Episodi

  • Cabotage de fjords en fjords dans l’océan Arctique, autour de l’archipel norvégien situé tout au nord du monde. À bord d’un vieux bateau emblématique qui vient d’achever sa dernière saison dans les eaux glacées du Spitzberg.

    Pendant des décennies, le Nordstjernen ou « Étoile polaire » a promené son élégante silhouette dans l’archipel du Svalbard, un territoire émaillé d’îles et de fjords recouverts de glaciers. Construit en 1956 et désormais classé au patrimoine historique norvégien, ce bateau pouvant accueillir une centaine de passagers, a d’abord servi d’express-côtier le long du littoral enclavé de la Norvège, pour ensuite transporter chaque été, des voyageurs en croisière vers le Nord. Or, après une vaste entreprise de rénovation et du fait de son classement, ce vieux navire exploité par la compagnie Hurtigruten, ne correspond plus aux normes en vigueur qui permettent la navigation dans les eaux polaires, selon le Polar Code. Une retraite qui suscite beaucoup d’émotion chez les guides, les touristes de passage ou les locaux qui l’ont toujours connu.

    L’occasion de dire adieu à cette «grande et vieille dame» qui a marqué les esprits dans l’archipel, d’aller chercher la banquise jusqu’au 80ème degré de latitude nord, de découvrir les joyaux de l’Arctique, mais aussi d’interroger ce type de voyage dans des terres malmenées par les bouleversements climatiques. Au Svalbard qui compte 3 000 habitants, plus de 130 000 touristes s’y rendent chaque année. Parmi eux, près de la moitié découvrent l’archipel en été et en bateau de croisière.

    Un voyage sonore d’Oriane Laromiguière qui a effectué l’un des derniers voyages du Nordstjernen au Spitzberg.

    En savoir plus :

    - Sur les croisières au Svalbard par la Compagnie Hurtigruten

    - Sur le navire historique le Nordstjernen. En anglais

    - Sur le Svalbard, l’une des terres habitées les plus au nord du monde.

    À lire :

    - Un polar : «Personne ne meurt à Longyearbyen», de Morgan Audic, Albin Michel, 2023

    - Une biographie : «La femme au renard bleu», de Robyn Mundy, Paulsen, 2024

    - Un symbole : «L'ours polaire, vagabond des glaces», de Rémy Marion, Actes Sud, 2024.

    Diaporama

  • Dans ses récits de voyage comme dans ses romans, l'autrice naturaliste française a toujours préféré les chemins de traverse et les replis du territoire, pour aller chercher l’âme des lieux et des peuples.

    Quand elle était petite, Clara Arnaud raconte avoir longtemps eu sur sa table de chevet un globe lumineux, éclairant ses rêves d’ailleurs comme ses veillées nocturnes à bouquiner en cachette de ses parents. Depuis, à 38 ans, l’écrivaine française a déjà publié plusieurs récits de voyage et trois romans, le dernier «Et vous passerez comme des vents fous» ayant reçu de nombreuses distinctions et rencontré le succès en France.

    Rencontrer les lieux et ceux qui les peuplent, en livrer l’esprit, une boussole et un carnet de notes en poche, c’est ce qui semble avoir toujours guidé l’autrice nomade, dans ses écrits à mots pesés, comme dans ses voyages à pas lents, toujours à pied et souvent accompagnée d'un cheval. Après des échappées kirghizes, des itinérances en Chine avec deux chevaux, dans le Caucase aussi, ou après deux ans d'expatriation en République Démocratique du Congo, puis au Honduras, Clara Arnaud a désormais posé ses valises dans le Couserans, dans les Pyrénées ariégeoises, en France.

    C'est de là qu'elle a puisé l'inspiration pour écrire son dernier roman peuplé d'ours et de bergers qui vient questionner notre rapport au sauvage, dans une écriture à fleur de peau et de territoire. Consciente qu’il n’y a pas qu’un seul monde, Clara Arnaud intercède à sa manière, se plaçant aux coutures des mondes animal, végétal ou humain reliés souvent entre eux sans le savoir. Ce faisant, elle arpente, débusque et interroge nos géographies sensibles, en mettant le corps en mouvement, parfois à l’épreuve, dans des espaces grands et sauvages de préférence.

    Bibliographie :

    - «Au détour du Caucase. Conversation avec un cheval». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. Poche Babe. 2024

    - «Et vous passerez comme des vents fous». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. 2023

    - «La verticale du fleuve». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. 2021

    - «L'orage». Clara Arnaud. Éditions Gaïa. 2015.

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  • Pendant l’esclavage, les résistances et les visages du marronnage en Guyane française ont été multiples. Celui des Bushinengué, descendants de marrons réfugiés en forêt et venus du Suriname voisin, interpelle par la force de leur destin et la vitalité de leur culture, si singulière. Voyage entre l’Ouest guyanais et le littoral, entre passé et présent à la rencontre d’une histoire vivante.

    En route sur les traces du marronnage dans ce qui est aujourd’hui un département français grand de 83 000 km2, situé entre le Suriname et le Brésil et recouvert à plus de 95% par la forêt amazonienne, on comprend très vite à quel point cette géographie de montagnes et de marécages, de fleuves tumultueux et de forêts denses, a pu constituer un refuge -hostile mais possible- pour ces fugitifs, ces marrons au temps de l’esclavage qui a duré en Guyane près de 200 ans.

    Marronner, c’est résister à l’oppression esclavagiste. C’est à la fois user de ruse à l’intérieur du système mais aussi fuir l’habitation pour constituer, parfois, des sociétés parallèles, marronnes, en marge. Une marge entre le littoral et l’intérieur des terres, immense en Guyane, où s’enfuyaient les marrons mais aussi les Amérindiens qui trouvaient ici refuge loin du joug colonial esclavagiste. Une marge aussi entre la Guyane et le Suriname voisin, où se sont établis le long du fleuve Maroni des communautés marronnes venues du Suriname.

    Et c’est justement dans cette marge, passée mais aussi présente, que nous allons naviguer. Guidés par des associations culturelles marronnes, des militants et artistes de la tradition Tembé mais aussi des historiens guyanais qui s’attachent à mettre en lumière toutes les résistances à l’esclavage, et pas seulement le grand marronnage des Bushinengué.

    Il faut dire qu’en Guyane française, si les marrons des habitations situées sur la bande côtière ont jadis lutté, fui, pillé, constitués en bandes emmenées par les chefs Simon, Linval, Gabriel ou encore Pompée..., tôt ou tard, ils ont été rattrapés par les milices esclavagistes lancées à leurs trousses. Par contre, dans le cas du Suriname voisin, les Bushinengué littéralement « noirs de la forêt » ont eux, réussi à maintenir des sociétés originales, autonomes ; certains signant des traités de paix avec les autorités néerlandaises, d’autres comme les Bonis fuyant de l’autre côté du fleuve Maroni pour s’installer durablement sur les rives françaises.

