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L'œuvre d'Albert Camus est d'un bleu-monde. Ce bleu est celui qui inonde, crée et transcende. En tenant partout à ses côtés le ciel et la mer, Camus trace dans ses livres un chemin esthétique qui devient rien qu'avec ça, un chemin philosophique. L'auteur méditerranéen compose avec les éléments dans lesquels il se fond, par lesquels il se fait et avec lesquels il lutte contre une pensée qui oublie qu'elle naît toujours de quelque chose, de ce donné naturel bleu, tout bleu.
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Il n'y a pas que la valse qui est à trois temps. La civilisation de Saint-Exupéry l'est aussi. Construction, liant et conservation : voilà la recette (aux simples apparences ) que l'aviateur offre au monde des hommes. Ce besoin de civilisation a guidé toute son œuvre, et Saint-Exupéry l'a exprimé sur terre comme dans les airs. Ce qui le rend si beau, ce besoin, c'est qu'il a été partout illuminé par une spiritualité sans limite. Que la civilisation de Saint-Exupéry est grande.
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Fehlende Folgen?
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Marche douloureuse où le corps lâche petit à petit, la vieillesse concentre chez Philip Roth la déprime du deuil de la vie. Mais s'y cache également une réflexion profonde sur ce stade de maturation ultime. Vieillir ce n'est pas se recroqueviller sur soi. C'est voir que l'on appartient à un patrimoine, et que ceux qui nous succèderont suivent notre marche à reculons vers la fin. Les dernières lueurs sont celles du phare qui brille et appelle les navires. Et tout le monde a à apprendre du phare.
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Emma et pas Madame. Bovary et pas Rouault. Déjà, en quelques changements de noms, de nombreuses questions d'identité se posent à nous. Qui est Emma ? Est-elle différente d'Emma jeune fille, d'Emma la mariée, d'Emma l'amante ? Ce personnage central de la littérature est d'une ambiguïté folle : elle navigue toujours entre héros et anti-héros, et remet clairement en question la notion de récit. Peut-on vivre en récitant sa vie ?
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Albert Camus a recensé dans un journal ses deux voyages en Amérique. Juste après la guerre, l'heure était à la (re)découverte du Nouveau Monde pour les intellectuels français. De ces voyages, peu sont restés indifférents : l'Amérique a été un moment charnière pour beaucoup d'entre eux. Pour Camus, ça n'a pas manqué, l'Amérique a fasciné mais a montré des limites... que l'on retrouve battues dans toute son œuvre.
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Tintin, c'est l'aventure du XXe siècle. Politique, conflits, éthique, science : le reporter belge couvre son temps. En fait, Hergé a tout mis dans Tintin, l'histoire comme lui-même. Parmi les pics à gravir dans l'album, la science, qui parcourt Tintin sans jamais arrêter, mais avec de nombreuses ambiguïtés... Hergé s'est attaché au paranormal pour dire que rien ne saurait expliquer les horreurs si durement traversées.
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Charles Juliet a passé sa vie à écrire son Journal. Mais il a toujours tenté de lui faire dire plus que sa vie intime. Son objectif a toujours été de viser le juste équilibre entre son propre moi et celui de chacun d'entre nous. Car les leçons du journal sont en réalité universelles. Et l'exigence de sincérité est déjà une leçon pour tous. Plutôt que de séparer, et bâtir une citadelle égoïste bien fermée, le journal rapproche... à notre plus grande surprise.
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L'opposition entre la ville et la campagne est une des pierres angulaires de la vision de Tolstoï, et ce qui le détachera d'un Dostoïevski. Être proche de la nature, c'est surtout être proche de la beauté nécessaire, celle qui ne provient que du Créateur. L'esthétique de Tolstoï se mue en éthique aussi vite qu'il relie morale, religion et nature. Toutes trois vont ensemble. Ainsi, vivre simplement, voilà la vraie quête de la vie de Tolstoï, personnelle ou littéraire. Servir ou se servir, le reproche d'un écrivain.
