Folgen
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Entre l'Est et l'Ouest, entre héritages post-communistes et ambitions européennes, la Roumanie est un pays à la croisée des chemins. Depuis son entrée dans l'Union européenne en 2007, elle a profondément transformé ses institutions, son économie, et sa diplomatie. Ancrée dans l’espace euro-atlantique, elle reste pourtant attentive aux équilibres régionaux et aux pressions géopolitiques, qu'elles viennent de Moscou, de Washington, ou plus récemment de Pékin.
Comment la Roumanie s’affirme-t-elle dans un environnement régional instable, entre la guerre en Ukraine, les tensions dans les Balkans, et les recompositions du monde multipolaire ?
Émission enregistrée depuis Bucarest.
Invités :
Alison Mutler, directrice du site web «Universul.net» Cristian Preda, professeur de Sciences politiques à l'Université de Bucarest. Ancien député européen Cristian Pirvulescu, politologue, professeur à la Faculté de Sciences politiques, École Nationale des Études Politiques et d'administration de Bucarest. Membre du Comité Économique et Social Européen à Bruxelles. -
La Pologne s’apprête à élire son président dans un contexte politique, social et géopolitique particulièrement chargé... Depuis plusieurs années, ce pays de 35 millions d’habitants joue un rôle-clé au sein de l’Union européenne, tant par sa position stratégique à l’est du continent que par ses choix politiques souvent clivants. La présidence sortante a été marquée par des tensions autour de l’État de droit, de l’indépendance de la justice et de la place des médias.
À l’international, la guerre en Ukraine a renforcé le rôle de la Pologne comme acteur central du flanc oriental de l’OTAN, mais a aussi exacerbé certaines contradictions internes. Alors que le parti conservateur au pouvoir cherche à maintenir son influence et que l’opposition espère capitaliser sur les récentes mobilisations démocratiques, le scrutin s’annonce décisif pour l’avenir de la démocratie polonaise, son rôle en Europe et sa position sur l’échiquier mondial. L’enjeu de politique intérieure est fondamentalement lié à la trajectoire démocratique du pays, ce qui fait de ce scrutin un test crucial. Regard avec nos deux invités qui sont au téléphone depuis Varsovie.
Pierre Buhler, ancien ambassadeur de France en Pologne de 2012 à 2016. Enseignant de Relations Internationales à Sciences Po. Dernier ouvrage « Pologne. Histoire d’une ambition », éd. Tallandier Jacques Rupnik, politologue, directeur de Recherche au CERI de Sciences Po. Spécialiste des pays d’Europe Centrale et Orientale. -
Fehlende Folgen?
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Plus d’un siècle s’est écoulé depuis le début du mandat britannique sur la Palestine, en 1922. La Palestine est depuis au cœur d’une rivalité entre Juifs et Arabes qui nourrit un conflit sans fin, le plus long conflit contemporain. Un siècle jalonné de guerres terribles et qui est aussi celui d’une histoire palestinienne. Une histoire de dépossession, de lutte, de ségrégation et d’une souveraineté rendue impossible.
La question palestinienne demeure l’un des dossiers les plus sensibles et les plus complexes de la scène internationale.
Entre exil, occupation, négociations avortées, résistances et divisions internes, les Palestiniens incarnent aujourd’hui l’une des dernières grandes causes nationales sans État. Dans ce contexte de blocage, l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a constitué un séisme majeur. Elle a révélé la nature criminelle du Hamas et entraîné des représailles massives d’Israël. Le Hamas a agi au mépris de la population gazaouie et les victimes innocentes se comptent en dizaines de milliers de morts.
Gaza vit une tragédie humaine sans précédent et le massacre du 7-Octobre a nourri une haine réciproque qui représente aujourd’hui un obstacle majeur à toute résolution pacifique de la question israélo-palestinienne, tant les extrémistes des deux camps se trouvent confortés par la situation actuelle. Chacun semble désormais convaincu que la coexistence est impossible. Regard sur la place de la question palestinienne aujourd’hui dans le monde arabe et dans les équilibres géopolitiques mondiaux. Quel avenir pour les Palestiniens ?
