l'objectif du magazine de proposer autre chose, de montrer ou de développer la culture, les compétences numériques des adolescents. Et c'est là dessus qu'on joue auprÚs des parents pour les motiver à abonner leurs enfants.

    Serial entrepreneur frugal

    [00:21:51.610]

    Avec Gaillac info, j’ai Ă©tĂ© un des pionniers des mĂ©dias locaux en ligne. C'Ă©tait Ă  la fois un mĂ©dia en ligne et un magazine papier gratuit qu'on livrait tous les mois chez les commerçants. C'Ă©tait de l'hyper local, un micro mĂ©dia.

    Je me suis beaucoup amusé avec ça. L'idée quand je crée un média, c'est de m'amuser avec une thématique qui m'intéresse. Et puis, c'est une premiÚre expérience pour moi en termes de création de média. J'en avais créé d'autres au sein d'entreprises avant, mais là, c'était moi tout seul et j'ai fait ça pendant quatre ans.

    [00:22:55]

    Et aprĂšs, j'ai revendu Gaillac Info Ă  une agence de communication locale et je suis parti Ă  Barcelone pendant quatre annĂ©es oĂč j'Ă©tais le rĂ©dacteur en chef de la version française d'un site d'informations technologiques qui s'appelait SofTonic.

    [00:25:58]

    J'interviens de temps en temps dans les collÚges, dans les lycées, notamment pour tout ce qui concerne l'éducation aux médias. J'interviens aussi auprÚs des bibliothécaires, médiathécaires pour essayer d'attirer de nouveau les adolescents dans leurs structures. Et c'est effectivement grùce notamment à l'activité de Geek junior que j'arrive à faire ça et c'est une partie de ma rémunération.

    [00:27:33]

    Geek Junior est partenaire de Okapi, du groupe Bayard Presse. On fait la page geek de Okapi. C'est geek junior qu'il a produit, enfin c'est surtout moit.

    [00:29:08]

    C'est facile de lancer un média en ligne ou créer un site web. Ce n'est pas trÚs compliqué mais ce qu'il faut, c'est de la constance. Et puis, ne pas oublier quelles sont ses priorités personnelles.

    C'est super important, et notamment les priorités financiÚres, surtout quand on arrive à un certain ùge, avec une maison à payer, des enfants, etc.

    [00:32:06]

    Quand on a créé un média, c'est généralement pas par hasard. C'est parce qu'on a vraiment déjà beaucoup travaillé sur le sujet. On connaßt bien le sujet et on sent qu'il y a un vrai besoin. Donc il faut suivre son intuition, bien définir ce qu'on veut faire au niveau, au niveau professionnel et quel équilibre on veut avoir.

    Moi, je vis dans le Tarn, ça a plein d'avantages: il n'y a pas beaucoup de cas de coronavirus... Mais en mĂȘme temps, pour crĂ©er un mĂ©dia national, c'est compliquĂ©. Pour tous les rĂ©seaux Ă  crĂ©er, c'est plus long. Justement, ça permet aussi de faire des choix et ne pas perdre son temps.

    Et ensuite, comme je l'ai déjà dit, il faut vraiment faire attention à s'assurer une indépendance financiÚre, quelle qu'elle soit.

    [00:33:49]

    Moi, je savais ce que cela pouvait donner. Et puis, tout de suite, j'ai eu beaucoup de retours et je me suis dit: tiens, a priori, il y a un vrai besoin et en tout cas, ça intĂ©resse du monde. Mais il faut tester, savoir aussi arrĂȘter un mĂ©dia si ça ne marche pas ou si vous avez plus l'envie. Si ça devient une punition pour vous, il faut arrĂȘter.

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    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • L'Équipe sans sport, c’est un cas d’école assez fascinant. Cette semaine dans A Parte, JĂ©rome Cazadieu, son directeur de la rĂ©daction, raconte ces quelques semaines absolument sans Ă©quivalent dans l’histoire plus que centenaire du quotidien sportif. L'Équipe a passĂ© le cap et a mĂȘme recrutĂ© environ 10 000 abonnĂ©s numĂ©riques depuis le dĂ©but du confinement !

    Comme tous les autres mĂ©dias, il a fallu basculer intĂ©gralement en tĂ©lĂ©travail. PremiĂšres mesures lorsque les compĂ©titions se sont arrĂȘtĂ©es : passer en pagination estivale rĂ©duite, suspendre le magazine et rĂ©duire fortement le prix de ventes au numĂ©ros.

    Ensuite il a fallu innover. Chaque jour, le quotidien publie deux sĂ©ries permettant de se replonger dans les archives sportives. Le journal a Ă©galement crĂ©Ă© le programme “Bob L'Équipe Challenge” dans sa rubrique “coaching”, avec des vidĂ©os quotidiennes de Bob Tahri, ancien athlĂšte de haut niveau, prĂ©parateur physique, coach mental et nutritionniste. Cette nouvelle tendance Ă©ditoriale centrĂ©e sur la pratique amateure des Français va certainement perdurer, de mĂȘme qu’une dimension plus participative des lecteurs.

    Maintenant il faut tenir car les Ă©vĂ©nements majeurs ont Ă©tĂ© reportĂ©s de plusieurs semaines ou plusieurs mois. Le sport ne va pas repartir normalement de sitĂŽt. Et bien entendu penser Ă  l’avenir. JĂ©rĂŽme Cazadieu veut faire de L'Équipe un journal “plus engagĂ© sur le sport santĂ©, le sport sociĂ©tĂ©, plus Ă©cologique et raisonnable Ă©conomiquement”. En attendant, L'Équipe Explore offre une bouffĂ©e d’oxygĂšne Ă  ses lecteurs avec la sortie vendredi 24 avril, de la sĂ©rie de vidĂ©os interactives “Un Printemps suspendu”, tournĂ©es sur les plus hauts sommets des Alpes.

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    Pour aller plus loin

    Lien de l’Equipe Explore qui sort le 24 avril

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    L’essentiel de l’épisode

    [04:20] A chaque fois qu’on arrivait en fin de semaine, on se posait la question : est-ce qu’on va ĂȘtre capable de faire la mĂȘme chose la semaine suivante, avec suffisamment de sujets forts pour aller Ă  la Une ? Cette interrogation on ne l’a plus. On sait qu’on est capables d’avoir des idĂ©es, de mobiliser des Ă©nergies, d’aller chercher des sujets nouveaux
 Sur notre capacitĂ© Ă©ditoriale Ă  tenir la ligne, on sait qu’on est capables de le faire.

    Ce qui est plus difficile c’est qu’on reste beaucoup dans l’incertitude et qu’on ne connaĂźt pas les conditions de reprise des Ă©vĂ©nements sportifs.

    [06: 27] On essaie d’ĂȘtre les plus attentionnĂ©s possibles pour lisser la charge de travail dans la journĂ©e et Ă©viter d’avoir des coups de chaud parce que les coups de chaud en tĂ©lĂ©travail c’est compliquĂ©. Sur une semaine ça va mais avec la rĂ©pĂ©tition sur 5 semaines, on sent que ça fatigue les Ă©quipes.

