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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray clôture son cycle en proposant une relecture critique de la Révolution française. Il met en évidence l’existence de deux révolutions : une révolution bourgeoise, qui a triomphé, et une révolution populaire, qui a été écrasée. Onfray déconstruit les récits officiels et analyse comment les historiographies successives ont occulté certains aspects fondamentaux de cet événement majeur.
2. Une révolution philosophique ou économique ?
Le mythe des philosophes précurseurs
Onfray s’attaque à l’idée largement répandue selon laquelle la Révolution française aurait été préparée par les philosophes des Lumières (Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot). Il remet en cause cette vision en soulignant que :
* La circulation des livres était limitée au XVIIIe siècle.
* Les romans populaires étaient plus lus que les traités philosophiques.
* L’association entre Lumières et Révolution est une construction rétrospective.
Un bouleversement économique avant tout
Plutôt qu’un triomphe des idées, Onfray insiste sur les tensions économiques qui ont conduit à la Révolution :
* Les mauvaises récoltes et la crise alimentaire ont exacerbé le mécontentement.
* Les revendications fiscales ont structuré les oppositions.
* La montée en puissance de la bourgeoisie marchande a cherché à se débarrasser des privilèges aristocratiques.
3. La victoire de la révolution bourgeoise
L’Assemblée nationale et la confiscation du pouvoir
Onfray explique comment la Révolution a été prise en main par la bourgeoisie montante, qui a rapidement évincé les forces populaires. Il met en avant :
* Les États généraux et la Déclaration des droits de l’homme, qui consacrent la primauté de la propriété privée.
* La loi Le Chapelier (1791), qui interdit les syndicats ouvriers et protège les intérêts des patrons.
* La répression des révoltes populaires, notamment contre les sans-culottes et les mouvements radicaux.
Robespierre : un bourgeois radical, pas un révolutionnaire social
Onfray critique l’image de Robespierre en révolutionnaire du peuple, en soulignant :
* Son attachement à l’ordre bourgeois.
* Son rôle dans la suppression des Hébertistes et des Enragés, les factions les plus radicales.
* Son culte de l’Être suprême, qui réintroduit une forme de religiosité d’État.
4. La révolution populaire écrasée
Les courants révolutionnaires radicaux
Onfray met en lumière des figures oubliées ou marginalisées :
* Les sans-culottes, qui prônaient une véritable démocratie sociale.
* Les Enragés, mouvement radical revendiquant l’égalité économique.
* Les féministes révolutionnaires, comme Olympe de Gouges et Claire Lacombe.
* Les Babouvistes, partisans d’une société égalitaire et collective.
La répression thermidorienne et le retour à l’ordre
Après la chute de Robespierre en 1794, la bourgeoisie triomphe définitivement :
* La suppression des mesures sociales prises sous la pression populaire.
* L’exécution ou la marginalisation des révolutionnaires radicaux.
* L’ascension de Napoléon, qui scelle la victoire d’une révolution conservatrice.
5. Une histoire réécrite par les vainqueurs
La construction du récit officiel
Onfray insiste sur la manière dont l’histoire a été écrite par les vainqueurs :
* La mise en avant de Voltaire et Rousseau comme figures fondatrices.
* L’oubli des penseurs et acteurs radicaux.
* La réduction de la Révolution à une victoire de la liberté et de la démocratie, alors qu’elle fut aussi un triomphe de la bourgeoisie capitaliste.
Vers une révolution inachevée ?
Selon Onfray, la Révolution française est un processus non achevé :
* La révolution politique a réussi, mais pas la révolution sociale.
* Les inégalités de classes persistent sous des formes renouvelées.
* La mémoire de la Révolution populaire reste occulte, servant de mythe mobilisateur à des luttes futures.
💡 Conclusion
Michel Onfray propose une relecture critique de la Révolution française en distinguant une révolution bourgeoise qui a triomphé et une révolution populaire qui a été écrasée. Il invite à repenser cet événement non comme un aboutissement, mais comme un combat inachevé, dont l’héritage continue de structurer les débats politiques contemporains.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814) — Écrivain et philosophe matérialiste, partisan d’une vision féodale et radicale du pouvoir.
* Gracchus Babeuf (1760 – 1797) — Révolutionnaire radical, inspirateur du communisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Hannah Arendt (1906 – 1975) — Philosophe politique, spécialiste du totalitarisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray aborde l’un des ouvrages les plus controversés de Donatien Alphonse François de Sade, Les 120 journées de Sodome. Il propose une lecture politique et transhistorique du fascisme à travers ce roman, souvent réduit à son aspect littéraire ou érotique. Onfray démontre que l’œuvre sadienne ne se limite pas à une provocation mais illustre une pensée de la domination absolue, où la cruauté et la destruction deviennent des instruments politiques.
2. L’isolisme : un matérialisme extrême et féodal
Une rupture avec les autres matérialistes
Contrairement à Helvétius, d’Holbach ou La Mettrie, qui tempèrent leur matérialisme par une éthique sociale, Sade radicalise son approche en développant une doctrine qu’il appelle l’isolisme. Selon lui :
* L’homme est totalement seul, les autres n’existent que pour son plaisir.
* L’éthique n’existe pas, seule la loi de la nécessité dirige l’univers.
* Le monde se divise entre dominants et dominés, et c’est une fatalité naturelle.
Une philosophie féodale
Sade justifie une tyrannie sans limite en réhabilitant une noblesse absolue, regrettant la nuit du 4 août 1789, qui abolit les privilèges de l’aristocratie. Il oppose un système où les forts disposent de tous les droits, tandis que les faibles sont réduits à l’état de servitude.
3. Un projet totalitaire et sadien
Le roman comme laboratoire politique
Onfray souligne que Les 120 journées de Sodome n’est pas qu’un roman : c’est une expérimentation de la tyrannie parfaite. Dans un château isolé, quatre notables organisent un régime fondé sur la violence, le viol et la torture, établissant des règles précises pour l’exploitation systématique des victimes.
Un État totalitaire avant l’heure
Ce château préfigure les camps de concentration du XXe siècle :
* Un espace clos, hors de toute juridiction.
* Une absence totale de droit pour les prisonniers.
* Un règlement minutieux imposant la soumission absolue.
* La réduction des victimes à des objets sans volonté.
Sade propose ainsi un modèle de dictature extrême, où le pouvoir est exercé par le pur arbitraire des maîtres.
4. Une définition transhistorique du fascisme
De Mussolini à Sade : une continuité idéologique
Onfray élargit la définition du fascisme au-delà de son cadre historique strict. Il identifie plusieurs caractéristiques communes entre le sadisme politique et les régimes totalitaires modernes :
* Un contrôle absolu d’un territoire fermé, comme le château sadien ou les régimes fascistes.
* Une extraterritorialité juridique, où la loi ne s’applique plus aux détenus.
* Le règne de la violence pure, utilisée comme mode de gouvernance.
* L’anéantissement du sujet, réduit à un objet manipulable à volonté.
Une préfiguration des totalitarismes modernes
Sade, sans le savoir, décrit les mécanismes fondamentaux du fascisme et du totalitarisme. Onfray établit des parallèles avec :
* Les théories eugénistes développées au XXe siècle.
* Le contrôle des corps et de la sexualité dans les dictatures.
* L’usage de la terreur comme outil de domination absolue.
5. Sade et la justification de la cruauté
La destruction comme principe moral
Sade va au-delà du simple matérialisme : il fait de la cruauté une vertu. Dans Les 120 journées de Sodome, la souffrance des autres devient une source de plaisir et un moyen de prouver sa supériorité.
Une réécriture sadienne de la nature
Contrairement aux Lumières, qui pensent que la nature est une source d’harmonie, Sade affirme que la nature est intrinsèquement cruelle. Il légitime ainsi toutes les formes de violence en les naturalisant.
💡 Conclusion
Michel Onfray déconstruit l’image d’un Sade libertaire et révolutionnaire, en montrant qu’il est au contraire l’inventeur d’une philosophie du totalitarisme. Les 120 journées de Sodome n’est pas seulement un roman extrême, mais un manifeste pour une société de domination absolue, préfigurant les horreurs des dictatures modernes.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814) — Écrivain et philosophe matérialiste, partisan d’une vision féodale et radicale du pouvoir.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Hannah Arendt (1906 – 1975) — Philosophe politique, spécialiste du totalitarisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son analyse du Marquis de Sade, en se concentrant sur les concepts de fatalité, inégalité et cruauté qui traversent son œuvre et sa pensée. Onfray critique les interprétations modernes de Sade, notamment celles des surréalistes et des structuralistes, qui en ont fait un pur producteur de textes, ignorant son contexte historique, sa biographie et sa vision du monde. L’épisode explore en quoi Sade peut être considéré comme un philosophe et comment il s’inscrit dans la tradition matérialiste du XVIIIe siècle.
2. Sade est-il un philosophe ?
Les critères philosophiques selon Deleuze
Onfray rappelle la définition du philosophe donnée par Gilles Deleuze : un philosophe est celui qui invente des personnages conceptuels et crée des concepts. Sade pourrait ainsi être considéré comme un philosophe, car ses écrits mettent en scène des figures idéologiques et développent un système de pensée cohérent, bien que radical.