Invités :
Sabine Jansen, rédactrice en chef de Questions internationales, Professeure de relations internationales au CNAM et chercheuse associée à Paris Cité Henri Laurens, historien, professeur au Collège de France où il occupe la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe. Auteur de nombreux ouvrages dont La question de la Palestine en cinq volumes chez Fayard Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des Universités, président de l’IREMMO, Institut de recherche et d’études méditerranée Moyen-Orient.Édition en partenariat avec la revue Questions internationales « Les Palestiniens. Une nation en quête d’État ».
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Discours et actes violents transforment la scène internationale : invasion de l’Ukraine et menaces nucléaires par la Russie, manœuvres militaires chinoises autour de Taïwan, attaque contre Israël le 7 octobre 2023 suivie de la destruction de Gaza par l’État hébreu. Les efforts de paix et de dialogue semblent impuissants face à la brutalité du monde.
Une violence qui paraît bien porter la marque d’une nouvelle ère, celle des hommes forts qui le pari du fait accompli plutôt que de la concertation. Convaincus de la faiblesse des démocraties libérales, leur stratégie est celle de l’intimidation.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la liste des États et des peuples offensés, intimidés ou stigmatisés par le président et son équipe ne cesse de s’allonger. Ukraine – encore elle – Canada, Groenland, Danemark, Royaume-Uni, Union européenne dénoncée par Trump comme un projet commercial antiaméricain, Égypte et Jordanie sommées d’accueillir deux millions de Palestiniens. Donald Trump est insatiable. Mais il n’est pas le seul.
Sur un autre registre, les efforts de Pékin pour contrôler sa diaspora ne datent pas d’hier, mais ont tendance à se renforcer. Les exemples d’intimidation sont légion du Proche-Orient à l’Asie, du retour de Donald Trump aux provocations nord-coréennes. Le panorama est inquiétant à l’image des dynamiques internationales.
Invité : Frédéric Charillon, professeur des universités, co-directeur du centre Géopolitique, défense et leadership à l’Essec. Auteur de Géopolitique de l'intimidation. Seuls face à la guerre, éd. Odile Jacob.
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Il y a cinquante ans, entre 1975 et 1979, le Cambodge sombrait dans l’un des épisodes les plus tragiques du XXe siècle : le génocide perpétré par les combattants communistes cambodgiens, les Khmers rouges, sous la direction de Pol Pot, soutenus par leurs alliés vietnamiens, et pas seulement eux.
En moins de quatre ans que dura cette révolution maoïste devenue totalitaire, génocidaire et ultranationaliste, près de deux millions de personnes – un quart de la population – ont péri, victimes d’exécutions, de famine, de travaux forcés ou de purges idéologiques. Le 17 avril, c’est la date choisie par le président chinois Xi pour fouler le sol cambodgien dans le cadre de sa toute récente tournée en Asie du Sud-Est. Le 17 avril marquant le jour anniversaire de l’entrée des Khmers rouges dans Phnom Penh et le début de leur campagne agraire de terreur appuyée par le Parti communiste chinois.
L’étape cambodgienne du président chinois a été l’occasion de la signature de 37 accords, couvrant des domaines tels que les infrastructures, la santé et la finance. La coopération militaire a par ailleurs été renforcée, notamment avec l’expansion des infrastructures de la base navale de Ream, suscitant des interrogations quant à une éventuelle utilisation militaire chinoise. Plus grand partenaire commercial du Cambodge, la Chine est le premier investisseur étranger dans le pays et détient plus du tiers de la dette extérieure cambodgienne, soit 11 milliards de dollars. Phnom Penh compte aussi parmi les soutiens les plus fiables de Pékin en Asie.
Pays très dépendant de l’aide étrangère, le Cambodge a vécu comme un très rude choc la fermeture par Donald Trump des programmes de l’USAID sans compter l’impact des barrières douanières. Les États-Unis étant le plus grand marché pour les exportations cambodgiennes. Regard sur les défis de ce petit État de 17 millions d’habitants pris en tenaille entre ses deux grands voisins vietnamien et thaïlandais, surplombé par le géant chinois.
