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Donald Trump va faire son retour à la Maison Blanche après sa victoire à l'élection présidentielle américaine, face à la candidate démocrate Kamala Harris, le 5 novembre. Avec cette élection qui met le Vieux Continent au pied du mur, les Européens parviendront-ils à rester unis face au nouveau locataire du bureau ovale ?
La première difficulté, ce sont les divisions idéologiques entre les Européens. Il y a les partisans d'une Europe fortement dépendante des États-Unis, notamment sur le plan militaire – on peut citer des pays comme la Hongrie ou encore la Pologne –, et ceux qui pensent que l'Europe doit prendre des mesures pour se débrouiller seule, en matière politique, diplomatique, économique et militaire. C'est bien sûr le point de vue du président français Emmanuel Macron, qui insiste sur la nécessité pour l'Europe de sortir d'une forme de naïveté. Faute de quoi, les Européens seraient réduits, selon la métaphore élyséenne, à devenir des « herbivores attaqués par des carnivores ».
La deuxième difficulté, ce sont les deux poids lourds de l'Union européenne (UE). La France et l'Allemagne sont actuellement affaiblies, économiquement et politiquement. Le chancelier Olaf Scholz était même absent de la réunion de la Communauté politique européenne (CPE), après l'éclatement de sa coalition à Berlin survenue au pire moment.
Une réduction de l'aide américaine à l'Ukraine redoutéeCes divisions doivent d'abord être surmontées sur le dossier ukrainien, car la crainte des Européens – et de Kiev bien sûr – est double : avec Donald Trump de retour à la Maison Blanche, on peut s'attendre à une réduction plus ou moins forte de l'aide américaine à l'Ukraine et, parallèlement, au lancement de négociations pour mettre un terme à la guerre, avec Washington, Moscou et Kiev. C'est du moins ce que souhaite le futur président américain. Et les Européens, là-dedans ?
Volodymyr Zelensky, qui était à Budapest jeudi 7 novembre, les a implorés de ne pas céder aux pressions des États-Unis, ou pire encore, de la Russie, notamment sur deux points essentiels : le refus d'une renonciation à l'intégrité territoriale de l'Ukraine et le refus de l'abandon de l'adhésion à terme de Kiev à l'Otan. Pour l'instant, pas de réponse unanime de l'Europe. Le tout sur fond d'inquiétudes concernant les demandes de Trump sur les contributions financières des européens à l'Otan.
Risque de guerre commerciale avec l'EuropeDonald Trump ne s'en cache pas : durant la campagne, le candidat républicain réélu a dit très clairement qu'il voulait taxer les produits européens exportés aux États-Unis, de 10 à 20% selon les cas. Pour lui, économiquement, l'Europe – qu'il n'a pas hésité à qualifier de « mini-Chine » – est un concurrent qu'il faut dominer, sinon laminer. Les flux commerciaux entre les États-Unis et l'UE sont très importants mais se font au détriment des Américains, avec plus de 300 milliards de dollars de déficit. C'est cela que le nouveau président veut corriger, d'abord en imposant aussi des droits de douane, mais aussi et surtout en musclant son appareil productif et ses investissements dans l'avenir, l'innovation numérique, la transition écologique... Là encore, comment l'Europe peut-elle réagir ?
Pour cela, les Européens vont-ils vraiment adopter le plan Draghi, qui estime que l'Europe doit débloquer 600 à 8 000 milliards de dollars pour rattraper son retard par rapport aux États-Unis. Cette question est aussi importante que l'autonomie stratégique du Vieux Continent. Reste maintenant à passer aux actes, et pas en ordre dispersé. C'est là que tout se complique.
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La Moldavie et la Géorgie, ce sont deux ex-républiques soviétiques, dans lesquelles vont se dérouler des élections ces prochaines semaines. Et la question qui se pose est la suivante : la Moldavie et la Géorgie sont-elles à la croisée des chemins, comme prises en étau entre Moscou et Bruxelles ?
Ce samedi 26 octobre, des élections législatives se tiennent en Géorgie, et le week-end suivant, la Moldavie se rendra aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle qui s’annonce serrée entre la présidente sortante pro-européenne et des partis d’opposition pro-russes. La Moldavie vient de voter de justesse lors d’un référendum pour une adhésion à l’UE.
Ainsi, ces deux ex-républiques soviétiques sont traversées en leur sein par des tensions de plus en plus fortes entre les partisans d’un rapprochement avec la Russie et ceux qui rêvent d’une adhésion à l’Union européenne. En ce sens, elles jouent avec ces scrutins leur orientation géopolitique
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En Géorgie, l’enjeu des élections de ce samedi est décisif. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, adopte un ton de plus en plus proche de celui du Kremlin. Pourtant, dans les sondages, 80% des Géorgiens se prononcent pour un rapprochement avec l'Europe.
En trois ans, le gouvernement géorgien a opéré un tournant pro-Kremlin, marqué notamment par l’adoption de la loi sur les agents de l’étranger, un copié-collé de celle adoptée par Moscou quelques années auparavant. Une loi très controversée et qui a crispé les relations avec l’Union européenne. Sans compter le rôle de l’oligarque Ivanichvili, qui a été au cœur du pouvoir, et qui pèse pour un tiers du PIB du pays. Une immense richesse qui lui permet de corrompre les travailleurs pauvres ou certaines entreprises - en distribuant de l’argent contre un vote adéquat.
Un combat de valeurs sur fond de concurrence géopolitique entre Moscou et l’OccidentLa Géorgie comme la Moldavie sont prises en otage, en quelque sorte, et doivent se déterminer. Ce samedi 26 octobre, si le Rêve géorgien remporte le scrutin législatif, les négociations avec Bruxelles seront gelées. Alors certes, ce parti ne peut pas dire ouvertement qu’il est contre l’Europe, mais il fait tout pour se rapprocher de Moscou.
En Moldavie, le référendum sur l’adhésion à l’UE est passé de justesse avec 50,4 % des voix. Et le second tour de la présidentielle s’annonce serré dans neuf jours pour la présidente sortante pro-européenne. Il faut dire que ce pays, à la différence de la Géorgie, est bien plus divisé entre pro-russes et pro-européens.
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La stratégie de Moscou : récupérer son glacisMoscou cherche à éviter que les ex-républiques soviétiques ne tombent dans l’escarcelle occidentale. On sait, avec l’exemple terriblement parlant de l’Ukraine, que c’est l’obsession de Vladimir Poutine.
En ligne de mire du dirigeant russe, il y a d’abord l’Ukraine donc, mais ensuite, on trouve justement la Géorgie et la Moldavie. Pour Poutine, le fait que ces deux pays pourraient rejoindre le camp occidental, attirés par la liberté, la démocratie, mais aussi, il faut le dire, par une promesse de prospérité, ce fait est tout simplement inacceptable. Mais, au-delà de la propagande russe, il joue aussi sur les places fortes russes dans ces deux pays : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en Géorgie, la Transnistrie pour la Moldavie. Des territoires autonomes auto-proclamés aux mains des Russes et qui sont une menace permanente. En particulier en Moldavie, un pays qui n’a pas d’armée, alors que 2 000 soldats russes sont basés en Transnistrie.
Pour toutes ces raisons, il faut suivre de très près le résultat des élections ce samedi 26 octobre en Géorgie et, le 3 novembre, du 2ᵉ tour de l’élection présidentielle en Moldavie.
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Episodi mancanti?
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Jeudi 17 octobre, Israël a annoncé avoir tué le chef politique et militaire du Hamas, Yahya Sinwar — de manière fortuite. Une victoire incontestable pour Benyamin Netanyahu.
La mort de Yahya Sinwar, l’architecte des attaques du 7 octobre 2023, était l’un des objectifs essentiels de l’opération de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Une victoire militaire donc, mais pour aller où ? Le premier commentaire du dirigeant israélien est plutôt ambigu : c’est « le début de la fin », a-t-il déclaré jeudi 17 octobre au soir. Ce que l’on peut comprendre, c’est que c’est pour lui une étape importante, mais pas l’étape ultime. Et cela pose un certain nombre de questions.