    Aujourd’hui, les Bushinengué, ces descendants de marrons venus du Suriname, vivent encore majoritairement le long du Maroni, dans les fiefs historiques de Papaïchton, Maripasoula, Grand Santi ou encore Apatou situé bien plus bas sur le fleuve. De plus en plus, ce peuple fier, qui a su maintenir ses traditions dans l’isolement et la relégation, rejoint les villes et la côte. Aussi, il continue d’enjamber le fleuve Maroni du Suriname vers la Guyane, comme il l'a toujours fait à travers le temps. Ce qui vient poser des questions de reconnaissance et de papiers de ce peuple décidément transfrontalier.

    Au XXIème siècle, dans une société guyanaise métissée, mais souvent divisée entre les Créoles, les Bushinengué et les Amérindiens, les « Bushi » sortent du bois et revendiquent fièrement leur histoire, leurs cultures ou leur art Tembé, cet art de la fuite qui, jadis, servait de langage codé pour s’échapper et communiquer dans les grands bois. Aujourd’hui, cette tradition, sculptée au départ et désormais peinte, fascine le monde avec ses entrelacs colorés et magnétiques. Et comme les Autochtones, longtemps marginalisés avec les Bushinengué dans la zone dite tribale, ils revendiquent désormais leurs droits. Les Bushinengué représentent de nos jours près d’un ⅓ de la population guyanaise.

    Une série en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary initialement diffusée en décembre 2023.

    En savoir plus :

    - Sur le marronnage en Guyane. Un document pédagogique illustré et synthétique. En PDF

    - Sur les différentes résistances à l’esclavage en Guyane. L’ouvrage édité par le Jeune Historien Guyanais aux Éditions Ibis Rouge

    - « Maroons in Guyane, Past, Present, Future », l’ouvrage de référence des historiens Richard et Sally Price. Il a été réédité dans une version actualisée en 2022 aux Éditions « University of Georgia Press »

    - Le centre culturel « Mama Bobi » œuvre depuis des décennies pour la connaissance et le partage des cultures des gens du fleuve, des Bushinengué

    - Sur l’Ouest guyanais, ses peuples et ses enjeux, actuels comme passés : le blog « Un témoin en Guyane » animé par Joël Roy, militant associatif et ancien enseignant installé en Guyane.

    - Sur l’art Tembe et les marrons de Guyane : deux expositions s’étaient tenues en 2022 et 2023 à Paris. À la Maison de l’Amérique Latine et à la Galerie Dominique Fiat

    - Sur le travail de l’artiste Tembe Franky Amete. Un article récent sur son travail et sa trajectoire

    - Sur l’odyssée des Boni, un groupe Bushinengué venu du Surinam jusqu’en Guyane française : le livre de référence : « Le Monde des Marrons du Maroni en Guyane (1772-1860). La naissance d’un peuple : les Boni », paru aux Éditions Ibis Rouge, 2004. Par l’historien Jean Moomou

    - Les Bushinengue, en images. À travers le travail du photographe italien Nicola Lo Calzo.

  • Pendant l’esclavage, les résistances et les visages du marronnage en Guyane française ont été multiples. Celui des Bushinengué, descendants de marrons réfugiés en forêt et venus du Suriname voisin, interpelle par la force de leur destin et la vitalité de leur culture, si singulière. Voyage entre l’Ouest guyanais et le littoral, entre passé et présent à la rencontre d’une histoire vivante.

    En route sur les traces du marronnage dans ce qui est aujourd’hui un département français grand de 83 000 km2, situé entre le Suriname et le Brésil et recouvert à plus de 95% par la forêt amazonienne, on comprend très vite à quel point cette géographie de montagnes et de marécages, de fleuves tumultueux et de forêts denses, a pu constituer un refuge -hostile mais possible- pour ces fugitifs, ces marrons au temps de l’esclavage qui a duré en Guyane près de 200 ans.

    Marronner, c’est résister à l’oppression esclavagiste. C’est à la fois user de ruse à l’intérieur du système mais aussi fuir l’habitation pour constituer, parfois, des sociétés parallèles, marronnes, en marge. Une marge entre le littoral et l’intérieur des terres, immense en Guyane, où s’enfuyaient les marrons mais aussi les Amérindiens qui trouvaient ici refuge loin du joug colonial esclavagiste. Une marge aussi entre la Guyane et le Suriname voisin, où se sont établis le long du fleuve Maroni des communautés marronnes venues du Suriname.

    Et c’est justement dans cette marge, passée mais aussi présente, que nous allons naviguer. Guidés par des associations culturelles marronnes, des militants et artistes de la tradition Tembé mais aussi des historiens guyanais qui s’attachent à mettre en lumière toutes les résistances à l’esclavage, et pas seulement le grand marronnage des Bushinengué.

    Il faut dire qu’en Guyane française, si les marrons des habitations situées sur la bande côtière ont jadis lutté, fui, pillé, constitués en bandes emmenées par les chefs Simon, Linval, Gabriel ou encore Pompée..., tôt ou tard, ils ont été rattrapés par les milices esclavagistes lancées à leurs trousses. Par contre, dans le cas du Suriname voisin, les Bushinengué littéralement « noirs de la forêt » ont eux, réussi à maintenir des sociétés originales, autonomes ; certains signant des traités de paix avec les autorités néerlandaises, d’autres comme les Bonis fuyant de l’autre côté du fleuve Maroni pour s’installer durablement sur les rives françaises.

    Aujourd’hui, les Bushinengué, ces descendants de marrons venus du Suriname, vivent encore majoritairement le long du Maroni, dans les fiefs historiques de Papaïchton, Maripasoula, Grand Santi ou encore Apatou situé bien plus bas sur le fleuve. De plus en plus, ce peuple fier, qui a su maintenir ses traditions dans l’isolement et la relégation, rejoint les villes et la côte. Aussi, il continue d’enjamber le fleuve Maroni du Suriname vers la Guyane, comme il l'a toujours fait à travers le temps. Ce qui vient poser des questions de reconnaissance et de papiers de ce peuple décidément transfrontalier.

    Au XXIème siècle, dans une société guyanaise métissée, mais souvent divisée entre les Créoles, les Bushinengué et les Amérindiens, les « Bushi » sortent du bois et revendiquent fièrement leur histoire, leurs cultures ou leur art Tembé, cet art de la fuite qui, jadis, servait de langage codé pour s’échapper et communiquer dans les grands bois. Aujourd’hui, cette tradition, sculptée au départ et désormais peinte, fascine le monde avec ses entrelacs colorés et magnétiques. Et comme les Autochtones, longtemps marginalisés avec les Bushinengué dans la zone dite tribale, ils revendiquent désormais leurs droits. Les Bushinengué représentent de nos jours près d’un ⅓ de la population guyanaise.

    Une série en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary initialement diffusée en décembre 2023.