    [08:27] Nous ne pouvons ĂȘtre 100% coronavirus, mĂȘme si on doit s’intĂ©resser aux initiatives, aux belles histoires, et par exemple on fait un portrait tous les mercredis baptisĂ© “Nos hĂ©ros”. On a essayĂ© d’aller aussi sur l’information sportive parce qu’il se passe encore des choses : les sportifs ne restent pas chez eux Ă  rien faire, les institutions sportives ont une continuitĂ© d’organisation, elles prĂ©parent la saison prochaine


    [09:43] On a essayĂ© aussi de toucher une des seuls effets positifs de cette pĂ©riode, Ă  savoir l’activitĂ© physique des Français. Les gens font du sport, du yoga, vont courir... On a essayĂ© tout de suite de s’accaparer cette thĂ©matique avec le “Bob L'Équipe challenge”.

    [11:08] Les “Bob challenge” c’est intĂ©ressant parce que globalement L'Équipe couvre surtout le sport professionnel, le sport de haut niveau, et lĂ  ça nous permet de toucher un autre segment qu’on ne touchait pas aujourd’hui.

    [13:30] On ne va pas ressortir de cette crise comme on en est entrĂ©s. Cette crise peut durer jusqu’à la fin de l’annĂ©e, voire au dĂ©but de l’annĂ©e prochaine, pour le sport et aussi pour nous, sur la maniĂšre dont nous traitons le sport.

    [14:25] La question de la pratique, du sport santĂ©, du sport sociĂ©tĂ©, de l’impact du sport sur un certain nombre de sujets, c’est quelque chose que nous pouvons pousser au fil de l’eau. Pareil sur des formats numĂ©riques interactifs.

    [15:30] On a intĂ©rĂȘt Ă  apporter notre vision, d’un sport plus Ă©quitable, plus raisonnable Ă©conomiquement, un sport plus Ă©cologique. On va ĂȘtre beaucoup plus engagĂ©s.

    [18:48] Pour la sa sĂ©rie Equipe explore “Un Printemps suspendu”, publiĂ©e le 24 avril, on a bossĂ© avec la sociĂ©tĂ© de production Upian pour en faire un objet un peu unique avec beaucoup de motion design, d’animation 3D pour montrer la montagne sous un angle interactif.

    [20:38] Nous avons la chance d’avoir 7 et 8 millions de personnes qui ont tĂ©lĂ©chargĂ© l’appli cation de L'Équipe et ces gens viennent une dizaine de fois par jour. Ils sont trĂšs connectĂ©s Ă  notre univers. Il y a moins de fidĂ©litĂ© qui viennent par le web et les rĂ©seaux sociaux.

    [21:26] Le trafic, en rÚgle générale avec des compétitions, oscille entre 1,4 et 1,6 milliard de pages vues par mois. Evidemment il a baissé mais il reste suffisant pour conserver de la publicité.

    [22:18] On a recrutĂ© beaucoup d’abonnĂ©s depuis le dĂ©but du confinement, entre 3 et 4 fois plus de nouveaux abonnĂ©s que d’habitude. Nous sommes Ă  276 000 abonnĂ©s, soit Ă  peu prĂšs 10 000 nouveaux abonnĂ©s.

    [24:53] Moi je ne crois pas Ă  la disparition du papier. Peut-ĂȘtre que je suis un dinosaure de ce point de vue-lĂ . Je pense qu’il y a un usage qui va ĂȘtre un peu renforcĂ© par la crise. Pas en terme de volumes : ils vont continuer Ă  baisser compte tenu de la crise de la distribution. En revanche, est-ce que les gens ne vont pas avoir besoin d’avoir des temps plus longs ?

    [25:45] La nature du support compte : par exemple quand on prend un journal papier le matin, on se pose avec un cafĂ© pour le lire. Je crois que nos lecteurs vont un peu changer de mode de vie. Si la publicitĂ© continue de dĂ©crocher, cela rendra l’équation Ă©conomique plus incertaine.

    [27:20] Pour les mĂ©dias, cette crise va nĂ©cessairement accĂ©lĂ©rer la transition numĂ©rique. En particulier pour notre rĂ©daction dans sa maniĂšre de fonctionner. Tout le monde travaille directement dans les back-offices numĂ©riques alors qu’il y avait encore un peu de rĂ©ticences. On a aussi vu l’agilitĂ© de nos journalistes pour faire des visioconfĂ©rences.

    [28:36] Cela fait trois ou quatre ans qu’on parlait Ă  l’équipe du tĂ©lĂ©travail. On l’a mis en place en 15 jours.

    [29:30] Il ne faudrait pas que tous ces changements provoquent du tout-numĂ©rique. Il ne faudrait pas que les mĂ©dias traditionnels, historiques, que ce soit en presse Ă©crite, radio ou en tĂ©lĂ©, aient juste une jambe numĂ©rique. J’ai peur que cela crĂ©e un dĂ©sĂ©quilibre.

    [31:00 ]Les lecteurs papiers n’attendent pas la toujours mĂȘme chose que les internautes. Ce sera Ă  nous d’imaginer comment on est capables de concilier une transformation numĂ©rique qui va s’intensifier avec une industrie traditionnelle qu’on doit ĂȘtre capable de maintenir, d'enrichir, de transformer, de telle sorte Ă  ce qu’elle reste viable Ă  la fois pour l’entreprise qui la porte et pour les lecteurs qui vont la consommer.

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    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • La crise du coronavirus et son flot de fausses informations ont rendu d’utilitĂ© publique les formats de “dĂ©bunkage” de fake news. Et c’est ainsi que, le 1er avril, France 2 a mis pour la premiĂšre fois Ă  l’affiche de son 20 heures le module “vrai ou fake” venu de FranceInfoTV et du numĂ©rique. Julien Pain, son rĂ©dacteur en chef, et toute son Ă©quipe ont fait entrer leurs codes visuels inspirĂ©s des youtubeurs et leurs mĂ©thodes issues du “mojo” (journalisme mobile) dans la grande messe du JT.

    L’équipe de Julien Pain a en effet l’habitude de partir avec des smartphones pour couvrir les manifestations, de bidouiller quand il le faut pour tester de nouveaux formats et a pu s’adapter en 24 heures aux conditions inĂ©dites de tĂ©lĂ©travail imposĂ©es par le confinement. Et quand il s’est agi de contribuer aux besoins de France tĂ©lĂ©visions pour couvrir cette crise, “Vrai ou fake” s’est imposĂ© tout naturellement.

    Que restera-t-il de cette expĂ©rience aprĂšs la crise ? Le style de narration et la rĂ©alisation trĂšs Youtube ne transformeront pas le 20 heures du jour au lendemain. Le tĂ©lĂ©travail ne deviendra pas non plus la rĂšgle pour la machine tĂ©lĂ©visuel et ses exigences de qualitĂ© d’image et de son trĂšs Ă©levĂ©es. Mais, espĂšre Julien Pain, cette accĂ©lĂ©ration de l’innovation lui permettra de pouvoir mieux diffuser et partager son travail dans le paquebot public et de tester plus rĂ©guliĂšrement de nouvelles idĂ©es en mode agile.

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    Pour aller plus loin

    Le home studio de Julien Pain La rubrique Vrai ou Fake Les Observateurs de France 24

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    L'essentiel de l'Ă©pisode

    Se concentrer sur la lutte contre les intox

    [00:05:23] Au moment du confinement, je me suis dit en quoi je peux ĂȘtre utile? Qu'est ce qu'est ce que l'Ă©quipe peut faire le mieux et sur laquelle elle peut ĂȘtre efficace le plus rapidement? Il y avait un vrai dĂ©veloppement des intox au moment de ce dĂ©but du confinement, on voyait bien qu'il y avait tout et n'importe quoi qui Ă©tait racontĂ© sur les rĂ©seaux sociaux. En tant que journaliste du service public, j'ai senti qu'on avait un rĂŽle Ă  jouer important parce qu'on s'est aperçu concrĂštement que les intox tuent au sens propre du terme. Ce n'est plus une allĂ©gorie. ConcrĂštement, les fausses informations qu'on reçoit sur les rĂ©seaux sociaux en ce moment, peuvent nous mener Ă  l'hĂŽpital. Je me suis dit c'est sĂ»rement lĂ  que je pouvais ĂȘtre le plus efficace avec mon Ă©quipe en ce moment. Donc, du coup, j'ai rĂ©orientĂ© le travail de toute l'Ă©quipe sur cette lutte contre les infox.