Le sort des otages israéliens toujours détenus à Gaza est le dossier le plus immédiat pour le Premier ministre israélien. Les familles d’otages se sont félicitées de l’élimination de Yahya Sinwar, mais demandent un accord rapide sur la libération des quelque 101 otages toujours détenus — du moins celles et ceux qui sont encore en vie.
Benyamin Netanyahu, lui, ne parle pas vraiment d’accord : il demande à ce qui reste du Hamas de déposer les armes et de relâcher les otages, ce qui selon lui pourrait alors mettre fin au conflit à Gaza, puisque les deux buts de guerre assignés à l’armée israélienne seraient alors accomplis, à savoir la destruction du Hamas et la libération des otages. Mais il n’entend pas négocier.
Et on ne sait pas ce que vont faire les combattants du Hamas : déposer les armes ou lutter jusqu’au bout dans un élan désespéré ?
Quel avenir pour la bande de Gaza ?Là aussi, le Premier ministre israélien reste dans le flou. Dans l’hypothèse d’une défaite du Hamas, le conflit s’arrête, l’armée israélienne se retire, et ensuite ? Quid du statut de l’enclave palestinienne ? Qui va administrer le territoire ? Reconstruire ? Netanyahu se contente de dire que la bande de Gaza doit être délivrée des groupes terroristes et démilitarisée. Sans aller plus loin.
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Les autres fronts ouverts par le gouvernement de Netanyahu contre le Hezbollah et contre l’IranL’impression qui domine, c’est que l’apaisement n’est pas à l’ordre du jour, que les bombardements contre le Hezbollah au Liban vont se poursuivre, et que la frappe de riposte contre Téhéran aura bien lieu — très certainement avant l’élection présidentielle américaine dans un peu plus de deux semaines. Un événement qui explique en partie cet attentisme du Premier ministre israélien — qui espère secrètement une victoire de Donald Trump.
Pour résumer, cette victoire militaire ne signifie en rien que Benyamin Netanyahu veuille passer à l’étape suivante : un règlement politique et diplomatique des conflits en cours — on peut même sérieusement se demander s’il le veut vraiment.
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D’abord Hélène, puis Milton, les États-Unis sont frappés par une saison d’ouragans d’une intensité exceptionnelle. Donald Trump et ses partisans, en pleine campagne électorale, en ont profité pour attaquer les démocrates, Joe Biden et Kamala Harris en diffusant de fausses informations. Comment expliquer qu'un tel événement soit récupéré à ce point politiquement par l’ancien président ?
Cela s’explique en grande partie bien sûr par l’approche de l’élection présidentielle du 5 novembre. Tout en précisant que dans une démocratie, lorsque survient ce genre de catastrophe naturelle, il est normal et naturel d’observer comment réagissent les services concernés et les responsables politiques, puisqu’il s’agit de porter secours à des dizaines de milliers de citoyens le plus efficacement possible.
Mais ce phénomène est accentué aux États-Unis pour plusieurs raisons. D’abord, Milton a été le deuxième ouragan en deux semaines à s’abattre sur le pays après l’ouragan Hélène qui a fait plus de 200 morts. Ensuite, nous sommes donc à un peu plus de trois semaines de l’élection présidentielle. Et les résultats s’annoncent très serrés dans les états clés, notamment en Géorgie et en Caroline du Nord, touchés par l’ouragan Hélène.
Enfin, il y a le rôle des médias sociaux, et leur utilisation par Trump et ses partisans. Les trumpistes ont justement fait s’abattre sur le pays un tsunami de désinformation à propos de ces ouragans. Mais personne ne s’en étonne, car malheureusement, c'est une stratégie délibérée, quitte à raconter n’importe quoi. Il a par exemple été question de complot ourdi en secret pour accaparer les terres des victimes, ou encore de rumeurs, propagées par Donald Trump lui-même, en affirmant que l'argent des secours aurait été détourné par l'administration Biden pour aider les « immigrés clandestins ».
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Impact sur les secours aux sinistrésLe candidat républicain a aussi suggéré que les démocrates faisaient tout pour empêcher l’aide d’arriver dans les comtés qui votent traditionnellement républicain. Last but not least, le gouvernement aurait lui-même orchestré les catastrophes naturelles qui ont frappé la côte est des États-Unis, selon l’élue républicaine Marjorie Taylor Greene.
Il est encore trop tôt pour affirmer que ces outrances peuvent avoir un impact majeur sur l'élection du 5 novembre. Il faut attendre les premiers sondages post-ouragans.
Mais les démocrates ont bien vu le danger. Des moyens de secours énormes ont été mobilisés pour venir en aide aux populations. Le président Biden et la candidate démocrate, ainsi que de nombreux sénateurs républicains ont appelé à cesser la propagation de désinformation, dont l'ampleur complique l'aide aux sinistrés qui hésitent même à la demander. Le président a annulé un déplacement en Allemagne ce samedi. Car lui et Kamala Harris savent que dans les prochains jours, ils n’ont pas le droit à l’erreur sur ce dossier.
Et puis, le 5 novembre, on verra si les fake news du camp républicain auront influencé certains électeurs ou électrices.
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En Ukraine, où le conflit est éclipsé depuis 15 jours par les affrontements au Proche-Orient, la situation reste très difficile pour l’armée ukrainienne, notamment sur le front est. Et la question que l’on se pose : les Ukrainiens vont-ils tenir le coup pendant l’automne et l’hiver qui s'annoncent rudes ?
Pour les Ukrainiens, les semaines à venir s’annoncent en effet difficiles. Pour l’armée de Kiev, les problèmes restent les mêmes : difficulté à renouveler les effectifs après deux ans et demi de guerre, trop peu de batteries anti-aériennes, trop peu d’avions, même si les premiers F 16 sont arrivés. Malgré l’incursion ukrainienne en territoire russe, dans la région de Koursk, qui tient pour l’instant avec l’occupation de 1 000 km2, l’armée de Kiev est plus que jamais sur la défensive sur le front est de l’Ukraine. Et les Russes gagnent du terrain. Ils viennent de s’emparer de la localité de Vougledar, important nœud stratégique entre leurs conquêtes au sud et à l’est de l’Ukraine. Et ils comptent bien en faire autant de Pokrovsk, cette ville qui est aussi importante en termes de voies ferroviaires et de routes, et qui produit également une bonne partie de l’acier ukrainien.
Parallèlement, les deux pays se livrent à une véritable guerre de drones, avec des échanges qui s’intensifient en ce moment. Les Ukrainiens ciblent des sites militaires et des bases russes en territoire ennemi. Les Russes de leur côté viennent d’envoyer une salve de drones sur quinze régions d’Ukraine. La stratégie, macabre, est toujours la même : à l’orée de l’automne, ils visent les centrales électriques pour placer la population dans une situation extrême pour le chauffage alors que les températures vont bientôt dégringoler. Il s’agit de forcer le gouvernement de Kiev à négocier une paix aux conditions de Moscou, ce qui est totalement rejeté par le gouvernement ukrainien.
L'Ukraine réclame plus de soutien de ses alliésPourtant, Volodymyr Zelensky reste sur une posture offensive et déterminée. Il continue de réclamer plus de solidarité de la part de ses alliés occidentaux. Et il présente deux demandes récurrentes. Il veut d’abord convaincre ses alliés occidentaux d’abattre les missiles et drones russes qui visent son pays, malgré leurs réticences actuelles. Ensuite, le président ukrainien appelle les alliés à autoriser des frappes en profondeur sur le territoire russe avec les armes fournies par les Occidentaux, leur reprochant de « retarder » leur décision.
Et, en se projetant vers l’avenir, il plaide encore et toujours pour une adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Et il a sur ce dossier un allié de poids, le nouveau secrétaire général de l’Otan Mark Rutte. Ce dernier a effectué très symboliquement une visite à Kiev cette semaine, deux jours seulement après sa prise de fonctions. Mark Rutte a réaffirmé le soutien occidental à l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle « l’emporte » sur la Russie. En dépit, là encore, des réticences de certains pays membres de l’Otan, à commencer par les États-Unis et l’Allemagne. On le voit, en ces temps difficiles, l’union entre Kiev et ses alliés est aussi un combat.