Une pensée construite à travers le roman
Sade exprime ses idées à travers ses romans philosophiques, où il alterne scènes de débauche et dissertations théoriques sur la nature humaine, la morale et la société. Onfray décrit ce procédé comme une alternance entre l’excès sexuel et la réflexion intellectuelle, créant ainsi une structure unique dans l’histoire des idées.
3. Le matérialisme de Sade : héritage et rupture
Un matérialiste dans la lignée des Lumières
Sade puise dans le matérialisme du XVIIIe siècle, notamment chez Helvétius, d’Holbach et La Mettrie. Il reprend :
* L’éloge des passions, communes aux matérialistes, contre les traditions idéalistes et religieuses.
* Le déterminisme absolu, rejetant le libre arbitre et affirmant que l’homme est gouverné par des lois naturelles inévitables.
* Une vision athée et immanente du monde, où tout est matière et énergie, sans transcendance.
Une radicalisation du matérialisme
Sade dépasse les autres matérialistes en tirant des conséquences extrêmes de leur philosophie :
* Il refuse toute morale collective, estimant que seules comptent les pulsions individuelles.
* Il défend une hiérarchie des êtres, où les forts ont naturellement le droit d’opprimer les faibles.
* Il célèbre la cruauté comme loi fondamentale de la nature, au-delà même de l’utilitarisme d’Helvétius ou de l’éthocratie de d’Holbach.
4. La fatalité et l’inégalité comme lois naturelles
L’homme est-il libre ?
Pour Sade, l’homme est un pur produit des lois naturelles. Il ne choisit rien : ni ses désirs, ni ses actes, ni son destin. Cette absence totale de libre arbitre conduit à une vision du monde où :
* La morale est une illusion sociale imposée par les faibles pour limiter les forts.
* La société n’a aucun sens, car elle est un artifice contre la nature.
Une justification de l’inégalité
Sade ne cherche pas à corriger les inégalités, mais à les exacerber. Il considère que :
* Les forts doivent exercer leur domination sans entrave.
* Les faibles ne sont que des objets pour la jouissance des puissants.
* L’idée de justice est un leurre, car la nature elle-même n’a pas de morale.
5. La cruauté, essence du monde et moteur du plaisir
Une philosophie de la destruction
Sade va plus loin que le simple matérialisme : il fait de la destruction une fin en soi. Contrairement à l’hédonisme classique, qui cherche le plaisir réciproque, Sade prône un plaisir fondé sur la domination, la souffrance et l’humiliation de l’autre.
Un monde divisé entre bourreaux et victimes
Dans la logique sadienne, il n’existe que deux types d’individus :
* Les bourreaux, qui jouissent de leur pouvoir et de leur liberté totale.
* Les victimes, qui subissent sans recours possible.
La seule règle qui vaille est celle du rapport de force, où chaque être humain doit exploiter ses capacités de destruction pour maximiser sa jouissance.
💡 Conclusion
Michel Onfray déconstruit le mythe d’un Sade progressiste ou révolutionnaire, en montrant qu’il est au contraire un réactionnaire féodal, exaltant la loi du plus fort et niant toute forme de justice sociale. Son matérialisme extrême le distingue des Lumières et le place dans une catégorie à part : celle d’un philosophe de la cruauté absolue, où la fatalité, l’inégalité et la violence sont érigées en principes fondamentaux du monde.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814) — Écrivain et philosophe matérialiste, partisan d’une vision féodale et radicale du pouvoir.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray analyse la figure paradoxale du Marquis de Sade, souvent perçu comme un penseur révolutionnaire et libertaire. Pourtant, Onfray propose une relecture critique qui révèle un philosophe réactionnaire et féodal, en contradiction avec l’image progressiste qu’on lui attribue parfois. Il met en lumière le conservatisme politique et moral de Sade, sa défense des privilèges aristocratiques et son instrumentalisation du matérialisme à des fins oppressives.
2. Un matérialisme au service de la féodalité
Un penseur matérialiste ? Oui, mais...
Sade s’inscrit dans la tradition matérialiste et athée du XVIIIe siècle, proche de La Mettrie, Helvétius et d’Holbach. Il adopte une vision strictement naturaliste, où les lois de la nature priment sur les constructions humaines. Toutefois, Onfray souligne que ce matérialisme ne conduit pas chez lui à une pensée émancipatrice, mais au contraire, à une justification brutale du pouvoir et de la hiérarchie sociale.
Une justification des inégalités et du despotisme
Contrairement aux Lumières qui prônent l’égalité et la démocratie, Sade défend un retour à la féodalité où les puissants exercent un droit absolu sur les faibles. Il postule que la force prime sur la justice, et que les lois morales ne sont que des illusions destinées à brider les instincts dominants.
3. Sade et la Révolution française : un opportunisme politique
Un faux révolutionnaire
Malgré sa réputation de libertaire radical, Sade n’a jamais été un véritable révolutionnaire. Au contraire, il adopte une posture opportuniste, changeant de camp au gré des événements. D’abord proche de la monarchie, il se rallie aux révolutionnaires après la chute du roi, avant de revenir à des positions conservatrices après la Terreur.
Un aristocrate pragmatique
Sade, issu de la haute noblesse, tente de sauver sa tête en affichant un soutien de façade à la République. Il se fait appeler Louis Sade, s’engage dans des comités révolutionnaires, mais continue à mépriser le peuple et à défendre une vision élitiste du pouvoir.
4. Une pensée du sadisme et de la domination
Un rapport de force érigé en principe absolu
Sade développe une philosophie où seule compte la loi du plus fort. Dans ses écrits, il met en scène des tyrans jouissant de l’asservissement et de la souffrance des autres. Contrairement aux libertins du XVIIIe siècle, qui prônaient le plaisir réciproque, Sade fait du plaisir une affaire de domination et de destruction.
Une absence de contrat social
Alors que les penseurs des Lumières, comme Rousseau ou Kant, défendent un modèle basé sur la justice et la raison, Sade rejette toute forme de contrat social. Il considère que le pouvoir est un droit naturel du plus fort, sans contrepartie ni responsabilité envers autrui.
5. Une fascination ambiguë du XXe siècle
Une réhabilitation par les intellectuels modernes
Au XXe siècle, Sade devient une icône du surréalisme et du structuralisme. Des penseurs comme Georges Bataille, Gilles Deleuze, Michel Foucault et Roland Barthes vont le réinterpréter comme un écrivain subversif, révolutionnaire et libérateur des tabous sexuels.
Une lecture biaisée
Onfray critique cette vision idéalisée et rappelle que Sade était avant tout un réactionnaire, un aristocrate cynique et un féodal, bien loin du mythe du penseur libertaire. Il souligne aussi les faits criminels dans la biographie de Sade, souvent occultés par ses défenseurs.
💡 Conclusion
Michel Onfray déconstruit la légende progressiste de Sade et met en évidence son conservatisme et son attachement aux valeurs féodales. Loin d’un penseur révolutionnaire, il apparaît comme un défenseur des rapports de force brutaux, où seule la puissance détermine la loi.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814) — Écrivain et philosophe matérialiste, partisan d’une vision féodale et radicale du pouvoir.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Georges Bataille (1897 – 1962) — Écrivain et philosophe français, théoricien du sacré et du transgressif.
* Michel Foucault (1926 – 1984) — Philosophe français, historien des systèmes de pensée.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray explore le concept d’eudémonisme social, développé par Paul-Henri Thiry d’Holbach. Il s’agit d’un prolongement de son matérialisme et de son utilitarisme, appliqué à l’organisation politique et sociale. Loin d’un hédonisme individualiste, l’eudémonisme social vise le bonheur collectif en intégrant les principes de justice, d’utilité et de morale rationaliste.
2. De l’hédonisme à l’eudémonisme
Une distinction essentielle
Onfray rappelle la différence entre hédonisme et eudémonisme :
* L’hédonisme recherche le plaisir immédiat et sensoriel.
* L’eudémonisme, en revanche, vise un bonheur durable et réfléchi, qui prend en compte la dimension sociale et politique.
D’Holbach critique les représentations caricaturales de l’hédonisme et insiste sur la nécessité d’un hédonisme social, où la quête du plaisir individuel est compatible avec la construction d’un bonheur collectif.
3. L’éthocratie : une politique fondée sur l’éthique
Le concept d’éthocratie
D’Holbach introduit le concept d’éthocratie, formé sur les racines éthique et pouvoir (kratos en grec). Il propose une fusion entre morale et politique, où l’intérêt général guide l’action publique. Cette approche s’oppose au machiavélisme, qui dissocie l’éthique des stratégies de pouvoir.
Une politique rationnelle et utilitariste
L’éthocratie repose sur un principe simple : les lois doivent être conçues pour maximiser le bonheur du plus grand nombre. Ainsi, les décisions politiques ne doivent pas être fondées sur des principes abstraits ou théologiques, mais sur l’utilité sociale et le bien-être collectif.