    Du mojo au 20 heures

    [00:06:30] Un jour, on était au boulot. On n'avait absolument jamais été en télétravail. France Télévisions n'est pas habituée au télétravail. La télé, c'est pas vraiment quelque chose qui se fait en télétravail. Et du jour au lendemain, littéralement, on a monté ce petit projet qui est devenu plus gros de lutte contre les intox en télétravail.

    [00:07:30] Au dĂ©part, on n'avait mĂȘme pas d'ordinateur du bureau. C'est notre ordinateur perso, on a installĂ© les logiciels qui nous permettent de faire des interviews, etc. Ensuite on s’est dit, il faut qu'on fabrique des sujets. La meilleure façon de filmer, c'est de le faire avec kits “mojo”.

    [00:09:14] En gros, c'est l'idĂ©e, c'est que le matĂ©riel que vous avez tous Ă  la maison c'est le mĂȘme que j'utilise quasiment moi pour tourner des sujets qui passent en ce moment au 20 heures.

    [00:09:35] La chance qu'on a Ă  nous, finalement, c'est que ça fait des annĂ©es qu'on travaille avec ce genre de matĂ©riel. Moi, je travaille souvent avec des camĂ©ras classiques mais il y a plein de moments oĂč on avait dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ© de travailler chacun avec des kits mojo, par exemple dans les manifs. Nous, on trouve que c'est plus pratique de filmer avec des iphones parce qu'on est plus discret, parce que on peut se faufiler, parce qu'on peut aller prendre des sonores en se rapprochant plus des gens. Et on intimide moins les gens qu'avec une grosse camĂ©ra.

    Donc, nous ça fait des annĂ©es qu'on travaille avec ce type de matĂ©riel et finalement, ça a Ă©tĂ© une chance dans ce moment oĂč il a fallu se redĂ©ployer trĂšs rapidement parce que non seulement non seulement moi, mais toute l'Ă©quipe, Ă©tait capable d’utiliser ce kit tĂ©lĂ©phone, etc. Je pense que ça aurait pris beaucoup de temps pour une Ă©quipe classique de France TĂ©lĂ©. Pour nous, c'Ă©tait relativement naturel.

    [00:10:25] On a commencé uniquement avec notre matos à nous, je tournais avec mon téléphone à moi et je montais avec mon ordinateur à moi. Là, on est en train de se professionnaliser un peu, c'est à dire qu'on est en train de récupérer du matos maison pour avoir des outils un peu plus performants pour faire une meilleure image, pour monter de façon un peu plus pointue.

    [00:11:20] Quand qu'on commence Ă  passer au 20 heures. On attend quand mĂȘme une qualitĂ© technique un peu meilleure. Donc lĂ , on s'est Ă©quipĂ© avec un micro qui nous permet mĂȘme d'ĂȘtre assez loin de la camĂ©ra et mĂȘme en m’éloignant en s'Ă©loignant du smartphone, j'arrive quand mĂȘme Ă  avoir une qualitĂ© correcte.

    Et puis aprĂšs, sur la fabrication, au dĂ©part on montait tout seul sur iMovie; maintenant, on fait des bout Ă  bout sur iMovie et ensuite on les envoie au bureau, pour faire rajouter une couche graphique qu’on ne pouvait pas faire. On aime bien, en plus, avoir du texte qui s'affiche, avoir de l'infographie un peu un peu chiadĂ©, qui vient supporter le propos parce que comme on fait du fact checking on a des choses assez prĂ©cises Ă  expliquer et l'infographie est utile. Et ça, Ă©videmment, on n'est pas infographiste, on ne peut pas faire tous les mĂ©tiers tout seul.

    [00:13:15] C'est une période de crise et une période de transformation violente, et moi, personnellement, c'est quelque chose qui m'intéresse. Parce que dans les moments de transformations importantes, il faut imaginer des nouveaux process trÚs rapidement. Il faut changer son logiciel trÚs rapidement. Moi, c'est quelque chose que j'ai toujours aimé.

    C'est une période dynamique pour moi d'un point de vue de travail parce que j'ai pu faire évoluer trÚs rapidement des process, sachant que France TV, c'est une grosse maison qui évolue trÚs lentement. Et là, ça m'a donné l'opportunité de faire bouger la maison quelque part beaucoup plus que n'aurais pu le faire.

    Ça fait quatre ans que je suis Ă  France TV. J'avais trĂšs peu fait Ă©voluer France TV puisque je suis un petit rouage, mais lĂ , en quelques semaines, on a quasiment tous les jours ou tous les deux jours, un sujet entiĂšrement filmĂ© Ă  la maison avec un tĂ©lĂ©phone qui passe au 20 heures de France 2. Donc, la rĂ©volution, elle est Ă©norme.

    Alors, je ne suis pas idiot. J'imagine bien qu'Ă  la fin du confinement, le 20 heures, avec sa machine beaucoup plus sophistiquĂ©e, va se remettre en place et qu'on aura sĂ»rement moins besoin des kits mojo et heureusement. Mais en mĂȘme temps, je pense que ça laissera une trace. Je pense qu'on est sur une voie d'innovation qui est intĂ©ressante.

    15 ans d’agilitĂ©

    [00:16:28] Cela fait 15 ans que je bricole, c'est-Ă -dire que j'ai toujours Ă©tĂ© un artisan et un bricoleur dans la tĂ©lĂ©. Je n'ai jamais fait les choses de façon traditionnelle parce que je n'ai pas de formation tĂ©lĂ© classique. Quand tout se passe bien, les bricoleurs comme moi, on a peut ĂȘtre moins besoin parce que tout roule, parce qu'il faut savoir gĂ©rer des grosses machines. Par contre, dans les moments oĂč il faut aller trĂšs vite, on sent qu'il y a un besoin de changement. Et lĂ , le travail que tu as fait depuis 15 ans d'ĂȘtre capable de bricoler et surtout d'avoir formĂ© une Ă©quipe, c'est trĂšs utile.

    [00:17:37] Je vois comment les youtubeurs font, je vois comment les mecs font sur Facebook, du coup ça reste dans mon pĂ©rimĂštre et le jour oĂč j'ai besoin de dĂ©gainer une idĂ©e pour la tĂ©lĂ©, je vais aller la chercher dans d'autres univers. Je crois que la force de l'Ă©quipe qu'on a, c'est qu'on est capable d'aller chercher des idĂ©es ailleurs, pas seulement dans notre univers.

    [00:17:59] Nos sujets que tu vois au 20 heures, c'est des “face cam”, donc des gens qui parlent face Ă  la camĂ©ra et qui expliquent des choses en alternant trĂšs vite avec du in, de la vidĂ©o qui vient rentrer, ensuite des infographies, et c'est montĂ© en ce qu'on appelle le “jump cut”, c'est-Ă -dire qu'on ne cherche pas Ă  faire de plans d'illustration. L’inspiration c’est Youtube.