Invités :
Marie-Sybille de Vienne, professeure émérite à l’Inalco, membre de l’Académie des sciences d’Outre-Mer, directrice de la revue Péninsule. Anne Yvonne Guillou, anthropologue, directrice de recherche au CNRS, en poste au Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative à l’Université Paris Nanterre. Auteure de Puissance des lieux, présence des morts. Sur les traces du génocide khmer rouge au Cambodge, éd. Société d’ethnologie. Co-rédactrice en chef de la revue Mousson. Raul-Marc Jennar, docteur en science politique et en études khmères de l’Inalco, conseiller diplomatique du ministre cambodgien des Affaires étrangères, auteur de La Politique étrangère du Cambodge, éditions Yu Feng.À lire aussiIl y a 50 ans, la chute de Phnom Penh et l'ascension des Khmers rouges
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Retour aux urnes dimanche pour les Roumains, cinq mois après le choc de la présidentielle annulée. Le candidat surprise d’extrême droite a entretemps été exclu de la course et un nouvel acteur s’est immiscé, en la personne de George Simion, un autre leader de l’extrême droite roumaine, très critique de Bruxelles.
Un fan de Trump et une star des réseaux sociaux dont les principaux rivaux sont deux candidats pro-européens : le maire de Bucarest, Nicusor Dan et le candidat de la coalition au pouvoir, Crin Antonescu. L’élection du président roumain est scrutée de près à l’ouest du continent européen, alors que la Roumanie, pays membre de l’UE est devenue un pilier essentiel de l’Otan depuis l’invasion russe de l’Ukraine voisine. Scrutée de près également par les États-Unis qui n’ont pas hésité à exercer des pressions indirectes qui ont beaucoup agité la campagne. Les États-Unis qui disposent de quelque 1 700 soldats américains sur le sol roumain. Jusqu’ici résolument pro-occidentale, la Roumanie fait face à une percée de forces politiques favorables aux intérêts de Moscou et soutenues par l’administration Trump. Le pays est stratégique, qui borde l’Ukraine et la mer Noire.
Invités :
Catherine Durandin, professeur émérite des Universités, historienne Florentin Cassonnet, journaliste, Courrier des Balkans Laurentiu Mihu, journaliste, Universul.net -
Avec le retour de Donald Trump, l’Europe éprouve un mélange ambigu d’admiration et de méfiance envers Washington. Toujours séduit par le dynamisme et l’esprit d’innovation des États-Unis, le Vieux Continent n’en redoute pas moins leurs ambitions géopolitiques et semble s’apprêter à prendre pour de bon ses distances avec l’Oncle Sam.
L’imposition par l’administration Trump de droits de douane sur les produits européens et les menaces de nouvelles guerres commerciales sont en train de déstabiliser les économies du continent qui reconsidèrent leur dépendance au marché américain et explorent d’autres partenariats. Alors que la croissance mondiale est revue en forte baisse, la zone euro semble moins affectée. Au-delà, l’unité de l’OTAN est mise à rude épreuve poussant l’Europe vers la mise en œuvre d’une plus grande autonomie de défense. Reste que l’adhésion enthousiaste de certains dirigeants européens aux politiques nationalistes de Trump contrastant fortement avec le scepticisme et l’inquiétude des autres mettent en évidence des divisions. Que peuvent faire les Européens face à Trump et laissés seuls face à Poutine ?
Invités :
Françoise Thom, historienne, soviétologue, maîtresse de conférences émérite à la Sorbonne Université Alix Frangeul-Alves, coordinatrice de programmes, Risques géopolitiques et stratégie à la German Marshall Fund of the United States Guillaume Duval, conseiller auprès de l’Institut Jacques Delors. Ancien speechwriter de Josep Borrell, Haut Représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. -
Dans la continuité du slogan Make America Great Again, Donald Trump se place en rupture avec les grands axes de la diplomatie des États-Unis. Sa présidence est porteuse de grands défis pour le monde tant elle est pour le moins disruptive. Le président américain en déplacement au Vatican, ce samedi, pour les obsèques du pape François, termine les 100 premiers jours de son second mandat, pied au plancher mais qu’il pourrait être contraint de lever.