4. Une société fondée sur l’utilité et la justice
L’identité entre l’individu et la communauté
D’Holbach considère que les intérêts individuels et collectifs doivent coïncider. Loin d’une opposition entre l’État et les citoyens, il postule qu’une société bien organisée est celle où le bien-être personnel contribue au bien commun.
Une politique du bonheur
Le but ultime du gouvernement doit être de favoriser une communauté heureuse en garantissant :
* L’accès au plaisir et la réduction des souffrances
* Une stabilité et une durée de la société
* Une gestion politique fondée sur des principes rationnels
5. Une critique du déterminisme et de la responsabilité sociale
Le rôle des motifs dans l’action humaine
D’Holbach adopte une approche déterministe, où chaque individu est le produit d’un enchaînement de causes naturelles et sociales. Cependant, il ne considère pas cela comme une excuse pour l’inaction : il insiste sur la possibilité d’influencer les motifs des individus par l’éducation et l’environnement social.
Prévention plutôt que répression
Dans cette optique, la société doit agir en amont pour éviter les comportements antisociaux, plutôt que de punir après coup. Cela implique :
* Une éducation rationaliste et morale dès l’enfance
* Une organisation sociale équitable et harmonieuse
* Un système législatif fondé sur des principes utilitaristes
💡 Conclusion
Michel Onfray montre comment d’Holbach concilie éthique et politique en développant une philosophie du bonheur collectif. Son eudémonisme social propose une alternative à la vision individualiste du plaisir, en intégrant les notions de justice, de rationalité et d’utilité dans la gestion des sociétés.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son analyse de Paul-Henri Thiry d’Holbach et son entreprise de démolition systématique du christianisme. À travers une lecture critique des textes sacrés, d’Holbach démontre les incohérences, les contradictions et les manipulations qui ont permis à la religion chrétienne de s’imposer. Onfray met en lumière la rigueur et la radicalité de son approche, qui reste d’actualité dans l’analyse des croyances religieuses.
2. La critique des croyants et de l’ignorance religieuse
Une foi fondée sur l’ignorance
D’Holbach constate que la majorité des croyants ne connaissent pas réellement leur religion. Il affirme que la foi repose davantage sur l’habitude, la tradition et l’ignorance que sur une véritable compréhension des dogmes.
Une lecture encadrée et contrôlée
L’Église interdit longtemps la lecture critique des textes religieux et impose une lecture encadrée par des théologiens. Contrairement aux protestants, qui encouragent une approche individuelle des Écritures, le catholicisme demande une soumission absolue à la tradition et à l’autorité religieuse.
3. Une exégèse rationaliste des textes bibliques
Une lecture critique et historique
D’Holbach propose d’aborder les textes sacrés comme on lirait un texte historique, sans se laisser impressionner par leur prétendue sainteté. Il met en évidence les erreurs de raisonnement, les fautes de style et les contradictions qui truffent les Écritures.
Les incohérences dans les Évangiles
En comparant les différentes versions des Évangiles, d’Holbach souligne que les récits de la crucifixion, de la résurrection et de la nativité varient considérablement d’un texte à l’autre. Ces contradictions prouvent, selon lui, que les Évangiles ne sont pas des textes inspirés par une entité divine, mais des œuvres humaines sujettes aux erreurs et aux réécritures.
4. Jésus, un personnage reconstruit
Un mythe forgé par les hommes
D’Holbach décrit Jésus comme un prophète parmi d’autres, dont la figure a été modelée après sa mort pour en faire une icône divine. Il estime que l’image du Christ a été construite par des générations de croyants et de théologiens, en sélectionnant les éléments qui servaient la doctrine.
Une récupération du platonisme
Il établit un lien entre le christianisme et le platonisme, soulignant que l’idéalisme chrétien hérite directement des idées de Platon. L’au-delà, la transcendance et le rejet du monde matériel sont des concepts empruntés à la philosophie grecque.
5. Une critique sociale du christianisme
Un instrument de domination
D’Holbach insiste sur le fait que la religion chrétienne a servi de moyen de contrôle des populations. En prônant l’obéissance, la soumission et la pauvreté, elle a justifié l’ordre établi et empêché les revendications sociales.
Un frein au progrès scientifique et philosophique
L’Église a longtemps lutté contre la science et la pensée critique, interdisant certaines découvertes et persécutant les penseurs jugés hérétiques. D’Holbach voit dans le christianisme un obstacle majeur au développement de la raison et de la connaissance.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en évidence la méthode rigoureuse et implacable de d’Holbach pour déconstruire le christianisme. En s’appuyant sur une lecture critique des textes et une analyse des structures de pouvoir, il démontre que cette religion est une construction humaine visant à asseoir une domination sociale et intellectuelle.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée chrétienne.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray explore la figure radicale de Paul-Henri Thiry d’Holbach, un philosophe matérialiste du XVIIIe siècle souvent oublié. Son engagement dans la critique de la religion, du pouvoir et son travail encyclopédique en font un acteur essentiel des Lumières. Il incarne une radicalité absolue, tant sur le plan philosophique que social, bien que sa vision politique demeure plus modérée.
2. La vie de d’Holbach : un parcours hors normes
Un Allemand devenu philosophe français
D’Holbach naît en 1723 dans le Palatinat et s’installe à Paris dès l’adolescence, où il apprend le français tardivement. Grâce à un oncle riche et influent, il reçoit une éducation privilégiée qui le conduit à fréquenter l’élite intellectuelle parisienne.
Un encyclopédiste prolifique
D’Holbach joue un rôle clé dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, rédigeant plus de 400 articles, notamment sur la géologie, la métallurgie et la minéralogie. Son travail traduit une vision scientifique et matérialiste du monde, en opposition aux explications religieuses traditionnelles.
3. Une critique féroce de la religion
Un athéisme revendiqué
Contrairement à Voltaire ou Rousseau, qui restent déistes, d’Holbach est athée et matérialiste. Dans Le Système de la nature (1770), il propose une vision du monde entièrement immanente, sans intervention divine, fondée sur les lois de la nature.
Une analyse rationnelle des textes religieux
Dans Le Christianisme dévoilé (1761), il attaque les incohérences des Écritures et démontre que les dogmes religieux ne sont que des constructions humaines destinées à asservir les peuples.
4. Une philosophie matérialiste et sociale
Un hédonisme fondé sur la raison
D’Holbach prône une éthique fondée sur le bonheur terrestre, rejetant la morale chrétienne culpabilisante. Pour lui, le bien et le mal ne sont pas des absolus divins, mais des notions définies par leurs effets sur le bien-être collectif.
Une politique immanente
Bien qu’il critique violemment les rois et l’Église, d’Holbach n’est pas un révolutionnaire. Il défend une monarchie éclairée, dans laquelle les dirigeants appliqueraient les principes rationnels du bonheur collectif.
5. L’héritage et l’influence de d’Holbach
Un précurseur du rationalisme moderne
D’Holbach inspire les penseurs matérialistes et athées des siècles suivants. Son approche scientifique et critique marque les débuts de la pensée rationaliste moderne et influence des figures comme Marx ou Nietzsche.
Un salon philosophique incontournable
Son salon, fréquenté par Diderot, Rousseau et Beccaria, joue un rôle essentiel dans la diffusion des idées des Lumières. Il devient un lieu où se confrontent les idées les plus radicales de son époque.
💡 Conclusion
Michel Onfray dresse le portrait d’un philosophe radical et intransigeant, dont l’œuvre démolit les fondements religieux et propose une morale matérialiste et rationnelle. D’Holbach incarne l’un des sommets du combat des Lumières contre la superstition et l’irrationalité.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Thomas Hobbes (1588 – 1679) — Philosophe anglais matérialiste, auteur du Léviathan.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Cesare Beccaria (1738 – 1794) — Philosophe et juriste italien, pionnier du droit pénal moderne.
* Adam Smith (1723 – 1790) — Philosophe et économiste écossais, auteur de La Richesse des nations.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son exploration de Claude-Adrien Helvétius, en analysant sa position vis-à-vis de la religion. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Helvétius n’est ni athée ni matérialiste radical, mais plutôt un déiste critique. Onfray revient sur cette posture, souvent mal comprise, et sur l'idée d'une religion civique chez Helvétius.
2. Helvétius et le déisme des Lumières
Un XVIIIe siècle déiste plus qu’athée
Contrairement à certaines idées reçues, le XVIIIe siècle n’est pas un siècle athée. Hormis quelques exceptions comme Jean Meslier, D’Holbach ou Sade, la majorité des penseurs des Lumières sont déistes. Voltaire, Rousseau, Diderot (malgré une phase athée) ou encore Maupertuis adhèrent à l’idée d’un Dieu législateur, une force régissant l’univers sans intervention directe.
Un législateur céleste et un grand horloger
Helvétius partage cette vision d’un Dieu déiste, dépourvu d’anthropomorphisme et de sentiments humains. Il critique la religion catholique en tant qu’institution, mais ne rejette pas l’idée d’un principe supérieur organisateur du monde.
3. Une critique des dogmes et des institutions religieuses
Attaques contre le catholicisme
Helvétius fustige l’Église catholique et son pouvoir politique. Il dénonce son rôle dans l’exploitation des populations, son contrôle sur l’éducation et son soutien aux inégalités sociales. Il critique également la prétendue légitimité divine du pouvoir monarchique.