    [00:19:04]

    L’équipe, c'est tous des journalistes. Par contre, moi, je ne peux pas avoir quelqu'un dans l'Ă©quipe qui a une aversion pour la technique. Si quelqu'un me dit : moi, je suis uniquement rĂ©dacteur, donc le techos, c'est le mec Ă  cĂŽtĂ© qui prend le son ou qui filme, et moi je ne touche qu'Ă  l'Ă©ditorial parce que je suis un journaliste, cette personne ne m’intĂ©resse pas.

    On peut ĂȘtre excellent dans l'Ă©ditorial et en mĂȘme temps toucher un peu Ă  tout; ça ne va pas rendre moins bon Ă©ditorialement d’ĂȘtre capable de se servir d'un smartphone.

    Les Observateurs sur France 24

    [00:22:50]

    J’ai commencĂ© comme ça le fact checking: j’avais des images, mais je ne pouvais pas les passer Ă  l’antenne tant que je les avais pas vĂ©rifiĂ©es. Moi, j'ai attaquĂ© le fact checking d'un point de vue trĂšs pratique. Il fallait que je vĂ©rifie pour pouvoir passer Ă  l'antenne et donc effectivement, en ce moment, oĂč on est en confinement et on voit passer toutes ces images qui circulent sur les rĂ©seaux sociaux, moi c'est dans mon ADN de les prendre, de les rĂ©cupĂ©rer et de me dire qu'est ce que je peux en faire, comment je les utilise, etc.

    Et aprĂšs ?

    [00:25:55] Je pense que c'est une graine, elle est plantée. Moi, j'étais une graine qui était hors sol, c'était les tomates hors sol bio de Bretagne. Maintenant, c'est fini. Cette graine est plantée parce que le 20 heures nous a fait rentrer dans le sol. Alors forcément dans un premier temps, on va vivre en recul. On a pris une place pendant le confinement qui était importante parce que quelque part, on n'avait pas le choix. Là, il y aura un recul aprÚs la sortie du confinement, c'est sûr. Mais la graine, elle est là et je pense que ça va faire réfléchir des gens.

    [00:27:31] Moi, ce que je voudrais, qu'on imagine les formats diffĂ©remment, c'est-Ă -dire que pour l'instant, un 20 heures mais aussi une chaĂźne info, fonctionne avec 3 ou 4 formats. Par exemple, si je prends FranceInfo, on a le sujet tĂ©lĂ© classique avec un sonore, avec des images d'illustration, avec commentaire sur images et ensuite on a un intervenant en plateau qui fait une chronique, une chronique, c'est toujours la mĂȘme chose. Et nous, Ă  France Info, on a inventĂ© un nouveau format : un “hub” avec quelqu'un qui se retrouve face Ă  un grand Ă©cran et il va pouvoir le toucher parce que c'est un Ă©cran tactile.

    Là, on est en train de montrer que on peut créer beaucoup plus rapidement des formats qui s'adaptent à ce que les gens voient déjà sur les réseaux auxquels ils sont habitués et qui permettent de se différencier des autres. Et ces formats, il ne faut pas les faire évoluer une fois tous les 5 ans. Il faut toute l'année tester des choses. Moi, je pense qu'il faut expérimenter des choses et ne pas avoir peur de casser les codes pendant l'année.

    [00:29:04] Si on doit résumer, je pense qu'il faut qu'on prenne un peu plus de risques parce qu'il y a moyen de faire des paris qui fonctionnent.

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    Crédits

    Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold Réalisation sonore : Raphaël Bellon Design graphique : Benjamin Laible Communication : Laurie Lejeune Générique et habillage sonore : Boris Laible Intégration web : Florent Jonville Production : Ginkio et Samsa.fr
  • Depuis une semaine, le Monde propose Ă  ses lecteurs de retrouver ses informations sur WhatsApp, pour suivre de plus prĂšs l’actualitĂ© du coronavirus. C’est l’équipe des DĂ©codeurs qui a mis en place ce service, pour lutter encore plus efficacement contre les fake news. Mais c’est Ă  la porte de leurs consoeurs et confrĂšres du Monde Afrique qu’ils ont frappĂ© pour mieux connaĂźtre WhatsApp et ses utilisateurs.

    Depuis un an et demi, en effet, Le Monde Afrique est prĂ©sent sur WhatsApp. D’abord via les groupes, puis en touchant un plus grand nombre de personnes grĂące Ă  des logiciels spĂ©cifiques. La formule a vite connu un franc succĂšs auprĂšs de ses lecteurs, tant l’application de messagerie est populaire sur le continent africain. Mais depuis la fin de l’annĂ©e 2019, WhatsApp (qui appartient Ă  Facebook) a changĂ© les rĂšgles du jeu et les mĂ©dias ont dĂ» s’adapter.

    Au Monde Afrique, on est passĂ© Ă  la fabrication de “statuts” pour continuer Ă  diffuser l’information. Et ça marche !

    Marilyne Baumard, la rĂ©dactrice en chef du Monde Afrique, est l’invitĂ©e de ce nouvel Ă©pisode d’A Parte. Elle revient avec nous sur l’aventure de sa rĂ©daction sur WhatsApp, de ses bĂ©nĂ©fices et de ses limites. Elle nous parle aussi du traitement de l’information au temps du coronavirus.

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    Pour aller plus loin

    Pour s’abonner aux statuts du Monde Afrique sur WhatsApp :

    Pour suivre l’actualitĂ© du coronavirus avec les DĂ©codeurs sur WhatsApp

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    L’essentiel de l’épisode

    Le WhatsApp des DĂ©codeurs

    Les DĂ©codeurs sont allĂ©s chercher un petit peu les mĂȘmes choses que nous sur WhatsApp. C'est Ă  dire un lien beaucoup plus proche avec le lecteur, mais aussi une info qui passe mieux et qui passe vers des personnes qui, peut ĂȘtre, ne passent pas leurs journĂ©es Ă  Ă©couter le live du monde.fr. Ça leur permet de toucher un autre public, de le toucher diffĂ©remment.

    Ça permet Ă  ces messages d'ĂȘtre beaucoup plus viraux que ne peut l'ĂȘtre un article du Monde.

    Avec la fermeture des frontiĂšres un peu partout, bien WhatsApp, c'est une porte d'entrĂ©e qui permet d'ĂȘtre Ă©coutĂ©, d'ĂȘtre lu dans la francophonie un peu partout dans le monde. C’était un objectif aussi des DĂ©codeurs d'aller, comme Le Monde Afrique, chercher un public non français.

    Test and learn

    On a commencĂ© sur WhatsApp, au Monde Afrique, en se disant on va voir ce que ça donne. Comme on est aujourd'hui sur Telegram : on voit ce que ça donne. On n’en sait rien. Il faut inventer. Il faut regarder pour regarder ce qui plaĂźt au lecteur, ce qu'il a envie de lire et ce qui est utile dans le paysage aujourd'hui.

    Les relations avec WhatsApp

    On a dĂ©jĂ  eu beaucoup de mal Ă  crĂ©er un lien avec l’entreprise WhatsApp. C'est une toute petite Ă©quipe qui n’a pas de reprĂ©sentation en France. Donc, ils ne s'embĂȘtent pas Ă  discuter avec les mĂ©dias.