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Retour sur l'offensive massive déclenchée par l’armée et les services israéliens contre le Hezbollah, avec ces explosions meurtrières et les bombardements de sites de lancements de roquettes, une opération qui s’est faite sans implication américaine, a fait savoir le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Face aux initiatives du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, peut-on parler d’un embarras, voire d’une impuissance de l’administration Biden?
Du côté de Washington, on ne cache plus l'embarras et parfois l'exaspération face à cet allié encombrant qu'est devenu l'État d'Israël. Mais peut-on parler impuissance ? C'est plus complexe à affirmer. Depuis les évènements tragiques du 7 octobre dernier, et la riposte massive de l'État hébreu dans la bande de Gaza, les États-Unis sont passés d’un soutien indéfectible au droit à l’existence de l´État israélien, et donc à son droit de se défendre, à une attitude plus pressante sur la proportionalité de la riposte à Gaza. Et puis, au fil des semaines, à une crispation face à ce qui est considéré comme l’intransigeance du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
La tension entre les deux alliés porte notamment sur l’accord de cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. Un échec qui, pour Washington, est dû à la mauvaise volonté évidente du Premier ministre israélien. Ce dernier envoie ses émissaires au Caire tout en torpillant régulièrement les efforts enregistrés péniblement par des déclarations fracassantes sur les exigences délirantes, selon lui, du Hamas - lequel joue de son côté une carte similaire.
Un accord important du point de vue de la politique intérieure américaineÀ six semaines de l'élection présidentielle, un tel accord serait important pour des raisons de politique intérieure et permettrait au camp démocrate de répondre à la colère d'une partie de son électorat. Les jeunes et la communauté arabo-américaine, notamment, ne comprennent pas le soutien, aveugle selon eux, au gouvernement israélien.
Il offrirait le visage d’une administration à l’approche plus équilibrée du dossier israélo-palestinien. Tout en ne remettant pas en cause le soutien à Israël, pour ne pas froisser les partisans de cette solidarité historique dans ce même électorat. Pas question notamment de suspendre l’aide militaire à Israël. On le voit, l’équation est déjà délicate sur le principe. Autant dire que l’attitude de Benyamin Netanyahu complique sérieusement les calculs du camp démocrate à l’approche du scrutin de novembre.
Les États-Unis mis sur le fait accompliLes Américains étaient-ils au courant de la préparation de l'opération consistant à infiltrer les outils de communication des agents du Hezbollah pour y dissimuler des charges explosives ? Difficile à dire.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui était en déplacement au Caire, en train de négocier encore et encore le fameux accord de cessez-le-feu, a expliqué que les États-Unis n’étaient « pas impliqués » dans les explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah. Étaient-ils au courant ? Pas de commentaires à ce sujet à la Maison-Blanche, même si on a appris que le secrétaire d'État américain à la défense Lloyd Austin s’était entretenu quatre fois avec son homologue israélien Yoav Gallant avant et après les explosions.
Quoi qu’il en soit, le constat est sévère : l’influence américaine sur Israël semble plus limitée que jamais. Et Benyamin Netanyahu, qui espère certainement une victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre, sait qu’en attendant, il peut continuer à faire ce qu’il veut – ou presque.
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La mort de six otages dans la bande de Gaza, enlevés le 7 octobre 2023, par le Hamas a relancé la contestation contre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et son gouvernement. Ils sont accusés de privilégier la guerre au détriment du sort des otages, mais aussi la tension à la frontière libanaise et en Cisjordanie. Y a-t-il un risque réel de détérioration d’extension dans cette région du monde ?
Le risque est bien réel, essentiellement à cause des stratégies poursuivies par les principaux acteurs, notamment le Hamas d'un côté et le gouvernement israélien de l'autre. Des stratégies de confrontation dont les otages israéliens détenus à Gaza font malheureusement les frais. Impossible du coup d'aboutir à un accord entre les deux parties, à la fois sur les contours d'une trêve et sur les conditions d'une libération des otages.
Chacun accuse l'autre de tout faire pour que cet accord, négocié depuis des semaines sous l'égide de l'Égypte, du Qatar et des États-Unis, n'aboutisse pas. La diplomatie américaine met la pression maximale, mais sans résultat pour l'instant.
Du côté du HamasLes dirigeants du Hamas à Gaza restent sur leurs positions. Ils demandent toujours la fin des combats et le retrait de l'armée israélienne de Gaza. Ce qui est inacceptable pour le Premier ministre israélien dans les conditions actuelles, puisque selon lui, le travail d'éradication du Hamas n'est pas terminé. De même que l'exigence de superviser militairement le fonctionnement de l'enclave palestinienne à l'issue de la guerre ou de contrôler le corridor de Philadelphie entre Gaza et l'Égypte n'est pas recevable pour le Hamas – ni non plus pour l'Égypte. On tourne en rond, essentiellement parce que les deux protagonistes ont intérêt à ce que dure le conflit.
Du côté du gouvernement israélienLe débat est vif sur les intentions belliqueuses de certains ministres et leurs éventuelles conséquences. Les divisions entre va-t-en-guerre et partisans d'une fin des combats sont de plus en plus fortes – et visibles. Il y a quelques jours, c'est le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a tiré la sonnette d'alarme. Dans un document, il estime qu'il y a un risque sérieux de détérioration sur tous les fronts. Il dit aussi que certains ministres du gouvernement plaident pour une confrontation totale – à Gaza, contre le Hezbollah au Sud Liban et en Cisjordanie.
Le calcul de ses ministres d'extrême droite est cynique : la montée des tensions permettrait de justifier une annexion totale de la Cisjordanie, réalisant ainsi leur projet de grand Israël. Au risque, selon Yoav Gallant, d'une déflagration régionale entraînant une intervention de l'Iran. Et Benyamin Netanyahu laisserait faire, obnubilé par son maintien au pouvoir. D'où cette volonté d'une poursuite des hostilités à Gaza.
On le voit : l'heure est grave. C'est au Premier ministre de déjouer les plans de ses ministres. Le fera-t-il ? La réponse, malheureusement, ne va pas de soi.
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Dans trois grandes démocraties européennes, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, on assiste à la montée en puissance des forces populistes et nationalistes. Comment expliquer le succès de ces partis dans ces États démocratiques ?
En France, le phénomène n'est pas récent, mais le score du Rassemblement national aux élections européennes (32 %) a entraîné la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives du 7 juillet ont débouché sur une situation de blocage dont le pays n'est pas encore sorti, avec 10 millions d'électeurs qui ont choisi le parti de Marine Le Pen.
En Allemagne, c'est l'AfD qui ne cesse de progresser, ce qui devrait se traduire ce dimanche 1er septembre par de très bons résultats pour cette formation lors des élections régionales en Thuringe et en Saxe. Selon les sondages, il pourrait atteindre autour de 30 %. Cela alors que le SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, se prépare à une débâcle dans les urnes, annoncée par les sondages.
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Enfin, au Royaume-Uni, le Labour du Premier ministre Keir Starmer vient certes d’obtenir la majorité absolue à la Chambre des communes. Mais le scrutin a aussi été marqué par un score inédit pour le parti anti-migrants Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu 14 % des voix.
Dans les votes pour les partis protestataires, il y a des éléments économiques, sociétaux et identitaires - même s'il y a des spécificités dans chaque pays. Lors de ses déplacements à Berlin puis à Paris, le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, le travailliste Keir Starmer, a appelé ses homologues Olaf Scholz et Emmanuel Macron à se mobiliser pour endiguer « l'extrême droite, le populisme et le nationalisme ».
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Les difficultés à faire face à la progression des droites duresPour Keir Starmer, le meilleur moyen d'entraver cette progression est d'« obtenir des résultats et d'être honnêtes ». Mais concrètement, il faut que les partis du centre et de gauche trouvent les moyens de parler à nouveau aux catégories populaires, d'assurer leur niveau de vie et de les convaincre qu'une société multiculturelle ne signifie pas la fin de leur culture et de leurs traditions. Comme disait le général Charles de Gaulle, « vaste programme... »
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Alors que le conflit à Gaza dure depuis plus de dix mois, la pression internationale, menée par Washington, s’accentue tant bien que mal sur le Hamas et Israël pour arracher un cessez-le-feu. Pourquoi un nouvel accord est-il si difficile à obtenir ? Éléments de réponse.