Un Jésus philosophe ?
Toutefois, Helvétius ne rejette pas le message évangélique. Il loue la morale prônée par Jésus, notamment l’amour du prochain et la charité, qu’il oppose aux excès de l’Église. Cette récupération de Jésus comme figure morale et républicaine sera également visible pendant la Révolution française.
4. Une religion civique et utilitaire
Diviniser le bien public
Helvétius propose une religion civique, non pas fondée sur la foi, mais sur le bien commun. Il estime que la religion ne doit pas imposer des dogmes, mais enseigner les valeurs de tolérance, de justice et d’instruction.
Un rejet de la bigoterie et du despotisme religieux
Il distingue ainsi les religions intolérantes, qui imposent des dogmes et des interdictions, des religions éclairées, qui favorisent le progrès et l’épanouissement collectif. Il prône une religion compatible avec la raison et l’intérêt général.
5. La critique des inégalités et de la concentration des richesses
La paupérisation comme crime politique
Helvétius analyse la misère comme un phénomène politique et économique, lié à la mauvaise répartition des richesses et à l’exploitation des masses. Il insiste sur le fait que la concentration des richesses entre les mains de quelques-uns mène inévitablement au despotisme.
Une inspiration pour les réformateurs et les révolutionnaires
Bien que non révolutionnaire, Helvétius inspire des penseurs engagés dans la lutte contre les inégalités. Ses idées seront reprises par les idéologues et certains républicains de la Révolution française, avant d’être marginalisées par les conservateurs et les contre-révolutionnaires.
💡 Conclusion
Michel Onfray démontre qu’Helvétius est un déiste critique, dont la pensée ne vise pas l’abolition de toute croyance, mais la construction d’une religion civique fondée sur la raison et l’utilité sociale. Son combat contre l’Église institutionnelle et sa défense du bien commun en font un penseur essentiel des Lumières.
📚 Philosophes mentionnés
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique, précurseur du fidéisme.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme et du déisme.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif et du déisme civique.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Marquis de Sade (1740 – 1814) — Écrivain et philosophe libertin, défenseur de l’athéisme radical.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son étude de Claude-Adrien Helvétius, en insistant sur sa posture utilitariste, en opposition frontale avec la morale kantienne. Il montre comment Helvétius, bien avant Bentham et Mill, pose les bases d’une éthique fondée sur l’intérêt général, la sensibilité empirique et le bonheur collectif, plutôt que sur des principes moraux abstraits et désincarnés.
2. Helvétius et l’émergence de l’utilitarisme
Un précurseur du calcul des plaisirs
Helvétius ne parle pas d'utilitarisme, un terme qui n’existe pas encore à son époque. Cependant, il développe une pensée qui annonce clairement cette doctrine. Pour lui, le but ultime de la politique et de la morale est de maximiser le bonheur du plus grand nombre en réduisant les souffrances inutiles.
L’influence de Locke et de la philosophie empirique
Helvétius s’inscrit dans une tradition empiriste et sensualiste, héritée de John Locke. Il considère que toutes nos connaissances et notre morale viennent des sens et de l’expérience, et non d’un quelconque principe transcendant ou rationnel pur.
3. Une morale fondée sur l’intérêt et non sur le devoir
Critique du libre arbitre et de la vertu désintéressée
Contrairement à Kant, qui pose la morale comme un impératif catégorique, indépendant des conséquences, Helvétius affirme que toutes nos actions sont guidées par l’intérêt. Il récuse donc l’idée d’une vertu désintéressée, qu’il considère comme une illusion entretenue par la religion et les moralistes idéalistes.
Le conditionnement social et éducatif
Helvétius pense que la morale doit être enseignée et conditionnée par l’éducation et les institutions. Plutôt que de croire en un bien et un mal absolus, il soutient que les comportements vertueux doivent être encouragés par des récompenses sociales, et les comportements nuisibles, découragés par des sanctions adaptées.
4. L’opposition radicale à Kant
L’impératif catégorique vs. l’intérêt bien compris
Chez Kant, une action est morale si elle est accomplie par devoir, indépendamment de son utilité ou de ses conséquences. Helvétius, au contraire, affirme que toute action humaine est motivée par un intérêt et que la société doit orienter ces intérêts vers des fins collectivement bénéfiques.
Le refus du bien et du mal absolus
Alors que Kant croit en l’existence d’un bien universel et d’un mal universel, Helvétius adopte une approche relativiste et contextuelle de la morale. Ce qui est "bien" ou "mal" dépend des effets concrets qu’une action produit sur la société.
5. L’influence de l’utilitarisme sur la pensée moderne
Un héritage chez Bentham et Mill
Bien que rarement crédité comme tel, Helvétius est une inspiration majeure pour les penseurs utilitaristes du XIXe siècle, comme Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Sa vision d’une morale fondée sur l’intérêt collectif, plutôt que sur des principes abstraits, annonce leurs théories.
Une pensée toujours actuelle
Onfray montre comment l’approche d’Helvétius résonne encore aujourd’hui, notamment dans les débats contemporains sur la bioéthique, la politique sociale et l’ingénierie morale appliquée aux systèmes législatifs.
💡 Conclusion
Michel Onfray oppose deux visions irréconciliables de la morale : celle de Kant, idéaliste et absolue, et celle d’Helvétius, empirique et utilitariste. Il insiste sur le fait que l’éthique d’Helvétius, en lien avec l’intérêt général et le bonheur collectif, est une alternative puissante à la morale dogmatique et culpabilisante encore dominante aujourd’hui.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* John Locke (1632 – 1704) — Philosophe empiriste anglais, inspirateur d’Helvétius.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif et de l’utilité sociale.
* Emmanuel Kant (1724 – 1804) — Philosophe idéaliste allemand, fondateur de la morale déontologique.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Philosophe utilitariste, théoricien du calcul des plaisirs.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray ouvre une nouvelle saison de sa Contre-Histoire de la philosophie en mettant en lumière Claude-Adrien Helvétius, un philosophe trop souvent réduit à quelques qualificatifs erronés. On le présente généralement comme athée, matérialiste et collaborateur de l’Encyclopédie, trois affirmations que Onfray réfute en replaçant Helvétius dans son véritable contexte intellectuel et biographique.
2. Qui était vraiment Helvétius ?
Un aristocrate aux idées progressistes
Né en 1715, la même année que la mort de Louis XIV, Helvétius appartient à une famille de médecins proches de la cour. Son père est premier médecin de la reine, et la famille a acquis sa noblesse grâce à l’introduction en France d’un médicament, l’Ipéca.
Un percepteur généreux et engagé
À 23 ans, il devient fermier général, un poste lui assurant une grande fortune. Contrairement à l’image négative associée aux fermiers généraux, Helvétius se distingue par sa générosité et son sens de la justice. Il soutient financièrement des écrivains comme Marivaux, combat les abus fiscaux et intervient discrètement en faveur des plus démunis.
3. Une philosophie fondée sur le plaisir et l’utilité
Le plaisir comme moteur naturel
Helvétius développe une philosophie hédoniste et utilitariste. Il considère que le plaisir est un tropisme naturel, une tendance qui guide instinctivement les êtres humains vers ce qui est bénéfique et agréable.
L’hédonisme comme principe social
Contrairement à une vision égoïste du plaisir, Helvétius défend un hédonisme collectif. Il pense que la société doit être organisée pour maximiser le bonheur du plus grand nombre. Cette idée, qui précède l’utilitarisme de Bentham et Mill, fonde une éthique politique basée sur l’intérêt général et la justice sociale.
4. Un matérialiste ? Pas vraiment.
Un déiste plutôt qu’un athée
Contrairement à ce que l’on croit souvent, Helvétius n’est pas athée. Il parle de l’être suprême, du législateur céleste et d’une cause encore inconnue de l’ordre et du mouvement. Il critique les dogmes religieux et les abus du clergé, mais il ne nie pas l’existence de Dieu.
Un nominaliste plus qu’un matérialiste
Plutôt que de défendre un matérialisme radical, il adopte une approche nominaliste : il refuse d’accorder aux concepts une réalité absolue et considère que la matière n’est qu’un ensemble de propriétés communes aux corps. Il se distingue ainsi des matérialistes radicaux comme D’Holbach.
5. L’influence et les controverses
Un livre brûlé et condamné
Son œuvre majeure, De l’Esprit, publiée en 1758, est immédiatement attaquée. Le Parlement, l’Église et la Sorbonne condamnent le livre, qui est brûlé en place publique. On reproche à Helvétius son rejet du libre arbitre, sa critique des privilèges et son matérialisme présumé.
Un intellectuel trahi par ses pairs
Voltaire critique l’ouvrage sans l’avoir lu, Diderot reste silencieux et Rousseau le juge dangereux. Isolé, Helvétius signe trois rétractations forcées avant de se retirer à la campagne, où il continue à travailler sur De l’Homme, publié après sa mort.