    En savoir plus :

    - Sur le marronnage en Guyane. Un document pédagogique illustré et synthétique. En PDF

    - Sur les différentes résistances à l’esclavage en Guyane. L’ouvrage édité par le Jeune Historien Guyanais aux Éditions Ibis Rouge

    - « Maroons in Guyane, Past, Present, Future », l’ouvrage de référence des historiens Richard et Sally Price. Il a été réédité dans une version actualisée en 2022 aux Éditions « University of Georgia Press »

    - Le centre culturel « Mama Bobi » œuvre depuis des décennies pour la connaissance et le partage des cultures des gens du fleuve, des Bushinengué

    - Sur l’Ouest guyanais, ses peuples et ses enjeux, actuels comme passés : le blog « Un témoin en Guyane » animé par Joël Roy, militant associatif et ancien enseignant installé en Guyane.

    - Sur l’art Tembe et les marrons de Guyane : deux expositions s’étaient tenues en 2022 et 2023 à Paris. À la Maison de l’Amérique Latine et à la Galerie Dominique Fiat

    - Sur le travail de l’artiste Tembe Franky Amete. Un article récent sur son travail et sa trajectoire

    - Sur l’odyssée des Boni, un groupe Bushinengué venu du Surinam jusqu’en Guyane française : le livre de référence : « Le Monde des Marrons du Maroni en Guyane (1772-1860). La naissance d’un peuple : les Boni », paru aux Éditions Ibis Rouge, 2004. Par l’historien Jean Moomou

    - Les Bushinengue, en images. À travers le travail du photographe italien Nicola Lo Calzo.

  • Récemment, en France, on a beaucoup parlé du défi du youtubeur français Inoxtag, total novice en montagne qui a réussi à atteindre l'Everest. Mais qui connait l'exploit de Sophie Lavaud ? Cette alpiniste franco-suisse, méconnue au départ, arrivée sur la pointe des pieds et des crampons dans le club très restreint des «huitmillistes», a finalement achevé l'ascension des 14 sommets de plus 8000 mètres.

    En juin 2023, la Franco-Suisse Sophie Lavaud a achevé au sommet du Nanga Parbat, situé au Pakistan, son marathon des cimes en atteignant son 14ème sommet de plus de 8000 mètres, réussissant là où les Français avaient toujours échoué.

    Elle est donc LE premier Français (tous genres confondus), la première Suissesse mais aussi LE premier Canadien (tous genres confondus) à achever ces quatorze 8000. Ce genre de grand chelem himalayen, que seule une quarantaine d'alpinistes au monde détient à ce jour, suscite fascination, admiration mais aussi interrogations sur les évolutions de l'himalayisme et la pratique de l'alpinisme en général.

    Or, Sophie Lavaud incarne bien plus que ces nouvelles expéditions guidées, avec porteurs et apports d'oxygène qui viennent bousculer une certaine aristocratie de la haute altitude. Sa trajectoire de femme audacieuse, passionnée de montagnes et de sommets, non professionnelle au départ, qui aura passé onze ans de sa vie à aller au bout de son exploit, nous rappelle que les outsiders, non issus du sérail, ont eux aussi droit à leur part de rêves et de montagnes.

    Rencontre à l'occasion du Festival du documentaire et du livre «Le Grand Bivouac» qui s'est tenu du 14 au 24 octobre à Albertville avec l'himalayiste Sophie Lavaud et François Damilano, guide de haute montagne français, écrivain et réalisateur qui l'a suivie et filmée sur plusieurs ascensions.

    À lire :

    - «Les quatorze 8000 de Sophie Lavaud», de François Damilano et Sophie Lavaud. Éditions Glénat. 2024

    - «Chroniques himalayennes», de François Damilano. JM Éditions. 2023.

    En savoir plus :

    - Sur le le premier film de François Damilano «On va marcher sur l'Everest» consacré à Sophie Lavaud

    - Sur le Festival du documentaire et du livre d'Albertville «Le Grand Bivouac».

  • En août 2024, le Garma festival, plus grand rassemblement autochtone d’Australie, s’est tenu en Terre d’Arnhem. Une occasion rare de s’immerger dans le monde aborigène Yolngu.

    Au nord du pays, depuis Darwin, pour accéder au Festival Garma, il faut soit faire 1 200 km de routes sur des pistes en terre rouge, muni de permis spécifiques, soit survoler les 700 km qui séparent la capitale du Territoire du Nord et Nhulunbuy, une ville construite dans les années 70 pour desservir une mine de Bauxite. Dans les deux cas, en arrivant, vous êtes dans l’un des coins les plus reculés d’Australie, mais surtout dans des terres de réserves très réglementées, soumises à autorisation spéciale pour les non-autochtones. Le Garma lui, permet cet accès, au cœur d’un rassemblement unique en son genre, initié par le peuple Yolngu et placé dans une vaste clairière cernée de forêts tropicales truffées d’eucalyptus, située sur une falaise surplombant la mer et des rivages escarpés et sauvages.

    Ici, c’est donc la terre ancestrale des Yolngu, un groupe aborigène qui, jusqu’au début du XXè siècle, vivait de manière relativement autonome, à l’écart de la brutale colonisation britannique. On parle d’une présence des Yolngu depuis plus de 60 000 ans. Contrairement à d’autres groupes aborigènes, les Yolngu n’ont pas été déplacés, arrachés à ce lien si puissant qui les relie à la terre et au fait de la parcourir. Ce qui fait la force de leur culture, de leur langue et dialectes, de leurs chants et de leurs danses qu’ils ont su maintenir à travers les millénaires et qui s’expriment pendant quatre jours au Garma. Véritables pionniers de la lutte pour les droits fonciers autochtones aborigènes, les Yolngu ont également su faire de cet évènement une tribune où se pressent désormais les hommes politiques australiens de tous bords.

    En 2024, près de 3 000 visiteurs, dont la moitié non-aborigènes, se sont immergés dans ce monde peuplé de rêves, d’ancêtres créateurs, d’abeilles, de grues brolga ou de serpents arc-en-ciel ; au son du Yidaki ou Didjeridoo qui est né au nord-est de la Terre d’Arnhem. Un festival pour dire la fierté noire et autochtone, celle d’un peuple debout et maître chez lui.

    Un voyage sonore de Sophie Ansel.

    En savoir plus :

    - Sur le Garma Festival et la Yothu Hindi Foundation

    - Sur les Yolngu en images et en sons: le projet visuel Twelve canoes

    - Sur les Yolngu, le site du Musée National Australien.

  • À l’occasion du Festival International des Écrans de l’Aventure de Dijon dont elle est la présidente du jury, la grimpeuse française, alpiniste de renom et aujourd’hui éditrice, revient sur cette vie si singulière qui l’a menée au sommet.