Religion, immigration ou diplomatie, il a multiplié les déclarations chocs, les annonces fracassantes et les revirements subits. De sa volonté de prendre le contrôle de la bande de Gaza pour en faire la Riviera du Moyen-Orient, d’annexer le Groenland pour ses terres rares, du Canada pour l’intégrer comme le 51è État américain qualifiant au passage la frontière avec le voisin du Nord de « ligne artificielle », du canal de Panama… aux attaques à l’encontre du président ukrainien qualifié de « dictateur sans élection » en passant par les pourparlers avec Moscou tout en contournant les Européens et avec la volonté de renverser la table. Et parce qu’il le peut, il le fait. Depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain peine pourtant à résoudre les deux conflits dans lesquels il s’est investi. Ukraine et Moyen-Orient et a allumé une guerre commerciale prioritairement dirigée contre la Chine.
Quels contre-pouvoirs s’il y en a? L’instabilité américaine donne t elle de l’espace à l’influence chinoise ? Une désescalade est-elle en vue?
Invités :
Agnès Levallois, vice-présidente de l’IREMMO et chargée de cours à Sciences Po. Auteure du « Livre noir de Gaza », éditions du Seuil Paul Charon, directeur du domaine « Renseignement ; anticipation et stratégies d’influence » à l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire, l’IRSEM Philip Golub, Professeur de Relations internationales à l’Université Américaine de Paris Alain Roy, écrivain, éditeur et traducteur. Directeur de la revue « L’Inconvénient ». Dernier livre : « Le cas Trump. Portrait d’un imposteur », éditions Ecosociété. -
Le domaine spatial connaît d’importantes transformations, quantitatives et qualitatives. On n’a jamais eu autant de satellites en orbite et les lancements spatiaux connaissent une accélération sans précédent. Au-delà, on assiste à des changements profonds, politiques et technologiques. De nouveaux industriels ont investi le secteur spatial - et y ont investi - et certains d’entre eux prennent aujourd’hui un véritable rôle politique. Le phénomène est également plus profond avec cette nouvelle manière qu’ont les principales puissances spatiales « d’habiter » l’espace. C’est le cas pour les gigantesques infrastructures satellitaires que des acteurs privés surpuissants commencent à déployer et qui témoignent d’une tendance grandissante à l’industrialisation.
Il y a aussi des programmes d’exploration habitée de retour sur la Lune ou sur Mars qui visent une expansion durable et ajoutent à l’effervescence d’un tissu industriel en pleine recomposition. L’activité militaire n’est pas en reste et connait une forte intensification. On y voit les États dominants transformer leurs manières d’agir et contribuer à modifier la donne. Quelles conséquences sur les règles du jeu spatial ? En quoi les équilibres mondiaux sont-ils bouleversés ?
► Invité :
Xavier Pasco, Directeur de la Fondation pour la Recherche Stratégique. Spécialiste mondial des questions spatiales civiles et militaires. Membre élu de l’Académie internationale d’astronautique. La ruée vers l’espace. Nouveaux enjeux géopolitiques aux éditions Tallandier. -
La présidence Trump a des conséquences importantes en matière de défense pour l’Europe. Bien que le Président américain soit finalement revenu sur ses propos affirmant que l’Otan n'était en fait plus obsolète, Donald Trump n’a de cesse de critiquer le financement de l’organisation et plus largement le manque d’investissement des pays européens dans leur défense. La fragilisation de la relation transatlantique est là. Fragile aussi la cohésion des pays membres de l’OTAN.
L’Europe doit composer avec une présidence Trump qui s’annonce comme un défi encore plus significatif que la première. La guerre qui fait rage depuis 2022 en Ukraine confirme la fragilité de l’Europe face aux nouvelles ambitions russes. La proximité affichée par Donald Trump avec les dictateurs ou les autocrates et son manque d’intérêt assumé pour les valeurs démocratiques et les droits de l’homme ne peuvent qu’aggraver l’inquiétude des Européens. Une inquiétude largement alimentée par l’incertitude quant aux politiques tant des États-Unis que de la Russie, qui donne toute priorité aux questions stratégiques.