💡 Conclusion
Michel Onfray réhabilite Helvétius en montrant qu’il fut un penseur de l’utilité sociale et du bonheur collectif, injustement réduit à une caricature d’athée matérialiste. Son influence, bien que souvent méconnue, se retrouve dans l’utilitarisme et les théories du bien commun développées après lui.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Philosophe utilitariste, théoricien du calcul des plaisirs.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray conclut son analyse de Pierre-Louis Moreau de Maupertuis, en mettant en lumière un texte souvent méconnu : Essai de philosophie morale. Il explore comment Maupertuis, à la fois scientifique et philosophe, pousse la rationalisation de l’éthique jusqu’à un niveau inédit, cherchant à appliquer une méthode scientifique aux plaisirs et à la morale. Onfray examine la singularité de cette approche et son impact sur la pensée moderne.
2. Un texte marginalisé mais essentiel
Une œuvre de circonstance
Maupertuis rédige son Essai sous forme de correspondance privée avant de décider de le publier en 1749 (en allemand) et en 1751 (en français). Le texte circule initialement dans les salons mondains où il suscite commentaires et polémiques. Son apparente simplicité et son format bref ont contribué à son oubli, mais Onfray insiste sur son importance philosophique.
Un travail hybride entre science et morale
Loin d’un simple traité de philosophie morale, ce texte témoigne de l’approche scientifique de Maupertuis, qui applique à l’éthique une méthodologie mathématique et physique. Il tente ainsi de mesurer rationnellement les plaisirs et les douleurs, développant un utilitarisme avant l’heure.
3. Une tentative de mathématisation du plaisir
L’arithmétique des plaisirs
Maupertuis pose une question audacieuse : peut-on mesurer le bonheur et la souffrance de manière objective ? Il propose de quantifier le plaisir en prenant en compte son intensité et sa durée. Il s’agit d’une approche proche de l’utilitarisme qui sera formalisé plus tard par Jeremy Bentham.
Une science des émotions et des sensations
Maupertuis ne se limite pas aux plaisirs sensoriels. Il évoque une physique des passions et une mathématique des émotions, suggérant que la raison peut structurer et optimiser nos désirs. Cette approche annonce certaines recherches modernes en psychologie cognitive et en neurosciences.
4. Une critique du remords et de la morale conventionnelle
Un rejet des dogmes religieux
Maupertuis critique les morales fondées sur la culpabilité et le remords. Pour lui, ces sentiments ne sont que des constructions sociales, façonnées par la religion et l’éducation pour maintenir un contrôle sur les individus.
Une morale pragmatique et conséquentialiste
Il prône une éthique du résultat : une action est bonne si elle produit plus de plaisir que de souffrance. Ce pragmatisme moral rejette l’idée de valeurs absolues, ce qui le place en opposition avec les philosophies idéalistes comme le kantisme.
5. L’influence et les paradoxes de Maupertuis
Un chrétien hédoniste ?
Maupertuis surprend par sa tentative de concilier christianisme et matérialisme. Il voit dans les Évangiles un guide moral utile pour atteindre le bonheur terrestre, tout en refusant une lecture dogmatique de la religion.
Un philosophe en avance sur son temps
Son approche scientifique de la morale influencera des penseurs postérieurs, notamment dans la tradition utilitariste et pragmatique. Toutefois, son œuvre reste peu étudiée en raison de son style concis et de son excentricité intellectuelle.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en avant la modernité de Maupertuis, qui tente de quantifier et rationaliser l’éthique. Son approche hybride entre science et philosophie morale en fait une figure à redécouvrir, bien que son œuvre demeure éclipsée par ses contemporains plus célèbres.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Aristippe de Cyrène (env. 435 av. J.-C. – 356 av. J.-C.) — Fondateur de l’école cyrénaïque, défenseur du plaisir immédiat.
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Voltaire (1694 – 1778) — Philosophe des Lumières, critique de Maupertuis.
* Pierre-Louis Moreau de Maupertuis (1698 – 1759) — Mathématicien et philosophe matérialiste, défenseur du principe de moindre action.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Philosophe utilitariste, théoricien du calcul des plaisirs.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray s’intéresse à Pierre-Louis Moreau de Maupertuis, une figure singulière du XVIIIe siècle. À la fois scientifique, philosophe et voyageur, Maupertuis incarne un matérialisme teinté de méthode rigoureuse, tout en conservant une personnalité excentrique et audacieuse. Onfray analyse son rôle dans l’introduction des idées newtoniennes en France, ses polémiques avec les cartésiens et son engagement à la cour de Frédéric II de Prusse.
2. Une trajectoire intellectuelle atypique
Un scientifique et explorateur
Maupertuis commence sa carrière comme mathématicien et astronome. Il est connu pour sa participation à une expédition au cercle polaire arctique, visant à mesurer la Terre et vérifier les hypothèses de Newton. Ses travaux confirment que la Terre est aplatie aux pôles, ce qui valide les théories newtoniennes contre les cartésiens français.
Un philosophe influencé par Newton
Fort de cette expérience, Maupertuis devient un défenseur de l’attraction universelle, s’opposant aux idées de Descartes sur les "tourbillons". Il introduit ainsi le newtonianisme en France et inspire de futurs philosophes et scientifiques.
3. La querelle du principe de moindre action
Une découverte scientifique et philosophique
Maupertuis énonce le principe de moindre action, selon lequel la nature opère toujours avec un minimum d’effort pour produire un effet donné. Ce concept influencera la physique moderne, mais aussi les débats philosophiques sur l’optimisation naturelle.
Une controverse avec Leibniz et Koenig
Leibniz avait déjà esquissé une idée similaire, et Maupertuis se voit accusé de plagiat par Samuel Koenig. Cette querelle, alimentée par Voltaire, prend une ampleur considérable et nuit à sa réputation.
4. À la cour de Frédéric II
Un exil scientifique et philosophique
Après des conflits en France, Maupertuis est invité par Frédéric II de Prusse, qui le nomme président de l’Académie des sciences de Berlin. Là, il tente de bâtir une institution scientifique rivale de celle de Paris, tout en continuant ses recherches.
Des relations tumultueuses avec Voltaire
Voltaire, d’abord ami et admirateur de Maupertuis, finit par lui adresser des attaques acerbes dans son pamphlet "La Diatribe du Docteur Akakia". Cet écrit ridiculise Maupertuis et achève de ternir son image publique.
5. Un personnage excentrique et controversé
Une personnalité atypique
Maupertuis est décrit comme excessif, querelleur et original. Il mène une vie peu conventionnelle, entouré d’animaux exotiques, et adopte parfois des comportements fantasques qui lui valent moqueries et inimitiés.
Une œuvre scientifique et philosophique sous-estimée
Malgré ses controverses, Maupertuis joue un rôle clé dans la diffusion des idées scientifiques et philosophiques modernes. Son travail sur la génétique et son matérialisme inspireront des penseurs ultérieurs.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière un personnage méconnu mais essentiel du XVIIIe siècle. À travers ses découvertes et ses prises de position, Maupertuis apparaît comme un précurseur du rationalisme scientifique, bien que son excentricité et ses conflits aient contribué à son effacement dans l’histoire des idées.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme et des "tourbillons".
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Isaac Newton (1643 – 1727) — Mathématicien et physicien, auteur de la théorie de l’attraction universelle.
* Voltaire (1694 – 1778) — Philosophe des Lumières, critique de Maupertuis.
* Pierre-Louis Moreau de Maupertuis (1698 – 1759) — Mathématicien et philosophe matérialiste, défenseur du principe de moindre action.
* Samuel Koenig (1712 – 1757) — Mathématicien, accusateur de Maupertuis.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son analyse de Julien Offray de La Mettrie en abordant une question essentielle de philosophie morale : celle du remords et du libre arbitre. La Mettrie, en matérialiste radical, rejette toute notion de responsabilité morale au sens classique et affirme que l’homme est entièrement déterminé par la nécessité naturelle. Onfray explore comment cette conception remet en cause les bases mêmes du système judiciaire et de la morale chrétienne.
2. La critique du libre arbitre
Une illusion chrétienne
Selon La Mettrie, la notion de libre arbitre est une invention chrétienne destinée à justifier la responsabilité individuelle et, par conséquent, la punition des fautes. Cette idée repose sur une fiction : l’homme aurait la capacité de choisir entre le bien et le mal, et donc d’être tenu responsable de ses actes.
L’homme-machine, être de nécessité
Dans L’Homme-Machine, La Mettrie défend un déterminisme absolu : nos pensées, nos choix et nos actions sont entièrement conditionnés par notre nature biologique et notre environnement. Nous ne voulons pas, nous devons agir en fonction de notre structure neuronale et des influences extérieures.
3. Le remords : une illusion sociale
Un concept inculqué
Le remords, loin d’être une voix intérieure naturelle, est selon La Mettrie un dressage social. Il est inculqué dès l’enfance par l’éducation, la religion et la morale. Il ne repose donc pas sur une nécessité intrinsèque, mais sur un conditionnement culturel.
Un double fardeau inutile
La Mettrie considère que le remords est une absurdité car il ajoute de la souffrance à la souffrance :
* Le crime a déjà eu lieu, il ne peut être effacé.
* Ressentir du remords ne prévient en rien la récidive.