    Au sujet de Catherine Destivelle, véritable star de la grimpe dans les années 80-90, plusieurs fois consacrée championne du monde d'escalade, on a usé de tous les superlatifs et qualificatifs plus ou moins heureux, la surnommant pêle mêle «la femme araignée», «la libellule du rocher», «la grimpeuse de l’impossible», «la sauvageonne du vertical» ou encore «l’alpiniste du charme».

    Il faut dire qu’en matière de femmes et de sport, d’exploits ou de titres, la règle a longtemps été de les cantonner au féminin, oubliant que parfois elles dament aussi le pion aux hommes, abolissant ainsi les catégories de genre bien persistantes dans nos sociétés comme en montagne. Mais Catherine Destivelle a toujours été au-dessus de ça, traçant sa voie en toute liberté sur les parois du monde, en escalade d’abord, en alpinisme ensuite.

    Particulièrement respectée par ses pairs et auréolée en 2020 du prestigieux Piolet d’Or Carrière, la grimpeuse affiche un palmarès impressionnant, inspirant des générations de grimpeurs et d’amoureux de la montagne par ses exploits extrêmes : parfois en solo intégral, sans assurage le long des parois, parfois en version hivernale et solitaire sur les grandes faces Nord des Alpes.

    Désormais éditrice à la tête des Éditions du Mont-Blanc, une maison d’édition française qui propose toutes les formes de récits de montagne, du polar aux beaux livres en passant par la BD ou l’ouvrage jeunesse, Catherine Destivelle a aujourd’hui à cœur de transmettre son amour de la montagne et de la grimpe ; une discipline qu’elle défend comme un jeu et surtout un plaisir immense, comme les sommets qu’elle a gravis.

    En savoir plus :

    - Sur les Éditions du Mont-Blanc

    - Sur le dernier ouvrage de Catherine Destivelle «Il était une fois l'escalade», une BD co-écrite avec David Chambre sur l'histoire de la discipline

    - Sur le Festival International des Écrans de l'Aventure qui se tient chaque année en octobre à Dijon.

  • Dans son dernier livre, l’écrivaine voyageuse française Lucie Azema convoque l’utopie et les ailleurs, réels ou imaginaires, pour dire le besoin que nous avons tous et toutes de rêver à demain et à ailleurs.

    Après avoir livré une réjouissante et salutaire analyse féministe du voyage dans son premier livre « Les femmes aussi sont du voyage », après être partie ensuite sur les multiples routes du thé dans son second ouvrage « L’usage du thé. Une histoire sensible du bout du monde », Lucie Azema a décidé de nous emmener ailleurs.

    « Nous avons besoin d’un ailleurs qui n’existe pas » : c’est le titre de son dernier essai, érudit mais très didactique qui vient puiser, comme à chaque fois avec l’écrivaine nomade, dans la littérature de voyage et ses figures imposées pour mieux les questionner, les déconstruire, voire les réenchanter. « Réenchanter le voyage », c’est d’ailleurs le sous-titre de ce livre aux allures de manifeste pour tous les coureurs d’horizons, mangeurs de ciel, brûleurs de route, qui enfants, ont rêvé sur les cartes ou lignes de crête, pour mieux se lancer dans le vaste monde, dans des ailleurs réels ou rêvés.

    De l’Atlantide à l’île d’Utopie, de l’Eldorado à Katmandou, de cités idéales en paradis perdus, Lucie Azema tisse des réflexions personnelles sur sa vie de femme voyageuse et son rapport au monde à une trame plus collective, celle des rêves de ses congénères occidentaux qui n’ont eu de cesse de projeter des ailleurs, de les chercher, de les inventer. L’autrice revient aussi longuement sur les années 60-70, quand toute une jeunesse occidentale, en quête d’idéal et de vie libre sur la route, s’est lancée sur le « Hippie Trail » ou « Route des Indes », d’Istanbul à Katmandou. Ode à l’imaginaire et au rêve, de puissants motifs de voyage, son livre invite à partir et à ne jamais renoncer à cette promesse qu’incarne l’ailleurs, où qu’il soit : celle d’un monde différent, renouvelé et qui sait meilleur.

    À lire :

    - « Nous avons besoin d’un ailleurs qui n’existe pas ». Lucie Azema. Éditions Allary. 2024

    - « L’usage du thé, une histoire sensible du bout du monde ». Lucie Azema. Éditions Flammarion. 2022

    - « Les femmes aussi sont du voyage, l’émancipation par le départ ». Lucie Azema. Éditions Flammarion. 2021

    - « L’Utopie », de Thomas More. 1516. Éditions Gallimard Folio 2012

    - « Magic bus, sur la routes des hippies d’Istanbul à Katmandou ». Rory MacLean. Hoëbeke Éditions. 2011

    - « Les villes invisibles », Italo Calvino. Éditions Gallimard. Édition originale 1972. Réédition Folio 2013.

  • Voyage dans les terres du ciel, en compagnie de pionniers qui, un jour, ont fait le rêve de chevaucher les nuages et voler comme des oiseaux... ou presque.

    Funambules de l’extrême et du vide, ingénieurs ingénieux, inventeurs cocasses et intrépides, ils et elles ont fait fi de la gravité et du danger pour se lancer dans les airs. Et pour cela, ils et elles ont inventé des tas de machines et de procédés, du ballon au vol tracté, du vol à voile ou planeur au deltaplane en passant par le parapente. Ces pionniers et aventuriers du vol non motorisé forment ainsi une curieuse famille que nous présente l’auteur français Gérard Guerrier dans son dernier livre « Rêves d’Icare » paru aux Éditions Paulsen. Et dans leurs trajectoires souvent méconnus, on retrouve tous les ingrédients d’une bonne histoire: du rêve d’abord, une bonne dose de folie et d’imagination au service d’inventions parfois farfelues, de la joie pure aussi, presque enfantine de signer une première dans les airs, et puis du tragique, car bon nombre de ces pionniers vont y laisser des plumes.

    Regarder les oiseaux voler et s’imaginer en faire de même, c’est une obsession toute terrestre, un des rêves, disons les plus vieux de l’humanité. Et voyager au gré de ceux qui ont cherché à le réaliser, c’est aussi un peu, voler à leurs côtés…

    Avec Gérard Guerrier, auteur de « Rêves d’Icare », paru aux Éditions Paulsen. Un entretien initialement diffusé en novembre 2023.

  • À 7 000 km de l’archipel des Comores*, loin de l'océan Indien et de la côte sud-est du continent africain, voyage dans la cité portuaire surnommée « la cinquième île des Comores ».

    On connaît d’abord Marseille la Phocéenne fondée il y a 2 600 ans, Marseille la Méditerranéenne, la Corse, l’Italienne, l’Arménienne ou encore l’Algérienne, mais beaucoup moins la Comorienne ! Pourtant, selon une légende tenace, Marseille serait la plus grande ville comorienne au monde, devant même Moroni, la capitale de l’archipel ! Aujourd'hui, on estime que la population comorienne – d'origine ou de nationalité – atteint les 100 000 personnes et représente donc 10% des habitants de Marseille.