Le 7 octobre 2023, avec l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël, les 70 années d’un conflit israélo-palestinien non réglé se sont d'un coup, tragiquement, dans le sang et les larmes, rappelées au bon souvenir d’une communauté internationale défaillante. Gaza, c'est le symptôme d’une procrastination diplomatique que l’histoire jugera un jour. Alors que nous approchons du onzième mois de conflit, sur fond de désastre humanitaire, de carnage et d’une impensable spirale de violences sur de multiples fronts — Cisjordanie, Sud-Liban, menace d’escalade régionale —, les incendiaires du Proche-Orient continuent leur fuite en avant sans que personne ne parvienne à les arrêter. La dernière trêve remonte à novembre 2023, un fragile cessez-le-feu, qui avait permis la libération de 80 otages israéliens en l’échange de prisonniers palestiniens, mais qui avait surtout autorisé la population gazaouie à reprendre son souffle, sans imaginer le calvaire qui l’attendait.
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Une feuille de route états-unienne existe depuis mai, les points de divergences perdurentSur le fond et la forme, le Hamas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ne sont en fait d’accord sur rien, ou presque. Même s’ils font, chacun de leur côté, des promesses de bonne volonté auprès de leurs interlocuteurs américains, qataris et égyptiens qui commencent, eux aussi, à trouver le temps long, sur fond de perte de crédibilité et de déficit d’influence.
Au-delà du nombre d’otages libérables — une centaine d’Israéliens, civils et militaires, sont toujours retenus dans l’enclave palestinienne —, du profil des prisonniers palestiniens échangeables, c’est bien de la présence des forces israéliennes après le cessez-le-feu qui pose problème. Pas question pour elles de quitter — et donc de laisser au Hamas et au Jihad islamique — des zones stratégiques comme les corridors de Netzarim, qui coupent Gaza en deux du sud au nord, et celui de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres qui borde l’Égypte. L’Égypte, elle aussi partie prenante, voit cette exigence comme une violation du traité de paix de 1979 entre Le Caire et Tel-Aviv.
Seul point d’accord, semble-t-il, la question humanitaire et l’accès à Gaza de 600 tonnes d’aide par jour. Si seulement il y a une trêve.
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La guerre à Gaza s'invite dans la présidentielle états-unienneÀ plus de 10 000 kilomètres de l’enclave palestinienne, l’élection présidentielle aux États-Unis est scrutée de près. Alors qu’une partie de l’opinion israélienne est favorable à un retour de Donald Trump au pouvoir, du côté palestinien, on vit encore le traumatisme de sa présidence pro-colonisation et qui avait enterré la possibilité de la solution à deux États. En équilibre instable entre une alliance indéfectible, morale et militaire de Washington à Israël et une opinion publique américaine bouleversée, le camp démocrate a choisi, par la voix de Kamala Harris, de défendre le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Un calcul électoral dont l’histoire dira en novembre s’il est gagnant, aux États-Unis comme au Proche-Orient.
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Plus de deux semaines après l'élimination de hauts dirigeants du Hamas et du Hezbollah au Liban et en Iran, Israël vit sous la menace d'une riposte annoncée par Téhéran. La course contre-la-montre diplomatique engagée par la communauté internationale peut-elle sauver la situation ?
Pour tenter de répondre à une telle question et donc, entrevoir une issue à cette profonde crise qui agite le Proche-Orient depuis plus de dix mois, il faudrait déjà pouvoir réunir les protagonistes, ce qui a été possible lors des précédentes négociations. Or, du côté palestinien, il n’y a plus d’interlocuteur puisque le médiateur en chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, l’un des visages connus du mouvement islamiste, a été tué le 31 juillet en plein cœur de Téhéran dans une attaque non revendiquée, mais imputée à Israël.
Le nouveau chef suprême du Hamas, Yahya Sinouar, l’homme qui a organisé les attentats du 7 octobre et qui se terre dans les tunnels de Gaza, est non seulement difficile à joindre, mais n’a pas une réputation de grande ouverture diplomatique.
Une guerre polarisanteDe l’autre côté de la table, les Israéliens font l’objet d’une intense pression de Washington. Le président américain Joe Biden serait heureux de pouvoir être crédité d’une avancée en pleine campagne électorale aux États-Unis, alors que la guerre à Gaza polarise la société américaine.
Mais Benyamin Netanyahu, le chef du gouvernement, a-t-il vraiment envie d’une trêve, rien n’est moins sûr... Et surtout, a-t-il les moyens politiques de la susciter, prisonnier volontaire des ministres suprémacistes et ultra-nationalistes de sa coalition gouvernementale qui rejettent systématiquement toutes négociations et appellent à coloniser la bande de Gaza ?
Et l’Iran, de son côté, continue de faire monter la pression. La riposte iranienne, pour venger la mort du chef politique du Hamas sur son sol, est depuis deux semaines l’épée de Damoclès qui pèse sur Israël.
L’armée israélienne est en alerte maximum, d’autant que le nouvel exécutif iranien a juré de lancer une offensive d’envergure, plus importante que les 300 missiles et drones tirés en avril dernier en représailles à la frappe israélienne sur son consulat à Damas. Déjà considéré comme une escalade significative, les deux grands ennemis du Proche-Orient ont ainsi renoncé au mode opératoire non frontal d’usage, en vigueur depuis des années, recourant à la guerre clandestine ou par procuration.
Plus de 40 000 morts à GazaAlors qu’au Yémen, en Irak et surtout, au sud-Liban, les affidés de Téhéran multiplient les menaces, l’Iran joue la montre, sans doute partagée entre la volonté de punir Israël et les conséquences hasardeuses d’un conflit régional.
Mais, pour autant, la violence à Gaza, en Cisjordanie occupée et sur la frontière avec le Liban ne fait que s’intensifier. Dans la bande de Gaza, où le bilan a dépassé les 40 000 morts en fin de semaine, la population en agonie continue de subir les bombardements quotidiens et les ordres d’évacuation. Dans les villages palestiniens, au nord de Jérusalem, les incursions de l’armée et les attaques des colons israéliens sont de plus en plus fréquentes et ont fait au moins 630 morts en dix mois.
À l’extrême nord du pays, les échanges de tirs entre Israéliens et miliciens du Hezbollah libanais sont devenus quotidiens avec des centaines de morts à déplorer. Dans cette spirale qui semble incontrôlable, les deux communautés sont désormais dos à dos et commencent, peu à peu, à faire le deuil de leur coexistence.
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Alors que la guerre d’agression russe en Ukraine approche bientôt les mille jours, entre progression russe et épuisement de l’effort de guerre ukrainien, l’incroyable percée dans la région de Koursk cette semaine déjoue toutes les statistiques. S’agit-il d’un tournant stratégique ?
En tout cas, nous sommes déjà bien au-delà du coup de chance ou du simple revers militaire localisé infligé par les troupes du général Oleksandr Syrsky, l’austère chef d’état-major ukrainien. Un officier formé à l’époque soviétique, qui a servi en Afghanistan et était déjà auréolé du succès de la défense de Kiev puis de Kharkiv, mais dont la réputation de chercher l’affrontement avec l’ennemi « quoi qu'il en coûte », et les campagnes perdues de Bakhmout, notamment, avaient ces derniers mois quelque peu terni son image.
Incroyable audace de l’opération ukrainienne en milieu de semaine : un millier de soldats avec chars et blindés impliqués dans la plus importante offensive organisée sur le sol russe depuis le début de la guerre – 420 km2 de territoire conquis en trois jours – rebat les cartes et va, à l’évidence, redorer le blason du général ukrainien.
Il fallait voir la sombre mine de Vladimir Poutine, cette semaine, flanqué de son conseil de sécurité dans un entretien vidéo diffusé à la télévision pour mesurer l’effet désastreux de la percée ukrainienne, alors que d’autres images circulaient montrant l’affolement et la fuite des populations russes de cette région frontalière de l’Ukraine.