* Il n’apporte aucune solution concrète, sinon un mal-être permanent.
4. Une morale fondée sur la nécessité
Un relativisme du bien et du mal
La Mettrie défend une éthique utilitariste avant l’heure : le bien n’est pas une valeur absolue, mais ce qui permet la survie et l’harmonie de la société. Inversement, le mal est ce qui nuit à la société et désorganise la vie collective.
Pourquoi punir ?
Si l’homme est entièrement déterminé, pourquoi le punir ? La Mettrie propose une solution pragmatique : la société doit se défendre contre ceux qui menacent son équilibre. Il ne s’agit pas d’une punition au sens moral, mais d’un acte de régulation sociale.
5. La prévention plutôt que la répression
Vers un dressage neuronal positif
Plutôt que de punir, La Mettrie insiste sur la nécessité d’éduquer différemment. Il s’agit de façonner des "heureuses natures" en développant dès l’enfance des valeurs positives et des comportements adaptés à la vie en société.
Un rejet du remords au profit du progrès
Le remords n’a aucun intérêt pour La Mettrie. Plutôt que de s’attarder sur des fautes passées, il propose de se concentrer sur la prévention et l’amélioration des conditions de vie, afin de limiter les comportements antisociaux à la source.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière la radicalité de La Mettrie, qui refuse toute justification morale de la punition et du remords. Son approche purement matérialiste et déterministe ouvre un débat fondamental sur la responsabilité individuelle et le rôle de la société dans la régulation des comportements.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Julien Offray de La Mettrie (1709 – 1751) — Philosophe matérialiste et médecin, auteur de L’Homme-Machine.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Marquis de Sade (1740 – 1814) — Philosophe et écrivain, défenseur d’un amoralisme radical.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son analyse de Julien Offray de La Mettrie, en s’attaquant à un aspect particulier de sa philosophie : son matérialisme primesautier. Souvent perçu comme un penseur léger et désinvolte, La Mettrie a néanmoins développé une pensée matérialiste profonde et originale. Onfray revient sur les raisons de cette réputation et explore comment son style foisonnant et provocateur a pu nuire à sa reconnaissance philosophique.
2. Un philosophe sous-estimé
Une œuvre foisonnante et brouillonne
La Mettrie est un penseur prolifique, mais son œuvre souffre d’un certain désordre. Onfray souligne que son écriture rapide et son absence de plan rigoureux rendent parfois son discours difficile à suivre. Son matérialisme semble éclaté en une multitude de petits traités et pamphlets, qui nécessitent une lecture attentive pour en dégager une cohérence globale.
Un style primesautier et ironique
Contrairement aux philosophes austères, La Mettrie adopte souvent un ton léger, parfois moqueur, ce qui a contribué à son exclusion des grandes figures du matérialisme. Cette légèreté, loin d’être un défaut, participe pourtant à sa stratégie philosophique : déstabiliser les certitudes et provoquer la réflexion par le rire et la dérision.
3. Une pensée radicalement matérialiste
Rejet du dualisme cartésien
À l’instar de son ouvrage L’Homme-Machine, La Mettrie développe un matérialisme absolu où la pensée est une fonction du corps. Il rejette totalement la notion d’âme immatérielle et postule que tout ce qui constitue l’esprit humain est d’origine biologique.
Une approche expérimentale de la philosophie
Formé à la médecine, il s’appuie sur l’observation et l’expérience plutôt que sur les abstractions métaphysiques. Il considère que les découvertes physiologiques suffisent à expliquer la conscience, sans avoir besoin de recourir à une entité spirituelle.
4. L’éthique du plaisir et de la vie joyeuse
Une morale matérialiste et hédoniste
Plutôt que de s’appuyer sur des dogmes religieux ou moraux, La Mettrie défend une éthique du plaisir. Selon lui, l’objectif de la vie est de maximiser le bonheur et de réduire la souffrance, en s’appuyant sur les plaisirs sensoriels et intellectuels.
L’attaque contre les morales répressives
Il critique sévèrement les systèmes moraux fondés sur la privation et la culpabilité, notamment ceux du christianisme. Pour lui, ces doctrines ne servent qu’à contrôler les individus en leur imposant des interdits artificiels.
5. Un philosophe méconnu mais influent
Une postérité éclipsée
Longtemps marginalisé, La Mettrie n’a pas eu la reconnaissance de Diderot ou d’Holbach. Son ton trop léger et son rejet des conventions philosophiques l’ont relégué aux marges de l’histoire des idées.
Une influence souterraine
Pourtant, son matérialisme a influencé des courants de pensée ultérieurs, notamment dans la critique du dualisme et dans la conception d’un matérialisme dynamique, intégrant les découvertes scientifiques.
💡 Conclusion
Michel Onfray réhabilite La Mettrie comme un penseur injustement sous-estimé. Derrière son apparente légèreté se cache une critique radicale du spiritualisme et une vision du monde résolument moderne. Son matérialisme primesautier, loin d’être une faiblesse, témoigne d’une audace intellectuelle qui mérite d’être redécouverte.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Julien Offray de La Mettrie (1709 – 1751) — Philosophe matérialiste et médecin, auteur de L’Homme-Machine.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray explore la figure de Julien Offray de La Mettrie, philosophe matérialiste du XVIIIe siècle, célèbre pour son ouvrage L’Homme-Machine. Il analyse son itinéraire intellectuel, ses ruptures avec les traditions philosophiques dominantes et la radicalité de son matérialisme. Onfray remet en question les idées reçues sur La Mettrie et montre comment il s'inscrit dans une tradition de pensée subversive.
2. Une trajectoire intellectuelle marquée par la médecine
De la médecine à la philosophie
La Mettrie commence sa carrière comme médecin et étudie à Leyde auprès d’Herman Boerhaave, un des plus grands physiologistes de son temps. Son expérience médicale influence profondément sa philosophie, en particulier son rejet du dualisme cartésien et son insistance sur la continuité entre le corps et l’esprit.
Une pensée issue de l’anatomie et de la physiologie
Sur le champ de bataille, La Mettrie observe directement l’impact des blessures et des maladies sur la conscience et le comportement humain. Cette expérience le conduit à affirmer que l’âme n’est rien d’autre qu’une fonction du corps, une conclusion qui le place en rupture avec la pensée dominante de son époque.
3. L’Homme-Machine : une révolution philosophique
Une critique du dualisme
Dans L’Homme-Machine, La Mettrie défend une vision strictement matérialiste de l’être humain. Il rejette l’idée d’une âme immatérielle et postule que la pensée est un produit du corps, au même titre que la digestion ou la circulation du sang.
L’homme, un automate perfectionné
S’inspirant des avancées mécaniques de son temps, il compare le corps humain à une machine sophistiquée, fonctionnant selon des lois naturelles sans intervention divine. Cette analogie choque profondément les autorités religieuses et philosophiques.
4. La philosophie du plaisir et du bonheur
Une éthique matérialiste et hédoniste
Contrairement aux penseurs ascétiques, La Mettrie prône une morale fondée sur le plaisir. Il considère que la quête du bonheur doit être le principe directeur de la vie humaine et critique les morales répressives qui condamnent les jouissances corporelles.
Une philosophie du corps et des sens
Il affirme que nos perceptions et nos désirs sont les seuls guides valables pour mener une existence heureuse. Cette position le rapproche de l’épicurisme et de Montaigne, tout en annonçant certaines idées modernes sur le bien-être et la psychologie.
5. Une pensée persécutée et une mort controversée
Fuite et exil
Les écrits de La Mettrie lui valent une violente réaction des autorités religieuses et philosophiques. Contraint de quitter la France, il trouve refuge à la cour de Frédéric II de Prusse, où il peut poursuivre son travail en toute liberté.
Une mort énigmatique
Il meurt en 1751, officiellement d’une crise d’indigestion après un repas trop copieux. Certains y voient un empoisonnement déguisé, preuve que sa philosophie radicale dérangeait profondément.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en avant la modernité et la radicalité de La Mettrie, qui défend une vision du monde où tout est matière et où le bonheur est une finalité en soi. Son matérialisme intransigeant, longtemps marginalisé, pose les bases de nombreuses réflexions contemporaines sur la conscience, la physiologie et l’éthique du plaisir.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Julien Offray de La Mettrie (1709 – 1751) — Philosophe matérialiste et médecin, auteur de L’Homme-Machine.
* Frédéric II de Prusse (1712 – 1786) — Roi de Prusse, protecteur des philosophes des Lumières.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray clôt son cycle sur Jean Meslier en explorant la dimension politique de sa pensée. Il analyse les principes fondamentaux qui sous-tendent sa critique du pouvoir, sa vision de l’égalité et son projet de société fondé sur le partage équitable des richesses. Onfray montre comment Meslier anticipe les débats révolutionnaires et les courants socialistes qui émergeront après lui.
2. Une critique radicale des inégalités
Jean Meslier : communiste avant l’heure ?
Meslier est souvent qualifié de pré-socialiste ou de pré-communiste, car il prône une redistribution des richesses et une égalité économique entre les citoyens. Il dénonce les injustices féodales et affirme que les privilèges de naissance ne sont que des usurpations maintenues par la force et la religion.