    Les choses sont devenues trĂšs compliquĂ©es quand ils ont changĂ© les rĂšgles du jeu. Ce qui se passait au dĂ©part, lorsqu'on a lancĂ© le WhatsApp Afrique, c'est que l'on pouvait, par un logiciel, dĂ©plafonner nos 256 abonnĂ©s par groupe. Ce qui fait que l'on avait un immense groupe d'abonnĂ©s qui ne prenait pas en compte ce chiffre plafond de 256. Et puis, un jour, au cƓur de l'Ă©tĂ© 2019, WhatsApp a donc annoncĂ© que tout ça s'Ă©tait terminĂ©, qu'il n'Ă©tait plus question d'avoir des logiciels qui plafonnent et qu’il fallait rentrer dans le moule et se limiter Ă  la diffusion d'une information Ă  256 personnes. Ce qui Ă©tait totalement inconcevable pour nous.

    L’utilisation de statuts de WhatsApp

    Alors on a testĂ© nos abonnĂ©s WhatsApp. On leur a demandĂ© : “Qu'est ce qui vous conviendrait? Qu'est ce que vous aimeriez qu'on fasse pour continuer Ă  vous informer via WhatsApp?”

    Et ils nous ont dit : “Nous, on regarde les statuts WhatsApp.” C'est lĂ  qu'on a commencĂ© Ă  faire des petites vidĂ©os qui prĂ©sentent aussi une actualitĂ© dans les statuts de l’application.

    Il y a un peu l'Ă©quivalent du chapeau et du premier paragraphe d'un article, mais s'il le souhaite, l’internaute peut cliquer sur le lien et se retrouver sur le site du Monde Afrique pour lire l’article en intĂ©gralitĂ©.

    Cela ne change pas l'info qu'on donne. On repart toujours de notre info de base. Ce qui change, c'est son mode de prĂ©sentation. C’est la porte d'entrĂ©e qui change et qui va faire que l'on est plus engageant et que l'on va aussi permettre Ă  des gens qui n'ont pas envie de lire cinq feuillets sur les tests coronavirus d'avoir cette information. Et puis, petit Ă  petit, d'aller de plus en plus vers des articles plus longs.

    Qu’est-ce qui change ?

    Donc, ce n'est pas l'info qui change, mais c'est la façon de l'amener. Et ça aussi, c'est trÚs enrichissant pour nous, journalistes, parce que on a envie aussi que les choses bougent un peu.

    On a envie de bouger les formats. C'est quand mĂȘme un vrai espace de libertĂ© qui est intĂ©ressant Ă  utiliser.

    La contrainte du format sur WhatsApp, c'est la mĂȘme contrainte que quand on veut faire un bon papier. C'est de donner un maximum d'infos dĂšs le dĂ©but, sans rebuter. Donc, c'est rĂ©pondre Ă  ces fameuses quatre ou cinq questions importantes (les 5W). Et en mĂȘme temps, que ce soit en engageant que ce soit un peu fun et que ce soit beau aussi.

    A partir du moment oĂč l'information est vĂ©rifiĂ©e, c'est notre standard. La forme, elle peut bouger, elle doit bouger, elle doit Ă©voluer.

    Les statistiques d’audience, les retours

    Le nombre de retours qu'on a est aussi un vrai moyen de mesurer l'implication des lecteurs et leur attrait pour ce vecteur d'information. Mais ce qu'on ne peut pas mesurer, c'est le nombre de partages.

    WhatsApp en Afrique

    En Tunisie, WhatsApp n'a pas une bonne rĂ©putation. Alors que sur toute l'Afrique francophone d'Afrique de l'Ouest, ça marche vraiment trĂšs bien. C’est le cas aussi au Maroc et en AlgĂ©rie. On a vu que ça avait beaucoup augmentĂ© pendant les Ă©vĂ©nements en AlgĂ©rie. Au Cameroun aussi, ça fonctionne bien.

    Le Monde Afrique au temps du coronavirus

    On a une vingtaine de correspondants en Afrique. Ils sont tous restĂ©s sur place et ils travaillent tous. Ils sont tous en lien avec les populations, mĂȘme si on leur demande de prendre des prĂ©cautions pour travailler. Mais ils font leur boulot sur le terrain pour essayer de voir quelles sont les limites de ces beaux messages qui, vus de France, disent que l’Afrique est confinĂ©e. Il y a des choses qui sont qui sont impossibles en Afrique. “Lavez-vous les mains vingt fois par jour !” D'accord. Mais quand on est dans un quartier oĂč il n'y a pas d'eau courante, comment on s'y prend ?

    Tous nos dĂ©placements d'un pays Ă  l'autre se sont arrĂȘtĂ©s. Donc on travaille Ă  Paris, on fait remonter de l'info beaucoup plus de nos correspondants qui, eux, sont restĂ©s sur le terrain.

    Et puis sur place ? Bah, voilĂ , ce qu'on demande, c'est d'ĂȘtre prudent. Bien sĂ»r, on a des journalistes malades, ils se soignent. Et puis on est avec eux et on surveille que les choses ne dĂ©gĂ©nĂšrent pas. Et on continue Ă  aller voir sur le terrain, Ă  ĂȘtre au plus prĂšs des gens.

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    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • A Parte poursuit sa sĂ©rie sur les mĂ©dias en pleine gestion de crise du Covid-19.
    Cette semaine, Erwann Gaucher, le directeur du numĂ©rique de France Inter, a trouvĂ© un rapide crĂ©neau pour nous raconter Ă  chaud comment les choses s’organisent au sein de la “premiĂšre radio de France” et comment innover, avec des “concerts dans la cuisine” inaugurĂ©s avec StĂ©phane Eicher ou un nouveau podcast, “Paroles de soignants”.

    Il a fallu abandonner les captations vidĂ©os des Ă©missions d’info en studio qui cartonnent sur Youtube en temps normal et constituent un tiers de l’audience numĂ©rique. Une solution a finalement Ă©tĂ© trouvĂ©e - en visioconfĂ©rence - pour les humoristes. ParallĂšlement, cette crise a Ă©tĂ© l’occasion de mettre l’accent sur la mission Ă©ducative d’Inter. Des trĂ©sors ont Ă©tĂ© dĂ©nichĂ©s pour aider les lycĂ©ens Ă  rĂ©viser leur bac de français ou d’histoire.

    France Inter mise aussi sur les podcasts natifs. Cette semaine, elle inaugure une production quotidienne, publiĂ©e juste avant les applaudissements de 20 heures, avec des tĂ©moignages de soignants sur 5 Ă  7 minutes. Et en quinze jours, les podcasts "Les OdyssĂ©es" et "Les histoires d'Oli" ont dĂ©passĂ© les 2 millions d’écoutes.

    DerniĂšre tendance, comme nombre d’autres mĂ©dias, la radio publique ouvre grand son antenne aux questions des auditeurs et auditrices. Un flot incroyable de questions sont envoyĂ©es directement sur Facebook en messages directs. Elles ont toutes droit Ă  une rĂ©ponse informĂ©e.

    Que restera-t-il aprĂšs la crise ? A minima de nouvelles habitudes de travail, constate celui qui se dĂ©crit sur Twitter comme un “agitateur de rĂ©daction”. Il est servi.

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    L’essentiel de l’épisode

    Mise en place en un week-end

    [00:02:56]

    France Inter étant ce qu'on appelle un opérateur d'importance vitale, il était, dans le cadre d'une crise sanitaire comme celle que l'on vit depuis quinze jours, absolument essentiel que nous soyons en capacité de continuer à émettre sur les ondes, mais aussi de mettre ces contenus à disposition de tout le monde sur les différents devices numériques, le site, l'application et l'ensemble des supports sur lesquels nos auditeurs nous écoutent chaque jour en numérique. Avec comme pour tout le monde, la petite difficulté de l'équation, c'est que il ne fallait plus personne à la Maison de la radio.

