Folgen
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Je ne connais pas toutes les villes mais de celles que je connais, Londres est la quintessence, comme on dit dans La vie rêvée de Walter Mitty. Non pas la plus belle (encore que), non pas la plus grande (même si), pas forcément la plus dépaysante et encore moins la plus agréable mais de loin la plus urbaine, la plus profondément, la plus radicalement, la plus intrinsèquement urbaine.
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C'est étrange, c'est paradoxal, c'est irrationnel mais c'est ainsi : nous autres, êtres humains, avons envie et sans doute même besoin de respirer, de sortir de ce que nous connaissons, même quand nous l'aimons, de voir ailleurs. Nous sommes cet animal qui migre.
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Fehlende Folgen?
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La grande force (et la grande faiblesse) des IA génératives est en effet de partager avec nous (nous : êtres humains plutôt blancs et masculins vivant au XXIeme siècle dans les pays riches du nord et de l'Occident) une immense épaisseur de connaissances, de références culturelles, de préjugés, de biais, de fantasmes, d'idées toutes faites, de lieux communs : tout un ensemble idéologique (cela soit dit sans aucun jugement) que nous avons en commun avec elles, et qui leur permet de comprendre en très peu de mots ce que nous voulons qu'elles représentent.
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Bordélique : magnifiquement et malicieusement bordélique et insaisissable, méditerranéenne et anarchique, presque grecque et athénienne ; telle est Marseille, cité selon mon coeur.
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Que Copilot ne sache pas faire de schéma, je le conçois ; ce qui stupéfie, c'est qu'il en fasse quand même ; et ce qui est prodigieusement intéressant, c'est que son approche des schémas étant purement graphique, le souci sémantique est en totalement absent. L'objectif de l'IA n'est pas ici de produire un schéma qui ait du sens, c'est de produire un schéma qui ressemble à un schéma ; et c'est pourquoi les mots, les cases, les flux sont totalement interchangeables : ils ne représentent rien. Ou pour dire les choses autrement, les deux hémisphères du réseau neuronal qui coopèrent chez les humains sont ici déconnectés l'un de l'autre ; et de cette déconnexion naissent des monstres.
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Voici plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être, que circule sur les réseaux sociaux, à l'appui d'une citation sur le mensonge elle-même sujette à caution, une photo fausse d'Hannah Arendt. Au lieu du visage nerveux, alerte, un peu inquiet de la philosophe, on a le portrait d'une jeune femme élégante ; élégante, paisible et souriante, très propre sur elle avec son tailleur et son collier de perles : la fiancée ou la bru idéale.
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L'IA n'a pas d'accès à la réalité et ne dispose donc d'aucun moyen de vérifier par elle-même la véracité de ses prédictions ou créations, qui ne sont, vues d'elle, que des productions probabilistes, des vraisemblances, le niveau de vraisemblance étant fonction du degré de corrélation existant entre les données. Et l'IA ne connaît que cela : non pas la vérité mais la vraisemblance.
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Nous errons, troupeau divagant à travers les places et les boulevards, les cafés et les brasseries, les théâtres, les salles de spectacle, cherchant la lumière et le bruit mais comme nous le ferions de phares : non pour en être constamment illuminés, pour substituer le jour à la nuit, mais pour, restant dans l'ombre, dans cette obscurité un peu canaille que nous aimons aussi, en être parfois brièvement éclairés, éclairés et rassurés.
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Ligne douce
Bordée de la splendeur des cils,
Ligne douce que brode
L'entrecroisement des cils. -
C'est comme si l'intelligence artificielle était douée, voire très douée, en matière de créativité locale, d'instruction approfondie d'une consigne ou d'un jeu de consignes donné, mais très démunie dès lors qu'il s'agit d'élargir le champ, de voir plus loin et plus divers, d'ajouter des dimensions et de l'épaisseur, du lien, de l'inédit.
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Se mettre dans la peau d'une personne, c'est tenter l'expérience d'un lâcher-prise total durant lequel on se fie entièrement à ce que susurre, à ce que chuchote, à ce que hurle plutôt notre corps, ou plutôt le corps de cet être que nous essayons d'être, cet être que, magiquement, nous comprendrons probablement plus en le singeant qu'en l'étudiant, un scalpel et les ressources de l'esprit à la main.
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Il y a, de fait, en dépit de tout ce qui plaide contre elle, mille excellentes raisons de s'intéresser à l'I.A. Mais prenons garde à notre fascination atavique pour l'intelligence, à la séduction du malin, à notre tendance à placer l'intelligence au-dessus de tout. Elle ne le mérite sans doute pas.
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La loi de la jungle, ce n'est pas la loi du plus fort, c'est la loi du plus adapté, ou plutôt même la loi des adaptés, qui pousse chacun à trouver le lieu et le moment où il pourra , d'une façon ou d'une autre, coexister avec les autres, faire avec eux écosystème.
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Ne serait-ce la tristesse et l'uniformité de leurs atours, leur allure de croque-mort, on pourrait se croire revenus au début du siècle dernier, quand les cochers des demi-puissants et des demi-mondaines se retrouvaient, à Passy ou Auteuil, tandis que leur maître et maîtresse se pavanaient dans les allées du Bois
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Si l'action politique ne consiste qu'à prendre acte et transcrire dans des textes les demandes et consensus sociaux, on peut très bien s'en passer. Mais sa grandeur et sa véritable vertu est d'éclairer le chemin, de bousculer un peu la société pour la faire évoluer. La politique, c'est un peu l'équivalent social de la rencontre amoureuse : ce bouleversement qui nous sort de nous-mêmes et nous permet de grandir.
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Les êtres vivants sont ces créatures en qui s'opère la transmutation de la matière en énergie, de l'énergie en la matière, et de l'une et de l'autre en idées. Et cette capacité créatrice est illimitée, indépendante des ressources effectivement disponibles.
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Ce qui est bizarre, c'est que les personnes en position d'autorité paraissent ne pas se rendre compte que rien ne sonne plus faux que ces tableaux vivants où le chef se met en scène avec ses lieutenants, où ceux-ci parlent sous la surveillance de celui-là, et où l'on a l'impression qu'à la moindre incartade, au moindre propos qui ne serait pas de dévotion, ledit chef se muera soudain en reine de coeur criant : "Qu'on lui coupe la tête !" ou en Clovis rejouant l'histoire du vase de Soissons.
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C'est de ne pouvoir tout étreindre ni tout embrasser que nous jouissons vraiment comme dans ces finals de feux d'artifice où nous nous pâmons plus encore de ne savoir où donner de la tête que des merveilles vraiment entraperçues, de la saturation des sens plus encore que de leur satisfaction.
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"S'il peut quelquefois suffire pour que nous aimions une femme qu'elle nous regarde avec mépris comme j'avais cru qu'avait fait Mademoiselle Swann et que nous pensions qu'elle ne pourra jamais nous appartenir, quelquefois aussi il peut suffire qu'elle nous regarde avec bonté comme faisait Madame de Guermantes et que nous pensions qu'elle pourra nous appartenir."
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L'énergie de la communion, ce plaisir de la tension qui, longtemps contenue, longtemps compressée, se libère et éclate, se répand autour de nous et nous laisse, pantois, sur la grève, quand la vague est passée.
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