Le concept d’égalité des jouissances
L’expression "égalité des jouissances", que l’on retrouvera plus tard chez les révolutionnaires de 1789, traduit l’idée que tous les individus devraient avoir accès aux plaisirs de la vie, et non une élite restreinte. Pour Meslier, la richesse ne doit pas être monopolisée par quelques-uns, mais répartie équitablement pour assurer le bien-être collectif.
3. Une explication matérialiste des inégalités
Une critique du péché originel et de la justification divine du mal
Meslier s’oppose frontalement à l’explication chrétienne du mal, qui repose sur la notion de péché originel. Il refuse l’idée que la souffrance et la pauvreté sont des fatalités imposées par Dieu, et y voit plutôt le résultat de structures sociales oppressives.
Une approche éthologique du mal
Plutôt que d’invoquer une origine divine des injustices, Meslier adopte une analyse matérialiste et éthologique (bien qu’il n’emploie pas ce terme). Il explique que les conflits et les inégalités proviennent de la rareté des ressources et de la compétition pour leur accaparement. Cette lecture préfigure certaines analyses modernes sur la lutte des classes et les dynamiques de domination.
4. Vers une société égalitaire
Redistribution des richesses et suppression de la rareté
Meslier propose de réorganiser la société pour mettre fin aux inégalités économiques. Plutôt que de laisser une minorité accumuler les richesses pendant que la majorité vit dans la misère, il prône un système où chacun aurait accès à un niveau de vie décent.
L’importance du bien commun et de la solidarité
Pour lui, le bonheur individuel passe par le bien-être collectif. Il défend une vision communautaire de la société, où les biens et les ressources seraient partagés de manière à garantir la prospérité de tous.
5. L’influence de Meslier sur la pensée révolutionnaire
Un précurseur du socialisme et de l’anarchisme
Bien que Meslier écrive 70 ans avant la Révolution française, ses idées anticipent celles des sans-culottes et des mouvements égalitaires du XVIIIe et XIXe siècles. Son rejet de la monarchie et de l’Église, ainsi que son appel à une répartition juste des richesses, le placent parmi les précurseurs du socialisme utopique.
Une pensée toujours d’actualité
Onfray insiste sur la pertinence contemporaine des thèses de Meslier. L’égalité des jouissances, la lutte contre les inégalités et la critique des institutions oppressives restent des questions centrales dans les débats politiques et philosophiques modernes.
💡 Conclusion
Michel Onfray achève son étude de Jean Meslier en soulignant l’originalité et la radicalité de sa pensée. En prônant une société égalitaire, libérée des dogmes religieux et des privilèges héréditaires, Meslier se révèle comme un philosophe visionnaire, dont les idées ont traversé les siècles et influencé les courants révolutionnaires et matérialistes.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Julien Offray de La Mettrie (1709 – 1751) — Philosophe matérialiste et médecin.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien de la souveraineté populaire.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Pierre-Joseph Proudhon (1809 – 1865) — Philosophe et économiste, fondateur du socialisme libertaire.
* Karl Marx (1818 – 1883) — Philosophe et théoricien du communisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son étude de Jean Meslier en explorant l’ontologie matérialiste qu’il développe. Contrairement aux doctrines idéalistes et théistes qui dominent son époque, Meslier affirme que tout est matière, rejetant toute forme de transcendance. Onfray replace cette pensée dans le contexte philosophique du XVIIe et XVIIIe siècle, montrant comment elle s'inscrit dans une tradition matérialiste qui s’oppose au cartésianisme et au christianisme.
2. L'ontologie : science de l’être
Définition et origine
L’ontologie est l’étude de l’être en tant qu’être. Aristote la définit comme la science de ce qui est, indépendamment de ses qualités particulières. Onfray explique comment cette discipline s’est développée, de la métaphysique aristotélicienne jusqu’aux débats modernes sur la nature de la réalité.
Une ontologie matérialiste
Meslier propose une ontologie strictement matérialiste : tout ce qui existe est matière et mouvement. Il rejette toute forme d’âme immatérielle et toute dualité entre corps et esprit. Sa pensée s’oppose ainsi au dualisme cartésien qui postule l’existence d’une substance pensante distincte de la substance matérielle.
3. Une philosophie née de l’expérience
L’observation du réel plutôt que la spéculation
Meslier ne construit pas sa philosophie sur des abstractions théoriques, mais sur l’observation du monde. En tant que curé de campagne, il voit quotidiennement la misère des paysans et les injustices sociales, ce qui nourrit sa pensée critique. Sa philosophie est ainsi ancrée dans le réel et non dans les cercles intellectuels de son époque.
L’importance du vécu et de la pitié
Onfray insiste sur la dimension morale et sociale de l’ontologie de Meslier. Il ne s’agit pas simplement d’un matérialisme théorique, mais d’une pensée qui vise à améliorer la condition humaine en dénonçant les oppressions religieuses et politiques.
4. La nature et la matière comme seules réalités
Rejet du dualisme et de la transcendance
Meslier refuse l'idée d’un Dieu créateur et d’une âme immatérielle. Pour lui, il n’y a qu’une seule réalité : la nature, qui fonctionne selon des lois mécaniques. Il rejoint en cela les conceptions de Spinoza et des premiers matérialistes antiques.
Une vision moniste du monde
Ce matérialisme ne laisse aucune place aux hiérarchies transcendantes imposées par la religion. Tout, y compris la pensée et la conscience, n’est qu’un agencement de matière. Cette approche radicale remet en cause les fondements mêmes du christianisme.
5. Conséquences philosophiques et politiques
Vers une morale matérialiste
Si tout est matière, alors la morale ne peut pas être dictée par une divinité. Elle doit être fondée sur la réalité humaine et non sur des dogmes imposés. Meslier propose ainsi une éthique fondée sur le bonheur et la justice sociale.
Un fondement pour une pensée révolutionnaire
Cette ontologie matérialiste nourrit aussi une critique politique virulente. En niant toute légitimité divine au pouvoir, Meslier prépare le terrain pour une remise en cause totale de la monarchie et des privilèges aristocratiques.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en avant l’importance de Jean Meslier comme l’un des premiers penseurs matérialistes modernes. Son ontologie, fondée sur l’observation et le rejet de toute transcendance, marque une rupture radicale avec la pensée dominante de son époque. Elle ouvre la voie aux philosophies athées et révolutionnaires qui se développeront au siècle suivant.
📚 Philosophes mentionnés
* Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur de la métaphysique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Julien Offray de La Mettrie (1709 – 1751) — Philosophe matérialiste et médecin.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Karl Marx (1818 – 1883) — Philosophe et théoricien du communisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son analyse de Jean Meslier en approfondissant sa critique radicale du christianisme. Il reprend l’un des termes inventés par Meslier, "christicoles", pour désigner de manière moqueuse ceux qui suivent le Christ. Onfray met en lumière la violence de l’attaque contre la religion et l’originalité de la démarche de Meslier, qui déconstruit méthodiquement les dogmes chrétiens en s’appuyant sur la raison.
2. L’émergence d’un athéisme explicite
Jean Meslier, le premier athée déclaré ?
Onfray défend l’idée que Meslier est le premier véritable athée de l’histoire des idées. Contrairement aux panthéistes comme Spinoza, aux sceptiques comme Montaigne ou aux déistes comme Voltaire, Meslier ne se contente pas de critiquer l’Église : il affirme sans ambiguïté l’inexistence de Dieu.
Une rupture avec les critiques modérées
Les Lumières sont souvent associées à une critique mesurée de la religion, portée par des penseurs comme Voltaire ou Rousseau. Meslier, lui, rejette toute forme de compromis et développe un athéisme radical, fondé sur une analyse rationnelle des textes religieux.
3. Une exégèse destructrice des textes sacrés
Une lecture critique de la Bible
Meslier adopte une méthode inédite : il lit la Bible comme un texte humain, soumis aux erreurs et aux contradictions. Il met en évidence les incohérences des Évangiles et souligne les aspects absurdes des dogmes chrétiens.
Le problème du Dieu bon et omnipotent
L’un des arguments les plus puissants de Meslier est la remise en question de la bonté divine. Il souligne que :
* L’Ancien Testament décrit un Dieu jaloux, violent et capricieux.
* L’idée d’un Dieu bon est incompatible avec l’existence du mal et de la souffrance.
* Les châtiments éternels (enfer, purgatoire) sont en contradiction avec l’image d’un Dieu miséricordieux.
4. Une critique radicale du christianisme
Une invention humaine au service du pouvoir
Meslier ne se contente pas de démonter les dogmes : il explique pourquoi la religion a été inventée. Selon lui, le christianisme est un outil de domination, conçu pour maintenir les peuples dans l’ignorance et la soumission.
Une critique du clergé et des élites
Meslier attaque violemment les prêtres et les dirigeants religieux, qu’il accuse de tromper le peuple pour mieux le contrôler. Il dénonce leur hypocrisie et leur collusion avec la monarchie.