    [00:05:22]

    Il fallait vraiment qu'on soit efficace tout de suite parce que nos audiences ont quasiment triplĂ© en quelques heures, les visites, les Ă©coutes, en direct, en podcast. On a senti ce rĂ©flexe qui rappelle l'importance de la radio dans les moments de crise. C'est vraiment le mĂ©dia vers lequel se tourne naturellement le plus de monde. C’est de brancher la radio quand il se passe quelque chose de trĂšs grave et trĂšs important.

    La vidéo

    [00:05:58]

    La premiĂšre chose, par la force des choses, ça a Ă©tĂ© de supprimer la vidĂ©o. Et ce n'est pas anecdotique parce qu'aujourd'hui un tiers de l'audience numĂ©rique de France Inter se fait en vidĂ©o. C'est un des grands lieux de conquĂȘte. On a une chaĂźne YouTube qui marche trĂšs, trĂšs fort, avec plus d'un demi-million d'abonnĂ©s. On fait environ 40 Ă  45 millions de vidĂ©os vues par mois. Ça reprĂ©sente vraiment une grosse part de notre audience et c'est sans aucun doute, mĂȘme si on n'a pas de chiffres prĂ©cis, on le voit par recoupement, une grande partie d'internautes qui ne sont pas des auditeurs de radio. Donc ce sont des gens qui n’écoutent France Inter que par le biais de la vidĂ©o et notamment de YouTube.

    Dans les premiers jours, on a donc dĂ» couper puisqu'on n'avait plus personne en studio, on n’avait plus d'invitĂ©s, on n'avait plus non plus suffisamment de gens pour s'occuper de la radio filmĂ©e, puisqu'on a Ă©videmment transfĂ©rĂ© le maximum des forces vers l'antenne pour avoir le moins de monde possible de gens dans des studios.

    Petit à petit, on y est revenu, à travers des fausses vidéos qui sont les fameuses vidéos avec des ondes défilant sur des photos. Et puis depuis le début de la semaine, notamment à travers les chroniques d'humour trÚs, trÚs attendues qu'on nous réclamait beaucoup.

    Accent sur l’éducation et les podcasts

    [00:08:33]

    Cela s’est trĂšs vite mis en place. Depuis plusieurs mois, voire un peu plus d'un an, cĂŽtĂ© numĂ©rique Ă  Inter, on travaille avec l'envie de proposer aux enfants et aux jeunes parents des choses Ă  Ă©couter, Ă  faire Ă©couter Ă  leurs enfants sans avoir Ă  les mettre devant un Ă©cran. Et le podcast est assez gĂ©nial pour ça. Et il suffit de voir un enfant entre jouer aux playmobil en Ă©coutant “Les OdyssĂ©es” pour comprendre tout l'intĂ©rĂȘt, c'est-Ă -dire qu'il n'est pas captif de la chose.

    [00:09:37]

    Ces offres ont vraiment beaucoup plus cartonné que je ne m'y attendais puisque Oli, le podcast des histoires pour les petits et les Odyssées, pour les un peu plus grands, ont été écoutés 2 millions de fois en dix jours. C'est vraiment assez énorme pour des podcasts qui ne passent pas à l'antenne, qui sont uniquement en podcast natif.

    [00:13:05]

    Notre nouveau podcast s’appelle “Parole de soignants” et l'idĂ©e n'en est pas forcĂ©ment trĂšs, trĂšs originale. On a simplement constatĂ© ce qui se passe autour des soignants, cette envie des gens d'aller les applaudir tous les soirs. Nous on a beaucoup de tĂ©moignages Ă  l'antenne, de mĂ©decins, d'infirmiĂšres, de toute cette communautĂ© de soignants dont tout le monde sait qu'ils sont en premiĂšre ligne actuellement.

    Et on se dit que ce que l'antenne ne permet pas tout le temps en temps, c'est-à-dire d'avoir un témoignage sur la longueur, pourrait faire un podcast intéressant. Là, on est depuis quelques jours vraiment les mains dans le cambouis pour pouvoir sortir chaque soir avant 20 heures, un podcast de 5 à 7 minutes. C'est-à-dire qu'on veut leur laisser la parole en longueur, qu'ils nous expliquent ce qu'ils vivent en ce moment dans les différentes régions de France, dans les différents métiers de la communauté soignante, leurs problÚmes, leurs peurs, leurs envies, leurs coups de gueule, leurs coups de coeur et leurs petits moments joyeux.

    [00:14:20]

    Enregistrement Ă  distance avec un rĂ©alisateur Ă  distance qui travaille dessus. C'est presque le plus long Ă  mettre en place : le cheminement pour pouvoir industrialiser la chose. Parce pour faire un ou deux Ă©pisodes on sait le faire maintenant rapidement, mĂȘme dans ces conditions. Mais si on veut que tous les soirs Ă  la mĂȘme heure, un podcast sorte, c'est lĂ  oĂč l'organisation doit se mettre en place.

    [00:15:15]

    Vendredi dernier, on a inaugurĂ© un concert Ă  distance avec StĂ©phane Eicher depuis sa cuisine. Concept qui devrait se renouveler au fil des semaines avec des concerts de musiciens depuis leur cuisine. On n’avait rien, pas de bons smartphones. Et au final, la qualitĂ© de ce qui a Ă©tĂ© diffusĂ©e n'est Ă©videmment pas optimale, pas celle qu'on admettrait si StĂ©phane Eicher Ă©tait venu jouer dans nos studios, mais elle est tout Ă  fait correcte. Il faut vraiment souligner le boulot des Ă©quipes techniques.

    RĂ©seaux sociaux

    [00:18:10]

    On a eu une montĂ©e en charge de commentaires et de DM, de messages directs, que ce soit sur Facebook ou Twitter. Et je pense que c'est Ă  ça qu'on voit aussi la qualitĂ© d'une communautĂ©. Les gens n'Ă©taient pas lĂ , forcĂ©ment, pour poser beaucoup de questions entre eux, mĂȘme s'il y en a eu beaucoup plus que d'habitude, mais ils venaient nous poser des questions. Mais concrĂštement, est ce que je peux faire ça concrĂštement? Est ce que je dois faire ceci ou cela? Est ce que je vais voir? Et c'est lĂ  oĂč on se dit qu'on a rĂ©ussi Ă  tisser un lien.

    [00:18:43]

    Là, je tire un coup de chapeau à l'équipe de community management parce qu'il ont vraiment passé quinze jours à répondre individuellement. Je pense que la quasi-intégralité de ceux qui nous ont envoyé un message privé via Facebook ou Twitter pour nous poser une question ont reçu une réponse qui n'était pas simplement un accusé de réception, mais une réponse pour leur dire : voilà, nous, on a trouvé dans telle émission, dans tel article de la rédaction, quelque chose qui nous semble répondre à votre question et on vous propose de le lire ou d'écouter pour vous renseigner.

    [00:21:05]

    On a un vrai Facebook qui cartonne en ce moment, c'est à dire qu'on a vu le taux par rapport au nombre de fans que l'on a sur Facebook et le nombre de visites que ça génÚre, qui est trÚs, trÚs important.