    En arrivant Gare Saint-Charles ou sur le Vieux-Port, dans les rues de la deuxième ville de France, si le métissage ne fait pas l’ombre d’un doute, pour ce qui est de la présence comorienne, il faut aller vers les quartiers nord pour en saisir vraiment l'importance. C'est là que se concentre la communauté comorienne de Marseille, une communauté récente à l’échelle de la longue histoire de la ville, ouverte quoique réputée discrète, mais surtout fière de partager sa culture et son identité à la fois comorienne et marseillaise.

    Un reportage de Benoît Godin.

    * : « L’archipel des Comores, situé dans l’océan Indien, est composé de quatre îles. Trois d’entre elles font partie de l’État indépendant de l’Union des Comores. Mayotte est un département français. »

    À lire :

    Les Comoriens à Marseille : d'une mémoire à l'autre de Karima Direche-Slimani et Fabienne Le Houérou. Éditions Autrement, 2002. Bien peu de choses à lire sur la vaste communauté marseillo-comorienne en dehors de cet ouvrage datant de 2002. Forcément daté, il reste malgré tout le livre le plus complet à ce jour sur ce sujet.

    La cinquième île : les comoriens de Marseille de Luc Saïd Mohamed Cheikh. Éditions Pragmatic, 2019. Un livre de photographies qui donne à voir quelques aspects de la vie des Comoriens de la cité phocéenne – prière du vendredi, figures politiques, cuisine...

    À voir :

    Le documentaire Planète Marseille, enfants des Comores de Charlotte Penchenier, 2016. Le parcours de trois Marseillais d'origine comorienne (dont Fatima Ahmed, que l’on entend dans notre reportage) qui tentent de concilier leurs différentes parts d’identité.

    Sur Marseille, n'hésitez pas à vous rendre chez Marie-Rose Said, « présidente » et cuisinière des « Terrasses de Moroni Mamoudzou », une bonne table comorienne.

    À écouter :

    La série en deux épisodes de Vladimir Cagnolari pour Si loin si proche en 2018 : Je viens de Marseille et je vais à Ouellah, suivi de Je viens de Ouellah et je vais à Marseille. On y suit Chebli Msaïdié, chanteur et producteur de musique de retour au pays. Et on y découvre une tradition comorienne essentielle : le Anda, ou « grand mariage ».

  • On fait parler la poudre d’escampette avec la grande écrivaine et voyageuse suisse du siècle passé : Ella Maillart. Voyage dans son pays natal, qui près de 30 ans après sa mort, continue d’honorer sa mémoire et son legs immense.

    À Si loin si proche, Ella, c’est une sorte de marraine, d’aînée que l’on convoque souvent, tant elle a ouvert la voie à d’autres sur les chemins de l’ailleurs, de la liberté et de l’Asie. Née en 1903 sur les bords du Lac Léman, Ella Maillart va très tôt tracer sa route au-delà des frontières et des conventions, voyageant seule et refusant « de remplir un destin tout tracé par son sexe » – on dirait genre aujourd’hui…

    Tour à tour sportive de haut niveau, marin, reporter, photographe, écrivaine, guide et conférencière jusqu’à l’âge de 80 ans, l’autrice de La voie cruelle ou d'Oasis interdites a laissé derrière elle une œuvre puissante, singulière : des images et des récits dans lesquels son regard bleu perçant avait à cœur de raconter, mettre à jour le monde et dire sa vérité.

    Aujourd’hui encore, on est frappé par la modernité, la cohérence de son existence. On la cite et on la lit encore, certain.e.s voyagent sur ses traces en Asie... Et en Suisse, à travers des lieux, des musées ou des expositions temporaires, on continue de célébrer, partager la géographie complexe d’Ella Maillart, « la femme du globe », comme l’avait surnommé le poète Paul Valéry.

    Nouvel épisode de notre série de portraits radiophoniques d’écrivain.e.s voyageurs-voyageuses, dans les yeux d’Ella en Suisse. Entre les rives du Léman de son enfance et son refuge d'altitude à Chandolin où elle s'est installée en 1946, entre les vitrines du Musée Rath de Genève qui lui a consacré une rétrospective au printemps 2024 et celles du Musée Bolle de Morges qui s’est penché sur son passé de navigatrice.

    Dans Ma philosophie du voyage, Ella Maillart faisait sienne les mots d’Antoine de Saint-Exupéry : « Une mauvaise littérature nous a parlé du besoin d’évasion. Bien sûr, on s’enfuit en voyage à la recherche de l’étendue. Mais l’étendue ne se trouve pas, elle se fonde. Et l’évasion n’a jamais conduit nulle part. » Puis, terminait ainsi : « Ces mots résument ma vie. »

    Un voyage sonore de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary.

    Partir en Suisse dans les yeux d’Ella : À Chandolin, dans la quiétude des Alpes valaisannes, on retrouve à près de 2 000 mètres, le chalet Atchala d’Ella Maillart et l’émouvant musée qui lui est dédié. Contacter l’Association des Amis d’Ella Maillart pour le chalet, un lieu particulièrement touchant et intouché. L'espace Ella Maillart est tout aussi passionnant. Un vrai voyage dans le temps et dans la vie d’Ella. Le Musée Rath, musée d’art et d’histoire de Genève, a consacré une grande exposition à l’écrivaine voyageuse et convoqué deux artistes plasticiennes pour interroger le sillon profond qu’a laissé Ella Maillart derrière elle. Le Musée Bolle de Morges s’est penché sur le passé de navigatrice d’Ella. À partir du travail de l’autrice suisse Carine Bertola, autrice de Ella Maillart Navigatrice. Libre comme l’eau paru aux Éditions Glénat. Le Musée photo Élysée de Lausanne concentre la fabuleuse collection d’images d’Ella Maillart. Plus d'infos pour organiser votre voyage sur le site de Suisse Tourisme.À lire en voyage : Ella Maillart. Navigatrice. Libre comme l'eau de Carine Bertola. Éditions Glénat 2024 Ella Maillart, l'intrépide femme du globe de Gwenaëlle Abolivier. Éditions Paulsen 2023 Les Éditions Payot publient en poche, en France, les différents ouvrages d’Ella Maillart Regards sur Chandolin d'Ella Maillart. Éditions Zoé 2021
  • Deuxième épisode de notre série à la découverte du passé et du présent africain de la ville éternelle.

    « Si tu es à Rome, vis comme les Romains » nous dit l’adage ; mais est-ce possible ici quand on est Noir, venu d’Afrique, débarqué dans une capitale et un pays : l’Italie, où l’immigration est finalement une réalité récente ? Cette question a pris de l’ampleur ces dix dernières années, avec l'afflux continu de bateaux en provenance d'Afrique sur les côtes sud de l'Italie.