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Bienvenue Dans le journal de... : un nouveau format régulier où l'on plonge ensemble au cœur de cette écriture intime qui n'est pas toujours prévue, ni prévisible. Le Journal de deuil de Roland Barthes pousse à son paroxysme l'expression littéraire du journal. Une tentative à mettre en mots, des échecs à mettre en mots. Une errance. Le deuil comme le journal sont deux tentatives où le soi est bousculé, fragmenté, perdu. Il fallait commencer par Roland Barthes, la perte de sa mère a tout changé.
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Agir sans motif : jusqu'à quel point ? Être libre : vraiment ? Les soties ont été pour Gide un espace de questionnement philosophique. Et au premier plan : l'acte gratuit, qui embarque le lecteur et ouvre une brèche gigantesque. L'éthique vaut-elle pour tout le monde ? Chez Gide, les personnages s'échangent l'acte gratuit, l'esquissent, le font, le subissent... Pour qu'au final : nous nous demandions.
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Kafka a dressé d'immenses murs face aux hommes. Pour les rappeler à leur petitesse et à la vanité de leurs mouvements, il les a intégrés dans des labyrinthes desquels ils ne s'échappent pas. Sont-ils libres dans le labyrinthe ? S'y sentent-ils réellement mal ? En sont-ils aussi les co-créateurs ? Kafka laisse planer le mystère et joue des contradictions : demi coupables, demi victimes, les hommes errent comme si c'était leur destin, presque comme s'ils l'avaient choisi...
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Chateaubriand a vu les époques passer. D'un régime à l'autre, d'une vie à l'autre, se sont succédé des grands hommes et des grandes idées. Dans ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand appelle Napoléon, celui qui a donné puis repris à la France les clés du XIXe siècle. Le regard de Chateaubriand est acerbe, reconnaissant le génie mais destituant son orgueil. Entre admiration et haine, Chateaubriand serait-il l'anti-Napoléon ?
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L'école des écrivains, c'est un sanctuaire, une immensité, une abstraction, permettant la rencontre avec ce qui est loin, avec ce qui est grand. Les écrivains lui ont rendu hommage à cette école avec un grand E, essayant de payer leur dette ineffaçable avec l'institution qui leur ouvrit les portes des plus fabuleux destins. Un cadre strict, une autorité à respecter, mais la tendresse des instituteurs dont on se rappelle toute une vie. L'Ecole fait méditer. Place aux témoignages !
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Les polémiques suivent Michel Houellebecq et se ressemblent. Les critiques s'écharpent sur l'œuvre : de trop noire et outrancière, elle serait devenue fade. Pourtant, elle dévoile de plus en plus une lumière perçante qui nous prend de court. Quoi ? Michel Houellebecq lumineux, compatissant, amoureux ? Bien plus qu'il n'y paraît !
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Saint-Exupéry et Camus ont parcouru le désert de long en large, depuis les airs et sur la terre. Lieu d'énigme, lieu d'épreuve, trésor à découvrir, le désert a façonné leur œuvre qui n'y est plus une étendue monotone, aride et sans saveur. Au contraire, dans le désert, tout de l'homme se joue en permanence. Le nœud qui noue l'homme à lui-même, au monde et les hommes entre eux.
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En traitant du crime, du mal et du châtiment, Dostoïevski nous dresse dans son œuvre un immense tableau de la justice. Et dans chacun de ses romans : la faute. Mais elle n'est jamais ce à quoi on pourrait s'attendre... Pourquoi Dostoïevski prône le juste plus que la justice ? Pourquoi décline-t-il la faute sous tant d'aspects ? Qu'attendre du fautif ?
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Dans la Recherche du temps perdu, Marcel Proust raconte ses souvenirs et nous fait part des traces plus ou moins vives de sa mémoire. Parmi les images les plus étincelantes : les fleurs. Elles jalonnent toute l’œuvre, des descriptions de lieux jusqu'aux personnages. Rien n’échappe aux fleurs… Pourquoi cela ?