► Invités :
Nicole Gnesotto, Vice-présidente de l’Institut Jacques Delors. Professeure émérite du CNAM. Choisir l’avenir. 10 réponses sur le monde qui vient - CNRS éditions Michel Duclos, ancien ambassadeur. Conseiller Géopolitique de l’Institut Montaigne. Diplomatie française - Alpha essai -
L’exposition universelle d’Osaka 2025 a ouvert ses portes ce 13 avril pour une durée de six mois. À l’heure où les équilibres géopolitiques vacillent en Asie, où les barrières douanières se redressent aux portes des États-Unis, le Japon ouvre les bras au monde entier pour dessiner les contours de la société de demain. Que peut une exposition universelle face aux incertitudes géopolitiques ?
À une époque où certains États utilisent la force pour changer le statu quo et où le leadership américain apparait moins prévisible, le Japon s’impose comme un acteur majeur de la région Indo-Pacifique et de la nouvelle géopolitique mondiale. Discrète, Tokyo contribue pleinement à la dynamique des relations internationales contemporaines, forte d’une diplomatie d’influence centrée sur les valeurs libérales, la coopération entre États et le respect du droit international. Un soft power qui n’empêche pas la renaissance d’un certain militarisme. Quelle place pour le Japon dans la région Indo-Pacifique ? Quel rôle pour Tokyo dans la préservation des grands équilibres du monde actuel ? Quels défis face aux attaques à la fois de la Chine, de la Russie et des États-Unis… sans compter la Corée du Nord qui n’est pas loin ?
Invités :
Valérie Niquet, directrice du programme Japon à la Fondation pour la recherche stratégique, autrice de Le Japon en 100 questions Guibourg Delamotte, professeure de science politique à l’Inalco, spécialiste du Japon, autrice de La démocratie au Japon (ENS éditions) et Le Japon, un leader discret (Éd. Eyrolles) Robert Dujarric, codirecteur de l’Institute of Contemporary Asian Studies (ICAS) à Temple University JapanÉdition en partenariat avec la Revue internationale et stratégique : « Le Japon et les métamorphoses de la puissance ».
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Semaine plutôt folle sur le terrain des barrières douanières. Après l’annonce par Donald Trump d’un gel de 90 jours des taxes à l’importation qu’il venait d’imposer à une soixantaine de pays et partenaires, mais du maintien de celles imposées à la Chine, qu’il a au passage relevées à 125%, Pékin a appelé au compromis, ouvrant la porte à des négociations. Un revirement inattendu du président américain. La Chine de son côté annonce vouloir se battre jusqu’au bout tout en souhaitant un dialogue mené sur un « pied d’égalité et basé sur le respect mutuel ». C’est essentiellement sur le terrain de Xi Jinping que la bataille planétaire engagée par Donald Trump se joue. Les leviers de Pékin ne manquent pas, à commencer par les terres rares sur lesquelles la Chine s’est assurée une mainmise de la production.
La Chine est entrée dans le nouvel âge de « MAGA », « Make America Great Again », en étant plus forte que lors du premier mandat de Donald Trump. Le rapport de force est à un niveau élevé.
Invités :
Mathieu Duchatel, directeur des Études internationales de l’Institut Montaigne, spécialiste de la sécurité économique et des questions stratégiques en Asie orientale. Jean-François Huchet, président de l’Inalco, professeur des universités. -
L’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, a suscité une onde de choc en Turquie et à l’international. Accusé de corruption et de soutien au terrorisme, le principal rival politique du président Erdogan a été incarcéré le 23 mars 2025, déclenchant des manifestations massives à travers le pays.
Cet évènement soulève des questions cruciales sur le calendrier de cette arrestation, l’état de la démocratie en Turquie, les motivations du président Erdogan et la capacité de l’opposition à maintenir la pression sur le gouvernement.
Erdogan est au pouvoir depuis 22 ans et œuvre à l’érosion de la démocratie turque alors que la Turquie était jusqu’à présent un pays où l’opposition pouvait gagner des élections. Ce n’est plus le cas.