    Travail concentré sur la lutte anti fake news

    [00:21:28]

    ImmĂ©diatement, on a vu circuler absolument tout et n'importe quoi sur WhatsApp, Messenger, sur les rĂ©seaux, en vidĂ©o, etc. StĂ©phane Jourdain, le rĂ©dacteur en chef numĂ©rique, s’est dit que c'Ă©tait vraiment ça qu'il fallait creuser et ça a Ă©normĂ©ment cartonnĂ©.

    [00:22:10] Premier dispositif, les repĂ©rer. On a vraiment tout le monde mis Ă  contribution parce qu'on sait que le trĂšs gros des fake news, ce n'est pas forcĂ©ment ce qu'on voit le plus passer sur Facebook. C'est plutĂŽt ce qui s'Ă©change en messages directs, en boucle WhatsApp, et mĂȘme mails pour les internautes les plus ĂągĂ©s. On essaie vraiment de les rĂ©colter et puis, un par un, de les prendre. Sur le site de France Inter, on a crĂ©Ă© Focus, sous la Une, avec tous les articles consacrĂ©s aux fake news.

    [00:22:58]

    Il y a une grosse partie de gens qui nous ont dĂ©couvert en cherchant ces infos via les moteurs de recherche, via des agrĂ©gateurs comme Apple News ou les rĂ©seaux sociaux. Beaucoup n’étaient pas des internautes d’Inter.

    Les méthodes de travail

    [00:24:42]

    Notre organisation s’est trĂšs vite mise en place, chacun Ă©tait dans son couloir, savait exactement ce qu'il avait Ă  faire et a foncĂ©, a Ă©tĂ© efficace. J'ai mĂȘme moi, en tant que directeur du numĂ©rique, plutĂŽt dĂ» dire aux Ă©quipes : attention, on est parti comme des fous, c'est un magnifique sprint, mais c'est un marathon qu'on va devoir courir. Il faut maintenant rĂ©ussir plutĂŽt Ă  s'organiser pour tenir dans la longueur, parce qu'on est un peu moins nombreux que normalement. Et on est surtout dans des conditions plus fatigantes. Je pense que toute personne qui tĂ©lĂ©travaille pendant deux semaines de suite se rend compte qu’ĂȘtre toute sa journĂ©e en visioconfĂ©rence c'est beaucoup plus fatiguant que de se voir et passer discuter d'un sujet de bureaux Ă  bureaux.

    [00:26:05]

    Ce qui va rester ? Sans doute un potentiel changement dans les modes de production, parce qu'on voit qu'il y a des choses qu'on arrive Ă  faire Ă  distance. Je pense surtout que ça a validĂ© quelque chose dont on se disait rĂ©guliĂšrement qu'on en Ă©tait capable, mais on n'avait jamais eu Ă  le l'expĂ©rimenter Ă  cette Ă©chelle-lĂ , Ă  savoir une trĂšs, trĂšs grande souplesse. Paradoxalement, le numĂ©rique n'est pas toujours aussi souple que peut ĂȘtre la radio Ă  l'antenne, la radio FM, avec des outils plus simples.

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    Crédits

    Interviews : SĂ©bastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
    Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
    Réalisation sonore : Raphaël Bellon
    Design graphique : Benjamin Laible
    Communication : Laurie Lejeune
    Générique et habillage sonore : Boris Laible
    Intégration web : Florent Jonville
    Production : Ginkio et Samsa.fr

  • Avec le coronavirus, les mĂ©dias traversent une pĂ©riode inĂ©dite, Ă  la fois exaltante et inquiĂ©tante. A parte commence une sĂ©rie d’entretiens autour des impacts humains, Ă©ditoriaux et Ă©conomiques de la crise du coronavirus sur les mĂ©dias. Au journal Nice Matin, la majeure partie de l’équipe a basculĂ© dans le tĂ©lĂ©travail malgrĂ© quelques rĂ©ticences.

    Le responsable digital de Nice matin, Damien Allemand, a renforcĂ© la rĂ©daction web pour produire des contenus de façon accrue. Un live tourne en continu de 7h Ă  23h, une newsletter spĂ©ciale a Ă©tĂ© lancĂ©e et un module de questions/rĂ©ponses avec les internautes a Ă©tĂ© ouvert. Comme pendant les inondations ou les attentats, le quotidien multiplie les initiatives pour ĂȘtre au plus proche de ses lecteurs. Ainsi, Nice Matin a dĂ©veloppĂ© la webapp CoronAides qui met en relation des habitants disponibles pour aider d’autres personnes. Cette plateforme solidaire s’inscrit directement dans l’ADN du journal, qui pratique le journalisme de solution depuis trois ans.

    Nice matin est dans un processus de mutation numĂ©rique important depuis quelques annĂ©es. Un processus qui s’est accĂ©lĂ©rĂ© ces derniĂšres semaines : avec le coronavirus, la transformation digitale se fait Ă  marche forcĂ©e, les choses bougent, lĂ  oĂč les projets mettent d’habitude des mois Ă  se concrĂ©tiser.

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    Pour aller plus loin

    L'article de présentation de CoronAides Suivre Damien Allemand sur Medium

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    L’essentiel de l’épisode

    Coronavirus, on s’organise comment

    [00:03:49] C'est un peu compliquĂ© de rĂ©pondre Ă  la question parce que au dĂ©but, on est confinĂ© Ă  domicile. Par contre, elle est trĂšs reprĂ©sentative de tous les documents qu'on reçoit Ă  la rĂ©daction depuis depuis le dĂ©but de la crise sanitaire. Il n'y a pas un jour oĂč on reçoit pas 10, 15, 20, 30 vidĂ©os de gens qui applaudissent Ă  leur balcon Ă  20 heures ou d'infirmiers, de personnel soignant qui veulent tĂ©moigner de leurs conditions de travail. On reçoit Ă©normĂ©ment de documents sur cette crise. Des documents qui sont tous positifs, qui tĂ©moignent de soutien au corps mĂ©dical, dans une ambiance, je n'ai pas envie de dire festive, mais qui est plutĂŽt bon enfant.

    [00:05:02] Oui, c'est trÚs important de le dire parce que c'est une prouesse technique. Dire que c'est un miracle quotidien est en tout cas oui. On est toujours sorti depuis le début de la crise. Tout est fait et tout a été fait pour que le journal continue de sortir. Il y a eu une réduction de pagination, un chemin de fer qui a été refait en quelques heures pour se mettre en ordre de bataille pour garantir la sortie de la sortie du journal. Tout ça, ça a été fait. Et aprÚs, ce qui est intéressant à voir, c'est en gros. Tout s'est fait à marche forcée et j'ai l'impression qu'on est dans une transformation de l'entreprise en quelques en quelques semaines, alors que ce sont des projets qui, en général, dure plusieurs mois. Mais on a une grosse partie de la rédaction qui a basculé en télétravail, une partie qui découvre cela que c'est intéressant.

    [00:06:27] CĂŽtĂ© Web, le plus gros enjeu pour nous, ça a Ă©tĂ© de renforcer l'effectif pour tenir le rythme. Depuis le dĂ©but du confinement, on a un live qui tourne de 7 heures Ă  23 heures. En parallĂšle, on continue d'alimenter nos sites. La particularitĂ© de Nice-Matin, c'est qu'il y a deux sites : Nice-Matin et Var-Matin. Du coup, on a quasiment eu quatre renforts sur l'Ă©quipe web pour nous permettre d'alimenter les sites, des gens qui Ă©taient dans les agences. Certains avaient une expĂ©rience du Web, mais pas tous. On Ă©change beaucoup plus lĂ  en tĂ©lĂ©travail que quand on est tous dans la mĂȘme piĂšce, on parle toute la journĂ©e sur Slack, on fait une vision le matin, une vision le midi, visio le soir.