Au-delà de l’effet de surprise et de l’indéniable gain psychologique dans un pays épuisé par la guerre, l’offensive sur la région de Koursk a pour objectif, incertain pour sa part, de faire baisser la pression sur le front est où les forces russes progressent, mais il pose, aussi, la question de la pérennité d’un tel coup de force. À Moscou, quoi qu’il en soit, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la « mollesse » de la réaction, exhortant le président Poutine à « punir » les Ukrainiens.
L’opération militaire spéciale de trois jours lancée à l’aube du 24 février 2022 – déjà considérée comme la plus importante opération militaire qu’ait connue l’Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – va-t-elle finalement se transformer en guerre totale ?
Kiev a confirmé la livraison des premiers F-16 promis par la communauté internationaleAutre symbole, autre source d’espoir dans cette terrible guerre d’endurance : l’arrivée cette semaine des avions de chasse de conception américaine dédiés à la défense du ciel ukrainien et à la pénétration en profondeur de l’espace russe. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui réclamait et attendait ce soutien des nations alliées depuis plus d’un an, a confirmé leur arrivée les jugeant en « nombre insuffisant » et espérant « prochainement » des « livraisons supplémentaires ». Trop peu, trop tard, comme le dénonce bon nombre d’experts militaires, l’arrivée des avions de combat occidentaux pour la défense de l’Ukraine ne peut plus constituer la solution magique qui retournera la situation sur le terrain tant le confit est entré dans une forme d’impasse stratégique et tactique, sans oublier le rapport de force implacablement favorable à la Russie avec son impressionnant réservoir humain.
Sur un autre front parallèle, l’Ukraine fait parler d’elle en AfriqueÀ l’heure où la guerre informationnelle et la lutte d’influence font rage, alors que ce conflit d’une violence rare aux confins de l’Europe a plongé le monde dans une version moderne et multilatérale de la Guerre froide. C’est loin, très loin de Kiev, que la bataille semble s’être transportée. Coup de bluff ou pas ? Et quel que soit le rôle que l’Ukraine a joué dans la victoire des rebelles touaregs contre l’armée malienne et les supplétifs russes de Wagner dans l’extrême-nord-est du Mali, dans la bataille sanglante de Tin Zaouatine fin juillet, Kiev a habilement su exploiter ce formidable outil de propagande, d’autant qu’il marque la plus grande perte des supplétifs russes en Afrique.
En équilibre diplomatique instable avec une partie de l’Afrique où la Russie monte en puissance, l’Ukraine fait déjà les frais de ses engagements : le Mali puis le Niger ont immédiatement rompu leurs relations diplomatiques avec Kiev, dénonçant un soutien aux « groupes terroristes sur le territoire malien ».
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Pour la sixième fois consécutive depuis le putsch du 1er février 2021, la junte militaire birmane vient de prolonger de six mois l’état d’urgence alors que le pays continue de sombrer dans une guerre civile à huis clos. Cependant, l’insurrection pro-démocratie continue de gagner du terrain sur plusieurs fronts. Décryptage des raisons d'une telle progression.
Il y a dix jours, le général putschiste Min Aung Hlaing s'autoproclamait président. Dans une nation tenue d’une main de fer par ce général, dont la fuite en avant a plongé l’une des jeunes et prometteuses démocraties d’Asie orientale vers les heures les plus sombres de l’autarcie et de la violence politique, la population birmane a fini par comprendre et à s'y résigner, dans le sang et les larmes : elle ne pourra compter que sur elle-même pour maintenir la flamme démocratique dans son pays. En effet, selon l'ONU : « La situation des droits de l’Homme [est] devenue en Birmanie un cauchemar sans fin, loin des regards de la politique mondiale ».
Le peuple birman, qui a enduré sept décennies d’une succession de dictatures militaires depuis son indépendance, a décidé d’entrer en résistance, coûte que coûte. Alors que les premiers manifestants étaient abattus par les forces de sécurité dans les rues des grandes villes de Birmanie, trois semaines après le coup d’État de 2021, prélude à un bain de sang et à une répression féroce contre lesquels la communauté internationale a mollement réagi, une partie des élus, députés, activistes encore libres ont choisi la clandestinité afin d’organiser la rébellion. D’abord politiquement puis militairement, en s’alliant aux dizaines de guérillas ethniques actives aux quatre coins de cet immense pays bordant entre autres l’Inde, la Chine, le Bangladesh et la Thaïlande.
Depuis octobre dernier et le déclenchement de l’Opération 1027, d’audacieuses offensives armées menées par une coalition de volontaires et de guérilleros au nord, à l’ouest et au sud du pays ont provoqué la chute de dizaines de villes, l’arrestation, la fuite ou la reddition de centaines de soldats gouvernementaux et ont fait renaître l’espoir.
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État des lieux des rapports de force dans les soutiens internationauxSur la scène diplomatique, la contre-offensive, elle aussi, a commencé. Le gouvernement de l’ombre, formé sur les ruines de l’après-putsch, s’est organisé. Zin Mar Aung, ancienne prisonnière politique et infatigable ministre des Affaires étrangères de ce pouvoir parallèle birman, multiplie les appels à la communauté internationale : « Non seulement vous ne nous fournissez pas d’armes, martèle-t-elle, mais nous ne recevons aucune aide humanitaire... Si nous perdons la guerre, le monde démocratique sera, lui aussi, perdant. » Dont acte.
De son côté, le régime militaire, honni par l’ensemble de la population, acculé sur plusieurs fronts, fait aussi l’objet d’une batterie de sanctions internationales. Mais là encore, tout ne semble pas joué, tant politiquement que militairement. Pourvoyeurs d’armes et de précieuses technologies militaires, la Russie, la Chine ou la Corée du Nord sont encore les garants de la survie de la Tatmadaw, l’armée birmane. Idem au Conseil de sécurité de l’ONU où les vétos alliés de la junte empêchent tout vote décisif. Mais la Chine, inquiète pour la sécurité à sa frontière et déterminée à jouer un rôle croissant sur la scène mondiale, est en train, peu à peu, de lâcher les généraux putschistes birmans, un tournant sans doute décisif.
Le rêve d’une Fédération birmane est-il enfin à portée de main, comme le souhaitent le gouvernement de résistance et les 135 minorités ethniques ? Rien n’est moins sûr dans un pays où le facteur ethnique a toujours été le point de discorde et le préambule aux conflits armés. Les minorités ont toujours été considérées comme des citoyens de seconde zone, bien qu'elles représentent les deux tiers de la population et concentrent sur leurs territoires la plupart des immenses richesses et matières premières du pays. C’est là aussi le grand défi de la Birmanie. Que le jour vienne où elle parvienne à s’unifier dans la paix.
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Le Premier ministre israélien a pu s’exprimer cette semaine devant le Congrès américain, en pleine guerre à Gaza, acclamé par le camp républicain et boycotté par un grand nombre de représentants démocrates. Décryptage des raisons de la venue de Benyamin Netanyahu aux États-Unis.
Benyamin Netanyahu est un peu chez lui aux États-Unis : ses parents ont quitté New York pour Jérusalem en 1948 et, habile orateur, il sait parfaitement comment s’adresser à une audience américaine, de droite par surcroît. Ensuite, dans l’incroyable contexte pré-électoral qui agite Washington depuis quelques jours, le dirigeant israélien se devait de resserrer les rangs alors qu’il s’était promis d’offrir à son ami Donald Trump une fin de guerre à Gaza comme cadeau diplomatique de réélection en novembre prochain.
Le scénario n’étant plus exactement celui d’un retour garanti de l’ancien président populiste aux affaires après le coup de théâtre historique du retrait de Joe Biden et l’entrée en lice de Kamala Harris, les lignes ont considérablement bougé et Netanyahu n’est donc pas venu pour mettre un terme à la guerre, mais pour, bien au contraire, obtenir les moyens de la poursuivre.