    Rien qu’entre janvier et septembre 2023, on a dénombré 130 000 personnes entrées par l'Italie, soit le double de l'année précédente sur la même période. De quoi faire prospérer l'extrême droite qui, avec son discours anti-immigration, est arrivée au pouvoir. Mais ces chiffres cachent une réalité bien plus complexe, car la plupart de ceux qui arrivent en Italie, n’y restent pas et s'en vont pour d'autres pays d'Europe. Ceux que nous allons entendre ici, ont décidé, eux, d'y rester. Et c’est dans leur quotidien que nous allons voyager : celui d’Africaines et d’Africains que la vie, le travail, l’amour ou les chemins de l’exil ont amené à vivre à Rome… presque comme des Romains.

    Un reportage en deux épisodes de Vladimir Cagnolari initialement diffusé en octobre 2023.

    En savoir plus :

    Sur Pape Kanouté, griot, musicien et écrivain sénégalais, installé à Rome depuis 1995 Sur Balkissa Maïga, actrice d’origine malienne vivant à Rome et très investie dans l'aide aux immigrés africains Sur l’action de l’association Baobab Experience qui vient en aide aux migrants qui transitent par Rome Sur l’Orchestra di Piazza Vittorio, un orchestre emblématique du cosmopolitisme de Rome Sur notre premier épisode de cette série Rome l’Africaine #01 : parmi les fantômes de l’empire colonial italien.
  • Voyage dans la ville éternelle sur les traces d’une histoire coloniale partout visible mais longtemps restée muette.

    Juste après son unification, à la fin du XIXe siècle, l’Italie fait tout pour se doter, comme les autres puissances européennes, d’un empire colonial ; mais elle arrive tard dans la « course »... Et c’est sous l’impulsion du régime fasciste de Mussolini qu’est achevée la conquête de « l’Afrique orientale italienne » : Libye, Somalie, Érythrée et Éthiopie occupées pendant quelques années. Rome se dote alors d’un nouveau quartier et d’une architecture typique qui exaltent le « nouvel empire romain » : musée colonial, ministère des Colonies, rues aux noms des possessions italiennes…

    Aujourd’hui, au-delà de ces stigmates de pierre, c’est l’histoire coloniale toute entière du pays qui ressurgit ces dernières années, portée par des jeunes générations et des afro-descendants, malgré de vigoureuses résistances. Car le mythe de la colonisation faite par des « braves gens » a la peau dure, en dépit des évidences historiques. Voyage en cheminant dans la ville à travers un passé colonial italien peuplé de fantômes, de mythes et d’obélisques…

    Un reportage en deux épisodes de Vladimir Cagnolari initialement diffusé en octobre 2023.

    En savoir plus :

    Tezeta : un collectif qui s'est donné pour mission de faire connaître l'histoire italienne et révéler la présence notamment érythréenne, en proposant notamment des visites guidées du « quartier africain » de Rome. Le Musée des civilisations ou Muséo delle civilita qui a notamment hérité des collections de l'ex-musée colonial, créé en 1923 pendant l'époque fasciste. Aujourd'hui, ces collections sont exposées, réinterprétées et mises à distance à travers une confrontation avec des oeuvres d'art contemporain.

    À lire :

    L'aventure coloniale italienne et son échec, un article de Philippe Conrad La ville coloniale italienne, un article de Romeo Carabelli L'agression italienne contre l'Éthiopie, une fiche pédagogique utile sur le site Lumni Tous sauf moi (Sangue giusto), Francesca Melandri. Éditions Gallimard 2019 Roma negata, Igiaba Scego. Ediesse réédition 2020, non traduit
  • Il y a 80 ans, le 15 août 1944, s’est joué dans le Sud de la France, un événement qui va changer le cours de l’histoire. Voyage dans le Var sur les traces du débarquement de Provence.

    Opération “Dragoon” ou “Anvil”, c’est le nom qui a été donné à cet immense déferlement de troupes et d’engins sur le littoral provençal, afin de défaire l’Allemagne Nazie et achever la libération de la France, quelques mois après le fameux D.Day, le débarquement en Normandie. Moins connu que le 6 juin, le débarquement en Provence, n’en est pas moins capital pour les Alliés dans leur reconquête de l'Europe ; comme pour la résistance française de l’intérieur ou de l’extérieur qui a largement contribué au succès de ce débarquement.

    À l’occasion de l’anniversaire de cet autre débarquement, Raphaëlle Constant nous emmène en voyage dans le Var, sur les lieux de ce moment capital de la Seconde Guerre Mondiale : le long des côtes, entre Toulon, la plage historique de Cavalaire-sur-mer et l’arrière-pays provençal, afin de comprendre ce qu’il reste dans les mémoires de ce jour pas comme les autres. L'occasion aussi de rappeler que la Provence - et plus largement la France - doit sa libération à l'immense sacrifice des combattants venus d’Afrique qui ce jour-là, ont débarqué en nombre.

    Un reportage de Raphaëlle Constant.

    À lire aussiProvence: en août 1944, l'autre Débarquement qui libéra la France de l'occupation nazie

    En savoir plus :

    La page du site de Var tourisme dédiée à la route du Débarquement de Provence Le site du Mémorial du débarquement de Provence, au sommet du Mont-Faron, à Toulon Le site du cimetière américain de Draguignan Le webdocumentaire de Julien Masson « Mémoire en marche. Sur les traces des tirailleurs sénégalais de 1939-45 ». Une production Si loin si proche avec des témoignages de tirailleurs qui ont pris part au débarquement de Provence Le site de l’association de Jean-Michel Soldi : Operation Dragoon Le documentaire Provence, août 44, l'autre Débarquement, réalisé par Christian Philibert et Laurent Moënard Les ouvrages Mémoire et Histoire : la Résistance et Le Var, la guerre, la résistance, 1939-1945, de l’historien Jean-Marie Guillon.

    Tous les contenusDébarquement en Provence

  • Photographe et enseignant-chercheur, depuis une quinzaine d'années, l’Italien Nicola Lo Calzo interroge les parallèles entre les expériences queers et décoloniales. De Sao Tomé à Haïti, de la Sardaigne au Bénin en passant par la Guyane, Cuba ou la Louisiane… Voyage aux marges de l'Histoire.

    Né en 1979 à Turin, Nicola Lo Calzo aurait pu devenir architecte paysagiste mais le voilà photographe et enseignant-chercheur à l'École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy et Cergy-Paris Université.