L’arrestation d’Ekrem Imamoglu marque un tournant, tandis que l’Europe est occupée par l’Ukraine et ses difficultés avec Donald Trump. Ankara défend Kiev sans rompre avec Moscou. Stratégie qui lui confère une position unique. La Turquie est ainsi une alliée majeure et incontournable pour l’Europe, face au désengagement américain. L’armée turque, la deuxième plus importante de l’OTAN est plus vitale que jamais et Erdogan a bien compris que sa fuite en avant autoritaire ne mobiliserait pas les foules en dehors de la Turquie.
Invités :
Dorothée Schmid, directrice du Programme Turquie/Moyen-Orient à l’IFRI. Ahmet Insel, ancien professeur à l’Université Galatasaray. Éditeur et chroniqueur. -
Plus de 70 jours que Donald Trump est à la Maison Blanche. On assiste à un basculement géopolitique depuis le début de sa mandature avec des conséquences importantes sur les relations internationales construites depuis la guerre. Sur le plan intérieur, affaiblissement des contre-pouvoirs : Congrès, justice, presse… L’essence démocratique du système politique américain apparait menacée.
Le regard d'un Américain.
Stephen Dreyfuss est notre invité. Avocat américain, ancien procureur à New York, ancien président de la Chambre de commerce franco-américaine à NY et ancien président de l’Union Internationale des Avocats. -
L’Europe fait face à une situation géopolitique inédite, marquée par l’incertitude entourant la politique américaine et l’agressivité russe. La guerre en Ukraine a poussé les Européens à renforcer leurs capacités de défense, mais des interrogations demeurent sur leur capacité à structurer une stratégie commune.
Les Européens ont compris que les États-Unis ne sont plus un allié fiable pour assurer la défense de l’Europe. Une diplomatie de la force se met en place avec des menaces économiques réelles via des taxes sur les produits que les Européens exportent vers les États-Unis. Un double basculement est intervenu, idéologique et économique. La guerre n’est plus un objet lointain. Elle devient un possible. L’inquiétude prédomine désormais en Europe. Inquiétude, mais aussi indignation d’une certaine manière. Indignation et également colère. L’attitude du président américain constitue un tournant. La géopolitique mondiale est en pleine recomposition.
Invité :
Thierry de Montbrial, fondateur et président de l'IFRI.
« L’ère des affrontements. Les grands tournants géopolitiques. Comment en est-on arrivé là ? » éditions Dunod.
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Avec 1,45 milliard d’habitants, l’Inde est désormais devant la Chine le pays le plus peuplé de la planète et, à la différence de celle-ci, continue de voir sa population augmenter. L’Inde est, par ailleurs, la cinquième puissance économique mondiale.
Narendra Modi, le très autoritaire et nationaliste dirigeant indien s’est fixé comme objectif de faire de l’Inde la 3è économie mondiale à l’horizon 2030 et d’en faire un pays développé d’ici à 2047, qui correspondra au centenaire de l’indépendance du pays.
Le 14 février 2025, Narendra Modi rencontrait Donald Trump à Washington. Deux semaines plus tard, Ursula von der Leyen était reçue à New Delhi. Longtemps l’Inde s’est méfiée de l’Union européenne. New Delhi préférait négocier en bilatéral avec Paris ou Berlin, plutôt qu’avec Bruxelles. Mais les temps ont changé pour le géant asiatique comme pour l’Europe, chamboulée par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Les deux blocs partagent la même faiblesse, leur dépendance à la Chine. La présidente de la Commission européenne s’est engagée avec le Premier ministre indien à finaliser un accord de libre-échange d’ici à la fin de l’année et à diversifier la coopération en l’ouvrant sur la sécurité et la défense. La Commission espère trouver dans le marché indien de nouveaux débouchés, notamment pour les voitures, les produits agricoles, le vin et les spiritueux. Une ère nouvelle est-elle en train de s’enclencher entre l’Inde et l’UE alors que l’Europe est le premier partenaire commercial de l’Inde devant les États-Unis et la Chine ? L’Inde reste un pays ultra-protectionniste. Le contexte international donnera-t-il le coup de pouce nécessaire pour dépasser les blocages ?