Après pas moins de 52 ovations qui ont interrompu son discours d’une heure devant les deux chambres d’un Congrès clairsemé, déserté par un grand nombre d’élus démocrates, il est vrai que Netanyahu s’est offert une cure de popularité dont il est loin de pouvoir jouir en Israël - où 70% de la population réclame son départ - défendant pêle-mêle « une guerre existentielle », prophétisant aussi « un choc des civilisations », élargissant au péril de l’« axe de terreur iranien qui menace les États-Unis. »
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« Tel un clown, le Premier ministre israélien est monté à la tribune et a craché tout son poison et ses mensonges » dissimulant « la vérité du génocide, de la tuerie et de la famine » à Gaza, a aussitôt commenté le quotidien palestinien Al-Quds, alors que le sénateur américain Bernie Sanders affirmait, pour sa part, que pour la « première fois de l’histoire, un criminel de guerre s’exprimait devant le Congrès. »
Du côté démocrate, l’exaspération est à son comble face à la durée de la guerre et l’absence de stratégie du Premier ministre israélienLa politique de la chaise vide au Congrès a révélé l’état de profonde crispation et d’inquiétude d’une grande partie du camp démocrate face à la fuite en avant de Netanyahu depuis le déclenchement de l’offensive israélienne sur Gaza, trois semaines après l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre dernier. Aucun cessez-le-feu depuis novembre n’a pu être négocié en dépit de l’implication croissante de l’Égypte, du Qatar et des promesses publiques du président Biden qui, outre l’humiliation, d’avertissement en ligne rouge, a semblé être incapable d’aucune prise sur le Premier ministre israélien, alors qu’il lui fournit la plus grande partie de son armement. D’ailleurs, le rituel de la rencontre Biden-Netanyahu en fin de semaine à Washington était essentiellement protocolaire - les deux hommes se détestant désormais cordialement - mais c‘est bien la rencontre avec la nouvelle candidate Kamala Harris qui a permis d’observer un timide virage de la potentielle stratégie des États-Unis à l’égard de son plus ancien allié au Proche-Orient.
La vice-présidente s’est dite « gravement préoccupée par l’ampleur des souffrances humaines à Gaza, notamment par la mort d’un trop grand nombre de civils innocents », rappelant les images d’enfants morts et de personnes désespérées et affamées, fuyant pour se mettre à l’abri, parfois déplacées pour la deuxième, troisième ou quatrième fois. Une déclaration en prise avec le réel qui a déclenché la fureur des officiels israéliens, toutefois rassérénés par la dernière étape du déplacement du Premier ministre : la villa de Donald Trump.
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Pendant ce temps, Gaza continue de vivre et de mourir sous les bombesUn collectif de 13 ONG internationales, parmi lesquelles Oxfam ou Médecins sans frontières, a récemment dénoncé la « détérioration » de l’accès de l’aide humanitaire à Gaza, mettant en cause les opérations militaires israéliennes qui se sont intensifiées mi-juillet, signalant plusieurs « massacres » dans des « zones de sécurité » abritant des réfugiés.
L'offensive sur Gaza dure depuis dix mois sans perspective de fin. L’enclave palestinienne a été réduite à un champ de ruines. Une centaine d’otages seraient encore entre les mains du Hamas, les négociations pour leur libération sont au point mort. Le bilan fournit par le mouvement islamiste a dépassé les 40 000 morts et près de deux millions de Gazaouis ont été déplacés par la guerre. Et bon nombre d’observateurs posent cette question : que va-t-on découvrir lorsque les premiers témoins pourront un jour entrer dans Gaza ?
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Le Monde en Questions de cette semaine revient sur la campagne électorale pour l’élection présidentielle aux États-Unis qui doit avoir lieu le 5 novembre prochain, en particulier sur le positionnement plus que compliqué du président sortant Joe Biden. La question est la suivante : Joe Biden peut-il espérer remonter la pente ?
La réponse à cette question est que cela sera très difficile. Et peut-être impossible, tant la position du président des États-Unis Joe Biden apparaît de plus en plus fragile. Les mauvaises nouvelles s'enchaînent depuis quelques semaines : un débat totalement raté face à Donald Trump le 27 juin, des signes de faiblesse évidents lors du sommet de l'Otan il y a dix jours, et l'annonce qu'il doit rester à l'isolement quelques jours après avoir attrapé le Covid alors qu'il est pourtant vacciné. Sans parler de la tentative d'assassinat contre Trump la semaine dernière, qui non seulement a grandement profité à ce dernier en termes d’image, creusant encore un peu plus le fossé entre le Républicain, fort, solide et dynamique, protégé de Dieu lui-même pour certains et, en comparaison, Joe Biden, usé et fatigué, qui inquiète de plus en plus le camp démocrate.
Certains poids lourds du Parti démocrate lui conseillent de renoncer...Depuis fin juin, de plus en plus de personnalités du Parti tentent de faire pression sur le président sortant pour l'inciter à renoncer et à laisser la place à un autre candidat ou à la vice-présidente Kamala Harris. Jusqu'à Barack Obama, dont Joe Biden a été le vice-président... Selon le Washington Post, il aurait indiqué à son proche entourage que l’actuel hôte de la Maison-Blanche, âgé de 81 ans, devrait « évaluer sérieusement la viabilité de sa candidature »...
Mais, jusqu'ici, Joe et sa femme Jill, qui joue un rôle essentiel auprès de lui, estiment qu'il est le seul à pouvoir battre Trump dans un peu plus de 100 jours.
Pourtant, les sondages sont préoccupants, notamment dans les fameux « États-clés »...Ces États, au nombre de sept, peuvent basculer l'élection d'un côté ou de l'autre, jouant un rôle essentiel de victoire à la marge, mais décisive. Ils apportent les quelques grands électeurs qui permettent d'atteindre la barre fatidique des 270 - chiffre indispensable pour remporter la victoire. Dans quatre de ces États, la Géorgie, le Nevada, l'Arizona et la Caroline du Nord, l'avantage Trump semble d'ores et déjà trop installé pour être rattrapé.
Et la situation est critique dans trois États anciennement industriels de ce qu'on appelle la « Rust Belt » : le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie. Trump l'a si bien compris que, pour asseoir son avantage, il a choisi comme colistier un régional de l'étape, JD Vance, originaire du Wisconsin.
À 100 jours de l'élection, tout peut certes changer. Mais la dynamique est clairement du côté de Trump, auréolé désormais du statut de miraculé après la tentative d'assassinat du week-end dernier. Pour les démocrates, et particulièrement pour Joe Biden, l'heure du choix approche. Faire le dos rond et se maintenir en attendant que ça s’arrange, ou renoncer avant qu’il ne soit trop tard. Comme on dit en anglais : « time flies », le temps passe… très vite, dorénavant.
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Le Monde en Questions de cette semaine revient sur les législatives qui viennent de se dérouler en France et au Royaume-Uni, et l'élection présidentielle qui se profile aux États-Unis dans quatre mois. La question est la suivante : dans ces trois pays, la démocratie représentative est-elle en danger ?
La réponse est oui, la démocratie représentative est en danger, même si on peut noter des éléments de solidité et de résilience de l'instance démocratique dans ces trois états.
Au Royaume-Uni, à priori, les toutes récentes élections générales, qui ont porté le parti travailliste Labour au pouvoir, semblent démontrer que le système parlementaire et démocratique fonctionne correctement. Deux grands partis qui s'affrontent, avec chacun un dirigeant clairement désigné, et un résultat qui dégage une majorité absolue forte au Parlement.
Mais dans ce paysage qui peut sembler idyllique, on voit aussi l'apparition d'une formation nationaliste et anti-migrants : « Reform UK ». Elle n'obtient certes que quelques sièges à la Chambre des communes, mais recueille 14 % des voix. Preuve que la tentation populiste progresse, même dans ce pays qui a été un précurseur de la démocratie parlementaire.
La France dans une crise de régime ?Peut-être que la France n'est pas loin d'une crise de régime. En tout cas, le résultat de ces élections, provoquées par la décision présidentielle de dissolution, laisse apparaître un Parlement éclaté en trois blocs minoritaires qui, pour l'instant, refusent de travailler ensemble pour former une coalition. Ce qui laisse le pays sans possibilité de nouveau Premier ministre, de nouveau gouvernement et d'une majorité à l'Assemblée nationale.
À la différence du Royaume-Uni, il y a en France le président. Mais il fait partie du problème, puisque c'est lui qui a décidé de dissoudre la précédente Assemblée. C'est donc à ce stade le blocage qui pourrait à terme déboucher sur une crise de régime sans solution rapide.