    Altérité, identité, intersectionnalité et post-colonialité sont les sujets qui l'animent depuis dix ans et ses travaux ont déjà été exposés dans le monde entier, de l’Italie au Mexique en passant par le Nigeria ou encore les Pays-Bas. Nominé au Prix Élysée 2019 et finaliste du prix Niepce en 2020, dans ses travaux, Nicola Lo Calzo met en parallèle le marronnage et l’expérience queer qu'il identifie comme des pratiques de résistance mais aussi de clandestinité, deux zones de pénombre et de dissimulation, deux zones d'auto-émancipation aussi. Les liens entre marronnage et expérience queer sont aussi les moteurs d’un projet au long cours : le projet KAM, soit huit séries photographiques autour des mémoires de l’esclavage et de ses résistances dans les sociétés postcoloniales. Un projet qui, depuis son lancement en 2010, a déjà mené Nicola Lo Calzo des rivages de l’Afrique de l’Ouest aux périphéries de Port-au-Prince à Haïti, en passant par les Mornes de la Guadeloupe, les quartiers oubliés de la Nouvelle-Orléans, les rives du fleuve Maroni en Guyane ou encore les faubourgs de Santiago de Cuba.

    Depuis son arrivée à Paris en 2005, Nicola Lo Calzo photographie régulièrement son entourage, sa « queer family » : militant·es, activistes de la lutte contre le sida ou encore artistes du milieu de la nuit parisienne... Une famille choisie composée de destins communs et d’individualités très fortes. Ainsi est né le projet Lyannaj («faire lien, allier ou rallier» en créole) qui, à travers un prisme intersectionnel, donne à voir les pratiques de soin et de résistance qui s’organisent en région parisienne et en outre-mer.

    En 2021, Nicola Lo Calzo publie Binidittu (L'Artiere éditions), soit le résultat de trois ans d'enquête en Sicile sur l'histoire de Biniditttu, c'est ainsi qu'était surnommé l’ermite Saint Benoît le More, fils d’esclaves africains né en Sicile au XVIème siècle et canonisé en 1807, devenant ainsi le premier saint noir de l’Église Catholique. Ici, le Saint-Patron de Palerme permet à Nicola Lo Calzo de déployer une réflexion plus vaste sur l’accueil des migrants sur les côtes de «mare nostrum», la Méditerranée.

    Escale également à Sao-Tomé-et-Principe, cet archipel du golfe de Guinée réputé pour ses forêts tropicales, ses plages magnifiques, sa chaîne de volcans. Une « île du bout du monde » colonisée dès 1471 par les Portugais qui y ont mis en place une sorte de laboratoire de l’esclavage qui allait conduire à la déportation de millions d’Africains vers les Amériques. Aujourd’hui, à Sao-Tomé-et-Principe, se perpétuent des rites et des traditions théâtrales héritées des premiers colons qui avaient fait venir des comédiens européens pour distraire les esclaves du travail dans les plantations de canne à sucre. Le «tchiloli» et le «danço congo», des rites autant que des héritages immatériels complexes redécouverts à la faveur du mouvement de décolonisation et de l’obtention de l’indépendance par Sao Tomé, en 1975. Et c'est tout l'objet de l'enquête qu'y a mené Nicola Lo Calzo, à retrouver prochainement dans un livre intitulé Tragedia.

    En savoir plus :

    ► Le site web de Nicola Lo Calzo

    ► Faire un don à SOS Méditerranée.

  • Voyage immobile depuis les Vosges avec l'audio-naturaliste et artiste sonore Marc Namblard qui dévoile les trésors de sa sonothèque.

    «J'ai assez vite cherché le sens de ma vie au contact de la nature, qui m’a tôt semblé être la seule véritable palpitation du monde.»

    Quelques mots de l'audio-naturaliste et artiste sonore Marc Namblard qui, depuis trente ans, promène ses micros au cœur du monde sauvage en quête de sons et de rencontres élémentaires. De ses forêts vosgiennes à celles de l’Amazonie, de l’Alaska aux Cévennes, Marc Namblard nous entraîne dans un voyage aux confins du sensible… Tendez l’oreille ! Un reportage de Jeanne Lacaille.

    En savoir plus :

    Le site web de Marc Namblard L'Esprit des Lieux, un film sur Marc Namblard, de Stéphane Manchematin et Serge Steyer.
  • On part dans des mondes inexplorés, souvent méconnus avec le photographe et plongeur professionnel français, qui a consacré sa vie à capturer la fragilité, la force mais aussi la beauté des profondeurs.

    Depuis qu’il a appris à plonger tout jeune, Alexis Rosenfeld n’a eu de cesse de s’inventer des projets pour passer le plus de temps possible dans l’eau et y faire des images aussi fascinantes et magnétiques que le sont les fonds marins. Le dernier projet en date : « 1Ocean », une fondation créée en 2021, placée sous l’égide de l’Unesco, qui fait de lui le grand témoin des profondeurs. Pendant une décennie, ce projet le mène dans les mers et les océans du monde, du Pacifique à la Méditerranée en passant par la mer de Corail, pour des expéditions photographiques et scientifiques, dans le but de documenter les fonds marins pour mieux les protéger.

    Enfant de Jules Verne et disciple du commandant Cousteau, Alexis Rosenfeld sillonne la planète bleue, avec un regard résolument optimiste, enchanté et engagé. Et dans ses images, à travers son œil-bleu lui aussi, les coraux et les gorgones multicolores sont féériques, les bancs de poissons dansent avec la mer et des jeux de lumières révèlent sous l’eau des forêts profondes, magiques qu’on croirait tout droit sorties de l’enfance…

    Sauf que pour Alexis Rosenfeld, la mer est bien plus qu’un décor pour faire de belles images. Elle est une archive vivante du temps passé, le miroir de sa propre quête aussi ; une quête de beauté, de mystères et qui sait, de réponses dans une époque parfaitement déboussolée, même à 200 mètres de profondeur. Ainsi, sa démarche documentaire vise désormais à servir la science et à alerter sur la situation alarmante, souvent invisible voire, impensée, de l’état des océans, premières victimes des bouleversements climatiques en cours.

    « Rendre visible l’invisible, explorer l’inexploré », c’est le crédo de notre homme, bien conscient que si 20% de l’océan a été cartographié, seulement 5% a été jusque-là exploré. Tout reste à faire, à découvrir… et à protéger !

    En savoir plus :

    Sur la Fondation « 1Ocean » d’Alexis Rosenfeld avec l’Unesco Sur la grande migration du vivant ou « sardin run » d’Afrique du Sud que suit Alexis Rosenfeld sur plusieurs expéditions Sur la « découverte » de la vallée aux mille roses, récif corallien immense et en bonne santé de Polynésie. Une nouvelle et des images qui ont fait le tour du monde
  • Ces deux aventuriers iraniens ont entrepris dans les années 50-60, un improbable tour du monde, à moto d'abord à travers l'Asie, l'Océanie ou l'Amérique, puis en 2 CV sur le continent africain. Le récit de leurs dix ans de voyage, encore largement méconnu dans l'espace francophone, est enfin adapté et traduit en français.