    [00:09:34] Les journĂ©es sont beaucoup plus denses en tĂ©lĂ©travail. AprĂšs ce qu'on est en train de mettre en place, c'est un petit indicateur du bien ĂȘtre en tĂ©lĂ©travail. J'ai mis en place un formulaire que j'envoie Ă  l'Ă©quipe avec une note sur cinq. En gros, comment s'est passĂ©e votre semaine ? Cinq Ă©toiles, c'est trĂšs bien. Une Ă©toile, c'Ă©tait pas top. Qu'est ce qui a bien fonctionnĂ© cette semaine? Est ce qu'on peut amĂ©liorer ça? C'est un truc qu'on commence lĂ  et qu'on va essayer de remplir Ă  peu prĂšs toutes les semaines.

    Coronavirus, la couverture de l’info

    [00:13:27] On a essayĂ© plusieurs choses et on a essayĂ© surtout de dĂ©couper la journĂ©e en temps de lecture. On essaye de concentrer la matinĂ©e sur tout ce qui est initiatives solidaires et tout ce qui va ĂȘtre un petit peu espoir liĂ© Ă  la crise du coronavirus. En gros, l'initiative solidaire, c'est des gens qui mettent en place des collectes pour le personnel soignant, qui offre de la bouffe au personnel soignant ou un taxi qui va faire toutes ses courses gratuitement pour les petites mamies qui veulent aller faire leurs courses.

    Le midi, ça va plutĂŽt ĂȘtre comment s'occuper Ă  la maison avec des tutos, des conseils pour des sĂ©ries tĂ©lĂ© et des conseils pour occuper ses enfants. Puis on va aller sur du temps long, avec du tĂ©moignage en aprĂšs midi et du dĂ©cryptage des annonces du gouvernement ou de nos responsables locaux avec les impacts sur la vie quotidienne des AzurĂ©ens.

    [00:15:33] Le dernier format quand on a mis au point, ce n'est pas trĂšs original, mais ça fonctionne trĂšs, trĂšs bien, ce sont les questions rĂ©ponses avec les internautes. En gros, tous les jours, on rĂ©pond Ă  5 questions de nos lecteurs sur le coronavirus, comme “Est ce que j'ai le droit de promener mon chien?”, “Est ce que ce que j'ai le droit de faire mon footing?” “Est ce que je peux attraper le coronavirus en touchant une poignĂ©e de porte?” On rĂ©pond Ă  ces questions lĂ  sur notre site. Les journalistes aiment bien faire des sujets d'angles, des belles interviews. LĂ , on se retrouve avec des questions trĂšs concrĂštes d'internautes qui sont “Est ce que quand je vais faire les courses, il faut que je nettoie mes lĂ©gumes, mes lĂ©gumes?” Du coup, on a un vrai rĂŽle Ă  jouer pour bien expliquer aux gens. Et du coup aller chercher la bonne info et la retranscrire le plus lisiblement possible.

    Coronavirus, accompagner la solidarité

    [00:20:25] Oui, on a malheureusement l'habitude des catastrophes Ă  Nice-Matin. Et Ă  chaque fois, on mobilise nos lecteurs et la rĂ©daction autour autour de causes. Pendant les inondations, on avait crĂ©Ă© des cagnottes sur Ulule pour aider les sinistrĂ©s. On l’avait Ă©galement fait pour les attentats. Et Ă  chaque fois, on a essayĂ© de se demander comment pourrait ĂȘtre le plus utile Ă  nos lecteurs en essayant de les mobiliser.

    [00:21:39] On a mis en place une webapp avec Glide, une start up américaine qui permet de faire des webapp trÚs facilement. Il n'y a pas de code, c'est un Googlesheet qui est derriÚre. Il faut juste le construire et mettre quelques formules pour que toutes les pages communiquent entre elles. On l'a sorti en 10 heures aprÚs l'allocution de Macron et ça s'appelle CoronAides.

    Le principe, en gros : Vous avez envie de proposer une aide pendant cette crise du coronavirus? Donnez nous votre nom, donnez nous votre adresse, laissez votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone. Si vous voulez sur l'application, les gens peuvent les consulter et vous contacter s’ils en ont besoin. Et du coup dessus, on retrouve un peu de tout puisqu'il y a des assistantes maternelles qui sont au chĂŽmage technique et qui, du coup, proposent gratuitement leurs services. On a des chauffeurs Uber qui proposent gratuitement leurs services, des gens qui disent “je suis disponible en bonne santĂ©, j suis volontaire pour aller faire des courses pour des personnes ĂągĂ©es”. J'ai vu un message qui me fait sourire, quelqu’un qui disait qu'il avait un Doliprane chez lui.. Et du coup, il y a des Ă©changes qui lui sont assez inspirant sur la plateforme.

    [00:24:31] On a le journal participatif dans le sang. On a été parmi les premiers à relancer le journalisme de solutions en France en 2015. L'application est typiquement quelque chose qui transpire le journalisme de solutions et l'utilité. On a une newsletter qui est dédiée à la gestion de crise en Italie. Comment ils gÚrent, comment ils la vivent. Depuis le début, on dit qu'ils ont dix, quinze jours d'avance sur nous.

    [00:26:25] On est en transformation digitale Ă  marche forcĂ©e. Il y a plein d'individualitĂ©s aussi qui sont rĂ©ticents Ă  la bascule numĂ©rique. LĂ , on est obligĂ© de travailler sur de nouveaux outils. On est obligĂ© de trouver de nouvelles maniĂšres de travailler. Des organisations se font en quelques jours alors que ça fait des mois, voire des annĂ©es, que la plupart des journaux se cassent les dents dessus. Par contre, lĂ , on voit surtout une accĂ©lĂ©ration de tous les projets. On a, comme tous les autres sites, des pics d'audience. Depuis le dĂ©but de la crise, l'abonnement numĂ©rique marchait trĂšs bien chez nous. LĂ , mĂȘme en ayant passĂ© des contenus gratuits, les gens continuent de s'abonner.

    [00:31:38] Je trouve que c’est une pĂ©riode qui est trĂšs stimulante, oĂč on peut tester beaucoup de choses. En gros, on peut tester, se tromper. C'est pas trĂšs grave parce qu'il y a tellement de choses qui marchent Ă  cĂŽtĂ© qu'on peut se planter sur un truc. On peut faire un chatbot dĂ©diĂ© au coronavirus, si ça marche pas, ça marche pas.

    [00:32:39] On voit que les gens ont envie de parler. On a mis en place un groupe privĂ© sur Facebook oĂč les gens peuvent se poster en photo chez eux, en tĂ©lĂ©travail ou en train de faire du yoga. Les gens ont besoin de partager en ce moment et de parler, mĂȘme virtuellement, Ă  d'autres gens. Et c'est ici qu'il faut qu'on arrive Ă  trouver le bon crĂ©neau pour s'installer. J'aimerais bien dans les prochaines semaines, peut ĂȘtre, lancer des groupes de discussion sur le foot qui seraient animĂ©s par nos jeunes sportifs pour encore garder du lien avec nos lecteurs diffĂ©remment.

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    Crédits

    Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold Réalisation sonore : Raphaël Bellon Design graphique : Benjamin Laible Communication : Laurie Lejeune Générique et habillage sonore : Boris Laible Intégration web : Florent Jonville Production : Ginkio et Samsa.fr