Invités :
Christophe Jaffrelot, expert associé à l’Institut Montaigne. Directeur de recherche au CNRS et au CERI de Sciences Po. Également professeur de politique et sociologie indiennes au King’s India Institute de Londres.Co-auteur de « Les défis du Make in India » et « Les dynamiques régionales contrastées de l’Inde ». Institut Montaigne.
Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au CNRS. Chercheur senior à Asia Centre. -
Oubliée en Syrie, l’euphorie qui avait suivi la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, après 13 ans de guerre civile. Début mars 2025, près de 1 500 personnes, ont été tuées en quelques jours dans l’ouest du pays. Des violences déclenchées par une attaque de partisans du clan Assad contre les forces de sécurité ou groupes alliés.
S’en sont suivies des représailles aveugles : un millier de civils majoritairement alaouites ont été victimes d’exécutions sommaires. Les vidéos des exactions ont choqué les Syriens qui voulaient croire à l’apaisement et l’unité nationale promis par Ahmed al-Charaa, djihadiste repenti d’al-Qaïda, chef du groupe islamiste sunnite radical HTC (Hayat Tahrir Al Cham), devenu président par intérim de la Syrie.
Alors la transition en Syrie est-elle menacée ? Faut-il craindre un nouvel embrasement du pays ? Ahmed al-Charaa est-il capable de cimenter une Syrie ruinée, morcelée en communautés ? Saura-t-il contrôler les plus radicaux de ses partisans et calmer la soif de revanche des loyalistes pro-Assad ?
Le mouvement HTC au pouvoir depuis 3 mois s’est-il vraiment déradicalisé, ou est-ce une stratégie pour séduire les Occidentaux ? Quelle place la Syrie veut-elle occuper sur l’échiquier régional et quelle est sa politique vis-à-vis des grandes puissances ? Faut-il plus que jamais soutenir la transition en Syrie ou rester circonspect ?
Avec
- Hala Kodmani, Franco-syrienne, grand reporter au journal Libération, a publié en 2017 « Seule dans Raqqa », aux Équateurs
- Aghiad Ghanem, chercheur franco-syrien, docteur en Relations internationales et enseignant à Sciences-Po Paris, spécialiste des alaouites
- Anthony Samrani, co-rédacteur en chef du quotidien libanais L’Orient le Jour, a publié dans la collection Tracts de Gallimard « Vu du Liban, la fin d’un pays, la fin d’un monde ? ».
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Qui aurait pu prédire qu’en 2025, le vieil adage « Si tu veux la paix, prépare la guerre » deviendrait d’une actualité brûlante ? Il n’aura fallu que quelques semaines à Donald Trump pour provoquer un basculement de l’ordre mondial : guerre commerciale tous azimuts, fin annoncée du parapluie américain qui protégeait l’Europe depuis 1945, humiliation sidérante de Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale de la Maison Blanche et alignement de Trump sur le discours du Kremlin…
Un séisme pour les Européens qui prennent brutalement conscience de leur vulnérabilité face à la menace russe. Depuis, les 27 travaillent à la mise sur pied d’une Europe de la défense et planchent sur l’envoi de forces en Ukraine pour garantir la paix et la sécurité... Tandis que les pourparlers de Donald Trump avec Kiev et Moscou pour obtenir un cessez-le-feu s’éternisent, Vladimir Poutine préférant jouer la montre…
La Russie représente-t-elle vraiment une menace existentielle pour les pays européens ? Les États-Unis sont-ils désormais nos adversaires ? L’OTAN est-elle condamnée à disparaître ? Comment répondre à la volonté d’hégémonie américaine proclamée par Donald Trump ? Quelle place pour la diplomatie quand la loi du plus fort, de l’Ukraine à Gaza l’emporte sur le droit international et le respect des droits humains ?
Avec
- Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales, professeur émérite à Sciences Po Paris et enseignant-chercheur associé au CERI, le Centre d’études et de recherches internationales, a publié en 2024 « L'art de la paix » chez Flammarion
- Christine Dugoin-Clément, analyste en géopolitique, spécialiste de la Russie, auteure de «Géopolitique de l’ingérence russe : la stratégie du chaos», aux Éditions PUF (2025)
- Pierre Servent, docteur en Histoire, spécialiste des questions de défense et de géopolitique, a publié «Le monde de demain. Comprendre les conséquences planétaires de l'onde de choc ukrainienne», chez Robert Laffont (2022).