    Téhéran, été 1954

    Issa et Abdullah Omidvar enfourchent leur moto Matchless et tracent un chemin de liberté et de fraternité à nul autre pareil, qui les conduira sur les pistes africaines, les routes sablonneuses de l'Australie ou les voies sinueuses du Tibet. Depuis trois ans, les deux frères préparent ce grand voyage, avec en tête l'idée de rencontrer, filmer et « étudier » les peuples les plus isolés de la planète. Dix ans plus tard, ils auront traversé près de 100 pays, vécu des mois auprès des Aborigènes, des Inuits du Grand Nord, des Pygmées ou d'ethnies reculées d'Amazonie, récoltant au passage de précieux témoignages (écrits, objets, photos et films) d'un monde particulièrement riche, parfois sans frontières, mais déjà secoué par un ordre mondialisé qui a la ferme intention de s'imposer partout. À leur retour en Iran, ils seront accueillis en héros. Leur voyage inédit est un exploit.

    Téhéran, années 2000

    Jean-Louis Ozsvath, un français passionné de voyages, découvre comme beaucoup, l'existence de ces deux Iraniens pionniers de l'exploration, à travers le musée qui leur est consacré à Téhéran, dans le palais de Saadabad, présenté comme le « premier musée d'ethnologie d'Iran ». Il découvre aussi le récit publié en anglais de ce tour du monde, écrit par Abdullah et Issa. Mieux, Jean-Louis Ozsvath apprend que les deux frères sont encore en vie et continuent de partager leurs souvenirs depuis l'Iran où vit Issa, et le Chili où s'est installé pour sa part Abdullah (jusqu'à sa mort récente à l'été 2022). Il entreprend alors de les rencontrer de Santiago à Téhéran, et d'adapter en français leur récit de voyage, encore totalement méconnu dans le monde francophone.

    Pendant leurs dix années passées sur les routes, les frères Omidvar n'ont pas fait que partager le quotidien des peuples qu'ils ont rencontrés. Ils les ont filmés, suivis longuement, cherchant à les comprendre, les connaître sans les préjugés coloniaux qui guidaient alors encore beaucoup d'Européens. Ils étaient Iraniens, leur rapport était différent, le regard neuf souvent, naïf parfois. Mais ce qui frappe en lisant leur récit publié aux éditions Névicata/Elytis, c'est à quel point les deux ethnographes et documentaristes iraniens nous alertent, à leur manière, sur la direction que prend le cours de l'histoire et du monde, dénonçant la surpopulation, la surexploitation des ressources naturelles et la disparition en marche de la richesse et de la diversité culturelle qu'incarnent les peuples premiers. Deux aventuriers pas banals qu'il faut donc suivre et à qui il faut aussi, enfin, rendre hommage.

    Une rencontre initialement diffusée en septembre 2022.

    À lire, à voir et écouter Le voyage des frères Omidvar : deux aventuriers iraniens à travers le monde d'Issa Omidvar, par Jean Louis Ozsvath. Éditions Nevicata Elytis Un article sur le musée des frères Omidvar et ce que cela dit de notre rapport au voyage, par l'autrice Lucie Azéma dans le Courrier International Quelques extraits en ligne des films des frères Omidvar, sous-titrés en anglais La musique enregistrée par frères Omidvar pendant leur tour du monde : Rahavard (2002). Disponible en ligne sur les plateformes audio.
  • Transhumance sonore en Soule, la plus sauvage des sept provinces du Pays basque. En quête d’un chant qui célèbre le sauvage et que seuls quelques bergers continuent de faire résonner dans les montagnes.

    Dans les hauteurs des Pyrénées Atlantiques, sur le côté français du Pays Basque, la province de la Soule ou Xiberoa est connue pour abriter un chant aussi fascinant que confidentiel : le basa ahaide. Ce chant ancestral, sans paroles, s’est transmis oralement et il traduit l’émotion du berger-chanteur face à la splendeur, la grandeur des éléments en altitude, quand il se retrouve seul, là-haut dans sa cabane ou cayolar après avoir transhumé à pied avec ses bêtes. Ce chant célèbre alors ces retrouvailles mais aussi une relation intime entre l’homme et son environnement, vivant, avec lequel il fait corps. Traditionnellement, il se dit que le basa ahaide se chante seul, en extérieur ; car la montagne, avec son écho puissant, chante le reste.

    Intriguée par ces chants du sauvage, Jeanne Lacaille est partie à la rencontre de bergers et de bergères qui continuent de partir avec des troupeaux en estive à la belle saison ; mais aussi des artistes souletins qui entretiennent, partagent ce répertoire du basa ahaide. Dans une terre de forêts, de gorges vertigineuses et de montagnes, où la vivacité de la culture pastorale fait la fierté de ses 13 000 habitant.e.s qui ne manquent jamais de célébrer en chansons leur langue, leur identité et leurs montagnes.

    Un voyage sonore de Jeanne Lacaille.

    En savoir plus :

    - Sur La Soule, l’une des provinces les plus sauvages du Pays basque

    - Sur Julen Achiary, artiste de basa ahaide et membre du quartet Haratago

    - Sur le festival Errobiko Festibala qui se tient à Itxassou du 18 au 21 juillet 2024.

  • Róise Mhic Ghrianna est une figure irlandaise qui a bercé les gens de son île, passionné les collecteurs de chansons traditionnelles pour inspirer aujourd’hui la jeune génération de musiciens irlandais. Flânerie sonore entre la capitale et son île située au large de la côte ouest de l’Irlande.

    On la surnommait la femme aux chansons : «Róise na Amhran» ou Rose la Rousse «Róise Rua». D’elle, il subsiste une voix gravée sur des enregistrements faits dans les années 50, des chansons traditionnelles irlandaises et une image restée célèbre en Irlande.

    Sur cette photo de 1953, Róise Mhic Ghrianna se plie à l’exercice de la pose, devant sa maison ; un cliché pris à l’occasion d’une collecte de la National Folklore Commission, une organisation commissionnée par l'État irlandais pour recueillir le patrimoine oral, soit des dizaines de chants en gaélique et en anglais ici interprétés par Róise.

    Née en 1879 et décédée en 1964, cette figure féminine a su résister au temps, à la disparition de la société rurale et d’une certaine tradition orale chantée là-bas. Aujourd’hui sur l’île d’Árainn Mhór, petit bout de terre aux falaises aussi abruptes que sauvages, on célèbre la mémoire de la femme aux chansons. Et dans les «Sessions» du pub de Dublin «The Cobblestone», on perpétue et revisite l’héritage de ces récits intimes et collectifs chantés.

    Un voyage sonore d’Anne Girard Esposito, avec à la prise de son Guillaume Beauron.

    En savoir plus :

    - Le Festival Róise Rua sur l’île d’Árainn Mhór dans le Donegal

    - La National Folklore Commission

    - Le groupe de Brian Mac Gloinn «Ye Vagabonds», fer de lance du renouveau folk en Irlande

    - Les sessions du pub de Dublin The Cobbelstone.