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C'est aussi le système de scrutin majoritaire qui est en crise, parce qu'il ne peut fonctionner correctement qu'avec deux grands blocs. Et les ambitions des uns et des autres pour l’élection présidentielle, en principe en 2027.
Aux États-Unis, Biden interrogeC’est autour de la figure et des agissements du président des États-Unis que se noue la crise politique. Même si le Congrès joue un rôle très important de contre-pouvoir, Joe Biden reste figure centrale du système politique américain. Entre le comportement d’un Donald Trump, qui a contribué à aggraver la défiance envers le fonctionnement démocratique le 6 janvier 2021 lors de l’assaut du Capitole, et qui pourrait revenir au pouvoir en novembre prochain, et en face un Joe Biden usé, vieilli, fatigué, qui pour l’instant s’accroche à sa candidature, dans un pays plus polarisé que jamais, il y a potentiellement un danger pour la démocratie.
France, Angleterre, États-Unis, dans ces trois pays, à de divers degrés : le système représentatif connait des difficultés. À la grande joie des régimes autoritaires, la Chine et la Russie en tête. Mais, à regarder l’Histoire, la démocratie, « le pire des systèmes à l’exception de tous les autres », comme disait l'ancien Premier ministre Winston Churchill en a vu d’autres. Il faut imaginer la démocratie victorieuse.
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Le 1ᵉʳ juillet, aux États-Unis, la Cour suprême a rendu un arrêt concernant l'immunité du président, suite aux poursuites à l'encontre de l'ancien président Donald Trump. La décision ne concerne pas uniquement le nouveau prétendant à la Maison-Blanche, elle s'appliquera à tous les présidents. Et dans le pays, l'arrêt suscite la controverse.
Dans son arrêt, la Cour suprême établit un distinguo subtil entre les actes officiels et non officiels du président des États-Unis : « Le président ne jouit d'aucune immunité pour ses actes non officiels », mais : « il a le droit au moins à une présomption d'immunité pour ses actes officiels ». En clair, pour les actes officiels du président, ce dernier a droit non pas à une immunité, mais à une présomption, ce qui renvoie en fait toute décision au niveau des tribunaux de première instance. Cela signifie aussi qu’il s’agira d’une politique du cas par cas.
Et en l’occurrence, concernant les deux procès prévus pour Donald Trump, le premier sur sa volonté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020, le deuxième sur ses propos sur le 6 janvier 2021, lors de l’assaut du Capitole, il faudra décider s’il s’agit d’actes officiels ou non officiels, ce qui va prendre du temps et retarder donc la date des procès, espèrent ses avocats, après l’élection présidentielle du mois de novembre. Et c’est exactement ce que recherche Trump qui, s’il remportait le scrutin, pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l'arrêt des poursuites fédérales à son encontre.
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Une décision de la Cour suprême qui fait polémiqueLa décision de la Cour suprême fait controverse, critiquée par certains, approuvée par d'autres, en fonction de la façon dont on envisage le rôle du président. Ce qui est certain, c'est que l'arrêt peut être qualifié de « mi-chèvre mi-chou ». Donald Trump et ses avocats réclamaient une immunité absolue pour les actes du président quand il est en fonction, ce qu'ils n’ont pas obtenu, mais l’avis rendu par la Cour va tout de même dans le sens de l’ancien président.
La Cour était profondément divisée : sur les neuf juges en poste, six ont voté pour et trois contre la décision rendue publique. Le débat sur l’indépendance de l’institution risque d'être relancé : ce sont les six juges conservateurs, dont les trois nommés par Donald Trump au cours de son mandat, qui ont voté le texte, alors que les trois juges progressistes s’y sont opposés.
Les opposants à cette décision dénoncent un texte dangereux, car, pour eux, il renforce une forme d’impunité du président. La critique est celle d’une dérive vers un pouvoir absolu, transformant le locataire de la Maison-Blanche en « roi au-dessus des lois dans chaque usage de son pouvoir officiel », comme l’a écrit la juge Sotomayor, dans son avis de désaccord.
Et pour de nombreux Américains, leur Constitution a été établie contre la royauté britannique en 1776 pour établir une république rendant justement impossible qu’un seul homme, comme le roi d’Angleterre à l’époque, ait les pleins pouvoirs et une impunité totale. Voilà pourquoi cette décision de la Cour suprême n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre.
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Cette semaine, la Cour suprême israélienne a ordonné la conscription des étudiants en école talmudique, ceux appelés les « haredim » en hébreu, et qui étaient dispensés de service militaire depuis la création de l’État hébreu en 1948.
C’est un tabou que la Cour suprême vient de briser en Israël. Elle renvoie le pays à ses ambiguïtés, entre le sionisme laïque et socialiste qui a construit la nation israélienne et le messianisme religieux qui imprègne l’histoire du peuple juif.
À la création de l’État hébreu, en 1948, c’est David Ben Gourion qui souhaite rassembler en Israël tous les juifs qui le souhaitent, d’où qu’ils viennent et quelles que soient leurs convictions politiques et religieuses. Ce qu’il veut alors, c’est apporter la sécurité à ses contemporains qui viennent de vivre l’épreuve terrible et inhumaine de la Shoah. Et donc, c’est lui qui décide de respecter les demandes du courant ultra-orthodoxe, qui estime que l’étude de la Torah est essentielle et doit être une activité à plein temps. C’est ainsi que les étudiants des écoles talmudiques sont exemptés de service militaire. Il faut dire qu’à l’époque, ils ne sont qu’une centaine.
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Cette situation perdure de longues années, même si assez vite certains militants laïques ou des responsables militaires trouvent ce régime d’exemption trop discriminatoire. Mais ces « haredim », comme on les appelle en hébreu, revendiquent leur style de vie et leur mission d’étude approfondie de la Torah.
Mais au fil du temps, les positions des deux camps se durcissent. Depuis 1998, la Cour suprême est régulièrement saisie par des mouvements laïques qui estiment que cette rupture d’égalité face au devoir militaire est tout simplement inacceptable.
Depuis le 7-Octobre, la remise en cause croissante de l'exemption de service militaire pour les « haredim »La décision de la Cour suprême arrive dans un contexte dans lequel se pose le problème des effectifs et surtout des rotations de ces effectifs militaires déployés dans la bande de Gaza et aussi au nord du pays. D’autant plus que les étudiants ultra-orthodoxes ont fait beaucoup d’enfants depuis 1948. Ils représentent aujourd’hui 13% de la population, et sont plus de 160 000 à étudier la Torah.
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Et c’est donc ce moment, alors que la Knesset, le Parlement israélien, étudie un texte de loi sur la fin de l’exemption, que choisit la Cour suprême pour rendre son avis. Un avis motivé par les circonstances actuelles : « En plein milieu d'une guerre difficile, l'inégalité du fardeau est plus marquée que jamais et requiert la mise en place d'une solution durable ».
Seulement voilà : l’adoption de ce texte par le Parlement pourrait conduire à de vives tensions au sein de la coalition gouvernementale dirigée par Benyamin Netanyahu, où cohabitent opposants et partisans de cette mesure. À suivre donc. Mais la Cour suprême, elle, a choisi son camp.
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Alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, une autre bataille se déroule parallèlement le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban - un jeu risqué de coup pour coup qui s’est intensifié ces dernières semaines. Sommes-nous vraiment à la veille d’un nouveau conflit ?
Jamais les deux pays et, par extension, le Moyen-Orient, n’ont été aussi proches d'un conflit depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël. Les propos de plus en plus belliqueux et les provocations des deux côtés de ces quelques dizaines de kilomètres de frontière, le dangereux « flirt » avec les fameuses lignes rouges dénoncées par bon nombre d’observateurs, le nombre effarant de tués en quelques mois - plus de 500 du côté libanais, une vingtaine côté israélien - font raisonner les sombres tambours de la guerre totale.
L’émissaire de Washington, Amos Hochstein, l’un des plus proches collaborateurs du président Joe Biden, a lancé un avertissement cette semaine : « La situation est dangereuse » a-t-il déclaré, avant de se lancer dans une visite aux allures de dernière chance.