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Depuis juillet 2024, les relations entre la France et l’Algérie n’ont cessé de s’envenimer : c’est la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental qui a mis le feu aux poudres ; une décision perçue comme une provocation par Alger, soutien historique du Front Polisario.
La crise diplomatique s’est aggravée mi-novembre avec l’arrestation à l’aéroport d’Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, accusé d’atteinte à l’intégrité nationale.
Ces dernières semaines, le ton est encore monté d’un cran entre les 2 pays après le refus de l’Algérie de réadmettre sur son sol un certain nombre de ses ressortissants que la France souhaitait expulser.
Paris menace désormais Alger de remettre en cause l’accord bilatéral de 1968 qui régit les conditions de circulation, de séjour et d’emploi des Algériens en France.
De son côté, Alger rend Paris responsable de l’escalade et promet une réciprocité stricte et immédiate à chaque refus de visas.
Jusqu’où peut aller cette nouvelle crise diplomatique entre l’Algérie et la France ? Le travail mémoriel censé panser les plaies toujours à vif de la colonisation reprendra-t-il un jour ? La coopération sécuritaire est-elle menacée ? L’Algérie va-t-elle chercher à renforcer ses liens avec d’autres puissances, en réponse aux tensions avec Paris ? Quels gestes concrets pourraient être faits de chaque côté de la Méditerranée pour ramener un peu de sérénité ?
Trois invités :
- Benjamin Stora, historien, spécialiste de l’Algérie, co-auteur avec Nicolas Le Scanff de la bande dessinée « Les Algériens en France. Une histoire de générations » (éditions la Découverte).
- Khadija Mohsen-Finan, politologue spécialiste du Maghreb et du monde arabe, chercheure associée à l’Université de Paris 1 - Panthéon Sorbonne (Laboratoire SIRICE), co-autrice avec Pierre Vermeren, de « Dissidents du Maghreb » aux éditions Belin
- Emmanuel Alcaraz, agrégé et docteur en Histoire, chercheur associé à Mesopolhis (Sciences-Po Aix), a publié en 2024 « France-Algérie, de tragédies en espérance » chez Golias Édition et a co-dirigé « L'Afrique du Nord en mouvement, entre mobilisations populaires et restauration autoritaire », ouvrage à paraître aux éditions du Croquant.
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Réélu président des USA, Donald Trump réaffirmait en janvier dernier (2025) qu’il voulait reprendre le canal de Panama, qui relie les océans Atlantique et Pacifique à travers ce petit pays d’Amérique centrale. Ledit canal appartient au Panama depuis 1999 et il continue d’obséder l’Amérique. (Rediffusion)
Interrogé sur la possibilité d’employer l’armée pour annexer cette artère vitale du transport maritime mondial, le chef de la Maison Blanche a répondu qu’il ne pouvait pas assurer qu’il ne le ferait pas. Construit par les Américains, ce qui entretient à leurs yeux leur légitimité, le canal s’inscrit dans la doctrine Monroe, selon laquelle les États-Unis ont une forme de pré-carré, de contrôle sur l’Amérique latine. La crise générée par Trump sur le Panama ne manquera pas d’avoir des implications largement plus importantes en Amérique latine.
Invités :
Virginie Saliou, chercheuse en sécurité maritime à l’IRSEM, Institut de Recherche stratégique de l’École Militaire et titulaire de la chaire mers, maritimités et maritimisation du monde de Sciences Po Rennes Par téléphone, Frédéric Lasserre, professeur de Géographie politique à l’Université Laval au Québec et titulaire de la Chaire de recherches en Études indo-pacifiques Depuis les studios de nos confrères d’ICI Tours, Kevin Parthenay, professeur des Universités en Sciences politiques et membre de l’Institut Universitaire de France.À lire aussiLe canal de Panama: les enjeux réels et symboliques d'un lieu de pouvoir
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