5. Un manifeste révolutionnaire
Un appel à la révolte
Meslier ne se contente pas d’une critique théorique : il appelle ouvertement les opprimés à renverser leurs oppresseurs. Il annonce ainsi des idées qui seront développées plus tard par les révolutionnaires de 1789 et même par le marxisme.
Une pensée clandestine mais influente
Son Testament circulera clandestinement et influencera des figures majeures de la pensée matérialiste et anticléricale, comme d’Holbach et La Mettrie. Bien que censuré, son impact sur la philosophie radicale sera durable.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière l’importance de Jean Meslier comme précurseur de l’athéisme moderne. Son œuvre, longtemps occultée, constitue un tournant majeur dans l’histoire de la pensée critique. En s’attaquant frontalement aux fondements du christianisme, Meslier ouvre la voie à une critique matérialiste du religieux qui influencera les siècles suivants.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Michel de Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Voltaire (1694 – 1778) — Philosophe des Lumières, critique des dogmes religieux, mais ayant édulcoré l’œuvre de Meslier.
* Julien Offray de La Mettrie (1709 – 1751) — Philosophe matérialiste et médecin.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Karl Marx (1818 – 1883) — Philosophe et théoricien du communisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray consacre une analyse approfondie à Jean Meslier, figure radicale et souvent oubliée du XVIIIe siècle. Curé de campagne devenu athée, Meslier incarne l’archétype des "ultras des Lumières", développant une critique virulente du christianisme, de la monarchie et des inégalités sociales. Onfray examine la portée révolutionnaire de son Testament et la manière dont son œuvre fut censurée, tronquée et instrumentalisée après sa mort.
2. Un curé de campagne hors norme
Une existence effacée mais subversive
Jean Meslier (1664-1729) est un personnage paradoxal : prêtre catholique officiant dans un petit village des Ardennes, il mène une vie simple et austère tout en nourrissant une pensée d’une radicalité extrême. Peu de traces subsistent de lui, et son œuvre n’a été révélée qu’après sa mort, lorsqu’on a découvert son Testament, un texte explosif dénonçant la religion et le pouvoir.
Un homme proche des paysans et révolté par leur misère
Contrairement aux ecclésiastiques mondains, Meslier vit au contact des paysans et observe leur exploitation quotidienne. Cette expérience nourrit sa colère contre l’Église et l’État, qu’il accuse de maintenir le peuple dans l’ignorance et la servitude.
3. Un manifeste athée et révolutionnaire
Un athéisme radical et assumé
Jean Meslier est le premier philosophe à affirmer sans ambiguïté l’inexistence de Dieu. Contrairement aux déistes des Lumières, qui critiquent l’Église tout en conservant une foi en un être suprême, il rejette toute transcendance et considère la religion comme une imposture fabriquée pour asservir les masses.
Une critique systématique du christianisme
Dans son Testament, Meslier démonte méthodiquement les dogmes chrétiens :
* La Bible est une collection d’histoires absurdes et contradictoires.
* Jésus-Christ est un imposteur, et les prophètes ne sont que des fous ou des manipulateurs.
* Les prêtres et les moines vivent aux dépens des pauvres, entretenant une religion fondée sur la peur et la soumission.
4. Une pensée sociale et politique révolutionnaire
Un précurseur du communisme ?
Meslier prône une réorganisation totale de la société, fondée sur l’égalité et le partage des richesses. Il critique violemment la monarchie et appelle les paysans à se soulever contre leurs oppresseurs. Il est parfois considéré comme un précurseur du communisme, bien avant Marx et les penseurs socialistes du XIXe siècle.
Une vision matérialiste et libertaire
Refusant toute notion de providence ou de destinée, Meslier propose une vision strictement matérialiste du monde. Il prône une morale basée sur le plaisir et le bonheur terrestre, dénonçant le christianisme comme une doctrine de souffrance et de résignation.
5. Un texte censuré et récupéré
Voltaire et la falsification du Testament
Après la mort de Meslier, son œuvre circule clandestinement sous forme de copies manuscrites. Voltaire, bien qu’admiratif de certaines idées de Meslier, publie une version expurgée du Testament, atténuant son athéisme et son radicalisme politique pour en faire un texte déiste acceptable.
Un penseur oublié et redécouvert
Longtemps censuré et méconnu, Meslier fut redécouvert par des historiens et des philosophes au XXe siècle. Son œuvre constitue aujourd’hui un témoignage précieux des courants les plus subversifs du XVIIIe siècle, et son influence se retrouve chez des penseurs matérialistes et révolutionnaires ultérieurs.
💡 Conclusion
Michel Onfray remet en lumière la figure de Jean Meslier, un philosophe clandestin dont la pensée radicale annonce de nombreuses révolutions à venir. Par son rejet absolu de la religion et sa critique sociale virulente, il incarne une facette méconnue et essentielle du siècle des Lumières.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Michel de Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Julien Offray de La Mettrie (1709 – 1751) — Philosophe matérialiste et médecin.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Voltaire (1694 – 1778) — Philosophe des Lumières, critique des dogmes religieux, mais ayant édulcoré l’œuvre de Meslier.
* Karl Marx (1818 – 1883) — Philosophe et théoricien du communisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray approfondit son exploration du XVIIIe siècle en s’intéressant à une frange souvent oubliée de la pensée des Lumières : les ultras des Lumières. Il s’agit de penseurs radicaux qui, loin de se limiter à une critique modérée de la religion et du pouvoir monarchique, prônent une remise en question totale des structures existantes. Onfray analyse leur influence clandestine, la censure dont ils sont victimes et leur rôle dans la formation d’une pensée véritablement révolutionnaire.
2. Une pensée clandestine et subversive
Les manuscrits clandestins
Contrairement aux figures institutionnalisées des Lumières comme Voltaire ou Rousseau, les ultras des Lumières diffusent leurs idées par des canaux plus discrets. Leurs écrits circulent sous forme de manuscrits clandestins, recopiés et transmis de main en main. Ces textes abordent des thèmes explosifs comme l’athéisme, la matérialité de l’âme ou la critique des dogmes religieux.
Une contestation souterraine
Les salons philosophiques, bien que lieux de réflexion et d’échange, restent souvent réservés aux élites. Par opposition, ces textes clandestins permettent une diffusion plus large des idées subversives, touchant des cercles plus populaires. La "rue pense", selon l’expression d’Onfray, et ces idées radicales finissent par influencer les débats publics.
3. Les thèmes centraux des ultras des Lumières
L’athéisme affirmé
Alors que la majorité des philosophes des Lumières restent déistes, défendant une idée de Dieu qui se distingue du christianisme, les ultras franchissent une étape supplémentaire : ils nient l’existence de toute divinité. Ils remettent en cause l’idée même de Providence et refusent toute forme de transcendance.
Le matérialisme intégral
Reprenant les thèses d’Épicure et de Lucrèce, ces penseurs défendent un matérialisme radical : il n’existe que la matière, et l’âme est une construction purement corporelle. Cette position s’oppose à la vision dualiste héritée de Descartes et contestée par Spinoza.
La critique de la monarchie et des inégalités sociales
Les ultras des Lumières ne se contentent pas d’une monarchie "éclairée" ou d’une réforme des institutions. Ils vont jusqu’à prôner l’abolition du pouvoir monarchique et l’émergence d’un modèle politique fondé sur la raison et la justice sociale. Certains, comme Jean Meslier, proposent même une vision proto-communiste avant l’heure.
4. La censure et les risques encourus
Des écrits dangereux
Les idées des ultras des Lumières sont perçues comme une menace directe par les pouvoirs en place. Les auteurs de ces manuscrits risquent la prison, l’exil ou pire encore. Certains ouvrages sont imprimés sous des pseudonymes ou attribués à de faux éditeurs pour échapper à la censure.
Le rôle des colporteurs
Ces textes interdits circulent grâce à des réseaux de colportage, qui diffusent les idées dans les provinces et les classes populaires. Cette diffusion souterraine contribue à l’émergence d’une conscience critique qui dépasse le cadre des élites intellectuelles.
5. Une influence durable
Une pensée annonçant la Révolution
Même si ces penseurs restent marginaux à leur époque, leur influence se fait sentir dans les débats révolutionnaires qui éclateront à la fin du siècle. Leurs critiques radicales de la monarchie et de la religion nourriront les discours des révolutionnaires les plus radicaux.
Un héritage dans la philosophie moderne
Les ultras des Lumières anticipent certaines idées qui seront pleinement développées au XIXe et XXe siècles, notamment en matière de matérialisme, d’athéisme et de critique sociale. Leurs réflexions trouveront un écho chez Nietzsche, Marx ou encore les anarchistes du XIXe siècle.
💡 Conclusion
Michel Onfray révèle un XVIIIe siècle bien plus complexe et subversif que la version officielle souvent enseignée. Derrière les figures consensuelles des Lumières, il met en lumière un courant radical et clandestin, véritable laboratoire d’idées révolutionnaires. Ces penseurs, bien que méconnus, ont contribué à la dissolution progressive des fondements religieux et monarchiques de l’Ancien Régime.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, fondateur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Julien Offray de La Mettrie (1709 – 1751) — Philosophe matérialiste et médecin.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Karl Marx (1818 – 1883) — Philosophe et théoricien du communisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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