Un marqueur important restera sans doute les images saisissantes du drone de reconnaissance, largement diffusées par le Hezbollah, il y a quelques jours, montrant, très clairement, les villages et les kibboutz frontaliers, mais aussi et surtout des cibles potentielles - navires de guerre, réservoirs de pétrole et même l’aéroport de la grande ville d'Haïfa, située à 30 km du Liban.
Un pied de nez propagandiste des miliciens chiites au gouvernement et à l’État-major israéliens. D’ailleurs, ces derniers ont concomitamment annoncé avoir approuvé des « plans opérationnels en vue d’une offensive ». Cela alors que le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz menaçait le Hezbollah de destruction en affirmant « que son pays était très proche du moment de la décision de changer les règles du jeu ».
Rien de très rassurant en somme, d’autant que le Hezbollah, plus grande milice armée de la planète, n’est pas le Hamas : son arsenal est estimé à un peu moins de 200 000 roquettes et missiles et pourrait, en cas de guerre, saturer le Dôme de fer, le système antimissile israélien. Et, enfin, l’offensive sur le Liban, un autre front donc, ne ferait pas consensus dans un pays qui semble loin d’en avoir fini avec Gaza.
La pression sur le gouvernement israélien ne faiblit pasLa pression politique sur le gouvernement israélien ne faiblit pas dans les rues du pays. Parmi les manifestants, qui par centaines de milliers, se retrouvent chaque week-end à Tel-Aviv pour dénoncer la politique du Premier ministre Benyamin Netanyahou et sa stratégie à Gaza, un nombre croissant de résidents de l’extrême nord d'Israël. Ceux-ci sont 140 000 à avoir été évacués de leurs communautés de la frontière libanaise et attendent depuis d’interminables mois de rentrer chez eux, hébergés aux frais du gouvernement, dans des hôtels de Galilée, un peu plus au Sud. L’armée israélienne qui a mobilisé des dizaines de milliers d’hommes sur la frontière, ne peut prendre le risque en l’état d’autoriser le retour de ces déplacés internes.
Le Premier ministre israélien joue de plus en plus avec le feu pour sa survie politique, est pris en étau entre ses alliés d’extrême droite va-t-en-guerre et une partie grandissante de la société civile. Il leur a promis un retour en septembre prochain, gageant que la diplomatie aura finalement eu raison des tensions ou bien que l’offensive sur le Liban soit terminée.
Les tensions sont source d'inquiétude à WashingtonC’est dans ce contexte d’extrêmes tensions que l’allié américain perd patience : la perspective d’une offensive israélienne sur le Liban est aussi source d’inquiétude à Washington, fidèle et traditionnel allié d’Israël, mais qui a d’ores et déjà rendu public son véto formel, comme celui sur l’offensive à Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza. Et les dernières sorties de Benyamin Netanyahou dans la presse - accusant l’administration américaine de « retenir ses livraisons d’armes, des armes dont Israël a besoin dans la guerre pour son existence » - ont été très fraîchement accueillies dans l’entourage de Joe Biden. Ce dernier supporte de moins en moins la fuite en avant solitaire et incontrôlable du chef du gouvernement israélien. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale s’est d’ailleurs déclaré « profondément déçu et offensé étant donné l’ampleur du soutien américain à l’État hébreu ».
Quoi qu’il en soit, Benyamin Netanyahou est attendu à Washington le 24 juillet prochain, en pleine campagne pour les élections présidentielles et législatives, pour prononcer un discours devant le Congrès.
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Les chefs d’État et de gouvernement des pays membres du groupe des 7 sont actuellement réunis dans la région des Pouilles, au sud de L’Italie. Un sommet lors duquel la Chine devrait dominer les discussions. Mais le G7 est-il encore une organisation pertinente ?
C’est la question que l’on se pose depuis déjà quelque temps. Lors de la création de cette instance au milieu des années 1970, les sept pays qui la composaient, États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Japon, et Canada, étaient de très loin les états les plus industrialisés et donc les plus puissants, les plus riches de la planète. Leurs économies combinées représentaient les deux tiers du PIB mondial.
Une instance créée pour mieux coordonner les politiques macro-économiques de ces États, durement frappées par le choc pétrolier et la fin du système de Bretton Woods. C’était donc une volonté d’échanger directement, de manière informelle, et sans le filtre des conseillers, entre chefs d’État et de gouvernement.
Cette instance a-t-elle été efficace à l’époque ?C’est un système qui a permis une gouvernance plus ou moins efficace de l’économie mondiale pendant une vingtaine d’années. Avec la chute de l’URSS en 1991, la Russie a rejoint le système de l’économie de marché et a été admise au sein du G7 qui est donc devenu le G8 entre 1998 et 2014, date à laquelle, suite à l’annexion de la Crimée, Moscou a été exclue.
Parallèlement, depuis le début des années 2000, la situation a évolué rapidement avec la montée en puissance de grands pays émergents comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud. Pour sauvegarder le système bancaire international, on a décidé d’intégrer ces nouvelles économies importantes à sein d’une nouvelle organisation, le G20, incluant les sept pays occidentaux et 13 autres États.
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Fallait-il maintenir le G7 ?Pour certains économistes et spécialistes de géopolitique, la pertinence du G7 s’est en tout cas posée. Et ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que, depuis l’exclusion de la Russie en 2014, l’organisation est devenue autant une organisation qui parle coordination économique qu’un club des pays occidentaux qui défendent aussi un système de valeurs humanistes, un système politique, la démocratie libérale et l’état de droit. Précisément au moment où ce modèle est de plus en plus contesté par d’autres acteurs sur la scène internationale.
En ce sens, le G7, pour les pays concernés, reste une organisation pertinente. À condition que les valeurs partagées le soient vraiment, ce qui n’est plus une évidence quand on voit le positionnement de l’Italie sur certaines questions de sociétés comme l’avortement. En ce sens, l’arrivée au pouvoir de dirigeants populistes dans certains pays du G7 pourrait avoir un impact sur la cohésion de ce club vieux de 50 ans.
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Les cérémonies qui viennent de marquer le 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie étaient-elles plus politiques que d’habitude ?
La réponse est oui. Certes, la mémoire des dizaines de milliers de combattants qui ont participé au Débarquement a été largement honorée. La détermination des nations démocratiques, États-Unis et Royaume-Uni en tête, aussi.
Mais, dans les discours des présidents français et américains, les tensions géopolitiques actuelles étaient bien présentes. C’est Joe Biden qui parle du combat de la liberté contre la tyrannie, de l’invasion de l’Ukraine par un tyran, du rôle prééminent de l’Otan, « plus unie que jamais pour défendre la paix et la liberté dans le monde », Emmanuel Macron qui évoque le combat juste contre les idéologies mortifères.
Des symboles forts pour marquer la situation géopolitiqueL’un des symboles de cette cérémonie du souvenir rattrapée par les tourments du présent, c’était d’abord l’absence de toute délégation russe, contrairement à ce qu’il s’était passé en 2014, où Vladimir Poutine avait été invité alors même qu’il venait d’annexer la Crimée.
Et en contrepoint, l’invitation en Normandie du président ukrainien Volodymyr Zelensky, très applaudi. Le rôle de l’Armée Rouge sur le front est pour battre le nazisme en 1944 a néanmoins été évoqué par le chef de l’État français. Comme pour rendre hommage au peuple russe, et non à ses dirigeants, Staline hier, et Poutine aujourd’hui.
Une réunion du camp occidental ?En effet, avec la certitude que la paix et la liberté ne sont jamais acquises, qu’il faut parfois se battre pour les préserver. Joe Biden a été très clair. Montrant les croix blanches du cimetière de Colville, il a lancé : « La paix n’est pas gratuite ». Une façon pour lui de souligner que la mobilisation en faveur de l’Ukraine ne doit pas faiblir. Et Biden a ensuite estimé que « l’isolationnisme n’est pas la solution », façon de critiquer le camp républicain et en particulier son adversaire à l’élection présidentielle Donald Trump.
Quatre-vingts ans après le Débarquement, l’Europe est de nouveau confrontée à la guerre. Et à un combat qui oppose une nouvelle fois un pays dictatorial à des nations certes imparfaites, mais décidées à défendre leur liberté et leur modèle démocratique. Comme si, malheureusement, les leçons de l’Histoire, peu à peu s’effacent.
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